>> Erik Ellington
Pseudonyme : - Age: 42 Sexe : Homme Race : Homme Métier : Gardien du Code de la Piraterie Groupe : Pirate But : Protéger et faire respecter le Code de la Piraterie Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : - Équipement : Une petite chaloupe, une malle complète de vêtements, un sabre d'abordage, deux pistolets à silex et un exemplaire hors de prix du Code de la Piraterie, usé par le temps mais pas moins précieux. Codes du règlement : Parrain : - Ce compte est-il un DC ? : DC d'Alrahyr Kaltershaft, reroll de Blue Si oui, quel @ l'a autorisé ? : Alric |
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _>> PhysiqueMonsieur Ellington, c'est avant tout la prestance incarnée. Il est fier d'être ce qu'il est, et il n'hésite pas à le montrer.
Mais ce ne sont ni sa taille ordinaire ni sa carrure classique qui font de lui cet être aussi imposant : c'est sa démarche pleine d'assurance qui lui offre cet atout majeur face aux autres. Il porte, garde, applique et représente le Code de la Piraterie. Il a pour habitude de fixer quelques secondes chaque personne qu'il croise, sans sourciller, d'un regard à la fois bienveillant, froid et inquisiteur. Ses manières déstabilisent les plus émotifs et provoquent les plus virulents.
Lorsqu'on l'interpelle, il ne semble pas surpris. Calme, posé et serein dans ses actions, on perçoit aisément qu'il sait parfaitement ce qu'il fait. Monsieur Ellington est fort d'une très longue expérience de la piraterie, et cela se voit. Ses cheveux blancs décolorés à la fois par l'âge et par le rude climat de l'océan témoignent de sa dure vie en mer. Ils ne sont pas spécialement sales - quoi que... - mais il est vrai qu'ils sont plus souvent nettoyés par des bourrasques de vent que lavés par une belle eau claire.
Autre témoin de sa vie de flibuste, son corps cisaillé par les cicatrices, de tous sens, de toutes parts, tant sur le visage que sur le torse, le dos, les bras ou les jambes. Des explosions, des balles perdues ou non, des coups d'épée, des surins, toutes ces agressions ont contribué à ce qu'il perde, en fin de compte, l'usage normal de son œil droit. De cet œil, Monsieur Ellington voit flou, très flou, trop flou. Et il ne perçoit plus ni les couleurs, ni les fortes ou faibles luminosités. En bref, cet œil n'est plus fonctionnel, et il préfère le masquer derrière un bandeau, sous une compresse mouillée, que de l'exhiber en public. Un œil blanc à l'aspect plâtreux et morbide, ça perturbe plus que ça n'impose. Et ça ferait ombre à sa prestance naturelle.
Vêtu d'une tenue pirate traditionnelle, aux tons bleus prédominants, il ne se sépare absolument jamais de son fidèle et éternel sabre d'abordage, ancienne lame toujours aussi meurtrière, symbole de l'immortalité de sa charge. Et cette charge, c'est le Code, l'un des exemplaires originaux, manuscrit, rédigé et signé de la main du légendaire Bartholomew Jones. Il en existe plusieurs en ce monde, mais très peu sont encore en la possession de véritables pirates, prêts à mourir pour son respect et son application.
Le Code est un objet sacré au regard de Monsieur Ellington. Ce large livre aussi lourd qu'une plaque de marbre n'est jamais bien loin de lui. Il contient, en plus des articles essentiels qui régissent la piraterie, de nombreuses annotations venant compléter ou expliquer certaines notions, apportant un éclaircissement parfois bien nécessaire. Car le Code, s'il est simple dans les grandes lignes, présente des exceptions trop rares pour être rentrées dans les mœurs.
Et c'est là que Monsieur Ellington intervient.
