Entrainement
- « Le moins qu’on puisse dire, c’est que t’as pas froid aux yeux. C’est bien, ça promet, nfufufu ! Maintenant va te doucher et te changer. Tu pues le sang et la sueur. Ah ! Et ramène toi à mon bureau à vingt heures pile. J’ai vu ce que tu vaux physiquement. J’veux voir ce qu’il y a dans ta caboche. J’te laisse le meitou, fais joujou avec, mais surtout, rapporte le propre. De même, tu t’occupes de débarrasser la cour des cadavres de ces animaux. Tu peux disposer. »
Pandore plissa les yeux sans dire mot, le silence était une chose préférable lorsqu'on écouter un ordre d'un supérieur. Son rire était particulier, comme évocateur du personnage, il laissait une odeur malsaine qui venait submerger les oreilles de la jeune fille récupérant encore son souffle. Les ordres étaient une succession de suite logique, après l'avoir prise au piège ici, il fallait maintenant qu'elle nettoie les affres de salissure qu'elle avait causé en voulant se protéger. La journée avait pris une tournure assez amère pour la jeune femme aux long cheveux noir cependant, cela venait briser sa routine habituelle, peut être était-ce là le tremplin espéré ? Dans tous les cas, elle ne prit la peine de se ôter de sa posture protocolaire dès que l'officier disparut de sa vue. L'odeur de mort emplissait la cour, si bien qu'une personne n'étant pas habituée à celle-ci tomberait probablement dans les pommes dans la seconde suivante.
Une bonne demie heure passa avant que le sol autrefois empestant la mort ne soit débarrassé du fléau de ces cadavres. Seule Pandore était encore sale du précédent combat, le sabre quant à lui était de si bonne qualité que le sang n'avait pas germé sur sa lame. Comme imprégné d'une pureté indéniable, Pandore se devait d'avouer qu'une épée de si bonne qualité était quelque chose qu'on ne voyait que très rarement dans sa vie. Dans tous les cas, on lui avait confié l'espace de quelques heures tout au plus, hors de question de se pavaner avec quelque chose qui ne lui appartenait pas réellement. La rangeant dans son fourreau, elle repartit dans ses quartiers pour pouvoir décrasser son corps et se parer d'un uniforme bien plus propre pour de telles circonstances.
Marchant jusqu'au bureau de celui qui dirigeait les lieux, Pandore était pensive, comment allait-elle devoir réagir face à ce genre de personnage ? Alors qu'elle méditait intérieurement sans faire attention à toutes gênes extérieures, les matelots de sa section la regardait avec une certaine pointe de jalousie. En réalité, elle les aurait terrorisé avec un seul regard, mais vu qu'elle était perdue dans une succession de pensées complexes, les autres pouvaient se permettre de la mépriser. Seulement un an et voilà qu'elle attirait les faveurs d'un haut placé, plusieurs pensaient que cela venait de sa famille particulièrement riche et qu'elle avait graissé la patte de la marine. En réalité c'était plutôt elle qui permettait de tenir sa famille à l'air libre sans être submergée par les dettes mais bon... l'être humain était fait pour mépriser ce qu'il ne pouvait avoir.
- « Prends tes aises gamine. C’est quoi ton nom déjà ? Enfin bref, gâteaux, chocolats ? Ou bien tu maintiens ta ligne comme toutes les autres mijaurées de ton âge ? »
Elle hocha négativement de la tête et se contenta de prendre place suite au siège qu'on lui avait désigné. Pervers, il était en plus en apparence très immature, plus le temps passait, plus Pandore se demandait comment un individu de la sorte pouvait arriver à ce genre de poste. Il devait être sacrément doué dans l'art du combat ou alors tout simplement dans une position sociale lui permettant tout type d'excès. Dans tous les cas, Pandore était songeuse, elle ne pouvait refuser un entrainement avec son supérieur mais elle en était pas totalement emballée.
Il lui posa une question sur ses raisons pour s'être engagée de la sorte mais ne lui laissa pas le temps de finir qu'il avait déjà enchainer sur autre chose. Il fallait imaginer qu'il était en plus de tous ça, une personne particulièrement bavarde.
