Vendredi, en début d’après-midi, dans le bureau du cp 5 c’est toujours une drôle d’ambiance. T’sais du genre paisible. Tout le monde c’est remis à son bureau après avoir grassement profité des frites à volonté de la cantine. Une ambiance studieuse, que rien ne semble vouloir déranger. A part peut être les ronflements du meilleur agent en activité. Moi.
Oui je sais, ça fait cliché de fonctionnaire zélé la sieste après la cantine. Mais bon ça mon gars j’y peux rien. C’est le secret de mon efficacité d’agent. Toujours une bonne sieste après les frites du vendredi. Tu r’garde le pauvre con rachitique qu’ils m’ont collé dans l’bureau avec moi. Comment s’appelle ce con ? Willy. J’mange pas de frites qu’il m’avait sorti l’autre fois. J’lui avais r’craché direct mon C.P Cola à la tronche. L’CP Cola? Tu connais pas. Paye ta culture de merde mon gars. L’C.P Cola c’est le cola qu’on fait nous même au cinquième bureau avec les copains. Des bulles fines et délicates, un gout subtile fruit d’un mélange d’arôme inventée par votre serviteur et dont la recette est gardée secrète par votre serviteur. Faudrait pas que ces cons du CP 8 nous la pique. Rien que de penser à ces connards j’ai envie de recracher du cola sur Willy. Tu les verrais mon gars, les mecs quand ils débarquent dans les bureaux du C.P, on dirait des dragons célestes mal fringué avec un balais dans l’cul. T’sais ce que m’a dit l’un de ces cons l’autre jour ?
Agent Krueger ?
Ouais comme tout l’monde mon gars, mais après ? Ta combinaison, elle te boudine pas un peu Krueger ? Tu pourrais venir bosser en costume quand même ça serait plus saillant non ? Prout prout, saillant t’as vu d’jà comment il parle l’autre snob ? Limite t’pouvais l’entendre péter plus haut que son cul. Et tu l’aurais vu son cul d’ailleurs … T’vois direct que le mec il fait pas d’abdos fessiers aussi poussés que les miens. C’est sûr que c’est pas lui qui brisera de la colonne vertébrale de révo en s’asseyant dessus. Tu l’aurais vu, une tête énorme montée sur un corps minuscule. Tu souffles pfiiiou ! Il s’envole. Alors que moi, avec mon combi t’vois direct l’entrainement physique ultra poussé que je me paye. Alors du coup je lui ai dit …
Agent Krueger ?!
Non mais t’es con mon gars, Krueger c’est moi. T’es pas un malin toi … Non moi je lui ai dit que ma combinaison me boudinait pas, elle fait que moulait mes muscles … Si j’te jure mec. Aucun trucage en plus, 100% naturel ces muscles. Et là je ne contracte même pas. Sur que c’est pas ce con de Willy avec ses joggings, ses salades le vendredi et qui refuse de boire le C.P cola parce que soit disant c’est trop gras qu’arriverait à avoir un corps pareil ça je peux t’le dire mon gars.
Agent Krueger !
Je me réveille en sursaut, laissant échapper un grognement. René Réginald Scorpio, RRS qu’on l’appelle ici. Retourne Rapidement Suer (à la tâche). Ouais on a toujours été nul en anagramme au C.P. Mais là j’ai un peu d’autres préoccupations. Donc tu m’excuseras mais bon …
Je peux savoir ce que vous êtes en train de faire agent Krueger ?
Je cherche sur mon bureau un truc pour justifier d’un travail quelconque … Un paquet de bonbons vide, un os d’une cuisse de poulet qui se bat en duel avec un immense gobelet rempli à ras bord de C.P cola et l’avis de recherche du Traitre comme on l’appelle sobrement ici … L’autre connard de Red dit le plus prosaïque d’entre nous : moi. Prosaïque vl’a que je me met à parler comme ces peignes-cul du CP 8.
Je réfléchis à comment arrêter l’ex-agent Red, patron !
