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Sixième chapitre ; Entrevue capitale.


- « La reine est prête à vous recevoir, amiral Fenyang. Veuillez me suivre s’il vous plait. »

Après plus d’une heure d’attente, j’étais enfin fixé. J’allais pouvoir voir la célèbre Vivi. Pour la deuxième fois de ma vie. Un honneur ! C’est donc sourire aux lèvres que je commençai à suivre le serviteur de la cour qui était venu me chercher. Pour faire bonne impression, j’avais arboré des vêtements chics made in Alubarna. Sur le chemin qui menait à la salle de réception, j’attirai l’attention de plusieurs personnes. Les gardes de la cour étaient aussi enjoués que les petites servantes qui me regardaient avec des étoiles plein les yeux. Les premiers m’admiraient pour ma force, ma bonté de cœur et ma renommée grandissante. Les secondes étaient fascinées par mon gabarit très imposant et ma joliesse. Et même si je ne le montrais pas vraiment, j’étais plutôt flatté de faire tant d’effet. Faire également bonne impression à la reine serait top. Le sujet que je venais aborder n’était pas forcément joyeux…

- « Nous y voilà, amiral. Bonne chance ! »

Sur un bref signe de tête du protocole qui m’avait accompagné, deux soldats ouvrirent les portes qui se dressaient devant moi. Sans me faire prier, je pénétrai alors la salle. Elle était grande. Très grande. Avec des piliers un peu partout et tout au fond, le trône royal, là même où était assise Vivi. Sans doute la pièce où elle recevait ses visiteurs et leurs doléances. Autour d’elle, il y avait plusieurs conseillers, dont son premier fils. Une assemblée qui en imposait, même pour le contre-amiral que j’étais. J’eus donc un léger frémissement, avant de traverser la salle plus ou moins rapidement. Et lorsque j’arrivai enfin vers elle, à une distance raisonnable, je posai mon genou gauche au sol, une main sur la poitrine et la tête inclinée vers l’avant. Protocole et traditions obligent. De plus, je n’étais pas là en tant qu’officier de la marine, mais bien en tant qu’Alabastien. Un détail qui ferait toute la différence.
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« Quoi ? Mon mari est un fainéant ? »

Premier silence.

« Quoi y’a du riz et des ferments ? »

Second silence. Un gamin pleure au loin, tandis que le page s’écarte le col pour chasser le rouge qui lui monte aux joues. Rapidement occulté par le regarde énigmatique de la veille Reine qui se pose enfin sur toi.

« Ah, Alheïri Fenyang ! »

La Reine te fait signe de la main de venir s’installer à ses côtés, enfin deux marches plus bas, honneur indicible pour un homme du pays. Et impensable pour tout étranger. Elle t’offre alors un grand sourire, et te propose des gâteaux secs ainsi que divers autres mets propres aux vieilles personnes, tout pleins de fibres.

« Ah, tu as la chance d’avoir un colon fonctionnel, mon bon Alheïri … » qu’elle commence, avant de partir dans une diatribe sur comment les toilettes étaient mieux entretenues de son temps.

Dix minutes passent sans que tu puisses même penser à placer une. Jusqu’au miracle.

« Mais j’ai été tout de même surprise que tu me demandes enfin audience, mon Alheïri. Tu n’es pas sans savoir que tes Rhinos ont fait du grabuge il y a quelques jours ? » te fait-elle sur un léger ton de reproche, avant qu’un de ses conseillers ne vienne murmurer à son oreille.

