- Relevez-vous Scorone.
- Non.
- Non n'est pas une réponse acceptable.
- C'est la mienne.
- Relevez-vous caporal.
- Pas envie.
- Vous n'avez pas le choix. Relevez-vous ou je n'attends pas.
- D'accord d'accord, je me lève. Pff... je suis fatiguée moi. J'ai mal partout.
- C'est le métier qui rentre.
- Il pourrait frapper avant d'entrer !
- C'est ce qu'il fait.
- Non, c'est vous.
- Scorone.
- Oui ?
- Debout !
- Oui lieutenant !
M'a fait sursauter ce vilain lieutenant. Et puis il parle de me taper quand j'suis à terre, mais à peine je suis debout qu'il vient pour me cogner. Je penche la tête pour éviter son poing avant de bondir en arrière pour prendre un peu d'espace. Il me laisse pas faire. Évidemment. Comme d'habitude. Avec lui, pas le temps de réfléchir. C'est pas plus mal remarque. Mais s'il pouvait éviter de me faire mal quand il me fiche une raclée, j'apprécierais mieux la leçon.
Les quelques marins qui dirigent le bateau passent à côté de nous, ils ont pris l'habitude de nous contourner. Depuis l'autre jour, où nous avons sauvé un équipage de marine, récupéré un navire pirate et quelques marines pour pouvoir le manœuvre et remorquer le voilier du lieutenant Ishumi, j'ai encore moins de temps pour me reposer qu'avant.
Avant, le sergent Taki me faisait aider à la bonne marche du navire, à la manœuvre, aux repas, ces trucs normaux quoi. Depuis qu'on a changé de transport, je bosse plus, je m’entraîne. Quoique, c'est toujours du boulot.
En temps normal, j'aurais apprécié, l’entraînement. J'aurais même trouvé ça sympa.
Mais voilà, mon entraîneur c'est le lieutenant Ishumi. Et malgré ce que je croyais, il n'est pas doué qu'avec ses fusils. Il est aussi plus fort que moi à la bagarre. Il s'est pas privé de me le faire savoir. J'ai mal partout, maintenant. Même à des endroits dont j'avais oublié l'existence.
Il m'épuise, j'arrive à peine à le toucher, il me fatigue, j'arrive pas à lui faire mal, on se bat toute la journée. Je peux même pas me reposer tous les soirs. Il me laisse partir que quand il n'y a plus de lumière, quand j'suis épuisée. Après ça, je vais directement dormir. Comme quand j'étais à l’entraînement de la marine d'élite, me voilà épuisée. Trop épuisée. Et quand je suis épuisée, je fais des rêves bizarres. Où je réfléchis. Et du coup ça me fatigue encore plus !
C'est clairement trop nul.
Le lieutenant me laisse pas l'espace dont j'ai besoin pour courir. Comme d'habitude. Il me laisse pas un instant pour reprendre mon souffle. Comme d'habitude. Il frappe surtout avec les poings. Comme les autres fois.
Je me baisse d'un coup, le pied gauche en avant, direction son tibia. Touché ! Lui se penche en avant et me colle une gifle avant que j'ai pu finir mon mouvement. Je tourne la tête, mais ça n'évite qu'à peine cette impression de chaud qui s'imprime sur ma joue d'un coup.
Il est largement meilleur que moi. Ça fait mal à mon ego, de subir ça. Moi qui avait vaincu tous mes précédents adversaires en duel depuis que je suis entrée dans la marine. Même avant, quand je vivais à Inu Town. Et lui, ce lieutenant, il arrive et me massacre sans que je n'arrive à rien faire.
D'accord, j'ai pas mes gants. Mais même s'ils sont en métal, même si j'suis habituée à les avoir avec moi, ça devrait pas ... la différence de niveau vient pas de l'absence de mes gants. Elle est trop importante. Si j'arrive à lui donner un coup, un second, j'arrive pas à donner le troisième qu'il s'est déjà dérobé. Moi qui croyais que je bougeais vite ... moi qui me bats justement en allant plus vite que les autres, je peux pas faire grand chose.
Et j'aime vraiment pas ça.
