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Les réprouvées de Kamabaka

Une sensation de vertige, les pensées toutes en bloc, la conscience du corps qui revient sans se presser ; la vue des ombres rouges sur mes paupières closes que j'interprète comme un cri de mouette, le goût du trop plein d'alcool et du manque d'eau sur mes dents qui me revient sans confusion possible, je déglutis ; salement. Ça me dit que j'ai abusé la veille, première pensée claire qui me revient et qui me donne envie de repartir au pays des rêves et des pensées mêlées encore un peu, juste pour un moment.

Mais c'est au moment où je rêve que du sommet d'une montagne, je me jette dans le vide en hurlant de joie que je comprends que mon corps flotte pas à moitié dans une couverture chauffée par la nuit. Que cette sensation de vertige dans mon ventre existe pour de vrai, qu'elle existe autrement ; que ça bouge, que tout bouge autour de moi. Moment de panique qui me hiérarchise d'un bloc les priorités et transforme mes impressions en mots dans ma tête, tout prêts à être lancés. Mes paupières se décollent brutalement. Mes lèvres, aussi. Ma voix est rauque, elle pue le sel.

-Putain !

Autour de nous, partout, la mer ; l'horizon zébré d'éclairs, alors qu'au-dessus de nous, c'est le grand bleu, me gueule qu'on est toujours sur Grand Line, et loin du plancher des vaches. On : parce que le bateau, le foutu bateau sorti du néant sur lequel je me tiens debout, il déborde. Un bateau en forme de gondole, avec les froufrous sur la figure de proue en panache, les roses sur le bastingage, et même la statue de bois peinte pour évoquer le conducteur – qui m'a fichu une peur bleue quand je me suis levée. Et puis, au sol, à même les planches, la peau à l'air et les poings fermés, posées en tas anarchiques : Lilou qui bave sur l'épaule de la lieutenante Blacrow, Rei roulée en boule sur son tas de balafres, en train de respirer entre les orteils de la même lieutenante. Je devais être au milieu, le dos cassé sur une paire de jambes ; sûrement. J'ai les hanches qui tirent et les cervicales qui me font du caprice de bon matin. Je le sens même derrière mon crâne qui joue à réverbérer de l'écho sans cause extérieure et mes globes qui font du bruit en coulissant. Crade, trop rincée, et en même temps, j'ai quand même les sens qui marchent assez bien pour m'avertir qu'il n'y a plus aucune terre en vue.

L'angoisse ; je me souviens plus bien de la veille, juste des bribes. Impossible de me rappeler comment j'en suis, comment on en est toutes arrivées là. Toutes ? J'ai comme une sale certitude qui se forme.

-Lieutenante ! Yanagiba ! Lilou ! Debout !

Je les secoue. Elles ont du mal à émerger. Surtout Lilou, qui me repousse en grognant. Rien à foutre, cas de force majeure, j'insiste. Puis je suis en permission, je pourrais réveiller un amiral si je voulais. Y'a aucune loi, aucune règle contre ça, et j'ai toujours, même dans la brume, l'esprit assez éveillé pour savoir avec certitude que c'est rien que la loi qu'est capable d'inventer l'infraction.

Finalement, c'est Rei qui ouvre le plus facilement les yeux. Rei et sa rigueur militaire et son entichement bizarre pour un Craig que j'sens de plus en plus fuyant. Souvenirs de la veille qui me reviennent, le bonhomme en chocolat dans l'assiette et les deux premières bières, les sous-entendus. J'la regarde en essayant de penser à autre chose qu'à un tas de bout dépressif occupé à lui dégouliner sur la paluche. Y'a plus urgent que mes spéculations sur l'état de courage et d'énergie vitale d'un ancien camarade de front.

-Bienvenue sur Grand Line, sans navire, sans Log Pose, avec un temps instable et pas de terre à l'horizon, lieutenante.

Commandante, au temps pour moi. Je me fais d'autant moins à ces promotions que j'en ai été exclue suite au craquage de Ketsuno. M'enfin, c'est pas essentiel et si ça peut m'éviter de retourner trop souvent au front, ça sera pas plus mal. Si j'ai des trous en ce qui concerne la soirée d'hier, j'ai pas oublié la lettre que je porte dans la doublure de ma veste, que je découvre tâchée d'écume. On a du se ramasser une roulante quand on ronflait trop fort pour la sentir. Je tousse. Je cherche ma blague à tabac pour soigner ça. De toutes façons, je doute qu'on ait autre chose comme petit déj'. Et puis hier, la cuisine était trop lourde, trop sucrée. Elle m'est restée sur l'estomac. Et c'est pas faute de l'avoir solide.

-Dites moi que vous êtes navigatrice de formation, commandante. Même si c'est pas vrai, ça me fera plaisir.

Blacrow a l'air d'émerger, mais Lilou lui confisque son épaule ; de manière assez catégorique. Ouais. A l'horizon, les éclairs apparaissent et disparaissent pas intermittence, les nuages se font et se défont à une vitesse impossible. Grand Line ; on n'entend pas encore la foudre, mais elle pourrait nous tomber dessus à la minute qui suit. On ne sent pas encore l'odeur de la pluie mais on pourrait se retrouver à écoper à l'ancienne avant que j'ai tiré ma dernière latte. J'sais maintenant à quel point cette mer est fourbe et mauvaise avec les marins imprudents. Et là, elle aurait de bonnes raisons de nous envoyer par le fond. On tourne en rond autour d'un axe lâche, l'encre a l'air d'être jetée. Au moins, on n'est pas à la dérive, mais on est aussi vulnérables qu'un oiseau attaché sur une cible de tir. Faut qu'on bouge. J'sais pas pour aller où, mais faut qu'on bouge.

-Moi, j'y connais rien. En attendant qu'elles émergent, je suis à vos ordres.
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Quelque part dans un des trop nombreux dressing du château

Robe de Rei : Pssssit. Vous auriez pas de la Lavande ?
Robe de Rachel : De la quoi ?
Robe de Rei : De la Lavande voyons.
Robe de Serena : C'est une plante qui sent bon.
Robe de Lilou : Tu sais pas ça ?
Robe de Rachel : Oh vous savez, les plantes vertes...
Robe de Serena : ça m'étonne pas. Moi j'aime tout ce qui sent bon.
Robe de Rei : Pareil, mais là, dans ce placard...
Robe de Lilou : Oui, ça sent bizarre. Moins que dans l'atelier de Lilou...
Robe de Rachel : Moi je sens rien du tout.
Robe de Lilou : ...ou que Bee...
Robe de Rei : Vous voulez pas demander à cette robe de bal là bas.
Robe de Baal : Non désolé, je n'ai pour odeur que de la rose et en trop grande quantité.
Robe de Rachel : Tiens, tu es étrange toi, pour une robe.
Robe de Baal : C'est parce que je suis pour les invités aux épaules larges.
Robe de Rei : Ouais, des hommes quoi.
Robe de Lilou : ça vous inquiète pas tous ces emplacements vides, là ?
Robe de Rachel : Non.
Robe de Serena : C'est vrai qu'un cintre vide c'est triste. Au moins n'agressera-t-il personne ici.
Robe de Lilou : C'est juste que... nous on est là... et les étiquettes au-dessus des cintres indiquent...
Robe de Rei : Des robes de poupées... ?
Robe de Rachel : Tu as raison, ça fait peur un peu...


Quelque part au creux d'une des trop nombreuse vague au large

Nous ne l'avons jamais assez répété : l'élément naturel de Rachel, c'est la mer. Les vagues, les embruns, le sel qui assèche les lèvres et retourne l'estomac.

Les humeurs changeantes de la météo qui entraînaient une tempête au Nord-Est ainsi qu'une chaleur désertique plus au sud rendait la navigation si désastreuse que les vagues étaient tantôt plus hautes qu'un Alheiri, tantôt inexistantes. Et cette irrégularité berçait Rachel plus sûrement qu'une mère son enfant.

Ajoutons à cela une solide gueule de bois à laquelle Rachel n'était pas du tout habituée et dont le goût au fond de la gorge lui rappelait plus celui d'une maladie vénérienne que les relents d'alcool de fruits, ainsi qu'une bonne dose de médicaments pas tout à fait honnêtes et nous obtiendrons une jeune fille complètement amorphe.

Mais une jeune fille amorphe bien habillée.

Elle n'était pourtant pas la seule dans cette situation. Car toutes les femmes, pêle-mêle jetées dans cette gondole d'ordinaire fluviale, étaient grimées comme des oiseaux de paradis. La comparaison pouvait sembler flateuse, mais pour des femmes de la marine, il y avait de forte chances pour qu'elles prennent la mouche. Et il aurait été amusant de le faire remarquer à cette Serena, première debout, qui semblait faire un blocage à ce niveau. Elle n'avait toujours pas réalisé, la pauvre, focalisée sur leur survie à toutes. Toutes : une trentaine de femmes de fonction au quotidien sur le Leviathan ou l'Hypérion. Pour ainsi dire, Rachel ne connaissait presque personne et encore moins personnellement. Uniquement Lilou qui, elle, avait commencé sa nuit et venait d'entrer dans le sommeil paradoxal où l'on rêve d'un monde meilleur et d'un mec ténébreux légèrement sanguin et plus effrayé par la vie de couple que par les affres de la pendaison. Le coup de coude qu'elle donna à Rachel en se retournant, tandis qu'elle utilisait son épaule comme un oreiller, fit ouvrir un œil à cette dernière.

Sur le pont de l'embarcation de fortune et décorée comme pour le carnaval de Venise, aux couleurs, aux robes et aux masques près, les femmes se redressaient les unes après les autres, secouées tour à tour par Serena et Rei qui décidèrent de réveiller toutes les femmes costumées, à coup de baffes s'il le fallait. L'avantage, c'était que Rachel était navigatrice de profession. Enfin, elle était très largement capable de manœuvrer un navire et menait en général l'équipage en ce sens pour soulager le capitaine des ordres à hurler.

Souci numéro un, malgré tout, comment naviguer avec un navire sans voiles ni rames ou gouvernail ?

