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S.O.S. Docks fantômes



[Précédemment : Courage, fuyons !]



Ce matin, l’air est empreint d’une douce odeur iodée, plus forte qu’à son habitude. Ah, le fumet de la mer, il n’y a que ça de vraiment captivant sur cette terre. Ça, et le contact frais de l’eau qui ruisselle contre la peau verdâtre de la tortue. Comme chaque matin depuis trois semaines, Alrahyr est affalé, à moitié évanoui, dans une sorte de grosse passoire en bois, attachée au château arrière du Reconquista et flottant entre deux eaux. C’est son petit bonheur. Les aléas de la volonté d’une tortue de mer, qui malheureusement trouve sa joie dans un plaisir qui lui cause une perte quasi-totale de ses forces.

Lui, le Capitaine de ce navire, leader d’un groupe de révolutionnaire, guide spirituel d’une troupe de ninjas, se retrouve à comater comme une larve dans son petit bain improvisé d’eau salée. Si vous cherchiez où pouvait bien se trouver la limite entre l’étonnant et le pathétique, vous l’avez sous les yeux.

Trois semaines de mer, c’est long. C’est chiant. Et ça sera bien de ne pas en rajouter une de plus. Mais voilà, traverser tout Grand Line dans sa largeur, c’est pas un petit voyage. Départ, Drum, arrivée, Royaume de Doscar.

Pourquoi ? C’est simple : nouvelle mission, nouvel endroit.

Il y a trois semaines, Clotho et ses hommes faisaient encore partie de l’équipage, et tous avaient débarqué à Drum. Plusieurs choses les poussaient à aller de l’avant : leur mission, consistant à rattraper un équipage pirate que la marine n’avait pas pris en charge mais qu’il fallait arrêter, pour protéger les populations d’une part, et d’autre part un contre-amiral et sa flotte qui arrivaient par derrière à fond de train pour les détruire.

Mais voilà qu’arrivés sur Drum, ils se sont fait interpelés par l’une des cellules révolutionnaires du coin. La mission de poursuite des pirates ? Plus d’actualité, ils se sont fait arrêtés plus loin par la Marine. Pas si inutile cette armée. Du coup, il a été demandé à Clotho et ses hommes de rester sur l’île pour s’occuper de certaines choses, Alrahyr n’a pas trop bien compris de quoi… Mais ça n’était pas cette partie qui l’intéressait.

En effet, voici ce qu’on lui a proposé – ou plutôt forcé à accepter – comme mission. Loin de Drum, sur la cinquième voie de Grand Line, il y a une île particulière, un Royaume désireux de conserver son indépendance vis-à-vis du Gouvernement Mondial, un Royaume fortifié, muni de gigantesques murailles, armé d’effroyables canons, dirigés vers la mer et capables de détruire en un clin d’œil n’importe quelle flotte militaire. En bref, un Rempart d’Acier. Mais ce Royaume, dans toute sa puissance et sa splendeur, a une faiblesse : n’ayant aucune terre cultivable, il ne peut que compter sur l’importation de nourriture pour parvenir à subsister. Et comme la majeure partie du monde est sous l’influence du Gouvernement Mondial, ce Royaume ne peut pas commercer sans l’accord de cette Toute-Puissance.

Et pour avoir cet accord, il faut des relations diplomatiques. Et une ambassade. Et donc, des potentiels agents du Gouvernement qui ont accès à l’île. Et c’est là que tout se corse.

Ce Royaume, c’est le Royaume Doscar. Et à Doscar, les rôles sont inversés. Les agents du Gouvernement sont infiltrés et tentent de jouer des coups bas au Royaume pour menacer la légitimité de la famille Royale, tandis que les révolutionnaires s’épuisent dans une chasse à l’homme, une traque visant à débusquer les agents problématiques. C’est le monde à l’envers.

Selon Adam Lame, c’est tout à fait normal. Quand la révolution est proche d’un royaume indépendant du Gouvernement Mondial, tout devient le contraire du reste du monde. Les agents gouvernementaux deviennent une sorte de révolutionnaires, tandis que la révolution se transforme en une sorte de police secrète à la solde du royaume en question. Pour lui, le monde a toujours été et sera toujours comme ça, un cercle vicieux, une alternance entre pouvoir en place et révolution. Quand l’un prend la place de l’autre, l’autre prend également la place du premier, et ainsi de suite.

Doscar… Ce qui intéresse la révolution dans l’équipage de Kaltershaft, c’est notamment la présence de ce fameux Adam Lame, ancien agent du Cipher Pol, passé révolutionnaire il y a quelques années et ayant accompli suffisamment d’actions importantes pour gagner la confiance des têtes de la Cause. Et cette fois, les projecteurs seront tournés vers lui.

A Doscar, les docks portuaires sont étroitement surveillés par le Royaume. Mais il semblerait que certains échappent à son contrôle, et qu’en certains points, des individus peu recommandables parviennent à pénétrer sur l’île, y semant des problèmes. De quoi perturber les rues et le quotidien de la population, même si elle est exceptionnellement combative. Selon la cellule sur place, ce sont les agents gouvernementaux, infiltrés grâce à l’ambassade, qui sont à l’origine de ces docks « fantômes ».

Le but ? S’appuyer sur les connaissances en matière d’agent d’Adam Lame, rentrer dans le vif du sujet, et débusquer les infiltrés. C’est une demande du Royaume auprès de la révolution, et c’est un plaisir pour les activistes gris.

Et c’est donc sans information supplémentaire, équipé d’un éternal pose fourni pour l’occasion, que le Reconquista a quitté Drum droit vers le Royaume Doscar, les cales remplies de vivres pour la route.

Et la route, elle est longue.

Trois semaines, et toujours pas de terre en vue.


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Adam Lame, désigné responsable de cette mission. Alrahyr a beau apprécier son équipier, ça lui fiche tout de même un coup. Après tout, c’est lui qui a amené tout ce monde sur Grand Line, aussi loin et en vie, non ? Bon… Avec l’aide non négligeable d’Adam via ses compétences diverses et variées. C’est vrai qu’entre la science de la navigation et la passion des pièges, l’homme est doué. Très doué, et la Cause l’a remarqué. Il va même recevoir la carte de Cavalier, à ce qu’on dit. Evidemment, sa vie n’a pas commencé à sa rencontre avec Alrahyr à Luvneel, il a eu tout le loisir auparavant de s’adonner à des activités pro-révolution. De quoi améliorer son image.

Et il n’y a pas à dire, l’image, c’est déterminant.

Prenez Richard, Richard Bloody. Mais si, vous savez bien, le type avec la batte, qui est aussi doué pour faire voler ses adversaires que pour soigner n’importe quel type de blessure. Le médecin, quoi. Eh bien un bourrin comme ça, c’est pas le genre de bonne pub qu’on veut avoir. Un type toujours couvert de sang, que ça soit celui de ses adversaires ou celui de ses patients. Oh, il est très doué – dans ces deux arts – mais voilà : il passe son temps à se vanter d’avoir appris la science du corps humain à coup de batte. On ne peut pas vraiment lui donner tort, un crâne ouvert sauvagement, c’est une bonne méthode pour voir comment – enfin, si ça reste encore possible… - le recoudre pour sauver la vie de la victime. Travaux pratiques.

Et ça, c’est l’image qu’il dégage. Quand on est au bord de la mort et qu’on ne connaît pas vraiment Richard, pas plus que par l’image qu’il s’est dessinée, comment peut-on accepter de confier sa vie à cet homme ? Plutôt crever, oui. Naturellement, on se dirigera plutôt vers le type à côté, un pauvre matelot qui n’y connaît absolument rien aux soins mais qui inspirera plus de confiance. Ou vers Adam Lame, qui risque de vous tuer avec plus de sûreté que ledit matelot. Eh oui, quand on a été agent du gouvernement et qu’on est spécialiste des pièges, on a beau avoir une bonne image, on reste principalement un tueur. Un vrai, celui qui ne rate pas son coup.

Laissez-lui une minute, il sera en mesure de capturer une équipe d’éclaireurs sans s’approcher d’eux à moins de cent mètres. Laissez-lui une heure, et c’est toute une caserne qui se retrouve paralysée, avec les plus hauts gradés enfermés – sans savoir comment – dans les cellules haute-sécurité, avec la clé dans l’estomac du troufion de la base en train de vomir ses tripes sur un navire marchand, embarqué clandestinement et en direction de Calm Belt. Laissez-lui une vie, et il mettra les Tenryubitos sur orbite, au-dessus même des sphères célestes auxquelles ils prétendent appartenir.

Malheureusement, et il le sait, il n’a pas « une vie » devant lui. Il a commencé sa lutte trop tard. Alors il sert la Cause comme il l’entend, et ça semble assez bien convenir aux attentes de la révolution.

Pulupulupulu

Pulupulupulu

Gotcha

-  Oui ?

C’est Adam qui décroche. A Drum, on lui a confié ce mini den den sécurisé, qu’il a conservé bien précieusement sur lui en attendant précisément cet appel.

- Trap ?
- Lui-même.
- Je suis votre contact au Royaume Doscar. Nous pouvons parler librement, la ligne est sécurisée. Je vais vous expliquer la mission plus précisément, veuillez-vous assurer que la Tortue et Homerun sont avec vous.
- C’est chose faite. Nous vous écoutons.
- Vous allez devoir prendre contact, via l’autre den den mushi, avec le responsable d’un des docks fantômes, dont vous avez le numéro. Vous vous ferez passer pour des pirates de faible envergure, souhaitant se rendre sur l’île pour voler un canon du Rempart d’Acier. Bien entendu, ce n’est qu’une excuse. Le but des docks fantômes est de laisser pénétrer un maximum d’individus louches sur Doscar. N’en dites pas plus que nécessaire, ne parlez du but de votre venue que si la question est posée. Sur ce point, je vous fais confiance Trap, nous savons que vous avez les qualités requises. Cependant, n’oubliez pas de dissimuler vos traits lorsque vous débarquerez. Des capuches feront l’affaire, il est courant de voir ce type d’habits au niveau des docks fantômes.

- Ne débarquez pas tous. Laissez le strict minimum à bord, avec un den den. Ce n’est pas pour rien que nous vous avons confié un stock assez conséquent d’escargophones, alors servez-vous en. Quelques matelots suffiront, pour la surveillance classique du bâtiment.

- Nous aurions pu vous faire entrer officiellement sur l’île, mais cela n’aurait servi à rien. Aux docks, entrez en contact avec le responsable, en utilisant au besoin la fausse raison de votre venue sur Doscar. Ça lui plaira, et il ne refusera pas de vous donner des conseils. Apprenez-en un maximum sur lui, notamment le lieu de son domicile.

- Lorsque ce sera chose faite, dispersez-vous dans la ville et découvrez-la. Doscar est un Royaume très particulier, aux coutumes très portées sur l’honneur et le combat. Ne commettez pas d’impair, n’oubliez jamais que vous êtes des étrangers, et qu’on ne vous a pas officiellement vu arriver. Pour la population, vous êtes passés par les docks fantômes, et participez donc au jeu du Gouvernement Mondial. Car oui, la population toute entière suspecte très fortement l’implication du Gouvernement dans les agissements des docks. Ça n’est pas un secret, mais rien n’a pu être prouvé, et aucune action ne peut être tentée par le Royaume, qui a besoin, commercialement parlant, du Gouvernement Mondial. Chiasserie.