« Oh. Tout ça ? Mais qu’est-ce qu’une année dans le vaste océan d’une vie ?  Mon Alheïri, mais qu’as-tu bien pu faire pendant un an ? Tes Rhinos doivent t’attendre … » commença la vieille peau, sans que tu puisses savoir si elle tapait juste dans le mille et faisait preuve d’une pertinence propre à son rôle ou s’il s’agissait encore une fois du babillage d’une ancêtre …

    C’est sourire aux lèvres que je m’étais approché d’elle, tout en refusant poliment les mets qu’elle m’avait gentiment proposés. J’étais tellement heureux qu’elle se souvienne de moi que je ne vis même pas le temps passer lorsqu’elle se perdit dans son petit speech sans queue ni tête. Par contre, les questions qui suivirent me secouèrent. On aurait presque dit qu’elle s’était doutée que j’étais en vie. Cette vieille n’était pas si sénile que ça en fin de compte…

    - « Votre majesté, je suis sincèrement navré pour les problèmes occasionnés par mon équipage. Je vous fais la promesse qu’ils ne vous causeront plus de problèmes à l’avenir et je tâcherai d’en toucher un mot à mes supérieurs pour qu’aucun autre équipage de notre faction ne cause du tort au royaume. »

    A la suite de mes mots, je m’inclinai respectueusement devant elle pendant quelques secondes, avant de reprendre tranquillement la parole.

    - « Cette année passée sur vos terres m’a permis de me fortifier. J’étais à la recherche de nombreuses réponses et j’ai fini par toutes les trouver. Le désert est un lieu magique, magnifique, propice à l’introspection et à la méditation. J’ai pu aussi visiter toutes les villes que je n’avais jamais vues durant mon enfance. Pour les rhino, ne vous en faites pas. Je les rattraperai bien assez vite, blablabla… »


    On aurait presque dit la mémé et son petit-fils en train de papoter. D’ailleurs, c’est en toute sincérité que je lui racontais tout ce que j’avais fait durant une année entière sur l’île. Sans pour autant aller au fond des choses, on s’entend. Je ne la prenais pas pour une idiote, loin de là, mais je n’avais pas vraiment l’envie de lui avouer les vraies raisons de ma « retraite ». Je n’étais pas là pour ça. Du reste, il me fallait maintenant aborder le sujet pour lequel j’avais demandé audience.

    - « Votre majesté, comme je vous l’ai dit plus tôt, j’ai eu le loisir de sillonner tout le royaume pendant toute une année. Ce périple m’a donné l’occasion de voir et de constater beaucoup de choses, de fait. Il a formé le jeune que je suis. Alabasta est un merveilleux royaume, il n’y aucun doute là-dessus ! Et je suis fier d’être considéré comme un fils du pays. Cependant, le fils du pays que je suis a constaté qu’il y a encore des graves injustices sur ces terres nob… »

    - « COMMENT OSEZ-VOUS PROFÉRER DE TELLES PAROLES DEVANT LA REINE ?! » Coupa immédiatement l’un des conseillers de la cour.

    - « L’esclavage. » Rétorquai-je aussitôt sans ambages. De quoi jeter un froid sur toute l’assistance. « J’ai bien conscience qu’il s’agit d’un sujet qui dépasse ma petite personne. C’est pourquoi, votre majesté, je vous demande maintenant la permission de poursuivre la discussion. »

    Qu’avais-je fini par dire, en m’inclinant respectueusement une énième fois. Allait-elle accepter de discuter ? Ou allait-elle couper court à la conversation ? Il n’y avait plus qu’à attendre sa réponse.
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    « L’escamotage ? Ah oui, c’est un gros problème. » minaude la Reine, un sourire sibyllin sur les traits.

    L’assemblée se répand en murmures et un léger brouhaha commença à monter. Suffisamment pour faire regretter de ne pas avoir eu cette entrevue en privé. On entend des mots comme « honteux », « ingérence » ou même « j’en ferais bien mon quatre heures ». Rien d’inquiétant, si ce n’est la population majoritairement masculine.

    « Je suis contente de voir que l’air de ton pays natal t’as fait du bien mon petit Alheïri. C’est avec plaisir que je t’écoute. Mais tu n’as pas fait tout ce chemin pour me parler d’escamotage ? » poursuit Vivi avec un froncement de sourcil.

