J'ai vécu des tas d'aventures et jamais, je n'ai été coincé dans une grotte à cause de la marée haute. Le simple flux d'eau m'a poussé à me retrancher vers des poches d'airs en attendant que ce foutu log se recharge. A côté de moi se trouve la carcasse d'une taupe géante. Elle m'a attaqué, il y a peu de temps et j'ai du riposter en la tranchant avec mon katana. Je suis en train de penser que j'aurais mieux fait de rester sur la lépreuse avec les autres ou de suivre le groupe parti avec Shoma, mais au lieu de tout ça, j'ai fait mon aventurier et je me suis cassé en solo. Maintenant, je suis paumé et je retrouve pas le chemin... Surtout que je suis bloqué, je peux pas vraiment bougé.
Empruntant un chemin aléatoire, aller à gauche, ensuite à droite, finalement je retourne sur mes pas. Il faut attendre que la mer baisse de volume. J'ai voulu échapper à moi-même en empruntant la voie de mes démons. Trop curieux, j'ai emprunté la plus mauvaise direction. A l'ouest, direction Longring qui s'avère être l'enfer pour mon âme qui brûle et qui pleure.
Je pleure des larmes invisibles, elles ne sont ni salées, ni sucrées. Je me nettoie et je ne veux pas qu'on pense que je suis blessé. S'écarter, s'enfuir, s'échapper pour se combattre soi-même. C'est une volonté, une histoire d'un soldat anonyme au cœur allégé par la vérité. Et je n'ai peur de personne à part moi et mon unique. Peur de devoir répondre que je n'ai pas pu être moi et aider les autres à être eux. J'ai perdu la raison en négligeant les paroles de ma mère. Révolutionnaire qui se bat pour la liberté de l'amour.
La haine a eu raison de moi. Heureusement que l'envie et la jalousie ne coule pas dans mes veines. Je ne peux pas faire de vrai mal alors à quoi bon s'obstiner à se mentir maintenant ?
Soudain, un bruit assourdissant qui vient d'en haut et quand je regarde, je vois la terre qui se dérobe peu à peu... Et là, deux grosses griffes, puis apparaît le museau d'une bête que j'ai connu par le passé... En revoilà une... Encore cette taupe géante ! Dès lors, je sors mon arme et je saigne la bête pour finalement emprunter le chemin qu'elle a conçue.
Dur de s'avouer vaincu face à cette dédale impressionnante presque sans fin. Une galerie dont on ne peut se soustraire aussi facilement. Me fallait une idée et j'ai pu fendre l'air pour atteindre l'île. Des attaques répétées qui m'ont permis de m'échapper et de voir le premier rayon de lumière. Mais au bout du tunnel se trouve deux personnes qui n'ont pas l'air de vouloir que ça se passe...
Une place à l'ombre
Je me souviens d'un temps où la simple idée de me battre me faisait peur. Tenir un sabre était une épreuve forte en émotion. Les larmes venaient à moi quand ma mère m'annonçait qu'il fallait que je devienne fort et que c'était l'heure de l'entraînement. J'avalais mon verre de lait, m'enfilais deux cookies et gambadait jusqu'à la plage. Je me rappelle de ce jour où je suis devenu pirate, la première fois que j'ai quitté Inu Town définitivement avant d'y revenir deux ans plus tard. Je me remémore les fois où j'étais gamin. A m'asseoir sur un banc cinq minute avec elle, lui parler du bon temps qui est mort ou qui reviendra en serrant dans ma main ses petits doigts. Entendre son rire qui lézarde les murs et qui sait surtout guérir mes blessures... S'arrêter et repartir en arrière, là fois où je voulais devenir marine ou plutôt un héros pour protéger les gens que j'aime.
J'aime la vie parce qu'elle est éphémère et précieuse. Je me suis forgé comme ses mains à partir de mes nombreux combats, mes victoires et mes défaites... Je ne perds jamais le nord quand il s'agit de manœuvrer dans l'ombre une partie qui se ramène à l'improviste. Ces deux péquenot sont aussi faible que Lloyd Barrel et pourtant ils arrivent à me surprendre.
Muchimitsu !!
Une sorte de balle d'eau tiré à la vitesse d'un éclair... Perforant les parois et mon corps défait.
