Pseudonyme : Dr. Robot Age: Une vingtaine d'années Sexe : Homme Race : Humain (Cyborg) Métier : Médecin Groupe : Pirate But : Se rendre utile au maximum, être serviable à ceux désirant et méritant son aide. Profiter de la vie en général, sinon. Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : A voir plus tard, mais ce sera sans doute en rapport avec sa nature de cyborg. Équipement : Un exosquelette mécanique, lui recouvrant la quasi-totalité du corps. A voir pour ses capacités éventuelles. Codes du règlement : Parrain : / Ce compte est-il un DC ? : Non ! Si oui, quel @ l'a autorisé ? : ... |
Les opérations sont désormais terminées depuis trois jours. Le sujet ne semble pas présenter de risque de rejet. Il est plongé dans un coma artificiel, qui durera jusqu'à l'assimilation complète des dispositifs par l'organisme. Il est vital que ce délais soit respecté, auquel cas tout le processus serait à recommencer, et nous n'avons ni le temps ni les moyens pour ça. Le directeur du projet est moins tendu. Sans doute pense-t-il que tout ne peut que réussir, maintenant. Cependant, la prudence est de mise et chacun veille à manipuler le corps du sujet avec précaution, lorsqu'il s'agit de vérifications du bon déroulement des choses.
Comme je le disais, l'exosquelette s'est parfaitement ajusté sur le corps du sujet. Sa taille est de 1 mètre et 76 centimètres, maintenant. Selon nos calculs, le processus de croissance devrait être terminé. Aussi, l'exosquelette n'aura besoin d'aucune modifications à l'avenir afin de l'adapter à la physionomie du sujet. Sa musculature est faible, point qui devrait être compensé par les performances de l'exosquelette, ainsi que nous l'avons étudié en salle de simulation. De plus, la composition de l'exosquelette en acier trempé noir lui assure une résistance permettant de supporter des chocs atteignables avec 90% de sa capacité maximale. Une marge a été laissée, dans l'optique de réguler l'usage du sujet du dispositif. Le directeur du projet craignait que sa trop grande puissance ne devienne un danger, et a préféré s'assurer cette garantie.
Toutes les pièces de l'exosquelette ont été placées autour du corps du sujet avec succès. Cela comprend le torse, les jambes, les bras et les mains ainsi que le bas du cou et tout le dos. Seul le visage reste dégagé. Les yeux bioniques ont eux aussi été implantés correctement, et aucun rejet de greffe n'est à craindre pour l'instant. Si je peux me permettre cette note personnelle dans le rapport, ces yeux me font froid dans le dos. Ils sont semblables à ceux des chats, avec ces pupilles jaunes et ce globe noir. Mais après tout, quand on sait les performances qu'ils permettent d'accomplir, c'est sans doute un point très peu important.
Il s'est produit quelque chose d’inattendu après les opérations. Les cheveux du sujet se sont décolorés, prenant une teinte proche du blond. Nous ne savons pas précisément à quoi cela est dû, mais nous imaginons que c'est la conséquence d'une privation en lumière naturelle ou artificielle trop longue qui en est à l'origine. Le processus ne semble pas pouvoir s'inverser, contrairement à nos quelques tentatives. Ce manque en lumière aura-t-il d'autres conséquences ? C'est difficile à déterminer pour l'instant. Cependant, nous avons pris le soin d'exposer le corps du sujet à une grande quantité de photons, et ce à la fréquence de deux fois par jour, par séances de 30 minutes. De plus, la quantité de nutriments injectés dans le sang du sujet a également été augmentée, afin de préserver le bon état du corps en attendant d'être en mesure de réveiller le sujet. Egalement dans cette optique, nous activons régulièrement les membres du sujet. Nous voulons prévenir tout risque de dysfonctionnement de l'exosquelette, qui pourrait affecter la santé du sujet.
Fin du rapport.
Le sujet a été réveillé dans de bonnes conditions il y a trois jours de cela. Aucun problème particulier n'a été a déplorer pour l'instant, outre ceux que nous avions nous-même prévus. Comme nous l'avions envisagé, en effet, le sujet semble montrer des difficultés à se mouvoir librement avec l'exosquelette, en raison de son poids. Faudrait-il entraîner les corps des sujets à supporter des poids de cette ampleur ? Le sujet semble cependant s'adapter peu à peu à cette contrainte physique.
