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That's Chaos Theory.

Fantine grogna. Assise dans son coin, elle s'ennuyait formidablement. Peut-être parce qu'elle ne faisait absolument pas l'effort de s'intégrer à la conversation, d'essayer de comprendre ce qu'il se tramait, du pourquoi tout le monde avait l'air aussi sérieux autour de foutus papiers et d'une carte mal dessinée. On lui avait promis un petit job bien payé, qui la mettrait à l'abri du besoin pour quelques semaines, tout au plus, mais on ne lui avait pas précisé qu'elle allait devoir perdre autant de temps en bavardage inutile. Bobby Jo était en train de préparer un plan d'attaque pour s'emparer d'un navire marchand amenant une cargaison coûteuse sur Las Camp. Quelle drôle d'idée d'apporter quoique ce soit de précieux ici, songea la jeune fille en faisant une bulle avec sa salive.

La pièce était sombre, éclairée seulement par quelques bougies posées çà et là, l'heure, quant à elle, était avancée. La nuit était tombée depuis un moment sur Las Camp. Les rues grouillaient de criminels et de putains attendant le prince charmant. Et c'était dans cette ville sans avenir que les manigances des uns occupaient le temps des autres. Du temps qu'elle ne pourrait jamais récupérer, geint-elle en elle-même tandis que ses compagnons d'infortune continuaient à jouer les gens importants et intelligents.

« Le navire arrivera dans la nuit de demain, annonça Bobby Jo derrière sa grosse barbe broussailleuse et son cache œil.
On l'intercepte ? Demanda Billie en jouant avec ses petits doigts boudinés.
C'est ça...
Pour quelle heure ?
Minuit pétante qu'on m'a dit.
Tes sources, elles sont fiables ? Questionna Jack entre deux bouffées de cigarette.
Elles m'ont jamais trahi, alors t'inquiète pas pour ça. Vous feriez mieux d'vous préparer : prendre une navire de c'te taille, c'est pas donné à tout l'monde. Vous avez beau être des durs, vous f'rez pas long feu si y'a d'la résistance. Faut la sapper directement pour prendre le magot. »

Le silence retomba brièvement. Il y eut des bruits de papiers qu'on classait, qui ne sortit pas pour autant Fantine de ses contemplations. Elle fixait sans pouvoir s'en détourner un cafard qui fourmillait sur le plafond. Hésitant, incertain, il allait de craquelures en zébrures recouvrant les lambris de cette maison dégradée où ils se rassemblaient à l'occasion. Un petit sourire aux lèvres, elle redressa la tête quand Bobby Jo reprit la parole d'une voix ferme :

« Billie, Jack et votre équipe, vous attaqu'rez sur l'flanc, les autres, de l'autre côté. On les prend en tenaille et on s'défait vite de l'équipage, compris ? Il n'attendit pas spécialement la réponse, enchaînant juste après : Fantine... T'verrifieras avant qu'la cargaison est bien c'qu'on est venu chercher. Ça sert à rien qu'on perde notre temps si y'a que dal à prendre... »

La jeune fille poussa un petit soupir. Avachie sur son fauteuil, elle savait qu'elle allait bientôt devoir s'en extirper pour poser son popotin dans une barque, direction le large. De là à savoir comment elle allait s'y prendre pour monter à l'intérieur de sa cible, il y avait encore un monde. Improviser ? Ça semblait être sa meilleure option sur l'instant, même si en réalité, elle n'y pensait pas vraiment. Trop occupée à ajuster ses tresses, passant totalement à autre chose, elle ne capta même pas le regard de son employeur, qui lui pourtant, appuyait ses yeux sur elle en attendant une réponse de sa part.
Il n'en eut aucune, et préféra prendre les devants :

« J'compte sur toi. »

Fantine bondit de son siège soudainement. Les jambes droites, se dandinant sur ses appuies, elle fit quelques pas vers la sortie avant de se retourner. Plaçant deux doigts contre sa tempe, elle salua la salle avec un petit sourire, ses iris rosés brillèrent d'une malice mauvaise qui ne laissait que peu de doutes sur ses intentions :

« Roger that ! »

Avant de s'éclipser.
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Kurn était assis sous le mât principal. Même dans cette posture, il faisait plus ou moins la même taille que la plupart des marins du navire. Il profitait du temps clément pour admirer les étoiles, totalement dévoilées par les nuages pour la première fois depuis plusieurs jours. Et je préfère largement la brise marine, iodée, salée, à la puanteur de la cale.
Il savait que sa présence n’enchantait pas les matelots plus que cela, et le second ne manquait pas de lui adresser de nombreux coups d’œil d’une manière qu’il espérait subreptice. Sans succès. Kurn l’ignora totalement, ferma les yeux et inspira profondément, essayant d’atteindre un état méditatif. La méditation est un des piliers des arts martiaux. Connais-toi, connais le monde, connais ton adversaire.

Le temps passa. Kurn en perdit toute notion.

Il se réveilla à un son inhabituel. Des sons, d’ailleurs, nota-t-il rapidement. L’homme-poisson ébroua son imposante masse pour sortir plus rapidement de sa transe. C’était peut-être une mauvaise idée d’avoir fait cela ici. Mais le trajet avait été d’un calme mortuaire.
Une fois revenu à un niveau de conscience acceptable, il écouta enfin ce qui se disait. Les cris évoquaient des pirates qui venaient de tribord.
« Ils arrivent aussi par babord !
- Et la proue ! »
Une attaque ! Pensa Kurn. Une volée de canon fut tirée, d’abord à sa droite, puis à sa gauche. Il n’entendit que le bruit de l’eau et de gerbes d’éclaboussures. Les lanternes des attaquants se rapprochaient de plus en plus. Le temps que les canons fussent rechargés et fissent feu à nouveau, les pirates étaient sur eux.

Les grappins s’accrochèrent au bastingage de part et d’autre et contribuèrent à placer côte à côte les trois navires, le transporteur se retrouvant pris en tenaille. Il était trop tard pour tirer une nouvelle bordée : les bateaux couleraient ensemble, les dégâts seraient généralisés.

Le colis !

Les marins avaient beau couper toutes les cordes aussi vite qu’ils le pouvaient, leurs lames rouillées, ébréchées, émoussées ne tenaient pas le rythme. Rapidement, les intrus purent établir une tête de pont qui s’élargit à mesure que leurs alliés arrivaient. Le second et le capitaine braillaient des ordres parfois contradictoires.
La rascasse laissa là l’équipage. Il ne servait à rien de se battre sur le pont, et ce n’était de toute façon pas sa mission. Non, sa charge, son contrat du jour était d’assurer l’arrivée d’un certain paquet à une certaine personne de Las Camp. Pragmatique, il décida d’aller s’occuper de son paquet. Ma mission, mon honneur.

Un cimeterre fonça sur Kurn, un coup de taille. Les sens aux aguets, sans rien de sa lourdeur coutumière, il l’attrapa entre ses deux paumes jointes. D’une torsion, il fit lâcher prise au pirate avant qu’un coup de pied ne le renvoyât par-dessus bord. Laissant tomber l’arme par terre, bien trop petite pour lui être d’une quelconque utilité même s’il l’eût voulu, il se dirigea au trot vers la porte qui menait à la cale. Sur son chemin se posta un nouveau pirate rapidement écarté d’une piqûre empoisonnée.

