Logue Town, Mai 1624.
L'aube s'est dévoilée depuis quelques heures, le ciel prenant des teintes bleutées, orangées puis finalement dorées. Il fait beau, quelques nuages blancs traînant dans le ciel toute la misère du monde. Ils me rappellent cette fable selon laquelle un homme, ancienne divinité de notre univers, avait été puni de ses exactions par les autres : Il devait porter le monde sur ses épaules afin qu'il puisse continuer à tourner. Je hausse les miennes comme si ce n'était rien.
Pourquoi accepter les chaines que l'on vous impose ? On le fait déjà assez de notre vivant, et de bon grès, à chaque fois que l'on noue un "lien" avec quelqu'un. Pourquoi avoir cette nuance du vocabulaire s'il en est autrement ? Je traverse les rues de Logue Town, nous sommes en 1624. Les oiseaux chantent, les dames se pâment de leurs plus beaux atours, et nous les hommes on sue. Il fait trente cinq degrés, et l'atmosphère est si dense qu'il colle à la peau des pauvres âmes qui parcourent le macadam à pied. Un peu comme moi. C'est mon fardeau, et je l'accepte sans broncher.
Je sors de ma petite retraite de quelques mois auprès de mes filles. J'souris à qui le veut, comme tout les hommes heureux. La famille c'est important, elle te permet de te retrouver qu'importe les épreuves. Et j'en ai vécu, entre les charognards et les prédateurs, les kidnappeurs et les Pirates de toutes sortes. Pas que je sois forcément meilleur, mais juste que pour moi le fort n'écrase pas le faible. Il l'aide à grandir et à le rejoindre. Je me dirige vers le port, car j'me suis toujours promis de manger au Baratie en passant dans ce coin du monde. Le meilleur restaurant. Sacrée étiquette qu'ils doivent se coller et réussir à garder dis donc. Quand on est le meilleur le plus difficile, c'est de le rester.
J'arrive dans le port agité de Logue, avec ses odeurs de poissons, d'bagouses et de bois. Les navires sont tous énormes dans ce coin du dock. Je file vers les navires de tourisme qui sont plus à ma gauche. Je longe la mer et son étendue bleutée. Le soleil frappe dessus et reparti ses rayons comme un bouquet d'lumière. Il y'a des choses comme ça qui m'donnent envie de les protéger. Je cale mon sac sur mon épaule et accoste un petit bateau en forme de poisson, les pales faisant comme de petites ailes. Il y'a écrit "Bateau-Mouche" sur le côté, en blanc sur fond d'bleu grisâtre. Il a une gueule de pêcheur le loustic, avec son bandeau qui cache son front, ses cheveux en pétard et son tablier en ciré. Il porte un couperet à la hanche droite, et une canne à pêche dans la main gauche. J'lui demande combien coûterait la traversée jusqu'au Baratie et m'acquitte de ma dette.
Le restaurant apparaît comme une grande masse octogonale, brute, dure, véritable promontoire de la nourriture sur mer. J'me frotte les mains d'avance, et une délicieuse odeur de brioche dorée vient titiller mes narines. On vient à peine de passer midi, et les fourneaux tournent déjà plein régime. Une lueur étincelle dans mon regard, comme une petite étoile. Je touche presque du doigt une cuisine devenue légendaire, un palais révérant la nourriture et ses saveurs ! C'est un moment hippique !
Je suis pressé, et plus les effluves et l’énorme bateau-restaurant approchent, plus je sens que je vais adorer ça. Il n'y a pas grand monde aujourd'hui, et on n'a pas de mal à trouver une place. Enfin, je touche la grâce des dieux en cet instant, l'éternel et tout son tintouin peuvent se rhabiller, le Baratie me tend les bras ! J'entre d'un pas assuré dans la boutique, m'attendant à voir quelques clients autours de plats délicieux et odorants. Seulement, l'ambiance devient glaciale dès que je passe les portes du restaurant - sans regarder l’énorme panneau d'affichage des prix, pour pas me décourager.
Il n'y a qu'un seul client, tout au fond de la salle pouvant accueillir au moins une centaine de couverts.
