Un jour dans la vie de...

-Ehm. Haylor, vous avez une minute?
-Oui?
-Cool. Suivez moi, on va au port!
-Ça ne fait pas une minute, ça.
-Façon de parler, hein. Je vais avoir besoin de vous pour la journée, là.
-J'ai des dossiers à finir.
-Des dossiers à quatre vingt millions?

La jeune femme s'interrompit un instant pour regarder par dessus la lourde pile de classeurs qui lui faisait face, en direction de son partenaire de longue date. Sigurd se tenait dans l'encadrement de la porte, avec un air inhabituellement sérieux occupant son visage. Il suffit à la miss de jeter un coup d'oeil à la lourde besace qu'il portait avec lui, faîte de cuir brun traité de manière à devenir imperméable, pour comprendre ce qu'il en était.

Car quatre vingt millions de berries, c'était parfaitement dans la fourchette de prix de...

-Je vois.
-Pas mal, hein?, sourit joyeusement l'autre.
-Laissez moi juste le temps de... déléguer quelques tâches et... je suis toute à vous.
-Et j'en attendais pas moins! On part dans trois minutes.

__________


-Alors? De quel bateau s'agit-il?
-C'est ici, déclara Dogaku avec gaillardise tout en s'approchant.
-Ça?

Face à eux, sur un quai bien placé du port de Norland, se trouvait une petite bisquine très bien entretenue. À son bord, on pouvait discerner près d'une trentaine d'individus au physique et à l'équipement particulièrement hétéroclites, avec néanmoins un point commun pour les identifier tous. Chacun d'eux possédait, sous la forme d'un badge, d'un écusson ou peu importe, l'emblème de la BNA, qui était aussi présent et nettement discernable sur la coque et le drapeau du navire.

-C'est ça, vos quatre vingt millions de berries?
-Meuh non. J'vous aurais pas demandé votre journée pour venir faire les courses au port, voyons.
-Uhm. Donc...

Déjà, plusieurs personnes les avaient aperçus depuis le pont du navire. Ils achevèrent tout juste de stabiliser la passerelle qui devait leur permettre de monter à bord, pour s'embarquer vers dieu seul savait.

Encore qu'à mieux y réfléchir, il était fort probable que Sigurd le sache aussi.

-Et où allons-nous comme ça?
-Chasser du pirate!
-Ça, j'avais compris. Mais encore?
-C'est un petit peu soudain, hein? En fait j'ai reçu un appel de Suzukawa, qui a essayé de me dire quelque chose sans trop y arriver avant de céder la place à un de ses collègues. Ils sont aux trousses d'un équipage pirate qu'ils affrontent depuis quinze ans, ou quelque chose comme ça, et se sont dit qu'ils auraient bien besoin de nous deux pour leur filer un coup de main.
-Est-ce que ça va être long?
-Ben c'est un peu là que j'interviens. Les pirates sont en pleine mer, les chasseurs veulent les intercepter. On sait d'où ils sont partis, on sait où ils vont, on connaît globalement les caractéristiques de leur navire, maintenant s'agit de deviner où c'est qu'on pourrait les coincer le plus facilement. C'est du boulot pour moi, quoi.
-Et j'aurai juste à m'occuper des pirates quand nous les rencontreront.
-Yep. Et me tenir compagnie, parce que j'ai pas envie de m'ennuyer tout seul, non plus.
-Oh, j'y comptais bien.
-Mwarharh, merci.
-Très bien. Et pour les détails de l'accord?
-Ben c'est un peu particulier, ouais. Cette fois, c'est pas nous qui louons leurs services de mercenaires pour récupérer des navires, c'est eux qui font appel au Capitaine Dogaku et à son monstre de compagnie pour aller chasser du pirate.
-Monstre de compagnie?
-J'pourrais bien dire la Sorcière de Nowel en faisant bien attention à prononcer les majuscules, mais ça en jette pas des masses, comme titre. La Sorcière de Luvneel? Naaan, on est pas rattaché à l'endroit à ce point là.
-Bref. La situation est particulière. Alors?
-Ben vu que les pirates qu'on va aller chasser ont vraiment un très chouette navire, je lui ai proposé qu'on fasse comme d'hab. Ils sont trente-deux, sans compter Suzukawa. Leurs honoraires ça fait donc trois virgule deux millions de berries, auxquels on rajoute le demi millions se Suzukawa.
-Une belle somme.
-Pour récupérer au final un navire qui tape dans les quatre vingt, hein.
-Une trop belle affaire. À ceci près que les chasseurs pourront récupérer toutes les possessions des pirates, ainsi que les primes de tout ce que je les aiderais à capturer. Combien exactement?
-Une cinquantaine de pirates, plus environ trente Bark Knight.
-Tiens, ça faisait longtemps.
-Leur capitaine est à six millions de berries, mais ils ont une ribambelle de gaillards qui pèsent pour un ou deux millions chacun. Au final, ç'a l'air de dépasser gentiment les quarante millions pour un coup de filet rien que sur les primes.
-Sans compter les prises... mmmh... je vois.

Un cas de figure idéal, songea la demoiselle. Ce qui était exactement l'avis de son partenaire. Le marché conclu entre les civils et les chasseurs de prime était foncièrement honnête, et c'était là quelque chose auquel ils étaient très attentifs. Si l'une des deux parties se faisait avoir à rendre service sans y avoir intérêt, l'affaire tournerait court au bout de quelques essais seulement. Haylor détestait perdre son temps, de la même manière que Sigurd ne supportait pas qu'on le prenne pour un imbécile. Ils n'allaient sûrement pas aider les chasseurs de la BNA sans intérêt à la clé.

