Mon doigt s’agite sur la table à mesure que l’attente se fait ressentir. Devant moi, un Denden. Celui d’Alina. Il appelle. Et ce, malgré le fait qu’il dorme profondément.
C’est bien ma veine ! Déjà hier soir, j’ai tenté de l’appeler, et pareil, pas moyen de la réveiller ! Rahlala ! Tout ça pour savoir si oui ou non je peux compter sur elle pour me descendre une valise de fringue au port de Rengoku.
Parce que oui, voilà, le moment est enfin venu d’y retourner. Hier soir, on m’a enfin annoncé que les travaux de l’Atterrissage du Dragon étaient terminé. Cela aura bien pris quelques semaines, mais ça en valait la peine.
Maintenant, vu du ciel et de très haut, pour pourrait presque croire à une fleure géante au centre d’Armada du fait de l’installation des bateaux en biais tout autour de mon cadran. Cela le détache encore un peu plus des autres, l’isole aussi peut être… Mais personnellement, je suis plutôt satisfaite de ce changement. Ce semblant de « fermeture » du quartier le rends encore moins attractifs aux pirates en mal de méfaits. Car à l’intérieur de la fleur, tout est jonché de grandes allées menant toute à la grande place que mon sublime hôtel borde, juste à côté de l’emplacement de l’Usage Modéré de la Force.
Emplacement vide depuis quelques temps déjà.
C’est pour cela que je dois savoir si j’ai besoin de faire une grosse valise ou une petite maintenant. Parce que Red va finir par m’attendre. Et même si je préfère que ce soit lui qui attende plutôt que moi, je n’aime pas qu’on me fasse des reproches. Pour le coup, j’avoue que je préfère les faire moi-même.
Ma main remplace soudain mon doigt agité et tape un grand coup sur la table. Bon, tant pis pour Alina, je vais me débrouiller moi-même ! Je raccroche le Denden, me lève et…
ALLLLFREEEEEED !
Voici votre petit déjeuner Madame, puis-je faire autre chose ?
Ah, Alfred, ce type est génial. Juste, génial. Toujours droit, correct, toujours là quand j’en ai besoin, et parfois même quand j’en ai pas besoin… Oui, je l’avoue, je le soupçonne d’être toujours derrière moi, voire même d’avoir mangé un fruit du démon qui lui permet d’exhausser tous mes caprices. Son efficacité me dépasse…
Tu pourrais me préparer ma valise ?
En même temps, j’entame goulument une des tartines qu’il vient de poser devant mon nez. Comment résister à une tartine, hein ? Dites-moi !
Vous repartez déjà, Madame ? Pour combien de temps ?
Et bien, maint’nant qu’les travaux chont finis, j’vais enfin pouvoir aller aider c’pauvre Nimbochtratuch… Et du coup, aucune idée.
Très bien, ce sera fait Madame. Autre chose ?
Non, cha devrait aller !
*Gloups*
Ah, ça fait du bien de manger. Je me lève rapidement et me prépare à sortir de ma demeure privé, prenant bien soin d’attraper un bon parapluie au passage, ainsi qu’un sabre et qu’un bracelet laissé de côté depuis quelques temps... Et puis, juste avant de franchir la porte, et alors qu’Alfred est déjà entrain de débarasser, je me ravise.
Ah, si, t’aura qu’à tout mettre dans le Redcopter. J’pense qu’on va le prendre avec nous. Et t’aura qu’a me l’amener au port dès que je t’appelerai.
Bien Madame.
Merci Alfred ! T’es au top !
Je file donc vers la fenêtre du palier de l’étage de mon lieu de résidence au sein de mon hôtel et me jette sans attendre tout en me transformant en dragon une fois à l’air libre.
L’aube se lève à peine sur Armada, et pourtant, je suis en pleine forme. Ce qui ne m’était pas arrivé depuis quelques semaines maintenant. Entre mon combat contre l’autre lumière et ma jambe cassée, la convalescence m’a bien usée. Heureusement que j’avais mes anges avec moi pour me tenir compagnie.
Contrairement à d’autres…
A un autre en particulier…
En quelques minutes, je me retrouve sur le plus grand bateau qui compose la Mascarade, juste devant la porte de la plus grande des demeures du coin. Me retransformant en ange, je me tiens là, devant la porte, le point levé, prêt à frapper.
