Hum Hum
Alors que je fixe Barbe-Orange avec attention, ce dernier semble chercher un truc dans sa poche. Par peur qu'il ne se prépare à sortir une arme, et un peu par réflexe aussi, je glisse doucement ma main dans mon sac, prêt à lancer mon couteau d'aiguisage au moindre geste suspect. Je suis toujours sur mes gardes, c'est ce que m'a appris la vie. Alors que je tiens mon couteau avec ma main droite, toujours dans le sac donc, le quartier maître me lance un regard fulgurant et se prépare à me sauter à la gorge, tel un tigre. Tout était si calme y'a dix secondes, pourquoi est-ce qu'il aurait l'intention de me buter, alors qu'il m'a invité si gentiment sur son bateau ?... Non, je ne dois jamais baisser ma garde, jamais. Après un petit moment de tension entre le second et moi, j'observe à la fois avec stupeur et honte Barbe-Orange en train de sortir une orange.
Je lâche doucement mon couteau et sors ma main de mon petit sac. Le second fait de même en se repositionnant comme tout à l'heure, droit et statique tel un mât. J'ai vraiment stresser pour rien sur ce coup, mais faut dire qu'on est jamais trop prudent. C'est bien ce genre d'événements qui peuvent mener à des incidents diplomatique. Tandis que je pose mes deux mains sur le bureau, je jette un léger regard vers le reste de la pièce, je vois qu'il y'a trois primes accrochées à la porte par laquelle on est entrés, mais je ne vois pas trop ce qui est écrit. Je ramène mon regard vers le capitaine alors que ce dernier commence à éplucher son orange à mains nues. Il relève la tête vers moi, tout en continuant son activité, dans le plus grand des calmes. Mais j'arrive à voir sur son visage qu'il a vu ce qu'on vient de faire comme cirque, moi et le quartier-maître.
-Pas besoin d'être apeuré, camarade ! Nous n'avons nullement l'intention de vous faire du mal, puisque vous n'avez pas l'intention de nous en faire, je me trompe ?
-Je peux vous assurer que vous vous trompez lourdement, Barbe-Orange. Pourquoi voudrais-je faire du mal à des confrères pirates ? En plus, vous m'avez sauvé la mise un peu malgré vous. Parce que oui, la marine m'a plusieurs fois collé au cul dernièrement, et j'ai dû combattre seul à plusieurs reprises. Et alors que je venais de rentrer bredouille d'une certaine île, votre navire et votre invitation sont apparus !
- Vous m'apprenez quelque chose là. Nous aussi nous avons dû faire face à quelques sergents de la Marine récemment, mais j'ai vite fait de leurs montrer qui c'est qui commande sur ce navire.
- Des sergents ? Vous avez réussi à les mater ?
-Rhôhôhôhô ! Vous voulez rire ? Ils n'avaient même plus une goutte de rhum sur leurs bateau après notre passage, enfin, ce qui restait de leurs bateau.
- Impressionant..
-Sinon, pourquoi naviguez vous seul ? Ce ne doit pas être pratique, surtout quand la marine patrouille.
- Et bien, c'est à dire que la vie peut-être difficile. Mais au moins je jouis d'une certaine liberté qui ne me serait pas possible sur un navire étranger.
-Détrompez-vous jeune homme, la vie en équipage est la meilleur façon d'apprendre le "métier". Je peux vous enrôler dans mon équipage si l'envie vous prends.
-Oh que non, j'aimerais encore un peu naviguer sur East Blue avant de penser à ses choses là. En plus mon art de combat au sabre est encore très imparfaite, je me dois de l' améliorer.
-Un sabreur sur mon navire hein ? Je l'étais dans mes jeunes années, mais j'ai dû arrêter de m'entraîner pour pouvoir gérer ce rafiot. Bon, je vois que vous êtes affamés, monsieur Waylon. Je ne vous retiens pas plus, c'était simplement pour voir qui viens de poser les pieds sur le bateau.
-Vous êtes vraiment trop bon ! Vos subordonnés ne m'ont donc pas mentis ! Bon, je ne vais pas vous déranger plus longtemps alors. Merci encore de votre hospitalité, Barbe-Orange !
