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Canassons et pistolets, une aventure riche en sable chaud

Precedently in the West West Guns Series with Horses and Sins : Les aventures de la Justice au Far West


Le dos de ton malingre mulet craque sous tes fesses, on dirait que ta rachitique carrure seule suffirait à le déchirer en deux, ce sac à pathos. Ta haine continue à bouillir sous ta caboche, malgré un final plutôt conciliant en faveur de ton insolente veine. Car faute de panser ton orgueil, Mornecroûte l'a de nouveau poignardé, et ton ego fiévreux, agonisant et convulsant dans un marasme de jurons, est désormais dans un état similaire à celui de la monture dont tu as hérité.

Le désert roué par les sabots de vos chevaux au galop -même si le galop du tien à quelque chose d'étrangement boiteux et lent, allez savoir pourquoi-. En grosse boule de feu paresseuse, lentement le soleil s'affaisse sur votre flanc, peu à peu rougissant la lumière ; de la même façon que toi-même tu adoptais une teinte férocement écarlate face à l'abrupte humiliation que t'a infligé ton comparse, te faisant l'effet d'une dégringolade depuis les cimes des cieux eux-mêmes. Eh oui : tyranniser des canassons habitués à pioncer dans leurs selles, jeu d'enfant, mais tyranniser un tyran ; crois-tu qu'il te suffisait de lui proposer de se soumettre à tes retorses magouilles pour qu'il acquiesse sans broncher ?

Naturellement, avec les derniers phares du jour dépérit petit à petit l'oppressante chaleur régnant, commençante à laisser place aux premiers souffles glaciaux d'une nature lunatique. Ah ! Foutus climats qui rendent fous le mercure ! Cela ne va guère arranger tes afflictions, que de faire des allers-retours entre les deux extrémités du thermomètre, tu oscilles déjà, secoué, comme sur des montagnes russes délabrées. Je gage que sous la bedaine de ton canasson, on retrouverait la même purée d'organes avariés que sous ton propre nombril, mon petit ânon lépreux.


VIEILLE CARNE ! AVANCE ! OU DOIS-JE T'ARRACHER LA QUEUE POUR T'EN FLAGELLER JUSQU'AU SANG ?
Restez alerte, Brixius, je m'attends à ce que Finnway nous donne la chasse.
Tu parles du champion au canasson que j'ai littéralement broyé sous un flot de libido ?
Je parle de Finnway.
Il est mort, ce scélérat ! Une pièce de viande hachée avariée entre deux croûtes chevalines !
Hm. Je commence à avoir du mal à prêter crédit à vos jérémiades. Soit. Ce n'est de toute façon pas une raison pour ralentir comme vous le faites.
Est-ce moi-même qui ralentit ou cet infect phacochère, à ton avis, chapon maubec ?


La terreur que tu inspirais à ton canasson lui conférait une agréable force d'inertie, comme une pichenette sur un suicidaire au bord d'un précipice. Mais voilà que les frottements de l'air ont peu à peu raison de son élan, et qu'il s'apprête à caner, si l'on en juge par ses ronflements rauques de moteur surgissant de sous son cuir brûlant. Ses sabots se font las et son museau se dégonfle, je lis une morbide résignation dans ses pupilles livides. Assurément, ce n'est ni pour arranger tes affaires, ni pour refroidir tes nerfs. Le poing serré à t'en percer la paume par les ongles, dense comme un marteau, tu tambourines frénétiquement les flancs de la malchanceuse créature.

Mais POURQUOI DOIS-JE TOUJOURS SUBIR L'IMPUISSANCE DE LA CAMELOTE QUE L'ON ME REFOURGUE ?
Votre choix de montures est pour le moins surprenant, Brixius. J'ai peine à croire que vous n'ayiez pas pu dénicher deux bêtes en bonne santé. En espérant que ce n'était pas une autre espèce de fourberie éventée que vous tentiez contre moi...


Tu restes persuadé, dirait-on, que de la même façon qu'une machine en panne peut magiquement se relancer suite à quelques maltraitances assortis d'une guirlande d'insultes, les mouscailles des bestioles peuvent s'apaiser par toujours plus de douleurs ; comme si tes poings fous allaient enrayer sa misère. Tu ne récoltes que toujours plus de gémissements, tandis que grinçant fort de tes crocs à te les rétracter dans les gencives, tu dégaines l'un de tes outils de boucher hérétique.

Vous perdez les pédales.

Hinhin. Aussi loin que je puisse remonter dans mes souvenirs, tu n'as jamais eu de pédales à perdre. Toujours en roues libres, toujours calé sur une vitesse débridée sur laquelle tu n'as aucun contrôle.

Si vous abattez votre destrier, je vous laisserai là. Vous me retardez déjà suffisamment comme ça.

Manque-t-il si fort d'assurance pour continuer à s'encombrer de toi ? Quel fumeux duo vous nous montez là ! Regardez moi ce bloc de roc grossièrement sculpté aux traits si rudes qu'on jurerait qu'il est né à quarante ans ! Au regard déterminé le précédant loin dans le désert ! Aux gestes saccadés dignes d'un robot infiltré par le sable ! Tu ressembles auprès de lui à un écuyer gauche affublé d'un âne malade. Ce duo, oui, ce duo pourrait être comique s'il ne répandait pas tant de sang en son sillage ! Tu me vois bien gaie, Balty, de te voir jouir ici d'un comparse qui te sied bien. C'en était autre chose de ce Maxwell Percebroche qui me polluait l'âme ; pourvu qu'une mauvaise rencontre l'ait renvoyé au néant primordial, ce candide pendard !

Faute de galoper, vous trottinez donc. Tu t'emmures dans le silence et les idées noires, les tentations sombres. Vas-tu déjà te débarrasser du Morne ? Je commençais à peine à m'amuser. Et soyons francs entre nous, Balty : sans une parfaite conjugaison entre tes pitreries martiales et démoniaques, tu n'arriveras qu'à te faire tuer et à chuter dans le ventre d'un vautour. Tu ne fais pas le poids face à lui.

Ne tente pas le diable de nouveau ! Il risquerait de saisir l'occasion, cette fois.

Déjà, vous voici au beau milieu de l'océan de sable, et derrière vous Exact Town n'est plus qu'une ligne brouillonne dans un horizon désormais plat et noir.
De temps à autre, en une traître inquiétude, Morneplume se retourne, surveillant vos arrières -car il se doute certainement que tu es trop balourd pour penser à le faire-. Il est vrai qu'à ce rythme, je doute que vous ne parveniez à CE avant le jour ne revienne. Et je m'en délecte, je savoure ce silencieux émoi qui semble ébranler l'intérieur de cet orgueilleux primate. Et je suis aux aguets du moindre signe trop prononcé d'affolement qui t'ouvrirait une faille en ses défenses.


Merci.
Hm ?
T'ai-je parlé à toi, agreste fureteur ?
Hm.


Ainsi s'en va l'astre froid au coeur éteint, autour duquel gravite une furieuse boule de colère bouillonnante.
En priant pour que le désert nocturne soit aussi amical envers vous que ne l'a été le sort avec toi, Balty !



Dernière édition par Balthazar B. Brixius le Lun 1 Juin 2015 - 17:31, édité 3 fois
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Une heure.

Une heure qui passe comme des milliers d'années en enfer.

Un enfer glacé, qui plus est, puisque ces bons messieurs Celsius, fahrenheit et kelvin se jettent tous sous les négatifs lorsque l'astre solaire, jusqu'alors ô combien brûlant, se réfugie loin derrière la ligne de l'horizon. Le froid engourdie ses articulations, le prive de sensation, le fait légèrement frissonner et rend son compagnon d'infortune encore plus maussade et désagréable. Brixius ne cesse de pester. Contre le froid, contre son canasson, contre les étoiles qui brillent loin au dessus de leurs têtes, contre le mutisme mécanique et imperturbable de Morneplume. Tout est matière à se plaindre. Et même après une longue et pénible heure de route, la langue du tuberculeux ne s'est pas encore affaissée, à force de formuler des paragraphes entiers de haine pure et primitive. Et malgré sa volonté de fer, son endurance coulée dans le béton de ses convictions, malgré ces valeurs qui le font chevaucher au-delà de ses blessures et de sa condition précaire, il sent ses yeux ployer, Morneplume. Il sent ses paupières crier grâce, vouloir le soutirer à la douleur, au froid, aux incessants monologues toxiques de Brixius. Le balancement régulier de sa monture n'aide en rien, le vent de la mer, venant de la côte, lui est une caresse qui le borde plutôt que ne le maintient à l'affut.

C'est une triste réalisation pour Morneplume. Là où sa volonté veillerait toujours, son corps, lui, ne peut plus suivre. Il doit rester éveillé, seul lui peut les repérer et les mener sains et saufs jusqu'à CE. Seul lui est assez responsable et droit pour les garder de toutes tentatives d'assassinat. Au milieu de cette étendue, ils sont sans défense, et même la plus vile des armures ne pourrait les protéger contre les crocs de Roc Martin. Il s'est révélé si puissant, si gros, Morneplume en est lui-même venu à douter de la propre force de sa Justice, sur ces terres sauvages. Toutefois, il n'a pas dit son dernier mot, une fois qu'il sera entré en contact avec les Drognars, là, peut-être, il sera enfin prêt à reprendre Bull Town des mains de Gabril. Pour cela, il doit néanmoins braver la nuit. Braver la nuit, le froid, le désert, les agressives tirades de Brixius… Qu'arriverait-il s'il tombait de sommeil ? Serait-il dépouillé par son seul compagnon ? Mutilé ? Achevé ? Lui-même ne saurait prédire quel démon viendrait susurrer des actes odieux au Baron qui, en oubliant Edwin, dialogue seul en compagnie de ses vices et de son passé matricide. Oui, il le dépouillerait sûrement. Il le dépouillerait de son costume. Il lui irait déjà mieux que ses puantes loques. De son costume et de ses bottes. Oui. De ses bottes.

Et d'ailleurs, il a perdu son chapeau, lors de la bataille.

Son chapeau…

Son deuxième… chapeau…

Son… deuxième… son… chapeau…

…à quoi pensais-je en décidant de braver la logique et de crasser mes bottes sur cette terre d'hommes-vaches et de pustuleux alcooliques déficients ! Je crache sur les mères de leurs grand-mères ! Ces pauvres catins qui ont eu l'indécence et la gueuse inspiration de se faire engrosser par le premier scélérat afin de cracher de leurs entrailles les ignobles rebus de l'humanité qui seraient amenés à coloniser cet aride et trop populeux amas de béhourts vénériens ! Oh oui ! Oui ! Cent fois oui, maman ! Je tâterais bien d'une férule HÉRISSÉE DE DARDS BADIGEONNÉS DE TÉTANOS les fœtus des grand-mères des gueux et des pissefroids qui nous prennent en chasse ! Non seulement les fœtus de leurs doyennes, mais aussi ceux de leurs génitrices et ceux de leurs sœurs, de leurs femmes et de leurs filles AFIN QUE PLUS JAMAIS PERSONNE N'ENGENDRE LE MOINDRE DE CES VELUS ZOOPHILES PUTRIDES !



T'ai-je assommé de mes poignantes menaces, Mornefoutre ?

Hmrph… Snizz…
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Te sens-tu d'humeur si outrecuidante que te voici prêt à céder aux tourments de Morphée au beau milieu de l'un de mes sermons ? Égrillard !

Mon ardent petit tapage nocturne ! M'est avis que tu produis les seuls décibels de l'île à des kilomètres à la ronde ! Comme dans une immense caverne, ta voix rampe dans l'immensité désertique sous forme d'échos ; tes vociférations tonnent par orages à travers toute la nature endormie, et ne trouvent en seuls réponses que les murmures d'un vent algide ; et les plaintes silencieuses de ta bourrique. Plus que jamais depuis le début de ton séjour mouvementé ici, tu te sens seul, vulnérable en cet empire d'ombres qui t'envahit sans t'accorder le moindre repère en son fallacieux univers. L'opaque nuit noire s'est aussi étendue en ton esprit : une angoisse indomptable, une confusion insupportable ! Tu te sens comme séquestré dans la cave de notre manoir l'hiver ; te souviens-tu ? Si sombre et si froide, si vaste, si vide, et pourtant, tu t'y sentais si mal ! Tu t'y croyais observé par un public de milliers de spectres ! Oh oui, la cave ! Un enfer miniature que je t'ai forcé à visiter à multiples reprises en guise de sanction !

Tu te souviens, aucun doute ! Dans l'obscurité, ton comparse feignant adopte une silhouette voûtée et menaçante. Il s'habille des parures de tes cauchemars d'enfance ! Noir ! Grand ! Froid ! Plat ! Ce désert est un copycat de notre cave ! Une récidive du passé sur ton esprit brisé ! Un néant de ténèbres arpenté par de malsaines engeances modelés par ton imagination !

TOCARD ! VAS-TU TE TERRER DANS LE SOMMEIL ?! ME LAISSER LES AFFRONTER SEUL ?!
... Qui ?
EUX ! ILS NOUS ENCERCLENT ! ILS FONDENT SUR NOUS ! VIENNENT SE REPAÎTRE DE ma... partout...
...
MOLLUSQUE ! LIEVRE ! COUARD ! ... Ils sont là. Maman. Ils reviennent me chercher. Nombreux. Et obscènes...


Un étau d'ombre peu à peu se refermant sur toi, broyant tes entrailles ! Et qui sait quelle réelle menace s'abrite actuellement sous cette implacable nuit ? Si la nature était une aliénée, nul doute qu'elle aurait pensé au désert dans un accès de rage haineux ! Retors, aride, ce bac à sable de vicieux caïds velus. Car outre nos champions pistoleros, je me demande si quelques sympathiques coyotes ne verraient pas en vous un festin ambulant, de la viande cuite à point à boulotter en famille ? Et que penser des vautours ? Leur servirez vous le petit déjeuner ? Hinhinhin !

Car assurément, vous voici tout deux largués dans la nuit la plus longue de vos carrières ! Qui sait même si elle ne se fera pas éternelle pour toi, ma gentille âme décharnée ?
Hinhinhin. Vois-tu ce cactus ?


Oui.

Tu ne le reconnais pas ? Ce cactus ! Il ressemble à un croque-mort dressé derrière un rideau de ténèbres, attendant patiemment de s'acquitter de son travail. De loin, il m'avait fait pensé à un besogneux plié en deux, mendiant au bord de votre route...

Il ne m'évoque rien.
Hmpf.


Allons ! As-tu la mémoire qui reboucle à chaque seconde ? Vous étiez passés devant tout à l'heure !

Par les saintes fèces des dragons célestes ! Impossible !
... Quoi ?
Quelle diablerie aurait pu nous faire rebrousser chemin contre notre gré ?

La peur ? L'impatience ? La fatigue ? L'impuissance de vos yeux et de vos esprits émoussés à percer l'obscurité ? Dévier un tantinet de votre trajectoire initiale sur plusieurs kilomètres aura pu suffire à vous égarer totalement. Il va sans dire que vos concentrations à tous les deux étaient dignes de poupons comateux. L'un somnolent, l'autre en plein voyage hallucinatoire, hinhin ! Et le désert qui ne manque pas d'ironie saisit l'occasion pour vous jouer cet étrange tour de passe-passe !

... tout se confond tellement dans la nuit. CRUELLE MÉCHEF ! CE DÉSERT AUSSI ARIDE ET FÉTIDE QU'UN CUIR DE GUEUX ! MORDIABLE, SI MERE NATURE ÉTAIT UNE BAGASSE, JE LUI FERAIS REGRETTER D'AVOIR ENFANTÉ DE TELLES ENTORSES A LA LOGIQUE ! PONDRE UNE ÉTENDUE INFINIE DE SABLE PLAT SUR LE PÉRIPLE DE SON PLUS HONORABLE MARMOT, DU BARON BRIXIUS, QUELLE INDIGNE MATRONE ! D'UNE CÉSARIENNE BIEN PENSÉE, JE LUI ARRACHERAI SES IGNOBLES BÂTARDS DU...
Vos apartés commencent réellement à m'agacer, Brixius...
Ta faute, maraud ! Ah ! Si j'avais su, je t'aurais gavé de mes plus sanguins sortilèges pour te maintenir éveillé ! Tu nous as ÉGARÉS !
... nous allions tout droit.
ET NOUS SOMMES DÉJA PASSÉS PAR ICI ! JE RECONNAIS CE CACTUS ! JE RECONNAIS CES RELENTS DE RATS FOURRÉS AUX ASTICOTS !
Absurde.
PARCE QUE TU N'AS PAS ÉTÉ FICHU DE TENIR TON CAP, GODICHE GÂTEUSE !
... Combien de distance avons-nous parcouru ?
Aurais-je un compteur kilométrique incrusté dans la rétine pour que tu trouves pertinent de me demander com...
Je vous suggère de vous calmer, Baron. J'ai effectivement fait une erreur, et c'était celle de vous prêter confiance. Vous ne surveilliez ni notre progression, ni notre direction ?


Oh, il existe fort bien quelques indices naturels distillés ça et là pour secourir les téméraires imbéciles dans leurs défis lancés à la nature. Les astres ne sont pas placardés là-haut pour décorer, tocard !

LA LUNE ! La lune nous guidera !
Mais la Lune n'est pas statique, vous le savez ? Sans repères temporels, je doute qu'elle nous mène loin.
Comme ton incompétence ? Faquin ! LA GROSSE ÉTOILE LA-HAUT ! ELLE ÉTAIT DERRIERE NOUS TOUT A L'HEURE ! ET LA VOICI DÉSORMAIS DEVANT !
Hm.
Tu ne vas tout de même pas oser douter de mon infaillible instinct d'observation maintenant ? De l'analyse éclairée d'un professionnel en moisson des âmes ? J'ai muselé les boucaniers les plus CRAINTS des blues ! Je...