Descendant quatre à quatre les marches qu’il connaissait maintenant par cœur, même dans l’obscurité quasi-totale, Kurn dépassa sans s’arrêter l’ouverture menant à l’entrepont d’artillerie pour arriver au dernier sous-sol. La rascasse attrapa la lampe-tempête à côté de l’embrasure de la porte puis éclaira sa route jusqu’à une boîte en bois, solidement fermée pour éviter toutes fuites.
Un mètre sur ving centimètres, en bois clair, le paquet était toujours là. Un marchand lui avait ordonné la livraison à un confrère. L’objet devait être exactement dans cet état, protégé de tous les dégâts possibles et imaginables. La paie était bonne. Kurn avait accepté. Il est temps de gagner mon salaire. Un paiement pareil, cela cachait forcément quelque chose… Ou c’était un autre fret du navire, peut-être ?

Aucune importance pour l’homme-poisson, décida-t-il. Il était là pour défendre ce colis, il le défendrait, et ce n’était pas les bruits venant des escaliers qui le distrairaient.
J’étais sûr qu’il en viendrait par les sabords, pourtant.

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Le jour J vint vite. Et Fantine était prête depuis longtemps. Quand Bobby Joe était venue la voir pour lui dire qu'elle était temps, l'adolescente ne se fit pas prier pour s'y rendre. Le port fut rapidement à porté de vue, un peu comme cette barque qui ballottait au gré des vagues. Elle prit place à l'intérieur et fut saluée par ses compagnons qui n'allaient pas tarder de toute façon à la rejoindre. Une rame dans chaque main et le monde comme horizon. Ça avait un côté foutrement poétique que Fantine adorait.

Chatonnant dans sa coque de noix, elle continua à ramer jusqu'à arriver à un point précis qu'elle semblait viser depuis le début. Un point, au milieu de nul part, au centre même de cette mer sombre où le pire pouvait surgir n'importe quand. Pas spécialement visible, et pas disposée à l'être, elle se planqua simplement dans le fond de sa barque en croisant les bras derrière sa tête. La jeune fille somnola alors, quelques minutes à peine, jusqu'à ce que le ballottement des vagues ne la tirent de ses contemplations. Quelque chose approchait. Quelque chose de gros. Et elle n'eut pas de mal à savoir ce que c'était, puisqu'elle l'attendait.

Le navire la frôla de peu, faisant dévier sa barque légèrement sur le côté. Fantine se sentit glisser sur l'eau, sans s'en formaliser pour autant. Car le bois de son petit bâtiment frôla celui massif de l'immense qui la doublait. Elle n'eut qu'à tendre la main pour se saisir d'un appui et quitter le plancher qui la maintenait en vie. Elle était à bord... Enfin, sur le flanc, mais à bord. Jetant un coup d'oeil en bas, l'écume léchait la surface avidement, tandis que la proue perçait vers Las Camp. Le voyage allait pourtant pas tarder à s'abréger pour ses marins.
Fantine resta ainsi silencieuse, et prête, allant de prises en prises, d’appuis en appuie, en visant une fenêtre ouverte non loin d'elle. Une fenêtre par laquelle elle ne tarda pas à rentrer, grâce à sa silhouette élancée et maigre qui faisait qu'elle convenait parfaitement pour le job. La jeune fille constata immédiatement la différence de température entre la fraîcheur salée de l'extérieur, et l'ambiance moite de l'intérieur. Une vague odeur d'humidité lui prenait le nez alors qu'elle se remettait les tresses en place, prenant négligemment la direction des cales. C'était là qu'elle devait être, là pour vérifier que le bien y était.

Elle ne mit ainsi pas très longtemps à rejoindre les sous-sols. Se planquant de temps en temps pour éviter les quelques habitants des lieux, elle profita de l'agitation du dehors pour fondre dans la bonne direction. Une porte, puis une autre, elle ne tarda pas à trouver la bonne trappe en plongeant dans le noir avec les fameux biens qu'ils étaient venus dérobés. Fouillant quelques secondes, les bruits de pas la firent s'arrêter, et quand l'entrée grinça, elle fondit derrière une caisse sans se faire prier.

Ça n'était pas au programme, ça. Pas du tout. Mais l'affolement ne la gagna absolument pas, car en regardant par-dessus son abri, elle vit une forme étrange et fascinante prendre place juste en face d'un paquet bien particulier. Guettant la sortie, venu sans doute comme garde du corps, elle cilla bien des yeux plusieurs fois pour réaliser qu'elle n'était pas en train d'halluciner. Ce type était trop bizarre. Mais vraiment, trop bizarre. Ses épines sur la tête, son teint bicolore et ses marques ondulés, le regard sombre...

Bizarre, et fascinant. Elle n'en avait jamais vu des comme lui. Jamais. Les coups de feux et les coups de canons tiraient depuis déjà un moment, et le bois craquait violemment au-dessus de leur tête, mais elle... Fantine, elle, en avait oublié la raison de sa présence ici, et sortant de l'ombre, elle sauta comme un chat sur le dernier arrivé, en hurlant d'une petite voix aigue :

« Groooooooot ! »
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Tout d’un coup, quelque chose se jeta sur lui. Un ennemi s’est gliss… Se préparant à le déloger de force et à le mettre hors d’état de nuire, il n’entendit qu’à retardement la voix aigüe qui s’exclama quelque chose qu’il ne comprit pas. Son coup sur la chose accrochée à son bras se transforma en main ouverte pour l’attraper.
Mais l’inconnue grimpa extrêmement vivacement, esquivant la poigne, pour grouiller sur sa tête puis son dos. Kurn rétracta ses ailerons aux pointes empoisonnées, dans le doute. Ca ne semblait pas avoir d’intentions malignes. L’homme-poisson secoua la tête, faisant craquer ses cervicales par le même occasion, mais le temps de se débarrasser de la chose, elle était déjà accrochée dans son dos en poussant des petits cris.
« Groooooot !
- Hein ? Quoi ? Viens par ic…
- T’es Groot ! »

Se contorsionnant dans tous les sens, il attrapa enfin une cheville et tira gentiment mais fermement pour déloger la bestiole. Le crissement des ongles sur ses écailles lui fit grincer des dents. Levant haut le bras, il put contempler à l’envers une petite fille aux longs cheveux bleus, très maigre, avec un grand sourire ouvert sur des canines pointues.
« Groooooot ! Fit-elle en prenant ses joues entre ses mains et en les remuant, faisant prendre des moues débiles à la rascasse.
- Je m’appelle Kurn T’Erlhitan, fils de Vrarr, fils de Torl.
- Moi, c’est Fantine, Groot !
- Je m’appelle K…
- Tu s’appelles Groot !
- Non, je suis…
- Groot ! Groot ! Groot ! »

Kurn cligna des yeux en posant la fille au sol. Elle n’était pas sur le navire marchand. Elle a dû s’échapper d’un des deux navires pirates et venir chercher refuge ici. Réduite en esclavage, ce qui explique sa maigreur extrême. Enchainée à fond de cale, probablement, elle a dû fausser l’attention de ses gardiens. Oui. Logique.
« Assieds-toi là, ne t’en fais pas, Fantine. Si des pirates arrivent, je m’en occuperai, assura Kurn. »
L’homme-poisson se rassit à côté de son paquet, les sens aux aguets. Il savait que Fantine, après avoir gigoté deux minutes, était partie explorée la cargaison du navire. Peut-être à la rencontre de quelque chose à manger. Elle doit être morte de faim.