De sa voix profonde et granuleuse, il stoppe net les contrevenants. De son timbre injonctif, il rappelle les fondamentaux. D'un regard pénétrant, il marque la fin de la discussion. D'un haussement de sourcil, il prévient que tout nouveau manquement sera sévèrement réprimandé. D'un long soupir, il propose une dernière chance. D'une main légère, il effleure le Code, posé fermé sur la table, et en fait le tour. D'un geste majestueux, il écarte son large manteau bleu pour dévoiler son fier sabre d'abordage, dont il pose la pointe, dans un mouvement d'une rapidité étincelante, à la gorge du contrevenant. Une seconde, deux secondes, trois secondes. Si l'homme n'est pas convaincu de l'immense respect qu'il doit au Code, il n'aura plus cette dernière chance.
Et parfois, certains manquent de déférence à l'égard du Code...>> PsychologieCes personnes là, Monsieur Ellington n'hésite pas un seul instant à les abattre sur le champ d'un tir de pistolet à silex bien placé. A condition, bien entendu, que cela ne provoque pas de conflit politico-économique majeur entre pirates. Car n'oublions pas qu'avant toute chose, le Code, c'est la Loi de la Piraterie, et que le Code vise à ce que les pirates puissent prospérer, et pas se battre entre eux en de vaines querelles de "qui-c'est-qu'a-tué-machin".
Quand il parle du Code, il parle de la chose la plus importante au monde, avec la plus grande déférence, le plus grand respect, de la manière la plus noble et solennelle qui soit. Fanatique ? Peut-être que le terme de "fort de ses convictions" serait plus adapté. Après tout, le Code n'est rien de plus qu'une règle de bonne conduite pour mener une belle vie. Lui-même s'autorise ce langage légèrement châtié pour décrire l'objet de sa garde acharnée. Mais... quelle règle... Une règle, une loi ô combien précieuse ! C'est le Code qui guide la piraterie, fait qu'elle est en mesure de prospérer, hiérarchise les navires et les équipages, impose une organisation qui est la seule en mesure de fonctionner.
Et, même parmi les contrevenants au Code, vous trouverez toujours ces principes fondamentaux qui permettent à un équipage de survivre, cette arborescence des droits et devoirs qui font qu'un bâtiment pirate vogue encore et toujours plus loin ! Car les articles du Code sont les seuls viables.
Le Code, c'est la loi. Et Monsieur Ellington est là pour faire respecter le Code.
A côté de cela, c'est un homme qui sait vivre très généreusement. Amateur des plaisirs les plus simples de tout pirate, tels que la boisson et les femmes, il en est venu à être réputé pour "savoir y faire". Avec l'alcool ou avec les femmes ? Les deux, évidemment ! L'expérience ! Plus on boit, plus on tiens l'alcool, et plus on b... Hem.
Du rhum, des femmes, de la bière nom de dieu ! Car s'il y a bien un nom par lequel on peut jurer, c'est celui des dieux. Ils n'ont pas écrit le Code après tout. Et, même si cette phrase ne fait pas partie du Code, elle est une bonne chose à suivre en tant que pirate.
Ainsi, pour Monsieur Ellington, un pirate est avant tout un homme qui respecte en tout et pour tout le Code de la Piraterie dans son intégralité la plus totale. Toute personne qui contreviendrait aux principes mêmes qui posent les fondamentaux du Code n'est pas à être considérée comme un pirate. Et si un homme n'est pas un pirate, alors c'est quelqu'un qui possède quelque chose qu'on peut voler, piller, voire saccager. Subtiliser la cargaison d'un marchand, d'un civil, d'un militaire, ou quoi que ce soit d'autre, c'est là la vraie nature d'un pirate. Voler pour revendre, et s'en mettre plein les poches, pour pouvoir voler encore plus et revendre encore plus. Et au final ? Boire, coucher, vivre la vraie vie de la piraterie !
Tout ça dans le respect le plus total du Code.
