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Sixième chapitre ; Une histoire de rédemption... [Solo]


- « Et donc… Vous pouvez arrêter de tripoter cette pauvre infirmière, Fenyang ?! »

Le gouvernemental assis près de moi me lança un regard courroucé. Lui comme l’infirmière étaient assez irrités par mon comportement de pourri gâté ; quoique la dernière n’avait d’autre choix que de se laisser faire. Entre l’admiration qu’elle éprouvait pour moi et son rôle dans cet hosto, elle n’avait pas intérêt à tenter quoi que ce soit d’idiot. Pour ma part, je me marrais comme un con. Je n’avais de cesse de me foutre méchamment de leurs gueules, eux qui m’avaient cherché des noises d’une manière ou d’une autre. Le premier était venu me parler d’une mission à accomplir, maintenant que j’avais fait mon grand retour sur le devant de la scène. Avec toutes les trahisons ces deux dernières années, un contre-amiral de mon calibre était une force non négligeable. Le seul problème, c’est que le GM était devenu très suspicieux vis-à-vis des hommes de son bras armé, la marine. Du coup, on testait la fidélité d’un bon nombre d’officiers. Moi plus que les autres, étant donné que j’avais disparu pendant plus d’un an. La seconde avait grillé tous mes plans culs en interdisant à mes amantes de me rendre visite. Du coup, ma frustration, je la rejetais sur elle tout simplement. Comme en ce moment-même, où j’étais en train de lui peloter le cul.

- « Donc, si j’ai bien compris, vous vous voulez que j’utilise ma nationalité pour ça, hein ? »

- « Comprenez que c’est pour la bonne cause. Les autres hauts-officiers sont occupés. De même pour le Cipher P… »

- « C’est bon, c’est bon… Sortez maintenant. »

- « Quoi ? Je n’ai pas fini de vous briefer sur votre mission ! Et veuillez lâcher cette infir… »

- « Sortez de ma chambre ! J’ai justement à faire avec cette infirmière. Et ne vous inquiétez pas. Elle ne dira rien. Pas vrai, poupée ? »


Surpris au tout début, l’officiel du gouvernement se mit à rougir violemment avant de foutre le camp illico. Il avait compris le bougre. Il avait bien capté que j’voulais lui refaire son gros boule. J’eus d’ailleurs un sourire bien dégueulasse lorsque je tournai ma tête vers ma victime dont j’avais toujours une fesse en main. Le reste peut se passer de commentaires. Juste que dans tout l’hôpital, on avait entendu des gémissements assez forts, et ce pendant des heures. De quoi mettre la puce à l’oreille à n’importe qui dans les alentours. A la fin de la séance de jambes en l’air, j’avais fini par arracher mes nombreuses perfusions avant de quitter ma chambre d’hospitalisation. L’infirmière m’aurait certainement empêché de sortir, si elle n’avait pas cet air à la fois épuisé et heureux sur mon lit où elle piquait du nez. Je m’arrangeai à sortir discrètement de là, sauf qu’une fois enfin à l’extérieur, mon officiel m’attendait avec la mine grave. J’eus un sourire à son égard, avant qu’il ne me fasse signe de l’accompagner. Un lourd soupir s’en suivit avant que je ne m’exécute. Nous nous retrouvâmes cinq petites minutes plus tard dans un grand restaurant de la place où il commença, sur une carte d’Alabasta, à m’indiquer où était le forban en question :

- « Jorek se trouve à Nanohana. Nos sources indiquent qu’il s’amuse là-bas depuis deux jours ! »

- « S’amuser ? Et pourquoi les autorités de la ville ne sont pas informées de sa présence ? »

- « Il n’était qu’un pirate de pacotille quand vous l’aviez arrêté par le passé. Depuis, sa prime a arrêté de circuler et les gens l’ont oublié. Enfin, il faut dire qu’il n’a pas mal changé physiquement et qu’il n’était pas vraiment connu sur Grand Line. Raison pour laquelle il se la coule douce sur cette île. Sous peu, le GM émettra une nouvelle prime sur sa tête… D’ailleurs… »