    « Les voleurs sont traités comme ils le méritent ici. Et puis il faut avouer que nous sommes plutôt cléments. J’ai connu des pays où ils n’étaient pas bien traités du tout. On les forçait à travailler, on les forçait à … beaucoup de choses. Ici, la vie est belle. La vie est douce, n’est-ce pas Ymdebekht ? » continue la Reine, avec un sourire ridé.

    « Assurément, votre majesté. Les voleurs sont très bien traités ici, il n’y a rien à redire sur votre clémence légendaire. Je gage même que depuis quelques temps, beaucoup de gens ont porté plus de considération aux voleurs. N’est-ce pas le cœur de votre sujet, mon cher Alheïri ? Puis-je vous appeler Alheïri ? Bien sûr que je peux. » réplique le conseiller, sur un ton – comme toujours – très protocolaire.

    En effet, la vieille Reine, sous le couvert de la sénilité, sait très bien de quoi il en retourne. La vieille chouette leur en remontrait à tous en termes de jeu politique. Si elle avait bien compris le sujet pour lequel était venu le Vice-Amiral, les chuchotements s’étaient calmés pour céder aux rires étouffés lorsqu’elle avait parlé de voleurs. Bien évidemment, plus personne ne la prenait au sérieux dans ces moment-là. Sauf quelqu’un comme toi, qui avait pu percevoir son petit sourire ridé, et son regard perçant. Ymdebekht jouait visiblement le jeu de la Reine, pour son plus grand déplaisir. Il griffonne quelque chose sur ce qui ressemblait à un emploi du temps et soupira. L’entrevue va durer plus longtemps que prévu.

    « Qu’avez-vous à nous dire sur les voleurs, Alheïri ? » reprend Ymdebekht, sans un sourire.

    Si Vivi est connue pour son amour envers les esclaves, ce n’est pas forcément le cas de tout le monde. Les esclaves sont bien traités à Alabsta, mais ce n’est pas la Reine qui reçoit en permanence les diatribes de ceux que cela dérange. De plus, ces derniers temps, on faisait état de plus en plus d’esclaves qui se prenaient des goûts de liberté. Instillés par de certains évènements évoquant des balivernes de Roi momie. Une situation qui agace le Conseiller au plus haut point. Une situation dont tu as certainement entendu parler et qui motive ta venue à ses yeux …

      Après ce qu’elle m’avait habilement sorti sur les rhinos et mon cas, j’avais effectivement compris que cette vieille peau faisait exprès. Mais contrairement à son fils, j’avais le sourire aux lèvres. De telles réactions de sa part ne pouvaient que consolider tout le respect que j’avais pour elle. J’aurai bien aimé avoir une mémé pareille. J’aurai sans doute passé mon temps à la chouchouter. Mais bien vite, je chassai cette pensée de mon esprit pour remettre de l’ordre dans mes idées. Je n’étais pas là pour fantasmer sur l’éclat impressionnant de la famille royale, mais bien plaider la cause des esclaves. Et vu qu’elle me donnait l’occasion de m’exprimer, je n’allais pas me faire prier :

      - « Juste qu’ils sont maltraités à plusieurs endroits, ici, dans ce royaume ! »

      Des éclats de rire fusèrent partout. L’assistance me prit tout d’un coup pour un fou. Ou plutôt pour un con.

      - « J’abonde dans le sens de son altesse royale. Votre clémence n’est plus à prouver, votre majesté. Cependant, j’ai été confronté aux réalités du terrain et j’ai vu la souffrance et la grande misère qu’éprouvaient la plupart de ces gens. Les abus et maltraitances que supportent ces personnes ne correspondent pas à la bonté dont vous faites preuve. Des faits se sont vraiment déroulés sous mes yeux et je ne gagne rien à vous mentir. Je n’oserai jamais. »


      Alors que mon ton se fit plus solennel, l’on pouvait entendre des murmures au niveau de l’assistance à priori perdue dans ce dialogue sans queue ni tête. C’était tant mieux. Pour ma part, je parlais vraiment des esclaves sous le couvert des « voleurs ». Voleurs qui faisaient partis des esclaves, très souvent. L’un dans l’autre, j’étais dans la bonne voie. Voilà donc qui expliquait le caractère assez incompréhensible de mes répliques. Et j’étais certain que Vivi et son gamin me comprenaient tout à fait.