Souci numéro deux, en se frottant les yeux devant tant de couleurs, Rachel remarqua l'absence de sa robe noire. Remplacée par des rouges coquelicots, des jaunes pissenlits et des roses orchidées. Encore un peu dans le brouillard et les yeux flous d'avoir ingurgité des somnifères à doses trop élevées pour son organisme, elle effleura du bout des doigts les volants, saisit les fanfreluches de la robe saumon dont elle était affublée et la souleva jusqu'à son visage. Elle plissa des yeux. Dubitative.

-Oh...

Et sans un mot de plus, ni même un regard pour quelqu'un d'autre, elle s'évanouit.
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Des limbes sans fin tel un océan éternel. Pas des ténèbres, ni de la lumière. Non ! Juste de la fumée sans originalité et encore moins... De sens ? "Dood ?" Mhhh... De toute évidence, je pense que je suis folle, ou alors que je rêve et je ne saurais dire ce qui est vrai ou non. "Dood." Mauvais scénario ? De quoi tu parles ? "Dood !" Si tu tes trompé alors va t'en, on se reverra une autre fois... Je vous jure ces manchots ! Ils ne réussissent jamais à s'orienter même dans un songe des plus absurdes. Un songe ?

"Ah ?"

Je me réveille peu après l'aube, peut-être. Enfin tôt par rapport aux autres. Quels autres ? Sérieusement, je suis au milieu d'un tas de poupées sur une embarcation étrange au milieu d'un océan infini.

"Un rêve dans un rêve..."

Puis je me rendors, persuadée que tout ceci ne peut être réel. Sérieusement, Lilou sans odeur de cambouis et Rachel en robe colorée, qui pourrait croire ça réel ? C'est plus tard que sous la forme de Séréna la réalité vient me forcer à m'éveiller.

"Tout ceci est réel n'est-ce pas ?"

Au fond de moi la réponse est évidente. Debout dans une robe digne d'une princesse, avec les mêmes problèmes d'ajustement et de couture pour ce qui est d'éviter de tomber... J'observe la situation sous en angle nouveau puisque... Je ne suis plus allongée. Peu importe à quel point je porte loin le fruit de mûre interrogation, il n'y a qu'une chose qui est évidente. Nous sommes dans le purin jusqu'au cou et peut-être plus encore.

"Désolé Séréna."

Il n'est pas question de lui mentir. Surtout qu'on est ce jour. Oui, celui où je tourne une page sur mon présent, avec la même subtilité et dans l'ignorance la plus totale. Moi la première n'y a pas pensé jusqu'à maintenant et cela n'a pas d'importance au fond. J'observe ce qui semble être pour moi l'intégralité du personnel féminin du Léviathan et de l'Hypérion. Si je me souviens bien, celle qui pourrait nous sauver la mise c'est...

"Mais Rachel elle le peut, on va les réveiller en douceur. Inutile de les énerver la situation est déjà assez critique."

Je ne sais pas ce qui est le plus improbable dans notre situation, ce qu'on porte, où on est ou le fait que je parle autant avec un calme aussi prononcé ? Enfin, je ne pense pas que m'époumoner et mettre toutes les personnes dans un état encore pire soit une bonne solution. Du coup je commence à les réveiller en douceur. Comment ? Je le relève doucement en les tenants en dessous de leurs épaules et leur caresse une joue avec un doigt... Oui un doigt métallique après avoir retiré le gant qu'ils m'on mise pour que la sensation plus ou moins désagréable les fasse émerger. Petit à petit le retour à la réalité pour les trente princesses est dur, mais apparemment trop rude pour Rachel qui s'évanouit. Je m'agenouille à son niveau, pose sa tête dessus et lui fais un peu d'air calmement.

"Mesdemoiselles, nous avons besoin de tout le monde pour nous en sortir et la panique n'est pas une option."

Bon, je suis dans le flou, mais je pense que dans le pire des cas cela fait une journée qu'on est sur la mer. Donc, nous pouvons encore retrouver la terre ferme avant de mourir de déshydratation. Évidemment tout le monde ne partage pas mon point de vue pragmatique et il y a des esprits qui s'échauffent.

"Vous avez le choix, vous apitoyez sur votre sort, parlez chiffons et mourir. Ou vous pouvez coopérer, être une famille unie et survivre."

Je dis cela avec une voix légèrement plus grave, un regard et un ton sec qui ne laisse pas placent au doute et encore moins au refus d'obtempérer. En attendant que mes officiers supérieurs émergents, c'est moi qui tiens la barque. Quatre années au service de la marine dans cet équipage, les gens ont tendance à naturellement m'écouter surtout parmi les nôtres.

"Soyons réalistes, si elles voulaient nous tuer on ne serait déjà plus de ce monde. Il y a donc forcement un moyen, peut-être évident pour elles et tordu pour nous d'arriver à bon port."

Avec le langage militaire j'ordonne à certaines d'examiner l'embarcation même si elles n'ont pas forcément une marge manoeuvre énorme, l'une d'entre elles observe l'homme en bois puis une idée farfelue me viens à l'esprit.

"Peut-être qu'il faut demander poliment et gentiment au matelot de bois de naviguer ?"

On est sur Grand Line, sérieusement plus rien ne me choquerai. Je serais même prête à frapper trois fois les talons de mes escarpins pastel en souhaitant renter la a maison pour sortir de cette situation. Malgré tout, je reste tranquille. Si les officiers même subalternes ne restent pas serin dans ce genre de situation, pourquoi serait-on en droit de demander à ceux ou celles qui nous suivent de faire de même ? Alors que j'ai donné mes ordres, Rachel est toujours installée sur mes jambes en attendant que la méthode douce la conduise hors du monde onirique. Sérieusement, quand Craig... En tant que psychologue m'a dit que pour le jour de mes trente ans je partirai à la dérive, je ne pensais pas qu'il parlait au sens littéral. Bon, je n'ai qu'une idée pour remonter le moral, alors je commence à chanter et siffloté tout en continuant de caresser la joue et maintenant aussi la chevelure de ma supérieure pour qu'elle de réveil.

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Elle avait cette impression terrifiante d'être faite de bois. Que ses articulations s'étaient transformées durant son sommeil, ou encore qu'elle en manquait visiblement. Ses rêves, cette nuit-là, furent aussi étrange que la soirée qu'elle avait passé. Attendez... Quelle soirée déjà ? Elle tenta bien de s'en souvenir, sans pour autant pouvoir mettre la main dessus. A dire vrai, les trâces de la veille s'arrêtèrent en même temps que le spectacle de cirque qu'elle avait applaudit en hurlant et en dansant à son tour sur la table pour montrer à quel point elle avait adoré le show. Du reste... Rien. Le néant. Le noir. Le vide. Les abysses... Et une sacrée gueule de bois.

De fait, la rouquine ne fit pas cas des voix autour d'elle qui allaient et venaient dans sa caboche et ricochaient à l'intérieur en lui donnant la migraine. Elle reconnut la voix de Rei, lointaine et proche à la fois. Sur le coup, la rouquine eut l'envie foudroyante de la voir. Juste, de cerner son visage pour se remettre d'aplomb. Mais à nouveau, le noir, et une sacrée gueule de bois. Elle n'avait même plus le loisir d'ouvrir les yeux pour papillonner parmi le commun des mortels, et alors qu'elle se redressait sur son arrière train en essayant de comprendre ce qu'il se tramait, elle saisit surtout qu'il y avait un problème d'ordre très majeur :

Mes faux cils sont collés ensemble...

Au milieu des Serena qui faisait tout pour changer la donne, ou des Rei bien pensantes qui cherchait à faire au mieux, Lilou eut tout l'air de débarquer complètement dans ce bousin sans vraiment remarquer qu'elle y était depuis le début, et enfoncée jusqu'au cou. Se passant une main dans les cheveux, elle constate qu'on lui avait viré son chignon serré au profil d'un brushing de princesse laquée. Elle se savait immonde, sans se voir pourtant. Et en passant ses doigts sur sa tenue, elle ne reconnut pas sa tenue stricte et son tailleur bien coupé. Des froufrous, des fleurs, elle n'osait imaginer la couleur...

Pinçant les lèvres, elle poussa un long soupir désespéré. Elle devait rêver encore. Et son inconscient savait juste se montrer très persuasif. Les embruns marins, la ballottement de l'eau, la fraîcheur ambiante, ou cette sensation de moiteur... Même les coups de tonnerre dans son dos... Ou l'intonation inquiète de Serena, tout ça, c'était du flan. Elle était probablement encore dans sur son matelas à eau, à dormir comme un bébé, en rêvant juste du pire... Et son estomac qui était en train de se retourner dans son ventre, c'était juste un détail.

Un détail qui la fit néanmoins vomir par-dessus bord. Elle eut à peine le temps de se rattraper au bord qui sentait la rose et qui lui donna encore plus la nausée. Et la douleur qui la traversa sur le moment, l'impression que son estomac était en train de tenter de digérer du vide puis de le recracher, la fit se réveiller en sursaut... OH MON DIEU ! LES OKAMAS AVAIENT OSE ! Crachant la bile qui lui restait dans le fond de la gorge, elle lança un regard furieux en direction de... de... d'une forme étrange qu'elle perçut devant elle en pensant parler à Rei, et lança d'une voix grave et autoritaire :

On va régler ça, mais d'abord, enlevez moi ces trucs que j'y vois ! Elle s'approcha et jura : PROMIS, je ne vous enverrais pas en corvées, même si ça fait ma-AAH !

Le coup sec la ramena à la réalité, et elle recouvra la vue comme la sensation de douleur qui se diffusa jusqu'à l'arrière de ses globes. Elle tomba nez à nez avec Serena qu'elle avait pris pour Rei, et comprit pourquoi son vis-à-vis ne s'était pas gêné pour s'exécuter. Bon, malgré sa mine fâchée et ses yeux rougis par les larmes, une promesse était une promesse... Même si on venait de lui épiler les cils à la superglue. Au moins, elle pouvait voir elle aussi l'horizon derrière l'eau qui noyait ses yeux, l'orage qui s'annonçait.
Prendre les choses en main ? Oui, pourquoi pas. Faire le tour des effectifs ? Bon, c'était vite plié, ça, comme tâche. Ensuite, faire le tour des effectifs manquants à l'appel ?... Lilou grogna dans son fond de teint trop pâle. Réveiller Rachel parce qu'elle n'avait aucune idée de quoi faire et de comment s'en tirer pour cette fois ? Mhhh, bonne initiative. Ainsi, elle attrapa la princesse gothique par les épaules, et la secoua comme un prunier en lui hurlant dans les bronches :

RACHEEEEL TU PORTES DU ROOOOOOSE ET DES PAILLETTES !