Un éclair brûlant escorté d'une furieuse détonation déchire soudainement votre sordide débat dont le vicieux désert se délectait, la monture de ton comparse quant à elle se cabre, son gosier explosant en une gerbe de hennissements, et arrache douloureusement Mornerien de sa torpeur lasse. Ton canasson mal au point s'affaisse sur ses jambes, ces baguettes malingres qu'une trop avenante bourrasque aurait été capable de tordre, elles ne font évidemment pas long feu face à une amère décharge de stress ! Et le cadavre de poney t'entraîne dans sa chute, te voici pathétiquement croulant tête la première, embrassant le tapis aride, te poudrant le visage de sable.  

Hinhinhin. On dirait qu'il n'est plus l'heure d'admirer les constellations ! Vous avez été rattrapés par un ennemi invisible qui vous propose une petite sauterie nocturne animée de sanglants feux d'artifice !

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Hihohoho !

Il ricane, Cain Black, avec le contentement d'un gamin ayant trouvé matière à s'amuser. Son cigare, coincé entre ses chicots et plombages, grésille suite à une longue inspiration. Un nuage épais s'immisce entre les dents cariées et les gencives enflées du Prof, puis un cliquetis se fait entendre.

Allez ma belle Marguerite, tu t'es d'jà débarrassé d'une d'leur canaille, tu peux bien m'faire rougir à nouveau. minaude-t-il à son long sniper, en le caressant d'une main experte.

Il enfonce une cartouche par une ouverture sur le flanc (oui, le flanc) de son arme, comme s'il offrait un présent à une amante. Ses doigts effleures la crosse comme il effleurerait le galbe des hanches d'une femme, avec une tendresse infinie, une tendresse telle que certains se demanderaient comment il est possible, comment est-il possible, demanderaient-ils, qu'il puisse donner si facilement la mort. Comment est-il possible qu'il donne si facilement la mort ? Mais voyons…

Comme ça.  

BANG !

Le tonnerre, puis une flèche invisible qui empale le flanc de son cheval. Il tangue, Morneplume, sur son destrier déchu, que déjà la bête rejoint le sol. Il roule, il boule, il déguste une nouvelle fois un lot de poussière, il ne se relève qu'à peine, il ne faudrait pas qu'il soit si facilement abattu. L'autre non plus, d'ailleurs, ce satané Baron qui peine à s'extraire de sous le ventre malingre de sa monture foudroyée. Morneplume s'appuie contre son cheval, l'animal affalé ahanant de douleur pourra toujours lui servir d'abris. Juste un peu devant lui, de l'autre côté du cheval, il entend toujours Brixius recraché les pelletées de sable qu'il s'est dégusté. Black doit être positionné un peu plus loin. Car bien évidemment, il ne peut s'agir de personne d'autre que de Cain Black, Edwin s'en doute, la précision et l'efficacité du tir, même en pleine nuit, ne peut appartenir à personne d'autre qu'au tireur d'Élite des Pistoleros. En plein désert, ils sont immanquables, des cibles trop faciles, trop évidentes.

Au moins, désormais, Morneplume est bel et bien éveillé, tous ses sens en alerte, sa froide démesure poussée à son plus sauvage niveau.

Il dégaine son colt, puis, jetant un œil à la bête agonisant dans son dos, se décide à braquer l'arme contre le crâne de l'étalon. Ici, en plein désert, il ne servira plus à rien. Il a donné de sa vitalité et de sa force motrice au profit de la Justice, en cela, Morneplume ne peut le laisser piteusement se vider de ses viscères.

Brixius, abattez votre bête ! Et surtout, ne bougez plus !

Ses mâchoires se crispent, ses jointures serrent le colt de plus belle, puis il presse la gâchette.

BANG !

Il rajuste son chapeau éventré, Cain Black, avec l'assurance d'un dandy au bal. Sa barbe, habitation à loyer modique pour mites, frémit sous le murmure du vent invisible (oui, invisible). Ses doigts potelés et ridés remontent le long du canon toujours fumant de Marguerite, la félicitant de sa nouvelle victime.

Bravo ma toute belle ! C'le patron qui s'ra content !

Son doigt enfonce un petit mécanisme à même la crosse du sniper, puis plusieurs loupes superposées se soulèvent le long du tuyau de mort. Désormais, il peut accompagner chaque mouvement, chaque inspiration, chaque pensée de ses deux cibles. Il pourrait être physiquement à leurs côtés qu'il n'y aurait aucune traître différence entre être paisiblement accroupie sur le sable froid du désert, ici, ou là-bas, là-bas ou ici. Il n'a qu'à attendre paisiblement qu'un faux mouvement les révèle, que l'un d'eux s'extirpe de sous sa monture pour se révéler au grand soir (pour ne pas dire au grand jour). Il est un faucon qui attend sa proie, il a l'avantage de l'emplacement, le couvert de la nuit, la précision du rapace, la patience du fauve, tant d'aspects, tant de qualité, que certains se demanderaient même mais comment il fait, mais comment il fait, dites-moi, comment fait-il pour être si efficace. Comment fait-il pour être si efficace ? Mais voyons…

Comme ça.

BANG !

Une rafale électrique déchire l'air à un centimètre-près de son crâne. Il peut sentir le vent gémir et se tordre sous la force de la balle, il peut sentir ses cheveux ébouriffés se dresser sur son crâne, il peut sentir un frisson traverser son corps, il peut sentir son cœur de pierre, ne serait-ce que l'espace d'une milliseconde, s'emballer. Il peut sentir, oh ça oui, Morneplume peut le sentir, le comprendre et l'admettre.

C'en était moins une.  

Hm.

Cesse tes onomatopées insensées, granuleux et indigeste soldat de plomb ! Trouve plutôt une façon de traîner mon honorable carcasse hors de ce guet-apens, avant que je ne t'écornifle moi-même avec l'arme de ce sottard de tireur dont je préférerais voir toute la descendance lynchée sur la place publique de ce ramassis infâme de grippeminauds et de sodomites plutôt que de…

Son œil tique légèrement, Morneplume. Il tique de ce trop plein de négativisme et de cet agacement inhérent à la présence de Balthazar. Il tique parce qu'il n'y a, vraisemblablement, pas de façon plus saine, sur le moment, pour évacuer de son inaccessible et imperturbable cerveau l'envie irrépressible qu'il a de déverser l'entièreté de ses munitions sur le visage tordu de son compagnon d'infortune. Une grande inspiration. Voilà. Une grande inspiration et…

Hm.

Il la perçoit, cette odeur rance, épaisse et lourde. Il le renifle et le détecte, ce parfum typique de vieux tabac humide qu'on grille. Cet arôme de pissat qui donnait cette texture infecte et opaque aux bouffées de cigare d'Hector Gabril. Cain Black est un fumeur, semble-t-il. Et le vent lui souffle dans le dos, apparemment. Le vieux Prof est peut-être un tireur d'exception, mais sa sénilité le perdra, pense Morneplume, alors qu'une cigarette vient se ficher entre ses lèvres de roc. L'éclat de l'allumette qu'il gratte éclipse, aux tréfonds de ses yeux vides, la mince et éphémère étincelle d'amusement qui s'y était logée.

Brixius. C'est vous qui allez avoir la diligence de trouver un moyen de nous sortir de ce pétrin. Le Prof se trouve probablement au nord-est, crois-je, considérant que l'odeur de son cigare provient de cette direction.
Le nord-est ?! De quel droit-
Contrairement à vous, j'ai la chance de savoir me repérer grâce aux étoiles, Baron. Je vais tenter une diversion, et à mon signal, vous userez des pouvoirs de votre démon afin de nous débarrasser du Pistolero. Est-ce bien clair ?
Mais !? Ne m'aviez-vous pas prohibé de-
Pour cette fois. Pour. Cette. Fois.



Prêt ?




BANG ! BANG ! BANG !
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Tu te glisses avec l'agilité d'un chacal boiteux sous la bruyante diversion qu'Il t'offre, pour grossièrement suivre la direction qu'Il t'indique. Nord-Est ? Tu n'arrives déjà pas à te repérer en ton propre esprit, alors dans un désert ? Bref ! Une nouvelle fois, tu te plies servilement au commandement du galonné, car tu n'as pas traite idée de comment réagir, et que réfléchir est pour toi ce qu'une balle serait à ta cervelle : une brève nuisance qui t'échaufferait fort trop la caboche, et qui pourtant ! Serait la solution à tout tes problèmes !

Morneflûte se démène à ficeler des solutions communes à vos légers soucis ! Quel tenace esprit de collaboration, les gorilles de la marine d'élite sont donc bien capables de partenariat avec d'autres primates ne partageant pas leurs horribles uniformes ? Oh, je suis mauvaise langue ! Un personnage plus intéressant qu'il n'y paraît, ce Morneboulon, une machine déréglée dont la dernière vidange a du évacuer la logique... Lui qui se reprochait d'avoir misé trop de confiance sur toi... le voilà qui engage sa vie, désormais ! Faut-il qu'il soit désespéré ! As-tu lu la même chose que moi en ses pupilles lorsqu'il a interrompu l'agonie des animaux ? De la pitié. De la pitié ! Mais si, te souviens-tu ? La plus malsaine des aberrations conférées à l'Homme par la nature ! Cette hideuse émotion qui n'a d'autres conséquences que de rendre plus faible et plus malheureuse une créature déjà fort bouffonne !


BANG ! BANG ! BANG ! BANG !

A qui appartient chaque plomb ? Si j'en juge par le simple fait que ni toi ni Mornecroûte n'êtes étalés sur le sable, le crâne brisé et répandu dans le désert comme un oeuf au plat sur une poêle, c'est pour le moment surtout notre bon lieutenant qui masturbe sa gâchette.

BANG !

Hinhinhin. Je l'ai vu.

-keuf keuf- vu quoi ? -keueeeerk !-

Eh bien il a tiré, cet imbécile de sniper, et j'ai perçu le flash de la détonation. Hmf. Il est tout de même aberrant que mes yeux spectraux tournent plus efficacement que tes authentiques mirettes de sang et d'humeur aqueuse, Balty ! Ne ralentis pas, tu es sur la bonne voie ! Accélère même ! Les opportunités pleuvront sitôt que tu l'auras contourné ! Cours, cours sans te retourner, sans même te servir de ces boules de ping pong qui roulent anarchiquement dans tes orbites ! Laisse ta vieille mère te servir de radar. Nous avons toujours partagé nos tâches ainsi de toute façon : je te guide, puis tu gâches tout.

Le sable se tasse sous tes pas d'éléphants, tu commences à te faire bien balourd, comme un cobra obèse ; je crains que ça ne trahisse ta fatigue. Ta démarche se fait voûtée, ton dos rapidement forme un douloureux angle droit. Et surtout, ta cadence s'alenti. Alors, quoi ? Mais que fais-tu, bougre d'âne ? A plat ventre ? Ne fais pas semblant d'avoir retenus quelques unes des bases martiales que j'essayais de te graver au fond du crâne autrefois, je déteste ces sarcastiques manières !


Aaark ! L'aurai d'ici-eeerk !-, vue plus perçante qu'un phare- -TEUH ! TEUH !-, une seconde de répit pour apaiser mon rythme cardiaaaa-KEUF !-... avant le TIR au PIGEON ! -ark !-

Au tir... avec ton fruit ? Tu te souviens qu'hier, tu as manqué par trois fois une cible qui se trémoussait cinq mètres devant ton nez ? Et subitement, aujourd'hui, tu te hasardes au tir de précision alors que ta survie ne dépend que de ta discrétion ?

J'ai pensé à une astucieuse entourloupette qui surpassera toutes les basales performances de ce tireur du Dimanche !

...

AAAARK !

Peste ! J'ai pensé un instant que tes poumons s'étaient regonflés en un temps record ! Nous aurions tenu là une insulte à la coutume ! J'entends d'ici ton palpitant convulser sous ton thorax, Balty. Ménage-toi ou...

Ô, DÉSERT VICIEUX AUX VIPERES RAMPANTES ! CONTEMPLE DONC L'OMNIPRÉSENCE DES VRAIS SBIRES DU PÉCHÉ !

Tsssk.

Ne me dis pas que... Ta stratégie est de bombarder la plaine de rayons déambulant tout azimuts ? Mais... Oh ! Si je pouvais remonter l'échelle du temps, j'avorterais.
Tes doigts émettent donc une multitude de feux d'artifices blancs sautillant à travers le désert. Hin. Hin. Tu te sens comme muni d'un revolver par main, je le sens, tes paluches, index en avant, me montrent que tu les confonds avec des pistolets. Te prends-tu pour un cow-boy pour ainsi gesticuler frénétiquement sur tes appuis rocailleux ? Par tous les diables de l'humanité ! Quel âge mental as-tu ? Qui donc a bien pu séquestrer une âme d'enfant attardé dans un corps de trentenaire délabré ?

***

Woh woh woh. Ça m'fout un peu les chocottes, ces serpents fantômes là, m'enfin, c'est quand même bien joli, ça luit dans l'noir et ça fait "viouu", j'suppose que c'est pour nous rappeler nos noces, Marguerite, et cette chaude fusillade qu'on s'tait payés c'jour là, héhé.

Probab'ment qu'c'est le pouvoir magique qu'a secoué l'canasson d'Finn. Mouaif. C'pas si brutal qu'ça, hein ? Ça m'fait pas bien mal, en tout cas. Ah c'est sûr que c'est du drôle de phénomène, j'dis pas, mais suffit pas de quelques serpents-fantômes-fusées-bizarres pour faire flipper l'vieux Prof et sa p'tite coquine de Marguerite ! J'ai bien l'pif qui dégouline comme un robinet qui fuit, mais ça doit plus v'nir d'ce rhume qui m'...

ATCHAA !

Oh l'fumier. Où qu'il est passé ? Crévindiou, si j'le laisse filer, l'bonnet d'âne est pour moi. Bordel d'nuit d'mes deux précieuses ! C'est qu'j'ai plus mes mirettes d'il y a trente ans, mais c'pas deux gazelles qui vont m'emmerder ! L'était là y a pas deux s'condes à tirer dans l'vent, ce lieutenant d'pacotille !
...
Bah ! Chaque chose en son temps, disent les greluches de p'tite vertu ! Marguerite coulisse sur mon épaule à la r'cherche de la source d'tout les éclairs blancs pas naturels. C'est l'chaton malade qui sait pas causer, Brixusse, ses rayons l'illuminent tellement que j'aurais pu l'apercevoir depuis Exact Town, cui-là. J'cale son p'tit crâne au centre de ma ligne de mire.

Et ma tendre bourgeoise crache son feu. Pof, fastoche.
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Il n'y a qu'une chose à la quelle on peut comparer, universellement, les capacités physiques d'Edwin Morneplume. Il n'y a qu'une, vraiment, une seule, unité de mesure que l'on peut possiblement quantifier pour y échelonner sa force, son endurance, sa vue perçante, sa rapidité, sa justesse, sa précision, ses réflexes, et même, et même sa furtivité. Hm. Oui. Il n'y a bien qu'un seul facteur assez déterminant pour influer sur chacune de ces caractéristiques, et ce facteur-là, et bien, il s'agit de sa volonté.

Sa volonté de fer.

Écume.

Du coin de l'œil, Le Prof perçoit un mouvement vif, un flou. Il tire, mais au moment où son doigt potelé presse amoureusement la gâchette de son arme, ce sont cinq phalanges mises à nu qui cognent sa pommette saillante avec la force d'un taureau en pleine charge. Claquement sonore. Écho dans l'immensité du désert. Cain Black embrasse le sol et s'étale de tout son long. De ses naseaux s'échappe une intarissable cascade de sang, de sa bouche tombent quelques chicots et plombages remis en liberté par la force du coup. Devant ses yeux apparaissent les sombres et délétères bottes de Morneplume. Il tend une main paniquée vers Marguerite, mais déjà, l'une de ces mêmes bottes assène un coup de pied sur l'arme qui va glisser plus loin, dans la poussière.

Hm. lance la bouche de Morneplume.
Crève. font ses yeux.
Une dernière volonté ? demande son colt.
Viouuuu ! Hurle un rayon incandescent en percutant le Lieutenant.

Il titube vers l'arrière, sous l'effet du faisceau blanchâtre qui s'épand désormais à l'intérieur de son torse. Il sent la morsure glacée outrepasser ses propres douleurs à lui, puis s'immiscer jusqu'à son cerveau. Jusqu'à son cerveau. Ces tentacules vicieux et viciés qui tendent leurs sataniques influences jusqu'à en fracturer son cortex de fer. Il reste droit, à lutter contre ces ruisseaux de ténèbres qui s'emparent de son esprit, comme paralysé par une étreinte avec lui-même. Il en vient presque à ressentir, ne serait-ce qu'en infime quantité, en éphémère expression, une once de panique le prendre. Et cela se traduit par l'apparition d'une goutte de sueur froide, le long de sa tempe.