Collé contre le mur, les cheveux grisonnants, une cicatrice bizarre sur l’œil droit. Et un serveur en costume qui se tient le crâne et transpire beaucoup, visiblement gêné, mais prenant commande tout de même.
Je m'approche, cette vision m'intrigue.
Ce que je prenais pour de la gêne devient de la peur à peine dissimulée. Et ce que je prenais pour un vieux monsieur-tout-le-monde s'avère être une légende vivante. Ce n'est pas une mais deux cicatrices qui couvrent son œil. Ses cheveux sont argentés plus que gris, tirés en arrière par une sainte magie que je croyais perdue. Il se dégage de cet homme une férocité mise en cage par des années d'une discipline de fer. On sent qu'il n'a pas d'âge, et une force qui nous remise tous au rang de louveteaux. Je me prenais pour un lion, je redeviens un bambin face à toi. Saladin E. Caldin. Je ressens toute la pression de ce nom quand tu lèves ton regard vers moi. Un petit puits noir sans fond, avec une vivacité qui se voit comme le nez en plein visage. Je me force à avancer malgré mon instinct de survie qui boue au fond de l'estomac. Je sais qu'à tout moment, il peut décider que je suis un ennemi et m’asséner la rouste d'ma vie. Peut-être même de plusieurs vies. Le restaurant ne s'est pas vidé pour rien, et j'aurais peut-être dû regarder le panneau avant d'entrer. Mais je peux pas laisser passer ce moment, cette occasion aussi unique.
C'est le jour du modérateur.
- Saladin E. Caldin, que je finis par dire en tirant la chaise à l'autre bout de la table. J'sais que c'est très impoli d'ma part ... que je continue pour amadouer son sens des convenances... Mais je voudrais vous offrir un verre. Accompagné d'un sourire et d'ma pogne déjà levée pour commander. Si je lui laisse le choix de dire non avant d'avoir rafraîchi son gosier, je sens que cet entretient va être avorté. Je lui souris en passant mes pouces dans le haut de mon débardeur. Le serveur tremble en arrivant vers nous, et de deux colosses pour le prix d'un !
Picoler avec l'homme le plus puissant de la planète ? Check.
L'aube s'est dévoilée depuis quelques heures, le ciel prenant des teintes bleutées, orangées puis finalement dorées. Il fait beau, quelques nuages blancs traînant dans le ciel toute la misère du monde. Ils me rappellent cette fable selon laquelle un homme, ancienne divinité de notre univers, avait été puni de ses exactions par les autres : Il devait porter le monde sur ses épaules afin qu'il puisse continuer à tourner. Je hausse les miennes comme si ce n'était rien.
Pourquoi accepter les chaines que l'on vous impose ? On le fait déjà assez de notre vivant, et de bon grès, à chaque fois que l'on noue un "lien" avec quelqu'un. Pourquoi avoir cette nuance du vocabulaire s'il en est autrement ? Je traverse les rues de Logue Town, nous sommes en 1624. Les oiseaux chantent, les dames se pâment de leurs plus beaux atours, et nous les hommes on sue. Il fait trente cinq degrés, et l'atmosphère est si dense qu'il colle à la peau des pauvres âmes qui parcourent le macadam à pied. Un peu comme moi. C'est mon fardeau, et je l'accepte sans broncher.
Je sors de ma petite retraite de quelques mois auprès de mes filles. J'souris à qui le veut, comme tout les hommes heureux. La famille c'est important, elle te permet de te retrouver qu'importe les épreuves. Et j'en ai vécu, entre les charognards et les prédateurs, les kidnappeurs et les Pirates de toutes sortes. Pas que je sois forcément meilleur, mais juste que pour moi le fort n'écrase pas le faible. Il l'aide à grandir et à le rejoindre. Je me dirige vers le port, car j'me suis toujours promis de manger au Baratie en passant dans ce coin du monde. Le meilleur restaurant. Sacrée étiquette qu'ils doivent se coller et réussir à garder dis donc. Quand on est le meilleur le plus difficile, c'est de le rester.