Mais j’hésite…
Cinq secondes passent, puis dix. Puis… Oh, zut. Je frappe.
Et pendant que j’attends, je me surprends à espérer que ce ne soit pas lui qui ouvre la porte. Et vu l’heure, il y a très peu de chance qu’il ouvre, effectivement… Mais ce sentiment m’étonne. Parce qu’on s’était plutôt quitté en bon terme, non ? Sauf que voilà, j’étais occupée, et il l’était surement aussi et… Et rien.
La porte s’ouvre enfin. Et c’est une crinière rousse qui apparait derrière.
Sibyl ?
Izya ? Entrez, entrez, je vais chercher Reyson.
Et elle file.
Hein, mais, heu, attend !
Et elle n’attend pas. Alors je marmonne tout en entrant dans la pièce. Mon stratagème pour filer en douce est un échec. C’est peut être pas plus mal, en soit… Mais qu’est ce que je vais bien pouvoir lui dire…
Un truc genre : « Salut Reyson, tiens, je te rends ça ! Je suis finalement remise, hein, c’est gentil de t’en être inquiété. Comme c’est gentil de t’être inquiété quand j’ai frôlé la mort à cause de ce crétin de logia ! HEIN ! »
Et alors que Reyson fait irruption dans la pièce, ma parole dépasse soudain ma pensée…
T’ÉTAIS OU ???
Ouais, voilà, c’est une bonne entrée en matière ça.
Hein ?! T’étais où alors que j’étais à l’agonie ! Même pas tu serais venu me voir !
Je commence à attraper les coussins posés sur le canapé et à lui balancer dessus pendant que je vide verbalement toute ma frustration de ces derniers temps.
Même pas t’es venu me dire bonjour ! Et t’étais où quand y’a eu ce tarer de Logia ? Hein ! T’étais où alors que j’avais mal à la jambe à cause de toi ! Quand je pense que tu m’as demandé de plus repartir mais que t’es pas foutu de venir me voir alors que je suis à deux quartiers de toi ! Injuste !
Arf. C’était le dernier coussin. Alors a défaut de plus de munition, je m’assoie et tourne la tête à l’opposé de Reyson.
Tu es injuste avec moi !
Le moment est venu !
Quand Sybil vint me voir, je n’osais pas vraiment y croire. A dire vrai, j’étais en plein rasage. Izya serait enfin venue me voir ? J’abandonnais mes outils et me rendis aussitôt dans le salon. Elle commença par crier et à râler, mais je n’en avais cure. J’avais ce petit sourire niais au milieu de la mousse blanche.
« Tu es venue… »
Je commençais à en douter, car elle allait déjà mieux depuis deux-trois jours. Elle avait pris son temps… Et je revins à la réalité suite à ses assauts. Au moins, ça a le mérite de m’essuyer par endroit. Sa façon de parler, de se plaindre, de m’attaquer… Elle allait mieux, bien mieux.
Elle finit par s’installer sur le canapé tandis que Sybil s’en alla, se disant qu’elle était sans doute de trop dans cette pièce. Moi, je demeurais là, debout. Izya regardait dans la direction opposée tandis que je me demandais si je devais approcher ou maintenir cette distance. J’avais demandé des conseils à Sybil sur la façon d’aborder une femme, mais ce n’était pas encore ça.
« Tu te trompes… »
Ne parvenant à me décider de me rapprocher, je me contentais de rassembler les divers oreillers au sol afin de mieux les ranger ensuite. Peut-être aurais-je dû venir poser une main sur son épaule ? L’embrasser ? La rassurer ? Mais avec sa phobie, c’était pas si facile que ça…
« Demandes à Alfred, il te dira toutes les fois où j’étais là… Toutes les fois où tu ne pouvais me voir… J’avais peur d’éveiller en toi de mauvais souvenirs, mais je ne pouvais pas non plus rester ici sans savoir comment tu te portais… »
Quand elle était encore en convalescence ou à chaque fois qu’elle s’endormait, Alfred m’appelait pour me dire que je pouvais venir. Si elle ne pouvait me voir près d’elle, alors je n’avais qu’à m’approcher quand elle ne me voyait pas. Mais là, comment faire ? Je tentais de faire un pas en avant, puis un autre, et un autre… Jusqu’à ce que mon pied cogne contre le canapé, car je ne voyais pas où j’allais : je masquais mon visage d’un coussin. Peut-être qu’en ne voyant pas mon visage, elle pourrait supporter ma présence ? Peut-être devais-je changer d’apparence ? De derrière mon oreiller, je lui annonçais :
« Je suis content de te savoir en forme. »
Non mais qu’est ce qu’il ne faut pas entendre… Et comment suis-je censé le prendre moi ? Bien ?! Un type a réussit à corrompre Alfred pour pouvoir venir m’observer lorsque je dormais ?!