N'en venez pas à croire que Monsieur Ellington soit quelqu'un de violent. Il ne fait que suivre les principes mêmes qui guident sa vie. Il lui est souvent arrivé de participer à un abordage d'un navire marchand qui, ayant décidé de se rendre, n'a subit aucun dommage mis à part la perte de sa cargaison. Pas de vie humaine gâchée, pas de sang versé. Quand le butin peut être obtenu facilement, il n'y a pas de raison de s'en priver.
Et la vengeance ? Uniquement dans la logique égalitaire. Œil pour œil, dent pour dent, un donné pour un rendu. Avec le supplément nécessaire pour éviter l'escalade de la violence. Un bonus empêchant l'opposant de revenir à la charge. Une petite balle en plus, par exemple. Entre les deux yeux. Bien placée.
Tout ça dans le respect le plus total du Code, bien entendu.>> BiographieLa vie de pirate... Des pillages, de la revente, de l'alcool et des femmes. Que demander de plus ? Erik aurait pu demander beaucoup, mais il a préféré vivre pour l'avenir que pour le passé.
Il aurait pu, par exemple, demander d'où venait ce livre et pourquoi on le lui avait donné. Il aurait pu, aussi, demander qui était son père, où était passée sa mère. Pourquoi elle avait choisi cette vie. Si elle l'avait choisie. Si elle l'avait voulue, cette vie. Ou... si elle l'avait voulu, lui. Mais il n'a jamais voulu savoir.
Les premières images dont il se souvient sont celles de la crasse. Les premières odeurs, celles de la sueur de plusieurs semaines. Les premiers goûts, ceux du lait de sa mère. Les premiers contacts, ceux de ses doigts potelés de bébé dans les cheveux de cette femme ravissante. Les premiers sons, ceux des cris tantôt aigus, tantôt graves, et parfois les deux, provenant des pièces avoisinantes. Un brouhaha indémêlable, décrivant parfaitement l'ambiance générale.
Peu à peu, les images se multiplient. Un visage merveilleusement doux au dessus de sa tête, qui laisse place, lorsqu'il se décale, à un plafond miteux duquel goute une eau croupie. Là, une porte tangue lamentablement contre ses gonds, son chambranle gonflé par l'eau l'empêchant de fermer convenablement. Ici, le drap n'a plus sa couleur blanche initiale et s'exhibe en un pèle mêle de teintes ignobles. De ce côté, une jeune fille rentre en pleurs, refermant sa légère robe, seul tissu qu'elle semble porter. Elle accourt dans les bras de la première, toujours aussi belle, qui la console comme elle peut.
Alors la fille triste pose un regard sur le bébé et esquisse un sourire au milieu de ses larmes. Ses yeux expriment l'envie, l'espoir, la joie de voir cet être dans ce linceul soyeux. Il a de la chance. Il est bien. Il est heureux. Parce qu'il ne sait pas.
Les odeurs se décomposent. Au premier plan se dessine le parfum fruité de la femme, enlaçant toujours la jeune fille, dont une senteur enivrante se dégage. Mais cette senteur est mêlée à quelque chose de plus dur, plus âpre. Une odeur puissante qui prend au nez, quelque chose d'assez désagréable mais de relativement commun. Dans un coin de la pièce, une bougie diffuse un tout autre parfum, d'une douceur et d'une saveur incomparables, étonnamment apaisantes.
La femme emmène sa protégée vers le berceau, et la jeune fille prend le bébé dans ses bras. Le petit, instinctivement, cherche un sein, malheureusement inapte à lui offrir ce qu'il attendait, à son grand désarroi. La fille rit à travers ses larmes, ce qui attire le regard de l'être fragile qui se colle à elle en retour, réceptif à ses émotions. Il colle sa bouche à sa peau.