- Adam, pendant que votre groupe explorera la ville, vous passerez nous rencontrer. Le lieu vous sera donné ultérieurement. Lors de cette rencontre, vous serez notamment officiellement pourvu de la carte du Cavalier. Des questions ?
- Une seule…
- Je vous écoute.
- Quand arriverons-nous à destination ?
- Lorsque cet appel sera terminé et que vous remonterez sur le pont vous assurer de la bonne marche de votre navire, vous constaterez l’apparition à l’horizon des premières formes du Rempart d’Acier. Ne traînez pas à contacter le dock fantôme, la portée des canons de Doscar va au-delà de l’horizon. En d’autres termes, si je sais que vous êtes bientôt en vue, les gardiens du Mur le savent déjà depuis suffisamment de temps pour avoir braqué un millier de fois la puissance nécessaire à votre destruction. Car si aucun dock ne déclare avant un certain temps imparti l’arrivée d’un navire, le bâtiment en question doit être coulé.
- Nous ne traînerons pas !
- Bienvenue à Doscar, Trap.

Gotcha

Les trois hommes, seuls dans le bureau du Capitaine, se jettent des regards mal à l’aise. Depuis le pont, un homme crie « Terre en vue ! ».

- Je crois qu’il est temps pour toi de passer un nouvel appel, Adam.

Sous-entendu, avant qu’on se fasse détruire.



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Gotcha

- Standard des docks du Royaume Doscar, que puis-je faire pour vous ?
- Bonjour, pouvez-vous me mettre en relation avec le dock 56 s’il vous plaît ?
- Vous avez bien dit 56 n’est-ce pas ? 5 et 6 ?
- Oui c’est ça.
- Un instant s’il vous plaît, je vous mets en attente.

Une voix claire et chaleureuse prend le relais, avec en fond une petite musique d’ambiance d’une rare douceur.

- Bienvenue aux docks de Doscar. Toute personne désirant amarrer son navire à l’île doit obtenir un droit d’entrée auprès de l’un des docks. Vous allez être mis en relation avec le dock que vous avez demandé, veuillez patienter. Pour éviter toute mauvaise surprise, n’hésitez pas à rappeler au gérant du dock auquel vous avez acquis votre droit d’accès de contacter les veilleurs du Mur, faute de quoi vous ne pourriez visiter de Doscar que ses fonds marins.

- En ce moment, réductions sur la visite de MégaBertha, l’un des plus vieux canons de l’île ! « Net », le plus ancien regroupement de guides de Doscar, vous propose de découvrir à moindre coût l’histoire de notre fabuleux pays ! Moins dix pourcents pour les adultes, moitié prix pour les enfants, et jusqu’à soixante-quinze pourcents de réduction pour les groupes scolaires provenant d’un Royaume indépendant du Gouvernement Mondial ! Pour plus d’information sur les offres proposées par « Net », n’hésitez pas à aller consulter notre page inter-Net disponible dans chaque bibliothèque de l’île ! Bon séjour au Royaume Doscar !

La petite musique s’interrompt, pour retrouver la voix de standardiste précédente.

- Merci d’avoir patienté monsieur. Vous serez en relation d’ici une vingtaine de secondes, ne quittez pas.

La musique reprend, et la voix claire recommence son interminable annonce :

- Bienvenue aux docks de Doscar… […]

A la fin de la mise en garde, un homme semble arracher le combiné à l’autre bout, et demande d’une voix sèche exaspérée, certainement par la sonnerie de l’escargophone :

- Ouais ici l’dock 56, qu’est-c’que vous voulez ?
- Bonjour, je voudrais accoster à Doscar, à votre dock, il reste de la place ?
- Bah ouais, y a toujours de la place au dock 56 ! Z’êtes qui ?
- Alan Blame, capitaine du navire « Le Reconquista », nous sommes en vue de l’île.

S’il est possible de dissimuler la vraie identité des personnes, le nom du navire, lui, est difficile à falsifier. Surtout qu’il est écrit en gros au niveau de la proue…

- Qu’est-c’que j’en ai à carrer moi ? Vous voulez faire quoi à Doscar ?
- Je parle bien au responsable du dock 56 ?
- Ouais !
- Si je m’adresse à vous, c’est parce que je sais que qui que je sois, vous me laisserez à accoster.
- Et z'êtes quoi, monsieur « qui que je sois » ?
- Un pirate, bon sang !
- Ah ! Z’auriez pas pu le dire plus tôt ? Sérieux, z’êtes limité ou quoi ? Bon, bougez-vous d’approcher, oubliez pas de rentrer votre pavillon s’il est sorti, et fermez vos sabords, des fois que. J’vais me magner d’appeler les veilleurs du Mur, avant que vous vous preniez le coup de semon-BOOM. Merde trop tard. Bon accrochez-vous, ça va arriver, et surtout ne changez pas de cap, vous risqueriez de vous prendre le tir de sommation. Craignez rien, ce sont des bons tireurs !

Adam, Richard et Alrahyr s’extraient en vitesse du bureau du capitaine pour se rendre sur le pont. Là, un boulet gros comme une porte vient s’écraser dans la mer agitée qui frappe inlassablement les flancs du navire, projetant une immense gerbe d’eau sur tout l’équipage, et provoquant un tangage conséquent.

- C’bon, c’est passé ? Bon, j’vais raccrocher pour appeler les veilleurs, sinon z’allez finir dans les abysses. Allez, à la r’voyure, j’vous attends au dock 56 ! C’bien l’Reconquista, hein ?
- Euh oui oui !
- Super, allez à toute !

Gotcha

Doscar… Ils ne rigolent pas, avec leur Rempart d’Acier…

Ainsi, la suite se déroule assez tranquillement : Adam manœuvre le Reconquista pour l’approcher à bonne vitesse de l’île. Tout autour, de nombreux docks jonchent le littoral, plus ou moins grands, allant de la rade commercial sans égal au plus petit port muni d’un simple quai. Chacun des docks est surplombé par un grand panneau portant son numéro, visible depuis plusieurs encablures en mer. Système efficace, très bien pensé.

Et là, le dock 56, deux quais de taille moyenne vides de navires, hormis quelques barques ridicules mal amarrées. Ah oui, dock fantôme, et pas uniquement par leur nom…

Doscar.


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Le responsable du dock est au bout du ponton, sur le quai, et regarde paisiblement le Reconquista accoster. C’est un homme aux allures étranges, dont la gestuelle et les mimiques diffèrent trop du type de vêtements qu’il arbore. Alors que sa redingote quasiment neuve flotte aux grés du vent, que son pantalon de soie ondule sous la brise, et que ses souliers cirés tapotent nerveusement le bois dont est fait le petit port, son visage affiche une expression complètement décalée. Il grimace, ronchonne et chique, tout en se curant le nez d’une main et en se grattant l’arrière train de l’autre.

Le parfait archétype du type archaïque.

Et son œil gauche, diantre… Alors que son regard est porté sur le navire qui manœuvre, cet œil-là se promène à tout-va, dans tous les sens, explorant toutes les possibilités de son orbite. Vrai ou faux, on ne saurait dire. Mais si cet œil-là envoie des informations au cerveau, le pauvre cortex doit être bien perdu. Et, comme pour confirmer cette hypothèse, l’homme leur fait signe à la manière d’une girouette perdue dans une tornade. Son bras droit, portant fièrement une crotte de nez toute fraîche au bout de l’auriculaire, se balance dans les airs dans toutes les directions imaginables, saluant à chaque seconde un nouvel endroit autour de lui : le ponton, l’île, la mer, sa cabane, la mer, un tonneau, sa cabane, le ponton, une caisse, la mer, la caisse… Et ça n’en finit pas.

Soudain, le pauvre diable est pris d’un vertige et s’effondre au sol, les bras dans n’importe quel sens, les yeux au ciel. Le choc, relativement léger pour une telle chute, provoque quelque chose de tout à fait inattendu. Un œil de verre quitte l’orbite du responsable du dock, pour aller se perdre dans les plis de sa redingote. Mais, aussi étonnant que cela puisse paraître, l’orbite creuse est celle accueillant l’œil présumé normal, celui qui fixait sans ciller le Reconquista en train d’accoster. Ainsi l’homme ne voit que d’un œil, et cet œil-là, il tourne dans tous les sens.

Quelle vie…

Alors que l’équipage débarque, laissant quelques hommes à bord pour la forme, Adam chuchote quelques explications à Alrahyr. Selon ses dires et ce qu’il a pu comprendre des lieux, le Gouvernement Mondial recrute sur Doscar les pauvres hères dans le pétrin, pour leur offrir en échange de services relevant de la trahison de leur peuple une bien maigre récompense. Ici, trois pièces de vêtements que le vieux ne tardera pas à pourrir. Et pour quoi ? Pour gérer un dock fantôme et permettre à n’importe qui de pénétrer dans le royaume de Doscar pour y foutre un maximum de pagaille.

En attendant, regardez-le… A Doscar, les choses se savent, même sans preuve, et les gens comme lui deviennent rapidement des renégats. Mais l’honneur, ah, l’honneur des Doscariens est tellement grand qu’ils n’iront pas le supprimer, même s’ils sont persuadés de sa trahison. Alors l’homme se perdra dans sa pauvreté, vivotant avec ce que le Gouvernement Mondial lui cède pour ses bonnes œuvres.

- Alh’, pars devant, découvre les habitudes de la population, au niveau de la haute ville. Evite de te faire remarquer, je sais qu’en ce moment ça va pas fort avec tes nouveaux… pouvoirs… mais juste… évite.

Cette fois, pour cette mission, c’est Adam le chef. Et il distribue ses directives. Et il n’a pas très envie que le jeune révolutionnaire aux pratiques violentes fasse parler de lui. Surtout qu’ils sont entrés clandestinement à Doscar…

Mais aussi, quelle idée de laisser une tortue destructrice armée aux allures de pirate vagabonder seule dans un royaume guerrier, clandestinement ?



Dernière édition par Alrahyr Kaltershaft le Mer 26 Aoû 2015 - 9:31, édité 1 fois
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Objectif : découvrir l’île. Oh, ça pourrait s’apparenter à du tourisme pur, mais c’est loin d’être le cas. L’idée finale demeure tout de même de traquer les agents du Gouvernement Mondial, qui sont très certainement extrêmement bien dissimulés parmi la population. Formation oblige. Et il est absolument impensable d’essayer de déterrer des infiltrés en n’ayant aucune idée de ce à quoi peut bien ressembler le Doscarien moyen. Ce serait comme tenter de choper un renard arborant un parfait déguisement de poule dans un poulailler en rentrant en trombes et en poussant un puissant cri de guerre tout en tirant des coups de feu au plafond… Le seul résultat envisageable serait la fuite des poules en pleine pagaille, et le renard qui se carapate ni vu ni connu en emmenant avec lui une ou deux proies récupérées dans ce brouhaha.

Pas top.