Et ils savaient tous deux qu'il en allait de même pour les chasseurs de primes. L'idée n'était pas de se servir d'eux comme d'une bande de gorilles sous payés qui leurs permettraient d'acquérir des navires gratuitement ; chacun devait être gagnant, et y trouver confortablement son compte. Jusque là, c'était en bonne partie cette attitude un brun idéaliste qui avait permise au duo de faire fructifier leurs affaires, et d'étendre leur réseau de contacts. Ce qui n'était rien d'autre qu'une application mesurée des préceptes de l'Esprit de Nowel au petit monde des affaires. En concédant quelques parts de gâteau, ils gagnaient autre chose.

-Alors, vous embarquez, oui ou non!?

______________________
-Mr Dogaku... JE CROIS QUE... attendez, non... QU'EST CE QUE VOUS AVEZ DIT?

Il l'avait salué, tout simplement. Mais maintenant, Sigurd allait comprendre pourquoi Suzukawa avait eu tant de mal à s'exprimer lors de leur conversation par escargophone interposé. Pour rappel, le représentant de la BNA avait très rapidement cédé sa place à l'un de ses collègues à l'occasion de leur échange.

Et pour en connaître la cause, il suffisait au chevalier de Nowel de lire la petite pancarte que tenait le chasseur de prime dans sa main gauche.

Je suis sours. Temporairement. Une histoire de pirate hypnotiseur vaudous assé compliquer a expliquait par écris.

-Oh. Ouch. Ça doit pas être sympa, ça. Pas pratique non plus. Un pirate vaudou? J'croyais que c'était des conneries ces trucs, pas...
-Ça existe, lui affirma Haylor.
-Oh. Rassurez moi, vous ne comptez pas vous lancer dans l'hypnose, quand même?
-Eh bien... je commence?
-Meeeee...

Bonjour, Miss Haylor, Mr Grogaku.

-Tiens, il a fait une faute à mon nom.
-C'est vrai que vous commencez à prendre du ventre.
-Quoi?!, s'offusqua l'autre.

Evangeline s'autorisa une grande mine satisfaite, avant qu'ils ne soient tous deux rappelés à l'ordre par une exclamation du chasseur de prime. Etre sourd l'empêchait de jauger sa voix correctement, pas d'en faire usage. De sa main libre, il pointa vigoureusement sa pancarte du doigt pour inciter ses interlocuteurs à rester concentrés. Ce qu'ils avaient de plus en plus de mal à faire au fil des mois passés ensemble, étrangement.

J'auré besoin que vous prenez le comandemant du navire et de notre troupe. Dans mon etat, je ne peu pas doner d'ordre de façons réactives, et il m'ait incapable de réagire a des informations orale.

Cette fois, Sigurd manqua bien d'exploser de rire. Et les grimaces mi-courroucées, mi-amusées que lui adressait son amie ne faisaient qu'empirer sa situation.

-Ne le vexez pas...
-Mais il peut pas m'entendre.
-Il nous voit.
-Vous auriez votre stylo rouge? J'ai bien envie de barioler ses pancartes avec des croix pour lui faire le jeu des septs err... AAAAARRRGGHH, PAS LES TENTACULES, C'EST PAS D'JEU, C'EST BON J'LE FERAI PAS!

Quelques chaînes d'acier s'approchèrent dangereusement près du visage de Sigurd, sans pour autant chercher à l'enlacer. Un coup de semonce qui effaça immédiatement le sourire idiot de Dogaku. Alors, les rets de métal de la jeune femme se rembobinèrent paresseusement jusque sous sa robe.

-Eeerh... donc ouais on est d'accord, reprit Sigurd à l'adresse du mercenaire. Je veux dire... ouais, acquiesça t-il en opinant généreusement du chef. Je me charge du navire, je me charge de gérer tout le monde pendant la bagarre. Pad'soucis.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Dim 26 Avr 2015 - 17:44, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9650-sig-peluche
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9504-sig


-Enfin! Après tant d'épreuves, de labeur, de combats incessants et d'insécurité permanente, nous voilà enfin prêts à profiter de cette quiétude bien mérité! Chers amis, mes frères marins mes compagnons d'infortune, je tiens à vous remercier pour tous ces instants où, même confrontés aux pires atrocités, vous avez choisi de me faire toujours confiance! Et vous en voilà maintenant dignement récompensés! Nous voilà riches et nos cales sont pleines de nourriture! Nos coffres sont pleins, notre moral est haut, les vents nous sourient, et...

Savarlast, le capitaine de l'équipage pirate des Carpe Diem, avait toujours eu un faible pour les discours à coeur ouvert faisant grand usage des expressions grandiloquentes. Et pour cause: ce capitaine pirate avait marqué la culture des siens jusqu'à les convertir à sa plus grande passion, le théâtre.

Et c'est bel et bien pour cette raison qu'un de ses compagnons se permit de l'interrompre pour lui donner la réplique... avec classe.

-Capitaine, capitaine!
-Qu'y a t-il donc, Braemus, fidèle marin? J'essaie de porter un toast à notre gloire!
-CAPITAINE, CAPITAINE! IL Y A DES CHASSEURS DE PRIMES SUR UN NAVIRE À BÂBORD!
-KWAAAAAAAAAAA!?!
-SUZUKAWA EST PARMI EUX!
-ENCORE?! DÉJÀ?



RHOOOOO DE M@&%=$#!



RHAAAAAA!



OH MON QUE MADRE DE DIOS!



OH FAIT CHIER!



AAAAAAARRRRRRRGH!



NON!



SUZUKAWA?



DÉJÀ?



MÉCRÉANT!



TUEDIEU!



Le pirate était hors de lui, et pour cause: à ce stade, il ne s'agissait plus d'un coup du sort, mais simplement de l'acharnement.

