Precedently in the West West Guns Series with Horses and Sins : Les aventures de la Justice au Far West
Le dos de ton malingre mulet craque sous tes fesses, on dirait que ta rachitique carrure seule suffirait à le déchirer en deux, ce sac à pathos. Ta haine continue à bouillir sous ta caboche, malgré un final plutôt conciliant en faveur de ton insolente veine. Car faute de panser ton orgueil, Mornecroûte l'a de nouveau poignardé, et ton ego fiévreux, agonisant et convulsant dans un marasme de jurons, est désormais dans un état similaire à celui de la monture dont tu as hérité.
Le désert roué par les sabots de vos chevaux au galop -même si le galop du tien à quelque chose d'étrangement boiteux et lent, allez savoir pourquoi-. En grosse boule de feu paresseuse, lentement le soleil s'affaisse sur votre flanc, peu à peu rougissant la lumière ; de la même façon que toi-même tu adoptais une teinte férocement écarlate face à l'abrupte humiliation que t'a infligé ton comparse, te faisant l'effet d'une dégringolade depuis les cimes des cieux eux-mêmes. Eh oui : tyranniser des canassons habitués à pioncer dans leurs selles, jeu d'enfant, mais tyranniser un tyran ; crois-tu qu'il te suffisait de lui proposer de se soumettre à tes retorses magouilles pour qu'il acquiesse sans broncher ?
Naturellement, avec les derniers phares du jour dépérit petit à petit l'oppressante chaleur régnant, commençante à laisser place aux premiers souffles glaciaux d'une nature lunatique. Ah ! Foutus climats qui rendent fous le mercure ! Cela ne va guère arranger tes afflictions, que de faire des allers-retours entre les deux extrémités du thermomètre, tu oscilles déjà, secoué, comme sur des montagnes russes délabrées. Je gage que sous la bedaine de ton canasson, on retrouverait la même purée d'organes avariés que sous ton propre nombril, mon petit ânon lépreux.
VIEILLE CARNE ! AVANCE ! OU DOIS-JE T'ARRACHER LA QUEUE POUR T'EN FLAGELLER JUSQU'AU SANG ?
Restez alerte, Brixius, je m'attends à ce que Finnway nous donne la chasse.
Tu parles du champion au canasson que j'ai littéralement broyé sous un flot de libido ?
Je parle de Finnway.
Il est mort, ce scélérat ! Une pièce de viande hachée avariée entre deux croûtes chevalines !
Hm. Je commence à avoir du mal à prêter crédit à vos jérémiades. Soit. Ce n'est de toute façon pas une raison pour ralentir comme vous le faites.
Est-ce moi-même qui ralentit ou cet infect phacochère, à ton avis, chapon maubec ?
La terreur que tu inspirais à ton canasson lui conférait une agréable force d'inertie, comme une pichenette sur un suicidaire au bord d'un précipice. Mais voilà que les frottements de l'air ont peu à peu raison de son élan, et qu'il s'apprête à caner, si l'on en juge par ses ronflements rauques de moteur surgissant de sous son cuir brûlant. Ses sabots se font las et son museau se dégonfle, je lis une morbide résignation dans ses pupilles livides. Assurément, ce n'est ni pour arranger tes affaires, ni pour refroidir tes nerfs. Le poing serré à t'en percer la paume par les ongles, dense comme un marteau, tu tambourines frénétiquement les flancs de la malchanceuse créature.
Mais POURQUOI DOIS-JE TOUJOURS SUBIR L'IMPUISSANCE DE LA CAMELOTE QUE L'ON ME REFOURGUE ?
Votre choix de montures est pour le moins surprenant, Brixius. J'ai peine à croire que vous n'ayiez pas pu dénicher deux bêtes en bonne santé. En espérant que ce n'était pas une autre espèce de fourberie éventée que vous tentiez contre moi...
Tu restes persuadé, dirait-on, que de la même façon qu'une machine en panne peut magiquement se relancer suite à quelques maltraitances assortis d'une guirlande d'insultes, les mouscailles des bestioles peuvent s'apaiser par toujours plus de douleurs ; comme si tes poings fous allaient enrayer sa misère. Tu ne récoltes que toujours plus de gémissements, tandis que grinçant fort de tes crocs à te les rétracter dans les gencives, tu dégaines l'un de tes outils de boucher hérétique.
Vous perdez les pédales.
Hinhin. Aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, tu n'as jamais eu de pédales à perdre. Toujours en roues libres, toujours calé sur une vitesse débridée sur laquelle tu n'as aucun contrôle.
Si vous abattez votre destrier, je vous laisserai là. Vous me retardez déjà suffisamment comme ça.