- « Ah, vu que t’es là, fais-moi un thé. Sucre-le comme il faut. Regarde sur la petite table-là bas, y’a de quoi faire. Oui oui, t’es pas ma secrétaire, mais tu vas te dévouer à la tâche, jeune fille. »
Alors c'était donc ça ? C'était un abus courant chez les hauts gradés engraissés par leurs propres fonctions. On différenciait souvent un héro d'un imposteur de cette façon, il voulait probablement l'énerver, tester ses capacités à ne pas s'énerver cependant, il n'en paraissait que davantage moins crédibles aux yeux de la jeune fille. Jouait il un personnage ou était-il réellement comme ça ? Dans tous les cas, Pandore se contenta de mémoriser chaque moment de la scène et de s’exécuter à la tache encore une fois avec un mutisme absolu. Elle n'avait encore aucune raison de protester, caresser dans le sens du poil une personne supérieur à elle était encore la meilleure façon de devenir un jour celle qui serait assise à sa place.
Il lui posa des questions sur sa volonté d'orientation dans le futur tout en la reluquant d'une manière assez peu discrète. Toujours dans la provocation, le feu qui aurait du alimenter le cœur de n'importe quelle femme ne prenait pas dans celui de Pandore. L'indifférence était encore la meilleur des défenses face à ce genre de comportement. Dans une rencontre entre deux personnes, la plus mature devait souvent l'être encore plus pallier à celle qui se comportait comme un gamin.
- « La marine, c’est quoi pour toi ? Un simple lieu d’apprentissage et de travail ? Un tremplin pour atteindre tes objectifs personnels ? Ou bien une famille avec laquelle tu partages les mêmes convictions ? Surtout, sois honnête avec moi. Pas besoin de te cacher derrière le masque du protocole. Ah, et du citron dans le thé hein ! »
Suite à cela, elle posa le thé sur son bureau et s'empara du sien qu'elle s'était permise de faire. Après tout, tout travail méritait bénéfice, et le thé était un des rares plaisirs que s'accordait Pandore. Ce genre de breuvage était tellement délicat et onctueux, à la fois simple et raffinée, il n'en fallait pas plus pour charmer un cœur aussi glacé que le sien. Buvant une petite gorgée alors que le liquide était encore particulièrement brulant, elle n'exprima aucune douleur et pris une légère inspiration pour parler :
- Bien, je vais donc vous répondre. Je me suis engagée dans la marine car j'avais et j'ai la volonté de rendre le monde moins obscure qu'il ne l'est aujourd'hui. Chaque être humain n'est qu'un rouage d'un mécanisme dépassant sa pensée, malheureusement, les pirates sont la preuves que très peu de gens en ont conscience. Si personne ne maintient l'ordre, ce mécanisme déjà rouillé volera en éclat et ce sera la fin de toutes formes de vie. Pour faire simple, la marine représente la manière la plus simple de faire respecter la justice quitte à ce que mon corps et mon âme soit sacrifié dans cette cause.
Cela pouvait sembler ringard pour un humain abruti normal. Elle parlait avec trop de métaphore, trop de pensée philosophique et pourtant, elle avait pesé chacun de ses mots avant de les avoirs prononcé. Pourquoi était-elle si différente par rapport aux autres ? Surement dut à son éducation et à sa curiosité très précoce. Très vite, elle avait eut accès à des livres diffusant ce genre de pensée. Pourtant, elle n'était pas crédule, son esprit critique était lui aussi prononcé et allait avait sut faire la part des choses et trouver une pensée propre à elle même. L'obéissance absolue à la marine n'était pas l'ultime solution, même cette organisation comportait de lourd défaut cependant, c'était de l'intérieur qu'elle devait changer le monde. Tôt ou tard, elle allait y arriver, c'était une chose dont elle ne doutait même pas un seul instant.
- Pour ce qui est de ma voie future, j'ai une grande préférence pour la marine d'élite. On change le monde aussi bien par des réformes qu'en allant au front.
Elle avait l'intelligence pour accéder à un rôle hiérarchique plutôt dans la haute administration. Cependant, il fallait mêler la force et l'intelligence pour que l'épée de la justice que l'on brandit ne soit pas émoussé avant de s'être abattue une seule fois. C'était la force qui lui manquait encore, et c'était la raison de son choix malgré les grands dangers qui l'attendaient au tournant.
- Si je puis me permettre monsieur. J'aimerais savoir ce que vous attendez de moi ?
S'il ne voulait que lui faire combattre des bêtes affamées et taper la discutions avec elle, c'était son choix. Cependant, sa journée était encore chargée, et jamais elle n'avait faillit à ton travail bien que ce genre de circonstance lui aurait donné une excuse pour se reposer.