Dans l'optique de le soulager et d'éviter d'endommager ses membres avec de trop gros efforts, une pesée a été réalisée afin d'évaluer quelles solutions envisager. Le poids du sujet, qui plafonnait avant à 60 kilos a triplé. A résulté de la pesée une masse corporelle de 182 kilos. Les mécanismes de l'exosquelettes présentent également quelques difficultés à se mettre en place. Ceci faisait aussi partie de nos appréhensions, et nous ne craignons pour l'instant aucune complication. Il semble que les rouages et les engrenages aient besoin de temps et d'exercice pour fonctionner avec fluidité. L'ensemble des membres de l'expérience a constaté que les mouvements du sujet étaient très saccadés. Mais son réveil n'a eu lieu que très récemment encore, et ce problème devrait se résoudre très rapidement. Un programme d'exercices réguliers pour le sujet a d'ores et déjà été mis en place afin de faciliter son usage de l'exosquelette. Ce programme se constitue de trois séances d'exercices d'une heure chacune, et ce chaque jour. Le reste du temps du sujet est laissé libre. Afin de réguler ses apports en énergie, tous les nutriments essentiels au bon fonctionnement de l'exosquelette lui sont injectés directement dans les veines.
Nous avons constaté un changement d'ordre physiologique chez le sujet. Contre toute attente, l'exosquelette semble avoir un effet sur sa voix. Avant les opérations, elle était relativement claire. Désormais, elle est grave et rauque. Nous attribuons ce phénomène à une pression significative exercée par la partie de l'exosquelette située à la base du cou sur les cordes vocales du sujet. Aucune douleur de sa part n'a été manifestée, aussi nous ne prévoyons pas de remédier à ce changement.
Dernier point de ce rapport: le sujet a émis la requête de vêtements afin de cacher l'exosquelette. Il n'a pas développé cette envie, et nous n'y avons pour l'instant pas donné suite. Nous nous interrogeons toujours quant à ce qui l'aurait poussé à faire cette demande. Est-ce de la honte, ou du dégoût ? Nous penchons vers ces deux hypothèses, étant donné l'attitude qu'adopte le sujet lors de ses séances d'exercices. Il se montre très peu coopératif, et ne communique avec les scientifiques que par des paroles désagréables. Nous espérons qu'il n'en viendra pas à dégrader lui-même l'exosquelette, aussi nous avons pris la décision, avec l'aval du directeur de l'expérience, de le placer sous la surveillance constante d'escargophones-caméras.
Fin du rapport
"Personne ici ne comprend ce qui s'est passé. Vous pourrez interroger tous mes collègues, ils n'en sauront pas plus que moi quant à ce qui l'a poussé à agir ainsi. Nous avons tous été très surpris, ce qui explique en partie pourquoi nous n'avons pas pu réagir. Comprenez bien la situation, tout s'est passé extrêmement vite. Et puis, le suj ... Hal nous avait habitués à un comportement tout autre que celui dont il a fait preuve.
Avant son opération, il avait toujours été d'une nature très calme. Ce n'était pas un enfant particulièrement loquace, si vous voyez ce que je veux dire. Il ne cherchait pas la compagnie des autres, et par là j'entends notre compagnie. Hal n'a jamais connu d'autre enfant. Il a toujours passé le plus clair de son temps entouré de scientifiques et de machines. Je me dis aujourd'hui que nous avons peut être commis une erreur en le séparant ainsi de toute relation sociale. Mais nous avions nos raisons, et vous aussi. De toute façon, il ne sert à rien de revenir sur nos erreurs du passé.
Je me souviens de lui quand il était encore très jeune ... Nous avions remarqué avec l'équipe qu'il s'éloignait des jouets qu'on lui proposait, pour se diriger vers des livres. Ce comportement nous avait beaucoup étonné, alors. Mais, avec le temps, je pense avoir trouvé une explication à ce comportement trop atypique pour un garçon de son âge. On en revient au même point: la privation d'un environnement familier chez un enfant créé chez lui un comportement asocial. Nous avons sans vraiment le vouloir formaté son esprit à s'éloigner des autres, pour se rapprocher des objets, qui étaient son seul point d'accroche. C'est une erreur de débutant, que nous avons commise, et pourtant je ne pense pas qu'elle soit étrangère aux événements qui se sont produits aujourd'hui ...
Plus tard dans sa croissance, lorsqu'il avait à peu près une dizaine d'années, il a beaucoup cherché à se réfugier dans les livres. En-dehors des séances d'exercice et d'éducation que nous lui imposions, il lisait beaucoup. C'était sans doute une autre conséquence de son éloignement prématuré de la société. Cependant, il a commencé à parler avec l'équipe plus naturellement. Sa voix était calme et son ton légèrement froid, comme ils devaient le rester pour le restant de son séjour. Il a d'ailleurs commencé à peu près à la même époque à adopter un comportement assez distant envers nous. Je veux dire, il nous parlait, mais c'était sur un niveau supérieur à nous. Il n'était pas vraiment hautain, mais assez cassant. Il ne s'attardait jamais dans une discussion, et avait plutôt tendance à les écourter. Il est resté comme ça jusqu'à son opération.