-Bien, je vous reverrais sur le pont. J'ai deux-trois choses à faire pour l'instant.Je continue à regarder Barbe-Orange quelques secondes, un grand sourire aux lèvres. Je tire ensuite la chaise sur laquelle je suis assis, me lève rapidement et je commence à me diriger vers la porte. Ces matelots ne m'avaient donc pas mentis, leurs capitaine est réellement empli de bontés ! La nourriture n'attends plus que moi maintenant ! Tandis que je me dirige vers la porte, j'entends très clairement Barbe-Orange mâcher ses bouts d'orange, avec toujours la même sensation d'être foudroyer du regard par l'autre borgne, celui qui est debout. Alors que j'avance d'un pas pressé et déterminé vers la sortie, une question me vient subitement à l'esprit. C'est le genre de question qui risque de me ronger le cerveau un bon moment si elle reste sans réponse, et ce, jusqu'à ce que j'en obtienne une . Je m'arrête dans ma marche au même moment, à mi-chemin entre la porte et la chaise.
-Dites, sans vouloir être indiscret, qu'est-ce que vous fêtez avec autant de joie et d'euphorie ?
-Oh... Et bien, c'est...c'est le jour d'anniversaire du navire... le jour d'anniversaire du bateau, c'est ça.
-Très bien, à plus tard.
-Attendez... Vous ne connaissez pas le chemin, Joey va vous accompagner jusqu'au pont. Je vous conseille de vous dépêcher, sinon l'équipage va tout avaler, haha hahaha !
-A vos ordres, capitaine !Hmm... J'ai l'impression que quelque chose a subitement changé en Barbe-Orange. Lui qui était si calme et serein y'a deux minutes, je viens d'entendre pour la première fois depuis que je le connais, c'est à dire depuis dix minutes, de l'hésitation et de la malice dans sa voix. Son attitude a changé également, lui qui était si posé et calme s'est affolé dès que j'ai posé ma question. On dirait bien qu'il me cache quelque chose, mais je ne sais pas trop quoi, j'ai également la fâcheuse impression qu'il veut très vite se débarrasser de moi. Avec ce qui vient de se passer, j'ai comme un mauvais préssentiment concernant Barbe-Orange.
En même temps, c'est une question légitime, je suis invité pour faire la fête sur un bateau pirate, je dois au moins connaître les raisons pour lesquelles on m'a invité. Bon, j'y songerai plus tard, pour l'instant faut dire qu'il marque un point, je dois me dépêcher d'aller manger avant que son foutu équipage n'avale tout. Il vient de m'envoyer l'autre toutou de second en guise d'accompagnateur, pour me surveiller sûrement. Je continu donc ma marche tandis que l'autre essaie de me rattraper, avec sa putain de dégaine de psychopathe. J'arrive devant la porte en bois et j'appuie sur la poignée en même temps que je regarde les primes accrochées à la porte, que j'ai aperçu tout à l'heure. Et ce que je vois est très déconcertant, il y'a trois primes accrochées.
- Spoiler:
Ce mec vaut plus de six millions de berrys ?! Alors ça ! Au total, ils font une prime de huit millions de berrys avec seulement trois membres ! Et moi qui n'a pas la moindre prime...Ouais mais huit millions de berrys pour un équipage entier c'est rien, j'ai déjà vu en vrai des pirates bien plus primés. Malgré tout, je suis tout de même en présence de pirates primés et donc potentiellement dangereux, c'est toujours bon à savoir. Je n'ai pas encore rencontré l'autre membre d'équipage primé, mais apparemment il est considéré comme étant trois fois moins dangereux que l'autre grincheux par le gouvernement mondiale. J'ouvre donc la porte en question et j'entre dans l'autre pièce, avec Joey Sarmal à deux mètres derrière moi et le son horrible que fait le capitaine savourant son fruit sucré.
Je continue ma route tranquillement vers les deux portes d'en face, toujours avec le second qui me colle au derrière.
Ce dernier ferme la porte qu'on vient de traverser pendant que je traverse la pièce. J'atteint les deux autres porte en bois sans encombre et je commence à pousser celle de gauche.