Il s’agit donc de se trouver un déguisement de poule meilleur que celui dans lequel le renard se pavane. Et, croyez-le ou non, mais se déguiser en poule quand on est une tortue, ça relève du miracle. C’est beaucoup plus difficile que quand on est un renard.

Alors, en attendant un miracle, Alrahyr se promène à travers les rues de l’île, remontant progressivement vers son centre, plus en hauteur. Il est habité par un sentiment mitigé sur les lieux, à la fois craintif, impressionné, et sécurisé. Sa position cachée de révolutionnaire le protège potentiellement, via les excellentes relations entretenues entre le Royaume et la Cause, mais son affiche « d’arrivant clandestin » le rend vulnérable. Et pendant qu’il tergiverse intérieurement sur les pours et les contres de se pavaner ainsi en pleine rue, son regard se perd sur les hauteurs de la ville.

Ici, là, devant, derrière, à droite, à gauche, plus haut, plus loin, plus bas, tout près, partout, absolument partout, ses yeux ne peuvent que se poser sur des bunkers abritant des canons de toutes tailles, du plus petit au plus immense, pointés vers le large. Des dizaines, des centaines, des milliers, des dizaines et des centaines de milliers de cracheurs de plomb ornent le Royaume, surplombant chaque édifice, faisant de l’ombre dans les rues, menaçant le large et protégeant la cote. Régulièrement des coups de feu sourds se font entendre, de ce côté de l’île ou de l’autre. Jamais de feu nourri, seulement des coups épars, des coups de semonce.

Les canonniers de Doscar, les meilleurs de ce monde. Capables de tirer au-delà de l’horizon en visant à moins de dix mètres d’une barque. La certitude de ne pas la toucher mais juste de l’éclabousser assez pour lui faire comprendre qu’à Doscar, on ne rigole pas.

Parce qu’à Doscar, les poules ont des dents. Et les renards ont tout intérêt à peaufiner leur déguisement à chaque instant. Alors, une tortue…

Enfin habitué à ce paysage de béton et d’acier ultra sécurisé, Alrahyr pose son regard sur la ruelle qu’il arpente. Il y a du monde, le Royaume est très peuplé, et tous œuvrent à leur manière tout au long de la journée. Des marchands, des clients, des passants, des enfants, des mendiants. Une mégapole comme on en trouve quelques-unes sur cette terre. Mais Doscar est une immensité unique. Pas seulement par son Mur de canons infranchissable, mais également par son indépendant vis-à-vis du Gouvernement Mondial. Et cela, c’est une chose extrêmement intéressante pour la révolution.

Mais tous ces passants regardent le jeune révolutionnaire de travers. C’est un inconnu, et même s’ils ne l’ont pas vu arriver par les docks fantômes, d’une certaine manière, ils le savent. On ne saurait dire comment, on ne saurait dire pourquoi, mais le fait est que sa présence ne fait pas l’unanimité dans cette ruelle. Ni dans celle-ci, ni dans celle-là, ni dans la suivante. Mais il avance toujours, décidé à en apprendre plus sur ce Royaume particulier.

Plus loin, dans une petite rue sombre sur le côté, Alrahyr aperçoit du coin de l’œil du mouvement. Il s’approche, rentre la tête dans l’étroit passage, et immédiatement, se précipite à l’intérieur. Ce mouvement, c’est un mendiant qui vient de se lever, et qui se précipite dans le dos d’une vieille dame qui marche en direction du jeune révolutionnaire, son petit cabas à la main. Mais avant qu’il n’ait pu l’avertir du danger, celle-ci se retourne violemment et assomme son agresseur d’un coup de poing sec. Ebahit, Alrahyr reste planté devant la scène. D’une voix vacillante due à sa vieillesse, la dame lui rappelle d’un ton dédaigneux :

- A Doscar, les personnes âgées n’ont pas besoin d’aide.

Et elle continue sa route, en ajoutant sans se retourner :

- Et encore moins de celle d’un étranger arrivé « légalement » !

Sans plus se poser de question, Alrahyr reprend sa visite de la ville, toutefois marqué par cette répulsion que les locaux ont vis-à-vis des nouveaux arrivants. Cela aurait-il été différent s’il était arrivé par les docks officiels ?

Sur une place, il aperçoit un groupe d’hommes vêtus de gris, arborant fièrement le symbole de la révolution. Ils sont fraîchement arrivés, ils ne se privent pas de le dire, mais la population leur parle et leur sourit.

Entrez à Doscar par les docks fantômes, qu’ils disaient…

Mais quelque chose d’autre attire son attention. Une musique de clairons, un annonceur qui répète en boucle son papier.

Un tournoi.

Anonyme.

Dans une arène.

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Pendant ce temps, Adam Lame a pu régler les formalités de base au dock d’amarrage, après avoir envoyé ses membres d’équipage aux quatre coins du Royaume. Pour lui, il est impératif de prendre son temps. Dans la mission, rien ne presse, et vouloir aller plus vite que la musique poserait des problèmes. Et dans cette mission, les fausses notes peuvent être fatales.

Après tout, l’objectif final est quand même de débusquer les agents du gouvernement qui pourrissent la bonne santé de l’île… Et en matière d’efficacité des agents du Cipher Pol, Adam en sait quelque chose.

Avant de commencer, il a tout de même une dernière formalité à accomplir. De sa poche, il extrait un petit Den Den sécurisé.

Gotcha

- Ici Adam Lame, je suis arrivé.
- Bienvenue à Doscar. Nous allons vous conduire au Quartier Général pour votre promotion et pour vous fournir des conseils sur votre mission. Votre équipe est-elle déjà sur le terrain ?
- Oui, ils sont répartis un peu partout, pour en apprendre plus.
- Parfait. Jetez un œil vers l’entrepôt devant vous. Au sol, il y a un mendiant, c’est un de nos indicateurs. Au-dessus de son épaule gauche, un symbole subtilement gravé dans la pierre du mur. Ce symbole comporte une unique ligne droite, agrémentée de courbes. C’est cette ligne droite qui vous intéresse : elle pointe la direction dans laquelle vous devez vous rendre. Dans cette direction, vous trouverez à nouveau ce symbole, et ainsi de suite, jusqu’à entrer dans une taverne, appelée Bièrechaude. Sur place, laissez-vous porter par les événements sans intervenir. Des questions ?
- Aucune.
- Parfait, à tout à l’heure Adam.

Gotcha

Bièrechaude… C’est pas un crime contre l’humanité ça ?

Sans se poser plus de question que cela, l’homme suit les indications. Le mendiant ne bronche pas, il pourrait être mort, personne ne s’en rendrait compte. En fait, personne ne s’en soucie. Un symbole, un autre, encore un autre, et pas mal de marche. C’est bien indiqué, mais suffisamment subtilement pour ne pas attirer l’attention du premier quidam. En fait, ça ressemble plus à un choc ou à un grattement qu’à autre chose.

Tout le long du parcours, le révolutionnaire se surprend à admirer l’armement de ce fameux Mur infranchissable, véritable bastion capable de détruire des flottes complètes par-delà l’horizon. Ce qui a été fait à Doscar est inégalable. Dommage, car il faudrait l’égaler sur d’autres îles…

La taverne…

Il entre dans les lieux comme n’importe qui. Les clients sont nombreux, il passe inaperçu. Essentiellement des voyageurs, selon ses observations. Il est bon, Adam, pour se fondre dans la masse. Bien meilleur qu’Alrahyr. Il faut dire que ses antécédents aident pas mal…

Quelques instants après son arrivée, le ton monte de l’autre côté de la salle, et une bagarre commence. La rixe s’amplifie très rapidement – trop rapidement, même – jusqu’à ce que le boxon total règne dans le commerce. Ne sachant comment réagir, l’ancien agent se remémore ses directives : « laissez-vous porter par les événements sans intervenir ». Mais à peine a-t-il le temps de finir cette pensée qu’une main l’agrippe par derrière, le faisant passer par une porte, ni vu ni connu.

- Suivez-moi.

L’homme responsable de cette extraction l’amène à une autre porte, un couloir, et une dernière pièce. Sans dire un mot, il lui indique des vêtements gris et une large cape arborant le symbole de la révolution, qu’Adam s’empresse d’enfiler.

- Avant la taverne, vous étiez un clandestin, maintenant vous êtes officiellement un révolutionnaire de Doscar. Bienvenue, Adam. Nous allons sortir par ici, en direction du Quartier Général.

Sans plus attendre, ils continuent ensemble leur route, à travers rues et ruelles, sans plus se presser que les simples passants. Après tout, ils ne sont pas là pour se cacher. Et c’est un sentiment très étrange que d’être là, libre de tout soupçon, à se balader sans s’inquiéter de la présence de la Marine ou d’une autre autorité susceptible de refuser la présence de la révolution.

D’ailleurs, on lui a déjà mentionné cela deux fois, sans qu’il ne le relève, mais… On ne le conduit pas à une cache.

Mais au Quartier Général.


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Richard Bloody, lui, a préféré se cantonner aux abords de la côte, pour voir s’il arrive à différencier à la vue les docks fantômes des autres. Mais la tâche s’avère beaucoup plus compliquée que prévu. Soit il y a près de quatre-vingt-dix-neuf pourcents de ports clandestins à Doscar, et là ça n’est plus un problème épineux, mais une situation catastrophique, soit la plupart des docks sont dans un état plus ou moins délabré. Mis à part quelques-uns où il est clair que le commerce et le débit de passants correspondent à un emplacement officiel géré par le royaume. Mais pour le reste, impossible de les différencier.

Mais alors qu’il continue sa route, dans l’espoir de grappiller toute information bonne à prendre, on lui tombe dessus, et avant même qu’il puisse réagir, on le ligote et on l’enferme dans un sac, les yeux bandés depuis le début de l’agression.

Les ravisseurs sont nombreux, une petite dizaine, et le portent en courant à toute vitesse, changeant brusquement de direction, comme cheminant à travers d’étroites ruelles. Richard ne parvient même pas à se débattre, tellement les liens sont serrés, alors il essaie de se calmer. Il y a longtemps qu’il n’a pas eu un coup d’adrénaline comme celui-ci, et ses sens lui reviennent, ce besoin indomptable de pratiquer son exploration du corps humain à coup de batte, « pour la science ».

Sa batte. Il l’entend résonner lorsqu’elle racle les murs, l’un des agresseurs la porte. Les pas retentissent dans un éclat clair, comme pour confirmer l’étroitesse du parcours emprunté. Il n’a absolument aucune idée de l’endroit où on le mène. Aucun moyen de suivre le cheminement, l’alternance des « droite – gauche », tout va trop vite.

Il se sent ralentir, puis rentrer dans un lieu fermé. Des escaliers, vers le bas, encore et encore, toujours plus profondément dans le sous-sol. Puis on lui retire le sac, mais il ne voit toujours pas ce qu’il se passe. On le fait s’asseoir sur une chaise, les mains derrière le dossier, et on l’y attache, pour enfin lui enlever le bandeau qui lui cache les yeux et son bâillon.

L’un des hommes vient se placer sur une chaise retournée, face à lui. L’unique éclairage de la pièce est au-dessus des deux hommes, vacillant suite au remue-ménage. Le reste des agresseurs est placé tout autour de lui, comme un large cercle. Une précaution bien inutile. De toute manière, Richard est trop solidement attaché, même sa respiration est difficile.