Et les goûts apparaissent. Il commence par tomber sur quelque chose de ferreux, comme du sang. Passée cette étape, la sueur salée l'empêche d'aller plus loin. Ce n'est pas bon, ce n'est pas ce qu'il veut. Mais, tout persévérant qu'il est déjà, il continue à chercher. Enfin, tout au fond, il perçoit un goût délicieux. Une huile, une sorte d'amande qui recouvre le fond de la peau. Une douceur l'envahit, un sentiment de plénitude le comble. Il a trouvé.
Alors il tend son bras contre le corps de la jeune fille, sous sa robe. De sa petite main aux doigts ouverts, il pousse la peau du ventre, qui glisse sous son contact. Il la sent se hérisser et perçoit la fille qui frissonne et rit doucement, à nouveau. Elle le remonte vers son visage et lui dépose un baiser sur le front. Il en profite alors pour saisir ses cheveux longs, aussi doux que ceux de la première femme.
Enfin il entend cette femme crier, alors que la jeune fille referme son emprise sur lui. Elle n'est pas un rempart à la femme, ce n'est pas ça qui a provoqué le hurlement. Non, la fille protège le bébé alors que les pleurs de la femme s'éloignent. Il entend ses pieds glisser au sol, trempant dans ses larmes, dans de la sueur et dans du sang. Il entend la porte déjà cassée claquer violemment et perdre des morceaux. Il entend cette femme se faire emmener plus loin, mais jamais hors d'écoute. Et il l'entend crier. Crier. Crier.
Et il n'a jamais revu cette femme de sa vie.
* * *
Naître dans un bordel, c'est une expérience étrange. Pas insurmontable non, ni impossible à vivre par la suite. Simplement que tous les fondamentaux sont différents pour lui par rapport à quelqu'un né autre part. Au fil des années, Erik avait pris l'habitude de demeurer caché dans un faux mur installé par la jeune fille devenue femme, qui avait au passage décidé de l'appeler ainsi. Enfant, il avait appris à lire avec elle, grâce à un énorme livre qu'elle gardait précieusement. Elle l'avait récupéré, disait-elle, d'un vieux pirate trop ivre pour s'en soucier.
Alors il lisait. Le livre se décomposait en sections et en articles, avec des définitions, des descriptions, des explications, tout ce qu'il fallait savoir sur les pirates. Lorsque les mots furent alignés, il put en comprendre le sens, la signification. Et à ce même moment, il fut en âge de prendre une décision majeure : partir. La jeune femme ne le retint pas, consciente toute qu'elle était de la chance qu'il avait de pouvoir s'enfuir ainsi. Car elle, elle ne le pouvait pas.
L'adolescent parvint à rejoindre des pirates et leur navire, sur lequel il se fit sa place de mousse. Le capitaine était très intéressé par le gros livre et demandait souvent au garçon de lui faire la lecture. "Comment tu t'appelles petit ?" "Erik, Erik Ellington". Un nom qu'il avait trouvé perdu quelque part dans ses lectures. Le nom lui plaisait, ce serait le sien.
Le capitaine lui expliqua que ce qu'il lui demandait de lire chaque jour était le Code de la Piraterie. Il lui montra sa signification, son importance, son caractère essentiel. Il lui en expliqua chaque section, chaque article, chaque phrase, expression et mot. Il lui détailla tout, fier de pouvoir transmettre à quelqu'un d'intéressé son savoir sur le Code.
Et Erik navigua plusieurs années avec cet équipage, appliquant le Code au mot près, respectant ses principes, ses fondamentaux, ses détails. Mais le Capitaine était vieux, et un jour, il préféra arrêter de voguer sur les océans. Tout fougueux qu'il ait pu être dans sa jeunesse, il préférait couler des jours heureux à terre, grâce à la petite fortune qu'il s'était accumulée. Mais il poussa son protégé à ne pas s'arrêter en si bon chemin, et à continuer son aventure.
