>> Matthew Tennant
Pseudonyme : Matiou, Matt. Age: 23 ans Sexe : Homme Race : Humain Métier : Voleur, négociateur Groupe : Pirate But : Pas grand chose, faire enfin ce qu'il a toujours voulu faire, trouver des hobbys. Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : P'tête le fruit des chapeaux, ou celui de l'intangibilité. Équipement : Une lame rétractable, un pistolet et un escargophone offert par son ex-patron. Codes du règlement : Parrain : Google Ce compte est-il un DC ? : Non, reroll/reboot de Darwin Cooper Si oui, quel @ l'a autorisé ? : ... |
>> Physique
Matthew n'a pas franchement la tête de quelqu'un de chaleureux. On lui dit souvent qu'il fait la gueule. Tout le temps, même. Avec ses yeux à moitié endormis, ses cernes, et son expression parfaitement neutre, difficile en effet de penser le contraire. Ce qui a tendance à l'énerver, étant donné que ce n'est pas quelqu'un de particulièrement maussade.
Pour le reste, rien de bien atypique. C'est un brun avec les cheveux mi-long, plutôt bien coiffés. Il a généralement une barbe de quelques jours, qu'il rasera régulièrement parce que ça fini par le gratter, mais qu'il laisse pousser quelque temps avant parce qu'il est bien trop paresseux pour se raser tout les jours.
Il est assez grand, environ 1 mètre 80, et plutôt fin. Pas très musclé donc, mais habile et rapide. La plupart du temps, quand il est en public, il adopte une démarche déterminé, marchant d'un pas sûr. C'est une habitude qu'il a du prendre quand il travaillait pour Solomon, son ancien patron, car il lui fallait faire bonne figure. En revanche, quand il est seul ses épaules se relâchent, son dos se voûte, et il garde constamment ses mains dans les poches.
Poches de la redingote qu'il porte. Noire, avec des lignes couleurs or, un vêtement sobre qui s'accorde parfaitement au reste de sa tenue ; un pantalon tout aussi sombre, des bottes résistantes, ainsi qu'une ceinture en cuir noire, sur laquelle est rangé une lame rétractable ainsi qu'un simple pistolet, disposé sur le côté. Il a également une large capuche noire bien pratique.
Pour finir, il s'exprime avec une voix assez grave, de façon calme et posé. Il a également tendance à croiser ses mains devant sa bouche quand il est assis, non pas pour se donner un air mystérieux, mais pour pouvoir s'endormir sans trop éveiller les soupçons. Il est également bien souvent accompagné de Jack, un chat noir qui le suit partout.
Pour le reste, rien de bien atypique. C'est un brun avec les cheveux mi-long, plutôt bien coiffés. Il a généralement une barbe de quelques jours, qu'il rasera régulièrement parce que ça fini par le gratter, mais qu'il laisse pousser quelque temps avant parce qu'il est bien trop paresseux pour se raser tout les jours.
Il est assez grand, environ 1 mètre 80, et plutôt fin. Pas très musclé donc, mais habile et rapide. La plupart du temps, quand il est en public, il adopte une démarche déterminé, marchant d'un pas sûr. C'est une habitude qu'il a du prendre quand il travaillait pour Solomon, son ancien patron, car il lui fallait faire bonne figure. En revanche, quand il est seul ses épaules se relâchent, son dos se voûte, et il garde constamment ses mains dans les poches.
Poches de la redingote qu'il porte. Noire, avec des lignes couleurs or, un vêtement sobre qui s'accorde parfaitement au reste de sa tenue ; un pantalon tout aussi sombre, des bottes résistantes, ainsi qu'une ceinture en cuir noire, sur laquelle est rangé une lame rétractable ainsi qu'un simple pistolet, disposé sur le côté. Il a également une large capuche noire bien pratique.
Pour finir, il s'exprime avec une voix assez grave, de façon calme et posé. Il a également tendance à croiser ses mains devant sa bouche quand il est assis, non pas pour se donner un air mystérieux, mais pour pouvoir s'endormir sans trop éveiller les soupçons. Il est également bien souvent accompagné de Jack, un chat noir qui le suit partout.
>> Psychologie
Vous avez déjà connu quelqu'un qui aimerait faire des choses dans sa journée mais qui, au final, ne fait jamais rien ? Et bien Matthew, c'est cette personne. Il s'ennuie. Il s'ennuie beaucoup. Il semble las, à moitié endormi, la tête ailleurs. Et pourtant, il aimerait faire beaucoup de chose. Par exemple, il a toujours voulu ouvrir une salle de spectacle, et monter son petit business. Légal ou non. Et bien, il n'a jamais rien fait qui aille dans ce sens. Et ce n'est pas l'envie qui manque : il se voit déjà, assis sur un siège en cuir confortable, regardant un spectacle et les invités depuis son bureau, en hauteur. Mais nan, il a la flemme. Toujours. Toute sa vie. Si le possesseur du fruit du péché tenter d'augmenter sa paresse, ça n'aurait probablement aucun effet. Ce qui lui manque, c'est une petite étincelle pour qu'il se bouge enfin ; une nécessité, un ami qui le pousse, etc.
Mais ne vous méprenez pas, il fait son boulot. Pour exemple, son ancien patron n'a jamais eu à se plaindre à ce propos, ayant vite compris qu'il fallait lui laisser le temps. Car si il y a bien quelque chose qu'il déteste par dessus tout, c'est avoir quelqu'un dans son dos, et il sait le faire comprendre. En revanche, laissez le seul avec une mission, sans le brusquer, et elle sera accomplie dans les délais.
Il se plaît à participer à toutes sortes d'activité illégales sans grand danger pour autrui mais également pour lui-même. Il attache une grande important à l'anonymat, aux plans simples et sans accroches. Il fera tout pour réduire les risques, mais ce n'est pas pour autant qu'il reculera face à une situation difficile, le risque zéro n'existe malheureusement pas.
En dehors de ça, Matthew a la fâcheuse tendance à se découvrir de nouveau hobbys régulièrement, au détriment des anciens. Il peut se réveiller avec l'envie de devenir peintre, pratiquer pendant deux jours puis soudainement perdre tout intérêt pour la chose, au profit de quelque chose d'autre. Il est donc constamment à la recherche de nouvelles passions pour pallier à son ennui permanent.
Mais il a tout de même deux ou trois intérêt constant. Tout d'abord, sa boisson préférée : le lait à la fraise. Le nectar des rois, comme il l'appelle. Il en boit depuis sa tendre enfance, et ne peut s'en passer. Si il ouvre un jour une salle de spectacle, vous pouvez être sûr de la boisson qui y sera servie. Outre ce breuvage envers lequel Matthew voue un véritable culte ( celui de Pludbus fait pâle figue à côté ), c'est également un grand ami des animaux, et peut passer plus de temps avec son chat qu'avec un ami ( bien qu'il n'en ai pas beaucoup ).
Plutôt calme et silencieux, il ne s'énerve qu'en de très rares occasions. Il n'est attentif aux choses qui lui paraissent importante ou auxquelles il se doit de l'être, pour son travail par exemple. Le reste ne l'importe que peu.
Mais ne vous méprenez pas, il fait son boulot. Pour exemple, son ancien patron n'a jamais eu à se plaindre à ce propos, ayant vite compris qu'il fallait lui laisser le temps. Car si il y a bien quelque chose qu'il déteste par dessus tout, c'est avoir quelqu'un dans son dos, et il sait le faire comprendre. En revanche, laissez le seul avec une mission, sans le brusquer, et elle sera accomplie dans les délais.
Il se plaît à participer à toutes sortes d'activité illégales sans grand danger pour autrui mais également pour lui-même. Il attache une grande important à l'anonymat, aux plans simples et sans accroches. Il fera tout pour réduire les risques, mais ce n'est pas pour autant qu'il reculera face à une situation difficile, le risque zéro n'existe malheureusement pas.
En dehors de ça, Matthew a la fâcheuse tendance à se découvrir de nouveau hobbys régulièrement, au détriment des anciens. Il peut se réveiller avec l'envie de devenir peintre, pratiquer pendant deux jours puis soudainement perdre tout intérêt pour la chose, au profit de quelque chose d'autre. Il est donc constamment à la recherche de nouvelles passions pour pallier à son ennui permanent.
Mais il a tout de même deux ou trois intérêt constant. Tout d'abord, sa boisson préférée : le lait à la fraise. Le nectar des rois, comme il l'appelle. Il en boit depuis sa tendre enfance, et ne peut s'en passer. Si il ouvre un jour une salle de spectacle, vous pouvez être sûr de la boisson qui y sera servie. Outre ce breuvage envers lequel Matthew voue un véritable culte ( celui de Pludbus fait pâle figue à côté ), c'est également un grand ami des animaux, et peut passer plus de temps avec son chat qu'avec un ami ( bien qu'il n'en ai pas beaucoup ).
Plutôt calme et silencieux, il ne s'énerve qu'en de très rares occasions. Il n'est attentif aux choses qui lui paraissent importante ou auxquelles il se doit de l'être, pour son travail par exemple. Le reste ne l'importe que peu.
>> Biographie
*
* *
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La grille s'ouvrit dans un grincement désagréable, en raclant contre le sol, avant de refermer. Un bruit caractéristique permit d'affirmer que l'on venait de refermer à clé.