Cette nuit de 1600. La colère. Le feu aux joues, le poids au fond de la gorge, le visage qui se tord et les poignes qui s'animent. Et leurs yeux. Et ses yeux. Vidés par la peur. Brouillés par la folie. Et leur corps jetés contre les meubles et les murs. Et ses poignes folles qui broient, écrasent, massacrent et martèlent. Ses poignes couvertes de sang. La maison saccagée. Leurs corps brisés, comme des poupées de chiffon dont on se débarrasse, comme des guenilles usées qu'on jetterait, comme les vestiges d'une ville après la Bombe, comme l'expression la plus primitive de l'homme, celle qu'il tient du plus bestial des animaux qui puisse lui être parent, comme un logis fracassé, détruit, tellement ravagé que ceux qui seraient amener à découvrir l'horreur diraient mais qui a fait ça, ou plutôt, mais quel monstre a fait ça, oui, quel monstre assoiffé de sang et de haine a pu commettre un si atroce massacre, se diraient-ils, et on leur répondrait, à ces pauvres âmes à jamais marquées, qu'il n'y a qu'un monstre capable de telles horreurs, oui, un seul monstre bien propre à l'humanité, un démon que tous connaissent mais que tous s'efforcent d'ignorer comme on ignore les pleurs d'un bambin dans le noir, un seul vice qui tord l'estomac de Morneplume et lui fait craindre le pire;

La Colère.

Et lorsque ce serpent spectral, messager des pires intentions du Baron, pénètre les dernières couches de résistance limbiques de Morneplume, la panique s'effrite, la volonté s'émousse, et c'est cette cruelle envie de dormir qui ressurgit. À un moment pareil. De tous les sorts imaginables du Baron Brixius, c'est celui qui assagit l'esprit et engourdit les muscles dont Morneplume se retrouve victime.

Hm… Satané… Brixius…

Ses derniers mots se perdent dans l'air froid du désert, puis il ploie.

Sous les yeux ébahis et effrayés de Cain Black, le Lieutenant Morneplume s'écroule au sol de tout son long. Un ronflement profond lui indique que, prématurément, la Justice s'en est allé au dodo.  



Dernière édition par Edwin Morneplume le Ven 29 Mai 2015 - 18:19, édité 1 fois
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Eh hin ? C'est quoi c'boxon ? T'es mort ?...
...
... tu pionces ? Tu t'fous d'ma pomme d'amour ? Allez chérie ! Fais lui donc un p'tit bisou ! ... en toute amitié bien sûr.


J'lui colle le canon d'Marguerite sur la tempe, ses lèvres de fer bien soudés à son 'spèce de peau rocailleuse. Sapristi d'golem ! On va vite voir si c'que t'as dans la pastèque ressemble plutôt à d'la caillasse ou à du jus d'prune !
...
... est-ce qu'ce putain d'serpent...
... vient d'me bouffer le coeur... ?

***

Qu'en dis-tu, -keuf ! keuf !- coyote sénile ? -eeeeerk !- Te sens-tu éperdu face aux caaaa-AAARK !-aaprices de la PARESSE, la SUCCUBE VENGERESSE ? ... -blerk !-
Eh...


Mon petit doigt me dit que tu aurais du rester embusqué, Brixius. Une maigre seconde de plus et il explosait la tête de Mornebulbe comme un fruit trop mûr. Se serait ensuivi un petit instant de savoureux triomphe pour vous deux, durant lequel tu aurais pu en profiter pour faire d'une pierre deux coups et poignarder le vieillard dans la colonne, mais...

... la subtilité est un filon depuis longtemps épuisé.


... tu m'as fais quoi là, gamin ?

Son fusil se redresse. Une bouche de dragon béante te fait ainsi face, encore fumante de toutes les gerbes de flammes qu'elle a vomi ces dernières minutes.

Je t'ai ouvert les mirettes, épave moisie ! L'ingère-tu, ton infériorité ? Sens-tu tes paupières LOURDES ?
Oh ouais, une genre d'hypnose, ghein ? Pas d'pot, l'Prof est plus nerveux qu'un coyote en rut, pas moi qu't'endormiras en un claquement d'doigt, bouffon ! C'qui va s'passer, c'est que j'vais t'cribler les fesses de plomb et récupérer ces deux jolis couteaux qui pendouillent à ta ceinture ! Héhéhé !

AAATCHAAAA ! CRÉDIEU !


L'appât du gain ? Hm, le poisson est ferré, mais l'hameçon n'est guère adéquat. Le gosier d'acier te crache du plomb en un terrible hurlement, qui aurait du décoller en partance directe pour ton ventre, dévié par la providence -mais surtout par son éternuement- à deux centimètres de ton esgourde sifflante. Imbibé d'un instinct purement animal, tu n'écoutes plus que ton coeur palpitant te hurler en choeur avec moi-même que tu ne disposes que de
trois
secondes,
Pour dégainer tes poignards assoiffés,
deux pour bondir en la direction de l'amas d'os qui, déjà, dégauchi son fusil,
une pour armer tes muscles aux nerfs tendus comme des filets enflammés,
Puis découper la viande pourrie embusquée sous son vieux cuir tanné
avant qu'il ne t'adresse une nouvelle salve qui, elle, ne te pardonnera pas ta maladresse.


BANG !
SALOPERIE DE SAC A PURIN !
CROÛTEUSE FONTAINE DE PUS !


Ta crinière noircie comme si tu t'étais servi de ton crâne comme balai dans une mine de charbon. Et encore tes tympans vibrants et saignants, anesthésiés par la détonation, tes yeux envahis par l'abominable faciès du cadavre ambulant enflé d'un sniper. Seul ton sens du toucher semble toujours opérationnel : l'hémoglobine chaude répandue comme une bolognaise cuite sur tes paluches.

Et la plaie béante est chez lui, une seconde paire de lèvres étalées sur son abdomen. Il sombre à tes pieds, gémissant, plié autour de son fusil, auquel il susurre de langoureuses complaintes comme s'il faisait déjà face à l'ultime épiphanie. Un embarras de résolu !

Sitôt ta basse oeuvre exécuté, tu considères déjà la prochaine étape. Mornecloque endormi, n'attendant qu'une lame dans sa gorge, qui prolongerait son repos... éternellement.


Il ne peut s'en sortir aussi simplement ! Pas après m'avoir aussi impunément bafoué de tant de manières qu'il en devient à mes yeux le plus fier des roturiers, l'empereur de la fange de ce monde !

Est-ce bien la peine pour moi d'essayer de te faire entendre raison ? Je n'ai guère d'énergie à perdre, après tout ; puisque je ne suis plus qu'animée de néant. Alors écoute bien mes questions rhétoriques, et tâche de me fournir des réponses satisfaisantes. Quelle sera la première chose qu'il fera une fois relevé, à ton avis ? Certainement pas te sauter à la gorge comme un molosse enragé après que tes stupides fléchettes de vices ne l'aient percé, hum ?

Qu'il s'y risque seulement, et m'offre sur un plateau d'argent une occasion de lui faire déguster la rance de son propre palpitant !

Sais-tu qui est le plus grand meurtrier de l'Histoire ?

Euh...

L'orgueil. Il envoya de multiples rois six pieds sous terre, des monarques qui se pensaient intouchables. C'est l'ennemi naturel de la noblesse, particulièrement vicieux et puissant, il se terre sous chaque trône du Monde.

Mais il faut qu'il ait conscience de ma victoire. Qu'en ses pupilles primitive je puisse lire la supplication, qu'entre mes courtoises mains je sente son outrecuidance s'ÉVAPORER !

Bah ! C'est TA vie, après tout, c'est TON jeu, Balty, suis donc tes propres règles, fussent-elles exempts de bon sens !

Et c'est au pied de la lettre que tu prends ma recommandation... tu contournes la dépouille du Prof encore geignant pour te dresser devant ton comparse d'infortune.


DEBOUT, INDOLENT LÉZARD ! NOUS AVONS PLUS GRANDS DESSEINS ICI QUE DE NOUS OUBLIER SOUS LES FRASQUES DE MORPHÉE !

...


Son sommeil semble être d'une profondeur abyssale. A ce stade, ce n'est plus tant une pesante acédie qu'une écrasante fatigue. Tes lèvres poisseuses se distordent en un poreux sourire, laissant s'écouler tout un fleuve de joie rancunière. Puisque la sonnerie n'a pas suffit à le faire émerger, tu commences à lui administrer de frénétiques coups de pieds dans le ventre et sur le dos. Fort proche des méthodes que je déployais il y a vingt ans pour t'extirper, ma larve amorphe, de ton lit, en moins brutal, en moins pédagogique également.
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Bureau de pierre, trône brillant de mille feux. Paysage en noir et blanc.

Amiral Morneplume. ton solennel, empreint de respect. Le juge va rendre son jugement.
Hm.

Un cigare parfumé entre les dents, Edwin Morneplume, quelques rides en plus, un énorme manteau immaculé posé sur les épaules, se lève de son majestueux trône doré pour suivre le Lieutenant Craig Kamina dans les longs couloirs d'Enies Lobby. Sur ses épaules, les brosses recouvertes d'or dignes de son rang, sur son torse, un pavé de médailles. À ses côtés, le Lieutenant Craig Kamina lui adresse un sourire.

Amiral Morneplume, je suis si fier d'être à vos côtés en cet instant, vous m'avez prouvé que la Justice est véritablement la seule chose qui mérite de primer dans mon insignifiante existence. Depuis que vous avez écrasé Alrahyr Kaltershaft, que vous avez pacifié North Blue au grand complet et que vous nous avez débarrassé du Capitaine Red, vous êtes devenu un idéal pour moi.
Je suis touché par votre franchise, Kamina. J'espère que le procès n'a pas été trop dur pour vous.
Non. Tout va bien. Depuis que je me suis tourné vers la Justice, j'ai renié mon frère et tous les membres de ma famille. Une bande de traîtres révolutionnaires.
Heureux de l'apprendre.

Fondu au noir.

Écho sonore, une douche de lumière sobre s'abat sur Tark Kamina. Il est échiné, à genoux, brisé et menotté. Un nouveau puits de lumière crève l'obscurité, un juge en pierre, immense, à l'image de Morneplume, braque son maillet vers le pauvre homme-poisson. Justice dans ses yeux.

TARK KAMINA ! VOUS ÊTES CONDAMNÉ À… À…

Hésitation. La scène se fige. Elle s'éloigne. S'éloigne encore et toujours plus. On recule inlassablement, jusqu'à ce qu'elle ne devienne qu'une vision lointaine et incertaine aux tréfonds des ténèbres.


NE ME NARGUE PAS AU POINT DE M'OBLIGER À CREVER TON SOMMEIL DE MES COUTEAUX !

Ses paupières lourdes papillonnent, puis la douleur lui revient. Le monument de pierre s'agite, les mécanismes toussotent, grincent, puis s'activent. L'automate Morneplume est à nouveau debout. Sa tête, dans un étau, lui renvoie de douloureuses vibrations tandis que les cris de Brixius se perdent dans l'immensité du désert. Il fait toujours nuit, remarque-t-il, tout en constatant que Cain Black gît piteusement, non-loin de lui. S'il ne saurait dire exactement ce qu'il s'est passé, il se doute qu'il s'est à nouveau retrouvé victime de l'erreur vivante qu'est le Baron. Victime de sa magie, oui.

Peu importe, ils auront d'autres occasions pour s'en vouloir l'un et l'autre. Avant tout, ils doivent filer, et rapidement, qui plus est. Les tirs du sniper du Prof peuvent rameuter d'autres Pistoleros.

Silence Brixius, filons.
Mais ! PAR OÙ CROIS-TU QUE NOUS PUISSIONS NOUS DIRIGER ?! Veux-tu me faire errer dans ce désert pendant des MILLÉNAIRES ? Nous sommes à court d'étalons pour me porter ! Vain et paresseux cuistre !
Je saurai nous diriger.



Hm.


C'est le son que fait Morneplume lorsqu'il constate que, dans le ciel, les étoiles s'estompent petit à petit et que, à l'horizon, le soleil pointe de taquins rayons matinaux.

La nuit s'est avérée charnière, c'est le cas de le dire.

Et désormais, ils sont perdus. Sans cheval et sans provisions.

Où est la mer ? Morneplume n'en a aucune idée. Désastre, semble-t-il, puisqu'elle était jusqu'alors son seul moyen de se retrouver.

Marchons. Il n'y a pas, actuellement, de choix plus éclairé que de rester en mouvement. Et puis, j'ose imaginer que ce désert ne peut pas être énorme.
MARCHER ? MOI ? L'IMMORTEL ET MILLÉNAIRE BARON BALTHAZAR B.-
Oui, marcher. Vous, le très humain et très capable Baron Balthazar B. Brixius. Y voyez-vous un problème ? les yeux comme des poignards, la voix comme une guillotine.

Le Baron déglutit, ses globes jaunâtres et injectés de haine dardant d'horribles pensées vers le Lieutenant. Morneplume va pour se retourner, mais la langue reptilienne de Brixius, à sa grande surprise, reprend vie avec une animosité renouvelée. Une veine le long de son cou parait vouloir exploser, son visage empourpré de colère réchauffe de plus belle le désert. Si la colère faisait cracher du feu, Brixius, à l'instant, serait un volcan monumental.

OUI ! OUI ! OUIIIIII ! SACHE QUE J'Y VOIS UN PROBLÈME ! UN ÉNOOOORME ET INSURMONTABLE PROBLÈME !
JE SUIS LE BARON BRIXIUS ! ET JE NE TOLÈRERAI PAS UNE SECONDE DE PLUS TES INDÉCENTES ET INCESSANTES TENTATIVES DE COERCITION À MON ÉGARD, ANGUILLE SÈCHE ET DÉCHARNÉE !


Le collet flasque, maintes fois étiré et froissé de Balthazar se retrouve à nouveau la cible des serres de Morneplume. Le pauvre Baron quitte le sol, se retrouvant nez-à-nez avec la froide et meurtrière assurance d'Edwin.

Hm ? Auriez-vous, ne serait-ce qu'en infime quantité, l'audace de me contredire ?
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Non, évidemment. Seul un plat silence vidé d'audace n'ose pointer le museau hors de ton gosier pédant. Tu te contentes de grogner légèrement, l'orgueil acculé comme une vilaine bête sauvage prête à bondir, mais... à laquelle on aurait amputé les pattes ? Hum. Sa tenaille se desserre, tu retombes sur tes guibolles. Je sens bien qu'une rosée de venin te perle sur le bout de la langue, mais rien de parvient à s'écouler. Peu importe ! Depuis quand est-ce en une joute verbale que tu veux le pourfendre ? On dirait que ta haine se gave des blessures narcissiques qu'il t'inflige, qu'elle enfle et s'affame de plus en plus. Tu en redemandes, hein, glouton, la rancoeur est ton carburant et la haine ton moteur ?

Collaborons, Brixius. Comprenez que ça ne m'enchante guère non plus de partager mon chemin avec vous, mais le sort ne nous a pas laissé le choix. Au cas où vous ne l'auriez pas remarqué, malgré vos gaffes répétées, c'est notre partenariat qui nous a aidé à survivre jusqu'ici.
Ton hardiesse n'a ainsi aucunes frontières pour te risquer ainsi à réclamer une trêve après ce que...
Vous n'avez aucune chance contre Valérien.
Mais !
Une fois ma mission accomplie, il sera de mon devoir d'en profiter pour passer le neutraliser et dépoussiérer pour de bon le monde des traces du seigneur d'Ivoire.
Foutre de putois ! Me prends-tu pour un handicapé propre-à-rien ? Mes démoniaques dons auront RAISON des restes de son MORAL !
Et votre puissante "magie" est un dangereux gaspillage entre les mains d'un empoté complet.
Gnhinhinhin ! Cherches-tu à allumer mon courroux ? As-tu SEULEMENT ENVIE de t'essayer à tâter l'ARDEUR de mon IRE ?
Il n'y a que des mots, aucun acte, si ce n'est la fuite.
TU VAS TE BRÛLER, MÉCRÉANT !
J'attends.

Gourd bâté ! Si prévisible ! Comme si tes pupilles livides étaient un livre ouvert au contenu horrifique si explicite ! Son poing enserre ton bras tel un impitoyable garrot, avant même qu'il ne trouve le temps de filer à la poigne de tes chéries d'acier noir. Ton autre paluche crispée autour de son coutelas comme celles d'un constipé sur sa cuvette n'a même pas le temps d'arriver à bon port qu'elle fait naufrage, les phalanges de Mornebulbe sont des récifs cruellement acérés qui s'enfonce là où ça croustille, tes belles cotes saignantes en ruines enflammées de douleur.

Alors tu invites tes canines pourries à la fête, tentant de lui lacérer lamentablement le bras de ton ivoire putride. Échec cuisant s'il en est : faute de bras tu retrouves un poing, et ta dentition perd grandement de ses fondements. Dans un vol plané assorti d'un salto mal maîtrisé, tu humes l'air réchauffé du désert en plein réveil. Le temps semble se comprimer en l'unique instant où tu percutes le sable frais : ton faciès repoussant distordu en une grimace plus dense en rancoeur et gerbante que la pire des purées de déceptions.

En un mot comme en cent : une raclée, tu t'es pris une amère raclée, Balty, ton coeur pressé comme un citron pisse son acidité !


Pourfeau barbfare... Putride... primfate...

Pardonne-moi ! Je n'ai pas pensé à noter vos scores ! Nous en sommes en moins à cinq à zéro, n'est-ce pas ? Ce gorille rustre bien emballé est décidément une tête fort coriace que tu n'ouvriras pas en usant simplement de la force brute.

Je n'ai fais que vous chatouiller.
J'espère que vous saisissez ce que vous avez à gagner en vous ralliant à moi, Baron. Étouffez votre orgueil un instant. Et relevez-vous, votre posture manque de dignité.