Ce type mérite une bonne leçon. Alors pendant qu’il se planque lamentablement la tête dans un des coussins que je lui ai balancé dessus, moi, j’empoigne le coussin dossier du canapé et je m’approche de Reyson à pas feutrés. Et en même temps qu’il prononce sa dernière réplique ayant le mérite de me faire venir le rouge aux joues, moi, je frappe très fortement avec mon arme rembourrée tout le haut de son corps et l’envoie volé à quelques mètres plus loin.
Ça, c’est pour avoir osé m’observer alors que je dormais ! Sale pervers…
Mais malgré le fait qu’il soit resté caché, je suis plutôt contente qu’il soit venu. Ça prouve qu’il tient à moi, non ? Je souris à cette pensée puis je fouille dans ma poche et attrape la chaine que j’ai forgée un an plus tôt. Alors que Reyson est encore vautré au sol, je m’approche de lui, pose mon arme cotonneuse près de lui, m’assoie dessus et attrape son poignet que je pose sur mon genou.
Et ça, c’était un cadeau parce que je tiens à toi.
Je m’applique à lui mettre le bracelet qu’il avait si violemment enlevé. Et une fois fait, j’approche mon visage du sien tout en lui plantant un index menaçant sur la pointe de son nez qui s’écrase sous mon geste.
Ne l’enlève plus, où je serai très vexée !
Mon regard dans le sien, mes yeux sérieux changent et révèlent bien vite mon amusement de cette situation. Ainsi que ma joie de l’avoir enfin retrouvé lui, qui était resté planqué tout ce temps.
Et sous le couvert de mes cheveux flamboyant cascadant de chaque côté de mon visage, ma main menaçante glisse sur sa joue tandis que mon visage approche du sien et que mes lèvres se posent sur les siennes.
Et encore des plaintes. Mais quand elle se plaint, c’est qu’elle va bien, au final. C’est lorsqu’elle ne dit plus rien qu’il faut se méfier… J’ai bien appris ma leçon n’est-ce pas ? Et là voilà qui ajoute une couche, m’envoyant un peu plus loin. Bon, c’était bien moins douloureux que ce qu’elle me faisait déjà, mais on dirait que certaines habitudes ont la vie dure. Il n’y avait plus aucune raison qu’elle continue de me traiter de la sorte. Etais-je condamné à servir de punching-ball jusqu’à la fin de mes jours ? Bon, tant que ça fait pas mal, ça va…
Je demeurais là, au sol, me disant que me relevais serait pris comme de la provocation pour elle et que je me prendrais un autre coup. En même temps, à quoi je m’attendais en choisissant une dragonne ? C’est sûr, j’aurais été bien plus tranquille avec une femme des Blues… Mais était-ce la tranquillité que je recherchais ?
Là voilà juste à côté de moi alors que j’ai perdu ma cachette portative. Mais elle me touche, elle me prend la main, me rend le bracelet… Et j’avais vu juste, c’était sa façon de s’exprimer quand elle allait bien. Izya m’embrassa… Mon cœur rata un battement alors que je rougissais légèrement. Mes yeux, sans le vouloir, regardèrent les mains de la demoiselle, au cas où… Mais rien.
Pourtant, quand le baiser prit fin, je n’osais pas en demander un autre. Je n’étais pas sûr de ce à quoi j’avais droit et ce que je devais éviter en fait. Peut-être que ça ne fonctionnait uniquement si c’était sa propre initiative ? Je ne bougeais pas. Ni me rapprochais, ni ne m’éloignais. Seules mes lèvres remuèrent.