Finalement, des bruits se firent entendre dans l’escalier. La rascasse se redressa fluidement en position accroupie, appuyé sur les jointures de ses doigts. Il oublia tout ce qui se trouvait autour de lui, les relégant au rang d’éléments du décor. Les trois pirates qui entrèrent dans la cale furent éclairés par la lumière un peu tremblante de la lampe-tempête. Boucles d’oreilles, épaisses toisons capillaires, faciales et sur le torse, sourires confiants, cimeterres et mousquets, ils avaient tout ce qui allait avec le sourire, y compris la saleté et les dents branlantes.

Kurn ne leur laissa pas le temps de viser. Les armes à feu étaient trop dangereuses, et ce n’était pas ses écailles qui allaient le protéger des balles. Attrapant une caisse quelconque, il la jeta brutalement sur le trio avant de suivre au pas de course.
Les forbans s’égaillèrent pour éviter la diversion, armant leurs mousquets et raffermissant leurs prises sur leurs lames. Le plus proche ramassa un coup du tranchant de la main droit dans le tempe. Avant même qu’il touche le mur, il était évanoui. Le deuxième fit feu dans la panique, son tir s’enfonçant dans un baril d’eau douce qui se mit à répandre son contenu par terre dans un doux glougloutement.

Il tenta également de donner un coup de sabre, mais le poing de Kurn fracassa les doigts de la main qui tenait l’arme avant d’achever de déchausser le peu de dents qu’il restait. L’attaque du dernier ne toucha que de l’air, manquant de peu l’homme-poisson qui avait sautillé vers l’arrière, à côté de l’eau du tonneau.
D’un puissant coup de coude, la rascasse acheva de briser le contenant en bois et prépara une flèche aqueuse sous le regard médusé de son adversaire. Le projectile le transperça au niveau de l’épaule, lui arrachant un gémissement et ses armes, qui tombèrent par terre en clinquant.

Situation sous contrôle. Laissant là les trois hommes, Kurn retourna auprès de son colis. Là où je l’avais laissé. Mais… Il n’est plus là. Quelqu’un a pénétré dans la cale à mon insu ? Par où ? J’étais à côté de la porte. Il n’y avait pas d’autre issue, si ? Ou non ? Il me semble que non. Et la fille ?
Un détalement au coin de son champ de vision. Un éclair bleu. La fille ! Elle a dû voler le… ! Se précipitant à sa poursuite, il dut se rendre à l’évidence : elle était bien plus rapide que lui. Il put à peine la voir bondir par un des sabords de l’entrepont. Kurn courut à l’ouverture, bien trop étroite pour lui permettre de passer à son tour. Il était bien deux fois plus grand qu’elle, et bien plus que deux fois plus large.

Avec un grognement rageur, il courut vers le pont.

Le colis. Il me faut le colis.


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Même à l'envers, ce type était fascinant. Elle ne le voyait pas comme les autres de sa place, mais ça n'importait que peu, car elle se disait qu'en le regardant sous toutes les coutures, elle arriverait encore à le trouver super cool. Elle se demanda même si elle pouvait le ramener chez elle, le garder, comme une enfant qui rencontre un chiot dans la rue et pose la question à un parent. Elle savait déjà comment elle allait l'appeler. Groot. Ça ne pouvait pas être autre chose. Un sourire montrant toutes ses dents sur les lèvres, elle se laissa faire, s'accrochant à ses grands bras pour redescendre et remettre le pied au sol. Le navire tanguait et craquait toujours, tandis que les coups de canon ne cessaient pas au-dessus de leurs têtes. L'équilibre se faisait précaire, et les caisses en fond bougeaient et tombaient de temps à autres. Elle se détourna de lui seulement pour se reconcentrer sur sa mission première, se promettant tout de même de revenir vers lui dès qu'elle en aurait fini avec le colis qu'elle était venue chercher.

Il y eut du mouvement, du chahut, mais rien d'assez conséquent pour perturber la jeune femme dans sa recherche désespérée. Retournant tous les bagages, éventrant les valises et les tonneaux, Groot, ou Kurn comme il disait s'appelait même si ce nom-là était beaucoup moins cool, s'occupait des malotrus alors qu'elle mettait la main sur le saint Graal. L'ouvrant pour y jeter un coup d'oeil, elle s'en saisit dans un petit glapissement et le porta au-dessus de sa tête. Faisant volte-face, le « calme » revint sur la large pièce, tandis qu'elle prenait la tangente au pas de course pour assurer son travail. Après tout, Bobby Joe allait bien la payer pour ça, elle pouvait bien empocher l'argent et garder Groot après ça !

C'était son nouveau plan. Et il ne pouvait pas ne pas réussir.

S'engageant dans les couloirs étroits, bousculant des marins sur son passage, distribuant des coups en évitant ceux qui venaient à elle, la jeune fille gagna le pont en regardant autour d'elle. Les marins défendaient leur navire avec force et vigueur, tandis que les pirates et mercenaires qui l'avaient pris en tenaille tentaient bon gré mal gré de gagner l'assaut. Ça n'était pas son problème. Elle devait prévenir Bobby qu'elle avait ce qu'il voulait, et qu'ils pouvaient partir. Et qu'ils devaient récupérer Groot aussi, à ne pas oublier.

Prenant la direction d'une des rambardes, dans le but évident de se faire la malle, Fantine prit un peu d'élan avant de bondir comme un chaton et...

« Arrête-toi là !
Hiiii ! »

Se faire arrêter en plein saut. Elle sentit ses jambes battre le vide et repartir en arrière, attrapée par le col de son vêtement. Et en comprenant à qui elle avait à faire, elle agrippa fermement le colis tandis que la grande main de Kurn tentait d'en faire autant. Elle se débattit, bougeant le paquet dans tous les sens pour éviter qu'il ne puisse s'en saisir, et hurla d'une voix suraiguë :

« Groot ! Qu'est-ce que tu fais ?
Ça n'est pas à toi, ça.
Et alors ? Miaula-t-elle en le fixant avec de gros yeux et les joues gonflées. Je le veux ! Je dois le ramener ! Laisse le moi !

Kurn réussit à s'en saisir malgré tout, lâchant Fantine qui elle, ne lâcha pas du tout son bien. Et l'homme poisson avait beau secouer dans tous les sens, elle se laissa malmener en hurlant sans pour autant céder du terrain. Et sans lâcher, elle réussit à se pendre au bras de son vis-à-vis, s'accrocher fermement en y passant ses jambes, et enfoncer ses petites dents dans sa grosse paluche. Non mais !

« Lâche cha ! Ordonna-t-elle en grognant. »

Une autre salve de coup de canon fit craquer le bastingage, éclata la rambarde, et entama le mât principal du navire où ils se trouvaient tous. Mais qu'importait. Pour l'un, comme pour l'autre, le monde pouvait bien s'effondrer sur lui-même, il n'était juste pas question de lâcher ce fichu colis.
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Aïe !

La peste que je pensais être une esclave égarée s’est avérée être une sale voleuse. Et j’ai beau essayé de la déloger du paquet et de mon bras, pas moyen de lui faire lâcher prise !


Tout autour du gigantesque homme-poisson et de la fillette accrochée à lui, la bataille continuait à faire rage. Les deux camps semblaient satisfaits de les laisser à leurs affaires : chacun était bien trop occupé à occire son prochain pour perdre son temps à tuer des individus qui étaient manifestement aussi peu concernés par l’attaque, et ne risquaient donc pas de leur tomber dessus.
L’air était saturé par l’odeur métallique du sang, celle âcre des boyaux, de la sueur et de la peur et le parfum reconnaissable de la poudre. On n’entendait que le fracas des armes. Mais pour Kurn, il n’y avait que le colis, qu’il tenait d’une main pas tout à fait assurée, et la fillette accrochée à son bras qui me manquait pas de lui coller un coup de talon dès qu’elle en avait l’occasion.