Le regard du patron me fait bien comprendre que ma réponse ne le satisfait pas vraiment. Machinalement je me gratte l’menton, éparpillant sur mon bureau les quelques miettes qui restaient du repas de midi, bon ne me reste plus trente-six solutions. Nous autres agent du gouvernement sommes des as de la manipulation. J’y vais pas exceptions. Technique ultime, sourire ravageur … Je me serais surement pas pris de savon, si j’avais pas eu ce putain de morceau de poulet coincé entre les dents. Scorpio pose sur mon bureau une pile de dossier en me jetant un regard noir.
Et la prochaine fois que je vous prends à faire la sieste au bureau Krueger, je vous fais muter comme sbire au CP8.
Au putain, tout mais pas ça … Déjà que l’CP 8 c’est pas jojo mais alors en plus sbire. Totalement atroce. Ils ont pas le droit à la cantine des agents. Ils se coltinent des plats dégueulasses quand c’est pas juste des pauvres sandwichs triangles imbouffables. J’hoche la tête, plein de convictions. Je dois l’faire bien, il a l’air nettement moins fâché. Il me lâche même avec un sourire à peine voilée.
Et n’oubliez pas que ce soir, on fête le pot de départ de l’agent Maurice qui nous quitte pour le C.P 6. Je compte sur votre participation active. Après tout l’agent Maurice était un élément important de notre département et je compte bien lui montrer toute ma gratitude.
Un sourire se dessine aussi sur mon visage, j’adore les pots de départ. Et je crois pouvoir dire que ceux du Cipher Pol sont les meilleurs.
Dernière édition par Krueger le Lun 30 Nov 2015 - 21:47, édité 2 fois
Posté Mar 31 Mar 2015 - 16:57 par Krueger
Vendredi, l’après-midi, dans le bureau du cp 5 c’est toujours une drôle d’ambiance. T’sais du genre paisible. Tout le monde s’est définitivement remis au boulot. Les frites à volonté de la cantine ont été bien digérées. Une ambiance studieuse, que rien ne semble vouloir déranger. A part peut être le claquement des pieds du meilleur agent en activité. Moi.
Ouais je suis comme ça, après ma sieste de début d’après-midi, je bouge un peu partout dans les couloirs. T’vois un bon agent, c’est celui qui a des relations. Et les bonnes relations au Cipher Pol, c’est aussi rare que les hommes de mon calibre. Mais je fais ce que je peux pour cultiver des liens solides avec mes collègues. Des petits cadeaux, des tuyaux en tout genre, des pv qui sautent … Je suis comme ça, le cœur sur la main verte ou un truc du genre. Ici comme ailleurs c’est toujours mieux d’avoir des types qui te doivent des services que l’inverse.
Et l’agent Maurice, je lui en devais des services. Ce type était un exemple pour tout agent du gouvernement. Il venait toujours bosser fringué de façon ultra impeccable, le petit costard parfaitement taillé avec toujours une jolie petite cravate assortie et avec jamais la moindre tasse de sauce dessus. Comme tous les vrais, il arborait sur son visage sévère une superbe moustache grisonnante et ses lunettes rondes lui donnaient un air tout à fait sympathique. Mais au-delà d’une élégance toute relative, il avait quasiment que de la peau sur les os le pauvre, c’était un agent tout à fait efficace et scrupuleux. Il n’avait pas son pareil pour maquiller une scène de crime en banal accident de la vie quotidienne, transformer une compatibilité défectueuse en une affaire florissante et faire du plus honnête des gouverneurs le plus odieux des despotes. Sans être une légende Maurice était un exemple.
Ça va Maurice ? T’as raté les frites de ce midi mon gars ! Comment elle s’est passé cette dernière mission ? Racontes moi donc tout ça ! J’ai besoin d’un cobaye pour la dernière cuvée du C.P cola.