Après celle-ci, son comportement envers nous changea du tout au tout. Il était au courant que c'est nous qui avions procédé à l'opération, mais avant de la subir, comme vous nous l'aviez demandé, il n'en savait rien. Sa réaction à son réveil a été très brutale. Nous avions décidé de le laisser attacher quelques instants, et de toute évidence nous avions fait le bon choix. Pendant une journée entière, il s'est débattu sur sa table d'opération. Mais le lendemain, à notre grande surprise, il s'était résigné et se plia sans conditions au programme que nous avions mis en place pour la suite du projet. Il ne parlait plus du tout avec nous, sinon pour nous sommer de ne pas le toucher, ou pour nous lancer des piques lorsque l'occasion se présentait. De toute évidence, il n'était pas heureux de ce qui lui arrivait, et quelques-uns d'entre nous commencèrent à sentir de la colère poindre dans chacun de ses gestes.
C'était un sentiment nouveau chez lui, et nous aurions dû nous en inquiéter. Nous étions trop pris par l'allégresse de la réussite de l'expérience, après vingt années de travail assidu sur lui, et avions oublié pour un temps qu'il possédait maintenant la puissance de l'exosquelette. Quelques exercices de pratique du dispositif avaient été mis en place, et nous avions fini par relâcher légèrement sa surveillance. Il était apparemment à l’affût de ce genre de moment, car c'est alors que s'est produit la catastrophe ...
-Vous avez été idiots, chacun d'entre vous.
-Ou alors il a tout simplement été plus malin que nous ... Vous savez, il a toujours présenté une intelligence et une ingéniosité rares. Je ne doute pas qu'il ait mis au point ce plan depuis un certain moment, déjà.
-Peu importe. C'était votre travail de mener à bien ce projet et vous avez échoué."
"Tout se déroule comme vous le souhaitiez, monsieur.
Parfait. Quand serons-nous prêts ?
-D'ici environ cinq minutes."
Les tubes de verre projetaient sur les murs de la petite salle des lueurs vertes mouvantes. Un léger bruit de bulles se faisait entendre, outre les frappes frénétiques des scientifiques rassemblés sur les claviers de leurs instruments. Trois tubes de deux mètres contenant un liquide verdâtre étaient alignés au fond de la salle. Devant eux s'étendait une rangée d'écrans et de claviers, autour desquels s'activaient les hommes en blouse. A part la lueur des fioles géantes, aucun éclairage n'était présent. Loin de l'agitation, un homme regardait la scène, jetant un oeil anxieux sur les trois tubes de verre. Il ne portait pas la blouse, mais un costume et une canne à pommeau dans sa main droite.
"Nous sommes prêts monsieur le directeur !"
L'homme qui se tenait à l'écart s'approcha du tube de verre central, qui contenait ... un nourrisson. Un enfant, tout juste de la taille d'un bébé venant de naître, flottait dans le liquide, comme en gestation. L'homme posa ses doigts sur la paroi de verre, murmurant d'une voix rauque:
"Il est temps de te réveiller, mon fils."
Un simple mouvement de tête suffit pour enjoindre son ordre aux scientifiques. L'un d'eux, le plus vieux, appuya sur un bouton rouge, ce qui provoqua aussitôt le déclenchement d'une alarme. La pièce était maintenant baignée d'une lumière rouge intense. La cuve de verre dans laquelle reposait l'enfant commença à se vider de son contenu. Le bébé tombait au même rythme que le liquide vers le fond du tube, jusqu'à ce qu'il ne rester plus que lui recroquevillé contre la paroi, pour l'instant immobile.
Les scientifiques s'activèrent, et bientôt le nourrisson fut sorti de la fiole géante.
"Pourquoi ne se réveille-t-il pas, s'enquit l'homme en costume ?
-C'est tout à fait normal, ne vous inquiétez pas. Le liquide de gestation nous permet de le conserver dans un état de sommeil encore quelques instants. Nous voulons d'abord nous assurer qu'il n'y a aucun problème."
Le groupe d'hommes en blouse allongea le corps de l'enfant sur une table d'examen et, stéthoscopes et lampes à la main, examinèrent le petit corps. Finalement, au bout de deux ou trois minutes, le cri strident et aigu si caractéristique aux nouveaux-nés se fit entendre, signe de la mise en marche des poumons.