Mais j'ai du mal à ouvrir cette porte, et l'autre génie de quartier-maître de mes deux n'a pas trop l'air de venir m'aider, je me demande bien ce qu'il est en train de foutre. Je fous un coup sec sur la porte, qui finit par s'ouvrir ! Je fais un pas dans le couloir sombre que j'ai traversé tout à l'heure avec un membre d'équipage, tout en entendant les bruits de pas du second derrière moi et le plancher qui grince beaucoup. Comme il fait plutôt sombre, je sors rapidement mon briquet de mon sac pour éclairer un peu ce couloir, et au même moment, y'a comme un bruit de ferraille qui se fait entendre derrière moi et je sens un truc tout dur me piquer le dos. Je me tourne vers le quartier-maître, que je vois en train de me pointer avec un sabre.
Il a dû le prendre sur la table de la pièce précédente, pendant que je me cassai le cul à ouvrir cette saleté de porte. Pourquoi est-ce que je suis tout le temps entouré de trou du cul ? Il a vraiment cru que j'allais le buter, ici et maintenant ? Alors qu'il me pointe toujours avec son sabre, je le regarde d'un air énervé et lui dit, de manière sarcastique.
T'inquiète pas, je n'avais pas l'intention de te le prêter, tu risques de te brûler.Il esquisse un sourire narquois et finit par baisser son arme. J'avance lentement, le briquet allumé dans la main et avec un regard régulier lancé vers l'arrière. J'accélère un peu le pas, la faim qui me noue l'estomac ainsi que l'ambiance semi-glauque de ce couloir et de cet énergumène me fait aller plus vite. Tout en avançant, je jette un petit regard de gauche à droite, histoire de voir si y'a pas des trucs intéressants à mater. A part des petites salles remplies de filets, d'harpons, de boulets, de caisses et de tonneaux avec écrits "POUDRE" dessus, pas grand chose à signaler. Je qualifierais ce navire de "Navire lambda" si on met de côté les moisissures et les toiles d'araignées. A mesure que je presse le pas, le pignouf derrière moi accélère lui aussi. Le bruit qu'il fait avec ses putains de pas sur ce satané sol grinçant me file la scoumoune. Etait-ce vraiment nécessaire de m'envoyer ce cadavre pestiféré comme accompagnateur ? Je me débrouille très bien sans lui ! C'est une putain de ligne droite ce couloir ! Comment pourrais-je me perdre ? En plus, il ne m'est absolument d'aucune aide ce troufion.
C'est bien ce que je pensais, il est surtout là pour me surveiller. Donc Barbe-Orange me cache réellement quelque chose. Mais hélas, j'ai faim, et quand j'ai faim, je ne peux pas garder le fil des mes pensées en état de fonctionnement. J'arrive enfin devant l'escaliers que j'ai descendu tout à l'heure. N'ayant plus besoin de briquet, je le range dans ma poche et je commence à faire des saut de de deux-trois marches pour aller plus vite. Le quartier-maître me suis de manière beaucoup plus calme. Je sors enfin de l'intérieur du bateau, la lumière extérieure m'éblouit les yeux, sûrement à cause de ce temps passé dans l'obscurité de ce rafiot. Dès lors, le second ferme la porte devant l'escalier, après avoir fais un signe de main au matelots situés plus loin. Il va sûrement aller parler à son capitaine en toute discrétion. Je me retrouve donc sur le pont, devant la porte qui mène à l'intérieur du navire. Je jette un coup d'oeil vers la source du brouhaha, pour voir les membres d'équipage qui ont l'air plus rassemblés et moins éparpillés que tout à l'heure.
Je me rapproche donc vers l'équipage, tandis que ces derniers festoient comme des pirates digne de ce nom festoient. Je m'avance d'un pas méfiant vers l'équipage du bateau. Après tout, ils n'étaient pas obligés de m'accueillir aussi bien que leurs capitaine. Le boucan qu'ils produisent est conséquent, certains boivent au tonneau différentes sortes d'alcool, d'autres mangent de gros morceaux de poissons sans couverts ni assiettes, d'autres encore dansent et chantent des chansons de flibustiers tandis que quelques uns discutent posément. Une chose est sûre, je suis bien sur un bateau pirate ! Ils sont quasiment tous assis sur des tabourets ou des tonneaux. Je me rapproche de plus en plus, les mains dans les poches et en ne sachant pas trop comment aborder la situation. A mesure que j'arrive vers eux, les marins sont de plus en plus nombreux à me dévisager.