-CES CHASSEURS SONT DES CHIENS QUI N'ARRÊTENT JAMAIS RIEN! VITE, PORTEZ MOI ASSISTANCE! IL NOUS FAUT TOUT PLANQUER!
-Tout planquer?
-Absolument, que oui! Ces chiens sont des parasites. Ils nous attaquent, et tu sais ce qu'ils veulent? SUZUKAWA N'ARRÊTE PAS DE ME VOLER TOUT MON CASH! Parce que farmer les primes d'un pirate c'est noble, mais si en plus on peut récupérer le fruit de leur rapines, c'est encore mieux, hein? Les derniers rapaces qui nous ont attaqué, sais-tu ce qu'il ont fait? Ils se moquaient bien de nos primes. Tout ce qu'ils voulaient, c'était de nous occuper avec un autre de leurs sempiternels combats pendant que trois d'entre eux s'introduisaient dans nos cuisines pour VOLER TOUS NOS FROMAGES DE LAIT DE BREBIS DE TANUKI! ET ILS ÉTAIENT DIVINS! ET CA NE SE REPRODUIRA PAS! TOI! AIDE MOI À CACHER CE FROMAGE!, hurla le capitaine en glissant un énorme bloc de nourriture sous son oreiller.
-Capitaine, les chasseurs sont en approche, et...
-Braemus, prends la chaloupe, quelques hommes et vas au devant d'eux, fais tout pour les ralentir! Nous comptons sur toi!

Le concerné s'exécuta docilement, tandis que tout le reste de l'équipage s'affairait de son mieux à manoeuvrer le navire ou à en sécuriser les possessions. Savarlast avait toujours su mettre l'ambiance, et les situations de crise ne faisaient pas exception.

-ET CACHEZ AUSSI TOUTES NOS VIANDES, ET TOUS NOS PLATS CUISINÉS! ON A BESOIN DE LÉGUMES, MAIS VOUS POUVEZ LEURS LAISSER LES CÉRÉALES! ILS POURRONT LES PRENDRE POUR PEU QU'ILS NOUS PASSENT SUR LE CORPS, CES MISÉRABLES!
-Euh... à ce point?
-RESTE AUSSI LE CAS DE NOS TRÉSORS! BALANCEZ TOUS LES COFFRES À LA MER! JE ME CHARGE DE MÉMORISER NOTRE POSITION, ON POURRA LES REPÊCHER UN AUT' JOUR!
-Mais on a plus de cent millions de berries, chef...
-ET JE M'EN CONTREFICHE, CA FERA COMME UNE CARTE AU TRÉSOR! MAIS FAÎTES VITE, IL EST HORS DE QUESTION QUE CES MECREANTS S'EN EMPARENT!

Savarlast commençait très visiblement à perdre pied. Pour s'en assurer, il suffisait de prêter attention à ses termes employés. Lorsqu'il s'énervait et paniquait, le vocable soutenu qu'il affectionnait tant cédait la place au spontané enregistré dans sa jeunesse.

-Capitaine? Braemus s'est fait battre par les chasseurs.
-QUOI, DÉJÀ !?


PUTAIN DE TROU DU CUL D'INUTILE DE CHIERIE DE BRAEMUS!


J'AI PASSÉ L'ÉQUIVALENT DE TROIS QUÊTES POUR LE RÉCUPÉRER ET C'EST COMME CA QU'IL ME REMERCIE?

JE LUI OFFRE PLUS D'UN MILLION DE BERRIES TOUS LES MOIS POUR M'ASSURER SES SERVICES! SAVEZ-CE QUE CA ME COUTE, ET TOUT CA POUR CA!?


EH BAH MERDE! PUISQUE CEST COMME CA JE LUI RETIRE SON STATUT DE BRAS DROIT ACCOMPAGNATEUR ET JE LE RÉTROGRADE AU NIVEAU DE BRUTE!


Attendez... en fait nan.


T'ES MAINTENANT UN CLAMPIN DE BASE, BRAEMUS! TE VOILÀ ENCORE PLUS INTERCHANGEABLE QU'UN COMPAGNON DE L'ÉTOILE DU SUD, SI CA TE PARLE! CA SERVIRA PLUS À RIEN DE VENIR ME VOIR, J'AI DÉJÀ OUBLIÉ TON NOM!


'Idiot d'bruti...


-Euh... Capitaine? Vayla s'est aussi fait battre.
-QUOI?!? MAIS ILS NOUS FONT UN SPEEDRUN OU QUOI? VAYLA EST L'UNE DE NOS MEILLEURS COMBATTANTES ET ELLE PASSE SON TEMPS À TOUT ESQUIVER!


RHAAAAAAAAAA!


J'espère qu'ils l'ont pas amochée, elle a une gueule d'ange et une poitrine d'enfer.


Bon, vite. À ce train là, ils seront très rapidement sur nous, et une fois là... faut que je me resaisisse. Que je révise mon répertoire, oui. Darwin! Sors le pantin d'entraînement!
-Oui, capitaine.
-Super. Donc, voyons voir... l'embrasement mortel du dragon... WAMASHIGAMATAKE!... Ok, ça je gère.


Suivant. La morsure furieuse du héron... GRAGNIAGNIAMWARFCRONCHCRONCH!!!!!... fa marfe toufours auffi bien.


Ensuite, dans les techniques défensives, le déplacement éclair qu'est pas du soru mais presque... FWOOOOOSH!... deal,  c'est du bon.


Bon, très bien. Maintenant je vais monter sur le pont, prendre le commandement du navire, attendre ce fichu Suzukawa, et... essayer de savourer mon toast. Oui, oui.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9650-sig-peluche
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9504-sig
Et enfin, au milieu d'une bataille qui se faisait de plus en plus unilatérale...