« Est-ce que ça veut dire que tu n’as plus… peur ? »
Avais-je bien fait de le demander, d’en parler ? Là encore, seule la pratique pouvait me répondre. Je me préparais déjà à encaisser un autre coup…
Mon euphorie de l’avoir enfin retrouvé près de moi redescend un peu à cause de sa question. Car maintenant je comprends. Je comprends pourquoi il n’est jamais venu me reparler depuis. Il avait peur que j’ai peur…
Doucement, je me redresse et m’assoie en tailleur sur mon coussin-arme. Je reste un moment là, pensive, cherchant les bons mots. Je ne désire toujours pas en parler, mais je comprends bien que je ne peux le laisser dans l’ignorance ainsi. Car plus que ma répugnance à en parler, je ne veux pas le laisser mettre de la distance entre nous pour me protéger d’actes qui ne méritent pas de protections.
Et soudain, mon genou qui battait la mesure durant ma réflexion s’arrête.
J’ai peur de beaucoup de choses Reyson. Comme d’avoir froid, ou encore des monstres marins. J’ai aussi peur de perdre mon royaume parce que j’en suis loin, j’ai peur de perdre la loyauté de mes sujets, l’amitié de mes amis et d’autres choses encore. Mais plus que tout, j’ai peur d’être entravée, emprisonnée et seule. A chaque instant de ma vie, je veux pouvoir me sentir libre de mes mouvements, je veux sentir que rien ne me retient, rien ne me bloque, ni ne me serre, ou ne m’enlace…
Je me relève face à lui et lui tends une de mes mains en le regardant dans les yeux.
Mais jamais je n’ai eu peur de toi, Reyson.
Souriante, je l’aide à se relever. Un jour peut être, j’arriverai à surpasser ce passé qui me hante. Et si j’y arrive, ce sera grâce à lui. Mais pour le moment, il devra se contenter de ma main serrant tendrement la sienne et ne voulant nullement la lâcher. Et alors que mon regard se perd dans ses yeux, un rayon de soleil perçant au travers de la fenêtre me fait revenir à la réalité.
Toujours face à Reyson, je penche la tête sur le côté afin de confirmer l’état du ciel.
Oh merde !
Oui, merde. Parce que le bateau que je compte réquisitionner aujourd’hui pour m’emmener vers Rengoku a prévu de partir tôt, surement pour une autre destination… Mais qu’importe ! Et qui sait quand ils reviendront de leurs aventures si on les loupe !
On doit filer Reyson ! Sinon le bateau de ce bon a rien de capitaine va partir sans nous !
Dans l’agitation de ma pensée, je lâche sa main pour retourner près du canapé vidé de ses coussins et attrape Shusui qui attendait sagement puis le jette à son propriétaire.
Tiens, oublie pas ça ! On en aura besoin ! T’es affaires sont prêtes ?
Il me regarde sans comprendre de quoi je parle.
Tes affaires ? On s’en va ! Je ne te l’ai pas dit ?
Apparemment non… Pourtant, c’était pour ça que j’étais venue…
Bon, bah maintenant je te le dis : j’dois rejoindre Red sur l’île en bas de mon royaume pour aller conquérir une autre île céleste. Tu viens avec moi ?
J'espère qu'il a compris qu'il n'a pas le choix...
Quelque part dans ma tête, je notais tout ce qu’elle me disait. La liste non exhaustive de ses peurs. Le froid et les monstres marins, je pouvais sans doute agir là-dessus. Pour ce qui est de son royaume… Elle devra faire un choix car, moi, je ne pouvais y demeurer pour le moment. J’avais mon propre but, mon propre objectif. A moins qu’elle ne m’aide dans mes projets ensuite ? Et alors nous pourrions rester ensemble tout le temps.
Par contre, rien qui ne la bloque, ne la serre ni ne l’enlace… N’aurais-je donc jamais le droit de passer mes bras autour d’elle ? Ses sentiments à mon égard ne la bloquaient-ils pas, quelque part ? Elle ne sera plus aussi libre qu’elle ne l’était seule… Ou, si je me faisais capturer, elle ne se sentirait pas obligée de venir m’aider, pour garder sa liberté de décision et de mouvement ?