Je pose deux gobelets sur la table et lui tend le sien où j’avais soigneusement écris son prénom. Je suis comme ça consciencieux. Tout souriant, j’écoute son histoire. Important ça, toujours écouter les histoires des autres agents du Cipher Pol. Important pour développer son imagination et se tirer de situations problématiques. Sans parler du fait que ça évite bien souvent d’avoir à se coltiner des recherches aux archives et de lire l’écriture dégueulasse en pattes de mouche que te sortent la plupart des agents. Quand je pense que le gouvernement est pas foutu de tous nous équiper en machine à écrire alors qu’il te crache berrys sur berrys pour refourguer des cuirassés à ces abrutis de marines. Quand on voit ce qu’on fait avec nos moyens, si on avait les même que la marine voilà longtemps qu’on en aurait fini avec la révolution. Mais c’est sûr que c’est plus classe de faire défiler des cuirassés que des machines à écrire le jour de la fête national. Même sur moi ça marche, la dernière fois que j’ai assisté à un défilé militaire j’ai failli troquer ma combinaison jaune pour un de ces putains de manteau d’officier. Je me suis vite calmé quand j’ai revu Scorpio, c’est pas l’genre à te laisser prendre ta retraite pépère chez les militaires. Même pour toi Maurice, t’aurais vu comme il était furibard quand il a appris que tu filais au CP6, j’ai bien cru qu’il allait m’étrangler. Oh merde qu’est-ce que tu me racontes déjà …
Et c’est comme ça que j’ai coincé cet enfoiré de marine dans les toilettes.
Il éclate de rire. Pour être poli, je le suis de mon meilleur rire forcé. Je t’ai déjà dit qu’on avait des formations d’acteur au Cipher Pol ? Et je suis plutôt bon. Et voilà qu’on commence à se raconter nos vieilles histoires de boulot et j’en profite pour lui faire gouter la nouvelle cuvée du C.P Cola. Un sourire se dessine aussi sur mon visage, j’adore les vieilles histoires de boulot. Et je crois pouvoir dire que celles du Cipher Pol sont les meilleures.
Dernière édition par Krueger le Lun 30 Nov 2015 - 21:48, édité 1 fois
Posté Mer 1 Avr 2015 - 15:19 par Krueger
Vendredi, en milieu d’après-midi, dans le bureau du cp 5 c’est toujours une drôle d’ambiance. T’sais du genre paisible. Tout le monde est plongé dans son boulot. Les frites à volonté de la cantine ne sont plus qu’un souvenir radieux et on rêve déjà du repas du soir. Une ambiance studieuse, que rien ne semble vouloir déranger. A part peut être les éclats de rire du meilleur agent en activité qui résonnent dans les couloirs. Moi.
Elle est toujours aussi marante cette histoire. Tiens ça me rappelle l’autre jour où j’ai enfin réussi coincé cette petite garce qu’avais tenté d’infiltrer nos archives. La ptite pépée, elle me fait le coup d’la séductrice genre je te fais les yeux de petit chat battu. Elle avait de ces grands yeux bleus, elle me rappelait Cindy ? Ah Cindy ! Je t’ai jamais parlé de Cindy ? L’autre révolutionnaire qu’avait essayé de m’faire du charme pour que j’lui révèle des infos. Elle faisait un poulet grillé tellement délicieux … Un agent moins consciencieux que moi aurait craqué dès la première cuisse … Enfin pour en revenir à l’autre. Moi tu m’connais je suis un grand sensible et un vrai gentleman. Ni une, ni deux que lui explose la tronche avec la barre de fer.
Il n’y a pas à dire mais ces donzelles de la révolution, elles ont le cuir solide. Elle m’a demandé bien cinq, six coups à la tête avant de passer l’arme à gauche. Comme la Cindy au fait, mais au moins à la barre de fer c’est du boulot plus propre qu’avec un os de poulet taillé. T’aurais vu comme j’avais foutu du sang partout. Un vrai cauchemar j’avais dû changer de combinaison. Mais ça valait le coup, tu m’connais j’aime bien l’ironie dramatique.