Le gouvernemental (Qui n'avait pas vraiment répondu à ma question) me sortit une prime de l’intérieur de sa veste et me la tendit. Je la récupérai, l’observai un moment, avant d’avoir un sourire. Dans mes souvenirs, je devais avouer que Jorek était moins beau. Là, sa barbe grisonnante et son air malicieux lui donnaient du charme. Pas étonnant qu’il s’amuse comme un fou à Nanohana. Les meufs de cette cité étaient plutôt délurées et j’étais bien placé pour le savoir, héhé. Sa nouvelle prime n’était pas mal non plus. 123 millions. De quoi affoler les populations de cette île-continent, si jamais le GM décidait de la rendre publique. Par contre, l’idée de mettre le cap sur la ville de Nanohana ne m’enchantait pas trop. A un tel point que j’avais fini par froncer les sourcils. Mon interlocuteur se remit à reparler, mais je ne l’écoutai même pas. Dans ma tête, je repensais déjà à mon accident sur le Léviathan, au sauvetage de Wallace et à ma décision de déserter pour un moment, histoire de reprendre ma vie en main etc… Une nostalgie dont je me serais volontiers passé. A l’approche d’une jolie serveuse qui roulait des hanches pour me charmer -Sans doute parce qu’elle avait reconnu ma gueule-, je pliai soigneusement la prime que je rangeai dans l’une des poches de mon jeans, tout sourire, comme si de rien était.

- « Quand est-ce qu’on distribue cette prime… ? »

- « Une semaine, grand maximum. »


En gros, ces cons me donnaient sept jours. Pas plus, pas moins. Une brochette de bâtards. C’est à peine s’ils avaient pris en compte mes déplacements, sans compter que je n’avais aucun équipage pour moi, aucune aide. Juste un sabre, ma force, mon intellect et c’est tout. Tu parles d’une mission… Comme si j’avais la gueule d’un traqueur discret, moi. D’un traqueur tout court, même. J’aurai bien voulu refuser, prétexter la convalescence -Ce qui était vrai d’ailleurs et les bandages que j’avais le prouvaient-, mais le GM pouvait prendre ces prétextes comme une pseudo-trahison. Je risquais la rétrogradation pure et simple ; mais plus grave encore, le renvoi et pourquoi pas la prison au motif de désertion. J’étais pied au mur. Je n’avais pas trop le choix. Derrière, je pouvais aussi accepter la mission et ne rien foutre concrètement, mais j’avais l’intuition que cet officiel, sous ordre des hautes instances, allait discrètement me filer pour connaitre mes faits et gestes et voir si je mettais du cœur à l’ouvrage. Je le savais bien, que son excuse selon laquelle personne d’autre que moi ne pouvait s’occuper de cette affaire était bidon. C’était même grossier comme mensonge. Mais j’allais devoir me taper le sale boulot. A croire que l’arrivée de Jorek sur Alabasta tombait vraiment à pic…

- « Très bien. Je l’arrêterais dans moins d’une semaine. Qu’est-ce que j’ai comme moyens ? »

L’agent du gouvernement se mit à sourire. Tout se déroulait comme prévu.
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Deux jours plus tard. Cimetière de Nanohana, An 1626, six heures et demi du matin.

- « Nfufufufu, alors, c’est ici hein… »

- « Ah ! Monsieur Fenyang… Je suis désolé… »


Le gardien du cimetière avait un air peiné. Il ne savait pas quoi me dire et baissait les yeux au sol sans pouvoir m’adresser un seul regard. Pour ma part, je n’avais aucun sourire, mais je ne lui en voulais pas. Ce n’était pas comme si c’était de sa faute. Je me tournai vers lui avant de lui administrer une bourrade amicale. L’petit vieux, désappointé, finit par sourire lorsqu’il vit une lueur bienveillante dans mes yeux. Il s’inclina bien bas et s’en alla, me laissant seul devant une tombe. Celle sur laquelle étaient gravé mon nom et les différentes dates qui allaient avec. A en juger par les fleurs presque fanées, des gens venaient régulièrement se recueillir dessus. Sauf que depuis deux à trois semaines, ils avaient dû être agités par l’annonce de ma « résurrection ». J’avais eu beaucoup d’aventures ici. Beaucoup d’amantes. Il n’y avait pas que de mauvais souvenirs dans cette ville. Sauf que la stèle funéraire devant moi était la matérialisation de mes déboires dans cette région. C’est ainsi que quelques secondes plus tard, il eut un grand bruit, comme une explosion dans le fond du cimetière. Le gardien alerté par le bruit, courut vers moi et vit que j’avais une épée en main et que la sépulture érigée en mon nom était en ruines. Il en était tout chamboulé.

