- NdA:
Bonjour, je suis de retour ^^
*Mais arrrrrrrête de lancer de nouveaux personnages !*
Désolé U_U' C'est de la faute aux Chevaliers de Nowel qui s'effondrent et d'individus malintentionnés qui m'ont convaincu de me mettre au système rpg ! Ch'uis innocent, promis-juré ! Ceci n'est pas un DC et vient donc en remplacement complet du précédent perso, Nash. Toutes mes excuses pour la gêne occasionnée, sincèrement --'
J'avais envie de tester une présentation RP. Si c'est trop gênant, je peux revenir éventuellement à une présentation plus classique.
Hyûma postule en tant que civil mais j'ai bien conscience qu'en sa qualité de mercenaire, il pourrait inopinément finir fiché comme Pirate ou Révolutionnaire selon les instances de la Marine. C'est un choix effectué en toute connaissance de cause.
Hyûma attendait impassiblement, seul, debout sur la plage de galets gris battue par les vents glacés.
Dix ans. Cela faisait dix ans qu'il habitait dans cet endroit reculé, abandonnées des hommes à cause des conditions extrêmes qu'on y trouvait et de son éloignement de toutes voies maritimes d'intérêts.
Dix ans. Une période à la fois si courte et si longue. Le petit garçon qu'il était lorsqu'il était arrivé ici n'avait alors qu'une très vague idée de ce que cela représentait. Certes, c'était autant que ce qu'il avait déjà vécu jusqu'alors... mais les enfants n'ont ni la même perception ni le même rapport au temps que les adultes. Tandis que maintenant, avec le recul, Hyûma percevait plus nettement le lourd sacrifice qu'il avait consenti.
Et ne le regrettait absolument pas.
Hyûma était un orphelin. De naissance ou non, de parents décédés ou l'ayant abandonné, il n'en avait pas la moindre idée : il n'était qu'un bébé lorsque l'un des orphelinats du Royaume d'XXXX l'avait récupéré. D'aussi loin qu'il puisse se souvenir, lui-même n'avait jamais connu que cet austère environnement, les autres orphelins et les braves gens qui s'occupaient d'eux formant ce qui s'approchait vaguement d'une famille. Et s'il était resté là-bas, ou bien s'il avait été adopté par des gens normaux, alors aurait-il sans aucun doute mené une vie simple et sans le moindre intérêt, une étincelle anonyme dans les ténèbres du monde. Une étincelle parmi tant d'autres, dont on ne remarque même pas l'apparition, dont on se fiche éperdument de savoir si elle brille et dont on ne se souvient même plus de l'avoir vu lorsqu'elle disparaît. Heureusement, tel n'avait pas été son destin et Hyûma avait plus d'une fois remercié la providence que les choses se soient passées si différemment.
Il avait été adopté par un homme d'affaire. Pas un gros ponte influent, mais loin d'être un manchot pour autant. Il ne se souvenait plus de son nom, mais n'avait de toute façon pas à le savoir. Pour tout le monde, il était le Seigneur, et pour lui, il était même plus : son sauveur. Le Seigneur était responsable de plusieurs affaires, dont la plus notable était une société privée de protection. Le Gouvernement Mondial et la Marine avait beau essayé de veiller au grain, les pirates et les bandits pullulaient toujours et les gens aisés préféraient toujours prendre leur propre précaution. Oui, sa mémoire avait beau lui jouer des tours, cela devait être effectivement ça. Une société privée de protection.
Hyûma avait environ huit ans lorsqu'il avait été adopté par son Seigneur. Et tout ce qui touchait les deux années jusqu'à son arrivée sur cette île était en proie à la confusion. Des flashs sans queues ni têtes, des scènes éparses qui s’emboîtaient en un patchwork incompréhensible, des visions toutes similaires hormis dans de petits détails. Un véritable magma que le temps n'avait pas arrangé, loin de là. Hormis quelques petits îlots, si parfaitement ancrés dans sa mémoire que Hyûma pouvait sans peine les visualiser lorsqu'il fermait les yeux.
Ces images étaient toutes liées à son Seigneur. Plusieurs étaient chaleureuses, des souvenirs de lui et de cet Homme, en train de se promener, en train de jouer ensemble, en train de lui raconter des histoires. D'autres le remplissait de fierté alors que son Seigneur le félicitait ou l'encourageait pour des choses dont il ne retrouvait pourtant pas le souvenir.