Alors le jeune homme trouva un autre équipage. Il alla voir le capitaine, et, tout fier de lui, lui montra le Code. L'homme fut agréablement surpris et montra l'ouvrage à son équipage pour leur montrer leurs nouvelles règles. Il avoua à Erik qu'il cherchait quelqu'un capable de lui en expliquer la signification, car il savait qu'il était essentiel pour être un bon pirate de respecter le Code. Mais deux jours plus tard, le Capitaine se fit assassiner par son second, qui avait décidé qu'il en serait autrement.
Le second n'avait pas le soutien de l'équipage, mais sa force était telle qu'il ne laissa le choix à personne : rester et vivre sous son joug, ou se mutiner et mourir. Il ne respectait en rien le Code. Trop longtemps, Erik fut coincé à bord de cette prison flottante à effectuer les tâches ingrates. Mais cela ne le dégoûtait pas, quelque chose comme une habitude, une connaissance de toujours...
Un jour, il parvint à s'échapper. Il était maintenant adulte et bon combattant. Plus intelligent, il choisit de rejoindre un équipage nouvellement formé, aux objectifs simples. Il se fit apprécier de l'équipage pour son humeur agréable et ses conseils avisés, et les hommes le placèrent à la position intéressante de Quartier-Maître, ou l'intermédiaire entre le Capitaine et l'équipage, selon le Code. Il profita de sa place pour faire respecter le Code à tout le navire, qui mena une belle vie de pillages et de beuveries.
Années après années, il intégrait un nouvel équipage lorsque le précédent était suffisamment lié au Code pour s'en sortir sans lui, et imposait les articles de son livre à ses nouveaux compagnons. Mais avec le temps, il rencontra de plus en plus de difficultés à prouver l'importance du Code aux yeux des pirates. Nombreux étaient ceux qui lui riaient au nez. Nombreux étaient ceux qui n'en avaient que faire.
Alors il utilisa les moyens du bord pour les convaincre. Le Code, c'est la Loi. Celui qu'on appelait Monsieur Ellington ne permettait pas aux pirates d'ignorer le Code et tuait les récalcitrants, ne les considérant plus comme des pirates. Il gagna une vie plus solitaire, voguant partout où il pouvait aller, rencontrant les pirates au port et les obligeant à respecter le Code par la force.
Mais Monsieur Ellington ne peut pas tuer tout le monde indéfiniment. Trop se fichent du Code, alors que faire ?
Il le sait, il va devoir faire autrement. Il va devoir redonner du cachet au Code. Il va devoir prouver que le Code est la seule manière pour un équipage pirate d'aller vraiment au-delà de ses rêves les plus fous.
Il doit protéger le Code de la Piraterie. Il en est le gardien.>> Test RP- Hahaha, j’l’ai ai bien enfumés hein ? Allez les gars, j’vous paye la tournée !
- Merci Cap’tain !
Je jette un œil – le seul valide – vers la porte de la taverne pour observer le petit groupe qui vient de faire cette entrée bruyante. Quatre pirates, dont le fameux « Cap’tain ». Ils sont tous assez jeunes, poussant au plus loin vers la trentaine, et semblent profiter de la vie qu’ils ont choisie. Ah, les pirates… Un cadeau de la mer !
Je continue à déguster mon rhum, accompagné d’une succulente saucisse sèche. Le mélange parfait à cette heure, un avant-dîner très agréable. La semaine a été rude… Un équipage qui se croyait au-dessus des règles de la piraterie, tout un tas de gens à remettre en place. Et à abattre, pour les plus récalcitrants. J’aime pas particulièrement faire ça, mais ce n’est pas un plaisir : c’est un devoir. On ne critique pas le Code impunément.
Oh nom de dieu, ce saucisson est délicieux !
Les quatre nouveaux arrivants sont attablés juste en face de moi et bavardent bruyamment. De ce que je comprends, en plus du capitaine, il y a le second, le quartier-maître et un officier de pont. La tête de l’équipage, en somme.
- Eh Cap’, z’avez vu leur tête quand vous les avez plantés là ? Haha !
- Ouaip, s’ils croyaient pouvoir se mettre quelque chose sous la dent, les abrutis !