      - « Beaucoup de civils en abusent également et ne s’en cachent parfois pas. »

      Oui oui. Des personnes lambda s’octroyaient le droit de posséder des esclaves qu’ils faisaient souffrir. Tout n’était pas blanc sur cette ile où il faisait pourtant bon vivre, et tout ne le serait peut-être pas même si je réussissais à convaincre la cour, mais peu importait ! Je me devais d’essayer.

      - « Cet effet de mode engendre parfois des réseaux clandestins. Et pas qu’un peu. Et ce marché juteux, illégal, attire un bon nombre de personnes ces derniers temps… »

      Les pirates pour le fun et le bénéfice. La révolution pour endiguer le phénomène. D’ailleurs, en pensant à ces derniers…

      - « … Parmi lesquels certaines menaceraient même votre souveraineté. »


      Alabasta avait une armée, certes, mais je me méfiais vraiment de la dangerosité des révolutionnaires qui pourraient mettre en péril la monarchie en place. Il suffisait parfois d’un rien pour que tout soit chamboulé. Restait à savoir s’ils m’avaient compris et s’ils mesuraient l’ampleur du problème. Mais parfois, la question de fierté gâchait tout…
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      « C’est bien le problème, mon cher Alheïri : mais en encourageant la répression, nous soutenons l’illégalité de certains actes. Et la souffrance de nos chers … voleurs. Oh, je meurs de soif. Vous là, allez nous chercher du thé. Et vous aussi. N’oubliez pas les petits chocolats. » répondit la vieille bique, agitant dans tous les sens les bracelets qui pendaient à ses poignets.

      Une dizaine de personnes s’exécutèrent, pressées d’obéir aux ordres pour revenir encore plus vite satisfaire leur curiosité. Ymdebekht soupira en secouant la tête.

      « Ce que notre très chère souveraine essaie de nous dire en prenant son temps et en oubliant que notre cahier des charges est très chargé, c’est que la situation est déjà connue et que nous veillons à ce qu’ils soient le mieux considérés du monde. Et qu’une abolition pure et dure constituerait la création de réseaux clandestins. Cela serait beaucoup plus difficile à contrôler ainsi. Sans compter la ressource écono… » commença le conseiller, avant de croiser ton regard.

      « Ecologique ? Oui, les ressources écologiques sont un souci aussi. Notamment les tempêtes de sable. Savais-tu que sans toutes ces mains ouvrières pour déblayer chaque année nos cités, nous serions engloutis depuis longtemps ? » reprit Vivi avec un sourire compatissant.

      Le sous-entendu était clair : les esclaves, non contents de faire partie de la tradition Alabastienne, étaient aussi un des piliers sur lequel reposait la civilisation instituée par la Reine Vivi. Elle avait déjà fait tout son possible pour adoucir leur condition et sa question sous-entendait qu’il ne serait peut-être pas possible de faire face aux besoins soulevés par l’entretien et la pérennité de son royaume sans lesdits esclaves.

      « Malheureusement, les soucis écologiques sont à considérer avec précaution. Quand souffle le vent résonne la tempête. Comme disaient mes aïeux. Alors il faut satisfaire le vent, et nous veillons à ce que tout le monde se sente bien ici. As-tu déjà entendu quelqu’un se plaindre de l’hospitalité Alabastienne Alheïri ? J’ai entendu dire que beaucoup d’étrangers avaient aidé mon peuple ces derniers temps. Et nous faisons nous aussi à aider ces étrangers. » poursuivit la vieille femme.