J'arrive dans le port agité de Logue, avec ses odeurs de poissons, d'bagouses et de bois. Les navires sont tous énormes dans ce coin du dock. Je file vers les navires de tourisme qui sont plus à ma gauche. Je longe la mer et son étendue bleutée. Le soleil frappe dessus et reparti ses rayons comme un bouquet d'lumière. Il y'a des choses comme ça qui m'donnent envie de les protéger. Je cale mon sac sur mon épaule et accoste un petit bateau en forme de poisson, les pales faisant comme de petites ailes. Il y'a écrit "Bateau-Mouche" sur le côté, en blanc sur fond d'bleu grisâtre. Il a une gueule de pêcheur le loustic, avec son bandeau qui cache son front, ses cheveux en pétard et son tablier en ciré. Il porte un couperet à la hanche droite, et une canne à pêche dans la main gauche. J'lui demande combien coûterait la traversée jusqu'au Baratie et m'acquitte de ma dette.
Le restaurant apparaît comme une grande masse octogonale, brute, dure, véritable promontoire de la nourriture sur mer. J'me frotte les mains d'avance, et une délicieuse odeur de brioche dorée vient titiller mes narines. On vient à peine de passer midi, et les fourneaux tournent déjà plein régime. Une lueur étincelle dans mon regard, comme une petite étoile. Je touche presque du doigt une cuisine devenue légendaire, un palais révérant la nourriture et ses saveurs ! C'est un moment hippique !
Je suis pressé, et plus les effluves et l’énorme bateau-restaurant approchent, plus je sens que je vais adorer ça. Il n'y a pas grand monde aujourd'hui, et on n'a pas de mal à trouver une place. Enfin, je touche la grâce des dieux en cet instant, l'éternel et tout son tintouin peuvent se rhabiller, le Baratie me tend les bras ! J'entre d'un pas assuré dans la boutique, m'attendant à voir quelques clients autours de plats délicieux et odorants. Seulement, l'ambiance devient glaciale dès que je passe les portes du restaurant - sans regarder l’énorme panneau d'affichage des prix, pour pas me décourager.
Il n'y a qu'un seul client, tout au fond de la salle pouvant accueillir au moins une centaine de couverts.
Collé contre le mur, les cheveux grisonnants, une cicatrice bizarre sur l’œil droit. Et un serveur en costume qui se tient le crâne et transpire beaucoup, visiblement gêné, mais prenant commande tout de même.
Je m'approche, cette vision m'intrigue.
Ce que je prenais pour de la gêne devient de la peur à peine dissimulée. Et ce que je prenais pour un vieux monsieur-tout-le-monde s'avère être une légende vivante. Ce n'est pas une mais deux cicatrices qui couvrent son œil. Ses cheveux sont argentés plus que gris, tirés en arrière par une sainte magie que je croyais perdue. Il se dégage de cet homme une férocité mise en cage par des années d'une discipline de fer. On sent qu'il n'a pas d'âge, et une force qui nous remise tous au rang de louveteaux. Je me prenais pour un lion, je redeviens un bambin face à toi. Saladin E. Caldin. Je ressens toute la pression de ce nom quand tu lèves ton regard vers moi. Un petit puits noir sans fond, avec une vivacité qui se voit comme le nez en plein visage. Je me force à avancer malgré mon instinct de survie qui boue au fond de l'estomac. Je sais qu'à tout moment, il peut décider que je suis un ennemi et m’asséner la rouste d'ma vie. Peut-être même de plusieurs vies. Le restaurant ne s'est pas vidé pour rien, et j'aurais peut-être dû regarder le panneau avant d'entrer. Mais je peux pas laisser passer ce moment, cette occasion aussi unique.
C'est le jour du modérateur.
- Saladin E. Caldin, que je finis par dire en tirant la chaise à l'autre bout de la table. J'sais que c'est très impoli d'ma part ... que je continue pour amadouer son sens des convenances... Mais je voudrais vous offrir un verre. Accompagné d'un sourire et d'ma pogne déjà levée pour commander. Si je lui laisse le choix de dire non avant d'avoir rafraîchi son gosier, je sens que cet entretient va être avorté. Je lui souris en passant mes pouces dans le haut de mon débardeur. Le serveur tremble en arrivant vers nous, et de deux colosses pour le prix d'un !
Picoler avec l'homme le plus puissant de la planète ? Check.