-Enfin je te trouve, Savarlast! Je te ferai payer tes crimes!
-Mes crimes? En voilà une qui est bien bonne.

Il avait beau être sourd et avoir des difficultés d'élocution, Suzukawa restait un combattant expérimenté et parfaitement à même de se frayer un chemin dans la cohue d'un abordage, taillant la masse à grands coups de sabre afin d'atteindre sa cible.

Tout autour de lui, on retrouvait les pirates aux prises avec les chasseurs de primes, qui s'affairaient de leur mieux pour ne pas perdre de terrain. Grâce à Dogaku, les verts avaient intercepté sans aucun mal le bâtiment de Savarlast. Après quelques tentatives d'approche déjouées, les marins avaient réussi à immobiliser le navire pirate, et à y amarrer le leur. Une fois les grappins bien ancrés en nombre suffisant, il leur avait suffit de quelques planches et...

-Il n'y a rien qui justifie tout ça!, continua le pirate. Rien d'autre que ta cupidité de maudit, Chasseur!

Le capitaine vociférait en vain. Car pour Suzukawa, il s'agissait maintenant de jouer son rôle, et à la lettre. Voilà pourquoi il commença à déclamer:

-Par édit du gouvernement mondial, les instances internationales ont lancé un appel à l'aide aux forces hors juridiction afin de mettre un terme à tes méfaits! Ta tête et ta personne ont été mises à prix à hauteur de sept millions de berries, qui seront délivrés à quiconque se chargera de toi!  Et n'espère nulle pitié de notre part, car seule ta forfanterie est à blâmer ici!  

Il avait beau être sourd, Suzukawa se devait de parler, de flamboyer autant que possible. Et si possible se sourire, car il était filmé, après tout. Ça n'était pas pour rien que cet homme était le responsable du recrutement et de la communication de la BNA : il faisait de son mieux pour promouvoir son association, au quotidien comme lors de grandes opérations. En l'occurrence, cela se traduisait par la présence de quatre paparazzis de l'extrême, des hommes armés d'appareils photos, d'escargot-caméra et de tout le matériel susceptible de recueillir de quoi monter plus tard un clip publicitaire vantant les mérites du Chevalier Blanc de la BNA. Suzukawa supervisait le reportage, et s'impliquait dedans au point de sélectionner les acteurs à retenir, quand il ne donnait lui même de sa personne pour occuper le rôle. Au sein de la BNA, on lui attribuait incontestablement la paternité du projet... ce qui n'était pas le cas au sein des équipes de gestionnaires de l'association, où l'on savait que les idées et les contacts étaient originaires d'HSBC. Une discrétion qui en appellerait bien d'autres au cours des mois à venir, lorsque la société de Dogaku se doterait d'un pôle consacré à ce genre de services.

Pour l'heure, dans tous les cas, Suzukawa se devait de jouer devant les caméras.

-Si ta morale est au delà de tout secours, les membres de la BNA restent néanmoins des hommes honnêtes et charitables. Baisse tes armes, rends toi, et nous laisserons la justice des hommes de loi traiter ton cas!
-La justice des hommes de loi? Pchah! Ces gars sont à peine capables de faire la différence entre un pirate et un mafieux. Tout ce qui les intéresse, c'est de scorer le plus haut possible en se chargeant des plus hautes primes, et le système les entretient là dessus!
-Ceci est mon dernier avertissement, pirate! Sache que les chasseurs de primes n'ont rien à envier aux officiers de la marine, car nous troquons le confort de l'uniforme pour celui de la liberté!
-Il est inutile de me sortir ton baratin pour vingtième fois, Chasseur. Ce que tu fais ne sert à rien : je peux me rendre, être conduit dans une prison-gruyère, et m'en sortir en moins d'un jour. Et puis... rhooooooo... Suzukawa? Suzukawa? Écoute moi, s'il te plait. Ces cinq derniers mois, on n'a rien fait de plus criminel que de gruger les droits de port en faisant croire que l'on était une délégation diplomatique du nouveau monde. Pour le reste, on s'est contentés de faire des chasses au trésor bien gentillettes et de commercer comme d'honnêtes marchands, nos marchandises ne sont même pas volées et...
-Tes mensonges ne m'atteindront pas, pirate! Et puisque tu t'entêtes à persévérer dans ta lancée meurtrière, je vais devoir parler le seul langage que tu connais: celui du combat, de la violence! Il fallait t'attendre à ce que plusieurs hommes de justice appartenant à la BNA décident de se lancer à ta poursuite!
-Je sais... je sais... mais écoute moi au moins. Ça va être la vingtième fois peut être que tu me pourchasses, et on a vraiment choisi de changer de bord depuis déjà cinq fois. On ne fait rien de mal, on ne fera rien de mal. Et il y a une multitude d'autres équipages pirates qui eux sont prêts à commettre les pires horreurs juste pour se faire un nom. Alors n'as tu pas mieux à faire que de me courir après, sérieusement?
-Tes mots sont aussi creux que ta morale, pirate! Tu ne me piègeras pas! Les coeurs vaillants sont insensibles à ton venin!
-SUZUKAWA, EST-CE QUE TU M'ÉCOUTES AU MOINS!?!?
-Insulte moi tant que tu veux, mais retiens bien mes mots: ce qui va t'arriver ne sera que la conséquence de tes crimes!
-Chasseur de primes... connard de première... ils auront dû se tromper dans les abréviations. Tout ce qu'ils savent dire c'est crime par ci, justice par là, avec des pépites d'or dans les yeux et un sourire narquois par là parce que très honnêtement, la seule chose qui les intéresse vraiment, c'est de farmer les primes et... ok, ok, t'as gagné. Puisque c'est un combat que tu veux... encore que c'est un brin trop tard pour éviter tout ça... et bien on va se battre. J'imagine. Imbécile.