Mais ses yeux se sont remplis d’un rouge que ses ravisseurs ne connaissent pas. Ah, si seulement il avait un seul membre de libre, il tenterait bien quelque chose, mais là…

Autour de lui, ce sont dix silhouettes toutes identiques. Ces hommes sont très propres sur eux et portent fièrement un costume noir muni d’une chemise noire et d’une cravate blanche en soie. Taillé sur mesure, parfaitement cintré, leurs habits leur vont à merveille. Sur le dessus de leur crâne, posé pour certain très droit, pour d’autre un peu de travers, un couvre-chef noir à la mode des mafieux.

- Sales chiens du Gouvernement !

SLAP

Comme s’il avait attendu cela, l’homme assis en face de Richard lui envoie une claque monumentale, laissant son empreinte sur la joue du révolutionnaire.

- On ne t’a encore rien demandé, garde ta salive.
- POURRITURES !

SLAP

- Inutile de crier, nous sommes trop profondément enfouis sous terre.

Les agents du Gouvernement ricanent en chœur.

- Tu es à nous.

D’une main, l’homme fait signe à l’un de ses équipiers, qui lui apporte un dossier.

- Alors, si on ne s’est pas planté, et ça, avant que ça n’arrive, faudra encore attendre pas mal de temps, nous avons en face de nous notre cher Adam Lame, ancien agent du Cipher Pol, employant des techniques désapprouvées par la hiérarchie et ayant décidé de rejoindre la révolution. Un traitre.

L’espace d’un instant, Richard affiche une mine de surprise. S’il ne leur dit pas qu’ils se sont trompés, ils ne mettront pas longtemps à s’en rendre compte… Merde, ce petit laps de temps, Adam saurait parfaitement comment l’exploiter. Mais Richard n’a pas les compétences démesurées de son camarade. Et les agents ici présents ne tarderont pas à le démasquer.

- On sait que tu navigues avec Alrahyr Kaltershaft, c’est lui qu’on veut. Deux possibilités : soit tu réponds à nos questions naturellement, soit on t’y force. Mais nous savons tous les deux que tu ne lâcheras pas l’affaire comme ça. Et comme on n’a pas envie de se salir les mains, on t’a préparé un truc sympa.

L’agent se lève et fait pivoter la chaise pour mettre son prisonnier face à une sorte de gros canon, placé à quelques mètres de lui, pointé sur sa tête.

- Ce truc sympa, ça tire des balles en cuir. Ça va te faire mal, te sonner un bon coup, et te donner un bon mal de crâne qui t’empêchera de réfléchir correctement. On l’a déjà testé, c’est extrêmement efficace. La puissance du mal de tête. Bon alors, commençons ! Pourquoi votre équipage vient-il à Doscar ?

Pas de réponse. Soucieux d’éviter de se faire démasquer, Richard préfère le silence. Il n’a aucune idée de ce qu’Adam ferait, mais il essaie tant bien que mal d’y réfléchir.

BAM

La balle de cuir heurte son visage de plein fouet, renversant dans un choc violent tout son corps au sol. L’arrière de son crâne frappe le sol, il est sonné. Un barreau de la chaise se casse et résonne par terre suite à l’impact, mais rien de quoi desserrer ses liens. L’agent le redresse et le replace en face du canon. Richard est parcouru d’une puissante migraine. Déjà qu’il avait du mal à réfléchir, une dizaine de tirs et il ne pourra même plus parvenir à épeler mentalement son nom.

- C’est pas mal hein, j’espère que tu apprécies Adam ! Bon, maintenant que tu sais à quoi t’attendre, sache que je vais reposer ma question une infinité de fois s’il le faut. Pourquoi êtes-vous à Doscar ?

Pas plus de réponse que tout à l’heure.

BAM

Cette fois, c’est sa mâchoire qui prend. A la fois la balle de cuir et le sol, qui s’est approché beaucoup trop vite pour pouvoir détourner la tête. Il sent du sang dans sa bouche, un goût de fer, pâteux. Mais ça ne le dérange pas, il apprécie. La couleur rouge de ses yeux se renforce, son besoin grandit. Son corps souffre des chocs, une douleur au poignet capte toute l’attention que son mal de tête lui laisse.

- Adam, qu’est-ce qu’Alrahyr Kaltershaft vient faire à Doscar ?

BAM

Le coup est parti beaucoup plus vite, sans lui laisser le temps de se forcer à ne pas répondre. C’est sa tempe, cette fois, qui subit. Il a du mal à penser, il essaie, il cherche. Merde, qu’est-ce qui le différencie d’Adam et qui peut l’aider ici ? La médecine ? Evidemment oui, mais là, ça n’aide pas. Merde merde merde ! Quoi d’autre ?

BAM

Richard n’a même pas entendu l’agent poser sa question, tellement il est concentré sur ses pensées, qui se perdent peu à peu dans la douleur. Son cerveau résonne dans son crâne, il a de plus en plus de mal. Alors qu’il est au sol, sa main ressent le contact du barreau de chaise cassé. Il tente en vain de le saisir, mais on le relève pour le remettre face au canon.

Le barreau de chaise, oui, ce qui le différencie d’Adam c’est la médecine, mais la médecine il l’a apprise grâce à une batte. Richard est batteur, il y a ici un barreau de chaise, c’est la situation idéale, la seule envisageable !

BAM

Désormais, la voix de l’agent n’existe plus, les pauvres neurones du révolutionnaire en font abstraction. Au sol, il parvient à se saisir du morceau de bois, qu’il estime assez solide, en le caressant d’un doigt. Il l’empoigne fortement alors qu’on le relève et en glisse une extrémité dans l’interstice entre son poignet et les liens qui le solidarisent à la chaise. C’est tellement serré qu’il ne peut que le placer à l’entrée, sans pouvoir l’y faire pénétrer. Mais ce sera suffisant.

BAM

Au sol, encore. Pendant la chute, l’extrémité libre du barreau est venue heurter par terre en premier, poussant l’autre côté, qui a déchiré à la fois les liens et la chaire du poignet de Richard. Une main libre, un bras, qu’il s’efforce de conserver dans la même position en attendant le prochain coup. On le relève. Il faut qu’il réagisse rapidement, sinon il ne sera bientôt plus en mesure de tenter quoi que ce soit.

BAM

Son bras libéré s’élance, le barreau en guise de batte improvisé vers l’avant. D’un mouvement ample il intercepte la balle de cuir dans sa trajectoire et l’envoie directement dans le canon, qui, sous le choc, explose et projette avec violence la totalité de ses munitions à travers la pièce. Tout le monde est sonné. Déjà habitué à la douleur de tels chocs, Richard est le premier debout et assomme à nouveau tous les agents.

Lorsque le chef d’équipe revient à lui, il voit ses hommes, alignés, à genou et suffisamment entravés pour ne même pas pouvoir se balancer d’avant en arrière ou de droite à gauche. Et devant eux, leur précédente victime, au visage tuméfié, qui se dresse de toute sa hauteur, tapotant le sol avec sa solide batte en bois. Ce n’est plus le faible barreau de chaise.

- Messieurs, inutile de crier, nous sommes trop profondément enfouis sous terre.



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- Trop bieeeeeeeeen ! patpatpatpatpatpatpat

Et elle part en courant. Qui ça ? Morru, évidemment ! Vous ne voyez pas ? Mais si allons, Morru, la cuisinière ninja de l’équipage, adepte des plats miraculeux cuisinés à base de rien, fanatique du poisson pas trop cuit, voire pas du tout. Morru, retrouvée sur un îlot perdu au milieu de Grand Line avec ses amis ninjas tous plus barrés les uns que les autres.

Morru, quoi.

Et là, comme presque toujours, elle court à fond de train. Faut dire qu’une occasion pareille, ça ne se présente pas souvent. Un concours de cuisine, organisé par l’école de gastronomie de Doscar. Il paraît que tous les ans ça a lieu à un endroit différent, et cette année, c’est à l’Ambassade du Gouvernement Mondial. Emplacement étrange, quand on connaît les relations tendues. Certainement un acte diplomatique visant à calmer les choses.

Quoi qu’il en soit, la jeune femme a des étoiles dans les yeux. Un concours de cuisine, sur une île dont la population ne va pas chercher à la tuer à chaque coin de rue, et en plus, à l’Ambassade ! L’idéal pour sa mission. Quelle meilleure solution pour infiltrer cet endroit que d’y rentrer par la grande porte, une toque sur la tête ?

Vêtue de gris, typiquement révolutionnaire et ne cherchant même pas à le cacher même lors de son arrivée au dock fantôme – les ninjas doivent se croire invisible, et vu que cela n’a posé aucun problème, c’est peut-être le cas tout compte fait – elle réalise tout de même qu’il va falloir changer de tenue pour le concours. Enfin, surtout pour pouvoir entrer dans l’Ambassade sans qu’on lui colle un mouchard illico.

Elle fait donc un passage express à une boutique, cherchant quelque chose de simple, et un joli tablier blanc avec un grand cœur rose. Beh quoi, Morru est une jeune femme avant d’être ninja. Enfin, ça dépend des jours.

Passage express, sous-entendu, trois heures. Parce qu’aujourd’hui, c’est plus une femme qu’un ninja.

Et la voilà repartie à toute vitesse, montant toujours plus haut dans la ville, ne prêtant attention ni à l’architecture très riche en canons, ni aux passants qui se demande où elle va comme ça.

L’Ambassade. Entrée, accueil, comptoir, oui bonjour que puis-je faire pour vous, bonjour je viens pour le concours, ah mais l’inscription est fermée.

Et merde.

Aujourd’hui, Morru va devoir être un ninja avant d’être une femme. Passage aux toilettes, pause-café de la réceptionniste, et voilà la jeune cuisinière partie dans les couloirs déserts du bâtiment officiel, direction les cuisines. Dans une salle voisine, elle entend du bruit, plusieurs personnes réunies. Par la serrure, elle aperçoit tous les candidats qui discutent patiemment entre eux, attendant certainement le début du concours.

Soudain, une ombre cache la serrure et la poignée tourne. Ni une ni deux, Morru se recule de plusieurs mètres dans le couloir, faisant mine d’avancer dans cette direction. Oui, aujourd’hui, ninja. Une jeune femme au visage étonnamment ressemblant au sien, vêtue d’un tablier rose bonbon avec une tête de nounours dessus, sort de la pièce, referme la porte et semble hésiter sur la direction à prendre, pour enfin s’adresser à Morru :

- Euh… tu saurais où sont les toilettes ?
- Oui bien sûr ! Alors vas tout droit sur quelques pas, puis tu tournes à la première à droite, puis gauche, droite droite, quelques mètres, tu passes le couloir et… euh non attend, c’est plutôt…
- Tu es sûre de savoir… ?
- Oui oui, enfin là non, mais je vais retrouver, je vais t’accompagner suis-moi !

Et elles partent. Un petit plan rapidement établi, le souvenir d’avoir croisé des toilettes juste à côté, plus proches que celles dans lesquelles elle est allée du côté de la réception, et le tour est joué.