Et puis, il y avait la Clef. Le souvenir qui l'avait le plus marqué, qui s'était imprimé si profondément dans son esprit que, d'une certaine façon, elle le définissait. L’événement qui avait marqué un tournant décisif dans sa vie, qui expliquait cette mémoire en morceau et son exil sur cette île sauvage, abandonnée des hommes et des dieux.
Son Seigneur lui avait expliqué qu'Il avait besoin d'hommes de valeur et de confiance dans Sa société privée de protection. Non, plus que des hommes : des héros. Des surhommes capables d'inverser le cours du destin, de faire fi des probabilités. Des demi-dieux capables d'arracher la victoire alors que tout semble perdu, envers et contre tout. Une élite qui détiendrait la clef de la victoire dès lors qu'elle poserait le pied sur un champ de bataille. Et son Seigneur lui avait demandé si lui, Hyûma, voulait devenir ce genre d'homme.
Oui, avait-il répondu sans hésitation, motivé par la reconnaissance qu'il éprouvait envers Lui.
Pour cela, il lui faudrait consentir à de grands renoncements, de terribles sacrifices. Accepter un destin plus terrible qu'aucun autre homme au monde n'avait enduré jusqu'alors, avait-Il insisté.
Cela ne lui faisait pas peur, avait bravement répondu Hyûma.
Accepterait-il toujours si cela devait lui coûter des années de sa vie et une partie de sa mémoire ? Avait-Il insisté.
Ce à quoi Hyûma avait répondu qu'il était prêt à tout et plus encore s'il pouvait aider de quelques façons que ce soit son Seigneur et lui rendre une partie de la bonté et de la bienveillance dont Il avait preuve à son égard.
Et son Seigneur en avait été très satisfait.
Hyûma avait reçu pour tâche d'apprendre les arts martiaux détenus par Musashi, un puissant combattant à mains nues, dont la puissance n'avait d'égal que la renommée, lui avait-on assuré. Mais ce grand homme était un misanthrope convaincu qui arpentait le monde seul. Hyûma n'avait alors aucune idée de ce que pouvait bien signifier le mot misanthrope mais avait tout de même compris que ce Musashi ne comptait pas prendre d'élève. Ce qui expliquait qu'on lui tende un piège afin d'amadouer ce grand homme et le pousser à prendre Hyûma sous son aile.
Pour cela, le plan avait été fort simple : une mise en scène alliant un navire de pirates, un navire de marchands décimé et Hyûma, unique survivant éploré, seul au monde et sans plus rien auquel se raccrocher, la vie ne tenant plus qu'à un fil ou, en l'occurrence, aux caprices des pirates. Comme attendu, la scène toucha maître Musashi au cœur, malgré les murs de glace qu'il avait érigé entre lui et le reste du monde, et il décida de prendre le petit garçon avec lui et de l'élever. Tout naturellement, ne connaissant que ça dans la vie, il se mit à lui transmettre toutes les arcanes des arts martiaux qu'il connaissait.
Ce n'est que des années plus tard que Hyûma apprît que maître Musashi avait lui-même vécu une situation similaire : un raid de pirates massacra toute sa famille et le laissa pour mort, seul au monde. C'était pour assouvir sa vengeance qu'il apprît et développa ses arts martiaux. La similitude de leurs situations constituait une réminiscence des blessures de son âme, ce qui avait ébréché sa cuirasse émotionnelle et l'avait poussé à rectifier le tir pour que Hyûma n'ait pas à vivre la même chose que lui.
Bien entendu, une telle mise en scène n'avait été possible que parce que son Seigneur connaissait le passé de maître Musashi. Mais il était vital que ce dernier ne sache jamais qu'il avait été manipulé, car c'était courir le risque qu'il rejette son nouveau disciple. À cette fin, on avait soumis Hyûma aux effets d'une puissante hypnose pour effacer de sa mémoire les deux années qu'il avait passées auprès de son Seigneur. Lorsque maître Musashi l'avait trouvé, Hyûma était alors persuadé d'avoir huit ans et d'avoir tout juste été adopté avant ce fatidique voyage. Il n'aurait rien pu révéler, même sous la torture, ce qui assura ainsi que les tenants et aboutissants de l'affaire ne puissent jamais arriver jusqu'à Musashi.