Manque-t-il si fort d'assurance pour continuer à s'encombrer de toi ? Quel fumeux duo vous nous montez là ! Regardez moi ce bloc de roc grossièrement sculpté aux traits si rudes qu'on jurerait qu'il est né à quarante ans ! Au regard déterminé le précédant loin dans le désert ! Aux gestes saccadés dignes d'un robot infiltré par le sable ! Tu ressembles auprès de lui à un écuyer gauche affublé d'un âne malade. Ce duo, oui, ce duo pourrait être comique s'il ne répandait pas tant de sang en son sillage ! Tu me vois bien gaie, Balty, de te voir jouir ici d'un comparse qui te sied bien. C'en était autre chose de ce Maxwell Percebroche qui me polluait l'âme ; pourvu qu'une mauvaise rencontre l'ait renvoyé au néant primordial, ce candide pendard !
Faute de galoper, vous trottinez donc. Tu t'emmures dans le silence et les idées noires, les tentations sombres. Vas-tu déjà te débarrasser du Morne ? Je commençais à peine à m'amuser. Et soyons francs entre nous, Balty : sans une parfaite conjugaison entre tes pitreries martiales et démoniaques, tu n'arriveras qu'à te faire tuer et à chuter dans le ventre d'un vautour. Tu ne fais pas le poids face à lui.
Ne tente pas le diable de nouveau ! Il risquerait de saisir l'occasion, cette fois.
Déjà, vous voici au beau milieu de l'océan de sable, et derrière vous Exact Town n'est plus qu'une ligne brouillonne dans un horizon désormais plat et noir.
De temps à autre, en une traître inquiétude, Morneplume se retourne, surveillant vos arrières -car il se doute certainement que tu es trop balourd pour penser à le faire-. Il est vrai qu'à ce rythme, je doute que vous ne parveniez à CE avant le jour ne revienne. Et je m'en délecte, je savoure ce silencieux émoi qui semble ébranler l'intérieur de cet orgueilleux primate. Et je suis aux aguets du moindre signe trop prononcé d'affolement qui t'ouvrirait une faille en ses défenses.
Merci.
Hm ?
T'ai-je parlé à toi, agreste fureteur ?
Hm.
Ainsi s'en va l'astre froid au coeur éteint, autour duquel gravite une furieuse boule de colère bouillonnante.
En priant pour que le désert nocturne soit aussi amical envers vous que ne l'a été le sort avec toi, Balty !
Le dos de ton malingre mulet craque sous tes fesses, on dirait que ta rachitique carrure seule suffirait à le déchirer en deux, ce sac à pathos. Ta haine continue à bouillir sous ta caboche, malgré un final plutôt conciliant en faveur de ton insolente veine. Car faute de panser ton orgueil, Mornecroûte l'a de nouveau poignardé, et ton ego fiévreux, agonisant et convulsant dans un marasme de jurons, est désormais dans un état similaire à celui de la monture dont tu as hérité.
Le désert roué par les sabots de vos chevaux au galop -même si le galop du tien à quelque chose d'étrangement boiteux et lent, allez savoir pourquoi-. En grosse boule de feu paresseuse, lentement le soleil s'affaisse sur votre flanc, peu à peu rougissant la lumière ; de la même façon que toi-même tu adoptais une teinte férocement écarlate face à l'abrupte humiliation que t'a infligé ton comparse, te faisant l'effet d'une dégringolade depuis les cimes des cieux eux-mêmes. Eh oui : tyranniser des canassons habitués à pioncer dans leurs selles, jeu d'enfant, mais tyranniser un tyran ; crois-tu qu'il te suffisait de lui proposer de se soumettre à tes retorses magouilles pour qu'il acquiesse sans broncher ?
Naturellement, avec les derniers phares du jour dépérit petit à petit l'oppressante chaleur régnant, commençante à laisser place aux premiers souffles glaciaux d'une nature lunatique. Ah ! Foutus climats qui rendent fous le mercure ! Cela ne va guère arranger tes afflictions, que de faire des allers-retours entre les deux extrémités du thermomètre, tu oscilles déjà, secoué, comme sur des montagnes russes délabrées. Je gage que sous la bedaine de ton canasson, on retrouverait la même purée d'organes avariés que sous ton propre nombril, mon petit ânon lépreux.
VIEILLE CARNE ! AVANCE ! OU DOIS-JE T'ARRACHER LA QUEUE POUR T'EN FLAGELLER JUSQU'AU SANG ?
Restez alerte, Brixius, je m'attends à ce que Finnway nous donne la chasse.
Tu parles du champion au canasson que j'ai littéralement broyé sous un flot de libido ?
Je parle de Finnway.
Il est mort, ce scélérat ! Une pièce de viande hachée avariée entre deux croûtes chevalines !