- C’est là ! Je vais en profiter pour me passer un peu d’eau, ça me stresse tout ça !
- Ah tu concoures aussi ? Je ne t’avais pas vue dans la salle…
- En retard, ça me stresse encore plus… Au fait, moi c’est Morru, et toi ?
- Anna ! Tu m’attends, j’en ai pour une seconde ?

La ninja acquiesce d’un signe de tête. Anna… Elle disparaît dans les toilettes. Et lorsqu’elle en sort, c’est pour se faire attraper et ligoter sans autre forme de procès, sans comprendre ce qu’il lui arrive ni voir son agresseur. Morru lui enlève son tablier qu’elle prend sous le bras, et la conduit, bâillonnée et les yeux bandés, dans le couloir. Elle y avait repéré un placard à balais pour le stockage des produits et matériels d’entretien et l’y enferme.

De retour dans les toilettes, elle hésite fortement… Tablier rose à tête de nounours ou tablier blanc avec un gros cœur au milieu ? A son grand désarroi, elle est obligée de se débarrasser de ce cœur pourtant si resplendissant. Il faut donner le change, revenir dans la salle d’attente du concours avec le tablier d’Anna, se faire passer pour elle. Morru se recoiffe un peu, à la manière de son personnage, de ce dont elle se souvient.

Parfait.

Que la danse commence !


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Le processus de passage à l’anonymat dans ce tournoi est vraiment bien pensé. A l’inscription, tous les participants, dont Alrahyr, ont reçu une cagoule qu’ils vont devoir enfiler et conserver pendant toute la durée de la compétition. A l’arrière du crâne, un numéro peint en blanc pour identifier les concurrents. La pièce de tissu est fournie dans un emballage, numéro masqué, et chacun reçoit aléatoirement une petite poche fermée le contenant. A l’issue de la distribution, les combattants sont répartis dans le sous-sol, face à des cabines. Ces cabines sont réparties sur un immense anneau mobile qui tourne sans s’arrêter, à faible vitesse. Chacun rentre dans une cabine lorsqu’elle est vide, se change si besoin, enfile sa cagoule, et ressort de l’autre côté, vers l’intérieur de l’anneau, pour emprunter un escalier qui le mène à la grande salle d’attente.

Ainsi, on ne peut que difficilement relier le personnage à sa cagoule, sauf si on prête attention aux détails physiques du reste du corps. Mais au vu de la masse de participants, c’est une affaire qui risque d’être difficile.

Devant Alrahyr, une porte s’ouvre, une cabine s’est libérée. Le plateau continue de tourner, alors il monte en marche avant qu’on lui chipe la place. A l’intérieur, il réfléchit un instant. Oh l’idée qu’elle est bonne.

Quelques minutes après, depuis le centre de l’anneau en rotation, en même temps que d’autres concurrents, il sort de sa cabine. C’est un mastodonte vert foncé, poussant vers le marron, de plus de deux mètres de haut, aux muscles saillants sur une peau rugueuse. A la main, un énorme bouclier en acier foncé, rond, d’une solidité sans pareil. Dans son dos, attachés à son énorme carapace, deux longs sabres. Et sur son visage, sous un bandeau couvrant uniquement ses yeux, une bouche légèrement tirée, exprimant la satisfaction de son apparence et l’envie d’en découdre.



L’idée qu’elle est bonne : prendre la forme hybride de tortue et la conserver pendant toute la durée du tournoi.

- Euh tournez-vous s’il vous plaît ?

L’un des membres du personnel bénévole pour la compétition présent à la sortie des cabines l’interpelle, et lui fait remarquer l’absence de numéro à l’arrière de sa tête.

- Il faut mettre la cagoule, monsieur.
- Mais… j’l’ai fait dans la cabine !
- Là, z’avez qu’un bandeau, et à l’arrière, rien de marqué.
- Merde…

Se tapotant la tête, Alrahyr comprend : il a enfilé la cagoule avant de se transformer, et celle-ci s’est presque entièrement déchirée, sauf ce petit bandeau résiduel.

- Vous avez de la peinture ?
- ?
- Ecrivez mon numéro dans le dos, sur la carapace.

Un bon coup de peinture blanche, et le tour est joué.

Numéro 126.


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Adam arrive enfin à destination. Le Quartier Général de la révolution à Doscar, un endroit officiel, aux yeux de tous. Un bâtiment relativement sobre, étonnamment non pourvu de canon sur son toit, contrairement aux autres bâtisses. L’entrée est toute indiquée, avec une grande enseigne sur le dessus, agrémentée du symbole de la révolution.

On le mène à l’intérieur, tout aussi dépourvu d’ornementation que la façade. Les salles, couloirs et escaliers se succèdent, pour arriver directement au cœur de la structure, au dernier étage. Là, son guide le fait attendre dans une salle tout à fait charmante, sur des canapés très confortables. Adam observe, écoute, comme à son habitude. Des dizaines, des centaines de révolutionnaires se baladent dans les lieux, dans les salles annexes, aux étages inférieurs, partout. Dans la rue, il en a croisé une quantité incroyable. Autant que des soldats de la Marine dans une ville sous la coupe du Gouvernement Mondial.

Ici, les rôles s’inversent.

Mais dans ces lieux, il y a quelque chose d’inhabituel. Quelque chose qui le rend mal à l’aise, comme s’il n’était pas à sa place. Soudain, un homme entre par la porte en face de lui et vient se placer dans un fauteuil, devant lui.

- C’est une situation étrange, n’est-ce pas ?
- Pardon ?
- Je vous sens perturbé. Je me trompe ?
- C’est-à-dire que... Je n’ai pas l’habitude.
- Ça me fait toujours cet effet là quand j’arrive à Doscar. Une vie passée à se cacher ne s’oublie pas, alors ici… C’est perturbant, oui. J’ai du mal à m’y faire.
- Une vie ? Mes quelques années dans la révolution sont suffisantes à la naissance de ce sentiment.
- Quelques années… En parlant de cela, Monsieur Lame, je m’excuse de ne pouvoir m’occuper personnellement de votre promotion.
- Pardonnez-moi, mais… vous êtes… ?
- Je suis un homme libre, Adam. Un homme libre.

Sur ces mots, et sans lui laisser le loisir de répondre, l’homme se lève calmement et quitte la pièce, enrobé d’une puissante aura de mystère.

Deux longues minutes plus tard, quelqu’un d’autre franchit la porte d’en face et lui demande de venir. La nouvelle salle est plus grande, pourvue d’une longue table en arc de cercle presque complet. On l’invite à se placer au centre. La table est occupée par une dizaine d’hommes à l’allure sévère, renfermés sur eux-mêmes. On lui parle, lui souhaite la bienvenue et on lui réexplique sa mission. Des fois qu’il n’aurait pas encore pigé. Finalement, on lui donne sa promotion, avec tout le baratin autour, et une carte de Cavalier à conserver avec lui, symbole de son rang.

Son guide initial l’emmène hors de la pièce après ces longs discours, un peu ennuyeux et très formels.

- On m’a demandé de vous conduire à l’ambassade, pour que vous y trouviez peut-être des éléments intéressants.

Et les voilà partis.

L’Ambassade du Gouvernement Mondial, seul lieu de présence de cette entité surpuissante sur Doscar, n’est pas très loin du Quartier Général de la Révolution. C’est… très original. Une manière de rappeler qu’ici, la Révolution les surpasse. Et officiellement.

Le bâtiment, à la différence du précédent, est extrêmement riche en décorations, à l’extérieur comme à l’intérieur. Chacun mur, chaque coin, chaque plafond, chaque poutre et chaque colonne est agrémentée de fioritures de toutes les couleurs, une façon de dire « nous avons tous les moyens à notre disposition ».

Et dans ces locaux, les deux hommes – Adam et son guide – se promènent, vêtus du gris révolutionnaire, sans se cacher. Ils font les visiteurs, l’un montrant à l’autre les pièces, les couloirs, les tableaux, les affichages. Un vrai touriste. Le réceptionniste, à l’accueil, ne semble pas s’en offusquer.

Au contraire de l’agent d’entretien, qui pousse son chariot en les regardant d’un mauvais œil. Non pas qu’il affiche clairement de visage particulièrement agressif, au contraire, sa face est recouverte d’un voile neutre. Mais l’expérience d’Adam lui apprend à déceler certaines choses, et cet homme-là n’est pas partisan de la présence de révolutionnaires dans le bâtiment qu’il entretien. Et quelque chose dans son regard est perturbant. Indescriptible, mais perturbant.

Plus loin, au niveau des cuisines, les deux hommes assistent à un défilé de candidats venus spécialement pour un concours, leur dit-on. Des plus sobres aux plus extravagants, les tabliers couvrent toute la gamme des styles possibles, du blanc le plus classique au rose bonbon avec un nounours dessus. La femme ainsi habillée semble ne pas assumer son choix, baissant la tête sous sa toque au passage d’Adam, masquant ainsi son visage.

Et ainsi, la visite se termine. Adam a pu s’imprégner des lieux et peut maintenant mieux appréhender sa mission. Mais dans un premier temps, il va falloir retrouver son équipe. Ils doivent se trouver aux quatre coins de la ville…


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Par chance, l’un de ces quatre coins ne se trouve pas si loin que ça. Profondément enfoui dans les sous-sols de l’ambassade, un lieu totalement isolé. Aucun son de la surface n’y pénètre, aucun bruit des profondeurs n’en émane.

Dans ce lieu, un homme, debout sa batte à la main, ses prisonniers à genoux, ligotés en ligne devant lui. Richard Bloody a, à sa manière, aussi renversé les rôles.

- Je vous annonce la couleur tout de suite. J’ai encore des choses à apprendre sur l’anatomie du cerveau humain. Je sais presque tout d’un cerveau mort, mais vivant… Vous voyez, c’est rare à observer, en général les sujets dont l’intérieur du crâne est visible ne sont plus trop vivants. Donc, je me disais…

Tout en parlant, il racle le sol avec son instrument préféré, marchant devant ses futures victimes d’un pas extrêmement lent.

- Je me disais que je pourrais profiter de votre présence pour en apprendre plus ! Donc avant de vous poser les questions dont j’ai besoin de connaître la réponse, et parce que vous êtes nombreux, je vais aller à l’exploration de votre petite tête.

Les yeux des agents du Gouvernement se relèvent tous de concert, remplis d’effroi.

- Et pour pas faire de jaloux, on va tirer ça au hasard !

Il attrape le dossier que l’un de ses ex-bourreaux avait ramené, le déchire en petits morceaux égaux et y note des numéros, puis jette les coupons dans le chapeau d’un des agents.

- Toi, numéro 1, toi le 2, etc. jusqu’à la fin ! Alors… par qui va-t-on commencer ? Ah !

Tout fier de lui, il tire un papier et en lit le contenu. Puis, sans le dévoiler à son auditoire tressaillant, il marche nonchalamment devant eux, faisant traîner sa batte comme à son habitude.

- Toi !

Il en choppe un par le col et le tire derrière ses camarades, les rendant aveugles à la scène. La victime désignée commence à crier sous son bâillon, de plus en plus fort. Richard ajuste sa batte, se prépare, et frappe. Des morceaux de cervelle viennent s’écraser dans les nuques des sujets d’expérience, alors que le bruit sourd du corps sans vie du premier malheureux parvient à leurs oreilles. Tous paniquent mais ne parviennent pas à bouger d’un pouce, solidement entravés.