Cul par-dessus tête, mon lamentable bourricot ! Tu te laisses rouler, ballon gonflé par un gaz lourd hautement explosif ! Et moi, je me retiens de pouffer : la faucheuse ne m'a pas ôté mon prestige à la Mort, contrairement à ce qu'elle te fera, probablement. Il serait indécent que je me gausse de la misère de ma chair et de mon sang : cette diarrhée de viande qui se prétend mon descendant !

Allez, relève-toi. Et scelle donc cette fichue armistice à laquelle il tient tant ! Que l'on passe à autre chose -à autre chose qui n'implique pas ta crasseuse bouille roulante dans le sable-. Te souviens-tu que tu étais venu chasser ? Quel genre de braconnier s'emmêle dans ses pinceaux au point de devenir lui-même proie ? Il est évident que tu es trop bête pour t'acquitter de ta besogne seul.


Soit. Mais tu m'aideras à emprisonner Valérien dans un filet tissé dans ses propres os ramollis par la mélancolie !
Nous avons un accord. Vous voyez ? Ce n'était pas si compliqué.


Hinhinhin. Considérant cette signature orale comme imperturbable, il te tourne simplement le dos et débute sa randonnée, insouciant. Ren-RENGAINE ÇA, BALTY !

C'aurait pu...

Non, ça ne pourra jamais. Il éprouve ta fidélité : il s'attend à ce que ton poignard lui glisse jusque dans le dos. Et lorsque tu échoueras -car, hinhin, il est certain que cela partira en vrille- il te saura irrécupérable et n'aura plus qu'à te transformer en gâterie pour une jolie famille de charognards ; ta tête ronde et rouge comme une cerise.

Je tiens à ce que vous sachiez que vos murmures me déconcentrent, Brixius. Si vous voulez ruminer, faites le sous votre crâne.

Oh, malédiction ! Il devrait prendre gare à ne pas trébucher sur sa fierté ! Ses chevilles sont si enflées que je jurerais qu'il a des sabots !

La route sera longue et je l'hume monotone. J'apprécierais papoter avec moins guignol que toi, Balty. Présente moi donc à cet anthropopithèque, que je tâte sa résistance à la superstition.


Range ta langue face aux puissants plans alternatifs d'une réalité que tu ne saurais concevoir dans cette étroite conscience qui t'ancre au bas monde, indéfrichée coloquinte ! Mes dons occultes m'offrent un vaste panorama sur l'OUTREMONDE, L'ANTICHAMBRE DES DÉFUNTS TOURMENTÉS, DEPUIS LEQUEL MA RESPECTABLE MAMAN ME CONSEILLE ET M'AIGUILLE !

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Il s'arrête, Morneplume. Ses bottes sales cessent leur course sur la terre craquelée. Il ne se retourne pas, le Lieutenant, préférant d'abord, au prix d'un effort de patience, analyser les paroles de son homologue. De toutes les engeances possibles, il n'a pu tomber sur rien de mieux qu'un véritable despote psychique ; une bête malade qui cultive le Mal et bafoue la Justice. Un sociopathe doublé d'un imbécile orgueilleux, et qui plus est, cette fois, d'un schizophrène. Ce charabia incessant et absurde le fatigue, et pourtant, il s'entête à se retourner pour poser un regard sceptique sur le Baron.

Êtes-vous en train de m'exposer que votre crâne est sujet à une colocation entre votre esprit dérangée et celui de… votre mère ?

Le soleil ascendant lui tape sur le crâne, si bien qu'un instant, il ose pratiquement accorder raison à Brixius. L'air ondulant et toujours plus chaud ne lui laisse plus le loisir de réfléchir correctement. Si son esprit à lui est une fournaise, la sordide fosse à déchets que doit être celui de Balthazar ne doit plus être qu'une étendue rance et calcinée. Un crématorium où le "spectre de sa mère" doit lui susurrer des bêtises profondes le poussant à énumérer d'aussi insolentes et saugrenues théories.

C'est bête. À peine une minute après leur trêve, déjà Morneplume regrette d'avoir à respecter ce pacte, et ce, pour l'accomplissement de sa Juste mission.

C'est exactement ça, turbulent camélidé ! Elle me guide et me convainc de m'allier à toi... mais dirige aussi la toute puissance de mes sorts !
Hm. Eh bien votre mère doit être une charmante personne, j'imagine qu'elle doit être une femme du monde.
ÉTAIT ! ÉTAIT FEMME DU MONDE. Désormais elle n'est plus que moelle, compost et asticots depuis que je lui ai moi-même montré le chemin vers l'outremonde ! Oh… Désolé Maman je… je me suis emporté… pardonne ma maladresse…
…Hm.

L'air fond autour de Morneplume qui déjà, sent qu'il pourrait cuir un œuf sur son crâne échauffé par les folies schizophrènes de Brixius. Il tourne le regard vers l'horizon… et y détecte un changement dans la texture du sol toujours sec et fumeux. Deux stries, serpents parallèles se suivant inlassablement dans l'étendue du désert. Deux longs et sinueux creux dans la terre brûlante qui laissent croire à une terre retournée, achalandée. Morneplume laisse le Baron à ses élucubrations, guidé péniblement par cette vision qu'il espère vraie. La bouche pâteuse, le regard lourd, le crâne bouillant. Oui. Elle est vraie. Une route. De terre battue, où les traces de bateaux roulants et de charrettes se mélangent avec les marques des sabots des chevaux. Il ne sait d'où elle vient, elle ne sait par qui elle a été créée, mais une chose reste certaine : ce chemin mène vers la civilisation, ou du moins, l'ébauche inexacte et primitive de civilisation qu'est l'urbanisme de Hat Island.

Ils peuvent s'en tirer. Ils peuvent sortir de ce désert et enfin répandre la Justice.

Brixius. Marchons. Nous avons peut-être trouvé la sortie de cet enfer.



Dernière édition par Edwin Morneplume le Sam 6 Juin 2015 - 0:49, édité 1 fois
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Je m'attendais, à vrai dire, à ce qu'un esprit aussi rigide accueille tes fantaisies que comme les chasseurs accueillent les oiseaux : au fusil, ils les descendent, les ramènent à la terre ferme. Il est du même coup bien trop sceptique pour mériter que j'apparaisse à ses yeux, aucune chance qu'il ne développe le moindre lien avec l'outremonde, il restera ignorant des trames secrètes de la réalité. Son esprit est décidément doté d'une solide muraille tenant fort fermement face aux étranges moeurs de la nature. Bien entendu, un message aussi fragile véhiculé par cette bourrique pataude que tu es, c'était un assaut désarmé de toute prudence que je menais contre des convictions bien défendues de cette statue de plomb. Mais je ne regrette pas d'avoir essayé, les réflexions sont les épices des voyages fades ! Deux, trois, quatre heures de marche ? Comment meubler autant de temps tandis que le temps lui-même nous échappe ? Cela aurait aussi bien pu être une langoureuse éternité ou une mourante microseconde que ma profonde lassitude aurait été la même !

L'ombre de l'industrie sous un zénith accablant. Un mikado gigantesque de cylindres aux reflets éblouissants, de canalisations s'enchevêtrant en vibrant, des bâtiments assemblés fort probablement par un architecte de cinq ans qui n'a pas encore bien saisi le concept du cube. Les balbutiements d'une civilisation malformée !

Une dizaine de mètres tout au plus vous sépare des grillages rouillés. Tu éructes, tu chahutes, comme à ton habitude, aux sévices de la randonnée s'ajoute un air saturé de toxines crachées par les multiples gosiers de l'usine : tes poumons ne sont plus que de turbulents moulins à hurlements.


Putride arôme corrompu ! Qu'enfournent-ils sous ces grosses cheminées pour émaner une telle puanteur ?
Ils y fabriquent leur bière, une production locale.
Garde ta science pour tes supérieurs, nigaud !


Hm. Pourquoi sommes nous ici, déjà ? J'ose espérer que vous ne formerez pas une délégation de dégustateurs. Ce Mornecroûte maintient ses buts profonds dans le brouillard, et bien que je suppute qu'elles ne doivent pas s'élever plus haut qu'à la simple annexion de ces terres sauvages au nom d'une civilisation au moins autant barbare, j'en reste fervente détracteur des secrets entre amis et n'apprécie guère sa manie de ne construire des plans qu'à l'intérieur de sa spongieuse cervelle !

Et maintenant, homme de SCIENCE, devons nous nous dénicher un parasol et rester ici à lézarder ou vas-tu secouer les deux plaques tectoniques qui te servent de fesses ?
Prendre contact avec la drognar à la tête de l'industrie.
Et cela devra se faire dans un marais d'hémoglobine fraîche, bien entendu ?
Peut-être pas. Cela dépendra de nous. Hum. Surtout de moi...
Tes insinuations ricochent sur ma noble carapace, charogne ! En temps voulu, l'une d'entre elle te rebondira dessus !


L'option négociation semble effectivement compromise par ta seule présence ; comment même ouvrir un dialogue à proximité d'une mécanique pompe à insanités ? Au même titre qu'entretenir une réunion familiale avec un bambin en larmes : c'est hors de portée de l'humanité entière et un défi au bon sens. Et j'imaginais jusque là que la seule aptitude diplomatique du gorille se situait sous ses phalanges, dans des muscles beaucoup plus bavards que sa langue rabougrie et primitive. Lui aussi aimable qu'une porte de prison maculée de sang, je ne le vois guère capable de modération, mais ! Laissons lui sa chance !

Vous longez la palissade grossièrement enrobée de barbelés, à la recherche de l'entrée principale de cet espèce de chenil empli d'aboiements hystériques ; probablement la fougue des ouvriers qui roule jusqu'à vos oreilles. Ces bêtes-là sont toujours fort bruyantes et intrusifs, les fourmilières humaines bien trop souvent grouillantes et indisciplinées. Ah ! Je peux déjà affirmer qu'ils ne savent pas dompter correctement leurs esclaves, là-dedans ! En notre temps, les lèvres de nos laquais semblaient comme cousues de fils rouges, aucun ne pouvait entrouvrir son pestilent clapet sans qu'on ne vienne aussitôt lui souder au chalumeau ! Littéralement.

Face à l'immense barrage de plaques d'acier vous accueillant froidement à l'entrée, vous adoptez tout deux un air niais. Mornecroûte élève la voix, ce torrent grave aux échos tonitruants comme des vagues furieuses. Je ne peux nier que ce petit soldat, bien qu'aplati par une pyramide hiérarchique dont il ne perçoit même pas le sommet depuis ses bas fonds, est investi d'une autorité naturelle fort bien huilée.


Je suis le lieutenant d'élite Morneplume, missionnaire du gouvernement mondial et de la Justice. J'aimerais solliciter une entrevue avec la drognar siégeant ici, je vous prie.

Il est aussi direct, efficace comme une lame coulissante sur une gorge. Le tact doit être aux yeux de notre fier robot estampillé Marine une notion aussi abstraite que le libre-arbitre !
Il semble vite réviser sa stratégie lorsqu'en unique réponse à sa tentative de contact, un lourd silence secoué d'onomatopées machinales s'avance vers vous.


Peut-être devrions nous toquer pour qu'ils nous ouvrent.
Tu t'attends à ce qu'ils accourent s'accroupir à nos semelles pour nous servir de chaises ?


Il braque son immense paume sur la porte. Intimidée, celle-ci s'écarte de votre route en grinçant sinistrement, presque amputée de ses gongs. Hinhinhin ! Je me corrige : le tact n'est pour lui pas une notion abstraite, c'est probablement toute une science incomprise. En trois foulées le voilà pénétré dans cette usine qui l'intéresse tant, et toi derrière, Balty, qui bouillonne comme une cocotte-minute fumeuse, sifflant entre tes chicots :

Par les saints méconiums des dragons célestes ! Je vais t'éplucher les mollets, frivole cancre, pour t'apprendre la réelle définition de la subtilité ! Savais-tu qu'elle n'implique ni bastonnade ni capharnaüm, bâtard de mulet incestueux ?
Nous n'allons pas tarder à avoir leur attention.
Euh...


Il vous regarde de deux globuleux pendants de leurs orbites. Un ouvrier surmonté d'un casque -un rustique saladier de fer rouillé, en vérité- orné d'une absolument pouacre chemise à fleurs ainsi que d'un short rapiécé. Ses genoux comme une gélatine séchée, ses jambes similaires à des bûches écorchées. Cerise sur l'écoeurant gâteau : il est bossu ! Mais oui, les bossus, ces drôles de créatures qui n'existent que dans les fictions pour jeunes nobliaux attardés, ainsi que dans les cirques ! Tout cela ne m'inspire aucun autre commentaire qu'un profond soupir, dont je ne peux même pas vous faire profiter ; faute de poumons matériaux. Hin.

Ai-je une pustule dans la mirette pour percevoir une chose si immonde s'accaparer mon champ de vision ? Hors de ma vue, hideux touriste ! Avant que je ne décide à éprouver la résistance de ton horrible dos bossu lorsqu'on le flagelle de sa propre colonne vertébrale !
Hii !
Non, attendez. Êtes-vous ouvrier ici ?
O-Oui ?
Je sais de source sûre qu'une drognar se terre dans cette usine. Dites-moi où la trouver.
La boss ?
La bosse ? Si laide ! Je voudrais te l'aplatir au marteau-piqueur !
...
Ne l'écoutez pas. Conduisez-nous à elle.
Je ne sais pas si... c'est une bonne idée...
C'en est une excellente. Allons-y.
Mais... c'étaient les deux minutes de pause du Midi, je...
Nous vous en négocierons deux autres.
Et je te jetterai des cacahuètes, étrange engeance !
Silence, Brixius.
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Ainsi, ils progressent. Brixius, le Bossu, Lui. Ils progressent entre les psshhhht ! des pistons, les brrrr ! des machines et les fuiiiiiiii ! des engrenages mal huilés. Ils traversent des couloirs où les murs ne sont qu'enchevêtrements de tuyauterie et de mécanismes, ils empruntent des passerelles surplombants d'impressionnantes chaînes de montage et s'engagent dans des monte-charges aux grillages tordus. Impassible machine parmi ses semblables, Morneplume suit d'un pas égal la pénible démarche du Bossu, jetant des regards vides aux nombreux employés qu'ils croisent. À l'image de celui du Bossu, leurs uniformes de vacanciers -bermudas et chemises à fleurs- contrastent étonnamment avec les charges qu'ils portent, les chars qu'ils poussent et tractent ou les montagnes de paperasses dont ils sont chargés. Hm. Comme dirait l'autre.

Si les décibels sont reines ici, il  y a néanmoins un point fabuleux au chaos incessant qui accompagne l'activité grouillante de Corporation Entreprise ; le bruit des machines passe en sourdine les vociférations de Brixius. Enfin l'esprit d'Edwin peut se concentrer sur les alléchants chuchotements de sa maîtresse la Justice. Enfin il peut s'abreuver à satiété dans la fontaine inépuisable qu'est son inébranlable conviction. Plus besoin de l'ignorer. Lui et ses intarissables gérémiades. Le Baron doit d'ailleurs s'échauffer la langue à marteler d'originales insultes le Bossu qui mène leur trio. Un passe-temps qui ne peut déplaire à Morneplume, puisqu'il se voit délesté des agressants discours du tuberculeux et de son inspiration maternelle.

Un ultime ascenseur, puis c'est un long couloir bardé de portes qui s'offre à eux.

Si je puis me permettre, mon malchanceux guide, auriez-vous la décence de m'informer du nom de votre patronne ?
V-Vous la connaissez pas ?
Venez-en aux faits. Je vous prie.
La boss, c'est Nnara, de la tribu des Drognars. Elle est moins sauvage que le reste de ses potes, mais elle est sévère.
Pourtant, elle vous laisse porter ces accoutrements au style, ma foi, discutable.
C'est son idée à elle en fait. Pour "donner une atmosphère plus décontractée et conviviale à notre milieu de travail."
À la bonne heure.
Ç-Ça dépend, ça reste un uniforme. Et la boss est très à cheval sur-
REMONTEZ-MOI CE BERMUDA ET RESSERREZ-MOI CETTE CEINTURE DE DEUX BONS CRANS CONTREMAÎTRE #34 !! ET QUAND JE DIS PAUSE-MIDI DE DEUX MINUTES, JE PARLE BIEN DE DEUX MINUTES !!! CENT-VINGT SECONDES ! PAS UNE DE PLUS ! PAR VOTRE LAXISME IRRÉCUPÉRABLE, NOTRE CHIFFRE D'AFFAIRE A PROBABLEMENT CHUTÉ D'AU MOINS 0,0004% !! 0,0004% ! VOUS VOUS RENDEZ COMPTE ? VOUS VOUS RENDEZ COMPTE ?!! C'EST LE MARCHÉ DE SOUTH BLUE AU COMPLET QUI VA EN PÂTIR, SOMBRE DÉMENT ! ALORS VOUS ALLEZ ME RESSERRER CETTE CEINTURE, MAIS VOUS ALLEZ AUSSI ME RESSERRER VOTRE VIGILANCE ET VOS FAÇONS DE FAIRE, SINON J'EN APPELLERAI À LA PUISSANCE DE TOUS LES ESPRITS DES CIEUX ET AU GRAND FAUCON-QUI-VOIT-LOIN POUR VOUS SUSPENDRE SANS SALAIRE PENDANT DEUX MOIIIIIS !
…sur les règles…

Un massif bureau de frêne traverse le cadre d'une porte, au fond du couloir, et se fracasse en mille miettes sur le mur opposé. C'est de là-bas qu'a rugit la petite voix colérique et féminine. Le bureau de Nnara.