« Et bien, tu t'es mis dans un sacré pétrin, fit l'homme qui venait de rentrer, à moitié sérieux.
- JE me suis mis dans un sacré pétrin ? Tu veux que je te rafraîchisse un peu la mémoire ?
- Euuuhmmm…. »
***
Matthew aurait pu vivre une vie tranquille sur son île natale. Il était né dans une famille où l'on se contentait de vivre sans effort inutile. On travaillait juste suffisamment pour obtenir de quoi subsister. Ils passaient le reste du temps à flâner, à se laisser porter. Chaque Tennant naissait avec une envie de faire plus quasi-inexistante. Et Matthew n'y coupa pas vraiment, non. L'anomalie, ce fut plutôt son paternel, qui avait développer l'envie de faire autre chose, de voyager. Mais il était bien trop paresseux pour ça. Et quel meilleur candidat de substitution que son fils ? « fait pô comme ton vieux père fiston, fait quek'chose de ta vie vas ». Et c'est ainsi qu'à 16 ans, Matthew partit de son île natale sur un navire marchand, où il travailla quelque temps, avant d’enchaîner pendant près de deux ans des petits boulots.
Jusqu'à ce qu'il fasse la connaissance d'un certain Mr. Solomon, un noble, marchand, investisseur, négociant, vendeur, etc, qu'il sauva d'une attaque le visant, sans vraiment le vouloir. Il était simplement au bon endroit, au bon moment. Reconnaissant, Solomon l'engagea comme sbire, puis il devint l'un de ses principal homme de main. Il ne croulait pas sous le travail, savait ce qu'il faisait, et il le faisait bien. Il n'avait pas énormément d'effort à fournir, et ce boulot lui garantissait un train de vie plus que confortable pour lui.
Évidemment, il aurait été dommage d'évoluer dans un tel milieu sans en profiter. Il arrivait donc à Matthew d'user de ses compétences en dehors de son travail. Rien de bien méchant cependant ; une bouteille de vin par là, un peu d'or par ci, … Il s'invitait parfois même à des soirées mondaines très privées. Tout ça en gardant l'anonymat, et que ça ne puisse porter atteinte à son patron. Et bien souvent, c'était sous l'impulsion de connaissances personnelles.
Il aurait pu continuer à profiter de ce train de vie confortable pendant encore longtemps, si Matthew avait été plus vigilant ce jour là. Tout d'abord, il y a deux choses à savoir. La première c'est que Madrazo, l'un des plus grand concurrent de Solomon était venu sur l'île, afin de négocier une possible association. L'autre chose à savoir, c'est que depuis quelques temps, un groupe de criminel sévissait sur cette même île depuis quelque temps, et aurait pu représenter un risque pour les affaires de Solomon, mais étonnamment, ils ne semblaient pas s'y intéresser.
La rencontre entre les deux concurrents devait avoir lieu le soir même, au cours d'une réception organisé pour l'occasion. Matthew n'avait pas grand-chose à faire, la préparation étant bien évidemment aux mains de sbire moins important que lui. Il avait simplement eu l'ordre de surveiller le débarquement de Madrazo, quelques jours plus tôt. Il n'avait rien vu de suspect, Madrazo se contentait de vérifier que ses marchandises étaient en sécurité, notamment en parlant à un type costaud, dont le bras était tatoué d'une salamandre. Matthew n'avait pas relevé, pensant qu'il s'agissait de son homme de main chargé de protéger le navire. Madrazo avait en effet refusé l'aide de la milice local, sans doute par manque de confiance.
Ainsi, le jour des négociation, n'ayant rien d'autre à faire, Matthew s'était rendu à la taverne, espérant y trouver une quelconque occupation. Et il y trouva un boulot. Peu de temps après s'être assis, il fut rejoint par quelqu'un qu'il connaissait bien.
Jaskier, c'est son plus vieil ami, mais aussi à peu près le seul qu'il avait. Jaskier, c'est un barde, un beau parleur, doublé d'un joli minois. Il l'avait rencontré quelques années auparavant, avant de travailler pour Solomon. Jaskier était alors étudiant dans une académie de renom, avant de se faire exclure pour diverses raisons. Sa situation aurait pu être pire sans l'intervention de Matt. Dénué de courage, le barde ne manque cependant pas d'audace, et c'est principalement lui qui proposait à Matthew les plans foireux et illégaux. Et cette fois là encore, à en juger par le mince filé de sang qui coulait de son nez, il semblait avoir fourré son nez là ou il ne fallait pas.
Il avait croisé la route de types qui cherchaient quelqu'un pour un « job » un peu particulier. Et il se trouve que Matthew correspondait au critères, et que le barde avait la langue bien pendue. Si bien qu'il le cita très rapidement. Pour éviter les problèmes, Matthew se montra conciliant et accepta le job. Rien de bien compliqué ou de méchant, il lui suffisait, le soir même, d’assommer quelques miliciens chargés de garder une des entrées de la ville, et ce afin de faire passer de la marchandise de contre-bande ; du fisstech, vraisemblablement une drogue peu connu qui semblait avoir pour effet de supprimer pendant un cours laps de temps la sensation de douleur. Et qui apportait également un florilège d'effets secondaires. Et cette drogue était l'une des spécialités du groupe de criminel qui faisait des sienne sur l'île dans cette période là.
Tout se passa sans accroche. Enfin, jusqu'à ce qu'il reconnaisse l'un des types qui transportait la marchandise. Tout le monde était masqué, pour le bien de l'opération. Mais son tatouage lui, était bien visible. Une jolie salamandre que Matthew avait bien évidemment déjà vu quelques jours plus tôt. C'est à ce moment là qu'il se dit qu'il aurait dû être plus méfiant.
La suite se passa très vite. La destination de la marchandise était vraisemblablement le manoir de Solomon, le but était tout simplement de le discréditer, pendant que Madrazo était là. C'est pour cela que ces criminels ne s'étaient pas attaqué à Solomon, c'est pour cela qu'ils s'étaient intéressé à Jaskier, car son homme de main suspecté ne ferait que le discréditer encore plus. Et c'est surtout pour cela que Madrazo s'était soudainement montré intéressé par un accord.
Matthew avait tout fait pour ralentir l'avancé de la petite cargaison. C'en était vite arrivé aux mains, et le raffut provoqué ne fit qu'attirer la milice. Il se fit arrêter en même temps que les autres.
Pour lui, le train de vie confortable qu'il affectionnait, c'était fini.
***
« C'est pas vraiment de ma faute, au final…
- …
- Je maintiens. Mais si ça peut te faire plaisir, je sais comment nous rendre quittes.
- Vraiment ? »
Le barde se mit alors à chuchoter, avant de partir en saluant Matthew d'un signe de tête. Solomon avait des relations, beaucoup de relation. Et les quatre ans que le prisonnier avait passé à l'assister ne partiraient pas facilement dans le néant. Ainsi, une heure plus tard, un des gardes chargé du repas des prisonniers passerait par sa cellule afin de lui donner la clé. Suite à cela, Matthew devrait facilement trouver ses affaires dans un petit local. Enfin, rejoindre le port ne serait pas très compliqué. Arrivé là-bas, il n'aurait plus qu'à s'embarquer sur l'un des nombreux navires qui transitaient.
Et c'est ce qu'il fit, à un détail près. Une fois au port, sa lame rétractable et ses dorikis à la main, il fit une rapide halte devant le navire de Madrazo. A moins d'entreprendre des fouilles sous-marines, celui-ci n'était pas près de revoir la couleur de ses marchandises.
*
* *
* *
Et le voici, presqu'un an plus tard, sur cette plage de sable mouillé, le combinet de l'escargophone que lui avait offert son ex-patron à la main. Il hésita un moment, puis composa un numéro qu'il connaissait. Ca lui avait pris un an, un an à jouer les vagabonds pour enfin comprendre ce qu'il voulait faire.
« Allo, Jaskier ? »
Bien que particulièrement énervant, son plus vieil ami avait été une présence agréable. Sans lui, ces quatre années passé en tant qu'homme de main auraient été significativement plus ennuyeuses. Et puis tout seul, il abandonnerait bien vite. Car ce qu'il voulait faire lui demandait beaucoup d'effort. Enfin, pas beaucoup non. Mais par rapport à ce qu'il fournissait d'habitude, la différence était énorme. Il allait enfin consacrer sa vie à une cause plus grande, plus noble.
La sienne.
>> Test RP
Au port de ****, tout le monde s'activait. L'endroit était plus bruyant qu'en temps normal, et pour cause. Quelques jours plus tôt, on avait reçu l'annonce de la venue imminente d'un grand homme affaire, quelqu'un de suffisamment important pour que le roi s'en préoccupe lui-même. Il lui avait suffit de dire aux travailleurs des docks que si l'homme en question avait quoi que ce soit à redire sur son débarquement, leurs soldes seraient réduites de moitié. Au loin, on pouvait apercevoir le navire s'approcher.
- Andius, mon manteau.
Il avait parlé d'une voix grave, grasse, et irritante. Face à lui, Andius, un homme qui se voulait élégant mais à qui la coupe au bol et le visage scarifié faisait du tort. Il n'attendit même pas la fin de la phrase pour obéir. Il se rendit dans une cabine et en ressortit presque aussitôt, portant délicatement un manteau de fourrure sur les bras.