- Eh merde… Excusez-moi, ça fait longtemps, faut que je reprenne la main, j’y suis allé trop fort.

Il se replace devant sa ligne de cobayes et tire un nouveau papier. Même rengaine, mais plus directe. Richard choppe le deuxième par le col et le traîne en arrière de ses compagnons.

Un, deux, splash. Des morceaux viennent rejoindre les premiers, mais les hurlements gutturaux de la victime laissent supposer qu’il est encore vivant.

- Wooooo ! Trop beau ! Regardez-moi ça !

Sans plus attendre, le chirurgien autodidacte ramène son expérience plus ou moins vivante devant les yeux de ceux qui attendent encore, leur mettant son cerveau gigotant sous le nez.

- C’est beau hein ? Alors là, c’est la partie… Beh quoi ?

L’un des agents vient de vomir dans son bâillon et s’étouffe, tandis que l’autre a tourné de l’œil. Et l’homme au crâne à moitié détruit convulse.

- Oh mais non, pas déjà, quel gâchis ! Ouuuh mais c’est marrant le cerveau d’un type qui convulse ! Regardez, c’est tout mou sous le doigt ça rebondi. Ah, pouf, l’est mort. Roooh…

Un agent encore bien vivant hurle à la mort tant qu’il peut, malgré son entrave. Agacé, Richard lui explose le crâne puis s’adresse aux autres.

- Vous voyez, mort, c’est beaucoup moins intéressant, ça ne bouge plus tout seul.

Puis, à l’un de ses prisonniers le plus proche :

- Je vais t’enlever ton bâillon. Si tu cries, je continue à voir ce qu’un cerveau ouvert vivant m’apprend de plus. Si tu réponds bien à mes questions, je m’arrête là dans mes essais chirurgicaux. Voiiilà ! Alors, dis-moi. Je cherche le type qui s’occupe de vous sur Doscar, le chef de vous, là, le type haut gradé. Et je ne parle pas d’un officiel, mais d’un agent. Où qu’il est le bonhomme, et comment qu’il s’appelle ?
- On ne sait pas grand-chose de lui, on ne reçoit les directives qu’à travers de nombreuses étapes, mais je sais qu’il travaille à l’ambassade !
- Quel poste ?
- Je ne sais pas, mais me frappez pas ! C’est un truc insoupçonnable à ce qu’il paraît, ça peut être un truc du genre laveur de carreaux, balayeur, agent d’entretien, cuisinier, éboueur, ou j’en sais rien, mais un truc de base, de ce que je sais !
- Et comment tu sais ça ?
- On a beau être des agents, on discute quand même entre nous et on est curieux…
- Et le nom ?
- Euh… ça j’en sais rien.
- Pas grave, merci des infos !

Et Richard se lève, laissant valser sa batte pour littéralement exploser le crâne de l’interrogé. Les autres hurlent sous leur bâillon, mais se taisent rapidement lorsque le chirurgien psychopathe leur offre le même sort.

Il est temps de trouver la sortie, et de remonter tout en haut. Où ? Il ne sait pas, mais il doit aller retrouver Adam au plus vite pour lui donner ces maigres informations.

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- Et le numéro 126 arrive en finale ! Mesdames et messieurs, je suis ici avec Jean-Claude, nous sommes de retour pour vous résumer un peu tout ça pendant le changement de plateau !
- Héhé oui Jean-Pierre, c’était un combat de longue haleine, ce groupe-là a donné du fil à retordre à cette tortue guerrière, mais l’animal a réussi à s’en sortir !
- Et quel groupe ! Combien en reste-t-il ?
- Deux il me semble, et après ce sera la finale, opposant le vainqueur de chacun des vingt groupes ! Soit vingt concurrents en lice pour le titre de champion de l’arène de Doscar !
- C’est un tournoi absolument magnifique, on a des étoiles plein les yeux ! Mais permettez-moi de revenir sur les événements qui viennent tout juste de s’achever sous nos yeux ébahis.
- C’était passionnant, je dois dire !
- Eh oui, et pas qu’un peu mon cher ami ! Ce mastodonte qui sort vainqueur de la manche, cet humanoïde vert nous a montré de quoi il était capable, et c’était très agréable à voir ! Mais une question me trotte dans la tête : qui sur cette terre ne se bat qu’avec un bouclier ? Et surtout, pourquoi ?
- C’est bien vrai, pourquoi ce choix d’arme si restreint ? On comprend bien l’utilité en matière de défense, mais on l’a bien vu : il n’utilise qu’une main pour le manier, alors pourquoi ne pas prendre une arme plus dangereuse dans l’autre main ? Une épée, une lance, ou autre ?
- Là est la question, et nous ne manquerons pas de la lui poser si nous avons l’occasion. Mais tout de même, on parle ici de notre interrogation, mais n’oublions pas que ce choix a prouvé son efficacité. Même le sol de l’arène s’en souvient, on trouve partout des fissures dues à ses coups, et certains des concurrents vont ressortir avec la phobie des tortues, j’en suis sûr !
- Ah, les tortues… Mais qu’est-ce donc, un homme étrange venu d’une île lointaine ? Quelle est cette apparence ?
- Je vais vous dire une chose : si un homme-tortue était rentré dans l’arène, avant l’étape d’anonymat, je le saurais. Mais ça n’est pas le cas !
- Qu’en déduisez-vous ?
- Un fruit du démon, un type zoan, je ne vois que ça !
- C’est fa-bu-leux, mesdames et messieurs, nous avons très probablement un utilisateur d’un fruit du démon en lice pour le titre de champion de l’arène de Doscar !
- Tout de même, attendez… Pourquoi avoir choisi la… tortue ?
- Aucune idée, ça peut sembler ridicule, mais… l’efficacité est là ! La résistance de sa carapace, le poids de son corps, tout cela couplé à son expertise du bouclier, ça marche, c’est tout ce qu’on peut dire !
- Eh bien, la finale nous réservera bien des surprises !
- En attendant, chers spectateurs, veuillez accueillir le groupe numéro 19, l’avant dernier des pré-sélections pour la finale ! Le dernier debout aura sa place, les autres pourront aller trouver leur lit à l’infirmerie !
- Et nous vous souhaitons un très beau combat !


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Au sortir de l’ambassade, Adam remarque une silhouette sur un toit, en face.

- C’est Olga, la nettoyeuse. Elle passe son temps dans les alentours, une manière pour elle de dire qu’elle est toujours là.

Le guide du récemment promu Cavalier n’a pas tardé à remarquer l’intérêt qu’il portait à cette ombre, dressée bien droite sur les hauteurs. Olga, traqueuse d’agents du Cipher Pol. Une marque en travers de son œil pour chaque victime importante, et une envie pressante d’y ajouter la quatrième. Même à cette distance, ses yeux brillent d’un éclat de violence et de rage.

- Notre meilleur élément sur place.

Mais Adam n’a pas le temps de rebondir qu’une trappe de cave, placée contre un bâtiment tout proche, s’ouvre à la volée dans un nuage de poussière. Un homme en sort à pleine vitesse, emportant avec lui un des battants projeté par la batte qu’il tient fermement à deux mains.

Richard Bloody.

- Adam !

Il court vers son équipier, comme heureux de l’avoir retrouvé. Sans attendre une seconde de plus, il lui résume les événements qui se sont déroulés dans les sous-sols, en omettant certainement quelques détails sanguinaires.

- Et donc selon ce que je sais, le type qui chapote les actions du Cipher Pol ici, ce serait un mec insoupçonnable par son poste à l’ambassade. Un truc insignifiant a priori.
- Merci Richard, c’est un bon début. Tout va bien, toi, pas blessé ?
- Pas plus que d’habitude.
- Je connais ce sourire… Pourquoi ta batte est-elle rouge ?
- Euh ça ? Oh non rien, fallait bien qu’ils parlent de toute manière.
- Mmm… Je vois l’idée. J’espère qu’au moins tu as appris des choses !
- Ah ça oui, tout plein d’images magnifiques en tête, tu verrais ça, c’était merveilleux ! Par exemple,…
- NON ! Je ne veux PAS savoir, garde ça pour toi, merci.

Levant la tête, Adam s’aperçoit de la disparition, de la silhouette. Un instant après, il sent une présence derrière lui. Il se retourne. Olga.

- Un poste insignifiant à l’ambassade hein ?
- Vous voulez vous joindre à nous ?
- Vous voyez ces trois marques ? Elles se sentent seules, elles veulent accueillir une nouvelle.
- Mort obligatoire ?
- Adam, c’est qui ça ?
- Est-ce que ça vous pose un souci, la mort d’un agent du gouvernement ?
- Je dirais que ça dépend de l’agent et de ses informations.
- C’est qui la dame ?
- Il n’en lâchera pas une seule.
- On verra ça en temps voulu.
- Adam, c-
- Olga, traqueuse d’agents.
- Vous avez une idée du poste du type qu’on cherche ?
- Moi je dis : on entre, on interpelle tous les employés de base, et on le trouvera.
- C’est pas un peu en plein dans l’incident diplomatique ça ?
- Rien à battre.
- Moi c’est quelque chose que je dois éviter dans ma mission.
- Eh…
- Ta mission ? Ecoute moi petit, ta mission ici c’est de choper ce bâtard d’agent et de le dégommer, pas de mener une enquête pendant des années.
- Eh…
- Ma mission, c’est aussi d’éviter que Doscar se retrouve attaqué par le Gouvernement Mondial !
- Oh eh…
- Doscar ne craint rien, ignare, t’es pas au courant de notre force de défense ici ?
- Eh dites…
- QUOI ?
- Eh calmez-vous, si vous voulez continuer à vous crêper le chignon allez-y !
- Pardon Richard. Tu voulais ?
- Vous le trouvez pas louche le mec là-bas ?

Tout au bout de la longue rue qui borde le plus long côté de l’ambassade, un agent d’entretien employé par le gouvernement vide les poubelles de son chariot de ménage.

- Bah quoi, il est normal non ?
- Tu trouves ça « normal » toi qu’un type qui fait le ménage manipule les cordes comme ça ?
- Comm...

Olga, Adam et son guide écarquillent les yeux. Ils n’avaient pas noté le Rope Action de l’homme. A cette distance, avec la faible luminosité de l’endroit, c’est difficile à remarquer, mais Richard, en attendant la fin de l’argumentation inutile de ses deux collègues, a laissé traîner son regard sur des choses futiles.

Et au final, pas si futiles que ça, les choses.

Alourdi par les quatre paires d’yeux qui le fixent depuis quelques instants, le technicien de surface de l’ambassade se retourne vers eux et écarquille les yeux au moins aussi largement que les révolutionnaires. Sans plus attendre, il lâche tout son matériel et se met à courir dans la rue.

- Merde !

Ni une ni deux, Olga se précipite dans sa direction, talonnée par Richard et Adam, qui lance des ordres à son guide, lui demandant d’avertir un maximum de monde : il faut à tout prix appréhender le présumé responsable du Cipher Pol de l’île.