Hm. Je sens que nous allons bien nous entendre. fait Morneplume, sans aucune once de sarcasme.

Il s'avance dans le couloir, le Bossu tremblant comme une feuille préférant rester à l'arrière.

Hm ? Brixius ?

Depuis quand n'est-il plus là, ce damné tuberculeux ? Où donc ses malades et vicieuses pensées l'ont à nouveau dirigées ? Pour l'instant, Morneplume ne peut s'embêter d'un tel tracas. D'ailleurs, peut-être que sa rencontre avec Nnara ne sera que bonifiée par l'absence du Baron, chez qui la politesse et la diplomatie font office de sacrilèges.

Edwin s'approche de la porte qui vacille en grinçant, à moitié arrachée de ses gonds. Il passe sa tête dans le cadre, mais se retire prestement lorsqu'un petit rouquin couvert de sueur, habillé en uniforme typique de CE, sort du bureau à la course. Son visage ? Probablement terrifié, à en écouter la colère terrible de celle qui doit mener d'une main de fer Corporation Entreprise. Les jointures noueuses de Morneplume toquent sur le cadre de la porte, puis il s'avance, appréhendant déjà à quel genre de brute il allait avoir à se mesurer…




Hm.

Elle se tient là. Ce petit brin de femme, au milieu d'un bureau saccagé, le dos courbé, les épaules montant et descendant au rythme de sa respiration saccadée. Elle écarte une tresse de jais de son visage rouge de colère. Son casque de plumes ébouriffées, sur sa tête, rappelle à Edwin qu'il ne porte plus de chapeau, mais aussi qu'il doit bien faire pitié à voir. Une chose est sûre, la petite Nnara, elle, n'a pas à porter l'uniforme de CE, et préfère plutôt le costume probablement typique des Drognars, vêtements de cuir léger -jupe et mocassins. Elle braque son regard sombre et rageur vers Morneplume, manquant piquer une nouvelle crise en l'apercevant.

Je suis le Lieutenant d'Élite Morneplume, envoyé du Gouvernement Mondial.

Il entre dans le bureau, Edwin. Toujours avec cette droiture et cette distance qui vous ferait oublier qu'il est couvert de blessures, de poussière et que son costume est en pièces. Il entre dans le bureau, et s'avance jusqu'à la hauteur de Nnara. Il dépasse cette limite qu’est le cadre de la porte et s'avance sur le terrain ravagé de cette furie. Deux grandes fenêtres donnent sur le désert, où le soleil se met déjà à plonger sous l'horizon. Des lourds classeurs de métal garnissent les murs, deux fauteuils en osier sont disposés autour de ce qui devait être l'emplacement du bureau devenu bois d'allumage.  Au dessus des fenêtres, de vieilles lances tribales garnies de parures et de plumes multicolores sont accrochées. Si la jeune femme vit au sommet d'une impressionnante hiérarchie industrielle, elle n'a néanmoins pas oublié ses racines.  Ses peintures faciales et les bijoux sur son cou et ses tresses ne font que renforcer cette idée.

J'ai déjà entendu ce nom, doyen des visages pâles.

Petite hésitation. Le retour à son dialecte d'origine, mais aussi son retour au calme, laisse Edwin coi. Ne serait-ce qu'une fraction de millisecondes, disons-le.

Je n'en suis pas étonné. Je suis assez connu pour mes exploits, dans cette partie du monde. J'imagine qu'il serait plus adéquat que nous nous asseyions, même si votre plan de travail vient de terminer sa vie utile.

Elle arque un sourcil, puis prend place à son fauteuil alors que Morneplume se plie pour s'asseoir. Homme trop grand prisonnier d'un siège pour bambin. Elle se questionne, voyant l'état misérable de son interlocuteur, mais percevant sa froide assurance. Edwin, lui, fouille dans sa veste, puis en tire un luxe qu'il ne s'était pas permis depuis le début de cette aventure.

Cigarette. Allumette. Crack. Shhhh. Fumée. Fhhh. Souffle.

Ta fumée nocive va intoxiquer les esprits qui veillent sur moi, Rapace de fer.  
Oh. Mais sachez que le cas échéant, les esprits sont les derniers de mes soucis.

Ton sec. Sans appel. Dans le regard de Morneplume, il n'y a rien d'autre que cette calme assurance de l'homme qui ne négocie pas, mais qui ordonne.

Je cherche à entrer en contact avec le reste de votre tribu.
Mes frères et sœurs tuent les visages pâles.
Ils ne me tueront pas moi, voyez-vous, Nnara, puisque j'ai quelque chose de bien plus intéressant à leur proposer.
Et pourquoi ne me le propose-tu pas, Rapace de fer ?
Hm. Je veux mettre hors d'état de nuire Hector Gabril et ses hommes.

Si le visage de Nnara était jusqu'à maintenant renfrogné, il brille désormais d'une lueur intéressée. Elle sourit, d'un air carnassier.

J'ai le même but, visage pâle. Toutefois, le chef des hommes-vaches me vend les esclaves dont j'ai besoin pour enrichir mon entreprise.
Hm. Votre entreprise. Ce sont des esclaves ?
Je leur laisse croire en une forme de liberté grâce à d'intéressantes stratégies syndicales que je tire directement de cet ouvrage publié en 1624.

Elle se lève, tout en parlant, ouvre un classeur pour en tirer une véritable brique. Reliure rouge, écriture dorée. "Le guide de l'entrepreneur en 476 closes." Intéressant, cette façon qu'elle a de virer du dialecte d'entreprenariat à celui d'indigène.

Et bien sachez, très chère Nnara, que je représente le Gouvernement. Et sachez aussi que le Gouvernement est tout à fait apte, s'il est nécessaire, à vous fournir la main-d'œuvre nécessaire à la place d'Hector Gabril.

L'idée semble l'intéresser, ses plumes en frémissent alors qu'elle triture ses bijoux avec délectation. Elle lève un doigt en l'air. Il y a un mais.

Mais les Drognars… vous ne pourrez pas les convaincre comme ça. Leur chef, MacNessca, ne négocie pas avec les visages pâles. Il les tue. Criiic. termine-t-elle en passant son pouce contre sa gorge.

Edwin tique légèrement. Il se penche vers elle, toujours assis. Ses yeux d'acier la foudroient. Imperceptiblement, il la sent s'enfoncer dans son fauteuil. Même blessé, il ne perd rien de son aura intimidante.

J'ai l'impression, ma chère Nnara, que vous n'avez pas tout à fait compris l'ampleur de ma présence ici. Je suis venu annexer Hat Island au Gouvernement Mondial. Au lieu de coopérer avec moi, le Maire de Bull Town a préféré se rebeller. Il doit payer, et quelqu'un devra prendre sa place.

Je peux très bien faire de ce MacNessca le gouverneur de Hat Island, mais pour cela, il doit m'aider à tasser Gabril de son trône de purin.  


Son regard soudain inquiet se réchauffe, puis une certaine conviction s'y immisce.

Je crois que je pourrais vous-


BIIIIIP ! BIIIIP ! ALERTE ROUGE ! ALERTE ROUGE ! BIIIIP ! BIIIIIP ! ALERTE ROUGE ! ALERTE ROUGE ! UN INTRUS AGRESSE LES EMPLOYÉS ! UN INTRUS AGRESSE LES EMPLOYÉS !



Hm.


…Brixius.
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On veut pas d'ennuis ! On veut pas d'ennuis !
Partez, s'il vous plaît !
AAAAH !
N'essayez pas de le protéger, insolents serfs ! Je SAIS qu'il est ICI, je l'ai APERCU de mes pupilles de faucon par-delà votre tentaculaire et absurde MACHINERIE !
C'est la boss qui l'a invité ! On sait pas c'qu'il fout là !
On vous jure !
BIIIIIP ! BIIIIIP ! TOUS LES EMPLOYÉS SONT PRIÉS DE S'INTERPOSER ENTRE L'INTRUS ET LA PRODUCTION ! BIIIIP ! BIIIIP ! TOUT VOL OU DESTRUCTION SERA RETENU SUR VOTRE SALAIRE !
FAITES TAIRE CET ARCHANGE BRAILLARD QUI VOCIFERE DEPUIS LES CIEUX !
C'est l'alarme !


Valérien, ici ? Une affirmation au moins autant incohérente que ta débauche de barbarie déguisé en prise d'otage. Déambulant entre les plomberies et sautillant sur les tapis roulants, renversant tout les pichets de bière qui ont le malheur de se tenir sous tes pas fous, tu fais tournoyer tes lames autour de tes poignets comme d'intimidants moulinets dont ce tapis de fange plébéienne n'aimerait guère éprouver le mordant. Valérien ! Les yeux de feu-Torchesky l'empereur grizzly boiteux, descendu cuver son deuil dans une usine de nectar tendrement toxique ! Qui y croirait ?

Et pourtant, maman ! Je l'ai vu comme je te vois !

Tu vois des fantômes.

Elle peut surgir ici se jeter entre mes griffes à tout instant, cette coquille creuse évidée de sa substance ! Je m'occuperai de lui extraire les intestins pour lui nouer autour du cou une corde toute désignée pour l'ultime ligne d'un récit si pathétique !
Vous... Vous parlez à qui ?
JE pose les questions ici, trivial rebut, et j'arracherai mes réponses des tréfonds de ta... AAH !

Oubliant le rythme saccadé que t'imposait ta monture -le tapis roulant...- tu en glisses, te vautrant sur le parquet d'acier. Ton pif comme un geyser boursouflé ! T'as-t-il convenablement amorti, ce museau au flair émoussé ? Hinhinhin ! Ta seule présence transformerait la plus morne des opérations en comédie grotesque ! La dizaine de troufions t'encercle, de gros yeux ronds comme des bulles sur le point d'éclater. Ils se permettent de distiller d'impudents murmures, s'interrogeant mutuellement du regard. Tu es un OVNI en terres humaines, Balty !

LA GAUSSERIE CESSE ICI ! JE M'EN VAIS VOUS FAIRE REGRETTER D'AVOIR ÉTÉ TROP TÔT DÉFÉQUÉS PAR VOS BOVINES DE MATRONES, ODIEUX CROQUANTS ! C'EST LA GOUTTE D'EAU QUI MET LE FEU AUX POUDRES !
AAAAAH !
VOUS VOUS ÊTES FAIT CA TOUT SEUL !
Pitié !


Mais la pitié est chez toi comme un mythe dont on rit doucettement.

A ma grande surprise, plutôt que de laisser tes bijoux tranchants prendre la parole, ce sont tes paluches qui crachent leurs faisceaux de mal concentré, mouchant un à un chacun des trublions alors que tes ricanements surpassent en nuisance les ronflements excités des machines.


GNHINHINHIN ! Ne suis-je pas le CHEF D'ORCHESTRE du VICE ? DANSEZ POUR MOI, DÉSOLANTS BOUFFONS, OU JE NE SAURAI PARDONNER VOS SINGERIES !

Ils se mordent aux biceps comme des molosses cannibales, s'en vont gaiement piller les réserves de l'usine le goût de l'or affiché aux pupilles, ou encore s'emparent de leurs ambitions pour en cogner joyeusement la figure de leurs anciens collègues d'infortune, tandis que d'autres comatent affalés sur le sol, ou tentent de copuler avec le matériel. Tu en fais des perles souillées sur ton pervers collier : rapidement, à force de distribuer tes péchés, l'usine devient le théâtre d'une véritable orgie de malices en tout genres, une morbide tragédie mettant en scène la si brève dégénération d'un échantillon de race roturière. Épatant ! ...

... mais guère suffisant ! Et Valérien, jeune benêt ? S'il s'était embusqué dans les parages, voilà longtemps qu'il a du décamper en t'entendant beugler.


Où te caches-tu, LÂCHE ASTHÉNIQUE ?

Mais... Mais qu'est-ce qui se passe ici ?
Hm.
Le Grand-Tout-Qui-Sait me murmure que l'entreprise va connaître une vague de licenciements et de bastonnades cet été...
Laissez-moi m'en occuper.
Tu t'occupes de Coyote Fou, moi je m'occupe de mes fourmis, Rapace de Fer. Et si tu me réserves d'autres surprises de ce genre, j'aimerais autant être tout de suite mise au courant.
Tout ira bien.


Revoici notre cher primate accompagnée d'une païenne lestement vêtue. C'est donc elle la gourou de cette congrégation de pantins inaptes ? Regarde là ! Regarde là hurler sur ses serviteurs ! Elle se fond dans son rôle de noble despote, cette bougresse ! Autre chose que j'aborrhe viscéralement en ces irritantes contrées : l'arrogance de leurs têtes pensantes n'a d'égal que leur absence absolue de raffinement et leur conception erronée et béate de la civilisation ! Non, mégère, il ne te suffit pas d'assumer la gestion d'une usine de picole insipide pour t'autoriser à adopter cet air pédant là, à camoufler tes origines sous une brume grossière d'orgueil démérité !

Mornecroûte semble lui aussi grimper sur son perchoir de condescendance. Il s'approche de toi les yeux las et le gosier acide.


Brixius, vous avez besoin d'une piqûre de rappel ?
Il est ici, Valérien, maroufle ! Il fuit son châtiment et les serfs de cette midinette l'ont COUVERT et m'ont par DEUX FOIS fait faux bond de RESPECT ! Je me trouve bien tolérant envers l'irrévérance du petit personnel ! J'aurais du huiler leurs cliquetantes machines de leur SANG GRAS ET ÉPAIS puis imprimer la production de ce nauséabond nectar avec la MOELLE DE LEURS OS !
Taisez vos pulsions, nous avons plus urgent à gérer que votre petite partie de chasse.
Tu disais que tu m'aiderais, envahissante crapule ! C'était mentionné NOIR SUR BLANC dans notre accord oral !
Ma mission sert des intérêts plus hauts que ceux de votre bourse.
Quels intérêts plus "hauts", foutriquet, surpasse en ALTITUDE la restauration du statut divin d'un NOBLE DU GOUVERNEMENT MONDIAL ? Je pourrais faire transformer ta pimbêche d'amante -je suis certain que tu en entretiens une, luxurieux goujat !- en chair à saucisse bonne pour le chenil SUR UNE SEULE INJONCTION !


Ses pupilles creuses s'emplissent soudainement d'une noirceur haineuse, sectionnant net le fil de tes blasphèmes.

Vous avez fini ? Ou devrais-je vous casser la mâchoire pour vous contraindre à la fermer puis à passer aux affaires importantes ?

Hinhinhin. Balty, allons ! Mon impétueux raton du désert ! Tu lui fais honte devant la dame !

RIEN A FOUTRE QUE ÇA N'SOIT PAS D'VOTRE FAUTE ! VOUS ALLEZ TOUS ME SUBIR DES SANCTIONS DISCIPLINAIRES ! SURTOUT TOI, LA, L'GROS DÉGUEULASSE QUI FAISAIT JE-NE-SAIS-TROP-QUOI AVEC LES TUYAUX DE LA SOUFFLEUSE ! POUR APAISER MON COURROUX AINSI QUE CELUI DES ESPRITS DU FEU ET DE L'ALCOOL, VOUS ÉCOPEZ TOUS D'UNE SUSPENSION DE PAUSES !

Suivi d'une farandole de visages penauds et d'un dépit doublé d'une résignation mollassonne qui inonde rapidement tout le hall et dans laquelle ton propre brasier se noie. Valérien, Balty. Il t'a échappé ? Ou l'as-tu rêvé ? Toujours est-il qu'après Mornecroûte c'est l'emplumée qui s'approche, slalomant entre la mécanique qui vibre de nouveau, elle vient à son tour te taper sur tes doigts boudinés !

Toi, Coyote Fou, qu'est-ce que tu leur as fais ?
J'ai châtié leur-
Je suis la seule à avoir droit de châtiment, uniquement sur base du règlement intérieur de l'usine et non pas en rapport à un vague statut de nobliau dont tout le monde se contrefiche ici. Si les larbins se plaignent de nouveau de toi, je te force à finir tes jours dans mon usine, et inutile de souligner que tu démarreras au pied du pied de la hiérarchie. M'étonnerait que Rapace de Fer y trouve quelque chose à redire. N'est-ce pas ?
Hm. Certes.
Tu as compris ?
Livre moi juste Valérien et tu recevras toutes les politesses du monde, bougresse !
Valérien ? Que lui veux-tu ?
L'écorcher vif et vendre son cuir au gouvernement, pardi !
Oh, certainement pas, visage pâ... lépreux ! Tu ne me tueras pas mon meilleur client ! Vous m'avez l'air bien mal renseignés, vous deux. Si vous vous obstinez à abattre Valérien, je déclare notre alliance morte-née.
Soit. Nous ne l'attaquerons pas.
Mais ?! Notre contrat, félon ?!


En toute réponse, il ne te gratifie que d'un regard au coin. Il ne t'oublie probablement pas, mais tu ne devrais pas gaffer, Balty, sous peine de voir ta fragile entreprise broyée comme un fétu de paille en plein ouragan. Les bavardages mécaniques des outils bien plus humains que les hommes qui les manipulent reprennent de plus belle dans votre arrière-plan, venant cogner contre tes tympans, en faisant de sourds tambours. Tandis que tu maugrées des jurons en silence, maudissant les ouvriers, Mornecroûte, l'indigène ainsi que leurs géniteurs et, bien entendu, les multiples divinités squattant le ciel, les négoces de ton comparse partent à la rencontre de leur point final.