Il maugréait, sans aucun doute. Savarlast avait l'impression de parler à un mur imperméable à la raison. Et pire encore, ce chevalier blanc si propre sur lui, qui vendait naïvement les mérites d'une organisation de parasites qui gagnaient leur pain quotidien sur la chasse à l'humain et les malheurs du monde, tout en se regroupant sous l'étendard d'un opportuniste carnassier prêt à toutes les magouilles pour consolider sa situation...

... osait lui faire la morale.

Mais pire encore, car ce qui l'excédait réellement, c'était...

-ET QU'EST CE QU'UN CRIME, D'ABORD!?!? VOUS ÊTES DES CHAROGNARDS AVIDES DE CASH, AU POINT D'EN ÊTRE DEVENUS LES CHIENS DE CHASSE D'UN GOUVERNEMENT PSEUDO MONDIAL POURRI JUSQU'À LA MOELLE!! J'AI DANS MON ÉQUIPAGE PRÈS DE QUARANTE PERSONNES QUI MÉRITERAIENT LE TITRE DE RÉFUGIÉS POLITIQUES, ET TOUT ÇA À CAUSE DE VOTRE FAUSSE JUSTICE DE M@&%=#$¥! QUE VOUS NOUS SERVEZ TANT!!! ALORS FRANCHEMENT, DE TROP C'EST TROP ; RAMENE TON ARME ET VIENS MOURIR, CHASSEUR!

Et ce faisant, le capitaine pirate déploya deux énormes katars, des lames de poing en forme de demi lune qui partaient de ses doigts jusqu'à un mètre plus loin. Bien plus que des scies circulaires, c'étaient des guillotines miniatures qui servaient d'armes de prédilection à Savarlast. Des outils de mort qui s'accordaient très bien avec les tendances théâtrales du personnage, et qu'il avait évidemment choisi pour cette raison.

Face à cela, le sabre du chasseur de primes semblait bien pitoyable.

-REGARDE CE QUE JE FAIS DE TA JUSTICE, CHEVALIER BLANC! FWOOOOOOOOSH!

Partant d'une simple charge, le pirate déferla sur son ennemi à une vitesse ahurissante en prenant soin de s'arrêter un peu avant. La cinétique se chargea de porter ses lourdes lames, Savarlast accompagnant le mouvement, pour porter une attaque aussi brutale que possible.

Le chasseur tenta de dévier l'attaque d'un coup de sabre, avec un succès très relatif : il parvint bien à repousser l'attaque, mais son arme fut décapitée sur l'instant.

Alors il recula.

Et dans le même temps, le pirate profita de l'élan de sa lourde attaque circulaire pour pivoter sur place, armant deux nouvelles attaques aussi furieuses que la précédente.

Des coups dénués de toute retenue qui auraient fait ployer un arbre, mais qui s'avéraient terriblement prévisibles. Suzukawa en profita pour s'écraser contre le sol et rouler à terre pour s'éloigner de Savarlast. Tant pis pour la prestance devant les caméras, ils n'auraient qu'à couper ça lors du montage. Pour peu qu'il y en ait un : à mieux y réfléchir, Savarlast n'était pas un adversaire vraiment photogénique. Il était étonnant rapide, capable de partir sur des lancées fulgurantes, et la moindre de ses attaques pouvait très bien être la dernière, et terrasser le chasseur de prime en un seul coup. En contrepartie de quoi le capitaine pirate restait peu adaptable aux réactions de ses ennemis, et surtout, avait toutes les chances de s'épuiser avant ceux ci tant ses manoeuvres étaient saccadées et explosives.

En temps normal, et à dix neuf reprises pour être exact, c'était d'ailleurs sur ce critère que Suzukawa parvenait systématiquement à prendre l'avantage sur le pirate. Le criminel ne tenait pas sur la durée, tout simplement. Arrivé un certain point, les chances pour Savarlast d'asséner un coup quelconque s'amenuisaient considérablement. Ne restait donc au chasseur qu'à tenir jusqu'à ce stade.

Ce qui n'avait pourtant rien d'une chose aisée.

-HAAA HAHA HA HA HA! ALORS, SUZUKAWA?! JE CROYAIS QUE TU CONNAISSAIS MES TECHNIQUES, DEPUIS LE TEMPS! MAWASHIGAMATAKE!!! L'EMBRASEMEMT MORTEL DU DRAGON!!!!!

Fendant le vide de ses attaques, le capitaine pirate frotta ses lourdes lames l'une contre l'autre à plusieurs reprises, les ripant l'une sur l'autre en insistant généreusement comme s'il maniait deux silex pour allumer un feu. Et c'était là l'esprit de son attaque, car à chaque frottement, de grandes giclées d'étincelles flamboyantes se dégageaient des armes du pirate, toutes vers son adversaire.

Pour le chasseur de primes, l'effet était le même que si on l'aspergeait d'une d'une multitude de gouttes d'eau bouillantes. Il ne s'agissait pas d'un grand danger,mais arrosé de la sorte, il ne pouvait guère faire mieux que de se couvrir le visage en se ratatinant autant que possible.

Et maintenant qu'il s'était immobilisé, son adversaire allait frapper:

-GRAYAHAHA!!!! IL EST TEMPS! COUP SPÉCIAL : SPIIIIIIIN TO WIIIIIIIIIN!!!!

Les énormes faux mortelles de Savarlast commencèrent à fendre l'air, tandis que lui même tournoyait progressivement sur place, de plus en plus vite, à la manière d'une toupie à taille humaine. Toupie qui se transforma bien vite en projectile capable des pires ravages, lorsque le pirate commença à osciller vers son ennemi à une vitesse désagréablement inattendue.