Le navire marchand semblait décider à dégoûter les pirates de rester. Il tirait salve sur salve de ses quelques canons, dans l’espoir de convaincre les forbans de partir voir ailleurs s’il y était. Mais ceux-ci comptaient bien rentrer les poches pleines, quitte à y laisser des dents, ou leurs bateaux. Les coques devaient déjà être trouées comme des gruyères, à ce stade. Cela risque d’inciter les pirates à prendre possession de ce bâtiment en abandonnant les leurs, pensa confusément Kurn.

Après avoir secoué son bras dans tous les sens, l’homme-poisson se résolut à légèrement abîmer Fantine. Il arma un grand coup au-dessus de sa tête et l’abattit sur le bastingage. Mais, vivace, la fillette avait déjà fait le tour du bras épais comme une cuisse pour éviter l’attaque. La rascasse laissa échapper un grognement de douleur interrompu par une nouvelle morsure, sur l’index cette fois.
Sous les deux attaques –l’une auto-infligée, il relâcha sa prise sur le colis, qui lui fut aussitôt arraché. Fantine, aussi rapide qu’un chat, tenta de bondir plus loin, mais Kurn parvint à lui attraper le bras, l’en empêchant.

Un grand bruit d’explosion retentit, les faisant tous les deux se baisser. Le bateau qui se trouvait côté babord était en flammes, et sur le point de couler. Il tenait déjà davantage de l’épave que du bâtiment souffrant d’avaries. La sainte-barbe avait été touchée par les tirs incessants de canons du navire marchand.
Le problème, c’est qu’il est solidement arraisonné aux nôtres… Le déséquilibre… Couler…
« Donne-moi ça, Groot !
- Ce n’est pas à toi !
- C’est pas à toi non plus !
- Je vais l’apporter à son propriétaire !
- Maintenant, c’est moi, d’abord !
- Hngh ! »
Leur navire se mit à gîter légèrement, mettant en péril l’équilibre de tous les occupants du bateau. Le navire pirate côté tribord se mit à faire feu de ses canons aussi. Les canonniers ne voulaient probablement pas connaître le même sort que leurs collègues et exploser avec la réserve de poudre.

Un dernier coup bien ajusté eut raison du mât, qui tomba dans un grincement de bois tordu. Sa chute l’emmena à quelques centimètres de Kurn et Fantine, avant de faire trembler tout le bateau en fracassant le pont, la coque, et le marin malchanceux qui se trouvait sur son chemin.
Le bâtiment marchand tangua sous l’impact puis se mit à suivre le mât, qui flottait vaguement sur la mer agitée par la chute.
« Bobby ! Bobby ! Viens ! S’écria Fantine.
- Fantine ?
- J’ai le colis ! Et j’ai Groot ! J’les tiens, on peut partir !
- J’arrive ! »
Elle ne tient rien du tout ! Et si des renforts arrivent…

Kurn sauta sur le mat qui flottait paresseusement à côté du bateau, tenant toujours fermement la jeune fille qui avait le paquet. Le radeau de fortune manqua chavirer quand il atterrit, alors il souleva bien haut Fantine pour être certain que le colis ne serait pas abîmé par l’eau de mer. Il entendait derrière lui les ordres donnés par le dénommé Bobby à un groupe de pirates, ordres qui évoquaient tous des sashimis et le paquet.

Ils ne l’auront pas, sur l’honneur des T’Erlhitan !


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Penfant un bref instant, l'adolescente envisageait sérieusement l'idée de s'en tirer avec le beurre, l'argent du beurre et le sourire de la crémière. Elle s'était vue partir, sur les épaules de son nouveau meilleur ami, après avoir récupéré son colis ainsi que sa paie, pour se payer plein de choses super chouettes (enfin, surtout des vêtements) avec ce qu'elle avait durement gagné. Mais il s'avéra que Groot n'avait rien d'un type si facile à dompter, et quand bien même elle luttait corps et âme pour ne pas lâcher prise et prendre la tangente, elle était tombée sur plus têtue qu'elle.

Les choses se précipitèrent d'une certaine manière. Bobby Joe avait compris qu'elle avait le paquet, mais qu'elle se faisait surtout embêter par un poisson mesurant trois fois sa taille et faisant au moins quatre fois son poids. Il comprit également que le combat pouvait alors être rapidement abrégé à partir du moment où ils récupéraient ce qu'ils étaient venus chercher. Mais rien ne se passa comme prévu, et si l'homme chercha à venir « en aide » à la jeune fille, les circonstances en décidèrent autrement. Le navire continuait à craquer, à canarder et à recevoir des boulets de canon. Le mât éclata, tomba à l'eau, entraînant avec lui tout un pan du bâteau. Et Groot, quand à lui, ou Kurn, selon on préférait l'appeler, se décida plutôt à prendre ses clics et ses clacs et à se sortir de ce merdier à sa manière.

Fantine ne retint pas le hurlement strident lorsqu'il sauta à l'eau avec elle. Elle retint par contre sa respiration, blottit autour de son paquet et se pinçant le nez pour s'éviter de boire la tasse. Elle ne pénétra jamais dans la mer, jamais. Kurn avait bien fait attention de se réceptionner, même si l'équilibre lui sembla farouchement précaire.

« Mais Grooooot... »

L'adolescente eut une moue boudeuse en se tournant vers lui. Enserrant toujours son bien comme s'il s'agissait désormais d'une part d'elle-même, elle lui tira la langue juste après en minaudant à nouveau :

« T'es vraiment pas sympa... »

Quoiqu'en fait, Kurn était sans doute plus sympa que les sbires du dessus qui avaient décidé qu'il était temps de les canarder comme il fallait. Visant l'homme poisson, Fantine se devait également d'éviter les projectiles qu'on leur balançait à la figure. Elle prit place sur les épaules de son vis-à-vis, coinçant le paquet entre ses dents le temps de l'escalader, et se cacher derrière ses épines qui trouèrent ses doigts quand elle s'agrippa maladroitement à lui :

« Aieuh !
Hngh, objecta l'homme poisson en évitant une balle alors que Fantine tirait sur front en hurlant d'une voix suraigue.
A droite Groot ! A droite !
Je m'appelle K-
L'autre drooooite !
Rah !
Mais tu vas nous faire tomber ! Hurla-t-elle en collant ses mains devant les yeux de l'homme poisson pour se tenir comme elle pouvait. »

Les lancés s'arrêtèrent brièvement quand le navire marchant se fendit purement et simplement en son centre, commençant pas la même à couler. Bobby Joe fit retirer ses hommes pour les ramener à bord des bateaux encore aptes à naviguer, et eux deux eurent à faire au ballottement de l'eau en équilibre sur un mât éclaté qui flottait à peine. Heureusement, Fantine n'était pas mouillée.
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Dans le noir excepté les quelques rayons de lune qui se frayaient un chemin par les doigts de Fantine, Kurn se sentait légèrement agité. Agité par le mât qui tanguait de plus en plus sous ses pieds. Agité par le poids mort qui gigotait furieusement au-dessus de sa tête. Agité par les balles qui sifflaient autour de lui, d’eux, du colis.
L’homme-poisson leva les mains pour écarter celles de la fillette, mais un brusque mouvement de leur radeau de fortune manqua de le déséquilibrer, le forçant à s’accroupir au plus vite pour abaisser son centre de gravité, les bras écartés comme un funambule.
« Francine !
- Groot !
- C’est K…
- Groot !
- Pousse tes mains, je ne vois rien !
- Non ! Sinon je tombe ! »