Revenons-en à ce qui nous intéresse, chère Nnara. Je sous-entendais donc que placer votre tribu à la tête de l'île serait tout-à-fait dans mes cordes si je parviens à donner une conclusion heureuse à ma mission.
Tu ne perds pas le Nord, toi, ça faisait longtemps que je n'avais pas croisé le chemin d'un visage pâle doté d'arguments tangibles. Je vais te laisser une chance de me prouver que tu n'as pas la même langue baratineuse que toutes ces vipères qui se cachaient derrière l'étendard de leur Gouvernement. Et te négocier ton entrevue avec MacNessca -et peut-être essayer de le bidouiller un peu pour qu'il ne te tire pas dessus à vue-.
Ce serait très urbain de votre part.
Et n'oublies pas : j'ignore ce qui a pu te pousser à pactiser avec Coyote Fou, mais si tu le laisses effleurer un cheveu de Valérien, nous rentrerons en guerre.
J'en prends bonne note.
Et surveille-le, ce foutu crétin !

***

J'ai l'impression d'être traqué comme une bête acculée. Hic ! P-Peut-être un sbire de Teach ? J'ai croisé son regard à travers le grillage et j'ai aussitôt remarqué qu'il n'était pas qu'un simple touriste escorté par la marine. Hic ! Regard mauvais, hargneux, avide. Probablement un gars de Teach, ouais.

Fin du journal.


Son den den enregistreur glapit un "gotcha !" sonore tandis que la grande paluche cybernétique de Valérien s'empare du goulot d'une bouteille vide pour l'embrasser avec vigueur. Mais pas la moindre goutte ne vient réhydrater son gosier aride, et l'homme à la mine grisâtre gémit en grognant. Il a le fessier lourdement ancré sur les marches de l'escalier qui marque le pallier de la sortie de secours. Encerclé d'un régiment de bouteilles vides, désespérément vides, ne contenant plus que les spectres dépressifs qu'elles ont servi à confiner -seulement temporairement, du moins-. Toutes les journées de Valérien se ressemblent, depuis la mort de l'empereur Torchesky. Une longue marche dans les ténèbres, à fouiner à tâtons à la recherche d'une sortie. Mais descendre par jour des trentaines de bières, au point d'en avoir la gorge comme un canyon rougeaud récuré à en devenir lisse, ça n'aide pas à son rétablissement. Les bouteilles vides s'accumulent au rythme de ses soucis : soucis de famille, de chasseurs, d'argent, d'avenir.

Il se hisse sur ses deux jambes en titubant, bazarde sa bouteille sur le côté en se délectant de l'explosion cristalline qu'elle produit en chutant sur l'escalier de pierre. Son autre main visite sa sacoche pendouillante à sa ceinture, en extirpe un nouvel escargophone qui le contemple de gros yeux ronds inexpressifs. De puissantes vapeurs alcoolisées s'échappent de ses tripes serrées de douleur, charriant quelques mots épelés laborieusement par une langue exténuée :

Hic ! Su-Suite du journal. 1626, z'êtes mort depuis trois mois, mon empereur. Sans vous, hips ! J'fais plus grand chose de mes journées à part mater ma déchéance et m'regarder flotter dans la bière. Hic ! P'tete que j'devrais m'rendre et m'laisser chopper, qui sait ? Si vous voulez mon avis, cher journal, cher empereur, c'est tout c'qui m'reste à faire en l'honneur du bon vieux temps, l'époque où tout tournait encore normalement, où c'foutu monde penchait pas encore trop du côté d'l'infamie. Hic !

Il serait abusif de considérer Valérien comme une épave car les épaves conservent leur prestige même après leur défaite face à l'océan. Valérien, lui, a toujours le coeur qui bat, mais son âme s'est éteinte.
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Oh. Mais sachez, Valérien, qu'ici il n'y a d'infâme que vous.

La Poigne fond, se crispe sur la trachée du soulon, le soulève de terre et l'écrase contre la porte de secours.

Aaaaa…Ah…Ah…

Les globes de Valérien s'écraquillent avec stupeur lorsqu'il reconnait le visage d'Edwin Morneplume. Il n'y a pas plus grande sommité sur North Blue, évidemment qu'il connait de réputation l'intraitable Lieutenant. Lieutenant qui, suite à son arrivée à CE, a se procurer un nouveau costume et panser ses blessures. Désormais vêtu d'une ample chemise blanche, d'un débardeur de cuir brun et d'un large chapeau de cowboy, le grand et droit Lieutenant pourrait être confondu avec n'importe quel autre habitant de Hat Island. Seul ses yeux froids démentent automatiquement cette impression, alors qu'ils paralysent Valérien dans une stupeur effrayante.

La nuit tombée sur CE, l'ivrogne ne s'est jamais rendu compte que Morneplume, accordant un minimum de crédit aux dires de Brixius, écumait les environs à sa recherche. Le pirate de 17 millions fait pitié à voir, même pour Edwin qui ne peut que trouver pathétique l'homme sur lequel il est tombé.

Eh bien Drogton. À vous voir, il faudrait changer votre affiche de prime.





Désert de Hat Island, plus tôt dans la journée


Pulupulupulu…
Boss !
Mouais ?
J'ai r'trouvé l'Prof. Poignardé…

L'escargophone dans les mains de Deckard White grommelle, s'empourpre, puis se reprend. Les longues écharpes rouge vif du pistolero frémissent. Le Boss n'est pas content… aussi bien lui donner du nouveau maintenant.

J'ai une piste Boss. Un vieux ch'min d'charrette qui traverse le désert. Quand Martin disait qu'il avait bien amoché le vieux, il mentait pas, j'ai des traces de sang qui mènent jusqu'à la route.
Grmlmhh… et la route, elle mène où ?
Corporation Entreprise.
Bordel… il veut monter la p'tit Nnara contr' moi, fils de bouc…
J'peux m'y infiltrer et les abattre pendant leur sommeil Boss…
Méhohoho ! Bonne idée p'tit gars ! Assure-toi juste de pas t'retrouver comme l'vieux Prof ! Et joue pas trop au héros !
Z'inquiétez pas, Boss. J'ai embarqué l'Prof sur mon ch'val et j'l'ai lancé vers Bull Town. Faudrait pas qu'y crève, le vieux.


Corporation Entreprise


Valérien Drogton n'est plus qu'une pitoyable loque humaine. Sa cape sale et tâchée, sa barbe emmêlée et pleine de bière séchée, ses yeux hagards et son bras robotique grinçant sont les immanquables symboles de sa déchéance. Il éructe et tousse bruyamment alors qu'Edwin le soulève du sol en le gardant plaqué sur le mur. Il est à sa merci.

A…Arrêtez… Kof…Kof… Arrêteeez… Sa voix comme un cours d'eau qui s'encrasse et s'assèche.
Écoutez-moi bien Valérien.

Il dit ça, Morneplume, et tire son colt. Drogton tressaille alors que le canon du fusil s'appuie contre sa tempe.

Pfff… C'est ça… hic… vous allez m'tuer ! Qu'est-ce que ça peut m'faire aussi… faites-moi donc quitter c'monde pourri… kof kof !
Hm. Non. J'ai une proposition à vous faire.

Ses yeux deviennent points d'interrogation, à ce vieux pirate qui n'est plus certain de comprendre ce que veux Morneplume. Ce dernier, au contraire, a une très bonne idée de ce qu'il veut faire de Valérien : un allié de plus. Pourquoi se rabaisser à travailler avec des pirates ? Pour mieux les piéger certes, mais aussi pour éviter d'avoir à livrer immédiatement Valérien à Brixius. Si le chasseur pouvait si facilement mettre la main sur Drogton, s'en serait terminé de leur alliance et Morneplume ne pourrait plus exploiter les pouvoirs du Baron. Si seulement de telles capacités n'étaient pas tombées entre de si mauvaises mains… Et même avec un déchet comme Valérien dans son camp, Morneplume peut toujours trouver moyen d'utiliser l'homme à titre de chair à canon ou de le ragaillardir au point de le rendre utile.

Une… une proposition ?
Oui. Vous allez travailler pour moi et m'aider à conquérir cette île, Valérien. Et pour cela-
BANG ! BANG ! BANG !

Morneplume tressaute, surpris par cet enchaînement soudain de tirs. Si le nom de Brixius ne lui vient pas instantanément aux lèvres, il ne peut trouver d'autre source à ce boucan phénoménal. Dans quel foutoir cette entrave à la Justice s'est-il encore enfoncé ? Edwin n'a pas le temps de formuler une hypothèse, car soudainement, le bras mécanique de Valérien gémit alors que les pièces de métal se détendent sèchement et que les pistons sifflent. En un instant, les jointures d'acier du pirate s'écrasent contre le ventre de Morneplume. Il a profité de son inattention, ce damné qui ne sait pas à qui il s'attaque. Le souffle coupé, perdant l'équilibre suite au violent coup qui répand une indésirable douleur dans son estomac, Morneplume ne peut empêcher l'ivrogne d'ouvrir la porte de secours en titubant pour s'engouffrer dans l'usine.

Hm.

Oui, décidément. Hm.

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C'étaient des tirs ? Qui fait cracher les bouches à feu devant mon usine ?
NE M'IGNORE PAS, HÉRÉTIQUE EMPLUMÉE ! TES MACHINES INFERNALES SEMBLENT CONFONDRE MES TYMPANS AVEC DES TAMBOURS !
Et toi ? Tu confonds les miens avec des dépotoirs ? Je te le répète : CASSE-TOI ! VA REJOINDRE TON POTE ET LAISSE MOI QUESTIONNER LES ESPRITS EN PAIX !
JE N'AI PLUS RIEN A VOIR AVEC CET INFÂME JUDAS ! IL PAYERA SA DETTE DE SANG EN TEMPS VOULU ! JE VEUX D'ABORD M'ENQUÉRIR DE LA VIANDE DE VALÉRIEN !
SI TU CONTINUES A ME PARLER DE LUI, J'VAIS TE FOUTRE DANS LA SOUPE DU SOIR DES OUVRIERS !
QUELLE PRÉTENTION, PETITE ÉFFRONTÉE !

Tu la pistes dans les couloirs depuis bien une dizaine de minutes maintenant. Elle dont les jambes s'emballent un peu plus chaque seconde dans l'espoir de te semer, toi qui arrache des efforts inhumains à tes poumons secs pour surenchérir sur la cadence. Un duel d'orgueil stérile dont le Temps lui-même semble se lasser... Tu m'ennuies, puéril petit chacal. Tu ne vaux pas mieux qu'un bambin larmoyant auquel on aurait subtilisé le hochet.

Et si on baissait d'un ton, déjà ?
TOI D'ABORD, TRAÎNÉE !
MAIS TU COMMENCES VRAIMENT A ME TAPER SUR LE SYSTEME, COYOTE FOU !


Elle joint les bouffées de flammes qui lui sortent des naseaux à un geste bien plus littéral : une leste botte partant te tasser les testicules dans les sombres recoins de ton bas ventre. Et tout l'air de ton corps qui semble s'échapper de chacun de tes orifices ! Cette sorcière t'a transformé en drap rouge roulé en boule en quelques secondes ! Admirable !

Tu m'excuseras si j'ai d'autres vautours à fouetter ailleurs ?

Elle t'abandonne donc marmonnant à quatre pattes dans ta crème de roubignoles. La situation est fort convenue, mais pas moins cocasse, d'autant que tu en es le sujet, mon arriéré petit mulet ! Tu restes ainsi quelques minutes, vautré sur le parquet de ferraille. Tu gémis et blasphème par intermittence en braquant tes paumes sur ton entrejambe, comme une genre de coquille de peau. C'aurait été plus pertinent de recouvrir ton point faible, l'universel masculin, AVANT qu'elle ne se décide, comme toute grognasse qui se respecte, à te le cibler avec virulence.

Va...lé...rien...ab...batre...partir...

Tu le crois encore dans les parages ? Je l'imagine davantage dans le désert désormais, l'une des bouteilles de cette odieuse picole scotchée à la bouche. Quant à Mornecloque, je suppose qu'il t'a posé un lapin amplement mérité. Quelle surprise ! Il n'a même pas essayé de t'asticoter un peu avant de te larguer là comme une vieille fripe usée !

TRAÎTRE ! IL... IL S'EN EST ALLÉ ME CHAPARDER VALÉRIEN ! ENVOLÉ, PARTI M'ARRACHER MON TRÉSOR BIEN MÉRITÉ DES MAINS ! TARTUFE SUFFOQUÉ ! M'ENTENDS-TU ? C'EST UN ANATHEME QUE JE VOUS ADRESSE, A TOI, ET A TOUTE LA BASSE-COUR INFECTÉE DE VERMINE QUI TE SERT D'ANCÊTRES ! PLUS JAMAIS AUCUN MORNEPLUME NE POURRA FERMER LES YEUX SANS RISQUER DE SE FAIRE GOBER ROND PAR L'OMBRE DE LA MORT ! LA MIENNE ! GHINHINH... keuf !

Tu te relèves en titubant, tes nerfs tissés en un motif guerrier, dagues d'un noir abyssal reflétant l'avenir proche : quelqu'un va mourir, oh oui ! Pour te décharger de cette foudre qui t'a frappé ! Il faut évacuer cette colère qui t'inonde avant que ton petit corps maigrichon ne soit plus apte à la contenir étanchement ! Elle t'alimente les guibolles, cette hargne, tu te mets à galoper à en rendre l'acier incandescent, sans bien savoir où tu vas probablement : courir grossièrement en direction des détonations qui t'ont murmuré des douceurs aux esgourdes, jusqu'à tomber sur un sac de viande que tu pourras saigner, évider et creuser à l'en rendre flasque.

En te remarquant bondir à travers leurs machines, les serfs roulent le dos et laissent leurs mirettes vitreuses tomber à leurs pieds. Bien ! Dirait-on qu'ils ont enfin saisi à quelle place basse et étroite ils se devaient de se garer !


VALÉRIEEEEEEN !

Une originale tactique de chasse ! Serait-ce une forme de battue, pour forcer ta proie à fuir ton tumulte en déguerpissant de son terrier, trahi et anxieux face aux combines imprenables d'un traqueur dont la malice est seule arme ? Ou es-tu juste bête à t'empiffrer de foin ? Je penche pour la seconde hypothèse ! Tu te souviens qu'il a peut-être quitté l'usine, te laissant seul, meurtri et idiot à dialoguer avec tes propres échos ? Bien sûr que tu t'en souviens. Ce n'est plus toi, Balty, qui déploie en grand ton gosier pour en laisser surgir des bouquets de hurlement hystériques. Non, ce n'est plus toi, mais ta frustration, ta haine et ton orgueil exténué des viols en série qu'il subit depuis ton arrivée en ces contrées. La vengeance, chez toi, est un plat qui se dévore bouillant.

Ah.

Tu l'as vu aussi ? Ce fantôme fugace. On aurait dit un voile en draps noirs. Il a flotté derrière la porte ; ça n'a duré qu'une poussière de seconde.


Ghinhin. Il veut semer son sort ! Mais le destin des coquins courent toujours plus vite qu'eux ! J'ARRIVE, RACAILLE !

Ça ne correspondait en rien à la silhouette de Valérien que nous connaissons : ne sois pas si servile envers tes pulsions, Balty ! Elles font mentir tes petits yeux mesquins ! Perdu pour perdu, poursuis donc ce spectre, si cela te chante. Mais reste alerte, et scelle ta langue au fond de ton gosier, qu'on ne l'entende plus déblatérer d'âneries à plusieurs kilomètres à la ronde. Tes bêtises résonnent tant en ces grandes pièces que je jurerais qu'un gueux de l'autre côté de l'usine pourrait t'entendre bavocher comme si tu étais à ses côtés !

Les croquants hébétés s'écartent de ta trajectoire, tu files comme une flèche à la pointe enflammée. Une flèche fort curieuse tout de même ; qui s'acharnerait à inspecter l'arrière de chacune des portes qu'elle croise dans l'espoir d'y dénicher sa cible ! Mais entre les esclaves, de la camelote bruyante et des caisses de liqueur à perte de vue, ce désert de fer et de bois ne t'avoue rien d'intéressant. Pis encore : à force d'errance, tracté par ta rancune, tu t'es totalement égaré dans les boyaux ronflants de l'usine. Peut-être es-tu ici en son coeur, si j'en juge cet immense appareil battant dont s'extirpent moult tentacules grises ?


JE TE HAIS JUSQU'AUX ONGLES, TINTINRAMESQUE ORGANE DE FERRAILLE !

Probablement la chaudière centrale. Si l'ombre que tu traquais est bien tangible, elle n'a pu que se réfugier ici. Tu te tiens devant la seule entrée de la salle ; et devant toi ce coeur grondant qui s'accapare la plus grande superficie de cette chaleureuse petite cavité. La température fluctue, dirait-on, en fonction de la cadence menée par un impressionnant réseau d'engrenages roulants en-dessous de ta passerelle.

Hinhinhin. Tu n'es pas seul ! Une présence au coin de l'oeil. Elle virevolte sous une brume de lambeaux. Un spectre lépreux ? Hm...

Crois-tu que j'aie du TEMPS A PERDRE avec QUELQUES POUPÉES DE CHIFFONS ? TU N'ES PAS VALÉRIEN, MAROUFLE ? RAMPE JUSQU'A MES BOTTES IMPLORER MA CLÉMENCE, ET PEUT-ÊTRE CONCEDERAI-JE à ne te débarrasser que d'UN SEUL DES RAISINS SECS QUI TE SERVENT DE BOURSES REPRODUCTRICES !