Et putain, pourquoi Olga est-elle si pressée, pourquoi a-t-elle foncé dans le tas ? Bon, après tout, le type était grillé.

Et Alrahyr et Morru, qu’est-ce qu’ils foutent ?


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Dans l’ambassade, la révolutionnaire cuisinière cachée sous des traits de participante au concours vient de terminer sa prestation. Les membres du jury n’avaient pas l’air dans leur assiette, mais qu’à cela ne tienne, Morru a fait de son mieux. Et pourquoi, au fait ? Elle n’est même pas inscrite au concours, qu’espère-t-elle remporter ? Rien. Rien de plus que le plaisir d’avoir cuisiné dans ces somptueuses cuisine, rien de plus que d’avoir manipulé ces succulents fruits de mer et livré à ces pontes de la gastronomie des plats succulents.

Plus qu’un métier, une passion.

Mais alors qu’elle sort des vestiaires, toute contente d’elle et sur le point de partir ni vue ni connue, elle entend des bruits de régurgitation provenant de la salle du concours. Craignant que cela soit de sa faute, elle s’y précipite pour comprendre. Sur place, tous ceux qui ont goûté sa nourriture sont au sol, en mauvais état. Certains crachent, d’autres vomissent, et tous ont en commun le sang qui s’écoule de leur bouche.  

- Oh merde merde merde je suis désolée !
- C’est pas vot’ faute madame, ça a commencé lentement à partir du premier candidat, depuis on est pas bien et là on craque…
- Oh la la la la la la ! Qui en a mangé ?
- C’était la tournée pour toute l’ambassade, tout le personnel était à table, on va tous être malade pendant au moins trois jours !


Mais Morru sait ce qu’il faut faire. Dans le Reconquista, amarré aux docks, elle a cet ingrédient secret qui guérit les indigestions et les mauvais produits lorsqu’il est bien préparé. Alors elle sort de l'ambassade en courant, déterminée à faire au plus vite. Après tout, elle a bien une part de responsabilité, et elle ne peut pas accepter de rester sans rien faire.

Mais au-dehors, à peine fait-elle un pas après l'entrée de service qu'elle tombe nez à nez avec un agent d'entretien qui voulait rentrer, visiblement très pressé. Les deux s'arrêtent un court instant, mais le silence est brisé par un haut-le-cœur de l'homme, qui tousse dans sa manche, crachant du sang. Un goutte de sueur chemine le long de sa tempe.

Plus loin, un cri se fait entendre. C'est Adam, qui interpelle Morru, pointant du doigt l'homme qui, réagissant rapidement, rebrousse chemin et se carapate en direction de la haute ville. Le jeune femme met du temps à réagir, et comprend enfin la situation lorsque les révolutionnaires arrivent à sa hauteur. Cet homme est certainement celui que Adam recherche, pour sa mission. Probablement. Mais la seule chose sûre, c'est que lui aussi a mangé quelque chose de pas frais, et le voilà atteind du même mal que les membres du jury du concours de cuisine.

Personne ne s'arrête, pas le temps. Et ce sont maintenant quatre personnes qui prennent le présumé agent en chasse.

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Alrahyr.

Tournoi.

Phase finale.

- Heureux de vous retrouver Jean-Pierre pour cette dernière manche du tournoi, un challenge plein de rebondissements !
- Eh oui Jean-Claude, nous allons voir sous nos yeux ébahis s'affronter les vingt meilleurs combattants, issus des vingt rounds ! Tous ont combattu avec ferveur jusqu'ici pour sortir vainqueurs de leur groupe respectif, mais ce n'est plus de la simple ferveur qu'il faudra ici !
- Non en effet ! Il en faudra bien plus, il faudra être le meilleur des meilleurs des meilleurs ! Et je dois dire que cette tortue que vous aduliez tant il y a deux rounds va avoir du fil à retordre, vous verrez !
- Voyons, c'est vous qui l'aduliez ! Haha, quoi qu'il en soit vous avez raison, ça n'est pas avec une simple carapace que ce combattant pourra vaincre les gaillards ici présents !
- Chers spectateurs, chers combattants tenez-vous prêt ! Top départ dans 5... 4... 3... 2... 1...
- COMBATTEZ !
- Et ils s'élancent tous, bien décidés à en découdre pour remporter le trophée !
- Ne déchantez pas, mais l'homme tortue que VOUS aduliez s'en sort assez bien, il a déjà enfoncé la tête d'un concurrent dans le sol !
- Oui mais regardez, il ne se laisse pas faire et le coince, et l'homme-marteau fait valser VOTRE reptile !
- Haha vous n'imaginez pas à quel point je suis heureux de ne pas être dans cette arène, les coups pleuvent littéralement !
- Mais que font ces quatre là, sur le bord ? Ils ne se battent pas et restent là à fixer le ciel !
- Attendez que je regarde dans la même direction qu'eux, je me déplace, de la tribune on ne voit pas bien... Ah mais oui, il y a bien quelque chose dans le ciel, c'est tout petit mais ça semble arriver vite !
- Et maintenant la moitié des spectateurs n'a d'yeux que pour cette chose, délaissant le combat qui se calme ! Mais que se passe-t-il ?
- On dirait un homme, cher Jean-Claude, un homme qui tombe à tous vitesse vers le centre de l'arène !
- Mais comment est-il arrivé jusque là haut ?
- C'est une bonne question, vous pourrez lui demander lorsqu'il atterrira, s'il n'est pas en purée !
- Haha oui, si on distingue ses morceaux du reste du sol !
- Ah il est à portée de vue, il a quelque chose dans ses mains !
- Un... balai avec une serpillère ? Dites-moi que je ne suis pas fou, c'est bien ça ?
- Je confirme, et c'est très étrange... Ah mais voilà qu'il bouge ses bras, on dirait qu'il cherche quelque chose !
- Un parachute peut-être ? Il en aurit bien besoin !
- Mesdames et messieurs en direct à l'arène de Doscar, nous assistons à quelque chose d'épouvantable, un homme venu du ciel ne va pas tarder à s'écraser comme une croute sur le sable des combattants !
- Mais que fait-il ? Des cordes sortent de ses manches ! Il en lance une multitude tout autour de lui, et ces cordes s'accrochent en haut des gradins sur toute la circonférence de l'arène !
- Eh oui, le fameux Rope Action parfaitement exécuté, un professionnel ! Nous avons pu en voir durant notre carrière de commentateur, mais celui-ci est particulièrement splendide ! Il ralentit sa chute maaaaais...
- Pas suffisamment, il s'écrase au sol dans un nuage de poussières !
- Et alors qu'elle se dissipe, on aperçoit son visage, la bouche en sang, le teinte verdâtre, comme maladif ! Il a du avoir peur lors de sa chute !
- Mais non, on dit une peur bleue, pas verte ! Mais qui est cet homme ?
- Regardez cher confrère, décidément c'est plein de rebondissements, alors que l'homme se relève péniblement, au centre de l'arène, entouré de nos vingt concurrents, la porte du fond vient de s'ouvrir à la volée, et quatre personnages tout aussi étranges en surgissent ! Les connaissez-vous ?
- Non, pas du tout, et je peux vous dire qu'il ne s'agit pas de combattants vaincus ! Je m'en souviendrai !
- Regardez, maintenant les autres portes donnant sur le sable s'ouvrent à leur tour, et une multitude d'hommes en armes portant les couleurs de la révolution et de Doscar en surgissent !
- Mais que se passe-t-il ?

Et dans ce remue-ménage, ce bordel sans nom, ce foutoir, la voix tonitruante de Richard, relayant les mots d'Adam, tous deux entrés à l'instant par la porte du fond de l'arène, accompagnés d'Olga et de Morru, résonne jusque dans les gradins.

- Alrahyr ! Cet homme est l'agent du gouvernement infiltré qu'on recherche ! Faut le chopper !

L'homme tortue dévisage le balayeur qui vient de s'écraser au milieu. En fait, tout le monde le regarde de travers. Un agent du gouvernement ? En plein milieu de Doscar ? En plein centre d'une arène remplie de Doscariens et d'hommes de la révolution ?

- Mesdames et messieurs, si jusqu'ici vous avez prêté une attention particulière, je vous demande de maintenant vous concentrer encore plus ! L'événement a drastiquement changé, car l'homme qui vient de tomber du ciel n'est autre qu'un infiltré du gouvernement ! Et je peux vous dire que ça va barder pour ses fesses, il est tout sauf bienvenu ici !
- Et comment ! Même moi, qui ne suis pas belliqueux de nature, j'ai envie de lui en mettre une !
- Abstenez-vous mon bon Jean-Pierre, il est certainement très bien formé au combat !
- Eh bien ça ne fera que plus de divertissement pour nos spectateurs si chanceux !
- Mesdames et messieurs, surtout, regardez bien la suite !

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Avant que quiconque puisse réagir, le présumé-agent-maintenant-plus-très-présumé-mais-tout-à-fait-désigné sort de sa poche un tube de peinture verte et l'éclate sur la brosse de son balais. D'un mouvement rotatif souple, il dessine prestement une succession de symboles tout autour de lui au sol.

Sans attendre plus longtemps, les vingt combattants se précipitent en direction de l'homme, talonnés par une véritable armée vêtue de gris qui s'engouffre sans interruption par les portes de l'arène. En garde, l'agent ne bouge pas, tout du moins jusqu'à ce que ses assaillants soient assez proches. Lorsque le premier pose le pied sur l'un des symboles dessinés à la hâte au sol, il frappe le sable avec l'extrémité de son balais.

Une onde de choc en résulte, se propageant à toute vitesse, fauchant au passage toutes les personnes présentes. Alrahyr, voyant l'onde arriver à lui, si puissante et si destructrice, se concentre sur lui-même comme il a appris à le faire. Il se protège de son bouclier et en recouvre mentalement la surface d'une épaisse couche noire.

Mais ça n'est que mental. L'onde vient percuter le bouclier d'acier Kaltershaft du révolutionnaire, le projetant sur plusieurs mètres. Étalé au sol, il ne comprend pas pourquoi cela n'a pas fonctionné. Il croyait commencer à maîtriser cette force noire, ce « Haki », tel qu'Adam l'a nommé. Se relevant péniblement, Alrahyr s'aperçoit que toute l'arène est dans le même état. Au centre, l'agent trône, mais pas si fier que ça.

Son teint livide laisse comprendre qu'il n'est pas à son aise. Malade ? Probablement. Il se tient à son balais comme à une canne, courbé en avant. Et même dans cet état, il parvient à faire valser tous ces mastodontes.

Et tous retournent à la charge. Rapidement, l'agent dessine un nouveau symbole sur le ventre de l'homme-marteau, la plus grosse brute du tournoi, mais cette fois-ci à l'aide d'une corde qu'il sort de sa manche. Cette corde se meut selon ses désirs, et lorsque le dessin est terminé, la brute s'immobilise dans sa charge, arme en l'air, comme gelée sur place. Et, sautant dans tous les sens, repoussant ses adversaires à coups de balais renforcés d'ondes de choc, l'unique ennemi de tous continue à immobiliser son entourage, avec une corde qui se déplace toujours plus rapidement.

