Fin 1623, >Zoo O'tarie<
Charmante ville que Shell Town. Je viens à peine d'arriver qu'on m'a bousculé sans s'excuser, saouler pour devenir mon guide et hurler dans les oreilles. J'ai du me retenir pour ne pas flanquer une raclée au type m'ayant bousculé. Ptet aussi parce qu'il y a des marines partout. Oui, peut-être. J'ai du mal à avancer. C'est peut-être anodin pour beaucoup de monde, mais pas pour moi. Me trouver sur une ile aussi peuplée, pour faire ce que je vais faire, c'est exceptionnel. Il y a peu, je ne sortais pas. Je restais enfermé sur une ile presque déserte, Là où personne ne pouvait me trouver. Et je haïssais le monde. Du matin au soir et du soir au matin. Et puis un jour, le chagrin a diminué. Je n'ai jamais su comment. C'est arrivé, c'est tout. Je me suis alors mis à parcourir le monde. Mais je suis resté très secret, très fermé. J'évitais quand même les foules. L'épisode avec Yamiko sur Hinu Town, c'était l'histoire d'une fois. Là, pour vous donner une mesure, ce que je vais faire, ça représente l'équivalent d'un saut dans le vide depuis une station spatiale. Je mets un pied devant l'autre, et j'avance, lentement. A mon rythme. Je suis un animal blessé. Et il ne suffit de rien pour que décampe. Je marche en baissant la tête, ne regardant que mes pieds. De temps en temps, je relève le museau pour voir les pancartes et vérifier ma direction. Après deux heures de marche, ce qu'un homme ordinaire fait en dix minutes environ, j'arrive devant le zoo.
J'en ai entendu parler. Et qu'en bien. Un parc naturel où les animaux sont en liberté, se côtoyant les uns et les autres. Une harmonie rarissime. Une harmonie que je viens rechercher. Parce qu'en toute franchise, je me sens mieux avec les animaux qu'avec les humains. Chez eux, tout n'est qu'instinct, que ce soit de survie ou de conservation. Chez nous, tout n'est que mensonge, trahison, promesse et mort. Surtout la mort précoce. Je rentre et paye ma place avec l'argent que j'ai volé sur le bateau sans que le type ne s'en aperçoive. Il n'avait qu'à faire attention à ses affaires. Comme je fais jeune, on me demande si je suis accompagné. Bien évidemment, je n'ai pas mes papiers attestant de qui je suis, sur moi. Ça fait des années que je ne les ai plus. Ils sont enterrés, là bas, sur Troop Erdu. Devant mes yeux en larmes, le caissier me laisse passer quand même. Une fois à l'intérieur, une fois passé ces grosses grilles de métal, un espèce de gros truc arrive droit sur moi. Une carapace, des ailes visiblement, une espèce de grosse ... corne sur le crâne, une couleur brunâtre. Ça fait la taille d'un chien. Je recule de quelques pas. En me voyant, un homme s'approche.
" Faut pas avoir peur. Ces scarabées cleptomanes sont aussi gros que des chiens, mais ne font pas de mal. Ils volent par contre tout ce qui semble avoir de la valeur. "
Je dévisage l'homme méchamment. Je regarde le scarabée grimper sur le type, lui arracher ses lunettes avec sa corne et s'enfuir. Le type essaie de le rattraper, mais sans ses verres de correction, il semble ne rien voir. Je tourne à gauche pour l'éviter. C'est vraiment bien ? J'veux dire, de le laisser comme ça. Ok, c'est pas mes affaires. Ok, je ne le connais pas. Mais il vient d'être gentil avec moi. Et ça fait longtemps que c'est pas arrivé. Je fais demi tour et le guide jusqu'à un banc, lui disant que je vais revenir avec ses lunettes. Puis je trace en prenant la direction empruntée par l'insecte. Malheureusement, malgré sa taille, il est plutôt rapide. Je l'ai perdu. Je reviens voir l'homme. Il a disparu ! Il n'est plus sur le banc. Tant pis. Il a du retrouver sa famille ou je ne sais quoi. Je reprends mon aventure. Une bête poilue, qui me semble énorme, est en train de rire. Un rire sonore, gras, puissant qui se répercute. On dirait qu'il se moque d'un type. Je m'assois sur le sol. Et j'observe. Je regarde la symbiose entre les animaux, leur contact avec le monde humain. C'est si facile pour eux. Ils sont qui ils sont, rien de plus. Pas de mensonges, pas de civilisation, pas de corruption. Je passe ainsi la majeur partie de la journée assis dans un coin, regardant les animaux vivre leur vie, interagir avec les Hommes. Vers la fin de la journée, un chat à six pattes s'approche de moi. Une lueur dans ses yeux. Il s'arrête à trois mètres, et régurgite une tête de poisson. L'odeur me rendrait presque malade. Heureusement, je me suis caché pendant trois jours dans une cale de poisson, il y a quelques mois. Depuis, je suis presque immunisé face à cette puanteur. Presque étant le mot clé. Le chat me regarde, semblant attendre quelque chose.