- Tenez, fit-il, il n'est pas froissé.
- J'espère bien, lui répondit la même voix grasse.
Elle appartenait à un homme corpulent, vêtu d'un élégant pourpoint bleu, qui se retrouva rapidement en partie recouvert par le manteau de fourrure. Il n'avait pas beaucoup de cheveux, mais le peu de gris qu'il portait sur la tête semblait être le plus soigné possible. Il se retourna et fit face à l'île qui s'approchait petit à petit.
- Regarde moi ça, Andius. Es-tu déjà venu sur cette île ? Ça ne m'étonnerai pas, il paraît que c'est le rendez-vous des pouilleux et des mercenaires. ( Son interlocuteur ne répondit pas, habitué à ce genre de réflexions. ) Ça m’ennuie de me joindre à eux. Mais je me vois contraint d'y séjourner ; le roi semble vouloir me faire une proposition, et moi, Igram d'Urea, je ne suis pas du genre à refuser de traiter avec les rois. Aussi répugnant soit leur royaume…
La ville était maintenant proche.
Andius, resté silencieux jusque là, s'éloigna du bord et siffla. Deux gardes s'avancèrent alors, en portant une petite cage en acier, fermé par un lourd cadenas. Igram s'approcha d'un pas lourd vers eux, et s'empara de la cage, il la leva d'un bras vers son visage, et put distinguer l'intérieur. De la paille, un étrange tube rempli d'eau, et un petit compartiment rempli d'aliments. Mais surtout, une jolie lapine qui s'affairait à gratter ses propres crottes. Elle avait le poil blanc qui brillait au soleil, mais portait surtout une sorte de collier, dont les perles attirait sans doute tout les voleurs à des kilomètre à la ronde.
- Elle a bien mangé ? Demanda-t-il aux gardes.
- Euh, si elle a bien mangé ? Je… ( Andius lui adressa un regard insistant ) Euh oui oui, elle a bien mangé.
- Parfait. Je commençais à craindre qu'elle ne soit tombé malade, la pauvre. Elle a mal supporté le voyage. Elle a réclamer ma présence, je suppose ?
Les deux gardes s'échangèrent un regard discret, qu'Andius remarqua. Après un léger coup de coude dans les côtes, les deux reprirent une stature droite et acquiescèrent. Igram sourit, puis continua de caresser sa lapine d'un de ses gros doigt, à travers les barreaux de la cage.
- Ça me déplaît de devoir l'emmener sur une île pareil. Mais il est hors de question que je la laisse seule ici, avec vous. Avec moi et le corps de garde compétent, il ne lui arrivera absolument rien.
Non, il ne lui arrivera absolument rien.
L'homme était assis à une table, dans une auberge comme on en voit des tonnes. Il portait un chapeau rouge à plume, et une pourpoint violet, élégant. Il claqua sa pinte sur le bois, sans quitter des yeux l'entrée de la bâtisse, sur laquelle se tenait une petit groupe de personne dont l'apparence donnait à penser qu'il s'agissait de soldat. Parmi eux, un autre homme, au visage couvert de cicatrices, semblait leur donner des ordres.
– C'est ce fils de putain qui m'a roulé.
– Et je te le dis, Jaskier, je m'en fou.
L'homme qui venait de lui répondre avait une apparence plus sobre, il portait une redingote noire, moins soignée. Il se gratta le haut de crâne, recouvert de cheveux bruns lui arrivant à la nuque, puis fini sa pinte, avant de reprendre ;
– Et puis, c'est du hasard, il ne t'a pas roulé.
– Il triche, Matt', je te dis. Je l'ai vu ! Si seulement il n'était pas accompagné par ces… sbires, ou je ne sais quoi… Je lui aurai…
– Tu ne t'es jamais battu, l’interrompit Matthew.
– Ha ! Comme quoi, tu ne me connais pas si bien que ça, répondit Jaskier, prenant un air fier.
– Oh, tu t'es déjà battu alors ? Et tu as gagné ?
– Là n'est pas la question. Regarde le, avec son sourire béant, il me provoque.
L'homme en question ne souriait pas, il se contentait de discuter avec les gens qui l'accompagnaient dans le calme. Il n'avait même pas noté la présence de Jaskier. Tandis que celui-ci se demandait comment il voulait se venger de lui, Matthew se demanda plutôt d'où pouvait venir toutes ces cicatrices. Sans doute un grand guerrier, pensa-t-il. Lui vient alors à l'esprit une autre question : pourquoi un grand guerrier porterait-il une tenue au demeurant élégante, mais qui sur lui prenait une apparence ridicule, et aussi, pourquoi cette coupe de cheveux ?
– Patron ! S'exclama Jaskier, sans quitter des yeux l'objet de sa haine. Une autre ! Écoute, Matthew. Le dernier qui t'as fait du tort, tu lui as brûlé le bras au deuxième degré. Alors pourquoi diable moi, je devrais rester assis à ne rien faire ?
– C'est pas pareil, il m'avait frappé et avait tenté de tuer mon chat, j'avais pas perdu aux cartes contre lui, moi. Et puis j'avais pas fait exprès de le brûler, je voulais me la péter devant lui avec une torche. J'ai foiré, ça arrive.
– Oh, crois moi. Je vais pas foirer. Enfin, quand j'aurai trouvé quoi faire. ( Il dégusta son verre à nouveau rempli ) Je ne peux pas laisser un type comme lui partir sans rien faire. Ne serait-ce que pour ses futurs victimes !
– Bien sûr, bien sûr.
Matthew respira un grand coup, puis invita une jolie serveuse à lui remplir son verre, à lui aussi. Il ne comptait pas aider son ami, qui détestait perdre et qui faisait preuve d'une étonnante mauvaise foi dans ces cas là.
Non, il n'allait rien faire.
– C'est gentil de m'accompagner, Matthew, fit Jaskier tout en resserrant le luth accroché dans son dos. Ceci dit, nous sommes moins discret à deux.
– Une armée serait plus discrète que toi, Jaskier. Tu n'as jamais réussi à filer quelqu'un efficacement. Je t'ai rejoins pour te persuader de laisser tomber, mais au final je sais que ce n'est pas possible.
– Exact. Je vais trouver un moyen d'obtenir réparation, tu vas voir. Je vais forcément trouver. Attention ! ( Le barde se recula et poussa Matthew sur le côté. L'homme qu'ils suivaient s'était retourné soudainement vers eux ). Ouf.
– Pourquoi tu ne lui demande pas une revanche ? Demanda Matthew, sans se soucier le moins du monde de se faire repérer.
– Fais attention ! Et je te l'ai dis, il triche.
– Alors demande ta revanche, et prends le sur le fait.
Jaskier ne répondit pas.
– Haha, je vois. Il n'a pas vraiment tricher n'est-ce pas ? Ou du moins, tu n'en est pas sûr…
– Je sais ce que j'ai vu. Suis moi, il s'en va.
Ils s'avancèrent lentement derrière l'homme aux cicatrices, qui était toujours accompagné de soldat. Ils se trouvait maintenant dans un marché, la foule était grande et permettait de se camoufler facilement, mais empêchait également de suivre correctement l'homme. Matthew eu le temps de s'acheter une pomme, avant de s'adresser au barde.
– Tu sais, Jaskier, j'étais bien moi, dans cette auberge.
– …
– La boisson y est bonne, l'endroit propre, l'aubergiste poli et la serveuse gentille.
– Hin hin, gentille, oui.
– … Et il y fait bon. On se les gèle dehors.
– Attends, il s'est arrêté ! Tu vois ? On dirait qu'il attends quelqu'un.
– Possible…
– Viens, on va s'approcher.
– Mais non, c'est con. Et dangereux. Montons, plutôt.
Tout en finissant de croquer dans sa pomme, il désigna un bâtiment en réparation, enfoncé dans une des ruelles, dans lesquelles seuls quelques sans-abris s'y trouvaient. Sur la façade de la bâtisse, une des échelles donnait un accès au toit. Le barde s'avança pour grimper le premier, suivi de près par Matthew, qui regarda rapidement autour de lui, avant de monter. Il jeta le reste de sa pomme par terre, un sans-abri se précipita dessus.
Du toit, ils avaient une très bonne vue des ruelles environnante, dont celle dans laquelle se trouvait l'homme au visage scarifié, et les soldats. Matthew s'adossa contre une cheminé, sans s'intéresser à ces personnes. Jaskier lui, s'assit près du bord, là ou il aurait une meilleur vue, sans pour autant être détectable. Il pris son luth dans ses mains, puis joua quelques accords, avant de se rendre compte que c'était trop bruyant. Il se mit alors à imaginer une ballade, dans laquelle il raconterait la façon dont il a fait justice, face à un arnaqueur et un tricheur. Oui, ça sera parfait.