Si avec ça, elle ne se réveillait pas en sursaut avec elles dans ce cauchemar, elles étaient tout bonnement perdues.
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-KYAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAHHHHH !
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Tiens, c'est vrai. J'avais pas fait gaffe, mais c'est vrai qu'elles sont salement sapées, on les a pas loupées. La même pour les moins gradées, les anonymes que j'commence tout juste à capter. A croire que la gueule de bois donne une tendance à l'élitisme. Mais j'serais plus tentée de croire que c'est la hiérarchie et l'habitude de fréquenter des porteurs d'épaulettes qui me monte à la tête. Je m'en veux un peu. Je me reconcentre sur ma blague à tabac, du coup.

Ma blague a tabac qui est étrangement douce.

Ma blague à tabac qui est étrangement vide.

Ma blague à tabac qui est étrangement rose.

Ma blague à tabac qui s'est transformée en une odieuse petite poche en soie en forme de cœur.

J'ai de la sueur qui suinte sur les tempes.

-Ah les garces !

Je comprends pas comment elles ont pu me faire ça. Je comprends pas. Pas non plus comment j'ai fait pour pas m'en rendre compte. Je suis plus pétasse que Barbie, plus maquillée que je l'ai jamais été, même aux heures sombres, même du temps où je me respectais pas. Et en plus, on m'a fichu des talons ! J'avais juré que plus jamais je sauterais dans ces putains d'espadrilles d'esclave, qui t'empêchent de courir et de laisser tes jambes faire leur vie comme elles l'entendent. Aller hop, à la baille, en espérant qu'elles se feront bouffer et digérer par un monstre local qui kiffera assez le menu pour pas nous chier du résidu pailleté qu'ira se plaquer dans le fond de l'océan ! Puis pareil pour ces faux ongles, qui m'arrachent les paumes quand je veux fermer le poing ; pour cette ceinture fluo qui me mord les hanches ; pour ces collants résilles qui m'évoquent plus la taule que les cabarets enfumés. Et surtout... surtout, pour cette chose infâme qu'on m'a collée sous la robe des fois que j'ai de grosses envies de respirer. Un corset, serré. Fichue invention du diable, va... te... faire...

-Gnnnzonfaituntriplenoeudmrrrgrrrzrrrrrr ! Bwaaah !

Enfin, je souffle. J'ai plus que cette robe à la con et je me suis désossé les épaules, mais je me plains pas, je dois avoir la moins encombrante du lot. Presque portable une fois le corset viré. Dommage qu'elle ait visiblement été taillée pour une fillette de douze ans, j'ai craqué toutes les coutures quand le corset a bien voulu me laisser la vie sauve. J'souris. J'ai l'air d'une fleuriste un peu pétée, quand je me regarde dans l'eau. Maquillée outrageusement, mais les pieds et les jambes à l'air sous ma robe. Tant pis pour la clope matinale. J'imagine que les roulées, c'était pas assez classieux pour les okamas.

Et c'est là que notre navigo s'est réveillée. Avec tout le reste de la gondole avec elle. Je la connais pas trop, du coup, je peux pas ne pas m'étonner de son manque de contrôle. Tout ce que je sais d'elle, ou presque, ce sont ses galons, et son appartenance plus que prolongée à l'élite. Quelque part, ça me conforte un peu dans l'idée que tous les anciens du BAN sont complètement borderline. Et que la régulière, c'est quand même plus sain.

Pour moi, le premier choc est passé. Et maintenant que j'ai la moitié de mes atours qui flottent autour de nous, je me sens même bien. La barre au crâne, un peu, mais léger. Et je pense pas que ce soit la bière de la mère Mounthood qui en soit la cause. Mais bref. Je la joue pragmatique. Je m'approche du gondolier de bois, et je me mets à chercher. S'ils nous veulent pas du mal à ce point, on devrait trouver de l'eau et du petit déj'.

Je frappe ; ça sonne creux. Mes mains suivent la ligne du bois, jusqu'à ce que je butte sur un verrou, juste dans son dos. Verrou que je chauffe à blanc en le calant bien dans ma paume, et que je refroidis aussi vite que je peux. Ça, deux-trois fois. Pendant ce temps, ça s'agite à bord, mais j'ai encore besoin de rester concentrée pour faire ça. Je bouge pas. Puis quand j'ai l'impression que c'est bon, je ramasse une chaussure perdue et je la fracasse sur l'acier ; qui cède. J'ouvre la trappe du gondolier.

Et là, je déchante.

Il y a un gros coffret façon pierres précieuses en verre et joli moulage de poupée, tout doré. Et un mot qui pendouille sur le côté, qui dit :

Bonjour mes chéries ! Nous espérons que vous avez bien dormi, et que vos nouveaux habits vous plaisent beaucoup beaucoup ♥. Nous prenons soin de vos beaux mâles, et comme nous ne voulons pas que vous vous ennuyez pendant que nous sommes ensemble, nous vous avons préparé un super jeu de piste ! Pour commencer, félicitations pour avoir trouvé la première clef, qui ouvrait la serrure de la cachette secrète de Tomy, votre merveilleux chef de bord ♥. La suivante se trouve... sous la semelle de chaussure de l'une d'entre vous ! Vous trouverez un autre indice dans le coffre, ainsi qu'un petit déjeuner frais et léger pour entretenir vos silhouettes de guêpes ! Bisous bisous ~

Le verrou est intégré à la structure du coffre, j'arrive pas à le chauffer. Mais y'aura bien quelqu'un pour balancer une magie de Grand Line dessus. Je me disais bien que j'étais pas confort dans mes pompes, et j'ai pas du tout envie de plonger. Mon démon me le pardonnerait jamais.
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Alors que nos consœurs ont fait le tour du navire, l'une d'entre elles vérifiant se brave Tomy de Bois... Je viens sérieusement de donner un nom à cette statue ? Bref ! Elle avait vu le coffre et venait de nous en faire part quand Serena avec toute sa subtilité l'a ouvert sans la clef. Bon, je ne critiquerai pas le résultat, mais j'espère bien qu'elle ne va pas tester sur tous, je n'aimerais pas que... En fait qu'est-ce que j'en ai à faire de finir ce jeu de piste ? Ah si, elles sont surement suffisamment tordues pour que cela ne soit que...

"Ah un mot Séréna ? Peut-être qu'en finissant leur jeu à la noix, on finira par rentrée sur... QUOI ?!"

Je regarde sous mes semelles, rien... Je vérifie celles de Rachel pendant que les autres font la même chose et...

"Par la sainte barbe, vous ne jetez plus rien à l'eau !"

Pendant que je disais ça, j'étais en train de retirer ma robe et mes espadrilles, me laissant en lingerie fine rose à cœur, avec mes gants et mes collants rose-pastel couvrant en grande partie mes membres métalliques juste avant le bruit d'une personne se jetant à l'eau dans tous les sens du terme. Oui, j'ai gueulé un ordre à mes supérieurs ? Mais là, elles ne feront pas de crise, au vu de la situation elles comprendront quand même... Bref, j'ai plongée, la bonne nouvelle c'est que le poids de mes membres mécanique m'entraîne plus rapidement au fond, la mauvaise nouvelle c'est qu'ils le font aussi.

Je descends dans les ténèbres des abysses, je les vois pourtant. Je les rate, je les ai caressés du bout du doigt, une fois, juste un petit peu plus ! Non, tu ne peux pas me faire ça... Je dois tenir, je dois...

Quelques minutes plus tard sur l'embarcation, les deux membres féminins de mes forces ayant vu la plaisanterie arriver, me remontent, me font du bouche-à-bouche et souffle. Alors que je reprends mes esprits quelques minutes après, je les interroge du regard...

"Mh ?" "Nous étions aussi levées tôt." "Et ?" "On a pensé que c'était un de leurs jeux." "Donc ?" "On a gardé les deux clefs et attendu." "Mais ?" "Vous ne nous avez pas réellement donné l'occasion d'expliquer la situation." "Bien, merci."

Je souffle un bon coup. Je ne semble pas énervée, mais je le suis... Par ma bêtise. C'est vrai que je n'ai même pas pris la peine de demander à nos demoiselles si elle n'avait pas d'information ce qui est une grave erreur. Enfin, au moins je pense avoir le mérite de connaitre le nom d'un bon tiers d'entre elles contrairement à d'autres... Bon, je triche en partie l'Hypérion est plus petit que le Léviathan et le pourcentage féminin n'est pas proportionnels sur les deux navires. Pour le Serenity je ne saurais le dire. Je vais vers le coffre de Tommy de Bois. Mets la clef et... elle n'entre pas. Je force un petit peu, envoie un appel au secours visuel à Séréna puis Lilou en espérant que le coffre n'est pas abîmé puis je réfléchis.

"J'ai pris la mauvaise clef c'est ça ?"

Elles n'osent rien dire, mais vu qu'Ayame est à moitié morte de rire et se contient à peine de pouffer... Ce qu'elle arrive finalement très bien à faire suite à un de mes regards froids. Je prends la bonne clef, ouvre le coffret qui permet d'avoir un petit mot qui explique comment ouvrir le coffre caché sous le plancher que j'ouvre aussi et...

"Les Okamas savent compter non ? Elles pensent sérieusement qu'il y a assez de nourritures pour nous toutes ? Je ne suis même pas sûre que ça va nourrir le quart d'entre nous..."

Me sentant vaguement énervée, je ne lis pas le mot, je le prends et le tends à Lilou. J'ai heureusement assez de contrôle sur mes nerfs pour éviter de le déchirer même si l'idée ne m'a pas réellement parcouru l'esprit, c'est juste au cas où.

"J'imagine qu'on va devoir jouer à ce petit jeu une partie de la journée Lilou. Et n'oublie pas de prendre la clef, cela peut poser problème."


Dernière édition par Rei Yanagiba le Mar 12 Mai 2015 - 14:26, édité 1 fois
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-Des gâteaux secs pour vingt personnes, c'est pas si mal que ça...