Lorsque Suzukawa se rétabli des étincelles pour observer son adversaire, il était bien trop tard. Ce qu'il voyait un projectile humain annonciateur des pires calamités, et il n'aurait jamais le temps de sortir de sa trajectoire.

Si ça n'avait tenu qu'à ça, le mercenaire aurait été fini.

Mais c'était loin d'en être le cas.

-Hyper Slash!

Campant sur ses positions, le chevalier blanc brandit son arme, pourtant amputée d'un tiers de sa longueur, et fonça à la rencontre de son adversaire. Moins d'un instant plus tard, les deux guerriers se percutèrent dans une violence phénoménale.

Et au terme du choc qui s'ensuivit, Savarlast se retrouva à une dizaine de mètres de là, roulant lamentablement à même le sol dans la direction où le portait son élan. Rares étaient les fois où le pirate avait connu pareil carambolage, car c'était bel et bien de cela qu'il s'agissait. Il n'avait pas été blessé, pourtant ; juste terriblement malmené par sa chute.

Mais que s'était-il passé?

Presque la même chose que cette-fois ci:

-SUZUKAWA, JE TE GARANTIS QUE CA NE SE REPRODUIRA P...
-Hyper Slash!

Une nouvelle fois, le chasseur de primes fonça droit vers son adversaire. Hyper Slash, tel était le nom de la dernière botte en date du recruteur de la BNA. Un mouvement qui relevait clairement du couteau suisse, tant il réussissait à allier mobilité, offense et défense en une seule manoeuvre minutieusement calibrée. Il s'agissait d'une charge rapide, au terme de laquelle un unique coup de sabre dévastateur devait être porté. Il s'agissait également d'un contre défensif, qui pouvait être utilisé à loisir par son pratiquant pour renverser la cinétique de presque toute attaque qui lui était portée. A condition de maîtriser la gestuelle propre à l'Hyper Slash, bien sûr. Mais la technique avait marché sur le pirate: malgré l'élan prodigieux avec lequel il s'était lancé sur son adversaire, ce dernier avait réussi à le déséquilibrer d'un seul coup de sabre pour l'envoyer à la renverse lors de l'impact.

Au final, seul le nom de la manoeuvre laissait à désirer. Mais en ce qui concernait son efficacité...

Laissons Suzukawa et Savarlast servir de juges à cette technique:

Hyper Slash!

Hyper Slash!


-JE VAIS TE...

Hyper Slash!

Hyper Slash!


-CA SUFF...

Hyper Slash!

Hyper Slash!


-MAIS ARRETE DE...

Hyper Slash!

Hyper Slash!

Hyper Slash!


-SUZUKAWA! SUZUKAWA!!!! J'EN AI ASSEZ!! ARRÊTE DE SPAM CETTE PUTAIN DE TECHNIQUE À LA CHAÎNE COMME SI TU N'AVAIS QUE ÇA EN STOCK!!! JE VEUX DIRE,...

Hyper Slash!

Hyper Slash!

Hyper Slash!


-MAIS BORDEL DE DIEU, QUOI!

Savarlast s'égosillait en vain. De la même manière qu'un combattant de beat them up favorisait les lourds dégâts sans temps de latence, qu'un logia ou qu'un adepte du rokushiki se reposait dangereusement sur ses talents particuliers, Suzukawa s'était rabattu sur -sa- solution de confort.

Et voyant comment elle fonctionnait, il allait user et abuser de celle-ci jusqu'à plus soif. Au diable l'originalité.

Hyper Slash!

Hyper Slash!

Hyper Slash!


-BON SANG DE BORDEL, SUZUKAWA, MAIS COMBIEN DE DORIKIS TU AS!?!? CE GENRE DE TECHNIQUE PRESQUE IMPARABLE DEVRAIT AU MOINS TE FATIGUER, PUTAIN!!!

Hyper Slash!

Hyper Slash!


-C'EST BON J'EN AI MA CLAQUE, MOI AUSSI JE PEUX FAIRE CHIER! CONTEMPLE DONC... MON VRAI POUVOIR!!! BRAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!!

Et il le fit. Savarlast tendit les bras sur ses cotés, bomba le torse, inspira suffisamment d'air pour recracher des tornades. Et ce faisant, leva ses deux énormes katars droit vers le ciel, en prenant soin de les fixer des yeux sans sourciller.

Et il resta ainsi sans rien de plus, pendant une bonne vingtaine de secondes. Pour les quelques personnes ayant le luxe de pouvoir les observer dans la mêlée des alentours, le spectacle était déconcertant. Suzukawa lui même avait interrompu ses assauts incessants, pour essayer de discerner ce que son adversaire...

Aucune idée.

Et puis, à quoi bon, finalement?

Hyper Slash!

En entendant le nom de la technique maudite, le capitaine se réveilla au quart de tour. Gainant l'ensemble de ses muscles dans sa manoeuvre, il explosa littéralement ses manches et sa chemise rien qu'en se mouvant. Et le chasseur frappa dans le vide. Ce qui ne l'empêcha pourtant pas de réitérer sa manoeuvre.

-A MON TOUR!!! OCTOCRAAAAAAAAASH... MULTIKIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIILL!!!!!!!

Hyper slaaaaaaaaaaaaayayayeuh argh non pas les woooooh!!!!!!