Perdu dans ses pensées, il mit un certain temps à se rendre compte que l'homme qu'il traquait venait d'être rejoint par un autre groupuscule. Il réveilla Matthew, qui s'était endormi contre la cheminé en brique. Celui-ci passa la tête, et observa la ruelle. Le groupuscule était composé de quelques autres soldats, mené par un homme corpulent, qui portait un grand manteau de fourrure. Matthew réussi également à discerner des bijoux qu'il portait sur les mains et au cou. Lui et Jaskier s'avancèrent sur un autre toit, plus proche, pour tenter d'épier la conversation. Ils n'entendirent pas grand-chose, mais purent tout de même entendre l'homme à la cicatrice saluer l'arrivant, le saluer par son nom, un nom qu'avait déjà entendu Matthew.
Il n'avait jamais eu l'occasion de voir son visage, mais la description que lui avait fait son ancien patron correspondait parfaitement. Corpulent, propre sur lui mais dégoûtant à sa manière, des petits yeux noirs perfides, toujours habillé de manière ostentatoire. Un homme bien désagréable, toujours d'après son ancien patron. Un marchand né dans un milieu riche, et qui comptait bien continuer à vivre dans un milieu similaire. Il se remémora également un petit détail qui n'avait pas manqué de le faire sourire, mais qui, actuellement, le faisait plus frissonner qu'autre chose. Si jamais Jaskier en faisait la connaissance, il savait ce qu'il aurait envie de faire.
– Jaskier, je te conseille de laisser tomber. Tu vois ce gros type là ? C'est Igram. Un type puissant, il a le bras long. Si tu t'attaques à un de ses petits copains, tu risques de t'attirer bien des problèmes. Et ne compte pas sur moi pour t'en sortir.
– Pfeuh ! Pour qui me prends-tu ? ( Jaskier s'exclamait d'une manière bien trop bruyante ) Je ne laisserai pas son crime impuni ! ( Il se leva d'un bond, et regarda Matthew dans les yeux ) Jamais ! Moi, Jaskier, je ne me laisserai pas faire. Jamais ! ( Il bomba alors le torse, plaça ses mains sur ses hanches et regarda en l'air, avant de baisser les yeux car le soleil brillait encore, et ne remarqua pas à quel point il était proche du bord ). Pfeuh, moi, Jaskier, laisser tomber ? Non.
En voulant se retourner, il s’emmêla les pieds et tomba du haut du toit. Le choc fut douloureux.
– Mais qu'est-ce ?!
Igram recula d'un pas, et envoya deux soldats s'approcher du barde. Celui-ci se mit alors à gémir.
– Matthew… Tu peux… Venir m'aider… S'il te plaît ? Il semblerait… que je me sois mis dans une euh… bien mauvaise… posture.
Le concerné soupira, plaça sa grande capuche noire sur sa tête. Enfin, après avoir jeté un rapide coup d’œil en bas, sauta et atterri dans un mouvement étonnamment classe de sa part. Les deux soldats brandirent leurs armes vers lui, mais Matthew se contenta de relever Jaskier, qui fort heureusement ne semblait pas trop mal au point. Une cheville foulée, tout au plus.
– Veuillez excuser mon ami, il s'est ju-
– Mais je le reconnais ! S'exclama l'homme aux cicatrices. Oui, c'est toi !
– Qui c'est, Andius ? Vite, lui demanda Igram d'un ton sec.
– Un type contre qui j'ai joué aux cartes. Et contre qui j'ai gagné. Il l'a très mal pris d'ailleurs.
– Fumier, fit le barde. Fils de puta-
– Vous nous espionniez ? Le coupa Igram, agacé.
– Nous ? Non, non, répondit Matthew.
– Salaud, tu ne vaux pas mieux qu'un crachat de mendiant infecté par la peste.
– Tais-toi, Jaskier.
– Comme tout le monde, je n'aime pas vraiment être épié, reprit lentement le corpulent marchand. Vous avez 15 secondes pour m'expliquer ce que vous faisiez, où je vous envoie à la milice, ou pire… J'ai le bras long, je peux faire en sorte que vous soyez pendu d'ici la coucher du soleil.
– Si on vous répond, lui répondit tranquillement Matthew, vous nous laisserez tranquillement partir comme si de rien n'était ?
– Non.
– C'est bien ce qu'il me semblait.
Matthew prit de sa ceinture un petit manche noir, que l'on pourrait confondre de loin avec une petite boite. Mais la lame rétractable qui en sorti suffisait à ôter le doute. Il n'avait pas spécialement envie de se battre, même si cela semblait inévitable. Il compta 5 soldats, plus Andius, l'homme aux cicatrices. Il lui fallait au moins les repousser pour s'enfuir. Tout en aidant Jaskier. Il insulta le barde dans sa tête, avant de se mettre en position.
– Tu veux te battre contre mes hommes ?
– J'ai pas spécialement envie, non.
– Bats toi contre cette raclure, plutôt, fit Jaskier.
– Mauvais perdant, lui répondit Andius. Mais je veux bien me battre contre lui.
Andius y voyait là un moyen de montrer à Igram de quoi il était capable, et peut-être que celui-ci arrêterait alors de le traiter comme une sorte de moins que rien. Il invita les soldats à reculer avec autorité, puis dégaina une épée qui avait visiblement déjà servie de nombreuse fois auparavant.
– En combat aussi, tu triches, misérable ? Lui lança le barde.
– Je ne triche jamais.
– Raclure de menteur de-
– Encore une fois, tais-toi, Jaskier. S'il te plaît, le coupa Matthew, sans quitter des yeux son adversaire.
– Putain ! Mon luth s'est rayé dans ma chute ! Bordel ! S'exclama le barde, pendant qu'ils se concentraient.
– Mais tais-toi enfin…
Matthew avait tourné la tête vers le barde, grossière erreur. Andius en profita pour lui bondir dessus et lui asséner un coup sec, paré de justesse. Matthew fit un bond sur le côté, et tenta à son tour de l'attaquer, d'un mouvement d'épée horizontal. Son adversaire s'écarta pour éviter le coup, et d'un pas habile, se replaça.
– Il est de coutume de se lancer des pics pendant un combat, fit-il d'un ton léger.
– Je suis pas très doué pour ça, lui répondit Matthew. A la limite, je pourrai dire que je vais te scarifier encore plus ton joli minois, mais c'est tout.
– C'est déjà pas mal.
Andius l'attaqua d'un rapide coup d'estoc que Matthew dévia avec sa lame, qu'il dirigea ensuite, tout en se baissant, vers les jambes de son adversaire, tandis que celui-ci lançait déjà un coup horizontale au niveau du visage. Aucuns des coups n'atteignirent leurs cibles. Matthew fit tourner sa lame dans sa main d'un mouvement qu'il jugea assez classe, et se félicita intérieurement d'avoir réussi. C'est ce mouvement qu'il avait tenté avec une torche, la fois où il avait brûlé le bras de quelqu'un.
Les deux s'apprêtèrent à repartir à la charge, mais furent interrompu par Igram, qui s'était trop impatienté.
– J'en ai ma claque. Andius, je t'engage pour me protéger et me servir, pas pour danser avec une autre. ( Il fit signe au soldat d'engager eux aussi le combat ) J'ai pas le temps pour ça.
Matthew se recula et fit face au groupe armé. Il se demanda quel était le nombre de fois où son ami Jaskier l'avait mis dans une situation pareil. Mais il avait perdu le compte depuis bien longtemps. Il se redressa, regarda d'un coin de l’œil le bout de la ruelle et se demanda comment il allait bien pouvoir sortir de là, tout en aidant le barde.
– Là aussi, il faut se lancer des pics ?
– Ça ne sera pas nécessaire.
La suite se passa très vite. Au moment ou Matthew se préparait à attaquer, un autre facteur vint s'ajouter à la scène. Et ce, sous la forme d'un autre groupe armé. Il n'eut pas le temps de les observer. Il prit le barde par le bras et le tira hors de la pseudo-bataille. En voulant s'éloigner, il se cogna contre le corpulent Igram, et les deux se retrouvèrent vite à terre.
– Joyaux des Îles !! se mit à crier le marchand.
– Hein ?
– Joy… Mon Joyaux des… ( Il se leva rapidement et se rapprocha d'une cage en metal ) Oh, tu vas bien. Tu m'as fais peur. Toi ! ( Il s'adressa alors à Matthew ) Salaud, tu as voulu t'en prendre à mon Joyaux !
– Hein ? Répéta le concerné.
– Je t'en empêcherai, margoulin.
Igram sortit alors de son imposante ceinture un poignard affûté. Le bruit du combat avait attiré d'autres soldats de la milice, qui dépassait maintenant en nombre les bandits qui venait de les attaquer. L'un d'eux s'écria alors ;
– Et merde, fuyons ! Ces salauds sont trop nombreux.
– Mais enfin, c'est pas di-
– Ta gueule, fuis.
Mais les soldats avaient déjà bouché les sorties.
– Merde. Merde !
Matthew, lui, était toujours aux prises avec Igram. Mais il avait pu voir le contenu de la cage, qui n'avait pas manqué de l'étonner. Voyant qu'ils n'avaient plus trop l'opportunité de fuir, il tenta quelque chose. Il bondit sur le marchand, lui asséna un rapide coup de manche, puis s'empara de la cage d'acier. Il la leva pour qu'elle soit visible de tout le monde, et approcha sa lame de l'intérieur.
– Si vous approchez, je le tue.
– C'est une femelle, salopard, rétorqua Igram.
