Fantine grogna. Assise dans son coin, elle s'ennuyait formidablement. Peut-être parce qu'elle ne faisait absolument pas l'effort de s'intégrer à la conversation, d'essayer de comprendre ce qu'il se tramait, du pourquoi tout le monde avait l'air aussi sérieux autour de foutus papiers et d'une carte mal dessinée. On lui avait promis un petit job bien payé, qui la mettrait à l'abri du besoin pour quelques semaines, tout au plus, mais on ne lui avait pas précisé qu'elle allait devoir perdre autant de temps en bavardage inutile. Bobby Jo était en train de préparer un plan d'attaque pour s'emparer d'un navire marchand amenant une cargaison coûteuse sur Las Camp. Quelle drôle d'idée d'apporter quoique ce soit de précieux ici, songea la jeune fille en faisant une bulle avec sa salive.
La pièce était sombre, éclairée seulement par quelques bougies posées çà et là, l'heure, quant à elle, était avancée. La nuit était tombée depuis un moment sur Las Camp. Les rues grouillaient de criminels et de putains attendant le prince charmant. Et c'était dans cette ville sans avenir que les manigances des uns occupaient le temps des autres. Du temps qu'elle ne pourrait jamais récupérer, geint-elle en elle-même tandis que ses compagnons d'infortune continuaient à jouer les gens importants et intelligents.
« Le navire arrivera dans la nuit de demain, annonça Bobby Jo derrière sa grosse barbe broussailleuse et son cache œil.
On l'intercepte ? Demanda Billie en jouant avec ses petits doigts boudinés.
C'est ça...
Pour quelle heure ?
Minuit pétante qu'on m'a dit.
Tes sources, elles sont fiables ? Questionna Jack entre deux bouffées de cigarette.
Elles m'ont jamais trahi, alors t'inquiète pas pour ça. Vous feriez mieux d'vous préparer : prendre une navire de c'te taille, c'est pas donné à tout l'monde. Vous avez beau être des durs, vous f'rez pas long feu si y'a d'la résistance. Faut la sapper directement pour prendre le magot. »
Le silence retomba brièvement. Il y eut des bruits de papiers qu'on classait, qui ne sortit pas pour autant Fantine de ses contemplations. Elle fixait sans pouvoir s'en détourner un cafard qui fourmillait sur le plafond. Hésitant, incertain, il allait de craquelures en zébrures recouvrant les lambris de cette maison dégradée où ils se rassemblaient à l'occasion. Un petit sourire aux lèvres, elle redressa la tête quand Bobby Jo reprit la parole d'une voix ferme :
« Billie, Jack et votre équipe, vous attaqu'rez sur l'flanc, les autres, de l'autre côté. On les prend en tenaille et on s'défait vite de l'équipage, compris ? Il n'attendit pas spécialement la réponse, enchaînant juste après : Fantine... T'verrifieras avant qu'la cargaison est bien c'qu'on est venu chercher. Ça sert à rien qu'on perde notre temps si y'a que dal à prendre... »
La jeune fille poussa un petit soupir. Avachie sur son fauteuil, elle savait qu'elle allait bientôt devoir s'en extirper pour poser son popotin dans une barque, direction le large. De là à savoir comment elle allait s'y prendre pour monter à l'intérieur de sa cible, il y avait encore un monde. Improviser ? Ça semblait être sa meilleure option sur l'instant, même si en réalité, elle n'y pensait pas vraiment. Trop occupée à ajuster ses tresses, passant totalement à autre chose, elle ne capta même pas le regard de son employeur, qui lui pourtant, appuyait ses yeux sur elle en attendant une réponse de sa part.
Il n'en eut aucune, et préféra prendre les devants :
« J'compte sur toi. »
Fantine bondit de son siège soudainement. Les jambes droites, se dandinant sur ses appuies, elle fit quelques pas vers la sortie avant de se retourner. Plaçant deux doigts contre sa tempe, elle salua la salle avec un petit sourire, ses iris rosés brillèrent d'une malice mauvaise qui ne laissait que peu de doutes sur ses intentions :
« Roger that ! »
Avant de s'éclipser.
La pièce était sombre, éclairée seulement par quelques bougies posées çà et là, l'heure, quant à elle, était avancée. La nuit était tombée depuis un moment sur Las Camp. Les rues grouillaient de criminels et de putains attendant le prince charmant. Et c'était dans cette ville sans avenir que les manigances des uns occupaient le temps des autres. Du temps qu'elle ne pourrait jamais récupérer, geint-elle en elle-même tandis que ses compagnons d'infortune continuaient à jouer les gens importants et intelligents.
« Le navire arrivera dans la nuit de demain, annonça Bobby Jo derrière sa grosse barbe broussailleuse et son cache œil.
On l'intercepte ? Demanda Billie en jouant avec ses petits doigts boudinés.
C'est ça...
Pour quelle heure ?
Minuit pétante qu'on m'a dit.
Tes sources, elles sont fiables ? Questionna Jack entre deux bouffées de cigarette.
Elles m'ont jamais trahi, alors t'inquiète pas pour ça. Vous feriez mieux d'vous préparer : prendre une navire de c'te taille, c'est pas donné à tout l'monde. Vous avez beau être des durs, vous f'rez pas long feu si y'a d'la résistance. Faut la sapper directement pour prendre le magot. »
Le silence retomba brièvement. Il y eut des bruits de papiers qu'on classait, qui ne sortit pas pour autant Fantine de ses contemplations. Elle fixait sans pouvoir s'en détourner un cafard qui fourmillait sur le plafond. Hésitant, incertain, il allait de craquelures en zébrures recouvrant les lambris de cette maison dégradée où ils se rassemblaient à l'occasion. Un petit sourire aux lèvres, elle redressa la tête quand Bobby Jo reprit la parole d'une voix ferme :
« Billie, Jack et votre équipe, vous attaqu'rez sur l'flanc, les autres, de l'autre côté. On les prend en tenaille et on s'défait vite de l'équipage, compris ? Il n'attendit pas spécialement la réponse, enchaînant juste après : Fantine... T'verrifieras avant qu'la cargaison est bien c'qu'on est venu chercher. Ça sert à rien qu'on perde notre temps si y'a que dal à prendre... »
La jeune fille poussa un petit soupir. Avachie sur son fauteuil, elle savait qu'elle allait bientôt devoir s'en extirper pour poser son popotin dans une barque, direction le large. De là à savoir comment elle allait s'y prendre pour monter à l'intérieur de sa cible, il y avait encore un monde. Improviser ? Ça semblait être sa meilleure option sur l'instant, même si en réalité, elle n'y pensait pas vraiment. Trop occupée à ajuster ses tresses, passant totalement à autre chose, elle ne capta même pas le regard de son employeur, qui lui pourtant, appuyait ses yeux sur elle en attendant une réponse de sa part.
Il n'en eut aucune, et préféra prendre les devants :
« J'compte sur toi. »
Fantine bondit de son siège soudainement. Les jambes droites, se dandinant sur ses appuies, elle fit quelques pas vers la sortie avant de se retourner. Plaçant deux doigts contre sa tempe, elle salua la salle avec un petit sourire, ses iris rosés brillèrent d'une malice mauvaise qui ne laissait que peu de doutes sur ses intentions :
« Roger that ! »
Avant de s'éclipser.