- « M-Monsieur Fenyang… »

- « Je vis non ? Il n’y avait plus de raisons que ce truc soit conservé… »


Le p’tit vieux déglutit alors que je me tournai et m’approchai de lui avec un sourire des plus intimidants. Puis, une fois face à face, je rangeai mon épée et l’ébouriffai comme s’il s’agissait d’un gamin. Je ne me l’expliquais pas, mais j’avais le baume au cœur après avoir rasé cette sépulture, ce qui expliquait mon sourire. Cet acte n’avait pas été prémédité. En fait, je prévoyais de demander aux autorités de la ville de détruire cette stèle pour moi, mais une fois devant, je n’avais pas pu m’empêcher de le faire moi-même. « Ne t’en fais pas, tu ne seras pas viré pour ça. Je préviendrai moi-même les hautes instances que c’est moi qui ai détruit cette tombe. » L’homme eut un soupir de soulagement. Sur le coup, il craignait pour son travail, et ça, je l’avais bien compris. Après, tout n’était-ce pas pour retrouver mon grade que je me prêtais à cette stupide traque ? Du reste, l’homme me comprenait très certainement. Aucun vivant saint d’esprit n’accepterait de laisser un tombeau à son nom bien longtemps. Il eut également un sourire, avant que je ne le dépasse tranquillement en tapotant l’une de ses épaules. Maintenant qu’une parenthèse se refermait sur cet épisode, il était temps de passer aux choses sérieuses. Comme aller saluer un vieil ami.

Nanohana, onze heures du soir, vers un lupanar malfamé…

- « PUTAIN DE PÉTASSE ! TU ME L’AS MORDU ! T’AS OSÉE MORDRE MA B*** ! »

Sur ces mots, Jorek commença à rouer de coups la jeune prostituée avec qui il voulait s’amuser. Qu’il voulait même violer, pourrait-on dire. Il la battait avec une telle force qu’il lui ouvrit l’arcade sourcilière, le tout, sous les yeux médusés des proxénètes du coin et de leurs gros bras qui n’avaient aucun cran pour l’approcher et l’arrêter. L’instinct dirons-nous. Qui plus est, ils ne pouvaient pas demander de l’aide. La brigade mondaine sévirait juste après et ils perdraient tout leur business. Mais alors que l’homme s’acharnait sur la prostituée qui était à deux doigts de s’évanouir, une immense silhouette encapuchonnée fit doucement son apparition vers eux. Etait-ce alors le haki de l’observation ? Ou bien son sens du danger aiguisé ? Toujours est-il que Jo’, le bourreau de la pute se redressa et regarda le nouvel arrivant, les sourcils froncés, l’air suspicieux. Il se permit un dernier coup de pied dans les côtes de la jeune femme et se hâta de faire deux bonds en arrière en dégainant son sabre. Il approcha ledit sabre vers ses lèvres et lécha la lame avec un air provocateur, tandis que le nouveau venu dégaina sa propre épée, le tout sous les yeux ahuris du public qui ne comprenait pas grand-chose à ce qui se passait. Toujours est-il qu’ils savaient que ça allait saigner.

- « T’es qui toi ? Un chasseur de primes ?! T’es mal tombé abruti ! »

Sous ma capuche, j’eus un lourd soupir. Il avait beau avoir vieilli, il n’avait pas mûri d’un poil. Paradoxalement, il était physiquement au point. Pas étonnant qu’il puisse approcher les prostituées avec une telle gueule d’ange. Mais alors que je rêvassais, l’homme enjamba le corps endolori de la prostituée et sauta vers moi en agitant son épée dans tous les sens au-dessus de sa tête. Une fois à sa portée, il fendit violemment son épée vers moi. L’objectif était de me fendre le crâne. Sauf qu’avec mon haki nouvellement et définitivement acquis (Haha), j’anticipai son mouvement un peu trop lent et ample, de sorte à parer son coup du plat de ma lame pour le repousser également avec véhémence. Ma défense le propulsa sur une bâtisse sur laquelle il réussit à prendre appui, avant de « voler » vers moi en pointant son sabre vers moi de sorte à m’administrer un coup d’estoc. Deux pas avaient suffi à éviter sa technique et même à contre-attaquer, puisqu’en l’évitant, je réussis à trancher profondément l’un de ses flancs. Il tomba, se mangea la gueule au sol, se releva et prit la poudre d’escampette sans attendre. J’aurai pu le poursuivre, mais l’état de la pute qu’il avait amochée m’inquiéta ; d’autant plus qu’il n’y avait plus personne dans les parages.