Les scientifiques se saisirent de l'enfant, l'emmaillotèrent dans un ligne blanc, et le placèrent dans un caisson qu'ils refermèrent sur lui. Le seul contact de l'enfant avec le monde se faisait maintenant par un petit hublot de verre situé sur le dessus du caisson, de façon à ce que l'on puisse voir le visage du bébé.
"Que se passe-t-il maintenant ?
-Nous allons le maintenir dans le caisson pour l'instant. Il lui permettra de terminer les connexions nerveuses plus rapidement, et de s'adapter à l'environnement en douceur. Après ça, nous le transporterons dans la laboratoire n°1.
-Très bien. Je n'ai plus rien à faire ici, dans ce cas. Je m'en remets à vous tous pour assurer le bon déroulement de ce projet. Professeur, nous nous revoyons dans un an.
-Tout à fait monsieur."
Sur ces mots, l'homme quitta la pièce, laissant derrière lui cet enfant à la naissance si étrange ...
Hal jetait un oeil distrait sur le livre posé devant lui. Les seules images qu'il y voyait ne l'intéressaient pas. Mais il ne pouvait pas se résoudre à lâcher l'ouvrage. Il savait que, derrière le miroir teinté placé sur un mur de sa chambre, les hommes en blouse blanche le voyaient, assis sur son lit, en train de "lire". Il n'était pas gêné outre mesure par cette situation. Il la vivait depuis aussi loin qu'il puisse se souvenir. Il était mis au courant du temps qui passait, et il avait évalué qu'il vivait dans cette chambre terne et tristement sobre depuis maintenant vingt ans. En résumé, toute sa vie il l'avait passée dans cette chambrette à faire semblant d'être observé par les hommes en blouse blanche.
Il n'avait aucun souvenir de quelque chose qui se soit passé hors de cette pièce, excepté les entraînements et les examens quotidiens, subis dans d'autres endroits tout aussi sordides. Mais étonnamment, aujourd'hui, il n'y avait pas eu d'entraînement ou d'examen. Hal se méfiait. Il était sur ses gardes. Ce manque ne s'était jamais produit, et il ne pouvait présager que de mauvaises choses. Soit quelque chose était arrivé aux hommes en blouse blanche, soit quelques chose allait lui arriver à lui. Il se mordit l'intérieur de la joue à cette pensée. Qu'est-ce qui pourrait être pire que ce qui lui arrivait déjà ? Il avait toujours vécu en captivité, avec pour seul regard sur le monde extérieur celui que lui donnaient les livres. Il se plaisait quelques fois à s'imaginer libre, comme ces hommes qu'on appelle "pirates". Voyager sur les mers sans autre soucis que sa survie, c'était une vie infiniment plus enviable que la sienne, à l'heure actuelle.
Hal posa son livre et se coucha sur son lit, fermant les yeux. Il n'allait pas dormir, juste attendre. Il guettait le moindre bruit, étendu sur sa couche, cherchant le moment où les hommes en blouse blanche allaient s'introduire dans sa chambre. Il entendait chaque mouvement d'aiguille de l'horloge accrochée au mur en face de lui, chaque tournoiement de rouage. Et pourtant, personne ne vint. Aucun son étranger ne se fit entendre. Aucun pas claquant contre le sol carrelé des laboratoires. Cependant, Hal commençait à sentir une odeur étrange. C'était un parfum qui lui était tout à fait inconnu. Une senteur douce, délicate, très agréable. Le genre d'odeur qui s'insinue dans les narines, et évapore tout soucis. Quelques instants plus tard, le jeune homme tombait dans l'inconscience la plus totale.
La porte de la chambre coulissa sur le côté, et trois hommes portant des masques entrèrent dans la pièce. Le premier avait les mains vides, mais les deux autres transportaient une civière. Ils firent rouler Hal dessus, et le portèrent hors de la chambre.
Si le jeune homme avait su, avant de respirer les senteurs soporifiques et envoûtantes injectées par les scientifiques, ce qu'il serait à son réveil, il aurait sans doute pris de plus amples précautions. Si il n'avait eu ne serait-ce que la moindre idée du bouleversement qui allait se produire dans sa vie, à la suite de cette perte de conscience, il aurait peut être même décidé de se tuer, par n'importe quel moyen.
Les scientifiques portèrent la civière jusqu'à une salle baignée d'une lumière éclatante. Au centre, une table d'opération, sur laquelle le corps fut déposé. Posées sur une table à côté, des pièces d'armure, à première vue, attendaient qu'on fasse d'elles le triste usage qui leur était réservé. Trois autres scientifiques étaient réunis autour de la table d'opération. Le plus vieux d'entre eux s'éclaircit la gorge, et dit d'une voix tremblotante:
"Messieurs, mesdames, nous rentrons dans la phase finale de ce projet. Nous ne devons pas échouer maintenant, vous ne connaissez que trop bien les conséquences qui en résulteraient. Si tout le monde est prêt, alors au travail."