      Parlait-elle de tes actions à toi, Shalyne et Judas ou d’autres groupes encore ? Pour ce que tu savais, Alabasta était une terre où la révolution pouvait vivre tranquillement jusqu’à ce que, selon les rumeurs, un homme bicolore ne les écrase d’une main de fer. Ainsi, il n’y avait plus beaucoup de révolutionnaires à Alabasta. Or, récemment, des rumeurs avaient soulevé Alubarna et Rainbase. Des rumeurs que tu avais pu entendre çà et là et qui indiquait bien qu’un nouveau souffle révolutionnaire avait envahi le désert. Souffle duquel Vivi ne semblait pas s’inquiéter. Et auquel elle semblait faire référence.

      « Ah, les voilà qui reviennent avec nos rafraîchissements. Mais sache que je suis de tout cœur avec toi, Alheïri. Mais je dois penser avant tout aux besoins de mon peuple … et mon peuple a beaucoup de besoins. Cependant, si ce que tu dis est vrai, je gage qu’Ymdebekht saura confondre ces vils personnages, non ? » minauda la Reine en attrapant quelques biscuits fourrés.

      « Heu … très certainement votre majesté. Contre-Amiral Fenyang, je vous attendrais dans mon bureau où nous pourrons nous consacrer à ce que Sa Majesté vous a suggéré pendant qu’elle dégustera son thé, ses gâteaux et fera sa Royale troisième sieste de la journée. » te fit le Conseiller avant de s’excuser d’un signe de la tête.

        J’avais appris à être réaliste dans la plupart des cas auxquels j’étais confronté. Et j’étais venu ici en sachant pertinemment que ma requête pouvait ne pas aboutir pour diverses raisons. Mais de là à entendre que le royaume d’Alabasta, et de la bouche de sa reine, ne pouvait décemment pas se passer d’esclaves, c’était dingue ! Surréaliste même ! Peu importe comment on tournait la chose, j’avais vraiment l’impression d’avoir affaire à des dragons célestes. Impression très sale qui me faisait tomber des nues, très franchement. De quoi anéantir ma motivation et me faire légèrement soupirer pendant que les gens s’affairaient autour de nous. J’exagérais bien sûr la situation et je savais que bon nombre d’esclaves étaient bien traités sur ces terres, mais tout de même… Un esclave reste un esclave, peu importe comment on tourne la chose. Qui plus est, la révolution ne semblait pas vraiment gêner la cour.

        - « Ce fut un honneur et un plaisir d’avoir pu converser avec vous votre majesté. Prenez soin de vous. » Qu’avais-je dis en m’inclinant devant elle, avant de me tourner vers son fils ainé, le fameux conseiller. « Je m’en remets à vous votre altesse royale. »

        Franchement, je n’avais plus aucun entrain à continuer de parler du cas des esclaves. A vrai dire, je ne savais plus sur quel tableau jouer, miser ; si bien que le trajet qui menait aux quartiers d’Ymdebekht me paraissait long. Finalement, nous y arrivâmes cinq minutes plus tard et je me tins débout derrière une chaise d’invité, sans aucune envie de m’asseoir. A mon sens, il n’y avait plus rien à redire. Et puis, quelque part, Vivi avait marqué un point précieux : Personne ne se plaignait de cet état de fait sur Alabasta. Mais il fallait rester un bon moment et sillonner tout le royaume pour connaitre les maux profonds de celui-ci. Cependant, là encore, il n’y avait presque rien à faire. Aucune contrée sur cette Terre ne présentait de tableaux idylliques. A croire que tout ceci n’était que peine perdue.