Ainsi donc, Hyûma devint son apprenti et le rejoignit dans cet enfer glacé dont il avait fait sa demeure. Au cours des années, le maître l'éduqua et le façonna, lentement, patiemment. Les contacts avec le reste du monde se faisait rare : ainsi qu'il a été dit, rien ne pouvait pousser quiconque à voguer en ces eaux et le maître savait comment survivre seul, tant et si bien qu'il ne rejoignait la civilisation qu'une poignée de fois par an.
Au fil de ces années, un véritable lien de filiation s'instaura entre maître et disciple. Mais dans le même temps, Hyûma recouvrit partiellement des lambeaux du pandémonium mémoriel qu'était devenu les deux années qui lui manquaient, redécouvrant le pourquoi de sa présence en ces lieux, auprès du maître, mais conservant le secret par-devers lui.
Dix années s'écoulèrent donc, pleines d'efforts, de sueurs, de joies, de larmes. Et Hyûma acquît tout le savoir de maître Musashi. Alors eut lieu la dernière épreuve.
Sur la plus haute colline de l'île de glace, Musashi et Hyûma s'affrontèrent, selon la terrible règle qui voulait que l'élève surpasse le maître. Ainsi, après un combat aussi long qu'éprouvant, Musashi pérît des mains mêmes de celui qui fut le fils qu'il n'avait jamais eut. Néanmoins, tandis qu'il agonisait lentement à même le sol, Hyûma lui conta finalement tout ce qu'il savait de la supercherie qui avait mené leur chemin à se croiser. Et ainsi n'y eût-il plus aucun secret entre le maître et le disciple à la toute fin.
Cela s'était passé la veille de ce jour. Et alors qu'en dix ans, aucun navire n'avait jamais cinglé au large de la petite île perdue, voilà qu'un navire de moyen tonnage avait jailli de l'horizon avec le soleil du petit matin et avait jeté l'ancre à proximité. Une petite barque avait été mise à flot et se rapprochait de la plage de galets.
La présence de ce navire ne devait pas plus au hasard que celui qu'avait rencontré maître Musashi lors d'une de ces rares sorties hors de l'île, dix ans auparavant, Hyûma en était convaincu.
Son Seigneur le rappelait à lui.
La barque, propulsée par deux épais marins, s'échoua sur la grève dans un raclement rocailleux et l'unique passager, une jeune femme, passa par-dessus le plat-bord pour atterrir souplement sur les galets. Elle était vêtue d'une jupe sage toute blanche, d'un coûteux – mais isolant – par-dessus de cuir bordé de fourrures et de solides bottes de voyage visiblement travaillées. Ses longs cheveux de jais fouettaient l'air autour d'elle, sous les assauts du vent. Elle dévisagea un instant Hyûma de ses yeux sombres, visiblement étonnée.
Il ne devait pas ressembler à ce à quoi elle s'attendait.
Hyûma était grand, mais fin et élancé. Sa peau d'albâtre était au diapason de l'univers froid et glacé dans lequel il avait grandi. Son visage aux traits fins, était peu expressif au point de sembler taillé dans le marbre et seuls ses doux grands yeux d'améthyste donnaient vie à ses traits. De grands yeux expressifs, qui étaient le véritable miroir de son âme et permettaient de lire en lui avec une aisance déconcertante pour peu qu'on l'ait côtoyé un minimum. Et même pour le plus parfait des étrangers, toutes les émotions fortes qui pouvaient animer le jeune homme s'y reflétaient de façon quasi explicite, sans la moindre duplicité. Hyûma était quelqu'un de franc et d'intègre et cela sautait aux yeux de façon presque physique.
L'abondante crinière d'ébène qui encadrait le visage de Hyûma s'agita sauvagement sous l'effet d'une brusque bourrasque. Noir. Dans ce désert blanc, telle était devenue la couleur préférée du jeune homme. Son kimono usé et rapiécé, son robuste hakama, son léger manteau qui tourbillonnait autour de lui et jusqu'aux bandages dans lesquelles il enveloppait ses mains et ses pieds. Tous arboraient, dans des teintes certes différentes, la couleur noire.
