Me voilà naviguant sur les gouffres amers, première fois de ma vie que je prends le bateau sans pouvoir regarder la mer. J'dois avouer que j'me vois pas aveugle pour le reste de ma vie, et pas de plaisanteries fines sur le verbe « voir » j'vous prie. Les derniers événements sont pas des plus sympathiques mais j'dois avouer qu'à part ce léger détail au niveau oculaire, j'prend les choses avec bonhomie, une sorte d'habitude sans doute. J'suis presque remis de mes autres blessures, quelques douleurs subsistent de temps à autres au niveau du thorax et j'sens des croûtes encore bien présentes quand j'passe le doigt sur différents endroits de ma peau, mais ça va mieux. Faut dire que j'ai été chouchouté. L'infirmière a été plus qu'attentive à ma remise sur pied. Et j'espère l'avoir remerciée comme il se doit.
Quelques jours avant de partir, y a un gusse qu'est venu me voir, il m'a annoncé tout un tas de conneries pour finalement me remettre trois breloques et un écusson. Promu lieutenant d'élite sur ordre de plus hautes instances. Pas question de refuser cette fois, ça pourrait en gêner plus d'un. Bref, me voilà comme un couillon, avec des responsabilités supplémentaires, un meilleur salaire et une tonne d'emmerdes. Le seul point positif dans tout ce qu'il m'a dit, c'est qu'au vu de mon état, on m'a accordé un mois de permission, que je puisse aller me remettre des événements auprès de ma femme. L'infirmière a dû faire une tête bizarre parce que le type s'est mis à bredouiller pile à ce moment-là.
Le bateau dans lequel on m'a casé appartient à un marchand d'East Blue plutôt riche. Un gros navire plein à craquer qui file vers Cocoyashi. J'passe le plus clair de mon temps à vagabonder sur le pont en espérant apercevoir quelque chose, mais bon, j'y vois pas grand chose, alors j'fais ce que j'sais faire de mieux, j'entame la conversation avec tout ce qui passe à côté. Et je leur souris. Les hommes , les femmes, les enfants, les marins, les femmes et tout ce qui a vraisemblablement une langue et un cerveau. J'ai appris plein de trucs comme ça, plein de trucs un peu inutiles surtout. Que le capitaine était cocu, que sa femme s'envoyait en l'air dès qu'il partait en mer, que le cuistot avait une certaine tendance à taquiner la bouteille, que le contenu des cales était pas forcément déclaré aux douanes, et que les filles qu'on pouvait croiser savaient faire des choses assez dingues...
« Et vous savez quoi, paraîtrait même qu'on transporte des choses un peu secrètes.
-Des choses secrètes ? C'est à dire ? Illégal ?
-Oh, j'en sais foutrement rien, j'pense pas. Le cap'tain évite de se fourrer dans des affaires trop compliquées, j'pense qu'il s'agit plus de transactions qu'on préfère garder secrète pour éviter que ça s'ébruite.
-C'est généralement le but d'un secret en effet.
-Certains chuchotent qu'il s'agirait d'une arme antique...
-Haha, ils sont bien naïfs vos copains. Une arme antique sur un navire protégé par une si petite garnison. J'aimerais bien voir ça.
-Mais vous pourriez pas avec votre vue qui...
-C'était une façon de parler mon gars. Si vraiment il y avait transaction d'arme antique, j'suis persuadé qu'on serait sous protection d'un amiral et de quelques cuirassés. M'enfin, si ça chuchote comme ça c'est qu'il doit effectivement y avoir quelque chose. »
Voilà, des babillages plus ou moins intéressants. Ça m'occupe. Parce que bon, le voyage est plutôt banal, d'une triste lenteur comme on pourrait s'y attendre d'un bâtiment aussi grand. J'ai aussi discuté avec les hommes qui s'occupent de la protection dudit navire. Des gars fiables et bien entraînés, une vingtaine d'hommes de la Marine. Le marchand, Amédée qu'il s'appelle, a en plus engagé un chasseur de primes, converti au mercenariat pour gagner sa croûte de façon un peu plus régulière. Un gars plutôt sympa, quoiqu'un peu imbu de sa personne, mais qui a une conversation souvent plus intéressante que la plupart des marins.
« Vous ne m'avez pas dit, Kosma, comment ça s'est passé sur Goa ?
-Que veux-tu que j'te dise l'ami ? Ça s'est entre-tué dans tous les coins. Un vrai carnage, une manière de faire qui me convient pas. J'ai sauvé le plus possible de pauv' types que j'pouvais, mais avec un tel commandant, c'étaient des efforts un peu vains.
-Morneplume ?
-Tout juste, j'comprends pas bien sa façon de penser, mais j'imagine qu'il doit y avoir un raisonnement derrière tant de violence.
-Il combattait pour le bien du peuple, non ?
-Haha, on combat tous pour le bien du peuple, seulement, certains sont plus à même de tirer une balle entre les deux yeux d'un gamin plutôt que de tenter de lui ouvrir les yeux d'abord.
-Vous avez déjà tué un homme ?
-Tu sais, j'ai beau détester ça, il y a des situations qui ne nous laissent pas le choix. Alors c'est dur, mais j'préfère crever un type moi-même plutôt que celui-ci ne se charge d'abattre des dizaines de civils qui n'ont rien demandé d'autre que la paix. »
Il me regarde intensément, j'sens bien qu'il est en accord avec moi, d'une certaine manière, mais j'me doute aussi qu'il doit moins hésiter que moi avant de zigouiller un type. Quand il pense qu'un homme est nocif, il n'y regarde pas à deux fois, il agit. Pas de remords. Alors que j'pars du principe qu'il n'existe pas d'hommes mauvais, seulement des gens perdus. Qu'il faut parfois raisonner d'un bon coup de poing dans la gueule certes, mais le meurtre est une extrémité dont il faut user avec le plus de précautions possibles.