Maurice sirote tranquillement son C.P cola, la paille émet le bruit caractéristique qui indique qu’il a tout bu. Faut dire qu’il est pas mauvais ce nouveau cru du cola. Je l’ai bien dosé. Après tout, Maurice la mérite bien cette cuvée spéciale, après tout ce qu’il a fait pour le service, il mérite bien tout ce qui va lui arriver. Il repose le gobelet et s’essuies la bouche du revers de la main. Il reprend la conversation en gratouillant sa moustache.
Et … elle a avais un complice ta petite copine ? De l’intérieur je veux dire …
Une taupe tu veux dire ?
C’est à mon tour de siroter mon cola. C’est qu’il commence à faire faim tiens. Je repose le gobelet sur la table. Il continue de me fixer pendant que je fouille dans les poches de ma combinaison. Tout sourire je ressors une barre chocolatée. Je la boulote l’espace d’un instant. Ça rend plutôt bien avec le cola tiens. Mais c’est pas ça qui va me remplir la bidoche. Avant de me remettre au boulot va falloir que je graille moi. Ptain, j’ai tellement la dalle que j’en perds le fil de la discussion.
C’est toujours la deuxième étape ça. Une fois qu’elles se rendent compte que le charme est inefficace, bien souvent leurs langues se délient. Elles seraient prêtes à vendre leurs parents. Dès fois t’en as des coriaces. Elles ne pipent pas un mot même après la huitième molaire. Il y en a même qui se foute de ta gueule quand t’as plus rien à leur arracher. Enfin ça tu connais ...
Et celle-là, elle était de quel genre ? Bavarde ou bravache ?
Au troisième coup de barre, elle s’est mis à débité tout un tas d’inepties. Qu’elle pouvait m’aider, qu’elle avait des informations blablabla. Enfin tu les connais ces racailles, ils combattent par convictions, ils trahissent dès le premier frisson. Puis la procédure tu la connais … Je l’ai laissé tranquillement débité ces salades et tu sais que je n’aime pas ça. Donc tu connais le petit truc classique, tu lui remets un petit coup, un peu plus doux cette fois ci et c’est là comme tu le sais c’est là qu’elle te donne tout ce que t’as envie de savoir.
Oh tu l’aurais sa tête mon gars, elle était mignonne pourtant la donzelle, un peu moins avec le visage tuméfié et les cheveux ensanglantés. Qu’est-ce que j’adore en coincer des révolutionnaires. J’ai l’impression que chaque petit salopard que j’attrape me rapproche du jour où ça sera Red entre mes griffes. Je sors mon meilleur sourire carnassier à ce bon vieux Maurice.
Et puis … j’imagine que tu connais déjà la réponse non ?
Comment diable voudrais tu que je sache qui est la taupe ?
Oh voyons un agent aussi brillant que toi, tu dois bien avoir ta petite idée non ?
Flatteur …Je me demande bien qui ça peut être alors ne fais donc pas le timide qui c’est ?
Voyons tu ne sais vraiment pas ? Pas la moindre petite idée ... ?
Règle 488 du parfait petit agent du Cipher Pol, lorsqu’il y a plus de trois questions d’affilé dans une conversation entre agent. C’est que ça va partir en cacahuète. Surtout lorsque l’un et l’autre connaisse parfaitement les réponses à leurs questions. Et le flingue que pointe sur moi l’agent Maurice est une preuve de ce que j’avance.
Cette petite peste a pas su tenir sa langue hein ? Crève le gros …
T’inquiètes mon gars, je ne suis pas mort. Sinon je ne pourrais pas te raconter tout ça … L’agent Maurice a fait connaissance avec l’un des ingrédients du dernier cru du C.P Cola, celui que l’on sert que pour les entretiens de licenciement. Un bon sédatif qui le transforme ni plus ni moins en pantin sans fil. Je hurle à Willy de le descendre. On a encore du boulot sur la planche. Un petit rendez-vous d’affaires avec l’agent Maurice. J’adore les rendez-vous d’affaires. Et je crois pouvoir dire que ceux du Cipher Pol sont les meilleurs.