- Et l’autre-là qui nous courrait après, c’te balle que j’lui ai collée !
- Y disait quoi déjà ?
- Oh j’sais plus, un truc du genre « Le code, le code ! »…
Je hausse les sourcils et fixe l’homme droit dans les yeux. Il ne me remarque pas, trop occupé à se vanter de ses exploits.
- Le quoi ?
- Bah le code, t’sais là euh…
Je porte ma main à mon pistolet.
- Le Code, espèce de demeuré ! Rédigé par Jones ! La Loi des pirates !
Réconforté par ces derniers mots, je me calme et trempe à nouveau mes lèvres dans mon rhum.
- Ah oui, désolé Cap’… et il y voulait quoi ce gus, au Code ?
- Bah il voulait sa part du butin, comme le dit le Code, en tant que membre d’équipage ! Mais qu’est-ce qu’il croyait, qu’on allait respecter ce ramassis de conneries, ce merdier écrit par un idiot du village même pas capable d- BAM
Le capitaine a tout juste le temps de poser son regard étonné sur moi qu’il s’effondre en arrière, une balle dans le cœur. Enfoncé dans ma chaise, bras tendu dans sa direction, je pose mon pistolet déchargé sur la table. D’une main nonchalante, je termine cul-sec mon rhum.
Une chose que le Code ne dit pas, on ne gâche pas d’alcool. Jamais. Dans quelque circonstance que ce soit. Surtout une boisson comme celle-là.
Dans la taverne, tous sont tournés vers nous. Les trois acolytes du macchabé me regardent avec des yeux hagards, ne sachant pas comment réagir.
- Le Code, c’est la Loi.
Et je me lève tranquillement pour faire le tour de ma table, et venir planter mon sabre d’abordage à la verticale au beau milieu de la leur. Je m’assieds avec eux, pointant le second avec mon deuxième pistolet, encore chargé.
- Je m’appelle Monsieur Ellington. En l’absence du Capitaine, vous voilà monté dans la hiérarchie. Vous êtes donc le nouveau Capitaine. Ce qui fait de vous le responsable de cette situation. Avant de continuer cette discussion, permettez-moi de vous rappeler que le précédent responsable a lamentablement échoué.
D’un geste dédaigneux de mon arme, je montre le corps tombé de sa chaise. Des gouttes de sueur coulent le long des tempes de mes trois contrevenants.
- Pouvez-vous me rappeler la situation, Capitaine ?
- Euh… le…
- Clairement, s’il vous plaît.
J’agite mon canon en signe de mon impatience.
- Le Capitaine... Le précédent Capitaine, je veux dire… a entourloupé l’équipage. On devait partager un important butin, mais il a renvoyé tout le monde à part nous trois, ce qui nous faisait des parts plus grosses.
- Savez-vous ce que le Code dit à propos de cela ?
- Je… je ne connais pas le Code…
- Pardon ?
- Je suis désolé monsieur, j-
- Monsieur Ellington.
- Monsieur Ellington… Pardon, mais on ne me l’a jamais donné à lire…
- Bordel, et tu te crois un Pirate ?
- Je ne savais pas qu’il fallait connaître le Code pour être un Pirate…
- Avorton !
Je me dresse au-dessus d’eux, les mains presque enfoncées dans la table.
- Vous allez déguerpir de cette taverne, retrouver votre équipage et leur verser la part de butin qui leur est due. Vous allez retrouver les familles de ceux qui ont péri pour contribuer à gagner ce butin et vous leur verserez deux parts en compensation. Voilà ce que dit le Code ! Et vu que vous ne semblez pas connaître le Code, je suppose que vous n’avez pas de chasse-partie ?
Devant les yeux perdus du nouveau capitaine, je ne peux que soupirer d’un profond ras-le-bol.