Ils avaient dû fuir lorsqu’ils virent l’intensité du combat. C’est bien ma veine…
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Deux autres jours plus tard. Erumalu, An 1626, quinze heures.

Erumalu. La ville chantier d’Alabasta. On pouvait voir que les travailleurs du coin se donnaient à fond pour faire renaitre cette cité et il fallait reconnaitre qu’ils s’y prenaient plutôt bien. Leurs mouvements coordonnés me faisaient penser aux travaux sur le Lev, trois ans avant. Dire que le temps filait serait un euphémisme. J’avais parfois l’impression que c’était hier tout ça, mais ça datait réellement de trois longues années. Une mission que j’aurai pu et que j’aurai dû terminer en un seul an pourtant. Pour nous autres marines, traverser Grand Line n’était pas ardu, d’autant plus que nous avions tous les moyens pour le parcourir rapidos. Malheureusement, les choses ne se sont pas passées comme prévues et ont même conduit à ma désertion momentanée. Si mon père avait dû être triste en apprenant ma « mort », l’amiral en chef, lui, avait dû être déçu. La mission qu’il m’avait confiée était un échec cuisant. L’officier prometteur que j’étais n’avais pas rempli son rôle comme il l’espérait. Mais en soi, ce nouveau départ augurait de bonnes choses, ce que je ressentais. Le Lev était un insuccès pour moi. Mais tout le reste ne serait que triomphe. Et ça commençait par la capture de Jorek, le plus vite possible. Il ne me restait plus que deux ou trois jours.

- « Vous cherchez quelque chose M’sieur ? »

Un charpentier, au vu des poutres qu’il avait sur ses épaules, m’avait gentiment approché. Sous ma capuche, j’eus un sourire avant de faire sortir la photo de Jorek. L’homme regarda le cliché pendant un bon moment, avant de me faire signe qu’il n’avait jamais vu ce type et conseilla de me rendre à la mairie du coin. Je poussai un soupir, avant de me remettre à parcourir la ville. Même à Nanohana, c’était comme ça que j’avais procédé pour le retrouver vers le lupanar où il s’amusait à tabasser une pute. Pute dont je m’étais d’ailleurs occupé vu la couardise de ses macs qui n’avaient pas daigné ouvrir les portes de leurs locaux infects suite à la fuite de Jorek. J’avais dû transporter la prostituée à l’hôpital le plus proche, ce qui m’avait fait perdre la trace de mon homme. Hier cependant, par le plus grand des hasards, j’étais tombé sur deux passeurs qui m’avaient assuré que le pirate avait pris un bateau pour Erumalu. Voilà donc qui expliquait ma présence dans cette ville, que je visitais pour la première fois d’ailleurs. J’aurai pu m’attarder sur l’appréciation des sites de constructions çà et là, mais je n’étais pas là pour le tourisme malheureusement. Ce pourquoi je me remis à chercher sans compter sur mon haki. Il y avait bien trop de monde pour le localiser de la sorte…

Erumalu, quartier nord de la ville, au même moment.

- « ‘Tain, ça fait mal le vioque ! »

- « Bah, c’que l’entaille est profonde gamin, hahaha ! »