Gyojin Karate Ougi !!!
Et la puissance de cette attaque projette un coup rempli d'eau... Mon pouvoir se dérègle. Je crache une gerbe de sang et montre à mes adversaires, un visage dont ils se souviendront toutes leur putain de vie si je ne leur arrache pas leur souffle dans cette prochaine vague... Je sors mon katana noir et m'avance à toute vitesse jusqu'à les dépasser et sortir du trou béant. HANATAO SANCHO
Je fredonne un air de Nara. L'homme n'est plus que poussière et le poisson plus que grillade ! YAHAZU GIRI ! Je remets mon sabre dans son fourreau dans un geste simple et élégant. Je pose ma main métallique sur ma plaie et déchire du tissu provenant de mon pantalon pour panser ma blessure.
Les autres sont déjà parti sans moi. Ils m'ont oublié et ne compte pas revenir aussitôt. Légèrement dans les vapes, je me repose à l'air libre... Je regarde les étoiles, je les compte pour m'endormir et attendre l'aube avant de repartir d'ici. Soudain, je suis réveillé par un tintamarre pas possible que quelques hommes poissons font... Ils viennent vers moi pacifiquement.
- Et toi ! L'humain ! C'est toi qui a blessé nos deux amis ?
- ...
- Tu vas nous le payer !!
Pacifiquement, mais un peu d'une manière brutale... Lorsqu'ils sont tout prêt, ils ressentent une première vague qui leur fait voir le passé trouble de ces hommes poissons et la deuxième déferlante plus puissante... Ils ne voient plus qu'une lumière blanche et à peine ont-ils pu lâcher un autre mot, ils se sont tous évanouis.
Quelques instants plus tard, le premier rayon de soleil se livre à nos mirettes. J'allume un feu pour préparer un peu de café quand l'un d'eux encore effrayé se réveille en bousculant les autres. Du calme, je suis un pirate. Et non pas un assassin du gouvernement en quête de sang poiscaille pour vous chasser de notre mer patrie.
- Tu veux un peu de café ? J'ai plus de chocolat...
Du chocolat, du café, ils n'avaient jamais entendu parler de ça... Une première approche méfiante et va porter l’élixir sur ses lèvres pour en avaler deux gorgées. Exquis... Sache que les deux autres m'ont attaqué en premier et je n'ai fait que me défendre. Je lui montre alors ma blessure et compatissant il répond que c'est leur job de s'attaquer aux arrivants... Bien que je comprenne, je trouve cela fou de s'en prendre à n'importe qui. Là vous êtes tombés sur plus fort que vous... Oui, mais les techniques des hommes poissons sont redoutables et imparables.
- Alors apprend-moi...
Il se met à rire à gorge déployé avant de tousser et cracher ses poumons pour ensuite sortir un paquet de clopes de sa poche et m'en propose une. Chacun notre tour, nous allumons notre cigarette et entre quelques bouffées, nous discutons et quelque chose d'improbable se passe. Une amitié naît entre un humain et un homme-poisson.
- Moi, c'est Avrel, j'ai grandis sur l'île des hommes poissons jusqu'à mes 18 ans où j'ai voulu en apprendre plus sur le monde et j'ai constitué un équipage avec mon frère Joe.
- Je pourrais t'apprendre à voler contre une de tes fameuses techniques...
- Essaie ça... Water Heart Murasame !
D'un geste ultra technique, beaucoup plus complexe que mon art martial du dragon... Je le vois lâcher un serpent d'eau de mer dans le vide... Il faut trouver son animal et laisser le vide pénétrer son esprit pour que cela puisse se réaliser... ça demande pas grand chose qu'un zeste d'humilité et 3cl de passion, puis 2cl de volonté et t'es parti pour faire un cocktail totalement unique. Chacun notre tour, nous nous essayons à la maîtrise de la technique de l'autre pendant que le reste admire nos prestations qui sont sans équivoque pas très juste et arrive le moment où j'arrive à former un dragon d'eau qui va pulvériser le serpent d'Avrel, ce dernier s'élance dans un geppou mémorable...
Dans un commun accord assez hasardeux, nous éclatons d'un rire avant de se serrer la main et de nous dire Au revoir... Nous nous reverrons sur l'île des Hommes poissons !