Là, ils sont tous en train de m'épier tandis que j'avance. Je suis à environ dix mètres du groupe, ils sont tous disposés autour d'une sorte de grande assiette de poissons, de viandes et d'autres trucs posé sur un grand baril de poudre. Ils sont tous là, à me regarder de manière plutôt contrasté, certains me regardent comme si j'étais un chasseur de prime dans un port de pirate, d'autres me regardent en ricanant légèrement. Quand à moi, je ne sais pas trop quoi dire ou quoi faire en fait. Cela dit, je n'ai jamais été le plus sociable des hommes, mes exactions me le prouvent. Un gargouillis acide me remue l'estomac et me rappelle que je devrais tenir un journal sur les dates auxquelles je mange. Alors que je fixe la grande assiette au centre du groupe, et que je m'apprête à dire une phrase d'accroche quelconque pour tenter de sympathiser avec l'équipage, un des marins se lève et vient vers moi. Je le reconnais, c'est un des marins qui m'a fais monter à bord. C'est également celui que le quartier maître a menacé de coups de fouets tout à l'heure.
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Et bien et bien... Maintenant que le capitaine du bateau a fait connaissance avec lui... Camarades ! Accueillons notre invi-Pendant son discours inutile et sans intérêt, mon ventre se serre très fortement, me donnant l'impression qu'une étreinte assassine se fait dans mon intérieur. Dans un état proche de la trans, je pousse le pirate avec force et vigueur, et me précipite vers l'assiette de poisson en criant "J'AI FAIM !". En même temps que je passe, plusieurs des matelots lâchent des petits cris scandalisés et autres gémissements sonores en même temps que je les bouscule. Je chipe plusieurs morceaux de poissons, de viandes et les avales goulument. La douce odeur du poisson grillé, mêlé à cette onctuosité et ce goût relevé tout à fait exquis, toutes ces choses réunies ne me font ni chaud ni froid, temps que je peux manger à l'oeil.
Alors que je déguste mon repas offert, je sens des mains me toucher l'épaule. C'est les matelots, ils ont sûrement peur que je finisse leurs buffets aussi maigrelets que mes mollets. Tandis que je mange, les vils gredins s'y prennent à trois pour me bouger, puisque je tape toutes les mains indiscrètes qui tentent de se servir dans l'assiette. Rien à faire, les membres d'équipages les plus vigoureux n'arrivent pas à me faire bouger de plus de cinq centimètres tandis que je reste pencher sur l'assiette. Tout les pirates présent se moquent d'eux, mais ne peuvent pas faire grand-chose paradoxalement. La grande assiette qui était tout juste entamé à mon arrivée, est maintenant à moitié vide. Pour ne pas risquer de me faire voler ma place, j'irais boire à la fin, c'est bien plus judicieux. Mais soudain, les grognements mécontents et les soupirs de lassitudes se taisent. Quelqu'un se tient juste derrière moi.
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Hé toi, le nabot. T'as intérêt à retirer tes sales pattes de notre assiette, que not' cuistot a mis tant de mal à faire.
-..
-Hé le marin d'eau douce, avec ton épave en guise de navire. Tu m'écoutes quand je te parles !
-...
-Prends ça !Et soudain, je sens un coup sur ma hanche gauche. Je me retourne, un morceau de viande à la main et un autre à la bouche, vers le brigand qui beugle depuis une minute. Je vois un jeune homme plutôt bronzé et musclé, doté d'un bandana sur la tête. Je n'hésite pas une seconde avant de lui coller une gifle tellement forte qu'il s'envole avant d'atterrir sur des tonneaux dix mètres plus loin. Au moins, il va avoir une belle histoire à raconter à ses enfants, si il en a. Les autres matelots sont désespérés, certains parlent d'appeler le quartier maître à la rescousse, d'autres disent qu'ils faudrait me couper la gorge pendant que je suis occupé à manger. D'autres encore pensent qu'appeler le quartier-maître serait du suicide, étant donné qu'un simple pirate inconnu vient de mettre à mal tout l'équipage. Tout à coup, je suis pris d'un ersatz de remord, et je me décide après quelques secondes de réflexions, à dire :
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Huhum, vous savez, vous n'aviez qu'à me demander. C'est votre nourriture après tout.L'assemblée de pirate éclate d'un rire enthousiaste et je laisse ma place à quelques gredins. J'attrape une chope et je la remplis dans un tonneau de rhum. Je vais ensuite m'asseoir sur un petit tonneau.