Hal était allongé sur le lit qui lui était maintenant si familier, les yeux fermés. Et pourtant, il ne connaissait plus en rien sa texture ou ses formes. L'armure qui lui recouvrait maintenant le corps bloquait tout contact direct entre sa peau et les draps. Il ne sentait rien, pas même le froid de l'acier. Il ne savait pas comment, mais les scientifiques avaient réussi à faire fusionner, en quelque sorte, son épiderme avec l'armure qu'ils appelaient "exosquelette". C'était une sensation plus horrible que tout. Il avait l'impression d'avoir complètement abandonné la sensation de toucher, voir même de douleur. Il avait essayé, à plusieurs reprises, de se faire mal volontairement. Mais il n'avait en rien réussi son entreprise, malgré ses nombreuses tentatives.
Même ses yeux ne lui appartenaient plus. Il s'était vu, un matin, dans le miroir qui s'étendait le long du mur de sa chambre. Il n'avait d'abord pas compris. Mais très vite, cette incompréhension avait fait place à la panique. Il avait fermé les yeux, et frappé violemment le miroir de son poing droit. Là aussi, il s'attendait à trouver la souffrance, mais il n'entendit que le bruit du verre brisé éclater en de plus petits morceaux encore sur le carrelage. Il s'était alors laissé tomber par terre, la tête entre ses mains mécaniques, tremblant violemment. Il ne se reconnaissait plus. Tout lui était étranger auparavant. Il ne connaissait rien. Mais les scientifiques avaient réussi à faire de sa condition quelque chose de pire encore. Il ne se connaissait même plus lui-même.
Au terme de séances en présence des scientifiques, qu'il méprisait maintenant plus que tout, et auxquels il refusait d'adresser la parole, il avait appris à se servir de l'exosquelette. Il avait appris ses capacités, ses caractéristiques. Il en était venu à la conclusion qu'il était maintenant un surhomme, ni plus ni moins.
Ce soir-là, allongé sur son lit, Hal avait pris sa décision. Il savait comment mettre fin à ce calvaire, et comptait mettre au point son plan dès le lendemain.
Une nuit de sommeil passée, le jeune homme fut comme toujours réveillé par le son strident de l'horloge. Cependant, cette fois-ci, il avait pris le soin d'avancer l'heure de son réveil. Il resta immobile, comme si rien ne s'était passé, comme si il dormait toujours. Il attendait quelque chose, un événement quotidien, qui serait la première étape de son évasion.
Lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit, en coulissant, il sentit son coeur accélérer. Il ne fallait pas qu'il cède à la panique maintenant, ce n'était absolument pas le moment de se laisser emporter par ses émotions. Il ferma les yeux aussi fort qu'il le pouvait, et attendit. Lorsqu'il sentit la présence d'un des scientifiques penché sur lui, il réagit au quart de tour. D'un geste plus vif que l'éclair, il saisit le visiteur à la gorge et l'envoya à l'autre bout de la pièce. Sa prise ne se débattit pas un instant au sol, sans doute déjà inconsciente. Sans attendre, Hal sortit de la pièce en courant.
C'était maintenant que les choses se compliquaient. Il ne savait pas quel chemin suivre pour sortir du bâtiment qui le retenait prisonnier. Il décida de prendre à droite, et courut à travers le long couloir. Ses pieds mécanisés faisaient un bruit d'enfer sur le sol, qui ne manquerait pas d'attirer l'attention des scientifiques. Mais peu importait au jeune homme. Il s'en débarrasserait aussi facilement qu'il l'avait fait avec le premier. D'ailleurs, trois hommes en blouse déboulèrent devant lui. Il ne s'arrêta même pas. Il en saisit un à la gorge d'un coup du tranchant de la main, l'étouffant instantanément. Un coup de pied suffit à propulser le deuxième sur le troisième. C'était un instinct presque bestial qui guidait ses coups, maintenant, et lorsque tous ses ennemis furent à terre, il entendit le signal trident d'une alarme. Il se doutait qu'il ne devait pas s'attarder dans le coin, et repris sa course à travers les couloirs.