Une sobriété de teinte, alliée à une simplicité vestimentaire, qui pourtant n'empêchait pas le jeune homme d'avoir une certaine allure, une prestance qui frappait les esprits. Peut-être en partie par la sérénité et le calme qu'il dégageait, peut-être en partie par le port quasi-majestueux qu'il possédait, droit, les épaules rejetées, sans la moindre marque de tensions décelables ni le plus petit mouvement parasite. Une maîtrise totale et irrévocable de sa posture.
Hyûma s'avança, quittant enfin l'immobilité qu'il avait conservée jusqu'à présent. Sa grâce féline, la souplesse, l'équilibre et la fluidité de ses mouvements, tout en lui dénotait l'entraînement physique caractéristique des danseurs et des pratiquants d'arts martiaux. Et toujours, cette économie de mouvements qui donnait à sa démarche quelque chose d'imposant.
Arrivé à deux mètres de la jeune femme, Hyûma s'inclina légèrement et la salua de sa douce voix de contralto.
« Bienvenue. Je m'appelle Hyûma Shingo. À qui ai-je l'honneur ?
_ Pfff... C'est quoi cette tapette ? On m'avait vendu du muscle et de la virilité, moi, avec cette histoire d'apprentissage des arts martiaux en milieu sauvage ! Remboursez ! Félicitation pour la fin de votre entraînement, fit la jeune femme d'une voix claire en guise de salut.
_ …
_ …
_ …
_ On peut rester longtemps à se regarder en chien de faïence, vous savez ?
_ …
_ Okayyy... Monsieur le sauvage n'aurait donc pas l'habitude de faire la conversation ?
_ …
_ Hé ben on est pas sorti... Allez, ne faites pas votre timide, vous savez très bien qui je suis, non ?
_ Vous me semblez étrangement familière, mais non, je n'arrive pas à me souvenir de vous, répondit Hyûma sans détour. Je vous ai donné mon nom, pourriez-vous me donner le vôtre ?
_ Je m'appelle Blanche. Ça ne vous avance pas plus, mais comme ça, vous êtes content, n'est-ce-pas ? Et vous savez très bien qui je représente.
_ De toute évidence, ce n'est pas la Personne à laquelle je pense, réfuta le jeune homme. Que venez-vous faire ici, Blanche ?
_ Oh mon dieu, non, un procédurier... Très bien, on oublie tout et on repart à zéro. Je recommence : félicitation pour votre promotion, monsieur... »
La jeune femme baissa volontairement le ton sur la fin de la phrase, pour que les hommes de la barque n'aient aucune chance de l'entendre, et le dernier mot s'en trouva couvert par le sifflement furieux du vent. Mais Hyûma n'eût pas besoin de l'entendre, lisant aisément chaque syllabe sur les lèvres de son interlocutrice.
Si l'allure de la jeune femme n'éveillait qu'un écho lointain en lui, le mot qu'elle prononça tout bas fit carrément l'effet d'une détonation dans son esprit. C'était un mot qu'il avait su il y a bien longtemps, mais qu'il avait oublié, comme tant d'autres choses. Mais ce mot était très particulier. Car c'était son véritable nom, celui que son Seigneur lui avait offert lorsqu'il avait accepté sa mission.
Hyûma s'inclina, posant un genou à terre, et courba l'échine devant Son émissaire.
« Je vous salue, madame. Moi, Hyûma Shingo, votre dévoué serviteur, attend humblement vos ordres !
_ C'est "mademoiselle", espèce de mufle ! Heu... Ouais, ok. Vous ne voulez pas vous relevez, dites ? On est carrément pas discret, là.
_ Je ne voulais pas vous manquer de respect, mademoiselle, s'excusa le jeune homme en se redressant.
_ C'est bon, on est que nous deux, pas besoin d'être aussi carré, hein...
_ Je crains que ce ne soit contraire à l'étiquette.
_ …
_ …
_ 'Spèce de gros psychorigide ! Bon, je ne sais pas quel film vous êtes en train de vous faire dans votre tête, mais je vous assure que vous êtes à côté de la plaque. Moi, je ne suis qu'un simple coursier. Le vôtre, en l’occurrence. Donc pas besoin d'une telle déférence, d'accord ? Sauf devant mes amies, que je frime un peu, quoi...
_ Un... coursier ? S'étonna le jeune homme.