        - « Ne pourrait-on pas faire de certains prisonniers et brigands des esclaves par exemple ? La descendance des esclaves de l’ancienne génération ne pourrait-elle pas recevoir vos grâces, votre altesse royale ? N’y a-t-il pas quelque chose à faire pour eux ? »

        On pouvait comprendre par ces questions que j’étais désespéré. J’avais pris trop la chose à cœur. Plus que je ne l’aurais dû. J’avais également extrapolé leur cas. Il était possible que la majorité des esclaves soit satisfaite de sa position actuelle. Parfois, ce n’était pas l’occasion de s’échapper qui manquait, même si l’étendue désertique et hostile de ce royaume devait dissuader la plupart de tenter l’aventure ailleurs. « Ne pourrait-il pas bénéficier d’un meilleur statut ? Vous pourriez décréter par exemple que les particuliers aient l’obligation de bien les traiter. Voire même leur verser un petit salaire. Quelque chose de ce genre. » Je disais un peu tout ce qui me passait par la tête, histoire d’améliorer sensiblement leur quotidien. Je ne savais pas vraiment si ça allait marcher, mais qui ne tente rien n’a rien comme on dit.
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        Le Conseiller soupira et ne pipa pas un mot jusqu’à ce que les esclaves chargés d’apporter nourriture et boisson se soient éclipsés. Il accueillit ton discours avec un hochement de la tête, mais aucune émotion.

        « Le problème est assez simple, Contre-Amiral Fenyang. Il est avant tout économique, mais aussi historique. Les esclaves sont heureux, pour la plupart de l’être. Et constituent une manne pour notre royaume. Vivi a essayé maintes fois d’abolir cette pratique, arrivant à la situation actuelle. Ce que la Reine ne peut dire publiquement c’est qu’elle vous soutient. Mais Vivi est âgée, et elle se préoccupe plus du bien être des défavorisés que des contraintes économiques et sociétales de notre royaume, si vous me permettez de parler franchement. » commença le Conseiller en t’invitant à prendre le siège malgré tout.

        Il se servit une tasse de thé et croqua dans un biscuit à la noix de coco.

        « Mais en effet, il y a depuis peu une rumeur contestataire chez les esclaves. Quelques personnes qui crient en place publique. Rien de plus, bien entendu. Peut-être qu’il serait sage de faire un geste envers cette caste. Mais vos idées sont déjà mises en pratiques depuis un petit moment. Les travaux les plus durs pour les criminels, les tâches les plus ingrates pour les brigands. L’esclavagisme est la pire sanction de notre contrée. Mais elle peut parfois s’avérer clémente en fonction d’où les esclaves sont attribués. Les esclaves d’Alubarna, pour ne citer qu’eux, ont une vie plus riche que de nombreux citoyens. » poursuivit le Conseiller.

        Il sirota son thé, grimaça avant d’y ajouter un nuage de lait.

        « Mais avec votre appui, Alheïri, nous pouvons peut-être aboutir à quelque chose. Nous pourrions mettre en place quelque chose, pour le futur. Car comme je viens de vous le dire, tous les esclaves ne sont pas égaux, c’est un fait propre à notre royaume. Nous pourrions envisager la création de castes parmi les esclaves, castes qui auraient une valeur marchande tout autant que sociale. Des esclaves mieux traités, mieux valorisés et de ce fait, plus chers car plus dociles, plus qualifiés. Ainsi, nous pourrions même exiger qu’ils soient choyés par leurs foyers … tandis que les pires rebuts seraient cantonnés aux castes les plus basses, les plus ingrates : quelque chose approchant les bagnes, à vrai dire. Une idée souvent abordée par Vivi, mais qui serait peu populaire. Or vous êtes un homme influent, un héros … et si un héros en vient à nous appuyer, Alheïri, cela peut nous aider. Qu’en pensez-vous ? » termina Ymdebekht.

        L’homme semblait un peu soulagé de pouvoir exprimer son point de vue sans oreilles pour l’écouter et le juger. Pour lui, attribuer une valeur supplémentaire aux esclaves alliée à une obligation de bien-être était la solution tant économique que sociétale à la volonté des alabastiens d’adoucir l’esclavage. Et pour les criminels et autres individus ? Rien ne changerait. Ce serait plutôt, à ses yeux, l’application de quelque chose déjà exécuté officieusement car les esclaves des villes étaient le plus souvent heureux de leur sort.