Au détour d'un virage, il aperçut une porte scélée par un verrou. Convaincu qu'il s'agissait de l'ultime sortie, il s'y précipita. Deux scientifiques, armés de fusils, lui barrèrent la route. Il s'arrêta par réflexe devant les armes des deux hommes. Cependant, lorsqu'ils tirèrent, les projectiles ne firent qu'éclater contre le torse d'acier du jeune homme. Celui-ci, comme dans un réflexe, plaça sa main devant lui. Il ce comprit pas vraiment ce qui s'était passé par la suite. Il se souvint simplement d'avoir laissé les deux hommes à terre, d'avoir ouvert la porte et ...
Le monde s'étendait devant lui. Le ciel, plus bleu que ce qu'il avait imaginé, couvrait toute la surface au-dessus de la terre. Celle-ci était verte, couverte d'herbe longue et fine. Hal prit un instant pour humer l'air pur de ces lieux. Puis, il jeta un coup d'oeil sur les environs. Il n'y avait pas l'ombre d'un bâtiment. Un regard en arrière lui indiqua que les laboratoires dans lesquels il avait vécu enfermé pendant vingt ans était souterrains. La sortie qu'il avait empruntée débouchait sur le flanc d'une colline couverte de fleurs multicolores. Devant lui s'étendait la mer, aussi bleue que le ciel. Un petit embarcadère se trouvait sur la mince plage de sable blanc qui séparait l'océan du plancher des vaches. Sans attendre et sans la moindre hésitation, Hal rejoignit le ponton. Il n'y avait que des barques à sa disposition, mais il se dit qu'elles feraient parfaitement l'affaire, le temps qu'il rejoigne une île. Il n'avait aucune connaissance en géographie, ou en navigation, mais il avait l'intime conviction que cette aventure à venir ne pouvait que le mener vers des terres meilleures.
D'une main ferme il empoigna les rames, et commença à pagayer de toute la force de son exosquelette. Il s'éloignait de son enfer, et se dirigeait vers l'inconnu. Il devenait un de ces héros des mers dont il avait tant rêvé par le passé. Il pouvait choisir le chemin que prendrait sa vie, cette fois, et il choisissait de devenir un pirate.
L'air aussi impassible que toujours, et pourtant empli de l'excitation du pirate, Hal Lister contemplait l'île sur laquelle il ne tarderait pas à débarquer. Seul au milieu des flots, isolé de toute autre terre, c'était un atoll montagneux qui faisait face au néophyte, avec, en son sein, une petite île protégée des courants. Une véritable barrière rocheuse bloquait le passage à quiconque souhaitait prendre la perle précieuse que représentait l'île solitaire, dans son écrin de montagnes. Une entrée seulement existait, et par chance Hal se dirigeait droit dessus. Ce portail de roc était plus imposant que tout ce qu'il avait jamais pu voir, et il resta admiratif et respectueux devant l'oeuvre de la nature alors que sa barque dérivait lentement entre les silencieux gardiens des lieux. Il n'avait jamais eu l'occasion d'observer véritablement la nature et tout ce qui s'y rattachait, et cette première vision remplissait ses yeux de merveilles plus grandes encore que ce qu'il avait pu imaginer.
Cependant, détourner sa vigilance représentait une erreur fatale. En effet, le jeune homme sembla oublier un instant qu'il se trouvait sur une barque de bois simple, et que ses capacités de navigation étaient très réduites. Sans qu'il ait pu réagir, son embarcation fut prise dans un courant violent, qui commença à l'emporter à une vitesse folle vers l'île centrale de l'atoll. Repoussé dans le fond de la barque, Hal ne put rien faire, et ne se rendit même pas tout à fait compte de la situation. Il ne pouvait que sentir les vents fouetter son visage alors que le soleil déclinait à l'horizon. Finalement, il entendit un déchirant craquement de bois, sentit une douleur aiguë au niveau du crâne, avant de perdre connaissance.
Lorsque ses yeux s'ouvrirent de nouveau, il était étendu face contre terre sur une plage de sable blanc. Il toussa bruyamment, crachant une volée de petits grains qui s'étaient introduits dans sa bouche, lui laissant un goût salé et désagréable en mémoire. Le jeune homme n'avait pas vraiment de souvenir de ce qui s'était produit, mais croyait se remémorer avoir été blessé. Il porta instinctivement sa main métallique au niveau de son front, et sentit aussitôt une douleur intense traverser son crâne de part en part. Le sang commençait à goûter sur le sable, le tâchant de sa couleur vermillon. La nécessité première était de trouver un médecin, c'était une évidence qu'il était impossible de contourner. Même si ses propres connaissances auraient normalement put sortir quelqu'un de cet état, Hal n'était pas en mesure de s'administrer quelque soin que ce soit. Cependant, il ignorait complètement si un peuple vivait sur cet îlot, et encore plus si il était en mesure de le soulager. Le jeune homme désespéré pria intérieurement pour que quelqu'un se présente à lui.