Rachel se tenait finalement debout au milieu de l'assemblée plus ou moins alerte désormais. Toutes avaient les oreilles grandes ouvertes et beaucoup scrutaient l'horizon dans l'espoir vain de trouver une terre dans une direction ou dans une autre. Mais c'était surtout pour se donner un but, une chose à faire, car pour l'instant, elles n'étaient pas nombreuses. Une petite dizaine de personne était concentrée en cercle autour de Serena et des petits mots griffonnés sur les bouts de papiers qu'elle tenait à la main. Rachel pencha la tête sur le côté et se frappa la tempe de la paume de la main pour faire sortir l'eau de ses oreilles.

-Que celles qui ont la gueule de bois se les partagent. Je vous laisse ma part.

Rachel, encore un peu groggy, détaillait les visages des filles qui lui faisaient face Quelques-unes prenaient le problème à bras-le-corps et cherchaient une solution, comme Serena, Rei, ou certaines de son équipe, les autres attendaient les ordres ou restaient simplement passives.

-Ne faîtes pas ces têtes, c'est comme un jeu de piste.
« Parce qu'elles s'amusent à nous droguer et à nous jeter en mer avec peu de vivres ? »
-Oui, les drogues étaient peut-être de trop...
« Et l'eau potable de manque ! »

Rachel s'assit et entreprit d'enlever sa chaussure et retira l'eau qu'elle contenait. Elle répéta l'opération avec la seconde chaussure puis se débattit avec sa crinière brune qu'elle essaya de sécher avec la robe que Rei avait enlevé plus tôt pour sauter à l'eau.

« Dîtes, pourquoi vous êtes mouillée ? »
-Lilou m'a jeté à la mer pour me faire taire. Et me réveiller.
« Ah c'est pour ça que vous êtes en sous-vêtements vous aussi alors ? »
-Non, c'est juste que le rose me donne de l'urticaire.

En effet, Rachel arborait de magnifiques dessous en dentelles noires et blanches qu'elle avait retrouvé avec satisfaction en jetant ses volants pailletés par dessus bord. Il ne faisait pas vraiment froid – en tout cas elle n'avait jamais froid – alors elle ne s'en était pas privé. Même si elle regrettait légèrement en observant la Commandante Yanagiba (qui déjà la dépassait en taille) et dont la poitrine était bien mieux mise en valeur que ne pouvait l'être la sienne. Son propre soutien gorge, déjà pas bien large, était encore trop grand pour ses seins qui peinaient à en remplir le bonnet. Avec une moue boudeuse que beaucoup n'eurent pas le loisir d’interpréter, elle se détourna.

C'était après avoir vu sa robe s'envoler qu'elle avait eu une idée. Pas brillante, mais une idée tout de même.

-Avec l'orage qui se prépare, le vent va bientôt forcir. Nous allons nouer toute nos robes ensemble et faire ainsi un semblant de parachute. Ça ne vaudra pas une vraie voile, mais ce sera mieux que rien. Rei, tu peux essayer de trouver l'ancre qui nous maintient sur place s'il te plait ? Tu la remonteras quand nous serons prêtes. Serena, puisque c'est un jeu pour elles, il y a d'autres indices sur la direction que nous devons prendre ou sur un éventuel prochain papier ? Lilou ? Tu as un moyen de prendre de la hauteur pour tenter de nous repérer ou elles t'ont tout pris ? Sinon, je peux te projeter...

Ahhhh. Les vacances ça fait du bien, mais à bord d'un navire chaviré par les vagues, au milieu d'une équipe à l'écoute et à donner des ordres, il n'y avait que ça de vrai. Et Rachel se sentit de nouveau comme un poisson dans l'eau.
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Ces garces m'ont tout enlevé, souffla Lilou.

Ses tournevis avaient disparu, et ça, elle ne s'en remettait pas. Elle n'allait par ailleurs certainement pas pardonner cette bassesse. Il ne lui restait rien de son attirail. Monty lui avait évité par chance qu'elle ne perde inutilement plusieurs de ses gadgets, mais quand même... Ses tournevis là étaient ses favoris. Et elle tenait vraiment à les récupérer. Comme à rester en vie. Et à retrouver le reste de l'équipage, évidemment... Même si sur le coup, ça lui parut parfaitement secondaire tellement elle se trouva frustrée dans cette immonde robe de princesse.

Je le savais que ce séjour était une mauvaise idée... Je le savais ! Râla la jeune femme à voix haute. Voilà pourquoi elle avait retardé l'annonce. Pourquoi elle avait tout fait pour changer la destination. Pourquoi elle avait remué ciel et terre pour essayer de joindre l'enflure qui les avait mises le nez dans le fond de teint. Peine perdue... Mais non, l'Amiral a insisté pour ces vacances, il a persisté et signé le gros chèque pour nous envoyer là-bas... Et bilan ? On se retrouve au milieu de nul part avec une tempête à l'horizon, déguisées en clown et en licorne, la moitié de l'équipage perdue dieu sait où, tout ça pour les beaux yeux de Shiro...

Poussant un long soupir désespéré, la rouquine tira sur ses vêtements pour déchirer le tour de sa grosse robe. Ses manches gonflées y passèrent aussi, et elle prit soin de les découdre avec soin pour garder le tissus. Ce dernier allait servir pour la grosse voile que Rachel voulait monter. Quant à elle, elle avait un autre travail à remplir, qui n'allait pas être des mieux faits, mais qui conviendrait pour quelques minutes :

Il a de la chance d'avoir vraiment des beaux yeux celui-là, parce que sinoooooon... continua-t-elle de se plaindre en attrapant un long ruban dont elle testa la solidité afin d'être sûre de pouvoir s'y fier...

Se tournant vers les autres filles à bord, elle fit mine de réfléchir. Passant par chacune d'elle, elle fit le tour des fringues que toutes mettaient à contribution, avant de s'arrêter vers sa cyborg préférée :

Je t'emprunte ça, lança la jeune fille en tirant sur le bustier en faux-cuir rosée de Rei avant de reprendre : Et il me faut les baleines de ton soutien-gorge, Serena !

Elle avait l'oeil pour repérer ce genre de choses. Et pendant que l'autre rouquine à bord se débrouiller pour lui filer ce qu'elle avait demander, Lilou se mit à coudre à l'aide du ruban ce qui pouvait ressembler de loin à son combinaison de vol. En moins bien fait cependant...

Je vais pouvoir planer quelques secondes de plus en haut pour vous indiquer la direction... fit-elle une fois son entreprise presque terminé. Elle l'enfila avec quelques difficultés, se faisant aider pour serrer les manches. Lance moi le plus droit et le plus haut possible pour que j'ai la chance d'attraper un courant en retombant. On répètera l'opération jusqu'à ce que j'arrive à planer. Ça sera archaïque et casse-gueule, mais ça devrait faire l'affaire. On ne doit pas être très loin des côtes, alors je vais essayer de voir vers où ça sent le meilleur pour nous orienter... C'était bien tout ce qu'elle pouvait faire... Prête ? Demanda-t-elle à sa compagne gothique le plus sérieusement du monde.

Il n'y avait pas à dire... Elles formaient toutes une sacrée équipe de bras cassés en froufrous.
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Quand je lève les yeux, je peux voir Lilou qui me cache le soleil en jouant les cerf-volants sans ficelle. On voit bien celle qu'a eu la chance de pas tomber sur une supérieure hiérarchique qui lui ferait bouffer une malédiction à son insu. La mer me manque un peu, physiquement parlant. Et malgré la situation, j'peux pas m'empêcher d'être un peu triste en regardant Rachel qu'est encore trempée de sel, Rei qui sort de l'eau en ayant nagé malgré la ferraille de substitution qu'elle se trimballe. On aurait du la réformer, la pauvre, c'est pas comme si elle avait pas déjà assez donné... Mais les jurons de Germaine qui se retrouve avec un gâteau sec aux graines de lin pour le petit déj' me reconcentrent. Ouais, Germaine. Une caporale plutôt sympa, avec une tendance à aller piller la cuisine en pleine nuit. Chacun son truc, le mien, c'était plutôt la cave de Ketsuno.

Ahem. Concentrée, j'ai dit.

Du coup, dans la trappe avec les biscuits, je me mets à cogner contre chaque paroi. Jusqu'à en trouver une creuse, forcément. Je vais pour l'arracher, mais je vois qu'elle peut se retirer par le haut. Elle rejoint toutes ses copines en paillettes et en tissu à la mer. Et puis, y'a encore un petit mot :

Félicitations, tu as trouvé la cachette secrète, qui donne accès au bonus de la partie ! ♥ Pour le trouver, pose ta main contre la planche opposée à ce message... voilà, tu y es ? Bon ! Ensuite, déplace la de trois fois sa largeur vers la droite, et dix fois vers le haut ! Tu arriveras à un point précis du bastingage. Lève-toi, et tape un coup bref, quatre longs et deux brefs. Surprise surprise ! Petit indice pour la suite : cela ne suffira pas à rentrer, mais vous serez tranquilles avec les gros orages tout noirs ! Ce beau gondolier ne les aime pas ♥. Mais j'en ai déjà trop dit, hihihi !

-Il se passe quoi, là ?

Je me suis exécutée. Je me retourne. Germaine, comme quelques autres qui ont capté, regarde le mannequin de bois avec des yeux terrifiés. Que je tarde pas aussi à adopter quand je capte ce qui est en train de se passer.

-Lilou... faut redescendre Lilou, tout de suite !

Mais ça sert à rien, elle s'est envolée sans amarre, et je tourne sur place comme une perdue, à gueuler des ordres qui n'en sont pas, parce qu'ils parlent de voile et de mat de misaine, de rames et de gouvernail, et qu'on n'en a pas. On n'en a pas encore trouvé.

La cause de tout ça, c'est notre hôte de bord, le gondolier en string et chapeau, le tout sculpté et peint en couleurs trop vives. Il s'est réveillé. Et sa gaffe, qui doit être une rame ou bien toucher le fond, nous pousse à toute allure dans la direction opposée à celle de la tempête.

Tout en laissant Lilou sur le carreau ; ou à proprement parler, au-dessus.