Il s'agissait de la plus terrible attaque de malfaiteur ; une avalanche de coups portés en tournoyant sur lui même tout en se jetant sur son ennemi, avec suffisamment de vélocité pour frapper quasi instantanément sa malheureuse victime en huit points distincts à l'aide de ses deux armes, de ses jambes, de sa tête et de son coccyx. Ce qui ne faisait que six pour qui prenait la peine de compter, et c'était bien en cela que cette technique était éminemment dangereuse pour qui la maîtrisait.

Et face à cela, le contre de Suzukawa s'était avéré inefficace : il était impossible pour le chasseur de dérouter huit impacts instantanés en un mouvement.

Et c'est bien ça ce qui causa sa perte :

-HAHAHA EEEEEE EEEH EEH HAAAA HAAAA HAAAAAA!!!! SUZUKAWA EST TOMBÉ! ALORS, VERMINE VERTE, QUEL EFFET CELA TE FAIT-IL DONC, D'ENFIN MORDRE LA POUSSIÈRE DE PAR MON FAIT?

Comme attendu de Savarlast, une seule attaque avait suffit. Emporté par le terrible choc des huit assauts, fracassé à même le sol suite à l'impact terrifiant, Suzukawa peinait à se relever, et semblait bien à la merci du capitaine.

Ce dernier prenait le temps de savourer la nouvelle impuissance de son ennemi, du moins. Il aurait pu l'achever immédiatement. Mais il se contenta de lui asséner un grand coup de pied en guise de revanche, tout en ricanant grassement.

Il s'agissait toutefois d'une erreur à ne pas commettre, et le pirate en avait parfaitement conscience. Aussi décida-t-il de ne pas savourer dangereusement sa fière victoire, et laisser une chance à son ennemi de se remettre. S'il le tuait maintenant, tout serait terminé. Et il n'aspirait réellement qu'à ça.

Malheureusement pour lui, une nouvelle arrivante allait se mêler de tout ça.

-Monsieur Suzukawa?! Non!
-Eh, non ! Qui es-tu, toi !?

Une simple jeune femme aux allures de bureaucrate qui n’avait très visiblement rien à faire ici. Elle n’avait pas d’armes, elle n’avait pas de muscles, et sa longue robe d’inspiration victorienne tranchait risiblement trop dans le contexte d’un champ de bataille. Et pourtant…

-Vous nous avez dit de faire attention et... regardez-vous!, s’insurgea l’arrivante.
-Je ne sais pas qui tu peux être, gamine, mais je te recommande de rester en dehors de tout ça, commença Savarlast. Tu risquerais de...
-Laissez-moi vous aider!

Et ce faisant, Evangeline Haylor déploya une multitude de chaînes d’acier depuis ses manches jusqu’au chasseur de primes. En seulement cinq secondes, Suzukawa se retrouva enlacé par une quinzaine de liens qui le recouvrirent méthodiquement, formant une armure de mailles presque intégrale qui le reliait à la jeune femme.

-Holà. Ouhla. Qu'est ce que c'est que ce bordel de chaînes qui...

Et d’un seul coup, Suzukawa se releva. Pour être plus précis, c’étaient les chaînes qui le relevèrent, prenant appui contre le sol pour tracter le mercenaire et lui permettre de se rétablir. Pire encore, elles l’assistaient dans ses mouvements, et se révélaient même particulièrement attentives et délicates envers lui. Ainsi soutenu par ces étranges appendices surnaturels, le chevalier blanc sembla revigoré, à tout le moins dans son mental.

Pour le pirate, c’était encore autre chose, par contre.

-Vous vous foutez de ma gueule ? VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE ?!?!?

Maintenant qu’elles étaient bien ancrées sur sa personne, les rets de métal se déployèrent sur plusieurs mètres autour du mercenaire, formant un sac de nœuds qui gravitait autour de lui. Des tentacules d’acier qui commencèrent enfin à s’intéresser à Savarlast, dardant dans sa direction en ondulant dangereusement.

-QUE DALLE QUE NON QUE CA NE SERA PAS COMME CA !!! SUZUKAWA, QU’ON EN FINISSE !!! OCTOCRASH…. MULTIKIIIIIIIIIILL!!!!

À nouveau, le pirate utilisa la redoutable attaque qui avait su terrasser sa nemesis auparavant. Cette fois pourtant, l'issue en fut bien différente. Les imposants liens d'acier qui momifiaient partiellement le mercenaire se déployèrent comme un filet autour de lui, pour entraver irrésistiblement l’offensive du pirate. Coincé parmi les chaînes au premier coup, ce dernier fut contraint de reculer, incapable de porter ses huit attaques quasi instantanées dans de telles conditions.

-IMPOSSIBLE?! RIEN N'EST IMPOSSIBLE! SI JE FRAPPE ASSEZ VITE, JE POURRAIS...

OCTOCRASH MULTIKILL!!!

À nouveau, le terrible capitaine attaqua. Et à nouveau, il essaya en vain.

-MAIS QUE C'EST QUOI CETTE MERDE? C'EST DU N'IMPORTE QUOI! C'EST DU N'IMPORTE QUOI!

OCTOCRASH MULTIKILL!!!

« -VOUS VOUS FOUTEZ DE MA GUEULE? C'EST COMPLÈTEMENT INJUSTE! C'EST DU GRAND N'IMPORTE QUOI! C'EST UNE TRICHE PHÉNOMÉNALE!!! C'EST...

C’EST…

C’EST…

GRAAAAAAAAARRRGHHRRRRRRFFFFFFFBLBLBLBLBLLLLLLLMMMMMMMMRDDDDDDDJJJJJ…

Bon, bon.