Elle a le colis ! Le colis ne doit pas tomber à l’eau ! Le colis, le colis, le colis, ces deux mots résonnaient et se répercutaient dans la tête de Kurn. Il remplirait son contrat, coûte que coûte. Même si sa fierté devait en prendre un léger coup.
« Fantine, que se passe-t-il ? Ils ont arrêté de tirer ? Pourquoi ? Ils abandonnent la poursuite ? Viennent en canot ?
- Hmmm, oui, je sais paaas, je sais paaas, je sais paaas.
- Oui quoi ? Tu ne sais pas quoi ?
- J’ai répondu à tes questions ! A toi de répondre aux miennes ! T’es quoiiii ? Tu viens d’où ?
- Je suis un homme-rascasse, je viens des profondeurs. Tu peux bouger tes mains ?
- Non, il faut que tu devines qui je suis ! »
Kurn soupira intérieurement. Calme comme les abysses, loin de l’agitation de la surface, loin de…
« Alors, alors, alors ? T’as trouvé ?
- Tu es Fantine.
- Il faut mon nom de famille !
- Je ne peux pas savoir !
- Moi j’connais le tien, c’est… c’est… Groot !
- Groot, ce n’est pas mon nom ! Ni mon prén…
- Bobby, par ici, par ici ! Piailla Fantine en s’agitant dans tous les sens.
- Ils arrivent ?!
- Nooon, pas du tout, minauda-t-elle en lui tapotant le haut du crâne. »

Ne me crois pas plus crédule que je ne suis ! Ce colis sera livré à son propriétaire légitime, sur l’honneur des T’Erlhitan ! Agrippant fermement les brindilles qui servaient de jambettes à Fantine dans une main gigantesque, Kurn se glissa dans l’eau. Il avait une bonne idée du cap à prendre, en observant le point vers lequel la proue des navires tendait.
« Je suis mouillée ! Je suis mouillée ! Méchant Groot ! Méchant !
- Tais-toi, bougonna la rascasse avant de commencer à nager, battant des jambes à la quasi-verticale et s’aidant d’un bras.
- Bobby ! Groot il veut pas rester ! On est là ! J’le tiens !
- Tu veux vraiment qu’ils nous tirent dessus ?
- Bobby ferait jamais ç… »
Les détonations qui suivirent coupèrent sa phrase et sa profession de foi.
« Plus vite, Groot, plus vite ! Vers Las Camp ! »
L’homme-poisson but la tasse en essayant de répondre, l’eau étant sans dommage éjectée par ses branchies.
« Tiens le colis bien hors de l’eau.
- Le colis, toujours le colis ! Et d’abord, tu fais quoi, si j’le lâche, hein, Groot ? »
Le silence lourdement souligné par le son des brasses suffit comme réponse.
« Tu vas pas me laisser là, hein, Groot ?
- Le col…
- On est ami, Groot ? »

Amis ? Alors que Fantine était une des causes de ses soucis, qui le poussaient à devoir nager sur des kilomètres en portant une gamine et un paquet dans une direction dont il n’était même pas certain ?
« Mais oui, nous sommes amis, assura Kurn en visualisant distinctement le colis. »

Dans l’immensité de l’océan au plus profond de la nuit, plus de signe de la barque de Bobby.

Ni de quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs.


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Un soupir tremblant lui échappa. Elle était gelée. Les jambes dans l'eau froid, remontant presque jusqu'à sa taille, agrippée à Kurn et de plus en plus crispée. Fantine avait l'impression de surcroît que le sel était en train de l'assécher complètement. Elle déglutit péniblement à cause de sa gorge serrée, et claqua des dents sans pouvoir se retenir. Serrant le paquet comme elle le pouvait, son estomac faisait aussi des bonds dans son ventre, mais réfrigéré comme il l'était, elle ne le sentit pas immédiatement.

« J'ai froid, Groot, geint-elle doucement en reniflant bruyamment.
Je m'appelle Ku-
J'ai froid. »

La jeune fille ne chercha même pas plus longtemps à l'écouter, elle se moquait bien de comment il pouvait s'appeler. Elle avait froid. Elle avait faim, ou en tout cas, elle avait ce même sentiment de ventre creux que lorsqu'elle s'était retrouvée affamée la toute première fois sur Las Camp. Fixant l'horizon qui commençait doucement à se troubler, Fantine tenta de rester consciente en inspirant profondément :

« C'est quand qu'on arrive ?
Dans un certain temps.
Oui, mais quand ?
… »

Kurn semblait préférer garder le silence. Comme s'il se rendait compte qu'il avait pris à son bord une gamine turbulente qui allait probablement lui répéter ça pendant toute la durée du trajet. Et très franchement, elle l'aurait fait, si elle n'avait pas cette impression étrange que son intestin grêle était en train de s'enrouler autour de ses poumons :

« Je me sens pas bien, Groot...
Je m'appelle K-Hein ?
Vraiment pas bien...
Comment ça « pas bien » ?
Mon estomac est en train de faire les montagnes russes...
Tu t'es fait mal sur mes épin-
Je crois que je vai- Bleurp »

Fantine ouvrit le colis et lui offrit le contenu presque vide de son ventre. La bile lui racla la gorge, qu'elle recracha à l'intérieur comme elle le put, avant de se redresser avec un grand sourire fatiguée...

« Ca va un petit peu mi- Blurps »

… et replonger presque immédiatement la tête dedans.  Les régurgitations s'arrêtèrent quand Fantine s'effondra presque sur le sommet du crâne de Kurn, un peu sur les rotules, sans trop de raisons de l'être, essayant de s'installer confortablement pendant que son nouvel ami faisait tout le travail. Elle eut un petit rire amusé, même si son estomac était encore en train de la torturer.

« Qu'est-ce que tu m'as fait, Groot ?
Tu as dut t'empoisonner.
Comment tu peux faire ça ?
C'est comme ça.
C'est surtout pas sympa...
Pas fait exprès. »

Elle fit la moue.

« En dédommagement, je garde le colis du coup, souffla-t-elle en fermant les yeux. C'est quand qu'on arrive ? »

Elle n'eut pas le temps d'entendre Kurn râler, ou nier, ou rien, car elle était presque trop bien installée et beaucoup trop ensuquer pour avoir envie de lui rétorquer quoique ce soit. Elle se contenta de grogner plus ou moins pour lui répondre, tranchant la discussion. Le paquet, elle le gardait. Il était tout blottit contre elle et plein de vomi de toute façon, alors, avec ça, il ne voudrait jamais le récupérer dans cet état. Ce qu'il y avait de chouette avec Groot-Kurn, c'était qu'il était vraiment stable et équilibré dans le genre. D'habitude en pleine mer, les vagues étaient saisissables, elles berçaient violemment et remuaient à l'intérieur. Mais pas là. C'était vraiment chouette, un homme poisson. Il lui en fallait un pour tous les jours.

Quoiqu'il en soit, Fantine sentit la différence quand Kurn arriva sur la plage de Las Camp. Elle se sentit moins portée, moins tenue, et se réveilla presque immédiatement lorsque le froid lui mordit sa peau trempée.