– Bon. Si vous approchez, je la tue.
– Je préfère. SALAUD !
Les soldats s'approchèrent tout de même de Matthew, mais le marchand cria quelque chose d'incompréhensible pour les empêcher de s'avancer plus. Matthew lui, invita Jaskier à le rejoindre, puis reculèrent lentement ensemble vers la sortie de la ruelle, en prenant garde à ce qu'aucun garde ne soit dans leurs dos.
– Merci. Salut, fit Matthew, avant de s'enfuir à toutes jambes, suivi de près par le barde.
– Enfoiré de tricheur ! S'écria celui-ci, au loin.
Le marchand ordonna aux soldats de les poursuivre, eux et les bandits qui avaient également profité de la diversion pour s'enfuir. L'un deux, celui qui semblait être le chef, s'adressa au duo.
– Venez avec nous, on sait où se cacher.
– Moi, c'est Ubert, elle, Ania, et les trois autres, on s'en fou.
Matthew et Jaskier saluèrent le groupe de concert, sauf les trois autres. Ubert, un homme rustre qui semblait avoir la trentaine, possédant de court cheveux bruns ébouriffés et une barbe de bûcheron, et Ania, une jolie fille, qui avait le cheveu blond lui descendant jusqu'à la taille. Le groupe était habillé de tenue en cuir de fortune, mal entretenues.
Ils se trouvaient dans une petite maison abandonné, comme on pouvait en trouver beaucoup sur cette île. L'endroit était sale, en ruine, mais tranquille. La pièce était éclairé par le soleil dont les rayons pouvaient pleinement pénétrer par les fenêtres ouvertes. Vers le fond de la salle, sur une vieille table branlante, se trouvait une petite cage en acier, de laquelle provenait des petits bruits de grattement.
– Putain, fit Ubert, en soignant une blessure qu'il avait reçu au bras. Putain de renfort. Et on se retrouve avec ça.
– Du calme, Ubert, répondit tranquille Ania. Tu as, bien sûr, remarqué le collier. Crois-moi, on n'a pas eu tort d'attaquer à ce moment là.
Matthew releva la tête, se gratta le coup, avant de s'adresser aux bandits.
– Z'êtes qui au juste ? Juste de simples bandits ?
– Juste de simples bandits, acquiesça le chef. Ce salopard de marchand, je l'ai vu cracher sur des pauvres, envoyer chier les commerçants et se vanter de sa fortune.
– Alors, reprit Ania en souriant à Matthew, on a décidé de lui donner une leçon.
– Comme t'as pu le constater, ça ne s'est pas particulièrement bien passer.
– Sans nous, vous ne vous en seriez pas sorti, se vanta Jaskier.
– Sans vous, nous n'aurions pas attaquer non plus, lui répondit Ania, en lui souriant.
– Et maintenant ? Pourquoi vous nous avez amené ici ? Demanda Matthew, tout en reniflant et en jetant un coup d’œil à l'extérieur.
– Disons que, lui répondit le chef calmement, vous nous êtes sympathique. Et comme a dit le barde, votre… prise d'otage, nous a permis de partir en un seul morceau. Et puis ( il désigna du doigt la cage ) regardez ce que vous avez ramené…
Le lapin, ou plutôt la lapine, appelé « Joyaux des Îles » par son propriétaire, portait autour du cou un petit collier orné de perles qui semblait valoir tout un royaume.
– Je propose, fit Ania, de récupérer le collier, et de demander au gros tas une rançon, pour son lapin.
– Une rançon ? Pour son lapin ? Demanda Jaskier.
– Tu as bien vu comment il a réagis quand il a cru que son animal était blessé, répondit Matthew. Elle a raison, ( il tourna la tête et sourit à la brigand ) si vous voulez vous faire de l'argent, c'est un bon moyen.
– C'est un moyen ridicule, fit Ubert, qui n'était visiblement pas convaincu.
– Mais un moyen tout de même, rétorqua Ania.
– C'est foireux, commenta le barde, mais personne ne fit attention à sa remarque.
– En tout cas, ça sera sans moi, reprit Matthew. Ce fut un plaisir, mais au final, je ne suis là que par hasard.
– Il est évident, l'interrompit Jaskier, que le collier nous revient. Libre à vous de demander une rançon.
Matthew leva les yeux au ciel et soupira discrètement. La tension venait de monter d'un cran. Ania ne souriait plus.
– Et pourquoi ça, reprit-elle. Pourquoi il vous reviendrait ? Comme tu as dis, vous êtes là par hasard.
– Et bien, répondit Jaskier, vous avez attaqué grâce à nous, vous vous êtes enfuit grâce à nous, et le lapin est ici grâce à nous.
La jeune fille se renfrogna et posa la main sur le manche de son épée.
– Inutile d'en arriver là, Ania, la calma Ubert. Nous allons partager le butin de manière équitable. Après tout, vous ne vous êtes enfuit que grâce à notre intervention. Ah, et quand je dis équitable, je ne prends bien entendu pas en compte les trois sbires derrière moi. Vous prenez le collier, on prend la rançon.
– Bien entendu, répondit Matthew. Nous ne voulons pas de problème. Ni avec vous, ni avec personne. Réglons ça à l'amiable. Et ne faites pas attention à Jaskier.
– Quoi ? Demanda le concerné.
– Rien, rien.
Les quatre se rapprochèrent de la cage. La lapine était devenue plus calme. Jaskier tenta d'introduire son doigt au travers des barreaux pour la caresser, mais se fit instantanément morde jusqu'au sang.
– Argh, saloperie ! Qu'on la tue ! Et qu'on s'en fasse un repas ! Et sa peau, que l'-
– Calme toi, Jaskier, fit Matthew d'un ton sec. Tu as des réactions disproportionnés en ce moment, dit moi.
– Hmpf.
Après un petit moment de silence, rompu seulement par les jurons et les gémissements du barde, Ubert se lança.
– Allez, on va pas rester planter, là. Je vais ouvrir la cage, et récupérer le collier. Ensuite, la rançon. Ils faut se grouiller, ils doivent être entrain de ratisser la ville.
– Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, fit Matthew.
– Tu veux ta part, oui ou non ?
– Je veux qu'on évite de faire n'importe quoi.
– Ne la libérez pas, c'est un démon ! S'écria Jaskier, le doigt en sang.
– Et qu'est-ce que tu proposes ? Demanda Ania à Matthew, en lui souriant, mais pas vraiment d'un sourire aimable.
– Moi ? Rien. Débrouillez-vous.
– Bon ! S'écria Ubert, allez, j'ouvre.
– Mais non, c'est complètement stup-
Matthew n'eut pas le temps de finir sa phrase. Mais il avait raison. Le bandit crocheta le cadenas, et aussitôt la cage ouverte, Joyaux des Îles fonça vers extérieure. Jaskier poussa un léger cri et se recula. Ubert tenta de contenir l'animal, mais il se fit également mordre la main et lâcha la lapine, qui ne perdit pas une seconde et s'enfuit à toute vitesse en sortant par la fenêtre grande ouverte. Matthew fut le premier à prendre la parole.
– Bien.
– …
– Joué.
– …
– …
– … MAIS RATTRAPEZ LA BON SANG, s'écria Ubert en s'adressant à ses sbires. Ania, on y va !
– …
– LE BARDE AVAIT RAISON, C'EST UN DEMON, UN PUTAIN DE DEMON. JE VAIS LA TUER, ET RENDRE A CE PUTAIN DE MARCHAND UN CADAVRE.
Les deux partirent à la suite des larbins, en courant. Matthew soupira, puis s'affala sur une chaise. Jaskier, tout en soufflant sur son doigt, le regarda en insistant.
– Quoi ?
– Tu ne les suis pas ? C'est sans doute plusieurs millions qui s'envolent, là.
– Tu veux vraiment que j'aille courir après un pauvre lapin ? Et puis… ( Il se leva de sa chaise, s'approcha d'une commode poussiéreuse, puis se baissa, et extirpa du dessous une petite perle brillante. ) C'est tombé quand Ubert l'a prise dans ses mains. Une récompense bien mérité après une journée pareil. C'est plus que suffisant, on a de quoi se payer plusieurs nuits dans une auberge de luxe, avec ça. Pas besoin de crapahuter dehors avec des coupe-jarrets.
– Héhé, tu as l’œil. Moi j'ai rien vu tomber.
– C'est parce que t'étais trop occupé à crier comme une fillette.
– Meh. J'aurai bien aimé donner une leçon à ce tricheur de Andius. Mais je suppose que tu as raison, ça suffira.
Matthew approuva, puis examina la perle de plus prêt. Son sourire s’effaça rapidement. Jaskier l'interrogea du regard.
– Du plastique. On s'est fait enflé. Bordel. Et je suis sûr que ces bandits le savaient, c'est pour ça qu'ils nous l'ont si facilement accordé. Bordel !
– Bordel.
– … Jaskier, j'aurais jamais pensé dire ça. Mais, allons-y.
– Quoi ?
– Courir après ce lapin.
- Andius, mon manteau.