On gueule toutes des ordres contradictoires, j'ai peine à me calmer, d'autant que c'est moi qu'ait provoqué ça. Un moment, j'pense cramer le gondolier, mais j'me dis vite aussi que le temps que j'y arrive, on aura déjà fait le tour de Grand Line. Ça a l'air d'être du bois solide, assez pour supporter cette vitesse de mouvement et le poids du bateau. Du coup, je fais un truc débile, mais qu'a au moins le mérite d'être autre chose que des ordres donnés sans qu'on puisse rien faire avec.

Je cherche un autre indice. Et je dois dire que dans la cohue, c'est pas facile, que j'écarte des soldats et des femmes de rang à tour de bras et pas forcément très gentiment. Pour finalement retomber sur la cache aux biscuite. La conne. Au fond de la boite, y'avait aussi un mot...

Bravo, tu as trouvé le petit déjeuner solide ! Il te reste à trouver les boissons et les fruits, le plus important pour pouvoir conserver ton teint de pêche ♥ Pour cela, une petite charade :
Mon premier est un couple ♥
Mon second est un murmure amoureux ou un amant impétueux !
Mon troisième est une jolie note de musique.
Mon quatrième pourrait être peu, comme on dit souvent !
Mon tout désigne une petite zone du bateau où le quatrième indice est suspendu à une bouteille, avec à côté un grand panier garni ! Profitez, profitez ! ♥

Lilou n'est plus qu'un point dans le ciel ; pas de foutu gouvernail à l'horizon, juste des clémentines et des fraises ; ahah. Maintenant, faudrait mieux pas qu'elle nous retrouve. Elle nous tuerait, et tout Kamabaka avec.
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Un corsé en faux cuir retiré plus tard... Qui me permet de mieux respirer quand même. Il est temps d'aller chercher l'ancre, effectivement, il va bien falloir qu'on la lève avant que la tempête ne soit trop proche. Bon, ce n'est pas forcement le plus dur à trouver, je le remonte une fois moi-même de nouveau à bord. Enfin, je veux dire que je suis la chaîne, pas que je la retire. Bref, donc une fois la piste suivie, je me rends compte qu'en haut, c'est... Étrange.

"Faites attention, on dirait presque qu'il y a un système mécanique derrière l'ancre. Peut-être que..."

Trop tard, cette fois-ci, elle remonte bel et bien. Alors que Lilou joue toujours les filles de l'air, notre navire se prépare à appareiller et ce n'est pas une bonne nouvelle. Enfin, cela serait le cas si l'on ne risquait pas de laisser dernière nous Lilou alors qu'une tempête approche. Serena commence à hurler des ordres pas forcement les plus judicieux et je ne suis pas sûre que ce soit la seule. Moi, j'ai mieux à faire que de perdre mon sang-froid à essayer d'aller à contre-courant alors que l'on ne contrôle rien.

Premier réflexe, je fais le tour en essayant de ne pas laisser la panique prendre le dessus. Une corde, une corde ! Il doit bien y avoir une corde ? Elles sont trop... Enfin elles sont trop pour nous laisser sans moyens de repêcher quelqu’un tombé à la mer. C'est un jeu de piste, un peu trop poussée, mais un jeu. Aussi différentes soient-elles, elles ne nous permettront pas de mourir aussi facilement... Sortis de son contexte cette phrase est... Enfin peu importe ! Une corde ! La voilà, bon elle ne fait pas des miles, mais ça sera toujours ça de pris.

"Accrochez l'autre bout solidement."
"Bien commandante."

Tenter de m'arrêter ? Pourquoi perdre du temps inutilement ? Non, les deux demoiselles obéissent et n'en pensent pas moins. Pour ma part je mets un gilet de sauvetage qui est MILLE MILLIONS DE MILLE SABORDS C'EST QUOI CA !!! J'ai failli me tuer enfilant cette chose... Je sais qu'elles se disent qu'il faut souffrir pour être belles, mais un gilet de sauvetage aux couleurs criardes et faisant office de... Laissez tomber, j'imagine qu'entre être "jolie" ainsi qu'en vie et revirer il faut choisir.

Je m'accroche à la corde, avec un... Cette chose sur moi et me jette à l'eau. Je me prépare à retirer la corde si nécessaire, je sais qui Lilou dois savoir nager, mais avec sa tenue de vol improvisé pas sur qu'elle flotte et encore  moins qu'elle puisse se retourner une fois sur la surface. Je t'interdis de te noyer dans une tenue aussi ridicule Lilou, ou même de mourir tout court en fait.
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Alors c'était ça qu'on appelait « panique à bord » ? À pas grand chose près, ça ressemblait à une mutinerie après laquelle personne n'aurait pensé à nommer un capitaine. Les ordres étaient criés les uns après les autres, contradictoires. Parfois en même temps ; mais contradictoires. Rachel avait bien essayé de faire la même chose : donner des ordres. Toujours contradictoires. Faire entendre sa voix était parfois compliqué, surtout au milieu de filles dont les aigus parvenaient à bloquer toutes les fréquences. Et beaucoup avaient appris à parler plus fort qu'elle, même si elle avait joué la bosco pendant quelques années. En général, on l'écoutait sans avoir eu besoin de se déchirer une corde vocale. Ce serait dommage d'en perdre une après tout. C'est moins esthétique à l'oreille après.

Tout comme c'est dommage de perdre un bras, oui. Aussi.

Alors pour se faire entendre d'une assemblée de femmes qu'elle ne connaissait pas, rien de mieux que d'utiliser la manière forte. Lilou aurait donné un petit coup de jus de Haki royal, mais Rachel n'avait pas ce sang là, ni même de D à donner en pâture à un pouvoir efficace. Elle préférait investir dans le son et lumière. Celui qui est inefficace mais qui cloue le bec de stupéfaction.

Et la faucheuse d'environ 3 mètres qui apparut au milieu de l'esquif chahuté par des vagues d'écumes et de filles en émoi eut le mérite de capter les regards et de figer les corps. Il y eut quelques cris supplémentaires, de peur ou de stupeur, mais au moins, chacune n'y allait plus de son commentaire sur comment gérer la situation. Celle qui avait la plus grosse allait pouvoir décider de la marche à suivre. Et pour l'instant, c'était Rachel. (Et par plus grosse, comprendre silhouette fantomatique, brumeuse, noire, osseuse, illusoire et carrément flippante qui grandit dans le dos d'une fille gothique de base).

-TOUT LE MONDE SE CALME ! Que tout le monde cherche un moyen de faire un gouvernail ! N'importe quoi fera l'affaire tant que vous réussissez à faire demi-tour. Cinq filles avec moi pour tirer Rei hors de l'eau avant qu'elle ne se noie encore. Serena ! SERENA !! Si dans dix secondes on a pas fait demi-tour ou que tu n'as pas réussi à arrêter cet engin, détruis-le !

Les deux grands yeux verts qui brillaient dans la brume qui avait commencé à s'élever autour de Rachel comme les prémisses d'une promesse effrayantes cessèrent de brésiller. À la place, le regard de notre brune brilla de mille feux. Utiliser cet artifice pour leur en mettre plein la vue avait souvent cet effet là. Elle était contente d'avoir réussi à n'en pas faire plus. Ça l'aurait dérangé de faire sa « m'as-tu-vue ? ».

De son bras valide et aidée par cinq filles qui avaient été désignées volontaires par leurs voisines, Rachel tira Rei en sens contraire et réussit à la ramener proche du bastingage. Elle eut bien vite compris qu'on la rappelait à bord et elle avait fini par abandonner et avait repris le chemin vers le groupe ; à contre-cœur cependant. Lorsqu'elle fut à portée de voix, Rachel se permit ces quelques mots :

-C'était stupide et suicidaire ! Le bateau continuait d'avancer, tu n'aurais jamais eu assez de corde ! Et la prochaine fois, jette quelqu'un de valide à la mer, l'héroïne !

Non, elles n'étaient pas du même équipage, oui Rei était théoriquement aussi gradée qu'elle, mais Rachel s'en fichait : ça faisait longtemps qu'elle ne suivait plus les règles de la régulière. Et puis, il valait mieux lui dire en face ses conneries, c'était valorisant. Même si c'était difficile pour elle d'engueuler quelqu'un. Enfin, engueuler... elle n'avait pas vraiment haussé le ton, juste pris un de reproche.

-Mais j'y pense... Yanagiba... On ne s'était pas déjà croisées après l'attaque du QG de North Blue ?
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Lilou vit immédiatement la différence entre son nouveau costume pour voler et l'ancien qu'elle avait soigneusement laissé dans sa valise au lieu de l'enfiler sous sa tenue d'officier trop sérieuse. Et elle le regrettait amèrement. Parce que planer avec les moyens du bord, c'était vraiment pas des plus simples. Et alors qu'elle tentait d'attraper un courant et de se maintenir à flot, la rouquine poussa un long soupir lassé.
Se retrouver dans cette merde jusqu'au cou... Après Jaya. Après Alabasta. Après Drum. C'était le summum du grand n'importe quoi. Elle avait vécu bien des aventures du haut de ses vingt six ans, mais jamais elle ne s'était imaginée qu'elle terminerait en jupons, en robes de princesses, avec tellement de laque dans les cheveux qu'elle n'arrivait même plus à passer ses doigts dans son affreux brushing.

Restait à déterminer qui, parmi la foule d'Okama en folie, s'était dit que c'était une bonne idée de les habiller comme ça. Pour lui faire payer son idée puissance mille avec un bon poing dans les molaires, histoire de remettre les pendules à l'heure. Ouais. Elle avait la claque qui la démangeait violemment, alors qu'elle guettait l'horizon en essayant de maîtriser son poids comme elle le pouvait. Virevoltant au-dessus du navire de fortune, voyant ses filles fourmiller de sa hauteur, un autre soupir lui échappa. Il n'y avait rien, à l'horizon. Seulement de gros nuages noirs très menaçants, trop menaçant, et sinon, de l'autre côté, un grand ciel bleu dégagé...

Les cris sous ses pieds attirèrent son attention. Mais même en plissant les yeux, la rouquine ne réussit pas à voir ce qui se tramait... Les filles semblaient... Faire n'importe quoi, pour changer. Sûr, ça n'était facile pour aucune d'entre elles d'être fichues de ces affreuses robes à froufrous et laissées à la dérive au milieu de Grand Line avec une tempête qui approchait.