J’avais peur de mal comprendre, ou de bien comprendre ce qu’elle était en train de me dire… Je pris la main qu’elle me tendait avec hésitation, mais n’osais la serrer entre mes doigts. Est-ce que ça faisait partie des choses à ne pas faire ? Déjà que je n’y comprenais pas grand-chose aux femmes, elle venait d’ajouter tout un niveau de complexité avec son discours.
Subitement, elle se mit à s’affoler. Soit disant un bateau nous attendait… Ou plutôt risquait de pas vraiment nous attendre. J’attrape Shusui au vol. Elle m’avait manquée… Mais, pourquoi allais-je en avoir besoin ? Conquérir une autre île céleste ? N’était-ce pas sur la première île qu’elle avait obtenu toutes ses nouvelles phobies ?
« Ai-je vraiment le choix… ? »
Bien sûr que j’allais venir ! Il ne fallait tout de même pas que le schéma se reproduise ! Debout, je m’avançais vers la sortie.
« Qu’attendons-nous ? Un pirate n’a pas besoin d’affaires que je sache. »
Il les trouve sur place. Et peut-être en apprendrais-je plus sur les anges et la façon dont les aborder durant ce périple ? Peut-être en apprendrais-je simplement plus sur Izya ? Peut-être guérira-t-elle de ses maux…
Un pirate à la dèche, oui, il peut rester crade si il veut. Mais moi, je n’ai pas envie de trainer avec un pouilleux ! J’suis une reine maintenant, bordel ! J’ai une image à entretenir !
Mais je n’ai pas forcement envie de me prendre le chou avec Reyson pour ce genre de détail. Ni le temps d’ailleurs… Alors je prends les devants : j’inspecte rapidement la pièce à la recherche d’un bout de papier et d’un stylo, y griffonne un mot à l’attention de Sibyl et avant qu’il n’ait le temps de dire quoi que ce soit, j’attrape mon parapluie, me transforme en dragon et passe ma tête entre ses membres inférieurs de manière à le mettre sur mon dos et décolle.
Rapidement, nous traversons Armada jusqu’au chantier Naval où je sais que le pirate que je cherche y faisait réparer son navire jusqu’à hier soir. Mais avec tous les bateaux qui trainent dans le coin, j’ai du mal à trouver celui qui nous amènera à Rengoku.
Reyson ? On cherche un navire avec une proue en tête de hérisson, et avec un drapeau représentant… euh… un crâne avec un oursin il me semble, mais j’ai un doute…
Oui, oui, ces pirates sont bidons… Ce n’est pas pour rien que Red les avait choisis pour faire une livraison vers un endroit comme Rengoku… Les seuls assez stupides pour ne pas comprendre le symbole « danger de mort » sur une carte. Mais bon, au moins, ils ont le méritent de me devoir une faveur.
Tu trouves quelque chose ?
J’espère vraiment qu’on ne l’a pas loupé… Dans le pire des cas, on pourra toujours voyager directement dans le Redcopter, mais j’ai pas envie de bouffer des biscuits et de la viande séché pendant des jours… Je préférerai vraiment qu’on squatte un vrai navire… Mais on a beau chercher dans le chantier, rien. Pas trace de ce maudit bateau. Je projette donc ma vue un peu plus loin, vers la sortie d’Armada. Et là, je le vois. Tout juste entrain de quitter la ville flottante.
Là !
Je fonce vers ma cible le plus vite possible. Et alors que je ne suis plus qu’à une dizaine de mètre de l’atterrissage, un des matelots annonce mon arrivé. Et déjà, deux sortes de réactions se distinguent : les types contents, et les râleurs mené par râleur en chef dixit le capitaine. Et alors que j’atterris, les voilà qui m’accueille… bruyamment…
Dégage immédiatement de mon Bâtiment !
Ignorant royalement le capitaine, je laisse descendre Reyson de mon dos et reprends forme humaine.
Salut les gars. Alors, je vous ai maqué ?
Dragonne Izya ! ça fait pl.
NON ! NON ET NON ! DÉGAGE DE LA, C’EST MON NAVIRE ! ET JE NE VEUX PLUS RIEN AVOIR A FAIRE AVEC TOI !
Et que fais-tu de ta dette capitaine Spike ?