Il avait parlé d'une voix grave, grasse, et irritante. Face à lui, Andius, un homme qui se voulait élégant mais à qui la coupe au bol et le visage scarifié faisait du tort. Il n'attendit même pas la fin de la phrase pour obéir. Il se rendit dans une cabine et en ressortit presque aussitôt, portant délicatement un manteau de fourrure sur les bras.
- Tenez, fit-il, il n'est pas froissé.
- J'espère bien, lui répondit la même voix grasse.
Elle appartenait à un homme corpulent, vêtu d'un élégant pourpoint bleu, qui se retrouva rapidement en partie recouvert par le manteau de fourrure. Il n'avait pas beaucoup de cheveux, mais le peu de gris qu'il portait sur la tête semblait être le plus soigné possible. Il se retourna et fit face à l'île qui s'approchait petit à petit.
- Regarde moi ça, Andius. Es-tu déjà venu sur cette île ? Ça ne m'étonnerai pas, il paraît que c'est le rendez-vous des pouilleux et des mercenaires. ( Son interlocuteur ne répondit pas, habitué à ce genre de réflexions. ) Ça m’ennuie de me joindre à eux. Mais je me vois contraint d'y séjourner ; le roi semble vouloir me faire une proposition, et moi, Igram d'Urea, je ne suis pas du genre à refuser de traiter avec les rois. Aussi répugnant soit leur royaume…
La ville était maintenant proche.
Andius, resté silencieux jusque là, s'éloigna du bord et siffla. Deux gardes s'avancèrent alors, en portant une petite cage en acier, fermé par un lourd cadenas. Igram s'approcha d'un pas lourd vers eux, et s'empara de la cage, il la leva d'un bras vers son visage, et put distinguer l'intérieur. De la paille, un étrange tube rempli d'eau, et un petit compartiment rempli d'aliments. Mais surtout, une jolie lapine qui s'affairait à gratter ses propres crottes. Elle avait le poil blanc qui brillait au soleil, mais portait surtout une sorte de collier, dont les perles attirait sans doute tout les voleurs à des kilomètre à la ronde.
- Elle a bien mangé ? Demanda-t-il aux gardes.
- Euh, si elle a bien mangé ? Je… ( Andius lui adressa un regard insistant ) Euh oui oui, elle a bien mangé.
- Parfait. Je commençais à craindre qu'elle ne soit tombé malade, la pauvre. Elle a mal supporté le voyage. Elle a réclamer ma présence, je suppose ?
Les deux gardes s'échangèrent un regard discret, qu'Andius remarqua. Après un léger coup de coude dans les côtes, les deux reprirent une stature droite et acquiescèrent. Igram sourit, puis continua de caresser sa lapine d'un de ses gros doigt, à travers les barreaux de la cage.
- Ça me déplaît de devoir l'emmener sur une île pareil. Mais il est hors de question que je la laisse seule ici, avec vous. Avec moi et le corps de garde compétent, il ne lui arrivera absolument rien.
Non, il ne lui arrivera absolument rien.
***
– Je te le dis, c'est lui.L'homme était assis à une table, dans une auberge comme on en voit des tonnes. Il portait un chapeau rouge à plume, et une pourpoint violet, élégant. Il claqua sa pinte sur le bois, sans quitter des yeux l'entrée de la bâtisse, sur laquelle se tenait une petit groupe de personne dont l'apparence donnait à penser qu'il s'agissait de soldat. Parmi eux, un autre homme, au visage couvert de cicatrices, semblait leur donner des ordres.
– C'est ce fils de putain qui m'a roulé.
– Et je te le dis, Jaskier, je m'en fou.
L'homme qui venait de lui répondre avait une apparence plus sobre, il portait une redingote noire, moins soignée. Il se gratta le haut de crâne, recouvert de cheveux bruns lui arrivant à la nuque, puis fini sa pinte, avant de reprendre ;
– Et puis, c'est du hasard, il ne t'a pas roulé.
– Il triche, Matt', je te dis. Je l'ai vu ! Si seulement il n'était pas accompagné par ces… sbires, ou je ne sais quoi… Je lui aurai…
– Tu ne t'es jamais battu, l’interrompit Matthew.
– Ha ! Comme quoi, tu ne me connais pas si bien que ça, répondit Jaskier, prenant un air fier.
– Oh, tu t'es déjà battu alors ? Et tu as gagné ?
– Là n'est pas la question. Regarde le, avec son sourire béant, il me provoque.
L'homme en question ne souriait pas, il se contentait de discuter avec les gens qui l'accompagnaient dans le calme. Il n'avait même pas noté la présence de Jaskier. Tandis que celui-ci se demandait comment il voulait se venger de lui, Matthew se demanda plutôt d'où pouvait venir toutes ces cicatrices. Sans doute un grand guerrier, pensa-t-il. Lui vient alors à l'esprit une autre question : pourquoi un grand guerrier porterait-il une tenue au demeurant élégante, mais qui sur lui prenait une apparence ridicule, et aussi, pourquoi cette coupe de cheveux ?
– Patron ! S'exclama Jaskier, sans quitter des yeux l'objet de sa haine. Une autre ! Écoute, Matthew. Le dernier qui t'as fait du tort, tu lui as brûlé le bras au deuxième degré. Alors pourquoi diable moi, je devrais rester assis à ne rien faire ?
– C'est pas pareil, il m'avait frappé et avait tenté de tuer mon chat, j'avais pas perdu aux cartes contre lui, moi. Et puis j'avais pas fait exprès de le brûler, je voulais me la péter devant lui avec une torche. J'ai foiré, ça arrive.
– Oh, crois moi. Je vais pas foirer. Enfin, quand j'aurai trouvé quoi faire. ( Il dégusta son verre à nouveau rempli ) Je ne peux pas laisser un type comme lui partir sans rien faire. Ne serait-ce que pour ses futurs victimes !
– Bien sûr, bien sûr.
Matthew respira un grand coup, puis invita une jolie serveuse à lui remplir son verre, à lui aussi. Il ne comptait pas aider son ami, qui détestait perdre et qui faisait preuve d'une étonnante mauvaise foi dans ces cas là.
Non, il n'allait rien faire.
***
– C'est gentil de m'accompagner, Matthew, fit Jaskier tout en resserrant le luth accroché dans son dos. Ceci dit, nous sommes moins discret à deux.
– Une armée serait plus discrète que toi, Jaskier. Tu n'as jamais réussi à filer quelqu'un efficacement. Je t'ai rejoins pour te persuader de laisser tomber, mais au final je sais que ce n'est pas possible.
– Exact. Je vais trouver un moyen d'obtenir réparation, tu vas voir. Je vais forcément trouver. Attention ! ( Le barde se recula et poussa Matthew sur le côté. L'homme qu'ils suivaient s'était retourné soudainement vers eux ). Ouf.
– Pourquoi tu ne lui demande pas une revanche ? Demanda Matthew, sans se soucier le moins du monde de se faire repérer.
– Fais attention ! Et je te l'ai dis, il triche.
– Alors demande ta revanche, et prends le sur le fait.
Jaskier ne répondit pas.
– Haha, je vois. Il n'a pas vraiment tricher n'est-ce pas ? Ou du moins, tu n'en est pas sûr…
– Je sais ce que j'ai vu. Suis moi, il s'en va.
Ils s'avancèrent lentement derrière l'homme aux cicatrices, qui était toujours accompagné de soldat. Ils se trouvait maintenant dans un marché, la foule était grande et permettait de se camoufler facilement, mais empêchait également de suivre correctement l'homme. Matthew eu le temps de s'acheter une pomme, avant de s'adresser au barde.
– Tu sais, Jaskier, j'étais bien moi, dans cette auberge.
– …
– La boisson y est bonne, l'endroit propre, l'aubergiste poli et la serveuse gentille.
– Hin hin, gentille, oui.
– … Et il y fait bon. On se les gèle dehors.
– Attends, il s'est arrêté ! Tu vois ? On dirait qu'il attends quelqu'un.
– Possible…
– Viens, on va s'approcher.
– Mais non, c'est con. Et dangereux. Montons, plutôt.
Tout en finissant de croquer dans sa pomme, il désigna un bâtiment en réparation, enfoncé dans une des ruelles, dans lesquelles seuls quelques sans-abris s'y trouvaient. Sur la façade de la bâtisse, une des échelles donnait un accès au toit. Le barde s'avança pour grimper le premier, suivi de près par Matthew, qui regarda rapidement autour de lui, avant de monter. Il jeta le reste de sa pomme par terre, un sans-abri se précipita dessus.
Du toit, ils avaient une très bonne vue des ruelles environnante, dont celle dans laquelle se trouvait l'homme au visage scarifié, et les soldats. Matthew s'adossa contre une cheminé, sans s'intéresser à ces personnes. Jaskier lui, s'assit près du bord, là ou il aurait une meilleur vue, sans pour autant être détectable. Il pris son luth dans ses mains, puis joua quelques accords, avant de se rendre compte que c'était trop bruyant. Il se mit alors à imaginer une ballade, dans laquelle il raconterait la façon dont il a fait justice, face à un arnaqueur et un tricheur. Oui, ça sera parfait.