Jorek voulut gueuler sur le toubib, mais l’aiguille qui était en train de le recoudre acheva de l’en dissuader. Cette blessure lui faisait toujours un mal de chien. Et le pire, c’est qu’il ne savait même pas qui l’avait attaqué. Il était prêt à parier qu’il s’agissait d’un chasseur de primes, même si la probabilité que ce soit le cas n’était pas très grande. C’était quelque chose dont il avait conscience, mais il ne pouvait pas penser autrement, surtout que l’homme qui l’avait attaqué était tout bêtement encapuchonné. « AIE ! Doucement putain ! » Le toubib se remit à s’esclaffer avant de refermer la plaie pour de bon. Puis il effectua les soins qu’il restait à faire, avant que Jorek ne puisse se remettre debout. Là, il eut un soupir et remercia sincèrement son sauveur pour la consultation. Mais il ne put s’empêcher de grimacer et de ruminer cette sale soirée d’il y a deux jours. Non seulement une salope lui avait mordu le *bip*, mais un bâtard était venu le blesser en plus. Si c’était pas la poisse ça ! Heureusement encore qu’un brigand du désert lui avait indiqué la cabane miteuse de ce docteur un peu clandestin peu après sa traversée du fleuve, sans quoi il aurait eu du mal à survivre. Il avait encore le cul bordée de nouilles. Tomber sur un vieux toubib ex-pirate. Si c’était pas la chance, ça…

- « J’te l’aurai traité en bonne et due forme pendant quelques temps, mais vu qu’tu files à Rainbase, j’ai pas pu trouver autre solution que d’te coudre pour qu’tu tiennes jusque-là bas. Prends les calmants comme j’te l’ai dit et l’voyage sera pas trop pénible ! »

- « T’es sur qu’ils sont fiables, ces gars ? »

- « Y’a qu’avec eux qu’tu pourras bouger p’tit. Ils sont de ta trempe hahahaha ! D’vrais bandits du désert. Tu t’amuseras avec eux en ch’min, t’verras. Y’a tout un tas d’villages à piller, hahahaha ! »


Jorek et le vieux toubib échangèrent un regard complice. Puis ils se mirent à se bidonner comme des bossus. Ils ne se connaissaient que depuis peu, mais ils avaient noué une complicité sans pareille. Un peu comme père et fils. Entre pirates, on ne pouvait que s’entendre, forcément. Mais très vite, l’évadé d’Impel Down arrêta de rire bêtement pour se tenir le flanc meurtri. Fallait pas qu’il fasse trop le con. Aussi se remit-il à se coucher en grimaçant de douleur. Son bienfaiteur lui donna un calmant qui le sonna bien vite. On aurait dit un somnifère. Mais à peine trois à quatre heures de sommeil qu’un grand bruit le réveilla. On tambourinait la porte du vieux. Ce dernier ouvrit la porte de sa cabane pourrie et tomba sur deux trois gars à la mine patibulaire. Des bandits du désert, des vrais et leurs gueules pas nets le prouvaient aisément. En les voyant, Jorek eut un sourire. Pas de doute possible. Ce « convoi » l’enverrait à bon port : Rainbase. Là même où il comptait refaire sa vie, prendre un nouveau départ. La piraterie, ça l’intéressait plus tellement. Il avait quarante piges le bougre. C’était bon pour l’adrénaline deux ou trois fois par an, mais ce qui le motivait maintenant, c’était intégrer la pègre. Ouais, rien que ça ! Il se voyait devenir un mafieux, un truc du genre.

- « Alors c’est lui, l’vioque ? C’est l’évadé d’Impel Down ? »

- « Ouais. Tu doutes pour voir ? »
Répondit Jorek à celui qui avait posé la question, tout en se positionnant devant lui, l’air fier et moqueur.

L’aura époustouflant qu’il dégageait ne laissait place à aucun doute. Aucun. De quoi convaincre les bandits qui se mirent aussitôt à sourire. Le voyage promettait d’être palpitant. C’est ainsi que quelques heures plus tard, le forban était intégré dans cette bande d’une cinquantaine de personnes. Le chef de tout ce groupe de rebuts de la société, Mahmoud, avait très vite adopté Jorek qui savait s’imposer. Rien que sa prestance plaidait pour lui. Un brave zig qui les aiderait sans doute à effectuer quelques razzias çà et là sur des villages isolés, avant de finir à Rainbase. Mais alors qu’ils se commencèrent à quitter la ville par le point nord, un énorme cri fendit la nuit. Puis un deuxième. Avant qu’un grand bruit semblable à un impact sourd ne s’en suive. Une seconde plus tard, on pouvait voir une vingtaine de corps et d’animaux planer très haut dans les airs, un peu comme des fétus de pailles ; avant de retomber très lourdement au sol. Une scène aussi incroyable que surréaliste. Puis des cors sonnèrent un peu partout dans le groupe. Le signal était clair : La caravane était attaquée. Pourtant, Mahmoud, à la tête de son groupe ne comprenait pas. En regardant en arrière, il ne voyait pas l’ombre d’un groupe ennemi. Par contre, Jorek à ses côtés, eut un gros frisson.