Ma… ? Je ne te DOIS RIEN !
Ah bon, tu es sûr ? Parce qu’il me semble que sans moi, ce bateau serait déjà en mille morceau… Et je ne te parle même pas de ces deux là !
Du doigt, je désigne deux pirates de son équipage qui rougissent de honte à cause de leurs anciennes actions. Oui, ce sont les deux zouaves qui ont tenté de se jeté par-dessus bord à la frontière de Grand Line et Calm Belt. Autant dire que sans mon intervention, ils seraient déjà digérés intégralement.
Je refuse ! Je refuse, je refuse, je refuse !
Ahlala, le pauvre n’a pas compris qu’il n’avait pas le choix…
Une dette est une dette Spike. Si tu ne payes pas, je vais devoir couler ton navire et prendre ces deux hommes.
Non… Tu n’oserais pas !
Détrompe-toi. D’autant que j’ai des nouveaux pouvoirs que je cherche à tester.
Dragonne Izya ! Nous on se souvient ! On payera la dette ! S’il vous plait, ne coulez pas notre navire !
Hm… Et bien, si vous prenez le contrôle de ce navire, ça me parait une bonne idée.
Et déjà, deux des pirates se jettent sur leur capitaine pour le ligoter et le bâillonner.
Pardonnez nous Capitaine ! On vous libérera dès qu’on aura payé notre dette à la grande Dragonne. Et vous pourrez nous punir comme vous le souhaiterez !
hm hm hm hmhmhmhmh.
Et les hommes l’emmènent dans sa cabine alors qu’il s’agite dans tout les sens en meuhmeuhmant des choses à défaut de pouvoir parler. Et pendant qu’ils évacuent, moi, j’appelle Alfred pour lui dire de me rejoindre avec le Redcopter. Puis, je m’adresse de nouveau à l’équipage.
Bon, bah… Si tout est réglé, vous pouvez d’ores et déjà vous préparer à faire voile vers Rengoku.
Quoi ?! Encore cette île de malheur ?!
Malheur, malheur… le mot est un peu fort non ? Et puis vous ne risquerez rien puisque je suis là.
Vous… vous êtes sûre ? Vous ne voulez pas demander autre chose ?
En plus ? Si, plein. Mais ce sera pendant le voyage ça. Bref, au boulot les gars !
Et une fois l’activité reprise à bord du vaisseau. Je me tourne vers Reyson.
Alfred ne devrait plus tarder à arriver maintenant… Je te laisse réceptionner le Redcopter ? J’dois encore récupérer une personne avant qu’on file vers le large… J’en aurai pas pour longtemps, promis.
Je dépose un baiser sur sa joue et me transforme de nouveau en dragon pour décoller vers le Groove 20, mon parapluie serré dans ma patte. J’espère que Sibyl aura bien préparé ce que je lui aie demandé avant le passage d’Alfred…
Mais pour l’heure, j’ai un autre gusse à voir. Un ange avec un nuage pluvieux collé au dessus de la tête…
« Tu les connais d’où ? »
Mais avant qu’elle ne réponde, elle était déjà partie. Me laissant seul avec eux. Un bel équipage bien désorganisé. Certains qui se rebellent contre les ordres du capitaine, d’autres qui continuent de le soutenir… Chouette.
Bon, je n’avais qu’à attendre en vérifiant qu’ils ne partent pas, c’est bien ça ? Je me posais alors contre le bastingage, Shusui bien en évidence soutenue par mon épaule. Bien assis, je fermais les yeux en laissant le temps passer. Si le navire bougerait, je le ressentirais. Et surtout, je voulais voir lequel des deux groupes était la majorité. Les rebelles ou les fidèles ?