Perdu dans ses pensées, il mit un certain temps à se rendre compte que l'homme qu'il traquait venait d'être rejoint par un autre groupuscule. Il réveilla Matthew, qui s'était endormi contre la cheminé en brique. Celui-ci passa la tête, et observa la ruelle. Le groupuscule était composé de quelques autres soldats, mené par un homme corpulent, qui portait un grand manteau de fourrure. Matthew réussi également à discerner des bijoux qu'il portait sur les mains et au cou. Lui et Jaskier s'avancèrent sur un autre toit, plus proche, pour tenter d'épier la conversation. Ils n'entendirent pas grand-chose, mais purent tout de même entendre l'homme à la cicatrice saluer l'arrivant, le saluer par son nom, un nom qu'avait déjà entendu Matthew.
Il n'avait jamais eu l'occasion de voir son visage, mais la description que lui avait fait son ancien patron correspondait parfaitement. Corpulent, propre sur lui mais dégoûtant à sa manière, des petits yeux noirs perfides, toujours habillé de manière ostentatoire. Un homme bien désagréable, toujours d'après son ancien patron. Un marchand né dans un milieu riche, et qui comptait bien continuer à vivre dans un milieu similaire. Il se remémora également un petit détail qui n'avait pas manqué de le faire sourire, mais qui, actuellement, le faisait plus frissonner qu'autre chose. Si jamais Jaskier en faisait la connaissance, il savait ce qu'il aurait envie de faire.
– Jaskier, je te conseille de laisser tomber. Tu vois ce gros type là ? C'est Igram. Un type puissant, il a le bras long. Si tu t'attaques à un de ses petits copains, tu risques de t'attirer bien des problèmes. Et ne compte pas sur moi pour t'en sortir.
– Pfeuh ! Pour qui me prends-tu ? ( Jaskier s'exclamait d'une manière bien trop bruyante ) Je ne laisserai pas son crime impuni ! ( Il se leva d'un bond, et regarda Matthew dans les yeux ) Jamais ! Moi, Jaskier, je ne me laisserai pas faire. Jamais ! ( Il bomba alors le torse, plaça ses mains sur ses hanches et regarda en l'air, avant de baisser les yeux car le soleil brillait encore, et ne remarqua pas à quel point il était proche du bord ). Pfeuh, moi, Jaskier, laisser tomber ? Non.
En voulant se retourner, il s’emmêla les pieds et tomba du haut du toit. Le choc fut douloureux.
– Mais qu'est-ce ?!
Igram recula d'un pas, et envoya deux soldats s'approcher du barde. Celui-ci se mit alors à gémir.
– Matthew… Tu peux… Venir m'aider… S'il te plaît ? Il semblerait… que je me sois mis dans une euh… bien mauvaise… posture.
Le concerné soupira, plaça sa grande capuche noire sur sa tête. Enfin, après avoir jeté un rapide coup d’œil en bas, sauta et atterri dans un mouvement étonnamment classe de sa part. Les deux soldats brandirent leurs armes vers lui, mais Matthew se contenta de relever Jaskier, qui fort heureusement ne semblait pas trop mal au point. Une cheville foulée, tout au plus.
– Veuillez excuser mon ami, il s'est ju-
– Mais je le reconnais ! S'exclama l'homme aux cicatrices. Oui, c'est toi !
– Qui c'est, Andius ? Vite, lui demanda Igram d'un ton sec.
– Un type contre qui j'ai joué aux cartes. Et contre qui j'ai gagné. Il l'a très mal pris d'ailleurs.
– Fumier, fit le barde. Fils de puta-
– Vous nous espionniez ? Le coupa Igram, agacé.
– Nous ? Non, non, répondit Matthew.
– Salaud, tu ne vaux pas mieux qu'un crachat de mendiant infecté par la peste.
– Tais-toi, Jaskier.
– Comme tout le monde, je n'aime pas vraiment être épié, reprit lentement le corpulent marchand. Vous avez 15 secondes pour m'expliquer ce que vous faisiez, où je vous envoie à la milice, ou pire… J'ai le bras long, je peux faire en sorte que vous soyez pendu d'ici la coucher du soleil.
– Si on vous répond, lui répondit tranquillement Matthew, vous nous laisserez tranquillement partir comme si de rien n'était ?
– Non.
– C'est bien ce qu'il me semblait.
Matthew prit de sa ceinture un petit manche noir, que l'on pourrait confondre de loin avec une petite boite. Mais la lame rétractable qui en sorti suffisait à ôter le doute. Il n'avait pas spécialement envie de se battre, même si cela semblait inévitable. Il compta 5 soldats, plus Andius, l'homme aux cicatrices. Il lui fallait au moins les repousser pour s'enfuir. Tout en aidant Jaskier. Il insulta le barde dans sa tête, avant de se mettre en position.
– Tu veux te battre contre mes hommes ?
– J'ai pas spécialement envie, non.
– Bats toi contre cette raclure, plutôt, fit Jaskier.
– Mauvais perdant, lui répondit Andius. Mais je veux bien me battre contre lui.
Andius y voyait là un moyen de montrer à Igram de quoi il était capable, et peut-être que celui-ci arrêterait alors de le traiter comme une sorte de moins que rien. Il invita les soldats à reculer avec autorité, puis dégaina une épée qui avait visiblement déjà servie de nombreuse fois auparavant.
– En combat aussi, tu triches, misérable ? Lui lança le barde.
– Je ne triche jamais.
– Raclure de menteur de-
– Encore une fois, tais-toi, Jaskier. S'il te plaît, le coupa Matthew, sans quitter des yeux son adversaire.
– Putain ! Mon luth s'est rayé dans ma chute ! Bordel ! S'exclama le barde, pendant qu'ils se concentraient.
– Mais tais-toi enfin…
Matthew avait tourné la tête vers le barde, grossière erreur. Andius en profita pour lui bondir dessus et lui asséner un coup sec, paré de justesse. Matthew fit un bond sur le côté, et tenta à son tour de l'attaquer, d'un mouvement d'épée horizontal. Son adversaire s'écarta pour éviter le coup, et d'un pas habile, se replaça.
– Il est de coutume de se lancer des pics pendant un combat, fit-il d'un ton léger.
– Je suis pas très doué pour ça, lui répondit Matthew. A la limite, je pourrai dire que je vais te scarifier encore plus ton joli minois, mais c'est tout.
– C'est déjà pas mal.
Andius l'attaqua d'un rapide coup d'estoc que Matthew dévia avec sa lame, qu'il dirigea ensuite, tout en se baissant, vers les jambes de son adversaire, tandis que celui-ci lançait déjà un coup horizontale au niveau du visage. Aucuns des coups n'atteignirent leurs cibles. Matthew fit tourner sa lame dans sa main d'un mouvement qu'il jugea assez classe, et se félicita intérieurement d'avoir réussi. C'est ce mouvement qu'il avait tenté avec une torche, la fois où il avait brûlé le bras de quelqu'un.
Les deux s'apprêtèrent à repartir à la charge, mais furent interrompu par Igram, qui s'était trop impatienté.
– J'en ai ma claque. Andius, je t'engage pour me protéger et me servir, pas pour danser avec une autre. ( Il fit signe au soldat d'engager eux aussi le combat ) J'ai pas le temps pour ça.
Matthew se recula et fit face au groupe armé. Il se demanda quel était le nombre de fois où son ami Jaskier l'avait mis dans une situation pareil. Mais il avait perdu le compte depuis bien longtemps. Il se redressa, regarda d'un coin de l’œil le bout de la ruelle et se demanda comment il allait bien pouvoir sortir de là, tout en aidant le barde.
– Là aussi, il faut se lancer des pics ?
– Ça ne sera pas nécessaire.
La suite se passa très vite. Au moment ou Matthew se préparait à attaquer, un autre facteur vint s'ajouter à la scène. Et ce, sous la forme d'un autre groupe armé. Il n'eut pas le temps de les observer. Il prit le barde par le bras et le tira hors de la pseudo-bataille. En voulant s'éloigner, il se cogna contre le corpulent Igram, et les deux se retrouvèrent vite à terre.
– Joyaux des Îles !! se mit à crier le marchand.
– Hein ?
– Joy… Mon Joyaux des… ( Il se leva rapidement et se rapprocha d'une cage en metal ) Oh, tu vas bien. Tu m'as fais peur. Toi ! ( Il s'adressa alors à Matthew ) Salaud, tu as voulu t'en prendre à mon Joyaux !
– Hein ? Répéta le concerné.
– Je t'en empêcherai, margoulin.
Igram sortit alors de son imposante ceinture un poignard affûté. Le bruit du combat avait attiré d'autres soldats de la milice, qui dépassait maintenant en nombre les bandits qui venait de les attaquer. L'un d'eux s'écria alors ;
– Et merde, fuyons ! Ces salauds sont trop nombreux.
– Mais enfin, c'est pas di-
– Ta gueule, fuis.
Mais les soldats avaient déjà bouché les sorties.
– Merde. Merde !
Matthew, lui, était toujours aux prises avec Igram. Mais il avait pu voir le contenu de la cage, qui n'avait pas manqué de l'étonner. Voyant qu'ils n'avaient plus trop l'opportunité de fuir, il tenta quelque chose. Il bondit sur le marchand, lui asséna un rapide coup de manche, puis s'empara de la cage d'acier. Il la leva pour qu'elle soit visible de tout le monde, et approcha sa lame de l'intérieur.
– Si vous approchez, je le tue.