Veillant à toujours se placer du côté opposé à cette corde maléfique, Alrahyr tente de percer la défense impénétrable du balais. Chaque fois il se concentre pour renforcer son bouclier, chaque fois il échoue. Son arme de défense lui permet de ne rien sentir du choc, mais de simplement se faire projeter en arrière. Et sa carapace lui offre une chute sans douleur, alors qu'il heurte de nombreuses fois le sable dur de l'arène.

Une onde de choc plus puissante que les précédentes l'envoie jusqu'au bord de la zone de combat, proche d'Adam, qui se relève lui aussi péniblement. Il en profite pour faire part de sa réflexion à l'homme-tortue :

- Cet homme, je pense savoir qui c'est. Sa technique, son style, j'en ai entendu parler lorsque j'étais au Cipher Pol. Un certain Mertens. Je ne pensais pas tomber sur lui un jour, ça n'est pas un adversaire comme ceux qu'on a déjà eu l'occasion de rencontrer.
- J'arrive pas à m'en approcher.
- Je t'ai vu. Le Haki, tu es loin de le maîtriser, tu ne peux pas le contrôler sur une surface aussi grande que ton bouclier. Cible le centre. C'est suffisant.

Et ça n'est pas idiot. Alrahyr est suffisamment expert dans cette arme pour amener son adversaire à frapper le milieu exact du bouclier.

Absorber l'onde de choc ? L'acier Kaltershaft le fait déjà à moitié. Le Haki fera le reste. Alors la tortue fonce, prenant toujours garde à la corde immobilisante. Arrivé à hauteur des coups habituels, il se concentre, une fois encore, mais de manière plus ciblée. D'un revers de bouclier, il pare le balais. Enfin ! N'arrêtant pas son mouvement, il fait un tour complet et, ayant pénétré la garde de l'agent, lui assène un puissant coup du centre de son arme, toujours couvert de ce noir profond si efficace.

Mertens, surpris et heurté de plein fouet, est expulsé contre un mur de l'arène ronde et l'explose en le heurtant. Les gradins au-dessus s'effondrent, les spectateurs tentent de se retenir entre eux. Les cris, la poussière, les éboulis, tout cela cause un vacarme assourdissant et un nuage aveuglant.

Le trou dans le mur est large et profond.

Les uns à la suite des autres, les combattants les plus braves s'y engouffrent, cherchant à abattre l'agent.

Il ne faut pas le laisser s'enfuir.

Et la suite va se dérouler dans un endroit plus renfermé qu'auparavant...

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A l'intérieur, les sons sont étouffés. En se faufilant dans les décombres, jusqu'à pénétrer dans les multiples salles des sous-sols de l'édifice, les combattants quittent peu à peu le brouhaha qui règne encore dans les tribunes. Ils se déplacent plus lentement, aussi, sur leurs gardes, sachant que leur adversaire se trouve quelque part ici, prêt à leur tendre une embuscade, déterminé à ne leur laisser aucune chance.

Les gladiateurs encore valides, soit seulement une dizaine, forment la première ligne. Alrahyr en fait partie. Personne ne mène réellement la troupe, personne ne dirige. Ils avancent d'un commun accord, sans se poser plus de questions. En renforts, derrière eux, la multitude de soldats gris investissent les lieux, par petits pelotons. Adam, Richard, Morru et Olga en font partie, conscients que la première ligne est réservée aux gros bras.

Cet agent n'est pas un simple sbire. Mertens, présumé leader des agents de Doscar, sous couverture de technicien de surface à l'ambassade.

Morru chuchote à Adam, juste à ses côtés, ce qu'elle sait de l'ambassade, surtout en ce qui concerne l'intoxication alimentaire dont elle a été témoin. Celui-ci affiche une mine un rien rassurée, signe que cet affrontement impossible sera peut-être juste extrêmement difficile. L'autre avantage, il en a bien conscience : dans ce tournoi, de nombreux combattants ont des capacités physiques extraordinaires, alors peut-être que tout cela cumulé... Merde, pourquoi il fallait tomber sur Mertens ?

- L'intérieur d'un agent aussi fort, c'est pareil que les autres ?

Fidèle à lui-même, Richard caresse sa batte encore rouge du sang de ses précédentes victimes, dans les sous-sols de l'ambassade. Adam lui lance un regard noir, signe que les conneries, ça va bien cinq minutes. Pas le temps de blaguer dans un cas comme celui-ci.

Alrahyr, toujours en forme hybride – qu'il n'est pas prêt de quitter, d'ailleurs – avance précautionneusement, bouclier devant lui, traversant les salles les unes après les autres. Majoritairement des dépôts d'armes et armures, comme on peut s'y attendre dans une arène. Quelques pièces d'honneur, avec des statues aux effigies des précédents vainqueurs, des armes célèbres exposées et des pièces d'armure étincelantes lustrées au quotidien, rendant hommage à leurs défunts propriétaires.

Soudain, un vacarme assourdissant parvient aux oreilles de la tortue. Le bruit émane de l'autre partie du bâtiment. Les combattants ont dû tomber sur leur proie. Alors le révolutionnaire s'y précipite à trombe, défilant à travers les salles et les couloirs sans plus y prêter d'attention. L'heure n'est plus au tourisme. Espérons simplement que...

Merde. Le remue-ménage n'était pas issu d'une embuscade tendue par les gladiateurs sur l'agent, mais l'inverse. Il a réussi à en isoler une partie, et il trône désormais au milieu de leurs corps inertes.  Inertes, ou immobilisés : des symboles semblables à ceux dessinés auparavant dans l'arène ornent leurs torses, dos ou figures. Certains sont au sol, d'autres debout, incapables de se mouvoir.

La pièce est très spacieuse, décorée à l'image d'un hall d'honneur. Des tableaux décorent les murs, les piliers sculptés par des mains de maîtres soutiennent d'imposantes torches flamboyantes, et au  centre, une immense fontaine aux bords brisés par le tumulte récent répand son eau claire aux alentours. En son sommet toujours intact domine une ancre de navire, une vraie, métallique, probablement issue d'un bâtiment de guerre, au vu de ses dimensions. La chaîne court jusqu'au plafond, offrant un support bien nécessaire à ce que la fontaine ne s'écrase pas sous le poids conséquent de la structure d'acier.

L'agent paraît essoufflé, mal en point. Des blessures ornent son visage et les parties apparentes de son corps, et il est légèrement plié vers l'avant, se tenant le ventre. Essayant de se comporter de manière nonchalante, Mertens pousse l'un des combattants statufiés du pied, le faisant s'écraser au sol.

- Soru.

Il disparaît, pour réapparaître instantanément devant Alrahyr, qui n'a que le temps de se protéger derrière son bouclier. Mais un bout de corde vient dessiner un symbole sur son bras, et en une fraction de seconde, le membre de ramollit, rendant le bouclier inutilisable. La main est toujours solidement refermée sur l'arme, mais l'homme-tortue ne parvient plus à le contrôler.

Foutue peinture.

D'un geste circulaire de son bâton-balais, l'agent fait valser son adversaire vers le milieu de la salle. Ses mouvements sont beaucoup plus lents que dans l'arène, mais ces cordes et cette peinture...

A moitié paralysé, face au sol, le révolutionnaire sens le contact humide de la pierre mouillée du bout de ses lèvres.

L'eau.

Son instinct tordu de tortue reprend le dessus, c'est comme s'il perdait le contrôle de son corps. Il se voit se lever, le bras ballant, et s'effondrer de tout son long dans la fontaine, éclaboussant les alentours. Plongé dans cinquante centimètres d'eau, son esprit s'embrume légèrement. Ses yeux hagards se perdent dans le vague et tombent sur son bras porteur de bouclier. Le symbole a disparu. Il peut le bouger à nouveau.

Cette nouvelle a l'effet d'une étincelle dans son cerveau, reprenant conscience de la situation, ayant trouvé un moyen de se protéger de ces effets indésirables. Encore sous l'eau, son regard se porte vers la surface, où la forme de Mertens fait son apparition, se penchant au-dessus de la fontaine.

D'un mouvement brusque, Alrahyr s'extrait de l'eau, aspergeant l'agent grâce à son bouclier faisant office de récipient. Les cordes mouillées perdent leur peinture, comme le balais, et une teinte verte délavées se répand partout, de plus en plus translucide à mesure que l'eau se mélange à la peinture.

A force d'éclaboussures et d'écoulement, la salle entière est recouverte d'une fine couche d'eau. Les deux adversaires se font face, sachant tous deux qu'un combat intense se prépare.

Soudain, Mertens disparaît, juste après avoir été remplacé par une masse gris-noir qui disparaît aussi vite qu'elle est apparue. La masse n'est autre chose qu'un énorme bloc de pierre, qui joue le rôle du marteau, pendant que le mur de droite se comporte en enclume, prenant l'agent en tenaille, comme un fer de forge battu une seule et unique fois. A gauche, un gladiateur mastodonte ricane, fier de son œuvre.

Le rocher se brise, Mertens s'en extrait péniblement, le teint verdâtre, crachant du sang. La brute colossale n'attend pas un instant de plus et fonce à sa rencontre, engageant alors un échange acharné de coups.

Les secousses font vibrer la salle, et la chaîne retenant l'ancre se désolidarise du plafond. La fontaine de pierre s'effondre sur elle-même sous le poids de la pièce de métal, et la chaîne tombe au sol. Alrahyr, les yeux posés dessus, est saisi d'une idée. Débile, loufoque, mais littéralement plaisante.

De son côté, Mertens parvient enfin à briser la garde du barbare gigantesque et l'envoie s'encastrer dans le même mur que celui où il avait été projeté quelques moments avant. Il reprend son souffle, penché en avant, toussant, crachant, pris d'une douleur dans l'estomac. Alors qu'il se relève, il se fait surprendre par un énorme morceau d'acier qui vient se placer en travers de son corps, depuis derrière lui au niveau de son épaule droite jusqu'en bas de sa taille, à gauche.

La pièce de métal le tire à pleine vitesse vers l'arrière. Tournant subrepticement la tête, il comprend trop tard : l'homme-tortue, bouclier en main gauche, une chaîne enroulée autour du bras droit, utilise l'ancre comme grappin pour l'amener à lui sans lui laisser le choix. Mertens, épuisé par le combat et la douleur au ventre, tente une dernière défense, de dos.

- Tek-...

Trop lent.

- HAKAI

La technique préférée de Kaltershaft. Trois coups du bord du bouclier, donnés à quelques dixièmes de seconde d'intervalle, destinés à détruire. Le premier brise la résistance de surface. Le deuxième répand une onde de choc dans le corps. Et le troisième envoie une seconde onde, qui à la rencontre de la première déclenche une réaction en chaîne.

Les yeux de Mertens virent au blanc. Les coups ont été portés dans son dos, directement contre sa colonne vertébrale, et au niveau de son estomac. Toutes douleurs cumulées, il perd connaissance, trop résistant pour mourir.

A cet instant, les renforts pénètrent dans la salle. Les derniers gladiateurs, les gris et les compagnons d'Alrahyr.

Ce dernier trône devant l'agent, étendu au sol. Bouclier dans une main, immense ancre de navire dans l'autre.

Cette nouvelle arme a quelque chose de très sympathique...

- Adam... Mission accomplie.


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