C'est d'accord. Je dis merde et puis fait chier. Je laisse tomber. Allez-y, regardez. Je lâche mon arme, je m'éloigne tout doucement, je vais bien m'allonger et faire semblant d'être battu. Trop blasé. Viens me capturer, tu touches ma prime et on en parle plus. C'est pas comme si c'était difficile de se sortir d'une prison, je l'ai déjà fait plus d'une dizaine de fois. »



Et contre toute attente, c'est bel et bien ce que le pirate fit. Savarlast rejeta ses katars à plusieurs mètres, avant de s'assoir en tailleur, les bras croisés et le mine contrite. Il ne pouvait rien faire, alors à quoi bon se fatiguer? Le monde était en train de s’acharner sur lui, autant laisser tomber.
Poursuivant sur cette lancée, il posa ses mains derrière sa tête avant de s'allonger sur le dos. Dans un tout autre contexte, on aurait pu croire qu'il voulait se reposer ou faire la sieste. Mais il n'en était rien. Il attendait, c'est tout.

Et ce qu'il attendait tardait à venir.

-Quoi, c'est quoi le problème? J'ai dis que je laissais tomber. Je lâche l'affaire. Tu peux venir, je ferai rien.

Aucune réponse. Non pas que le chasseur ait écouté grand chose de ce que Savarlast aura pu dire aujourd'hui, remarqua le pirate. Outré par les événements qui semblaient se moquer de lui, ignorant de l'accès de surdité qui frappait sa nemesis, le capitaine laissa son fiel et sa rancoeur préjuger des motifs de son ennemi. Et pour lui, la réponse à ce silence était évidente:

-Oh, oh, je vois, c'est pas assez bien pour toi, ça rendrait mal dans le rapport des actes. Tu préférerais m'avoir au terme d'un duel victorieux, ça fera mieux dans les journaux et pour la BNA. Pfaa. Si c'est ce qu'il te faut... ok, je vais me lever et faire semblant d'en avoir vaguement quelque chose à faire.

Alors, Savarlast se redressa, marcha lentement jusqu'à l'une de ses armes, qu'il empoigna mollement. Comme au ralenti, il s'approcha de son adversaire avec un flegme inégalable, faisant mine de vouloir porter une attaque qui ne contenait aucun entrain.

Et même ainsi, les chaînes d'acier de la sorcière l'identifièrent comme une menace à entraver immédiatement ; le chasseur de prime n'eut alors qu'à de toutes ses forces le tas de chaînes momifié qui s'avançait vers lui, renversant par là même le capitaine qui n'opposa nulle résistance.

« -Aaaaah! Non! Il m'a battu! C'est impossible!

Aaaaaaah!

Putain de farmeur. »

Bon. Les choses auraient pu être pires. Les chaînes qui l'entouraient avait amorti le tranchant de l'épée, de sorte qu'il n'avait reçu aucune blessure significative.

Il n'était pas fatigué. Seulement exaspéré. Rien qu'une bonne nuit de sommeil et quelques jours dans le confort d'une cellule ne puissent guérir, heureusement.

Il se donnait trois jours au maximum pour s'échapper et libérer les siens. À ce train là, ils seraient libres avant que leurs dossiers n'arrivent sur le bureau d'un juge.

Car la justice, c'était bien ça: une vaste blague.


Dernière édition par Sigurd Dogaku le Mar 28 Avr 2015 - 10:44, édité 1 fois
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9650-sig-peluche
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9504-sig
Il ne s'était pas trompé.

Avec un peu de recul, depuis sa position de prisonnier de marque représentant près d'un cinquième des primes totales de toute sa bande, Savarlast avait appris beaucoup de choses.

Tout d'abord, que son abject chasseur de primes était vraiment un gros idiot. Il avait vu les den den, les caméras, les appareils. Tout ça n'était qu'une infamie. Une opération marketing… un énorme mensonge.

Il avait globalement compris pourquoi son adversaire se comportait si bizarrement. Ceci jusqu'à ce qu'un civil, visiblement en charge de toute la bande, lui explique intégralement toute cette histoire de surdité et de pirate-hypnotiseur-vaudou. Ca n’était pas une blague, même si c’en avait l’air.

Et puis, il avait appris ce qu'il se passait avec ces civils, une nouvelle fois de la bouche de Dogaku. Des marchands qui s'alliaient avec des verts pour délester les vieux loups de mers de leurs navires. Le monde à l’envers, rien que ça. Des figurants insignifiants de l’univers, qui ne savaient visiblement plus comment se tenir, faire profil bas, et encaisser silencieusement les actions des pirates.

Et là, c'était vraiment n'importe quoi.

Pour autant, il n'avait pas à s'en faire. L’étrange jeune femme qui avait su revigorer Suzukawa avec ses tentacules d’acier avait passé la majorité du combat à soutenir les mercenaires ; on pouvait même considérer qu’elle était venue à bout de la majorité de son équipage, tant les blessures de ses marins étaient légères. Une véritable aubaine.

En plus de cela, les mercenaires l'avaient livré à un campement marine qu'il connaissait très bien, même si la prison jouxtant cette base était bien protégée. Mais même ainsi, sortir d'ici serait un véritable jeu d'enfant pour Savarlast: à défaut d'être désespérément fort ou possesseur d'une aptitude surnaturelle, il avait bien ce talent pour l’évasion qui justifiait indubitablement son poids dans l'équipage.

Le pirate aurait dû être tranquille. Et il l'était.

Jusqu'à un certain point, toutefois.

Car dans la geôle où les marines l'avaient conduit, il y avait...

-Bonjour capitaine! Comment ça va?
-BRAEMUS, JE VAIS TE TUER!!!!
-Uh ?
-D’OU C’EST QUE TU TE FAIS BUTER EN TRENTE SECONDES ?!?
-Mais…
-RHAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!!!!

La goutte d’eau qui faisait déborder le vase.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9650-sig-peluche
  • https://www.onepiece-requiem.net/t9504-sig