– C'est une femelle, salopard, rétorqua Igram.
– Bon. Si vous approchez, je la tue.
– Je préfère. SALAUD !
Les soldats s'approchèrent tout de même de Matthew, mais le marchand cria quelque chose d'incompréhensible pour les empêcher de s'avancer plus. Matthew lui, invita Jaskier à le rejoindre, puis reculèrent lentement ensemble vers la sortie de la ruelle, en prenant garde à ce qu'aucun garde ne soit dans leurs dos.
– Merci. Salut, fit Matthew, avant de s'enfuir à toutes jambes, suivi de près par le barde.
– Enfoiré de tricheur ! S'écria celui-ci, au loin.
Le marchand ordonna aux soldats de les poursuivre, eux et les bandits qui avaient également profité de la diversion pour s'enfuir. L'un deux, celui qui semblait être le chef, s'adressa au duo.
– Venez avec nous, on sait où se cacher.
***
– Moi, c'est Ubert, elle, Ania, et les trois autres, on s'en fou.
Matthew et Jaskier saluèrent le groupe de concert, sauf les trois autres. Ubert, un homme rustre qui semblait avoir la trentaine, possédant de court cheveux bruns ébouriffés et une barbe de bûcheron, et Ania, une jolie fille, qui avait le cheveu blond lui descendant jusqu'à la taille. Le groupe était habillé de tenue en cuir de fortune, mal entretenues.
Ils se trouvaient dans une petite maison abandonné, comme on pouvait en trouver beaucoup sur cette île. L'endroit était sale, en ruine, mais tranquille. La pièce était éclairé par le soleil dont les rayons pouvaient pleinement pénétrer par les fenêtres ouvertes. Vers le fond de la salle, sur une vieille table branlante, se trouvait une petite cage en acier, de laquelle provenait des petits bruits de grattement.
– Putain, fit Ubert, en soignant une blessure qu'il avait reçu au bras. Putain de renfort. Et on se retrouve avec ça.
– Du calme, Ubert, répondit tranquille Ania. Tu as, bien sûr, remarqué le collier. Crois-moi, on n'a pas eu tort d'attaquer à ce moment là.
Matthew releva la tête, se gratta le coup, avant de s'adresser aux bandits.
– Z'êtes qui au juste ? Juste de simples bandits ?
– Juste de simples bandits, acquiesça le chef. Ce salopard de marchand, je l'ai vu cracher sur des pauvres, envoyer chier les commerçants et se vanter de sa fortune.
– Alors, reprit Ania en souriant à Matthew, on a décidé de lui donner une leçon.
– Comme t'as pu le constater, ça ne s'est pas particulièrement bien passer.
– Sans nous, vous ne vous en seriez pas sorti, se vanta Jaskier.
– Sans vous, nous n'aurions pas attaquer non plus, lui répondit Ania, en lui souriant.
– Et maintenant ? Pourquoi vous nous avez amené ici ? Demanda Matthew, tout en reniflant et en jetant un coup d’œil à l'extérieur.
– Disons que, lui répondit le chef calmement, vous nous êtes sympathique. Et comme a dit le barde, votre… prise d'otage, nous a permis de partir en un seul morceau. Et puis ( il désigna du doigt la cage ) regardez ce que vous avez ramené…
Le lapin, ou plutôt la lapine, appelé « Joyaux des Îles » par son propriétaire, portait autour du cou un petit collier orné de perles qui semblait valoir tout un royaume.
– Je propose, fit Ania, de récupérer le collier, et de demander au gros tas une rançon, pour son lapin.
– Une rançon ? Pour son lapin ? Demanda Jaskier.
– Tu as bien vu comment il a réagis quand il a cru que son animal était blessé, répondit Matthew. Elle a raison, ( il tourna la tête et sourit à la brigand ) si vous voulez vous faire de l'argent, c'est un bon moyen.
– C'est un moyen ridicule, fit Ubert, qui n'était visiblement pas convaincu.
– Mais un moyen tout de même, rétorqua Ania.
– C'est foireux, commenta le barde, mais personne ne fit attention à sa remarque.
– En tout cas, ça sera sans moi, reprit Matthew. Ce fut un plaisir, mais au final, je ne suis là que par hasard.
– Il est évident, l'interrompit Jaskier, que le collier nous revient. Libre à vous de demander une rançon.
Matthew leva les yeux au ciel et soupira discrètement. La tension venait de monter d'un cran. Ania ne souriait plus.
– Et pourquoi ça, reprit-elle. Pourquoi il vous reviendrait ? Comme tu as dis, vous êtes là par hasard.
– Et bien, répondit Jaskier, vous avez attaqué grâce à nous, vous vous êtes enfuit grâce à nous, et le lapin est ici grâce à nous.
La jeune fille se renfrogna et posa la main sur le manche de son épée.
– Inutile d'en arriver là, Ania, la calma Ubert. Nous allons partager le butin de manière équitable. Après tout, vous ne vous êtes enfuit que grâce à notre intervention. Ah, et quand je dis équitable, je ne prends bien entendu pas en compte les trois sbires derrière moi. Vous prenez le collier, on prend la rançon.
– Bien entendu, répondit Matthew. Nous ne voulons pas de problème. Ni avec vous, ni avec personne. Réglons ça à l'amiable. Et ne faites pas attention à Jaskier.
– Quoi ? Demanda le concerné.
– Rien, rien.
Les quatre se rapprochèrent de la cage. La lapine était devenue plus calme. Jaskier tenta d'introduire son doigt au travers des barreaux pour la caresser, mais se fit instantanément morde jusqu'au sang.
– Argh, saloperie ! Qu'on la tue ! Et qu'on s'en fasse un repas ! Et sa peau, que l'-
– Calme toi, Jaskier, fit Matthew d'un ton sec. Tu as des réactions disproportionnés en ce moment, dit moi.
– Hmpf.
Après un petit moment de silence, rompu seulement par les jurons et les gémissements du barde, Ubert se lança.
– Allez, on va pas rester planter, là. Je vais ouvrir la cage, et récupérer le collier. Ensuite, la rançon. Ils faut se grouiller, ils doivent être entrain de ratisser la ville.
– Je ne pense pas que ça soit une bonne idée, fit Matthew.
– Tu veux ta part, oui ou non ?
– Je veux qu'on évite de faire n'importe quoi.
– Ne la libérez pas, c'est un démon ! S'écria Jaskier, le doigt en sang.
– Et qu'est-ce que tu proposes ? Demanda Ania à Matthew, en lui souriant, mais pas vraiment d'un sourire aimable.
– Moi ? Rien. Débrouillez-vous.
– Bon ! S'écria Ubert, allez, j'ouvre.
– Mais non, c'est complètement stup-
Matthew n'eut pas le temps de finir sa phrase. Mais il avait raison. Le bandit crocheta le cadenas, et aussitôt la cage ouverte, Joyaux des Îles fonça vers extérieure. Jaskier poussa un léger cri et se recula. Ubert tenta de contenir l'animal, mais il se fit également mordre la main et lâcha la lapine, qui ne perdit pas une seconde et s'enfuit à toute vitesse en sortant par la fenêtre grande ouverte. Matthew fut le premier à prendre la parole.
– Bien.
– …
– Joué.
– …
– …
– … MAIS RATTRAPEZ LA BON SANG, s'écria Ubert en s'adressant à ses sbires. Ania, on y va !
– …
– LE BARDE AVAIT RAISON, C'EST UN DEMON, UN PUTAIN DE DEMON. JE VAIS LA TUER, ET RENDRE A CE PUTAIN DE MARCHAND UN CADAVRE.
Les deux partirent à la suite des larbins, en courant. Matthew soupira, puis s'affala sur une chaise. Jaskier, tout en soufflant sur son doigt, le regarda en insistant.
– Quoi ?
– Tu ne les suis pas ? C'est sans doute plusieurs millions qui s'envolent, là.
– Tu veux vraiment que j'aille courir après un pauvre lapin ? Et puis… ( Il se leva de sa chaise, s'approcha d'une commode poussiéreuse, puis se baissa, et extirpa du dessous une petite perle brillante. ) C'est tombé quand Ubert l'a prise dans ses mains. Une récompense bien mérité après une journée pareil. C'est plus que suffisant, on a de quoi se payer plusieurs nuits dans une auberge de luxe, avec ça. Pas besoin de crapahuter dehors avec des coupe-jarrets.
– Héhé, tu as l’œil. Moi j'ai rien vu tomber.
– C'est parce que t'étais trop occupé à crier comme une fillette.
– Meh. J'aurai bien aimé donner une leçon à ce tricheur de Andius. Mais je suppose que tu as raison, ça suffira.
Matthew approuva, puis examina la perle de plus prêt. Son sourire s’effaça rapidement. Jaskier l'interrogea du regard.
– Du plastique. On s'est fait enflé. Bordel. Et je suis sûr que ces bandits le savaient, c'est pour ça qu'ils nous l'ont si facilement accordé. Bordel !
– Bordel.
– … Jaskier, j'aurais jamais pensé dire ça. Mais, allons-y.
– Quoi ?
– Courir après ce lapin.
Dernière édition par Matthew Tennant le Mer 27 Mai 2015 - 23:29, édité 20 fois