Lilou choisit donc de se reconcentrer sur sa tâche. Elle DEVAIT trouver la direction. Une issue. DU ROSE, bon sang de bonsoir ! Pour une fois qu'elle en cherchait ! Pour une fois qu'elle en réclamait ! Voilà qu'il se faisait prier... C'était un monde ! Elle retint un grognement dans le fond de sa gorge, en passant son poids dans l'une de ses jambes pour se permettre de virer de bord. Elle prit légèrement de la vitesse, pour s'éloigner momentanément du navire. Puis, elle écarta les bras pour que l'air s'engouffre dessous et que la toile de fortune se gonfle.

Elle parvint ainsi à prendre légèrement plus de hauteur, passer au-dessus d'un nuage même, et redescendre la seconde d'après. Mais ce maigre temps passé au-dessus lui permit de voir ce qu'elle cherchait. Là-bas. Tout là-bas, un peu plus à l'est, un cœur trônait sur la ligne d'horizon ! Un énorme cœur dégueulasse qui ressemblait à un gros gâteau fourré au chocolat !

Alors, Lilou piqua immédiatement vers le sol. Plus de temps, elle ne devait pas perdre cet objectif des yeux. Mais quand elle repassa le nuage en pensant y retrouver ses copines, elle ne vit qu'un océan vague, vide et tumultueux, lui arrachant un pincement au coeur. Qu'est-ce qu'il s'était passé ?! Ou est-ce qu'elles étaient ?! Avaient-elles coulé ? Elle regonfla sa tenue pour se remettre à planer, et se stabiliser en l'air... Il lui fallait garder son calme, ne pas s'affoler tout de suite... Une grosse vague passa, et cacha ce qu'elle cherchait. Ses tripes se décrispèrent, et elle fonça dans leur direction. Atterrissant lourdement sur le parquet de leur embarcation, celui-ci craqua sous son poids décuplé, sans se fendre pour autant.

La tempête se rapproche trop rapide, souffla-t-elle en retirant son attirail, aidé par deux autres demoiselles qui s'activèrent à ses côtés.

Une constatation que toutes auraient pu avoir à bord.

Faut qu'on la fuit tout de suite, ou on va se retrouver en plein de dents avec nos talons et nos... Qu'est-ce que c'est que ça ?

Elle fixa Serena pendant un petit moment, passant d'elle à ce qu'elle tenait dans les mains, sans s'interrompre.

Non en fait, je m'en fous, coupa-t-elle violemment en se tournant vers la mer et désigner du doigt une direction : On va par là. Et on y va vite !
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-... oui, mais non.

Réponse qui laisse Lilou pantoise. Sauf qu'on l'est toutes au moins autant qu'elle : on pensait l'avoir perdue, et la voilà qui arrive à chopper un courant ascendant ou je ne sais quelle folie météorologique de la Route pour revenir sans une goutte de sueur aux tempes, et déjà prête à gueuler des ordres. Sauf que, non.

-Vous avez pas remarqué ? On s'éloigne de la tempête. On risque rien. On va juste pas du tout vers l'île, d'après ce que vous dites. Et on a pas de rames. Pas question que je le bousille, lui ; pour le moment, c'est notre seul moyen d'éviter de ramasser.
-J'ai trouvé !

Je me retourne. Une soldate qui lisait l'énigme derrière mon épaule escalade la proue, se baisse, et remonte un panier de fruits autrement plus généreux que la cache à biscuit, et une jerricane d'eau. Quelques soupirs réjouis, dont je m'abstrais pas d'ailleurs, se font entendre. Lilou est colère. La situation lui échappe. Eh. Elle avait qu'à mieux réagir que ça. On est en vacances, et j'gage que malgré la situation y'a plus d'un petit cœur d'anar' qui se réveille en nous, sous-off', off' sub', et bidasses.

-Et c'était quoi ?
-Deux-vent-la-proue ! Ahah ! Et il y en a une nouvelle, attendez Porteflamme !

Elle sort un petit papier noué par une cordelette rose, que je déplie.

Félicitations, tu as trouvé la solution à notre merveilleuse charade ! Prend bien le temps de profiter du petit déjeuner avec toutes tes copines, si le temps le permet ! ♥
Après quoi il sera temps de penser à rentrer pour dîner ! Quoi de plus poétique que d'y aller à la rame ?
Tu trouveras un nécessaire d'apprenti ébéniste et des planches en trouvant les solutions de ces devinettes, que tu assembleras ensemble :

« Je suis lié à la mémoire et aux galeries, l'abus d'alcool peut m'invoquer, je suis un attribut de la virilité ♥ ou pas. Hihihihi. »

« Je peux être de couple ou d'argent, en deux mots ou en un seul, mais souvent associé à la complexité ♥ . »

« Comme le précédent, je suis simple ou composé, lié au rosé pamplemousse en début de soirée ou aux filles trop possessives en fin de journée. Prenez donc ça, vilaines ! »

« Je suis un lieu de passage pour voyageurs fougueux ou de travail pour rudes marins couverts de sueur ♥, voir de repos pour nobles aux mains toutes blanches. Vous me marchez dessus ! Arrêtez ça tout de suite ! »

Bon courage, les filles !

Je laisse le mot à la soldate qui a trouvé la précédente. J'suis de moins en moins persuadée que ça soit la voie à privilégier pour rentrer. D'un autre côté, on n'a pas de femme poisson à bord et personne qui sait assez bien nager pour pousser. Mais... j'ai une idée, tiens.

Je m'approche du gondolier. En bon automate, il voit rien venir. Et là, crak ! Que je lui casse le bras d'un bon armlock bien plac... aller, crak ! Bon sang, c'est qu'il me foutrait presque les os des phalanges à l'air, ce con ! Aller, crak, putain ! C'est du bois, pas super épais en plus. Et j'ai fait Jaya ! Alors tu vas péter, merde ! Aller !

-Euh, Porteflamme... j'ai trouvé je crois. Et laissez tomber. Y'avait un mot à l'encre invisible, regardez.

 « Félicitations, tu as trouvé le deuxième indice mystère ! Ce beau gondolier va toujours vers nord lorsqu'un orage n'y sévit pas ! Autrement, il va à l'ouest ! Oh, et il est fait de bois d'adam et du meilleur acier importé ! Beau et fort comme le soleil ! Rendez-le intact ♥ »

-Bon.

J'ai les poings qui me font mal, et les bras qu'ont la tremblote, léger. Je me sens comme une bleu.

-Et sinon, pour l'indice, il y a une histoire d'affaire de trou. Pour le reste, par contre...
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Ah bien y réfléchir et en mettant bout à bout tout ce qu'il y a eu jusqu'a présent dans cette embarcation, maintenant j'en suis sûre. Il était évident, mais maintenant, j'en suis persuadée, que le but des Okamas n'est pas de nous tuer. Bien que ce soit un peu extrême, un peu comme leurs amours, pour elles tout ceci est un loisir imaginé de sorte à distraire des membres et des vétérants de la marine. Enfin bon, on ne peut pas leur demander d'être omnipotente et omnisciente, si elles devaient tous savoir se serait la fin du monde, par exemple le fait que le principe de vacances pour les marins, c'est plutôt de profiter de la terre ferme.

"Tout ceci a été pensé comme un loisir, un peu extrême, mais tout de même comme une source d'amusement selon leurs critères."

À aucun moment je n’ai était en colère contre les okama et maintenant j'ai encore moins de raison qu'avant de l'être. Certes, la situation présente ne me plaît pas forcement, mais d'un autre côté je ne peux pas ignorer que tout ceci est certainement une manière tout aussi honnête et directe de tenter de nous divertir, qu'elle l'on fait jusqu'à présent. Au moins la bonne nouvelle, c'est que, quoi qu'il arrive.

"Si on joue leur jeu, il y aura forcément une solution à tout problème qui se posera. Le fait que le gondolier soit en bois d'adam et métal robuste prouve bien qu'elles ont prévu un moyen robuste d'échappatoire."

Bon, ceci dit, du coup, je n'obéis pas plus à Lilou que Serena la fait et pour les mêmes raisons. Je n'ai pas de doutes sur le fait que l'on puisse détruire en partis cette embarcation pour changer de cap, mais est-ce réellement une bonne idée de saborder notre propre navire ? Cela revient à scier la branche sur laquelle on se trouve. Je m'approche de Lilou et lui mets une main sur l'épaule avant de la regarder droit dans les yeux.

"Pour le bien de toutes, il vaudrait mieux jouer le jeu. Trouvons ces rames, rentrons et profitons de ses vacances."

C'est quand même moi qui parle de profiter de vacance, si on m'avait dit au moment de rentrer dans la marine ou avant que j'en arrive là je ne l'aurais jamais cru. En tout cas la bonne nouvelle, c'est que même si je ne suis pas une experte en travail du bois, j'ai déjà un peu d'expérience et je ne dois pas être la seule. Du coup si on trouve les ingrédients, on pourra faire nos rames. D'ailleurs, je suis persuadé que les matériaux sont déjà pré travaillés de sorte qu'on puisse s'en sortir sans trop de problèmes.

"Bon, voyons cette énigme..."

Je m'assure aussi du partage équitable des denrées alimentaires et que l'eau ne soit pas gâchée au cas où. Une fois tout cela fait, je m'attaque vraiment à l'énigme.