Dernière édition par Krueger le Lun 30 Nov 2015 - 21:48, édité 1 fois
Posté Jeu 2 Avr 2015 - 14:10 par Krueger
Vendredi, en fin d’après-midi, dans le bureau du cp 5 c’est toujours une drôle d’ambiance. T’sais du genre paisible. Tout le monde a presque fini son boulot. Les frites à volonté de la cantine ne sont définitivement plus qu’un souvenir radieux et les ventres commencent à réclamer le diner. Une ambiance studieuse, que rien ne semble vouloir déranger. Même pas les affaires du meilleur agent en activité. Moi.
Bah non je peux pas faire de bruit mon gars, parce que je suis dans un endroit où rien ni personne ne peut m’entendre. Ni Willy, ni même ce pauvre agent Maurice. Au cinquième bureau du Cipher Pol, le plus important au final c’est la dénomination. Un civil qui casse les noix et qui regarde là où il faut pas c’est un usager quelque peu insistant. Un agent du Cipher Pol qui bosse pour la révolution c’est pas un salopard de traitre, on dit que c’est un agent qui travaille pour le CP6. On ne parle pas d’élimination d’un agent peu consciencieux mais d’organisation de pot de départ. On parle pas de sale type sournois, voleur de pâtisserie et plus grand traitre de l’histoire du Gouvernement on se contente d’un sobre Capitaine Red. Bah pour désigner l’endroit, on se satisfait d’un banal : salle d’interrogatoire. Alors que le premier péquin venu, qui visiterais les locaux pour la journée du patrimoine, qualifierait au mieux le coin de cave sordide et macabre au pire d’abjecte salle de torture puant la mort et la pisse. Et comme j’le dis souvent le premier péquin venu, bah il dit pas que des conneries ma petite dame.
Qu’est-ce qu’il m’a ramené à bouffer ce gros con de Willy ? Des huitres … Sérieusement ? Faut entendre ce qu’il me raconte comme connerie l’autre en plus. Blablabla que je connais un ostréiculteur, blablabla riche en oligo-éléments et en vitamines, blablabla je m’appelle Willy et je parle comme un abruti du CP8 avec des mots que personne connait. A se demander pourquoi on ne l’a pas encore muté chez les autres abrutis çuila. Qu’à cela ne tienne, à cheval donné on ne regarde pas si les dents sont dures ou longues. Et en parlant de dent, j’en avais une belle contre l’agent Maurice. J’attrape le seau d’eau que me tend Willy et le balance sur la tronche du traitre. L’eau et le seau. Je peux te le dire bien tranquillement ça réveille bien. Alors là, normalement, on rentre dans la phase numéro une, je l’appelle le choc. Le gars ne sait pas ce qu’il fout là. Et t’as le classique qui êtes-vous ? Bon là … Il sait très bien où il est donc la phase du choc va durer cinq seconde après ça. T’as seconde phase qui ne devrait pas tarder à commencer.
Détache-moi de là tout de suite Krueger !
Tu sais très bien que c’est pas possible Maurice.
Tu vas voir quand je me serais libéré Krueger, je te ferais bouffer ta graisse …
La colère … Toujours pareille. Le type ne supporte pas de s’être fait attraper et commence à avoir peur. Du coup, faut qu’il expulse sa frustration d’une manière ou d’une autre et l’plus simple c’est de couvrir d’insultes et de menaces le type le plus proche. Et ça tombe systématiquement sur moi. C’est pas loin d’être ma phase préférée. C’est le moment où j’en profite pour bouffer en l’ignorant. Cela l’énerve encore plus et on passe encore plus vite à la phase suivante. J’attrape une huitre et un couteau. Et je commence à en ouvrir, une puis deux et ainsi de suite. C’est pas mauvais ces conneries là. Et quand il s’est peu calmé je m’approche de lui.
Tu vois Maurice, ouvrir des huitres c’est tout une technique. Tu vois faut bien mettre sa lame comme ça et baf un bon geste du poignet. C’est ouvert. T’as compris ? Attends, je vais te montrer d’un peu plus près.