- Chasse-partie, le règlement établi par le capitaine ! Ignare ! Les parts de tous les membres de votre équipage seront donc égales, que vous soyez capitaine, quartier-maître ou matelot ! Allez, foutez-moi le camp d’ici ! Embarquez-moi ce corps et laissez un dédommagement au tavernier ! On est dans un établissement pirate, ici, un vrai, qui connaît le Code !
Et les trois clampins s’enfuient en exécutant les tâches imposées, courant dans tous les sens. De mon côté, je reprends ma place initiale, demande un nouveau rhum et recharge mon pistolet à silex. Petit à petit, les clients reprennent leurs conversations, divertis par un peu d’action. Cependant, je perçois des regards encore tournés vers moi.
Levant l’oeil, je dévisage un homme, assis dans le fond, qui vacille rapidement et se détourne. Je suis son regard, posé sur un autre type encapuchonné, de l’autre côté de la salle. Ce dernier me fixait également, mais se reprend rapidement lorsque je le remarque. Tournant vivement la tête, je note la présence d’un troisième homme, dans un autre coin, tout aussi intéressé par ma personne.
Lorsque le tavernier m’apporte ma commande, il me glisse quelques mots à l’oreille.
- J’ai entendu dire qu’on vous traque, Monsieur Ellington. Y paraîtrait que certains n’ont pas apprécié quelques-uns des récents événements. C’est que vous avez fait parler de vous.
D’un hochement de tête, je le remercie, autant pour le rhum que pour l’information. Bordel. Chaque mois depuis plus de dix ans c’est la même chose. Je recadre des pirates dans le chemin du Code, et je suis même contraint à punir d’une mort rapide les plus irrespectueux, pour montrer quel respect est dû à la Loi pirate.
Et à chaque fois, des proches des morts viennent me trouver pour se venger. Ils n’ont rien compris. Ceux-là, j’évite de les tuer, c’est pas une nécessité.
Une fois mon rhum terminé, je quitte nonchalamment la taverne pour une promenade de soirée. Enfin, promenade… Disons que je préfère que mes traqueurs me tombent dessus en extérieur plutôt qu’à l’étroit, dans ma chambre, déjà payée pour la nuit. C’est que ça abîmerait les locaux, et j’ai pas tellement envie de rembourser.
Qu’est-ce que ça me blase d’avoir à gérer ça… Pourquoi personne ne respecte plus le Code, de nos jours ?
Comme je m’y attendais, je suis suivi. De loin, mais ils sont tellement pas discrets que j’ai aucun mal à le savoir. L’expérience, aussi, mes p’tits gars. Vous avez pas affaire à un débutant en la matière. J’en ai vu des vertes et des pas mûres, j’peux vous l’assurer.
Plus loin, sur le sentier, j’aperçois un groupe, posé sur le côté comme s’ils ne faisaient que discuter entre amis. Avec des armes en main, oui bien sûr. Si vous croyez que la nuit tombante vous dissimule, vous vous fourrez le doigt dans l’œil. D’ailleurs, lorsque j’arrive à leur niveau, ils se lèvent et m’interpellent.
- Monsieur Ellington ?
- Vous me suivez depuis combien de temps ? Vous avez peur de vous tromper de cible, ou c’est par simple politesse ? Ou alors vous ne savez pas comment introduire ce qui va suivre ?
- Euh…
- Ecoute-moi bien mon p’tit gars.
Je m’approche de lui et le fixe dans les yeux, alternativement le gauche et le droit, de mon seul œil valide.
- J’en ai rien à péter de votre vengeance à deux balles. C’étaient qui, vos connaissances ? Ceux qui avaient arnaqué leurs frères d’armes ? Ceux qui rejetaient les ordres de leur capitaine ? Ceux qui volaient dans le butin commun ? Ceux qui crachaient ouvertement sur le Code, peut-être ?