Je réfléchis à voix haute, autant pour m'aider que pour éviter que ce que je pense ne puisse pas les aider. Ainsi tout ceci est porté à leur connaissance et avec un peu de chance ensemble on trouvera la solution. Bon, c'est en quatre syllabes ou en quatre mots déjà. Cela doit avoir un rapport plus ou moins direct avec le navire puisque c'est caché dessus aussi. Bon, le quatrième c'est une paillasse j'en ai aucun doute : C'est le nom pour une couche ou le fond d'un lit, une prostituée de bas étage et le fais de marcher dessus doit avoir un rapport avec les paillassons. Bon plus que trois. Le second, je pense plus à un mot comme conflit ou un synonyme... Mais je ne vois pas trop comment ça peut entrer dans la constitution d'un terme marin... Enfin soit. Pour le premier... heu... Je sèche, je n'ai pas d'idée, pour moi un homme qui boit ça m'évoque des idiots qui se tapent dans le dos avec un air fraternel en montrant qu'ils sont "forts" car, ils contrôlent leur corps... Et parler de virilité, c'est soit la libido et associer ce que je vois mal être utilisé par des Okama ou alors c'est un rot ? Le fait de prendre de l'embonpoint ? Nan aucune chance, enfin, il me semble ? Bon il en reste un. Mais ça ne m'aide pas plus je n'arrive pas à trouver non plus... Qu'est-ce qui peut rendre une fille jalouse en fin de soirée ou se chasse en meute autour d'un verre d'alcool... .... ..... Un gars ? Garçon, homme, soupirant... Je ne vois pas de terme composé. Enfin si, jeune homme a la limite, mais ça serait un peu poussé. En fait je ne vois pas de sens dans tout cela... J'espère que les autres auront plus de chance que moi ou plutôt plus d'idée.
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Rachel glissa un long regard entendu vers Lilou puis leva les yeux au ciel, partagée entre l'agacement de se retrouver dans un jeu de piste qu'elle ne voulait pas faire et celui de voir ces filles ne pas écouter la moindre consigne qu'elle ou Lilou pouvaient donner. N'étaient-elles pas les plus gradées ? Bon, pour Rachel il était vrai qu'elle appartenait à l'élite et que du coup elle n'avait aucune autorité sur elles ; mais la Rousse était tout de même considérée comme leur Capitaine. Et au lieu de ça, les filles regardaient par dessus l'épaule de Serena en espérant trouver la solution de l'énigme. Il y en avait même une ou deux qui semblaient s'amuser. Puis notre brune soupira et s'éloigna tant qu'elle le put du groupe et s'assit sur le rebord de la barque. Elle entreprit de se ronger les ongles consciencieusement.

-Non mais y'a une affaire de trous, je vous dit.
-ça nous aide pas, ça.
-Rosé pamplemousse ? Du vin ? Boisson ? Boit son... ?
-Poisson ?
-Des nobles aux mains blanches, des aventuriers, des marin... ?
-Un bateau ? Un navire ?
-Un pont ?

-Trou à faire sous le pont.

Les têtes se tournèrent vers Rachel.

-Quoi ? Vous n'avez fait que répéter les énigmes en boucle...
-Mais c'est complètement nul.
-Elle veut rien dire cette phrase !
-On va pas faire un trou dans le pont au hasard !
-C'est ce que dit votre énigme. Puisque vous vouliez tant suivre les pistes douteuses des amazones, faites donc. Moi je sais nager.

Elle finit sa phrase sur un grand sourire et elles se regardèrent, circonspectes. Puis l'une d'entre elle dit qu'elles feraient mieux de vérifier partout, qu'il devait y avoir une autre trappe secrète, ou un trou déjà fait. Elles cherchèrent à quinze et trouvèrent rapidement dans un grand cri de victoire. Un espace aménagé était dissimulé sous l'unique siège qui devait servir d'assise au pêcheur à la base. Elles auraient pu trouver des trouver des fruits fut un temps, mais c'est là que les Okama avaient caché les rames et le matériel de navigation. Au moins avaient-elles raison de suivre les papiers, même si ça restait d'un humour douteux. Elles allaient enfin pouvoir*

-C'est vide...
-PARDON ???
-C'est vide je vous dit. Y'a qu'un pruneau et deux nouveaux papiers.
-Ils disent quoi ?
- « Félicitation pour avoir résolu cette nouvelle énigme, blah blah, cœur cœur, voici des rames et un sextant... blah blah, cœur cœur, méchantes et tout. »
-C'est une blague ?
-Et l'autre ?
- « 8'D »
-Alors il n'y a pas de rames ?
-Alors on est vraiment bloquées ?
-Bon écartez vous.

Rachel se leva et s'avança au milieu du pont, vers le gondolier toujours affairé à partir dans la mauvaise direction. Le regard sévère, elle fit un tour sur elle-même puis d'une pointe de pied, elle trancha l'air et das son sillage la statue en bois d'Adam du gondolier qui perdit une bonne moitié de son torse. Il tressauta quelques fois encore puis s'arrêta, gaffe en l'air. Le silence se fit. Long. Agréable.

-Bien. La voile maintenant.
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Jouer le jeu et profiter de ces vacances ?

Une veine se mit à battre à la tempe de Lilou alors que Rei retournait à ces histoires absurdes. Non mais, avait-elle craqué ? L'explosion lui avait cramé plusieurs neurones en plus de son bras et de sa jambe ? Un sourire crispé sur les lèvres, la rousse se mit à grogner en regardant ses filles s'agiter et tenter de trouver une solution. Jouer le jeu ? Et puis quoi encore ? Se faire des tresses en mangeant des cupcakes ? Pour qui elles l'avaient prises ? Il n'en était juste pas question...

Les dents grinçants les unes contre les autres, il était hors de question de laisser ce navire partir à l'ouest sans rien faire. Lilou n'allait certainement pas se satisfaire de cette fatalité. Elles s'éloignaient de la tempête, certes... Mais elles en avaient affronté des pires ! Bon, c'était elle qui disait qu'il valait mieux la prendre de vitesse pour l'éviter, mais au point où elles en étaient...

Heureusement que Rachel avait pris les choses en main. Croisant les bras sur sa poitrine, Lilou regarda la gothique avec une certaine satisfaction. Elle, au moins, elle la comprenait. Hors de question de suivre les indications de folles du bulbes qui trouvaient ça rigolo de faire un jeu de piste truqué. Les Okamas n'avaient aucunement l'intention de les faire revenir sur l'île, tout du moins, pas à temps. Elles avaient forcément quelque chose derrière la tête, et de toute évidence, les hommes du navire étaient la matière première de ces méfaits.

Enfin. Elles y réfléchiraient une fois le plus important devancé. Pour l'instant, il fallait arrêter de se disperser et Rachel avait déjà donné le La :

Bon les filles ! Alors quoi ? Vous avez l'intention de tout faire comme il faut pour espérer vous en sortir ? Non mais cette blague ! On va quand même pas se laisser porter et attendre que ça passe ! Pas question. Vous vous rendez compte qu'ils ont très probablement besoin de nous là-bas ? Vous pensez que c'est le moment de jouer selon LEURS règles ? Ou encore qu'elles veulent vraiment qu'on revienne ? Non. Elles n'ont pas prévu ça ! Donc on ne va pas la jouer comme elles le demandent, mais comme on l'entend !

Tout était une question de contrôle.

Et la tempête ?

Oui, la tempête. Lilou fronça le nez. Un détail.

La tempête, on la devance, ou on passe à travers ! Il n'y a rien d'autres à faire ! On ne va pas renoncer et attendre que Grand Line soit de notre côté !

Comme si ça pouvait un jour arriver, ça... Depuis qu'elle y avait posé les pieds, cette mer s'était échinée à lui faire comprendre qu'elle allait en chier puissance mille. Après toute la traversée avec Enzo, après Alabasta, Drum, Jaya et maintenant ça... Non, décidément... Grand Line n'avait jamais été avec elle.

Alors tout le monde à son poste, on reprend les rennes de ce navire on se sort les doigts du fondement et on arrête de jouer aux charades !

La voile se dressa, prenant le vent malgré les erreurs de points. Les rames allaient très prochainement être limées par ses soins et avec les moyens du bord. Demi-tour. Elles allaient remettre pied sur Kamabakka et en finir avec ces bêtises.
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Elle l'a eu. J'avais vaguement entendu dire que la Blacrow était pas n'importe qui, et je le crois plus que jamais. Je suis pas tissée dans le velours et je m'y suis presque cassé les deux mains. Mieux, je me retrouve à vraiment servir à rien dans l'agitation ambiante, avec mes os qui tricotent et mes cartilages qui me font mal ; et qu'ont triplé de volume. J'ai jamais été accro à la puissance à outrance, j'ai toujours éprouvé un peu de mépris pour les gars de l'élite. Rapport au fait qu'on a trop souvent essayé de me ranger au milieu de leurs rangs de dégénérés en mal d'amour sous prétexte qu'on me retrouvait trop souvent dans le caniveau avec du sang sur les poings. Esprit de contradiction. Et fierté un peu calmée aussi. Je suis encore loin d'être capable de me promener seule sur Grand Line, et c'est d'autant plus emmerdant que je vais devoir le faire sous peu ; en priant pour que la marine me permette de partir la tête haute, et peut-être pas pour toujours avec présomption de désertion. J'suis pas comme ça. J'suis pas une traitresse, je l'ai jamais été, c'est l'une des rares choses qu'on peut pas invoquer contre moi. J'veux que ça dure, du coup.

On avance vite. J'aide à hisser la voile sur un poteau de fortune que Lilou a littéralement arraché du bastingage. Tirer sur une corde comme une mousse, incapable d'utiliser mes mains gonflées à autre chose de plus précis. Ah. Ça va que j'ai pas masse d'orgueil, je le vis bien. D'autant qu'on tarde pas à avancer pour de bon, avec la gaffe du gondolier qui nous permet de modifier la trajectoire et de corriger le vent ; même si elle a l'air super lourde, et que deux personnes ont pas l'air de suffire à la manœuvrer. La mère Mounthood disait que Kamabaka retenait auprès d'elle des hommes de toutes sortes ; à coup sûr, il doit y avoir un ébéniste et un mécanicien qui vivent le grand amour sur l'île. Et qu'on vient de bousiller leur création. Sûr qu'ils vont pas être contents de ce qu'on a fait de la gondole. Et des robes. J'espère que ça va pas fausser nos relations, déjà que j'suis pas loin de sentir l'agressivité émaner de Lilou comme une aura.

Je me demande aussi ce que deviennent nos hommes ; s'il y en a qui resteront sur l'île, comme l'a prophétisé la mère Mounthood. Si Andy va bien, l'humiliation qu'il va se prendre si ça remonte aux oreilles d'Owen qu'est resté à bord du Leviathan. On sera bientôt fixées. J'espère. Maintenant que les énigmes se sont avérées être un vaste foutage de gueule, j'ai un peu perdu ma bonne humeur. J'suis même carrément maussade. Et je me souviens de la bouteille du frangin en maintenant la voile d'une main voulue ferme. Plus rien me retient dans le coin. Et je commence aussi à ressentir ces vacances comme un bagne.