" J'ai rien pour toi. Vas-t-en. " Il me regarde, et pose ses fesses sur le sol. Il insiste en plongeant ses yeux dans les miens. Tandis que j'esquive, je remarque un truc étrange. Une, deux, trois, quatre, cinq et six. Il a six pattes. IL A SIX PATTES !!!!! Les animaux ici sont vraiment étranges, et bizarre. Le félin s'approche de moi pour venir se mettre sous mon bras et me refixe. " J'ai rien. " Il miaule avec insistance. " Ok, je reviens ce soir avec de quoi manger. "
L'heure de partir arrive rapidement. Aussi je quitte les lieux. Trois heures plus tard, lorsque la nuit est tombé, je reviens. J'escalade les grilles pour me retrouver devant les douves remplies de liquide ... étrange. Je tente de sauter, mais juste avant de le faire, je me souviens qu'il y a un passage plus loin. Alors je l'emprunte et me retrouver devant la boutique. Avec un coup de clé à molette, je fracasse le cadenas. Je rentre, prends de la nourriture, et pars dans le parc. Il n'y a pas beaucoup de bruit. Je croise certains animaux. Notamment ces espèces de scarabées géants qui essaient de me voler les paquets de nourriture. Je cours pour leur échapper. Mais ils sont rapides et me rattrapent. J'ouvre un paquet et lâche le contenu sur le sol. Ils se précipitent dessus, comme Lloyd Barell devant un miroir. Puis je m'éclipse jusqu'à retrouver la place où j'ai vu le chat. Il y en a un, justement, couché au même endroit. Il ne bouge pas quand je m'assois à côté. " C'est toi ? Boarf, ça change rien si c'est pas toi. " J'ouvre un paquet de chips et lui en donne quelques unes. Il prend le paquet, se lève, fait quelques pas, se tourne vers moi semblant m'attendre. Je me lève et le suis, sans savoir pourquoi. On arrive à leur tanière. L'odeur qui s'en dégage n'est pas forcément des plus agréable. Au milieu, une dizaine de chats en train de jouer avec de la nourriture. Il dépose le paquet ouvert, fait tomber des chips, en balancent quelques unes dans une espèce de sauce et avale le tout avant de miauler de plaisir. Les autres essaient aussitôt. Le chat m'en apporte quelques unes pour que je goute.
" C'est si facile de communiquer avec vous. Et tellement dur avec les humains. Je ne sais pas si je pourrais retourner à la société un jour. Je sais que mes parents auraient aimé, mais ... chaque fois que je vois quelqu'un, ça me rappelle qu'ils ne sont plus là. Et qu'ils ne le seront plus jamais. Du coup, ça me rend triste, et j'évite le monde. Vous, les animaux, c'est tellement plus ... simple. " Il miaule. Monsieur s'impatiente on dirait bien. J'arrête de parler et croque une chips avec la sauce mystère. Et ô putain ! Si le piment avait un ancêtre, la sauce serait cet arrière arrière arrière arrière grand père, périmé depuis quelques siècles. Ça m'arrache la gorge. J'ouvre la bouche pour parler, mais c'est du feu qui sort. Je crache du feu, comme un dragon, sur quelques centimètres. Mon visage devient écarlate. Il me tend un bol d'un liquide rose bizarre. Je me méfie. Mais en même temps, ça ne peut pas être pire, pas vrai ? Alors je porte le récipient à mes lèvres et boit le contenu. Quelques secondes plus tard, mon corps redevient normal.
" Ouah la vache. Puissante la sauce. "
Dernière édition par Clotho le Mar 5 Jan 2016 - 18:43, édité 4 fois