          - « L’idéal pour moi aurait été d’abolir l’esclavage, carrément… »

          Puisqu’on pouvait parler avec franchise, je n’allais pas du tout me gêner. Cette réforme augurait de profonds changements, mais quelque part, j’avais une pointe de déception. Cette évolution, ce compromis, c’était encore peu pour moi, mais vraiment. Cependant, je comprenais parfaitement leur position. On ne peut pas bousculer une pratique ancestrale du jour en lendemain. C’était une situation complexe où je me retrouvai partagé et peu satisfait. Mais pouvait-on, sur le moment, avoir meilleure solution que celle que le prince avait proposé ? Pas évident…

          - « Mais il semble que nous n’ayons pas d’autres alternatives que celle-ci. De ce fait, en quoi puis-je vous être utile, concrètement ? Que devrais-je faire ? »


          Appui, oui. Mais en quoi faisant ?
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          Abolir l’esclavage, c’était apprendre à Alabasta à voler sans ailes. C’était encore une chance, que depuis le temps, les arènes et autres jeux sordides n’aient pu se développer. Ymdebekht soupira en secouant la tête. À ses yeux tu étais visiblement un homme de la marine avant tout. Lui, le politicien et homme de sang royal ne te dénigrait pas pour autant. Mais tu pouvais percevoir qu’il avait par moment la même attitude envers toi que celle qu’il pourrait avoir avec un jeune homme, écartant les mots et essayant de ralentir le rythme pour expliquer. C’était certainement ce qui devait participer à ton agacement, aussi.

          « J’ai besoin de votre figure, Alheïri. Vous êtes une publicité pour le dentifrice ambulante, vous savez ? Votre retour, votre renommée. De quoi donner de l’espoir à un peuple et raffermir les liens entre nos nations. Après tout ce qu’il s’est passé sur notre contrée, peut-être que votre apparition publique pour gommer les mésententes entre nos nations pourrait être appréciable. Il est fort de constater que le Gouvernement n’a pas pris de pincettes avec nous depuis votre prétendue mort. Il serait bon de réparer cet inconvénient. Et si vous n’en tenez pas rigueur à notre nation, et si nous ne vous en tenons pas rigueur non plus … cela ne pourrait qu’améliorer les choses non ? » reprit le Conseiller avec un large sourire.

          Une affaire de politicard à n’en pas douter. Ta mort n’était évidemment pas passée inaperçue, et la perte engendrée par le Gouvernement avait très certainement dû entacher les relations entre les deux royaumes. Pensant avant tout à la sécurité de son royaume et à l’avenir, Ymdebekht voyait en toi une occasion inespérée de limiter les pots cassés. Il était prêt à faire avancer la condition des esclaves en échange d’un ensemble de cérémonies officielles où tu pourrais apparaître en temps qu’invité d’honneur et prêcher l’honneur du Royaume d’Alabasta de manière officielle, en temps qu’homme du Gouvernement. Rien de bien compliqué, mais tout n’était bien souvent qu’affaire d’apparences. Et les choses étaient on ne pouvait plus simple : l’ingérence du Gouvernement avait fait des remous, ta mort avait fait des remous. Les deux avaient entaché les deux camps, si on pouvait parler ainsi. Une cérémonie officielle avec le Contre-Amiral Alheïri Salem Fenyang, ça vaudrait bien la une des journaux.

          « Alors, qu’est-ce que vous en dites ? Une rencontre officielle où vous reconnaissez vos torts – ceux du gouvernement – et où vous déclarez ne pas nous en vouloir pour votre regrettable affaire, malgré le fait que votre combat ait détruit le port. Vous serez bien entendu accueillit en temps qu'enfant d'Alabasta, et cela fera écho dans le monde entier. » proposa le Conseiller, perdant son sourire.

          Il était indéniablement plus à cheval sur les procédés et les principes que la Reine Vivi.