C'est vraiment con. Parce que jusqu'à nouvel ordre, ce sont mes dernières avant le grand saut dans l'inconnu et les adieux aux survivants de Jaya. Ça fait bientôt un an que je suis à bord. Et avec le départ d'Oswald, je ne sais pas ce que je retiendrais de tout ça.

-C'est quoi ça ?
-ça a l'air gros... et ça fait comme une onde dans la mer.
-Une vague ?
-Dans ce sens là, de cette taille là, c'est vachement bizarre.
-On est sur Grand Line. Cramponnez-vous !

Un coup de tonnerre éclate brutalement. Pas le coup qui fait trembler la chaumière l'air de dire « attention, je passe » ; le coup qui sature l'air, le fait éclater, et nous cale tous à terre à cause de nos réflexes de combattantes. C'est comme si un missile nous avait traversé la tête. On se relève. L'orage a l'air de s'être déplacé à la vitesse de la lumière, entre l'île et nous... un rideau de pluie nous barre la vue, mais on la devine. Il va falloir passer.

-Wow !

La foudre a frappé la mer. Tellement fort qu'elle s'est éclairée comme un spot. On passe sous le rideau de pluie avant d'avoir pu changer de trajectoire. La voile tente de filer, nous arrache à moitié les doigts. Rei vient en renfort de l'autre côté. On fonce, on a presque l'impression de voler au-dessus de la mer démontée ! Légèreté de l'embarcation, peut-être. J'suis pas malade. J'retrouve même de la joie dans la balade. Je crois que je suis inconsciente, gravement inconsciente. Ou alors, c'est juste le fait d'avoir des projets qui dépassent la minute qui suit qui fait ça.

Mais ça, ça sera si on arrive à pas s'écraser sur la plage de Kamabaka.
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Je hausse les épaules en regardant Lilou.

"Tout le monde n'a pas la puissance de trancher dans de l'Adam Lilou. Certains doivent agir avec leurs propres capacités..."

Je ne vais pas me permettre de souffler ou de hausser un sourcil. Ils sont tellement puissants qu'ils en oublient facilement que quatre-vingt-dix à quatre-vingt-quinze pourcent de leurs équipages ne sont pas capables du dixième de leurs prouesses. Cela devient de plus en plus problématique quand les supérieurs n'arrivent pas à faire la part des choses, entre ce qu'ils sont capables de faire et ce que le plus grand nombre dont je fais partie peu lui de son côté. Tout le monde n'est pas capable de trancher du métal, du bois d'Adam ou des navires sans suer une goutte et sans outils adaptés...

Enfin soit, je ne suis pas ici pour penser à des inepties ou perdre mon temps à rappeler que ce n'est pas aux matelots et sous-officiers de dires à leurs supérieurs ce qu'ils doivent faire. Maintenant que c'est réglé, même si je me demande vraiment où les énigmes nous auraient menées... Peu importe ! Je commence à rassembler et ordonner des groupes de marines pour essayer de maintenir un cap ce qui ne va pas forcément être simple.

On l'a échappé belle, cela va d'ailleurs de mal en pire quand Grand Line décide de montrer qu'il a la plus grosse... Source d'incohérence de toutes les mers confondues et qu'il déplace sa tempête comme un enfant déplacerait un jouet en bois. Pile entre nous et l'île c'est exactement ce qu'il ne fallait pas, enfin si cette mer devait être clémente cela se saurait depuis le temps. Une fois relevé j'essaye de hurler pour me faire entendre malgré les intempéries.

"Allez mesdemoiselles, il faut tenir bon ! Montrez ce que la marine est capable de meilleurs !"

Je n'ai pas le temps pour lancer un beau discours, on est en plein dedans et il va falloir tenir jusqu'à qu'on arrive sur la plage, ou que l'on si fracasse violemment. On passe alors le filet de pluie, je me demande si on ne risque pas de se prendre un éclair sur la gueule d'ailleurs et... Tiens, c'est marrant, je suis certaines d'avoir vu une chose non identifié jaune parcourir se nuage au-dessus de nous ? C'est une idée ? Bon bah apparemment non, on l'a échappé belle, je ne suis pas aussi catégorique pour nos tympans. Ça vrille c'est horrible, je me retiens de peu de tomber, légèrement hagard et avec un haut-le-cœur. Il faut réagir.

"Vous cinq ! Surveillez les nuages au-dessus de nous, si vous voyez de la lumière prévenez-nous immédiatement !"

C'est le même principe qu'un champ de mines, sauf que là, elles apparaissent de manière totalement aléatoire et que l'on a que nos yeux pour servir de détecteur. Je pense que le navire résistera a une frappe directe, mais ce n'est pas assis vrai pour son équipage c'est-à-dire nous.
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Visuellement, la scène était apocalyptique. On aurait dit que le ciel leur tombait sur la tête. Rachel ne croyait pas à toutes ces superstition, mais les nuages noirs qui se déplaçaient en se contre-fichant des vents uniquement pour les suivre obscurcissaient tellement le reste du monde, horizon compris, qu'elle repensait sans cesse à ces légendes sur un Roi cherchant à rentrer chez lui et contre lequel se battaient dieux, déesses et grands noms de la mythologie. Le vent se plaisait à tourner en rond autour d'elles. Une brise qui se chamaillait avec une tramontane. Un zéphyr taquin. Les bras gourds et les mains démolies de Serena souffraient : ça se voyait à ses mâchoires crispées. Rachel était à deux doigts de la remplacer, mais elle n'aurait jamais sa force d'une seule main, même en bon état. Elle lui hurla à travers le vacarme soudain qu'elle pouvait se faire remplacer mais la rousse secoua la tête et raffermit sa prise sur les cordages archaïques que les robes offraient en prises. Pas grand chose en définitive, mais elles n'avaient pas mieux à proposer. Rachel lui aboya quelques encouragements puis se détourna. Rei quant à elle accomplissait un travail formidable. Elle et son équipe qu'elle avait visiblement l'habitude de diriger scrutaient chaque centimètre carré des nuages qui s’amoncelaient au-dessus de leurs têtes. Un orage de cette intensité et aussi proche aurait pu les griller sur place en un instant et pourtant, elles arrivaient à elles six à prévoir une seconde à l'avance les coups de foudre qui n'auraient pas manqué de toutes les électrocuter, si ce n'était pire. Elles hurlaient presque de concert à la fille qui tenait la gaffe des directions brèves qu'elle s'empressait de suivre avec la célérité d'un crapaud gobant une mouche. Ainsi, elles évitaient les drames irréparables. Notre commandante d'élite les gratifia d'un signe de tête encourageant qu'elles ne virent probablement pas.

Rien à dire. Cette fois, la coordination était parfaite. Toutes unies face au danger, n'est-ce pas ? Rachel en aurait presque remercié l'orage et l'adrénaline.

Les ordres furent très vite remplacés par des signes et les voix étouffées par une chorale insistante et ininterrompue de cornes, de tubas et de grosses caisses dont les cris assourdissants pleuvaient d'entre les nuages noirs directement sur leurs têtes. Elles étaient trempées, la pluie ruisselait entre leurs doigts et dans leurs sous-vêtements. Leurs cheveux n'étaient guère plus que des serpillères délavées. Et pourtant, la cohésion restait intacte. Lilou était la seule dont la voix couvrait le grondement infernal de la tempête et elle continuait d'aboyer des paroles à droite et à gauche pour maintenir le groupe dans cette cohérence qu'il avait acquis sur le tas. Rachel, elle, tentait vainement de se diriger dans un univers dont on avait coupé toutes les lumières et brûlé toutes les cartes. L'horizon était plus noir qu'une nuit de nouvelle lune, les flots plus chahutés qu'une piscine à vague pour bambins et le ciel plus mouvant qu'un vieillard atteint de Parkinson. Elle restait silencieuse, cherchant dans le tumulte le moindre indice qui aurait pu l'aiguiller vers leur destination. La barque de fortune voguait à des vitesses folles, portées par des bourrasques d'une violence inouï. Tant qu'elle priait pour que la voile de fortune ne s'éventre pas par le milieu et ne les piège, immobiles, sur les eaux plus dantesques que celles du Styx.

Mais soudain, après que les vigiles ont hurlé gare à la barreuse, un éclair zébra le ciel dans sa longueur et laissa tomber – durant un instant – un voile de lumière sur l'île tant convoitée. Rachel la capta, et elle ne fut pas la seule. Quelques voix grésillèrent dans le tambour grondant, mais personne ne les comprit. Elles étaient en train de dépasser l'île par la droite.
Avec toute l'adresse dont Rachel était capable sur un navire pris en plein roulis, elle rejoignit sans même trébucher Lilou et se pencha à son oreille pour lui hurler la nouvelle. Elle crut qu'elle allait se déchirer la voix. Mais elle avait vécu la torture de Jaya et le moment où elle s'était véritablement déchiré les cordes vocales : une tempête restait une partie de plaisir, son univers, son élément.

La rousse discerna les paroles de la brune perchée sur son épaule et prit une profonde inspiration. Sa voix porta aux oreilles de toutes. Et le changement de cap fut amorcé.

En quelques petites minutes, l'esquif bondissant d'une vague à l'autre au gré de la barreuse fut en vue de Kamabaka. L'île des okamas restait parfaitement stable météorologiquement, ce qui eut le don d'agacer les deux amies qui se dirent que vraiment Grand Line se moquait d'elles. Et c'est aussi soudainement qu'il était apparu sur leur trajectoire que l'orage se dissipa. La commandante d'élite avait déjà vu Enies Lobby, l'île où les nuages et la nuit disparaissaient comme par magie à ses abords, alors elle n'en était pas trop surprise ; mais presque toutes les autres prirent de plein fouet l'arrêt soudain du vent qui les poussaient dans le dos, ressentirent le contre-coup du manque de pluie à compenser, ou furent déstabilisées par le beau temps soudain. Plusieurs tombèrent à la renverse dans un entrelacs de membres divers et de petites culottes colorées, mais la barque, elle, toujours portée par son élan et les remous persistants d'une mer que l'on n'apaisait pas si facilement, fila comme une fusée vers les plages de sable rose aux coquillages de nacre. Avec la ferme intention de procéder là-bas à un appontage d'urgence... sans port.
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