Je pivote sur moi-même, mon pied tentant de choper sa jambe pour le faire tomber. Il saute au-dessus comme si c'était une promenade, un caillou à enjamber. Pas question de le laisser jouer encore. Je peux pas faire grand-chose, je peux pas abîmer le navire, je peux pas être plus rapide que lui, mais je peux encore le surprendre. J'ai l'habitude de l'improvisation.
Il s'avance alors que je ramène ma jambe sous moi. Maintenant accroupie, je bondis sur lui. Dans mon saut, je sens un contact. Il a frappé mon bras, mais m'a pas dévié. J'arrive sur lui en même temps que la douleur de son coup m'arrive à moi. Il penche la tête en arrière pendant que je fais pareil. Il a eu la même idée que moi ?
Je commence à lever les mains quand il tente de me casser la tête avec son crâne. Mes mains amortissent le choc et je me sers du contact pour ramener mes jambes en avant. Mes genoux frappent son ventre, j'attrape ses cheveux, ramène mes pieds toujours bottés dans ses reins. Il grimace un peu, pour la première fois depuis plusieurs jours qu'on se bat. Depuis bien deux semaines voire un an.
Je le lâche, voyant pas ce que je peux faire pour enchaîner les coups, mes mains étant prises. Pis j'me laisse tomber accroupie au sol et bloque son pied qui vient me frapper. Le bloque pas assez, je finis sur les fesses, glissant sur le bois jusqu'à la balustrade. Qui cette fois casse pas. Tant mieux. Pas envie de finir encore à l'eau.
- Relevez-vous Scorone.
- Oui oui. Je vous ai eu cette fois.
- Oui caporal, vous m'avez atteint.
Il se tait, ajoute après une pause.
- Vous vous améliorez. Peut-être arriverez-vous à quelque chose d'ici la fin de l'année.
N'empêche qu'après ce jour, il a monté le niveau et semble encore plus rapide que dans nos duels précédents. Il va pouvoir faire ça encore combien de fois ? Il doit bien y avoir moyen pour moi de le battre complètement et à la loyale un jour, quand même.
- Non.
- Non n'est pas une réponse acceptable.
- C'est la mienne.
- Relevez-vous caporal.
- Pas envie.
- Vous n'avez pas le choix. Relevez-vous ou je n'attends pas.
- D'accord d'accord, je me lève. Pff... je suis fatiguée moi. J'ai mal partout.
- C'est le métier qui rentre.
- Il pourrait frapper avant d'entrer !
- C'est ce qu'il fait.
- Non, c'est vous.
- Scorone.
- Oui ?
- Debout !
- Oui lieutenant !
M'a fait sursauter ce vilain lieutenant. Et puis il parle de me taper quand j'suis à terre, mais à peine je suis debout qu'il vient pour me cogner. Je penche la tête pour éviter son poing avant de bondir en arrière pour prendre un peu d'espace. Il me laisse pas faire. Évidemment. Comme d'habitude. Avec lui, pas le temps de réfléchir. C'est pas plus mal remarque. Mais s'il pouvait éviter de me faire mal quand il me fiche une raclée, j'apprécierais mieux la leçon.
Les quelques marins qui dirigent le bateau passent à côté de nous, ils ont pris l'habitude de nous contourner. Depuis l'autre jour, où nous avons sauvé un équipage de marine, récupéré un navire pirate et quelques marines pour pouvoir le manœuvre et remorquer le voilier du lieutenant Ishumi, j'ai encore moins de temps pour me reposer qu'avant.
Avant, le sergent Taki me faisait aider à la bonne marche du navire, à la manœuvre, aux repas, ces trucs normaux quoi. Depuis qu'on a changé de transport, je bosse plus, je m’entraîne. Quoique, c'est toujours du boulot.
En temps normal, j'aurais apprécié, l’entraînement. J'aurais même trouvé ça sympa.
Mais voilà, mon entraîneur c'est le lieutenant Ishumi. Et malgré ce que je croyais, il n'est pas doué qu'avec ses fusils. Il est aussi plus fort que moi à la bagarre. Il s'est pas privé de me le faire savoir. J'ai mal partout, maintenant. Même à des endroits dont j'avais oublié l'existence.