_ Avec une queue de cheval, je fais illusion à la perfection, vous verrez, vous n'y verrez que du feu comparé à un vrai cheval, assura Blanche.
_ Heu...
_ Mais j'rigooooole. Ok, sens de l'humour zéro, je prends note... Non, plus sérieusement, je suis votre coursier dans le sens que je fais le lien entre le reste du groupe et vous. Plus notamment, je vous transmets les ordres. Ce qui nous amène à la raison de ma présence ici ! » S'illumina la jeune femme.
Blanche entrouvrit le pan de son manteau et tira de la poche intérieure une grande enveloppe cramoisie qu'elle tendit avec un grand sourire à son nouvel acolyte. Ce dernier prit respectueusement l'enveloppe à deux mains et la retourna pour observer le sceau de cire noire qui la cachetait. Une épée éventrant un globe terrestre. C'était bien Sa marque.
C'était la seconde fois de sa vie que Hyûma avait à faire avec ce genre d'enveloppe. La première datait d'il y a dix ans, lorsqu'on lui avait donné l'ordre d'apprendre les arts martiaux de maître Musashi. Soit une mission de dix ans avec un effacement partiel de mémoire en sus. Une petite appréhension le saisît donc à la vue de sa jumelle.
« Hé bien, que d'hésitation pour ouvrir une simple lettre, fit remarquer Blanche. Savez-vous que nous n'avons pas toute la marée pour que vous en preniez connaissance ?
_ La dernière fois que j'ai ouvert ce genre d'enveloppe, j'ai passé les dix années suivantes sur ce gigantesque caillou glacé, rappela le jeune homme. Ce fût long.
_ Ce fût long pour tout le monde, je vous ferai remarquer, signala le coursier. N'ayez crainte, je doute franchement qu'on vous demande de repasser par ça. En déambulateur, vous nous seriez quand même vachement moins utile, hein...
Hyûma décacheta l'enveloppe et lu le feuillet qu'elle contenait. Avant de reporter un regard plus glacial que les galets givrés à l'intention de Blanche.
« Mauvaise nouvelle, peut-être ? Minauda la jeune femme.
_ Savez-vous ce qui est écrit ? Demanda doucement Hyûma.
_ Évidemment, je ne suis pas votre coursier pour rien, hein, fit Blanche. En gros, il est dit qu'on vous met en attente pour le moment. D'autres instructions suivront lorsque tout sera prêt. En attendant, pour que vous ne vous rouillez pas et qu'on puisse constater l'étendu de vos aptitudes, on vous suggère de vendre vos compétences au plus offrant.
_ Si c'est une blague, elle est de très mauvais goût, avertit sèchement le jeune homme. Je n'ai pas appris les arts martiaux dans le but de devenir un vulgaire mercenaire se vendant au plus offrant !
_ Pourquoi j'ai dit que je n'avais pas besoin de déférence à mon égard ? Dix ans, c'est à la fois très long et très court, riposta le coursier. Félicitation, vous êtes le premier. Dommage pour vous, les autres ne sont pas prêts, c'est aussi simple que cela. En attendant, il faut bien meubler le temps de façon constructive. Alors autant en profiter pour que vous fassiez vos preuves.
_ Les autres ?
_ Oups... vous n'étiez pas au courant ? Ça vous chagrine peut-être d'apprendre que vous n'étiez pas le seul et unique élément qui comptait ?
_ Absolument pas, nia Hyûma. Il m'avait déjà dit qu'Il cherchait des hommes. Mais je montrerai que je suis le meilleur.
_ Ah ben enfin une réaction de mec. Je commençais à me poser des questions. Trèèès bien, alors il n'y a plus de problèmes. Bon. J'imagine que vous n'avez aucune idée d'à qui allez proposer vos talents, n'est-ce pas ?
_ C'est exact.
_ Heureusement pour vous, puisqu'on se doutait qu'élevé au fin fond du trou du cul du monde, vous tiendrez plus du bouseux de la campagne que d'autre chose, on vous a confié une charmante et estimée professionnelle des relations publics pour jouer les entremetteuses avec les clients.
_ Ne me dites pas que c'est vous ?
_ Inutile de le dire puisque vous l'avez deviné.
_ …
_ Avant cela, j'aurais besoin de connaître vos dispositions éthiques et morales. Mais très rapidement, parce que je commence à avoir vraiment froid, hein... Alors, alors, alors... Déjà que pensez-vous du Gouvernement Mondial ? Impôt, hégémonie, esclavage, tout ça...