« PAVILLON NOIR ! CA FONCE DROIT SUR NOUS ! »
Oh, oh... Et moi qui suis en permission.
Quelques jours avant de partir, y a un gusse qu'est venu me voir, il m'a annoncé tout un tas de conneries pour finalement me remettre trois breloques et un écusson. Promu lieutenant d'élite sur ordre de plus hautes instances. Pas question de refuser cette fois, ça pourrait en gêner plus d'un. Bref, me voilà comme un couillon, avec des responsabilités supplémentaires, un meilleur salaire et une tonne d'emmerdes. Le seul point positif dans tout ce qu'il m'a dit, c'est qu'au vu de mon état, on m'a accordé un mois de permission, que je puisse aller me remettre des événements auprès de ma femme. L'infirmière a dû faire une tête bizarre parce que le type s'est mis à bredouiller pile à ce moment-là.
Le bateau dans lequel on m'a casé appartient à un marchand d'East Blue plutôt riche. Un gros navire plein à craquer qui file vers Cocoyashi. J'passe le plus clair de mon temps à vagabonder sur le pont en espérant apercevoir quelque chose, mais bon, j'y vois pas grand chose, alors j'fais ce que j'sais faire de mieux, j'entame la conversation avec tout ce qui passe à côté. Et je leur souris. Les hommes , les femmes, les enfants, les marins, les femmes et tout ce qui a vraisemblablement une langue et un cerveau. J'ai appris plein de trucs comme ça, plein de trucs un peu inutiles surtout. Que le capitaine était cocu, que sa femme s'envoyait en l'air dès qu'il partait en mer, que le cuistot avait une certaine tendance à taquiner la bouteille, que le contenu des cales était pas forcément déclaré aux douanes, et que les filles qu'on pouvait croiser savaient faire des choses assez dingues...
« Et vous savez quoi, paraîtrait même qu'on transporte des choses un peu secrètes.
-Des choses secrètes ? C'est à dire ? Illégal ?
-Oh, j'en sais foutrement rien, j'pense pas. Le cap'tain évite de se fourrer dans des affaires trop compliquées, j'pense qu'il s'agit plus de transactions qu'on préfère garder secrète pour éviter que ça s'ébruite.
-C'est généralement le but d'un secret en effet.
-Certains chuchotent qu'il s'agirait d'une arme antique...
-Haha, ils sont bien naïfs vos copains. Une arme antique sur un navire protégé par une si petite garnison. J'aimerais bien voir ça.
-Mais vous pourriez pas avec votre vue qui...
-C'était une façon de parler mon gars. Si vraiment il y avait transaction d'arme antique, j'suis persuadé qu'on serait sous protection d'un amiral et de quelques cuirassés. M'enfin, si ça chuchote comme ça c'est qu'il doit effectivement y avoir quelque chose. »
Voilà, des babillages plus ou moins intéressants. Ça m'occupe. Parce que bon, le voyage est plutôt banal, d'une triste lenteur comme on pourrait s'y attendre d'un bâtiment aussi grand. J'ai aussi discuté avec les hommes qui s'occupent de la protection dudit navire. Des gars fiables et bien entraînés, une vingtaine d'hommes de la Marine. Le marchand, Amédée qu'il s'appelle, a en plus engagé un chasseur de primes, converti au mercenariat pour gagner sa croûte de façon un peu plus régulière. Un gars plutôt sympa, quoiqu'un peu imbu de sa personne, mais qui a une conversation souvent plus intéressante que la plupart des marins.
« Vous ne m'avez pas dit, Kosma, comment ça s'est passé sur Goa ?
-Que veux-tu que j'te dise l'ami ? Ça s'est entre-tué dans tous les coins. Un vrai carnage, une manière de faire qui me convient pas. J'ai sauvé le plus possible de pauv' types que j'pouvais, mais avec un tel commandant, c'étaient des efforts un peu vains.
-Morneplume ?
-Tout juste, j'comprends pas bien sa façon de penser, mais j'imagine qu'il doit y avoir un raisonnement derrière tant de violence.
-Il combattait pour le bien du peuple, non ?
-Haha, on combat tous pour le bien du peuple, seulement, certains sont plus à même de tirer une balle entre les deux yeux d'un gamin plutôt que de tenter de lui ouvrir les yeux d'abord.
-Vous avez déjà tué un homme ?
-Tu sais, j'ai beau détester ça, il y a des situations qui ne nous laissent pas le choix. Alors c'est dur, mais j'préfère crever un type moi-même plutôt que celui-ci ne se charge d'abattre des dizaines de civils qui n'ont rien demandé d'autre que la paix. »
Il me regarde intensément, j'sens bien qu'il est en accord avec moi, d'une certaine manière, mais j'me doute aussi qu'il doit moins hésiter que moi avant de zigouiller un type. Quand il pense qu'un homme est nocif, il n'y regarde pas à deux fois, il agit. Pas de remords. Alors que j'pars du principe qu'il n'existe pas d'hommes mauvais, seulement des gens perdus. Qu'il faut parfois raisonner d'un bon coup de poing dans la gueule certes, mais le meurtre est une extrémité dont il faut user avec le plus de précautions possibles.
« PAVILLON NOIR ! CA FONCE DROIT SUR NOUS ! »
Oh, oh... Et moi qui suis en permission.