Ah ! Les testicules ? Probablement ton entrejambe toujours hurlant te supplie de transvaser sa douleur sur autrui ? Une espèce de castration vaudou. La lumière semble un tantinet bouder ces lieux, l'obscurité règne en relative tranquillité. Gare où tu marches, Balty ! Tu serais bien baluchon de passer par-dessus l'une de ces barrières ! Je n'aimerais pas que mon fils unique finisse dévoré par de voraces rouages : quelle mort dégradante que celle de finir éparpillé en hachis tartare ! Tes restes devraient être décapées par la javel du premier gueux masturbateur de machines venu ! J'en frissonne sous ma gaine d'éther !

***

Il a un pouvoir. Un pouvoir qui semble avoir eu raison de ses deux compagnons. Le prendre de front serait une prise de risques inutile : d'autant que ce sac à puces dont le vocable semble dense en mots vexants est aussi prudent qu'un rat à l'aventure dans le nid d'un rapace. Et dans l'histoire, bien entendu, le rapace, c'est lui.

Plus léger qu'un courant d'air, White s'est perché sur un tuyau duquel il contemple la crinière calleuse du Baron.
Les machines braillardes couvrantes chacun de ses gestes.
Ses écharpes déployées en grand, le prédateur de tissus s'apprête à fondre sur son insouciante proie, trop occupée à confronter sa voix aux sourds grondements de la mécanique pour se rendre compte que l'ombre menaçante qui le submerge n'a rien de naturel.

Un faucheur enrobé de foulards veille sur toi, mon garçon. Dès lors que tu lui auras tourné le dos, ta vie s'éteindra lentement sous les brutales caresses de ses douces étoffes.
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Valérien. Soyez raisonnable.

Il avance à l'affut, Edwin, guettant entre les tuyaux, les engrenages et les conduits le moindre mouvement. Chaque bruissement est une alerte donnée, chaque inspiration est une sirène de détresse vers laquelle il se rue. Toutefois, si le pirate de Toreshky n'est plus ce qu'il était, il maîtrise néanmoins avec une expertise impressionnante la couardise. Déjà plusieurs minutes qu'Edwin est à sa recherche. Plusieurs minutes durant lesquelles il s'est résolu à s'enfoncer dans les tréfonds de Corporation Entreprise, tâchant de différencier le crissement métallique du bras de Drogton des complaintes de l'usine. Sans succès, l'ombre du pirate est indétectable.

Sachez, Valérien, que je suis toujours prêt à négocier avec vous, mais que si vous continuez à fuir je n'aurai d'autre choix que de vous abattre.

Il dit ça en relevant le cran de sureté de son colt qu'il garde pointé vers le haut. Ses pas sont ceux d'un fauve, sa silhouette est celle d'un spectre mécanique traversant les couloirs.

Et c'est là qu'il l'aperçoit.

Carcasse boursouflée inondée par son propre fluide. Immobile macchabée criblé de profonds trous noyés de rouge, purulent abcès crevé à-même les sous-sols de l'usine. Ses yeux morts, devant lesquels s'est paresseusement couché un voile opaque, fixent l'opposée du couloir avec une stupeur évidente. Sa bouche ouverte dans un rictus effrayé, horrible visage désormais ravagé par une peur démente. Sous les ruisseaux de vermillon s'échappant incessamment des crevaisons du cadavre, il peut voir les fleurs tropicales typiques de l'uniforme des esclaves de CE. C'est le bossu, affalé sur son odieuse excroissance, évincé par de nombreux tirs. C'était lui, la victime.

Mais qu'est-ce que Brixius a bien pu faire...

Edwin s'agenouille près de la marre de sang, un objet attirant son attention. Un long colt de cowboy gît dans la flaque brûlante. Son long canon taché est recouvert de poétiques gravures, le bois de sa crosse est laqué. Cette arme n'appartient certainement pas à Brixius. Et le chargeur en est totalement vide. Probablement une arme dont l'assassin s'est débarrassé, faute de pouvoir l'utiliser de plus belle.

Soudain, le crissement du métal fait tiquer Edwin, il se décale sur la gauche tout en faisant volte-face ! Le poing d'acier de Valérien siffle à quelques pouces de sa pommette, alors que Morneplume se relève et enfonce son colt entre les rouages d'acier du membre de métal. Il appuie sur la gâchette, puis une détonation étouffée se fait entendre. Le bras de Drogton se disloque, crache fumée noire et étincelles en plus de se départir de nombreux boulons. Un filet d'huile s'échappe du membre désormais hors-service. Les yeux paniqués mais hagards du vieux Drogton s'écarquillent en prenant constatant l'ampleur des dégâts. Puis c'est la Poigne d'Edwin qui s'écrase sur son visage, la serre du Lieutenant se refermant sur l'entièreté de la face de sa victime pour la plaquer violemment contre le sol.

Vous voyez bien Valérien, rien ne sert de courir…
QUE FAIS-TU RAPACE DE FER ? PAR LE SANG DES CONJONCTIVITES DU DÉSERT !!

C'est le piaillement aigu que pousse la petite Nnara, qui vient tout juste de surgir elle aussi au coin du couloir, surprenant Edwin dans une marre de sang, s'en prenant à Drogton. Curieuse scène. C'est un malentendu, dirait Edwin, mais depuis quand est-ce que cette réplique est-elle sincèrement fonctionnelle dans ce genre de quiproquo ?

Hm.
TASSE TES PATTES DE MON EMPLOYÉ ET JETTE TON ARME ! J'EN APPELLE À LA COLÈRE DU RENARD-QUI-GROGNE-CREUX !
Écoutez, Nnara, tout ceci est une grave mésentente. Cet homme a été assassiné par un ennemi inconnu, probablement un traître ou un infiltré, il y a bien plus grave que…
AH ! FOURBE PENDARD TENTACULAIRE !
Hm. Brixius…
Brixius…
Qui ?

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Eh bien ! Des réflexes de félin, Balty ! Ta dague s'est de justesse interposée entre sa vorace écharpe et ta goûteuse gorge, la tailladant dans son élan. Tu lui tournais le dos, mais il n'avait probablement pas saisi que ta caboche est une véritable girouette que des vents frénétiques font tournoyer dans tous les sens, imprévisible.

Félin... Hum. Disons que tu es aussi félin qu'un vieux matou domestique bon à rien ronflant dans sa graisse ? Toujours balourd, plutôt que de lui concocter une riposte épicée, tu t'es contenté de pousser un guttural cri de guerre, comme à ton habitude. Si bien que cette boule de chiffons reprend l'assaut avant même que tu n'aies eu le temps de regonfler tes poumons creux : ses foulards noués propulsés à travers ta mâchoire. Ah ! Une bien faible sanction. Tu es habitué à encaisser plus vives corrections : ton existence entière se déroule sous le feu de canons !

White, c'est cela ? Son nom. Beaucoup d'identités à retenir, mais si peu de place en mon âme oubliée pour de telles charges inutiles !

White donc, déploie ses tentacules de tissus tout autour de toi. Une ou deux, puis cinq, puis une dizaine, si bien que tes dagues ne suivent plus leur rythme et que tu te retrouves bêtement saucissonné, un vieux boudin putride prêt à se faire gloutonnement croquer.


Mouais. T'es moins hargneux au corps à corps.
HUMMMHUMMM !
Ouais. Attends, répète sans les écharpes dans la bouche ?
HISTRION DE FOIRE ! TU ES UNE CHANDELLE DE TISSUS QUE JE JOUIRAI A OBSERVER FONDRE HURLMMUUUHHM !
Bien c'que j'me disais.
HHHHUUUMMM, HUHUUHUHUUHUUMMMM... HHHHHUUUUUUMMMM !
Héhé, et là, qu'est-ce que tu racontes de beau ?
HHHMMINVIDIA !
MERDE !


Il était tant possédé par son petit plaisir, jouant avec son arrogance sadique, que tel un maladroit matou trop orgueilleux, il relâche son rat après qu'il lui ait mordu sa patte menaçante. Naturellement, ton serpent lumineux s'est affranchi des murailles d'écharpes boursouflées et de chair chiffonnées dressées entre toi et son coeur si mou, si friable, si doux que le vice s'y vautre en soupirant gaiement ! Bravo, Balty ! Tu es parvenu à viser convenablement une cible immobile à deux mètres devant toi. Délétère précision !

Le choc initial provoqué par la reconfiguration de son âme fait gâcher quelques secondes à notre friperie ambulante. Il reste un instant pantois, comme si le visage caustique du vice que tu lui as présenté s'était imprimé en ses pupilles livides et lui riait si fort aux esgourdes que ses muscles s'en tétanisaient. Tu ne tardes pas à te dégager des entraves ramollies ; sans manquer de crachoter assez de salive pour rouiller toute l'usine, bien sûr, il y a de ces mauvaises habitudes qui nous soumettent, tu entretiens avec tes pulsions la même relation qu'une ménagère battue avec son mari aimant !


J'ai fissuré ton âme, pendard, je contemple sous cette fracture le SANG DE TA VOLONTÉ POURRIR PAR MES ORDRES ! Laisse moi t'écorcher vif avec les débris de ton PROPRE ESPRIT !

Hum. A quoi bon l'ensevelir de métaphores si c'est pour ponctuer ta propre verve de taillades empotées à la dague qui fauchent davantage le vent que sa viande ? Tu aurais aussi bien pu continuer à l'asperger de vocabulaire pompeux. Une overdose de tes tirades semble développer des cancers cérébraux : Mornecroûte nous l'a prouvé, sa caboche de primate se faisait de plus en plus lente. A la fin, il n'était même plus capable de se passer de toi. En cela, ça m'étonnerait qu'il t'ait abandonné.

Parce que de nouveau, tu aurais besoin de lui pour te sortir de ce mauvais pas, mon fakir simplet, toi qui trottine sur des braises. Il est une hydre, ce bouffon, alors que tu lui décapites l'une de ses écharpes, deux autres surgissent de son bedonnant torse. Tu recules lentement sur la passerelle tandis que lui regagne en confiance, s'avançant vers toi un rictus triomphant pointant derrière son foulard.

MAIS ! Ne devrais-tu pas jalouser ton maître ?
T'vois bien que t'as aucune chance. T'as la crème de l'île qui s'amuse avec toi, blanc-bec. Et c'sont pas des flèches fantômes qui l'feront flancher. Héhé.
Ta prétention ! Si GROSSE ! Si boursouflée ! SI DISGRACIEUSE ET TRÉPANÉE !
Comme ta mère.


Oh. Tu as du lui annihiler le peu qu'il possédait en humilité. Ça paraissait si beau ! J'imaginais une visée correcte, assorti du péché docilement s'extirpant de ta peau caillée pour venir te sauver la mise ! Mais, hum, bourde. Tu as confondu l'Envie avec l'Orgueil. C'est aussi bêta que de confondre un mulet avec un... avec un autre mulet. Mais le mulet orgueilleux tournerait le dos, lui.

Bien entendu, je ne relève pas le commentaire de notre Narcisse en torchons, sur ma pseudo-adiposité. Il ne pouvait pas deviner que je l'observe, ricanante de sa gaucherie, depuis le grand cinéma de l'outremonde !

Tu recules. Encore. Toujours. Chacun de ses assauts se fait plus téméraire que le précédent : il te suce ton assurance ! Pour chaque pas que tu fais en arrière, il en fait deux en avant. Ses écharpes excitées, denses, toujours plus denses ! Si tu ne trouves pas vite un grain de sable à carrer dans les rouages de sa toute-confiance, il finira par te capturer de nouveau dans sa toile.

Tu les entends ronronner en-dessous de vous, tandis que ton dos embouti l'une des barrières ? Les engrenages ! Ils te savent dans une impasse, et affamés, aimeraient sûrement sentir tes os craquées sous leurs crocs carrés. Je te le dis, Balty, ces machines sont touchantes dans leur sincérité. Elles savent ce qu'elles veulent, elles grondent de désir ! Et de lestes nuages d'écharpes s'enroulent autour de ta poitrine, t'immobilisent complètement ! Et la gorge poudrée d'un canon braquée devant ces deux oeufs pourris qui roulent frénétiquement dans tes orbites, à la recherche désespérée d'un preux chevalier qui pourra venir te libérer ! Tu es un moucheron sur une toile. Devant toi, les mandibules de l'araignée vocifèrent ton extrême-onction, toute son haleine carnée et son orgueil prédateur emporté dans ces ultimes mots qu'il t'adresse.

T'as pu les dézinguer parce que c'sont des idiots. Les idiots se bouffent entre eux, jusqu'à se faire boulotter par bien plus malin qui passait par là. T'es la base de la chaîne alimentaire, mon gars !

Étrange qu'il ressente ainsi le besoin de gargariser sa quasi-victoire. Bien que tu te sois encore mélangé dans tes vices, ton jet de superbe l'a au moins pourfendu de plein fouet. Son âme fière devait être un fantastique terreau pour que l'orgueil puisse y planter ses grosses racines gourmandes si profondément. Si débordant d'arrogance qu'il continue à fricoter avec le danger d'une riposte imminente sans sourciller : il déblatère sur ces astres de vertus qu'il imagine briller en lui, sur sa discrétion, son audace, sa fougue et ses dons martiaux qu'il pense tous élever au rang d'Arts. Il t'explique, tandis que coulent les minutes lasses dans leur sablier, qu'il est le plus sous-estimé de son quatuor d'infects cancrelats. Que son patron, ce gros lard, devrait ouvrir les yeux sur la déchéance de ses propres protégés car Roc Martin -était-ce l'horrible lézard qui mesurait la robustesse de ses phalanges face à celles de Mornecroûte tandis que tu annexais une écurie ?- n'est qu'un p'tit parvenu rêveur aux yeux remplis d'étoiles mais à la caboche parfaitement creuse.

Que de ses deux autres collègues, il y a un vieux fossile gâteux et malade comme un chacal, qui pense que son expérience lui rachètera sa jeunesse ; et un pauvre zoophile qui prête conscience à son "con d'canasson", une hérésie sociale qui a exorcisé sa pesante solitude en se clouant les fesses sur sa sale bestiole.

Rien à voir avec lui.
Car White est.
Le meilleur.
Des pistoleros.
L'unique qui sait.
Ce qu'il fait.
Où il va.
Et pourquoi.
Le plus redoutable guerrier de Hat Island.
Le meilleur tu entends, Balty ?
Il te martèlera de ces mots jusqu'à ce que tu l'admettes.
Car pour l'orgueilleux, il n'existe pas plus savoureuse victoire que d'entendre l'ennemi abdiquer.

Ghinhin ! Tu ne mériterais un trône que si les ânes avaient un monarque ! Cesse de me cracher ton purulent égo au visage !
J't'en veux pas, larbin. Les génies sont toujours les incompris... GEUH ?!
Je suis d'accord, White.
Mais je suis navré de vous dire que vous n'avez aucun secret pour moi.


Une poigne se resserre sur sa nuque. Derrière lui, l'ombre d'un croque-mitaine. En-dessous de nous, les dents de l'usine affamée. Je crois que quelqu'un va se faire mâcher !
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Hm. Et bien, Deckard White, on dirait que vous serez le deuxième Pistolero que j'aurai vaincu.
Cause toujours, vieux con ! lance-t-il alors que ses reptiliennes écharpes plongent vers Morneplume.

Les serres de ce dernier se déploient, saisissant et tordant les délétères morceaux de tissus. Dans les yeux d'Edwin, qui vient tout juste de surgir dans la salle vrombissante de la génératrice, il n'y a qu'un insondable mur d'acier. La pitié s'est depuis longtemps exilée de ce désert émotionnel que sont ces yeux de roc. Le Lieutenant passe Deckard White par-dessus la rambarde à une seule main, avec une aisance qui laisserait croire que le Pistolero n'est qu'une poupée de chiffon.

Triple corniaud ! Ne serais-tu pas vivant et en santé si tu ne t'étais pas si longtemps masturbé la larve dodue et gourmande qu'est ton égo !
Brixius. Silence. Une dernière parole, White ?

Il dit ça, Morneplume, avec un détachement inhumain, si bien qu'il détourne le regard vers la porte par laquelle il est entré. Là où, après s'être éreinté à parcourir les couloirs interminables de CE, il s'est engagé dans cette salle circulaire, les entrailles grondantes de l'usine. Et c'est pile là qu'il l'aperçoit, ses yeux vitreux brillant de peur, sa barbe sale et hirsute et son vilain bras mécanique complètement réduit en bouillie. Valérien Drogton, accompagné de Nnara, tous deux sur le pas de l'entrée, les yeux braqués sur cette scène épique où Edwin s'apprête à lancer White dans la gueule cliquetante de la génératrice, où les écharpes folles du Pistolero dardent et frappent à tâtons comme de multiples éclairs, et où Brixius, en fidèle Skywalker de ce cliché cinématographique indubitable, admire le spectacle en jubilant.

En jubilant ? Certes. Mais ses jubilations s'éteignent rapidement dans sa gorge lorsque son regard croise celui de l'ex-pirate de Toreshky. Sa gorge se déploie et sa lange s'aiguise tandis que son visage s'empourpre. Dans son esprit tordu, c'est l'affiche d'une prime de vingt-et-un millions qui s'imprime sur le visage tant de fois recherché sur cette île.

VALÉRIIEEEEENNNNN ! Vil renard blafard ! Cancéreux sac à puces ! Laisse moi humecter mes lames de ta lymphe, et n'ose point courir car même TON ÂME ne peut échapper à mon COURROUX SANGUINAIRE !!
Brixius ! Attendez !