« Vous êtes sûr… pour se rendre à Rengoku ? Vous ne voulez pas la convaincre d’aller ailleurs ? »
« … Pourquoi pas Rengoku ? »
« Il y a une tête de mort sur la carte désignant cette île, ça veut tout dire non ? »
« Seulement qu’il y a d’autres pirates là-bas, non ? »
Moi-même, j’étais sans doute à leur niveau côté navigation…
« Ca ne sert à rien de parler avec lui ! Il est sous son charme, vous n’avez pas vu le baiser qu’elle lui a donné ? Il fait juste ça pour plaire à la dragonne ! Ce n’est qu’un opportuniste, et il est seul, partons vite ! »
Un brouhaha commença alors sur le pont au sein de l’équipage. Certains étaient pour, d’autres non. La dragonne risquait de les retrouver même s’ils partaient. Mais quand même, Rengoku… Ils n’avaient qu’à se débarrasser d’un mec mal rasé pour s’en sortir. Le capitaine sortit de sa cabine, libéré. Evidemment, dans cette démocratie tyrannique, seul son vote allait compter. Il y avait déjà un homme à la barre, et plusieurs autour de moi. Mais je demeurais toujours assis, calme. Ils ne me semblaient pas bien dangereux. Sans doute était-ce pour cela qu’Izya les avait choisis ?
« Arrêtez à présent, et je dirais à Izya que vous avez été pleinement coopératifs. Sinon, vous savez qui je suis non ? Et comment j’applique la loi chez moi, n’est-ce pas ? »
Ils semblèrent hésiter. Mais Alfred arriva sur les quais, leur rappelant à tous l’urgence de la situation pour échapper à la dragonne. L’homme à la barre entreprit un départ. Je dégainais ma lame, fis un coup rapide d’estoc à distance, et la rangeai de nouveau. Le navigateur vit quelques mèches de cheveux tomber sous ses yeux, mais il comprit le message. Alors que je me relevais, ils firent tous un pas en arrière.
« Vous avez fait votre choix… Mais je ne suis pas vraiment d’humeur. S’occuper d’une dragonne est suffisamment éprouvant. Je ne vais donc pas prendre la peine de distinguer les deux groupes opposées que vous formiez et tous vous mettre dans le même bateau… Ce qui est déjà le cas. »
…
Quand Izya revint, le Redcopter avait déjà embarqué et Alfred s’en était retourné chez lui avec mes remerciements.
« Ne t’inquiète pas, ils ont été très coopératifs. Ou elles. »
L’équipage dans son ensemble était formé à présent de femmes à moustache. Mais ils/elles savent quoi faire et quoi ne pas faire pour redevenir comme avant. Nous étions prêts à partir.
Pendant ce temps, sur le Groove 20…Excusez-moi ! Vous là, on s’est déjà vu non ? Vous êtes le chef des agriculteur d’Armada, je me trompe ?
C’est bien moi, Dragonne Izya. Heureux de constater que j’ai marqué un esprit comme le votre !
Euh, non, mais… J’ai une bonne mémoire.
Ah…
Hm… Bref, vous auriez pas vu un vieil ange avec un nuage de pluie au dessus de la tête ?
Argus ? Bah il doit être à son poste, comme toujours. Pourquoi ?
J’viens vous en débarrasser. Ça doit pas être facile de s’occuper de lui tous les jours…
Bah, suffit d’avoir quelques sandwichs… Mais vous comptez vraiment l’emmener ?
Euuuuh, oui… Pourquoi pas ?
Pas c’est qu’il est plutôt utile Argus…
Utile ? Comment ça ?
Bah, vous voyez… Pour une cité flottante comme la notre, avoir une source d’eau pure infinie… C’est plutôt très utile, m’voyez…
Oui mais on ne va pas le contraindre à nous fournir toute sa vie, le pauvre, ce serait plutôt cruel.
Non mais, j’pense pas qu’il en soit malheureux, hein…
Euh, désolé de vous contredire mais quand je l’ai vu la dernière fois, il semblait bien désespéré.
Ah ? Bon…
…
Vous pouvez me conduire à lui ?
Est-ce vraiment nécessaire ?
Oui, c’est nécessaire, oui.
Parce que son nuage est quand même vachement utile…
Tu veux des nuages ?! Bah tiens ! Prends-en !
Je me transforme d’un coup devant l’agriculteur qui blanchit un instant avant de reprendre des couleurs au moment où il me voit m’envoler et laisser de nombreux petits nuages de pluie sur mon chemin. Franchement, qu’est ce qui faut pas faire !
Puis je reviens vers lui, toujours en vol et réitère ma question.
Tu m’y amènes maintenant ?
Waaaaouuuh ! Euh… Oui oui, c’est par là !