« Ayé ? qu'elle demanda d'une petite voix encore endormie en relâchant l'étreinte qu'elle avait contre le cou de Kurn. »

Elle s'étira et manqua de basculer en arrière. La jeune fille se rattrapa à ce qu'elle put (la trogne de Kurn, donc) en glapissant comme un chat. Pis, elle se sentait toujours pas très bien en fait.
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Kurn grimaça quand Fantine tira une fois de plus sur les épines qui couvraient son crâne. Elle devrait arrêter, c'est déjà à cause de ça qu'elle s'est empoisonnée toute seule et... le colis, pensa-t-il, inquiet. Pour le colis, son idée fixe depuis la crise vomissement de la fillette. Je la plains, évidemment. Une dizaine d'année, ou un peu plus ou un peu moins, je ne suis pas très bon pour identifier les âges des humains. Toute jeune et déjà forcée de commettre des vols et des exactions avec des pirates pour vivre. Las Camp... Une île peu recommandable.

La rascasse s'assit délicatement sur le sable de la plage, puis dénoua les mains, les bras, puis les jambes de Fantine, la posant délicatement au sol. Contrairement à ce que disent les humains, nous nous occupons probablement mieux d'eux qu'eux-mêmes... Puis il dégagea le colis de son étreinte et, tournant le dos à la jeune fille qui se recroquevilla sur elle-même pour se réchauffer comme elle pouvait, il essuya attentivement le vomi qui se trouvait à l'extérieur de la boîte. Puis il enleva les dernières traces avec du sable sec.

A l'odeur, par contre, ça sent toujours autant.

Tiraillé entre l'ordre de ne pas ouvrir le colis et la nécessité de l'ouvrir pour nettoyer et accomplir, du mieux qu'il pouvait, son contrat, Kurn finit par céder. Il écarta donc le panneau de bois en écoutant distraitement la jeune fille allongée à côté de lui murmurer dans son sommeil. C'est que moi aussi, je commence à fatiguer, surtout après avoir nagé toutes ces heures... Non. D'abord, la livraison. Ensuite, le repos du juste et le sommeil du méritant.
Dans le paquet, il vit tout d'abord la bile déversée par Fantine. Ses narines s'étrécirent, tandis qu'il se mettait à respirer par la bouche. Ce n'est jamais bien appétissant, de renifler ça. Puis il distingua ce qui se trouvait en-dessous, et ressemblait fort, à la lumière de l'aube naissante, être une tête de cheval. Mais normalement, c'est beaucoup plus gros.

Cela dit, son employeur avait quelque chose de tribal, donc il pouvait parfaitement venir d'une île sur laquelle on pratiquait la réduction de têtes. C'était l'hypothèse la plus logique que Kurn put trouver, même s'il ne s'y intéressait que modérément, au final. Sortant la tête de sa boîte, il la posa doucement sur le sable et entreprit de nettoyer la bile qui avait eu le temps de sécher. Il alla même jusqu'à la mer en espérant remplacer l'odeur âcre des relents d'estomac par celle plus saline des embruns et de l'océan.

Ce ne fut qu'à moitié convaincant.

Puis il remit la tête, de laquelle il tenta d'enlever le maximum de sable, dans le colis, qu'il referma. Il jeta un nouveau regard à Fantine, qui dormait toujours, puis s'apprêta à y aller. Mais je ne peux pas l'abandonner là, quand même... Qui sait qui peut passer dans le coin ? Ce qu'elle pourrait subir ? Face à cette question, ses craintes et son désir de ne pas abandonner une fillette au beau milieu de nulle part ou de l'océan, il la hissa sans effort et la balança par-dessus son épaule, comme un sac de patates.
« Groot... Amis...
- Hmpf. »

L'homme-poisson marchait d'un pas lourd dans la ville qu'éclairaient peu à peu les rayons du soleil levant. Il savait dans quelle bâtisse trouver son employeur, mais d'abord, il s'arrêta dans une boulangerie et acheta deux pains, un pour lui et un pour la fillette. Il dévora le sien et accrocha l'autre à sa ceinture. Il serait un peu mouillé, mais ce serait tant pis. Et il ignora les regards qu'on lui lançait. Ca m'apprendra à balader une humaine sur mon épaule comme ça.

Il arriva enfin à la maison du destinataire du colis après avoir demandé son chemin, notamment à la boulangerie, et toqua bruyamment à la grande porte bleue. C'est quand même étrange que Fantine soit toujours en train de dormir. Normalement, après une chute d'adrénaline, les gens se réveillent quand même relativement vite, surtout quand ils sont dans une position inconfortable ou ont quelque chose à faire. Elle devait vraiment être épuisée, pensa Kurn.

Puis le battant s'ouvrit et on l'invita à entrer.

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Le peu de sommeil que Fantine réussit à grapiller fut relativement bénéfique pour son estomac. Elle se sentit toujours molle, comme si ses membres étaient désormais faits de mousse, mais elle n'avait plus du tout envie de rendre sa bile désormais. Excepté peut-être quand Kurn la hissa sur son épaule pour la promener jusqu'à la ville. Là, elle sentit son ventre se creusait alors qu'elle peinait à s'installer sur son épaule et que ses forces ne semblaient toujours pas disposé à revenir.

Une autre chose l'inquiétait. Elle n'avait plus le colis. Jusqu'ici, elle l'avait tenu contre elle durant ses heures, à un point où elle s'était presque habituée à en sentir les angles contre sa petite poitrine et ses os. En luttant légèrement pour redresser la tête, elle comprit rapidement que son très cher nouvel ami Groot la portait elle comme un vulgaire sac à patate, tandis que le paquet se trouvait sous son bras. Groumf fut bien tout ce qu'elle réussit à articuler alors que le sang lui montait à la tête à mesure qu'elle se balançait au rythme des pas de l'homme poisson.

L'odeur de viennoiserie la sortit de sa torpeur et agita furieusement ses papilles. Elle avait tellement faim... Son ventre grogna bien son mécontentement, mais Fantine joua les belles endormies des fois que ça puisse lui être utile. Un œil s'ouvrit alors et dévoila une pupille rose. Là ! Elle chaparda sournoisement le pain que Kurn lui avait pourtant acheté, le tirant de sa ceinture sans éveiller les soupçons, pour l'engloutir en quelques bouchées à peine. Les joues pleines, elle tenta de rester presque discrète sur l'épaule de son bienfaiteur alors qu'il allait et venait sur ses grandes jambes. Il s'arrêta alors, dans les beaux quartiers de Las Camp, devant une bâtisse que Fantine n'était pas du genre à fréquenter...

Et elle comprit alors ce que son grand dadet préféré était en train de faire !

Non non non non ! Il n'était pas question qu'elle rentre dans cette maison ! Voilà où Groot voulait en venir ! Voilà pourquoi il l'amenait avec elle ! Enfin, non... ça, elle ne savait pas vraiment pourquoi il ne l'avait pas simplement laissé sur le sable pour aller plier son affaire ailleurs. Sans doute qu'il avait des idées douteuses pour son compte, sauf que dans tous les cas, Fantine se refusait purement et simplement à lui laisser l'opportunité de s'enfermer avec elle dans une maison de gros bourgeois endimanché ayant demandé une marchandise moche et rare, par définition, coûteuse.

Elle avait une mission, elle aussi ! Un travail ! Qui allait mettre à manger dans son assiète et lui permettre de se payer quelques beaux vêtements ! Il pensait quoi, ce fichu égoïste ? Qu'elle allait le laisser faire gentiment ? Qu'elle allait rester sage sur son épaule et ne pas broncher pendant qu'il finalisait sa transaction en la vendant en prime ? Fantine était tellement désillusionnée ! Elle qui avait imaginé Groot comme un géant bizarre vachement sympa qui ne lui voulait pas de mal... Et voilà qu'il faisait absolument n'importe quoi ! Elle allait bouder. Beaucoup. Même si pour l'instant, elle allait surtout se sortir les couilles des ronces avant de ne plus avoir le choix !