Un bruissement se fit entendre, comme répondant à la requête de Hal. Il leva la tête autant que son état le lui permettait, et aperçut une silhouette de la taille d'un homme. C'était un fier gaillard qui se présentait à lui. Musclé, de haute stature, et le torse bombé, tenant dans sa main droite une torche flamboyante. Il était habillé d'une tunique ample, sans manche, qui tombait jusqu'à ses genoux. Hal gémit d'une voix rauque un appel à l'aide incompréhensible, qui n'atteint pas le nouveau venu. Celui-ci ne resta cependant pas immobile, et cria d'une voix forte et puissante:
"Je l'ai trouvé !"
Il vint s'agenouiller auprès de Hal, et sembla l'examiner en détail. Le jeune homme ne protesta pas, et s'abandonner aux soins de ce mystérieux inconnu. Quelques secondes plus tard, d'autres pas se firent entendre et trois nouveaux hommes, de la même carrure que le premier, se portèrent à la vue de Hal. Cependant, la douleur se faisait trop importante pour le jeune homme, et il se laissa de nouveau plonger dans les limbes de l'inconscience, au milieu des murmures des hommes.
Lorsque ses yeux se rouvrirent une fois de plus, Hal sentit la lumière du jour et cligna des paupières. Au-dessus de lui, il vit un plafond de cèdre parfaitement sculpté. Il fronça les sourcils, légèrement déconcerté. Ce genre d'artisanat lui était alors inconnu. Il se releva, faisant glisser la couverture blanche étendue sur lui. Il constata alors qu'il était dans un petit pavillon, ouvert de tous côtés sur la nature environnante. Une odeur de pins vint lui chatouiller les narines. Lui tournant le dos, un vieil homme était agenouillé sur le plancher du pavillon.
Lorsqu'il entendit le bruissement de la couverture, il se retourna, et sourit gentiment à Hal. Il était grand, trapu, et étonnamment bien bâti pour son âge avancé. Lorsqu'il s'adressa au jeune homme, ce fut d'une voix grave et pleine d'assurance:
"Bonjour mon garçon. Sais-tu ce qui t'es arrivé la nuit dernière ?
-Pas du tout. Où suis-je ? Et qui êtes-vous ?
-L'endroit où tu te trouves est l'atoll sacré de Kora. Il est habité par les moines de Kora, dont je fais partie. Mon nom est Kenji. La nuit dernière, ta barque s'est échoué sur la plage. Les moines de garde l'ont entendue, et sont partis à ta recherche. Lorsqu'ils t'ont trouvé, tu étais gravement blessé à la tête. Ils t'ont donc ramené ici, au sanctuaire, et je me suis occupé de te soigner. Tu as dormi pendant une journée entière."
Hal toucha son front, et sentit en effet un épais tampon de coton apposé contre sa tempe. Ces hommes l'avaient donc soigné et avaient pris soin de lui. Mais pourquoi ? Ils ne le connaissaient pas, alors qu'est-ce qui les poussait à le secourir ainsi ?
"Pourquoi avoir fait ça pour moi ? Vous ne me devez rien. Pourquoi ne pas m'avoir laissé mourir ?"
Le moine fronça les sourcils et resta muet quelques instants devant la question du jeune homme.
"Parce que nous sommes humains, voyons.
-Mais rien ne vous obligeait à me secourir.
-Au contraire, tout nous obligeait à le faire. Notre nature d'humain nous pousse à te secourir, comme nous l'aurions fait avec n'importe qui. Criminel ou innocent, nous aurions sauvé quiconque se serait présenté à nous cette nuit-là.
-J'ai connu des hommes très différents de vous. Pour eux la générosité semblait s'arrêter à ses plus proches limites. Est-ce que tout le monde est comme ça ?
-Ecoute-moi bien, mon garçon. Je ne sais pas quelles personnes tu as connues, mais elles ne devaient pas êtres humaines. L'Homme est une créature de la nature, et comme chacune d'elles, elle doit sa survie à l'entraide. Les animaux, les arbres, les insectes, tous vivent dans une harmonie car ils savent se soutenir les uns les autres lorsque le moment vient. Ceux qui ne respectent pas cette règle ne doivent leur dénomination d'humain qu'à leur espèce animale. Et même si nous les abhorrons, il est de notre devoir de les secourir car nous sommes humains."