En observant bien à l’arrière de la cavalerie, il aperçut une grande silhouette encapuchonnée sur un cheval. Point de doutes possibles : Son poursuivant l’avait retrouvé.
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De mon point de vue, c’était à la fois marrant et ennuyant. Paradoxal, je sais. Marrant parce que je voyais la mine déconfite de l’évadé. Ennuyant parce qu’il n’y avait aucun challenge. C’est pas comme ça que j’allais évoluer, très franchement. Toujours est-il que je prenais soin de ne tuer personne. Le menu fretin autour de moi ne m’intéressait pas. Jorek était ma seule cible. Du coup, j’assommais, je tapais, je faisais voler quelques personnes, mais sans plus. De plus, je n’étais même pas à fond. Mes blessures cicatrisaient à peine. Je n’étais pas médecin, mais je savais bien qu’il fallait que je me ménage un peu dans cette affaire. D’ailleurs, en parlant de médecin, je me remis à penser au toubib que j’avais « interrogé » une heure auparavant pour qu’il me file l’info selon laquelle ma cible quittait la ville à l’aide de groupe de brigands. Tout était parti d’un gamin très bavard qui avait aperçu mon homme dans les bidonvilles du nord d’Erumalu. A partir de là, le reste de l’investigation n’avait pas pris bien longtemps, étant donné que ma zone de recherche fut réduite. Bon, ça m’avait quand même pris des heures, mais le résultat était là. De plus, interroger le vieux doc ne fut pas bien dur. Je lui avais seulement montré mon visage et sa langue se délia aussitôt.

- « JOREEEEEEEEK ! »

Ma voix de stentor couvrit toute la zone. Tout le monde l’avait entendu. Le nom du nouveau. Immédiatement, tous surent la source de leurs déboires. Mahmoud ne prit même pas la peine de demander la moindre explication à Jorek. Il se tira tout simplement en agitant les rênes de son cheval comme un fou. Ses hommes restants firent de même. Jorek voulut les suivre, mais quelques-uns d’entre eux le visèrent avec des fusils avant de faire feu. Il dû s’arrêter et s’arranger à éviter les balles qui fusaient vers lui. Sa mine se défigura. De peur et de colère à la fois. Ces gars-là l’abandonnaient lâchement à son sort ! Une bande de bâtards qu’il se disait. Mais le pauvre n’eut pas le temps de se remettre de ses émotions que la pointe de mon épée lui frôla la joue. Il avait de justesse évité mon attaque également en se penchant sur un côté, avant de se redresser, toujours à dos de son fidèle destrier du moment. « PUTAIN, T’ES QUI TOI ?! » Le mien de cheval se retourna tranquillement vers lui avant que je ne ricane. Là, je tirai sur ma capuche, dévoilant ainsi mon visage à ma cible. C’est à ce moment précis que des nuages se dégagèrent, laissant place nette à la lune qui eut le loisir d’éclairer parfaitement ma face. Un voile rouge passa soudain devant les yeux de Jorek.

- « FENYAAAAAAAAAANG ! » Rugit-il en serrant les rênes de son cheval dans ses poings.

- « C’est typique des méchants, ça. Hurler mon nom comme des fous furieux, nfufufu ! »

La colère déforma les beaux traits du pirate. Le pauvre ne s’y était certainement pas attendu, il faut croire. Il était tellement rouge, fulminait tant, qu’on aurait dit qu’il exploserait. Pour ma part, je gardais mon sourire en agitant bêtement mon épée dans tous les sens. Il était rigolo à voir, franchement. Il devait se ressasser le passé. La scène où je l’avais mis KO dans le temps, avant de l’envoyer à Impel. Un sacré coup dans le temps. J’aurai pu amorcer une attaque, mais je restais immobile dans mon coin, à le contempler comme un imbécile heureux. Franchement, après cette traque, je pouvais me targuer d’être aussi bon qu’un Cipher pol, histoire de rigoler. Mais ce dont je pouvais le plus me vanter, c’était le coup de bluff de la capuche. J’étais incertain de mon coup, mais ça avait marché. Semer le doute dans son esprit, pour ensuite le rendre ivre de colère en dévoilant mon visage. Inutile de dire que j’avais un ascendant psychologique non négligeable. De quoi raccourcir le combat à venir. Pis, même si je ne le montrais pas, voyager à la poursuite de ce gars avait été chiant. Intéressant dans un sens, mais chiant quand même. A tous égards, c’était une punition des hautes strates pour ma disparition. Y’avait vraiment pas moyen de tourner ça autrement.