La jeune fille se redressa alors soudainement, à peine furent-ils dans l'entrée de la maison. Elle ne regarda rien, bondit simplement de l'épaule de l'homme en lui lançant un regard noir. Touchant le sol de ses grandes jambes maigrichonnes, elle planta ses poings sur ses hanches et ses yeux fâchés dans ceux de son compagnon jusqu'ici :

« CHAT ! Hurla-t-elle en écrasant violemment le pied de Kurn avec un grand sourire. ET C'EST TOI LE CHAT, GNIHAHAHA ! »

Et pendant que Kurn se faisait broyer furieusement la patte, Fantine attrapa le colis de ses mains, le lui arracha et s'esquiva entre ses jambes pour passer la porte dans l'autre sens ! C'était à elle ! Elle l'avait dit pourtant ! SON colis ! Rien qu'à elle !

Bon... ça, c'était seulement si sa tête arrêtait de tourner comme ça. Parce qu'elle ressentait encore les effets du poison et elle ne courrait pas bien droit mais... Mais tant pis, il fallait fuir maintenant ! Et elle avait beau zigzaguer comme une pochetronne après un tonneau de rhum, elle connaissait suffisamment Las Camp pour s'en sortir...

Et tant pis pour Groot. Elle ne l'aimait plus de toute façon.
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La fille jaillit et fut dehors en un instant, le paquet à la main. Kurn grogna, manqua de jurer, se contentant d’un grmpf qui concentrait une grande partie de sa colère de l’instant. L’homme-poisson leva les yeux de son pied légèrement meurtri pour les fixer sur les serviteurs qui étaient venus l’accueillir –les accueillir.
La rascasse se retourna et partit en courant derrière Fantine, faisant signe aux autres de l’aider. Elle était plus vive, plus rapide que lui. Encore qu’avec la fatigue, le poisson qu’elle s’était inoculée elle-même, et l’estomac vide… Passant la main à sa ceinture, Kurn grommella encore. Il avait dû se faire faire les poches.

Ce n’est pas dans mes habitudes d’être aussi distrait. La fatigue, les événements… Ne plus y penser. L’instant présent. Le colis. Le colis et Fantine. Mais surtout le colis.

Il n’avait pas survécu à une attaque de pirates, ne s’était pas fait tirer dessus, n’avait pas nagé pendant des heures en pleine nuit, pour finalement se faire voler le paquet sur le pas de la porte du destinataire. Ainsi pensait Kurn en courant dans les ruelles de Las Camp, les yeux fixés sur une chevelure bleue au ras du sol. Il n’hésitait plus à bousculer et dégager les gens de son chemin là où Fantine se contentait de courir en zigzag, se faufilant entre les passants.

Mais la mine irritée de l’homme-poisson suffisait à empêcher la plupart des badauds de pousser des récriminations trop bruyantes, ou alors quand le premier était trop loin pour les entendre. S’engouffrant dans une ruelle, Il ne put pas voir la fillette et son colis au bout. Elle devait déjà avoir tourné dans la prochaine rue.
Soudainement anxieux, Kurn piqua un sprint pour arriver sur la rue suivante et chercha frénétiquement Fantine, ses cheveux, son colis à lui. Un regard à gauche, rien. Un regard à droite, rien non plus. Mince, l’honneur des… La rascasse fit quelques pas hésitants vers la gauche, profitant de sa haute stature pour surplomber la foule, et distinguer au loin la forme de la voleuse. Mais avec le soleil en face de lui, la tâche était malaisée. Il se tourna vers la droite, et après quelques secondes put distinguer à nouveau la route.

Rien non plus !

Quelques pas supplémentaires le portèrent à nouveau à l’entrée de la ruelle, et du coin de l’œil il distingua une forme rendue floue par la différence de luminosité. Elle a dû se cacher dans un coin en attendant que je passe pour faire rebrousse-chemin ! Soufflant profondément, Kurn reprit sa course à la poursuite du colis, qui sprintait toujours devant lui.

Ils allaient achever d’enfiler une énième rue méritant bien davantage le nom de coupe-gorge quand trois hommes ayant tout sauf l’air patibulaire apparurent, bloquant la route de Fantine. Elle tenta de passer en gigotant, mais fut repoussée vers Kurn, qui arrivait en sens inverse.
Les deux mains grandes ouvertes, il se précipita pour l’attraper, mais la fillette se faufila dans le trou béant de sa garde et se jucha sur ses épaules pour lui mettre des coups de colis sur la tête :
« Non, Groot ! Le colis est à moi ! Puis d’abord, t’es rien qu’un méchant !
- Heing ? Puis le colis est à…
- A moi !
- Et je m’appelle…
- Bobbyyyyyyy ! »

Faisant brutalement volte-face et manquant de dégager, de manière totalement non-intentionnelle, Fantine, il put voir le dénommé Bobby de beaucoup trop près pour sa propre survie. Il était accompagné de quatre hommes et paraissait prêt à défourrailler pour se procurer enfin ce qu’il voulait voler.
Des sons sortirent de sa bouche, mais Kurn n’y prêta pas attention. Il fila se cacher derrière les trois serviteurs qui étaient venus lui prêter main-forte. Le souci se révéla assez rapidement, quand eux aussi essayèrent de se cacher derrière lui.

C’est qu’en face, ils ont des armes à feu…

La première déflagration égratigna le mur juste à côté de lui, avant qu’il ne passât le coin de la ruelle. Les serviteurs s’égayèrent, toute pensée du colis totalement perdue. Mais en se baissant, il fit faire un roulé-boulé à Fantine, le colis résonnant bruyamment contre les pavés de la rue, arrachant un hoquet d’inquiétude à la rascasse.

Puis elle fila dans les bras de Bobby et compagnie.

Kurn cligna des yeux. Un plan, un plan…

Le colis était maintenant à quelques pas seulement des cinq pirates, qui pourraient mettre leurs sales mains de pirates dessus.

Une idée, vite…

Fantine se retourna, lui tirant la langue et sur un œil avec le doigt, puis pointa le colis avec un grand sourire moqueur et articula distinctement « A moi ! ».

Une goutte de sueur coula le long du nez de l’homme-poisson.

« Touchée ! C’est toi le chat, Fantine ! »

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Fantine se redressa immédiatement, regardant Kurn avec de gros yeux exorbités. Il venait de la toucher ! Oh mon dieu ! C'était à elle de jouer alors ! Elle trépigna sur place pendant quelques secondes avec un grand sourire dévoilant toutes ses petites dents. Elle était si contente de voir son Groot s'amuser avec elle. Exit le combat, Bobby et les trois types qui l'avaient malmené tantôt, exit le fait que quelques minutes auparavant elle avait juré le haïr de toutes ses petites forces. Groot était quand même son meilleur copain de la vie, alors elle lui pardonnait bien les quelques écarts qu'il pouvait faire à l'occasion.