Hal resta muet devant les paroles du vieil homme. C'était une vérité tellement loin de ce qu'il avait connu qu'il avait du mal à la croire. Etait-ce donc ainsi, le monde extérieur ? Le monde regorgeait-il de personnes aussi irradiantes de pureté que ce vieux moine ? Si c'était le cas, c'était la promesse de bien des découvertes pour le jeune homme, et il en était conscient.
"J'ai à mon tour une question à te poser, mon garçon. Lorsque nous t'avons soigné, mes camarades et moi-mêmes avons remarqué cette armure que tu portes. Nous ne connaissons pas ce matériau. Eclaire-moi sur sa nature.
-C'est un acier particulier. Il a été créé dans l'optique d'offrir les meilleures performances pour combattre. Ôter des vies est la fonction première de cette ... chose.
-Pourquoi t'affliges-tu de son poids, dans ce cas ?
-Je n'ai pas le choix. C'est le souvenir que m'ont laissé les hommes dont je vous ai parlé. Leur marque indélébile."
Le vieux moine considéra Hal d'un oeil alors plus bienveillant que ce que le jeune homme avait jamais pu voir. Tous deux restèrent muets, se considérant chacun avec le même respect presque tangible.
Hal resta deux jours en compagnie des moines, et appris un peu plus sur leur compte. Ils vénéraient les esprits de la nature, et les respectaient plus que tout. Leur religion était fondée sur la bienveillance et la générosité, et Hal en bénéficia tout au long de son séjour. Ces croyances s'accompagnaient d'un mode de vie frugal, dans des habitations modestes mais offrant tout le confort nécessaire. Vivre aux côtés des moines apprit également à Hal à s'acclimater au contact des hommes, puisqu'il n'avait alors pas connu de véritable humain, comme il pouvait maintenant en juger. Et ce sentiment de proximité avec des gens de son espèce lui fit le plus grand bien.
Cependant, l'appel de la mer fut plus important que son instinct sédentaire, et le moment de son départ arriva bientôt. Les moines lui firent cadeau d'une nouvelle barque, pour remplacer celle brisée qu'il avait utilisée jusque là, et lui fournirent assez de vivres pour atteindre une plus grande île qui saurait le ravitailler de nouveau.
Sur la plage, tous les moines, au nombre de dix, s'étaient rassemblés pour les adieux. Hal ne ressentait aucune tristesse à les quitter, et il savait qu'il en était de même pour eux. Les enseignements qu'il avait reçus suffisaient à lui procurer de la joie. Quitter les moines ne signifiait que revenir les rencontrer dans un futur lointain. Chacun d'eux prit le jeune homme dans ses bras, et lui embrassa la joue. Hal se sentait légèrement coupable de n'avoir rien à leur offrir alors qu'ils avaient fait tant pour lui. Les moines l'avaient réconforté en lui disant que sa seule présence suffisait à leur bonheur, eux qui ne voyaient pas souvent des étrangers. Mais, au moment de prendre le large, Hal se sentit obligé de leur adresser un dernier remerciement:
"Ne changez rien. Vous êtes les dignes héritiers de vos traditions."
Il savait que c'était la meilleure chose qu'il pouvait leur dire, lui qui ne connaissait pas grand chose aux mots. Ceci fait, il poussa sa barque dans l'eau, et sauta dedans. Il ne se retourna pas, n'agita pas de mouchoir blanc. C'était superflu. Les courants s'étaient calmés, et il passa de nouveau sous l'arche de pierre, la tête pleine de nouvelles ambitions. Le monde venait de lui ouvrir ses portes, il ne lui restait plus qu'à dénicher ses trésors.
Prénom : Martin !
Age : 15 ans relativement frais
Aime : Doctor Who !
N'aime pas : Les kiwis.
Personnage préféré de One Piece : BROOK ! Et Franky. Et Apoo. Et Law. Et Chopper est mignon. Et Kizaru a la classe.
Caractère : A vous de voire °°
Fait du RP depuis : 3 ans ? Un truc comme ça.
Disponibilité approximative : Pas énormément dispo, disons les WE et les mercredis après-midi. Je compte pas faire un perso hyper important, ni avoir une activité fulgurante.
Comment avez-vous connu le forum ? Bah j'y étais avant, et j'y étais plus, et j'y suis revenu. Vwélé.
Quand vous estimez avoir terminé vos descriptions et votre biographie, signalez-le par un nouveau message et demandez votre test RP. Pour plus de lisibilité vous pouvez aussi l'indiquer dans le sous-titre de votre présentation par la mention [En attente de Test RP]. Plus ce sera visible, moins vous avez de chance que les modérateurs ne vous loupent (ce qui n’arrive pas très souvent).
Dernière édition par Hal Lister le Dim 7 Juin 2015 - 19:14, édité 15 fois