- « J’VAIS TE FAIRE LA PEAU !!! »

Ben voyons… C’est ce qu’ils racontent tous, que me suis-je dit en soupirant. Puis il chargea. Il ne bluffait pas. Il voulait vraiment me tuer. Sauf qu’il y a une sacrée marge entre vouloir et pouvoir. Triste réalité hein ? N’étant pas du genre couard, je chargeai à mon tour. Nous croisâmes ainsi le fer. L’impact fut bref mais violent. De quoi repousser nos chevaux en arrière. Celui de mon ennemi faillit perdre l’équilibre, mais se redressa à temps. Une bonne chose pour Jorek puisque j’avais chargé une seconde fois sans attendre. Cette fois-là, nous échangeâmes plusieurs coups. Vifs, violents. Au point de former un cercle d’air autour de nous qui repoussait le sable. Alors que Jorek était à fond dans le combat, il fallait avouer que de mon côté, j’avais levé un peu le pied. Ceci dit, je me maintenais à son niveau, arrivant même à lui arracher quelques estafilades à l’aide de la pointe de ma lame. Un moment de relâchement faillit me couter cher. Alors que je pensais pouvoir lui sectionner la main droite en levant mon sabre bien haut dans le ciel, le forban me porta un coup d’estoc. N’eut été mon mantra, autant dire que j’étais bien parti pour perdre le combat. A temps, j’avais réussi à faire bouger mon cheval, si bien que son épée me blessa au niveau du flanc gauche, plutôt que de se planter dans mon cœur.

- « Alors quoi ? ON EST MOINS SÛR DE SOI, HEIN FENYANG ?! »

Pour toute réponse, Jorek n’eut qu’un sourire de ma part. De quoi lui faire péter un câble, encore !
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Cette fois, je finassais plus. Il était temps d’en finir avec cette histoire absurde. Aussi lui avais-je soudainement décoché une lame de vent. S’il eut très peu de difficultés à parer l’attaque que je lui avais balancé, il fut plutôt étonné de ne plus m’apercevoir sur le cheval en face de lui, à quelques mètres seulement. Cependant, il leva la tête vers le ciel et me vit retomber vers lui à toute vitesse, l’épée brandie vers son crâne. L’ombre qui lui cachait la lune s’expliquait tout d’un coup. Mais il n’eut pas le temps de réfléchir puisqu’il se jeta de son cheval qui encaissa, et mon poids et mon coup d’estoc de plein fouet. L’impact de mon offensive causa un grand brouhaha, l’écran de poussière ect… alors que Jorek reculait difficilement en essayant d’éviter les projections de sables des suites de ma lourde chute préméditée. Puis il se releva, s’essuya rageusement le visage et commença à ricaner. Ricanements qui cessèrent bien vite lorsqu’il put distinguer une très grande silhouette se dessiner dans la fumée et en sortir. Là, il se mit à pester. J’étais couvert de sang et de sable. Mais le sang qui maculait tout mon corps n’était pas le mien. Je passe volontiers la vision d’horreur derrière moi avec le cadavre du fidèle destrier de Jorek qui voyait ses rêves de gloire s’envoler.