Il ne peut se lancer à sa poursuite ! Pas selon le plan de Morneplume. Il lâche White, le soldat de fer, avant de plaquer Brixius contre le sol. Les tentacules de soie du cowboy s'agrippent du même coup à la rambarde, suspendant leur possesseur dans le vide. En un instant, le Pistolero remonte sur la passerelle, aidé de ses excroissances de tissu. Edwin, trop occupé à maîtriser le Baron crachant et se débattant, ne peut esquiver lorsque la botte de Deckard White lui arrive en plein nez. La douleur lui paralyse le visage et il bascule, perdant l'équilibre.

REVENEZ ICI ! GREDINS ! MANANTS ! JE VOUS MAUDIRAI TOUUSSSSSSSSSSS ! hurle un Brixius impuissant lorsque White écarte Nnara et Valérien pour s'enfoncer à toute vitesse dans l'usine.
Hm. maugrée un Edwin au nez ensanglanté.

Il s'est enfui... Et il est probablement déjà loin...

MAIS VOUS ALLEZ CESSER DE FOUTRE LE BORDEL DANS MON USINE PUTAIN ?! VOUS VOUS CROYEZ OÙ ? DANS L'ANTRE DU PORC-SAUVAGE-QUI-HURLE-PLUS-FORT-QUE-LE-TONNERRE ?! Je vais vous faire licencier… même si vous ne travaillez pas pour moi !
Attendez, tout cela n'est qu'un terrible malentendu, mademoiselle Nnara. tente Edwin avec diplomatie… pour la seconde fois.

Du même fait, il appuie sa botte sur le dos d'un Brixius tout feu tout flamme, tout en se relevant. Le Baron expire comme un ballon que l'on crève lorsque le poids du Lieutenant lui écrase la cage thoracique. Enfin, le silence.

Il se trouve que cet homme n'était autre qu'un des lieutenants d'Hector Gabril. Deckard White, le bandit aux écharpes. Il voulait très probablement nous assassiner, moi et mon partenaire.
NE M'AFFUBLE PAS D'UN TITRE AUSSI RIDICULE ET RABAISSANT, JE T'OUVRIRAI MOI-MÊME LA CAROTIDE, LA JUGULAIRE ET TOUS LES AUTRES TUYAUX QUI CONSTITUENT TON ORRIPILANTE CARCASSE SI TU OSES ME PRIVER D'UNE PROIE UNE NOUVELLE FOIIIIIIIIS !!!

Il reprend vite son souffle, lorsqu'il est question d'invectives…

Morneplume quitte l'épuisant Baron et s'avance vers ses deux interlocuteurs. il tire un mouchoir de sa poche et se le pose sous le nez, tentant d'endiguer le ruissellement incessant de son hémoglobine.

Et l'escargophone que je vous ai demandé, Mademoiselle ?
Le voilà, le doyen des visages-pâles compte-t-il prévenir des renforts ?
Oui, je tiens à entrer en contact avec le QG de North Blue.
À ce propos, les Drognars devraient arriver demain, dans la matinée. Soyez prêts.
Hm. Et Valérien… Valérien ?

Ses deux yeux vitreux été globuleux, braqués vers la génératrice, évoquent une peur sans nom. Morneplume arque un sourcil, puis fait volte-face pour poser les yeux sur un Brixius aux lames dégainées, l'air plus possédé que jamais. À quelle nouvelle surprise doit donc s'attendre Morneplume ?

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Heureusement que l'alcool a émoussé ses réflexes. Valérien a la tension si basse, le cuir si écailleux et pourtant si glissant entre tes maladroites paluches, qu'on jurerait que tu cherches à t'emparer d'une anguille frétillante en pleine asphyxie. Il semble être l'un des pions de Mornecroûte, si j'en juge par ce surprenant attachement du primate envers ce lamentable sac à vin mûr pour la vendange. Naturellement, persuadé que ses plans ne te concernent en rien, tu t'obstines à trouver de la bonne pitance saignante pour tes lames de plus en plus affamées. Tu as grimpé sur les gros tuyaux qui surplombent cette étrange congrégation de bouseux doués de superbe.

Il est en contrebas, Valérien, sous les artères du générateur grondant, il t'admire, tétanisé. Tu pourrais lui fondre directement dessus, ou...

... ou vomir cet orgueil avarié qui commençait à te peser sur l'estomac.

Une fois convenablement malaxé, je t'inviterai A BOIRE TA PROPRE CARNE A LA PAILLE, VALÉRIEN, ET TU T'ÉXÉCUTERAS car mon désir est l'acte final de ta misérable destinée !

Tes répliques toujours aussi subtiles qu'une parade nuptiale de rat. Il semblerait que tu as éveillé en sursaut son instinct de conservation, à notre larve en pleine mue, ainsi dégaine-t-il son revolver graissé malgré les simagrées toujours plus virulentes de l'indigène. Son canon partait à ta rencontre, mais la poigne de la petite métèque s'abat comme une hache sur son bras de bois creux et pourri. Notre vieux chêne malade a la sève en flammes ! Contemple son regard ! Le désespoir y cohabite avec une rage primale, ce sont des millions d'années d'instinct qui resurgissent brûlants en son âme éteinte ! Bien qu'errant ivre sous les lames d'un abattoir, il n'est pas décidé à s'allonger en-dessous pour écourter son séjour au purgatoire !

Dirait-on que ta hargne aveugle fait office d'antidépresseur, Balty, et que même un pendu ayant déjà la corde au cou se refuserait à te voir TOI bousculer son tabouret.


TU VAS PAS T'Y METTRE ? TIRER SUR LE GÉNÉRATEUR ?  
Un sbire de Teach, Nnara... Hips ! Y veut m'buter. Et j'laisserai aucun bouledogue de c'loup enragé m'buter, même si j'dois en crever ! Hips !
Coyote Fou, un chien de Teach ? Tu rigoles ? Le Coq-Solaire-Au-Crâne-De-Feu n'en voudrait même pas pour couver son apocalypse ! DESCENDS DE LA, TOI !
Il vient finir la besogne du tas d'fumier enflammé qui lui sert d'maître, pistonné par la marine ! J'arriverai bien à dézinguer l'un des deux avant qu'l'autre ne m'saigne, foi d'un porteur de flambeau !
Il y a méprise, Valérien.
GHINHINHIN ! Teach ne sera que le grand cerf noir de mon tableau de CHASSE ! Descendre, BOUGRESSE ? SOIT ! L'AIGLE ROYAL PLONGE EMPALER SES...


L'aigle royal se fait moucher par une mouette. Notre serviable cerbère de l'infernal gouvernement mondial -quoi de plus infernal qu'un gouvernement qui offre gîte, couvert et rang à d'indignes rejets de placentas tels que toi, après tout ?- propulse son poing, à moins que ce ne soit son poing qui le propulse, dans ton dos qui craquelle alors comme s'il était fait de verre. Et plus tranchant qu'un copeau, tu hurles tes poumons par la trachée, tout en tournoyant à travers la pièce, toupie de la gravité.

JE MÂCHERAI LE CHEWING-GUM QUI TE SERT DE CERVELLE EN SAVOURANT CET ARÔME DE SCÉLÉRATESSE DONT IL SUINTE JUSQU'A CE QU'IL NE RESTE DE TOI QU'UN DOCILE MULET, MORNE...

L'exposition de ton protocole de lobotomie s'interrompt sitôt que tu eus baisé fougueusement la porte blindée d'où vous veniez, imprimant la rage informe qui transformait ton visage en masque de guerre à même la paroi. Tu comptes mentalement à la fois les survivants de ta dentition, mais aussi les étoiles colorées qui piaillent autour de ton crâne éclaté comme un oeuf pourri ; dont l'intérieur nauséabond s'infiltre à travers le grillage de la passerelle, et s'égoutte, tamisé, dans les rouages cliquetants en-dessous, qui se parent alors d'une robe rouge chaude étincelante sur leur acier luisant. C'est du bon goût esthétique ; l'Art de se vider de son sang avec un panache que tu travailles depuis une ronde décennie à fricoter avec de douloureux supplices. Ceci dit, je ne crois pas que la mécanique va apprécier cette huile rouillée que tu distilles en ses entrailles.

Je disais donc : il y a méprise. Le Baron Brixius est chasseur de primes. Et je n'avais aucun rapport avec lui avant de le croiser dans les geôles de Grabill.
Et White ? Qui va m'débarrasser d'ce chiffon-là ? Manifestement, il est là pour VOUS, alors c'est VOUS qui VOUS en occuperez, et je n'en ai RIEN A CARRER de savoir que cette peste ambulante est chasseur, que tu as visité l'frigo de Grabill, ou même si nous partageons la même couleur de culotte. Si n'importe quel trouduc abîme encore mon usine d'ici demain, j'vous recycle tous en combustible !
... Hm.
Pour faire des économies.
J'avais compris.
Hips ! Teach est ici...
Valérien, ...
Non. Ta gueule, Valérien. Cherche pas à comprendre. Barre toi d'ici avant qu'son copain ne retrouve ses esprits -même si j'crois que ça fait longtemps qu'il les avait perdu pour de bon-.

Ce bon conseil-ci parvient à se faire entendre à travers l'océan de bière qui semble lui obstruer les tympans et la compréhension, comme s'il stagnait au fond d'abysses qui, plutôt que de le délivrer par la Mort, décideraient de prolonger son agonie en le noyant peu à peu sous leur emprise humide. Mais notre fier boucanier, esquissant demi-tour, semble bien mieux vivre la tyrannie de son bulleux nectar que le jugement implacable de son passé.
Il passe à côté de toi, suspicieux, comme pensant que tu t'extirperas subitement de ton profond sommeil pour comparer le diamètre de ses mollets à la longueur de tes lames. Mais finalement, enjamber un coyote assommé n'est guère plus éprouvant que de faire de même avec un cageot de légumes ; quoique le cagot de légumes, de par sa taille, doit requérir plus d'efforts.

Et le voilà qui s'éloigne de toi, à nouveau, sans même que tu ne puisses lui adresser un "au revoir" bien senti. La fortune est une vieille dame qui ne se laisse pas aisément atteindre, et que ne tripotent sans modération que les plus riches. Les petits restent petits, les grands deviennent encore plus grands. Et toi donc, Balty ? Toi qui était grand, toi qui est né vassal de l'Avarice, pourquoi peines-tu autant à corriger ta désastreuse trajectoire ?

Tuer ta Mère, ton Nom, et ton Domaine... Tu massacras en quelques mois des siècles d'ébauches minutieuses de l'autorité des Brixius. L'idée n'est pas de t'uriner mon amertume au visage : mais de souligner ton efficacité dans la destruction.

Fff... Pfendard...
Vous devriez pouvoir vous relever, Brixius. Comprenez que vous m'y avez forcé : sans cela, vous auriez bêtement compromis nos deux missions.

Car au-delà des très vagues notions de bien et de mal tout juste bonnes à séduire les marines, il existe deux types de personnes au monde : les créateurs et les destructeurs. Et si ta classe est évidente, celle de Mornepet m'a fort surprise. Je pense qu'il est un créateur. Qui tente de sculpter un monde rigide pour le faire ressembler à sa chimère nommée Justice ; et, hinhin, je peux sans prétention prévoir qu'il ne sera jamais satisfait des résultats qu'il obtiendra. Car c'est de là que vient l'aigreur des créateurs : c'est comme s'ils tentaient de façonner à mains nues un bloc de marbre immuable -on sait tous que c'est bien plus simple à pulvériser-.

Tu devrais peut-être cesser d'essayer de recréer ta fortune, Balty. Et plutôt tenter de détruire celle des autres.


M-Merci, M-Maman.
Euh...
Il entend le fantôme de sa mère.
Ah.
Tu es en sfursfis, félon ! Ne crois pas que j'omettrai des outrages le jour de ton jugement : je note TOUT !
Si vous le dites. Nous rencontrerons les drognars demain matin, de bonne heure. D'ici-là, nous nous appliquerons à sécuriser l'industrie pour ne pas avoir à subir plus d'incidents fâcheux.
Mon usine est une foutue passoire ! J'aurai autant bien pu remplacer mes gardes par un grand panneau lumineux qui décrète "journée portes ouvertes" à toute l'île que c'aurait été la même !
Il est vrai qu'elle souffre de quelques défaillances.
C'EST L'ENSEMBLE DE CE FIEF QUI EST ANÉMIQUE !
Ou, certes, comme l'ajoute mon avisé camarade, Hat Island en entier est un champ de ronces que je me fais un devoir de défricher.
  • https://www.onepiece-requiem.net/t11506-fiche-du-baron
  • https://www.onepiece-requiem.net/t11172-le-baron-balthazar-b-brixius-et-sa-maman

Le désert qui s'étend devant eux, le soleil qui plombe déjà en cette matinée, CE qui reluit sous les dardant feux de l'astre. Impassible, un nouveau chapeau de cowboy vissé sur le crâne, en compagnie de Nnara, Valérien et Brixius, Morneplume fixe l'étendue désertique. C'est de là, qu'elle lui a dit, c'est de là que d'abord il verrait une silhouette. Juste une silhouette, toute petite dans le creux immense et profond et plat du désert. Une silhouette qui aurait un chapeau. Une silhouette qui a un chapeau. Et il y aurait peut-être un peu de vent pour faire voleter la cape déchirée de cette silhouette, la faire voleter dans l'invisible titanesque et chaud de cette effroyable et vorace étendue qui les a presque avalée hier. Elle frémit, cette cape rapiécée et aussi sale que celle de Brixius. Oui. Elle est sale. Edwin peut le deviner. Elle lui a dit tout ça, Nnara, elle le lui a murmuré alors qu'ils étaient tous déjà prostrés aux abords de ce désert monstrueux. Comme tous debout sur la plage d'un océan de sable, avec l'écume du sable qui vient leur lécher les pieds. Ici, le silence est si fort qu'il gobe même les éternelles invectives du Baron. Ou bien est-il lui aussi hypnotisé par cette silhouette qui ondule sous la chaleur. Elle lui a dit toute ses choses sur le désert, sur les Drognars, Nnara. Lui il écoutait, comme une statue inattentive mais toute ouïe quand même. Il sait que celui qui s'avance, là-bas, parmi le sable et les sables, il se nomme MacNessca, et qu'il est le chef de la tribu des Drognars. Et que derrière lui s'aligneront, s'alignent, une trentaine de ses meilleurs guerriers.

Deckard White s'est enfui. Impossible de le rattraper. Morneplume a passé l'usine au peigne fin, épluchant chaque couloir, chaque pièce, chaque passerelle, sans jamais trouver quoi que ce soit qui puisse indiquer la présence du Pistolero. Il a dû battre en retraite, probablement. Retourner à Bull Town pour avertir son patron du danger. Brixius s'est résolu à attendre la fin de l'opération avant de poser ses vicieuses pattes sur la carcasse de Drogton, Morneplume s'assurant de toujours garder un œil sur le vieux serviteur de Toreshky. Fait impressionnant ; Nnara a fait réparer son bras mécanique par quelques ingénieurs, lui redonnant une utilité pouvant être exploitée par Morneplume. Même les pires félons peuvent être mis en laisse et jetés en pâture aux ennemis de la Justice. Le pirate n'a pas acquis sa prime pour rien, il y a probablement sous ces strates gluantes d'alcoolisme et de mélancolie un farouche guerrier que Morneplume se verrait bien mettre à profit.

La silhouette s'approche, et derrière elle ses trente guerriers. Ses meilleurs. Elle s'approche, puis …cour ? Elle cour, soulevant un nuage de poussière à chaque lourde enjambée dans le désert. Elle cour et se rapproche de plus en plus, au poing que lorsqu'elle arrive enfin à leur niveau, les pupilles d'argent de Morneplume s'éclairent un instant en réalisant que la machine sifflante qui fond sur lui a un poing armé.



C'est l'histoire d'un homme qui voulait foncer dans la police. La police s'est écartée, et il a foncé dans le mur.

Il se décale, Morneplume, et laisse l'automate s'écraser dans la muraille de CE, juste derrière lui. Fracas.

Hm. MacNessca, je suppose.

Il le savait, ça aussi, puisque Nnara lui a dit, que l'antique création de Végapunk tenterait immanquablement de l'assassiner. Un intéressant programme poussant la créature à toujours s'en prendre à la plus grande menace, et donc à défendre les plus faibles. Elle le lui a aussi soufflé, comme un murmure dans le vent du désert, comme le vol d'un faucon à des centaines de mètres, que le robot ne connait comme forme de langage que l'humour. Et très certainement l'humour le plus basique et le plus accessible à la pénible, ignorante et barbare galerie peuplant cette île.

Ses trente guerriers s'amènent, tous vêtus légèrement : pagnes de peau et peintures de guerre, plumes et lances. L'étrange robot s'extirpe des gravats, se révélant dans toute sa métallique splendeur, les yeux brillants d'un automatisme inhumain. De tous, il est probablement le plus proche, physiquement, de Morneplume.

Gardons notre calme, tout le monde… Gardons. Notre. Calme. tente Morneplume. Mais à peine s'est-il tourné vers les guerriers pour les pousser à abaisser leurs lances que déjà, dans son dos, le sifflement de deux tuyaux fusant des poignets de MacNessca le surprend.

Brixius ! À couvert !
Par le…!

Déjà Morneplume le jette au sol, au moment où les tuyaux crachent un déversement complet de flammes liquides dans un bruit de gargarisme creux et sonore. Les poils de sa barbe roussis, Morneplume se relève, à ses côtés un Baron aux yeux exorbités, pour jeter un regard à Nnara.

Nnara, faites-moi donc le plaisir de calmer cette machine possédée et l'obliger à ouvrir un dialogue pacifique avec moi… et mon compère…

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