Hm. Je commence à avoir du mal à prêter crédit à vos jérémiades. Soit. Ce n'est de toute façon pas une raison pour ralentir comme vous le faites.
Est-ce moi-même qui ralentit ou cet infect phacochère, à ton avis, chapon maubec ?
La terreur que tu inspirais à ton canasson lui conférait une agréable force d'inertie, comme une pichenette sur un suicidaire au bord d'un précipice. Mais voilà que les frottements de l'air ont peu à peu raison de son élan, et qu'il s'apprête à caner, si l'on en juge par ses ronflements rauques de moteur surgissant de sous son cuir brûlant. Ses sabots se font las et son museau se dégonfle, je lis une morbide résignation dans ses pupilles livides. Assurément, ce n'est ni pour arranger tes affaires, ni pour refroidir tes nerfs. Le poing serré à t'en percer la paume par les ongles, dense comme un marteau, tu tambourines frénétiquement les flancs de la malchanceuse créature.
Mais POURQUOI DOIS-JE TOUJOURS SUBIR L'IMPUISSANCE DE LA CAMELOTE QUE L'ON ME REFOURGUE ?
Votre choix de montures est pour le moins surprenant, Brixius. J'ai peine à croire que vous n'ayiez pas pu dénicher deux bêtes en bonne santé. En espérant que ce n'était pas une autre espèce de fourberie éventée que vous tentiez contre moi...
Tu restes persuadé, dirait-on, que de la même façon qu'une machine en panne peut magiquement se relancer suite à quelques maltraitances assortis d'une guirlande d'insultes, les mouscailles des bestioles peuvent s'apaiser par toujours plus de douleurs ; comme si tes poings fous allaient enrayer sa misère. Tu ne récoltes que toujours plus de gémissements, tandis que grinçant fort de tes crocs à te les rétracter dans les gencives, tu dégaines l'un de tes outils de boucher hérétique.
Vous perdez les pédales.
Hinhin. Aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, tu n'as jamais eu de pédales à perdre. Toujours en roues libres, toujours calé sur une vitesse débridée sur laquelle tu n'as aucun contrôle.
Si vous abattez votre destrier, je vous laisserai là. Vous me retardez déjà suffisamment comme ça.
Manque-t-il si fort d'assurance pour continuer à s'encombrer de toi ? Quel fumeux duo vous nous montez là ! Regardez moi ce bloc de roc grossièrement sculpté aux traits si rudes qu'on jurerait qu'il est né à quarante ans ! Au regard déterminé le précédant loin dans le désert ! Aux gestes saccadés dignes d'un robot infiltré par le sable ! Tu ressembles auprès de lui à un écuyer gauche affublé d'un âne malade. Ce duo, oui, ce duo pourrait être comique s'il ne répandait pas tant de sang en son sillage ! Tu me vois bien gaie, Balty, de te voir jouir ici d'un comparse qui te sied bien. C'en était autre chose de ce Maxwell Percebroche qui me polluait l'âme ; pourvu qu'une mauvaise rencontre l'ait renvoyé au néant primordial, ce candide pendard !
Faute de galoper, vous trottinez donc. Tu t'emmures dans le silence et les idées noires, les tentations sombres. Vas-tu déjà te débarrasser du Morne ? Je commençais à peine à m'amuser. Et soyons francs entre nous, Balty : sans une parfaite conjugaison entre tes pitreries martiales et démoniaques, tu n'arriveras qu'à te faire tuer et à chuter dans le ventre d'un vautour. Tu ne fais pas le poids face à lui.
Ne tente pas le diable de nouveau ! Il risquerait de saisir l'occasion, cette fois.
Déjà, vous voici au beau milieu de l'océan de sable, et derrière vous Exact Town n'est plus qu'une ligne brouillonne dans un horizon désormais plat et noir.
De temps à autre, en une traître inquiétude, Morneplume se retourne, surveillant vos arrières -car il se doute certainement que tu es trop balourd pour penser à le faire-. Il est vrai qu'à ce rythme, je doute que vous ne parveniez à CE avant le jour ne revienne. Et je m'en délecte, je savoure ce silencieux émoi qui semble ébranler l'intérieur de cet orgueilleux primate. Et je suis aux aguets du moindre signe trop prononcé d'affolement qui t'ouvrirait une faille en ses défenses.
Merci.
Hm ?
T'ai-je parlé à toi, agreste fureteur ?
Hm.
Ainsi s'en va l'astre froid au coeur éteint, autour duquel gravite une furieuse boule de colère bouillonnante.
En priant pour que le désert nocturne soit aussi amical envers vous que ne l'a été le sort avec toi, Balty !
Dernière édition par Balthazar B. Brixius le Lun 1 Juin 2015 - 17:31, édité 3 fois