- « Il m’a couté bonbon ce cheval, enfoiré !!!! »

Je ne répondis pas. Je n’en avais rien à foutre en fait. Quelque part, j’étais désolé pour l’animal que je venais d’éventrer accidentellement, mais après, mon objectif restait le même. Capturer ce gros con qui gueulait pour quedal sur moi. D’ailleurs, il me chargea bêtement. Une attaque frontale, sans aucune originalité. Je le contrai, avant de lui foutre un croc-en jambes qui l’envoya valser à terre. Mais fourbe qu’il est, il s’empara d’une bonne poignée de sables qu’il m’envoya en pleine figure. Il y avait ces quelques attaques vicieuses qu’on ne pouvait pas éviter, même avec le mantra. Du coup, je reçus du sable en pleine tronche, pendant que lui roulait en boule plus loin pour être hors de ma portée. Il se releva tout de suite après et se mit à courir vers mon étalon. Sauf que loin d’être incommodé par le jet de sable qu’il m’avait balancé, je lui décochai une boule de vent contondante qu’il le heurta en plein dos. De quoi foutre en l’air une bonne partie de ses vêtements, mais surtout son dos qui était tout ensanglanté. S’il avait su combien de fois j’avais mangé le sable en tombant d’un chameau ou d’un cheval dans ce désert, il ne se serait pas hasardé à me tourner le dos. Il se releva difficilement en ahanant, mais me porta toujours un regard plein de haine, là où j’étais stoïque.

-« Laisse tomber et rends-toi. Je suis fatigué de te courir après… »

- « Keuf ! Dans t-tes rêves, imbécile ! »


Là-dessus, il saisit son sabre des deux mains, le leva en direction du ciel étoilé, avant de mimer un mouvement violent de coupe. L’air qu’il brassa forma une onde tranchante de la forme d’un gigantesque tigre. Un tigre de vent qui fonçait vers moi à toute allure. Sans ciller ne serait-ce qu’une seule fois, j’eus le temps de l’imiter, de faire pareil. Mon attaque prit la forme d’un gigantesque rhinocéros. La collision de nos attaques provoqua une gigantesque tornade qui balaya tout sur son passage. On aurait une violente tempête de sable. Le phénomène occasionné se dissipa cinq minutes plus tard. Heureusement que nous étions en plein désert, sans quoi, une bonne partie des sites de constructions de la cité seraient en ruines. A moitié enseveli des suites du fort courant d’air, Jorek finit par revenir à lui. Il toussa pendant une bonne poignée de secondes, avant d’essayer de s’extirper de la couche de sable qui le recouvrait. Sauf que tout d’un coup, un forte poigne se referma sur sa chevelure et le tira du sol. Il essaya de se débattre, mais rien à faire. Pour le calmer, je lui infligeai un coup de poing dans le bide et il s’affala au sol. Contrairement à lui qui avait plané suite au souffle, j’avais réussi à me stabiliser au sol en m’accrochant à mon sabre profondément planté dans le sol.

- « ‘Tain, t’es vraiment teigneux dans ton genre. C’est terminé ! Reste tranquille maintenant. »


N’eut été mon haki de l’observation encore une fois, j’aurai plané comme lui avant de retomber violemment au sol. En plus de mon attaque qu’il avait encaissée, il devait avoir quelques os brisés et de multiples hémorragies internes. Même le plus fort de cette terre avait ses limites physiques. Jorek avait dû atteindre les siennes. Il ne pouvait presque plus bouger. De plus, il avait perdu son sabre dans tout ce bordel ce qui le rendait plus que vulnérable. J’avais donc remporté la victoire. En m’asseyant sur lui comme s’il s’agissait d’un vulgaire sac à patates, je m’autorisai une pause clope. Comment faire pour me déplacer maintenant ? Bon, avec ma gueule, personne n’aurait rien à redire. J’étais un peu comme l’enfant du pays, tout ça, mais bon… Ça l’affichait mal quand même. Mais alors que j’étais en pleine réflexion, le sol trembla comme jamais. Deus ex machina oblige. Des agents du gouvernement. Une dizaine. Sur des chevaux. Une cavalerie aussi efficace que discrète. Les bâtards faisaient vraiment ce qu’il voulait malgré l’autonomie du royaume. Mais de quoi m’étonnais-je au final ? On parlait bien du GM, hé. Et puis, c’était comme je l’avais supposé au tout début de la mission qui m’avait été assigné. Ces gars-là avaient suivi tous mes faits et gestes.

- « Beau travail, Fenyang ! Nous nous occupons du reste. Veuillez grimper sur ce cheval. » Que me dit l’officiel qui m’avait chargé de la mission, une fois près de moi.

- « … »

Voilà. La mission était tout bêtement terminée. Ou plutôt le test du Gouvernement. Je n’avais plus qu’à regagner Alubarna et attendre le prochain ordre de mission. Tu parles d’une rédemption…
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