Par là, qu’il dit. Soit vers le bord du Groove 20. Vers cette énorme cuve de métal que j’ai apperçu en arrivant tout à l’heure. Mais vu du ciel, cette cuve avait l’air complètement pleine d’une substance grise foncée absolument pas régulière…
Une substance… Ou un nuage !
Oh bordel, ils n’ont pas fait ça ?!
Vous… Vous l’avez enfermé là dedans ?!
Une idée excellente, n’est ce pas ? Comme ça, on récupère absolument toute l’eau de son nuage !
Mais enfin ! Il a rien fait !
Bah techniquement, il a beaucoup crié. Et puis au début la cuve n’était pas encore optimale ! Quand il allait sur les bords, son nuage coulait à coté. Du coup, on a fait une plateforme centrale au dessus de l’eau qu’il produit. Depuis, on perd plus rien !
Mais.
En plus, avec le système qu’on a il est impossible pour lui de souiller l’eau par vengeance ! On a pensé à tout ! Même au distributeur de sandwich !
Bon, là, va vraiment falloir que je mette les choses au point. J’attrape l’oreille de ce pirate trop fier de sa connerie et la tire vers le bas pour l’engueuler.
Tu te rends compte, là, que tu maltraites un de mes anges ?! Qui plus est, celui-ci va peut être nous permettre d’annexer une autre île ! Et toi, tu te permets de l’utiliser comme réservoir d’eau ?!
Tu sais quoi ? Je vais t’y foutre moi, dans ta cuve dont t’es si fier ! Je vais t’y foutre et je vais mettre plein de nuage au dessus de ta tête, comme ça, tu vas y rester longtemps avant que tes gars se rendent compte que c’est toi !
Que ça te serve de leçon ! Et à tes gars aussi ! Qu’ils retiennent ! Parce que la prochaine fois que je vois un type faire du mal à MON peuple, comptez pas sur moi pour être aussi clémente qu’aujourd’hui !
Et sans plus attendre, je décolle vers le sommet de la cuve avec l’agriculteur qui gigote dans ma main en hurlant à l’injustice et aux bonnes intentions. Que dalle ouais ! On ne maltraite pas mes anges, même si dans le fond, l’idée était pas mauvaise… Pour un criminel, un mec à punir. Pas pour un ange qui est censé m’aider et que je vais devoir supporter pendant un temps indéterminé.
Je passe juste à côté du nuage de pluie, en longeant l’intérieur des murs de la cuve, et une fois la couche nuageuse passé, j’arrive à distinguer un pauvre Argus recroqueviller sur lui-même dans une toute petite cage de verre, avec au dessus de sa tête, un tuyau… sans doute celui fournissant en Sandwich… Pauvre Argus.
Les griffes de mes pattes arrière plantées dans la coque de métal, je me tortille pour poser mes pattes avant sur la cage de verre.
Et alors même qu’Argus ne m’a pas encore remarquée, je jette nonchalamment l’agriculteur à côté de lui. Acte qui a le mérite de lui faire lever les yeux.
Izya ! Vous… vous… vous venez me sortir de là ?
Bien sûr Argus, on doit aller sur Weatheria pour t'enlever ce nuage, tu n’as pas oublié ?
Le pauvre est tellement heureux qu’il ne trouve pas les mots et n’arrive qu’à hocher la tête de droite à gauche. Je l’attrape donc dans ma patte et décolle en cercle en prenant bien soin de laisser une grosse couche de nuage sur mon chemin, de manière a complètement remplir le haut de la cuve.
Et les quelques minutes de voyages avec Argus dans la patte commence vraiment a attaquer mon moral. Entre lui qui chiale et la pluie qui nous suit, c’est un supplice.
C’est donc blasée que j’atterri devant Reyson qui m’explique que tout s’est bien passé. Moi, je reprends ma forme humaine et déplie mon parapluie histoire d’atténuer le déluge qui me tombe dessus.
Alors en route… Et euh, Argus, va donc tout au bout du bateau. Oui, loin, là bas, sinon, tu vas faire moisir le pont.
Et déjà, l’ange s’arrête de pleurer et prends un air bougon. Oui, on n’a pas fini de l’envoyer chier celui là. Et il n’a pas fini de nous emmerder avec sa pluie.
Espérons juste que le voyage ne sera pas trop long.