- Bah…
- Vous allez rentrer bien gentiment chez vous et remettre de l’ordre dans vos idées. Vous n’êtes ni les premiers, ni les derniers, à vouloir me tuer pour ce que j’ai fait, et je peux vivre avec ça, croyez moi. Alors cassez-vous, hors de ma vue.
Et je le dépasse, lui bousculant l’épaule au passage. Je perçois l’oppression de nombreux regards sur moi, mais je m’efforce de les ignorer.
Jusqu’à ce que l’un deux hurle un « à l’attaque » après avoir pris une grande bouffée d’oxygène.
Putain de chiasserie de bordel de merde.
Dégainant mon sabre d’abordage, je pare mon premier assaillant et place ma jambe en travers de son chemin, l’envoyant s’écraser la tête dans l’herbe fraîche de la rosée du soir. Déviant une autre attaque, je fous un coup de coude à un troisième, esquive un quatrième et bloque le retour du deuxième. Un cinquième reçoit un puissant coup de pied dans les côtes, tandis que je m’efforce de parer une nouvelle l’attaque. Un sixième, un septième. Merde, ils sont combien ? Je ne fais que les repousser, je n’ai aucune envie de les tuer, mais j’ai beaucoup de mal.
- Crève, ordure ! Toi et ton Code, allez en enfer !
Moi, en enfer, pourquoi pas. Mais le Code… Je me dégage, fais un pas en arrière, et, d’une main gauche agile, dégaine un pistolet et abat le provocateur.
- Le Code, c’est la Loi, et on n’échappe pas à la Loi.
Sur ces mots, je remarque que mes adversaires s’emportent. Le coup de feu a ravivé leur haine envers moi et ils attaquent de plus belle.
Trop nombreux pour moi. Je fais ce que je peux pour me dégager, tentant de les stopper uniquement par des coups non létaux, mais cette méthode est très limitée, rapidement dépassée par leur nombre. Je suis encerclé, mais fais de mon mieux pour les tenir à distance raisonnable, les empêchant de tous se ruer vers moi en un coup ; ça-et-là, je distribue quelques petites blessures de la pointe de ma lame pour les dissuader d’approcher.
Petit à petit, je m’arrange pour me décaler vers la falaise, abrupte, qui borde la mer. J’en jette quasiment un, mais il se fait rattraper in-extremis par l’un de ses compagnons. Me voyant au bord du précipice, ils redoublent d’effort pour me faire tomber. Entre mes tentatives de plus en plus difficiles de repousser leurs assauts, je jette un regard inquiet vers le bas. Les vagues heurtent inlassablement les rochers. Je ne vois pas le fond de l’eau. Profond ou pas ?
Oh et puis, merde, advienne que pourra. D’un pas mal assuré, je me retourne, prends appui sur une grosse pierre et me lance le plus loin possible. La chute est vertigineuse. Advienne que pourra, j’ai plus de chance de survivre à ça qu’au fil de leurs épées. Je n’ai pas envie de tous les tuer, et je pense ne même pas en avoir les capacités.
L’eau est froide. L’impact me sonne quelques instants, puis je me reprends et me précipite à la surface pour reprendre mon souffle. J’espère de toutes mes forces que la nuit tombante me masquera auprès de mes agresseurs.
Indemne mais exténué, je parviens à regagner la plage là où la falaise n’est plus qu’une petite colline. Trempé et en plein milieu d’une nuit noire sans lune, j’atteints enfin la taverne. Pour ne rien risquer, je réveille silencieusement le gérant, une vieille connaissance, et récupère rapidement les affaires que j’avais laissées là pour passer la nuit. Je rejoins ensuite le port et mets les voiles à bord de ma petite chaloupe.
Dans mes affaires, un élément clé, vital, essentiel. Le Code.
Il faut à tout prix que j’arrive à trouver un moyen de le faire respecter par tous. J’en suis le garant. J’en suis le gardien.
Le Code, c’est la Loi Pirate.
Dernière édition par Erik Ellington le Mar 28 Avr 2015 - 16:22, édité 3 fois