Du coup, Fantine arma son petit poing et s'élança vers l'avant. Oublié le colis qu'elle laissa entre les deux, elle se jeta plutôt dans la mêlée et se projeta droit dans les bras d'un des hommes de Bobby, auquel elle assena une méchante droite qui l'édenta en hurlant :

« CHAT ! C'EST TOI LE- Ah mince. »

La jeune fille se stoppa immédiatement, en retombant sur ses grandes béquilles. Bobby et les autres lui lancèrent un regard univoque, une question luisant dans leurs yeux : Mais bordel, qu'était-elle en train de foutre ? Elle haussa les épaules et passa au suivant, qui s'esquiva et prit la fuite avant de se faire malencontreusement encastrer dans un mur. C'était nul, ces gens qui suivaient pas les règles comme il fallait... Pendant ce temps, Kurn avait eu le temps de récupérer le colis et de le mettre à l'abri où il voulait. Fantine nota juste dans sa tête qu'il lui faudrait le reprendre après avoir fini de jouer. Elle en avait besoin. Pour ses vêtements. Rouloulou ! Rien que d'y penser, elle avait tellement hâte. Mais avant ça, elle lança sa main vers l'avant et donna une bonne claque sur l'épaule de Bobby, gardant son sourire triomphant et fier en riant de plus belle :

« Chat, c'est toi le chat !
Hein ?
Beh, t'es le chat!
A quoi tu joues ?
Beh... à chat... Et toi, à quoi tu joues ? »

Bobby ne jouait pas. Son regard perçant et assassin en disait long sur la question. Néanmoins, Fantine n'était pas de plus douée pour comprendre ce genre de message. Si Bobby avait très envie de la tuer, et s'il l'avait fait une bonne centaine de fois dans sa tête, il avait pour l'instant une autre priorité. L'attaque du navire avait été un fiasco, il était dans ses derniers retranchements désormais, et une bête acculée avait tendance à être dangereuse. Maintenant que la nénette qu'il avait engagé faisait littéralement n'importe quoi, qu'il lui restait un incompétent à ses côtés, Bobby devenait un homme frustré et dangereux.

Alors, il tendit le poing vers elle et lui assena un violent coup sur la joue, avant de l'attraper par les cheveux pour lui éviter de tomber. Fantine sentit le goût de la rouille dans sa bouche quand une de ses molaires éclata puis sa tignasse la tirer. Ses pieds quittèrent presque le sol. Bobby était une sorte de baraque, un type bien musclé, et qui perdait patience quand le contrôle d'une situation lui échappait.

« Tu vas m'filer ce foutu colis ou j'vais te transformer en sushi tête de nœud ! Et quand j'en aurais fini avec toi, j'passerais à la gosse !
A MOI ?
La ferme !
Maaaais... »

Les pieds battant presque le vide, ses petites mains tenant le poignet de son agresseur pour s'épargner la douleur, elle lança un regard curieux à son compagnon d'infortune. Elle n'avait pas vraiment envie d'être transformé en sushi ! Et puis, il y avait pas grand chose à manger sur elle de toute façon !

« Groooooot... »

Il était temps d'user de la technique ultime du chat potté. Mais le chat potté avec la bouche en sang.
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La main sur le colis, prêt à partir pendant que Fantine jouait avec les pirates, Kurn dut se résoudre à lever la tête quand il entendit le surnom qu’elle s’obstinait à lui donner, malgré toutes ses dénégations farouches. Le visage ensanglanté de la fillette lui fit un pincement au cœur, mais le mot ‘’colis’’ continuait à résonner inlassablement dans sa tête.
Au final, la situation est gagnant-gagnant pour moi. J’ai le colis, et Fantine et Bobby se neutralisent mutuellement. J’ai juste à filer sans me retourner et l’honneur des T’Erlhitan sera sauf, valorisé.

J’aurai accompli ma mission.

Mon honneur ne pourra pas être remis en doute, sans le moindre risque, au terme de cette journée puis nuit de folie se levant sur un nouveau jour tout aussi aléatoire.

Mais au-delà de l’honneur de ma famille, qu’en est-il du mien propre ?


Une goutte du sang de Fantine hésita sur le bout de son menton pointu avant de finalement chuter avec un mouvement de tête de la victime, qui le regardait avec des yeux larmoyants. Après tout ça, je ne peux pas la laisser là !

« Je te donne le colis, et tu relâches Fantine, d’accord ?
- Ouais, bouge-toi, le sushi !
- Et tu pars avec, sans nous faire de mal ?
- Groot, j’ai mal…
- ‘Xactement, envoie le paquet, la sardine. »

D’un pas pesant, la boîte en bois maintenant un peu cabossée dans la main droite, il approcha à environ deux mètres avant que Bobby, le sabre dégainé, ne lui dise de s’arrêter là.
« Pose le paquet par terre.
- Pose Fantine par terre.
- Pose Groot par terre ? »
Les yeux de Kurn étaient fixés sur ceux de Bobby. La rascasse avait les narines et les branchies dilatées. Chaque odeur de la rue imprégnait jusqu’à sa langue, montrant à quel point ses sens étaient aux aguets. Derrière le pirate, la vie continuait, les passants se contentant de continuer leur route en baissant la tête, bien peu prêtant intérêt à un énième règlement de compte dans la cité brisée par la pègre et les trafics.

« On ne va pas s’en sortir.
- J’te fais pas confiance, l’anguille !
- Dites, je suis une rascasse.
- C’est ça, ouais. T’es un poiscaille, ça va pas plus loin. Pose le colis.
- Je vous tends le colis, et vous le prenez en lâchant Fantine. Ca va ?
- Okay, faisons ça. »

Kurn tendit le bras, le colis au bout, jusqu’à ce que celui-ci soit tout proche de Bobby. Là, il donna une impulsion qui l’envoya droit dans le nez du pirate. Pas assez fort pour le blesser, juste assez pour le distraire…
La rascasse profita de l’instant pour se rapprocher, tandis que Fantine, à la force de ses petits bras, se hissait le long du poignet de son agresseur pour planter ses dents droit dans la veine. Bobby tenta d’écarter le colis avec son sabre tout en lâchant un borborygme de douleur à cause de la morsure, lâchant la fillette, qui retomba souplement au sol, comme un chat.

Quand Bobby put voir à nouveau devant lui, son champ de vision dégagé, ce qu’il vit ne lui plut guère. Le poing enfantin de Fantine, qui venait de sauter pour se mettre à sa hauteur, côtoyait de près celui de Kurn, noir, massif. Et les deux se dirigeaient à toute vitesse vers son visage.
Les jointures s’imprimèrent en synchronisation parfaite sur les pommettes du truand, et l’éjectèrent sur une dizaine de mètres jusqu’au mur le plus proche, qu’il percuta tête la première avec force. Son dos tapa également bruyamment contre les briques en terre cuite avant qu’il glisse jusqu’à reposer face contre terre.

Fantine sauta trois fois sur place après avoir craché un glaviot de de sang en signe de victoire, puis lui proposa de taper dans sa main. Ce que Kurn fit en jetant un regard au colis. Puis à Fantine. Et à nouveau au paquet. Son regard s’arrêta enfin sur la fillette avec un grand soupir.
« Bon, on partage la récompense ?
- Je l’savais, qu’on était ami, Groot ! »

Une patrouille massive de Marines apparut à une bonne quinzaine de mètres, probablement interpellée par un mouchard quelconque. Kurn attrapa le paquet en bois, qui était franchement en piteux état, et retrouva les trois serviteurs qui étaient toujours cachés dans un coin.

Quelques instants plus tard, la petite fille et l’homme-poisson sortaient de la riche demeure, chacun d’eux muni d’une bourse contenant la récompense.
« On est ami, Groot, hein ?
- Je m’appelle Kurn…
- Pfft.
- Oui, on est ami, Fantine. »

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