Je m’approche doucement de lui et j’attrape sa main. Je glisse la lame de couteau sous l’un de ses ongles avec un petit regard satisfait. C’est là que normalement on passe à la troisième phase. Il va chercher à négocier. Normalement un bon agent tiendrait le coup, mais un agent prêt à trahir le CP n’est pas prêt à souffrir pour protéger des révolutionnaires. Quoiqu’on tombe toujours sur des coriaces.
Att… Attends Krueger. T’es pas obligé de faire ça. J’étais comme toi avant. On m’a formé comme toi. Le gouvernement ne nous possède pas, t’as pas à faire toute ces horreurs. Libère moi et partons tous les deux. Je connais des gens, ils nous aideront à nous cacher du Cipher Pol. On sera à nouveau libre Krueger. A nouveau des hommes plus des machines. Sors-moi de là et ensemble on pourra être libre.
Oh ne t’inquiètes pas Maurice, je vais te sortir de là.
Des machines. Si seulement on était tous des machines au Cipher Pol … Cela nous éviterait des pauvres raclures de bidets de ton espèce ou de l’autre enfoiré de Rouge. J’exècre les types dans ton genre. D’une haine viscérale. Je serais un machine hein ? Toi, Maurice, tu ne vaux pas plus qu’une seule touche d’une quelconque machine à écrire. Tu es un traite, tu as craché dans la main qui t’as nourri, qui t’as élevé, qui a fait de toi ce que tu es aujourd’hui. Tu étais une merde avant de rentrer au CP et maintenant que tu nous as trahi t’es une sous-merde. Tu parles, tu parles … Et je m’en fou. Tu commences à me dire que tu peux me donner des noms. Mais j’ai un grand principe, j’écoute rien avant le premier hurlement de douleur. Tout ce que dit le type avant c'est pas crédible.
Je tourne la lame de mon couteau et j’ouvre cette huitre d’un nouveau genre, arrachant un cri de douleur à l’ex-agent Maurice. La voilà la phase quatre, la douleur. Peu d’agent l’avoue mais c’est souvent leur préférée. Au-delà du plaisir sadique, c’est là qu’on punit le mécréant. On commence à l’absoudre peu à peu de ses péchés. Finalement la pauvre bouse que tu traines jusqu’à la salle d’interrogatoire va redevenir peu à peu humaine au fur et à mesure où elle souffre. Maurice et moi on se partage une petite demi-douzaine d’huitre. Même s’il apprécie moins que moi, au final ça me fait plaisir de partager un dernier moment avec lui.
Alors Maurice, je t’écoute. Je veux tout savoir sur tes petits copains qui étaient prêt à t’aider à te planquer. Je voudrais les remercier en bonne et due forme.
Et là voilà la cinquième phase. Celle où on récolte les fruits de notre dur labeur. L’acceptation. Personne ne veut être une balance, heureusement pour nous petits fonctionnaires zélés, peu de gens peuvent réussir à ne pas cracher le morceau. Et Maurice n’en fait pas parti. Et maintenant il le sait. Je fais signe à Willy de se ramener et de prendre en notes tout ce que notre traître va cracher. Une fois que c'est fait, je lui colle un balle dans le crâne.
Maintenant tu vas pouvoir sortir Maurice.
Avec l'arme qu'il avait utilisé pour me menacer. Ironie dramatique quand tu nous tiens. Je me demande bien quelle heure il est moi … J'attrapes la caisse d'huitre et je commence à sortir de la salle. C'est Willy qui nettoie. Lui aussi il aura un sbire pour nettoyer quand ça sera un agent pleinement formé. Et vu le type qui s'occupe de sa formation, il peut que bien finir ce garçon. Ma journée de travail doit pas tarder d’être terminée. Le pot de départ de l'agent Maurice ne devrait pas tarder à commencer maintenant. Quel dommage qu'un empêchement de dernière minute l'empêche d'être présent. Comme lors des quinze derniers pots de départ ... On doit avoir une sorte de malédiction au Cipher Pol. Et après la petite sauterie, c’est le week-end !
Ça tombe bien j’adore les week-ends. Et je crois pouvoir dire que ceux du Cipher Pol sont les meilleurs.