Il m'épuise, j'arrive à peine à le toucher, il me fatigue, j'arrive pas à lui faire mal, on se bat toute la journée. Je peux même pas me reposer tous les soirs. Il me laisse partir que quand il n'y a plus de lumière, quand j'suis épuisée. Après ça, je vais directement dormir. Comme quand j'étais à l’entraînement de la marine d'élite, me voilà épuisée. Trop épuisée. Et quand je suis épuisée, je fais des rêves bizarres. Où je réfléchis. Et du coup ça me fatigue encore plus !
C'est clairement trop nul.
Le lieutenant me laisse pas l'espace dont j'ai besoin pour courir. Comme d'habitude. Il me laisse pas un instant pour reprendre mon souffle. Comme d'habitude. Il frappe surtout avec les poings. Comme les autres fois.
Je me baisse d'un coup, le pied gauche en avant, direction son tibia. Touché ! Lui se penche en avant et me colle une gifle avant que j'ai pu finir mon mouvement. Je tourne la tête, mais ça n'évite qu'à peine cette impression de chaud qui s'imprime sur ma joue d'un coup.
Il est largement meilleur que moi. Ça fait mal à mon ego, de subir ça. Moi qui avait vaincu tous mes précédents adversaires en duel depuis que je suis entrée dans la marine. Même avant, quand je vivais à Inu Town. Et lui, ce lieutenant, il arrive et me massacre sans que je n'arrive à rien faire.
D'accord, j'ai pas mes gants. Mais même s'ils sont en métal, même si j'suis habituée à les avoir avec moi, ça devrait pas ... la différence de niveau vient pas de l'absence de mes gants. Elle est trop importante. Si j'arrive à lui donner un coup, un second, j'arrive pas à donner le troisième qu'il s'est déjà dérobé. Moi qui croyais que je bougeais vite ... moi qui me bats justement en allant plus vite que les autres, je peux pas faire grand chose.
Et j'aime vraiment pas ça.
Je pivote sur moi-même, mon pied tentant de choper sa jambe pour le faire tomber. Il saute au-dessus comme si c'était une promenade, un caillou à enjamber. Pas question de le laisser jouer encore. Je peux pas faire grand-chose, je peux pas abîmer le navire, je peux pas être plus rapide que lui, mais je peux encore le surprendre. J'ai l'habitude de l'improvisation.
Il s'avance alors que je ramène ma jambe sous moi. Maintenant accroupie, je bondis sur lui. Dans mon saut, je sens un contact. Il a frappé mon bras, mais m'a pas dévié. J'arrive sur lui en même temps que la douleur de son coup m'arrive à moi. Il penche la tête en arrière pendant que je fais pareil. Il a eu la même idée que moi ?
Je commence à lever les mains quand il tente de me casser la tête avec son crâne. Mes mains amortissent le choc et je me sers du contact pour ramener mes jambes en avant. Mes genoux frappent son ventre, j'attrape ses cheveux, ramène mes pieds toujours bottés dans ses reins. Il grimace un peu, pour la première fois depuis plusieurs jours qu'on se bat. Depuis bien deux semaines voire un an.
Je le lâche, voyant pas ce que je peux faire pour enchaîner les coups, mes mains étant prises. Pis j'me laisse tomber accroupie au sol et bloque son pied qui vient me frapper. Le bloque pas assez, je finis sur les fesses, glissant sur le bois jusqu'à la balustrade. Qui cette fois casse pas. Tant mieux. Pas envie de finir encore à l'eau.
- Relevez-vous Scorone.
- Oui oui. Je vous ai eu cette fois.
- Oui caporal, vous m'avez atteint.
Il se tait, ajoute après une pause.
- Vous vous améliorez. Peut-être arriverez-vous à quelque chose d'ici la fin de l'année.
N'empêche qu'après ce jour, il a monté le niveau et semble encore plus rapide que dans nos duels précédents. Il va pouvoir faire ça encore combien de fois ? Il doit bien y avoir moyen pour moi de le battre complètement et à la loyale un jour, quand même.