_ Rien, répondit laconiquement Hyûma.
_ Vraiment ?
_ J'ai passé dix ans sur une île déserte, quasi-coupé du monde, se justifia le jeune homme. Comment voulez-vous que j'ai une opinion à ce sujet !
_ Pas faux. Du coup, la Révolution, c'est pareil, je suppose. Ok. Et les pirates ? Un problème qu'il est préoccupant, les pirates, non ?
_ Je ne pense rien de particuliers des pirates, répondit le jeune homme. Ils font ce qui leur chante, tant qu'ils en assument les conséquences, où est le problème ?
_ Je ne sais pas... Ils tuent, ils pillent, ils volent, ils violent... 'fin, sauf les hurluberlus aux grands cœurs, évidemment, mais eux, c'sont des imposteurs.
_ Si la question est de savoir si je les laisserais faire sous mes yeux sans réagir, la réponse est non : le bushido n'admet pas de s'en prendre ainsi aux faibles. Mais si la question est de savoir si je peux travailler avec ce genre d'individus, alors la réponse est oui. Sur le plan "professionnel", je suis prêt à faire la part des choses, pour peu qu'ils se comportent convenablement. Et si ce n'est pas le cas, il suffira alors d'appliquer la loi du plus fort : comme je l'ai dit, tant qu'ils assument les conséquences de leurs actes, libre à eux d'agir.
_ Oh, mais c'est très intéressant, ça. ça fait des tas de clients en plus, c'est moi qui te le dis... Bien, bien, bien. Mais à propos de cette histoire de code d'honneur, est-ce que vous seriez prêt à... Mmmh... Tuer une femme sans défense ?
_ Avec une raison valable, je tuerai n'importe qui.
_ N'importe qui ? Même un enfant sans défense ?
_ Oui.
_ Ou un bébé sans défense ?
_ Je viens de tuer mon maître que je considérais comme père. Qu'est-ce qui vous fait croire que j'aurais plus de considération pour un parfait inconnu ?
_ Vous sentez surtout pas obligé de le dire avec une telle absence d'émotion, surtout.... Bon d'accord, je note, je note... Et qu'est-ce qu'une bonne raison, alors ?
_ Un meurtre gratuit et inutile n'est pas une bonne raison.
_ C'est quand même super vague, là.
_ Chaque situation est un cas particulier, difficile de tirer une généralité, rétorqua Hyûma. Mais si la situation l'impose, alors je n'aurais aucune hésitation.
_ Vous êtes un gros psychopathe, décida Blanche.
_ Non, simplement quelqu'un de déterminé. Mon maître disait toujours que la seule qualité qui compte au combat, c'est la détermination. Et il a fait en sorte que je le sois, c'est tout.
_ Ouiiii, c'est bien ce que je dis.
_ Vais-je devoir tuer quelqu'un pour mon premier travail ? S'enquit Hyûma.
_ Mmmh ? Oh noon, voyons, ça ne serait absolument pas One Piecien, sinon... Nan, ça sera quelque chose de simple pour commencer, vous allez voir, s'exclama Blanche. Ne vous inquiétez pas, j'ai tout prévu pour votre test RP. Mais je vous expliquerai ça au chaud, sur le bateau, alors allons-y.
_ Mon test... "RP" ??
_ Pour "Réussite Professionnelle"... »
Tandis que Blanche repartait prestement monter dans le canot, Hyûma se retourna vers l'intérieur de l'île, en direction de la tombe de son maître, et s'agenouilla respectueusement une dernière fois pour saluer celui qui lui avait tout appris.
Maître. Je vous remercie encore pour tout ce que vous avez fait pour moi. J'ignore ce que je vais devenir, mais je vous promet d'appliquer vos enseignements avec fierté.
Adieu, maître Musashi !
« Bon, tu te grouilles, oui !? J'ai froid, je veux rentrer ! Si tu ne bouges pas très vite ton gros popotin, tu rejoindras le bateau à la nage, t'es prévenu ! »
Je vais la tuer.
Dernière édition par Rafaelo le Dim 10 Mai 2015 - 22:24, édité 4 fois (Raison : pour être raccord au nouvel avatar...)