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Onzième Epoque: Les Hommes de bien naissent à quarante ans.

Rappel du premier message :

1621 – Escape from Zartacla

- Coupable !

Foi de Bibi, les foies jaunes, ça me connaît. J’en ai masse rencontré dans ma carrière d’écumeur des mers, assez pour savoir que si j’en étais un je le saurais, et que donc j’en suis pas un. Mais là, à voir ces enflures qui une par une se lèvent et débitent chacune leur part du chapelet de ma condamnation à mort, j’ai quand même un filet froid ascendant sueur âcre qui se met à me couler dans le dos. Et sur leurs dix faces lisses et chauves de pourris instruments d’une justice pure pour les pas assez justes comme moi, je lis toutes leurs bonnes pensées de bien-pensants pour mon âme noire devant les éternels. Coupable, je suis coupable. Je suis un traître.

Et les traîtres on les pend, on leur coupe la tête pour être sûrs et on en fait des omelettes pour les poissons les moins herbivores de la baie des cochons, juste à l’arrière du QG. La présidente de la cour martiale abat son marteau sur mes dernières pensées optimistes et brise mon regard en donnant la sentence. Pas le temps de me dire une dernière fois que ce monde était plein de belles plantes, mon avocat commis d’office échappe à mon courroux et laisse les quatre gorilles qui nous entouraient se rabattre sur moi, coucou. Leurs pattes lourdes me broient les épaules et le goût de l’action désespérée, je me laisse faire, et on m’emmène directos à l’ombre dont je viens.

- Salauds de riches ! Crevez tous !

Je sais pas pourquoi les riches plus que les autres, mais j’avais envie et on en veut pas à un criminel déclaré pour ses derniers mots d’homme incompris par ses pairs. Enfin ça c’est dans les livres mais dans la pratique on lui casse les genoux, à l’homme incompris, et quand leurs un, deux, trois... huit grosses pattes velues me lâchent sur la paillasse miteuse et pleine de puces de mon cachot sous l’échafaud, je lutte et grince et grogne pour me relever. Du soupirail, parce qu’il y a forcément un soupirail dans un cachot pour vermines futurement exterminées, je vois les serpents rouges qui déjà aiguisent leurs crocs et lèchent de leurs langues fourchues les bois de la machine à la corde de laquelle j’éclabousserai le monde de ma grande mort demain. Je dis le monde parce que tout le monde viendra me voir pendu… sauf les bigleux, bien entendu. Bien entendu sauf par les sourds, cela va de s... Serpents rouges ?

Un rêve, un putain de rêve ?


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Le sept. Ce matin, visite du tailleur de Glinglin. Encore un Paul. Ils s’appellent tous comme ça. Numéro deux-b, une sombre histoire de frère jumeau. Paul les hommes, Magdalena les infirmières pour me recoudre ou recoudre Ela, et quelques autres noms prêts à devenir des classes de métier à part entière. Tous profondément enracinés dans leur dégradation plus bas qu’un miasme, et qui peut les en blâmer ? Ils survivent. Ce Paul-ci a même obtenu le droit de porter une moustache, fort belle moustache, à rendre envieux plusieurs montagnards de Drum. Il a pris mes mesures, m’a fait lever, m’a tâté les cuisseaux, le torse, les bras. Je me suis découvert affiné, malingre, maigre, émacié. Comme à me revêtir pour la première fois à bord de l’Usage Modéré de Red au sortir d’Impel Down.

Mais là je ne me suis pas revêtu. On m’a. Dans la tiédeur de ce soir, quand la journée en a eu fini de moi, ils sont venus, deux ou trois Paul, et m’ont enfilé méthodiquement chaque morceau d’étoffe, pendant que Paul à moustache me piquait de ses aiguilles de couturier pour noter quelques retouches. Ils ne sont sans doute pas les tailleurs de Glinglin lui-même, peut-être d’un membre de la famille qu’il n’aime pas. Un neveu, une nièce, une cousine. Je ne crois pas qu’il ait d’enfants.

Ha ! Des petits Glinglin. Vision d’horreur.

Ils sont venus après une dernière visite de Vegapunk, qui m’a dit Adieu.

Vegapunk est venu après une visite d’Ela, qui m’a lu un passage d’un roman choisi par le Saint en personne, où un type se fait supplicier sur une montagne à Gol’Gotham, pas loin de l’île des Vayne dont vient Mouetteman. Penser à ce super zéro m’a mis un peu de baume au cœur. Où était-ce la voix toujours douce d’Ela à mes oreilles, comme un dernier chant avant la bataille ?

Et ce type se faisait passionner, percer, presser, drainer par ses bourreaux en secte, et Ela lisait. Et Ela lisait mais le reste devenait accessoire. Ela lisait le monde, là sur la chaise où Paul a laissé son maître-ruban, tiens, dans ce qui n’était encore que la lumière du soleil couchant, couché, pas la Lune se levant, levée, et je me faisais bercer par les horreurs qu’elle relatait, par le rythme de son œil sur les lignes, et l’encre séchée sur son épaule droite là où Glinglin a ripé avec le fer rouge, et je l’ai désirée violemment, entièrement, elle magnifique à me préparer, moi pathétique, pour demain qui se rapproche. Mais je n’ai rien dit, rien transmis, et elle est allée jusqu’à la dernière phrase, à la dernière ligne, au dernier mot de l’histoire.

- et repentez-vous car l’heure est proche.

Et il y avait de l’eau sous sa paupière et une goutte à tracé une ligne sur sa joue gauche et elle est partie avec le Soleil quand j’ai continué de ne rien dire, et les Paul ont pris le relais. Je l’ai regardée sortir pour une fois, et la patte de dragon dans son dos avait gagné. Nous, elle, moi, pris dans ses griffes, dans les griffes des espoirs vains et des envies futiles, et des paniques sourdes.

Les aiguilles de Paul ont resserré les toiles et percé mes chairs et fait tressaillir mes deux bras mais qu’importait, la dernière parcelle de mon humanité, la dernière parcelle de l’humanité à se soucier de moi, que je n’avais pas eu le temps de renvoyer à une vie meilleure avant que Glinglin ne nous tombe dessus, alerté sans que je comprenne encore comment de notre localisation, ma dernière lueur d’espoir venait de sortir pendant que les étoiles dehors aussi sortaient.

Et maintenant je suis seul.


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D’abord je rêve éveillé, et mon esprit se balade sans corps dans les jardins à l’alabastienne de Glinglin. Des haies de buis sur lesquelles la Lune vient buter, traçant depuis bien plus haut que moi des tatouages magnifiques en pleins et déliés sur les allées de gravier blanc qui les longent. Parfois un arbre sous lequel je m’assieds, il y a toujours un banc à cet effet. Je ne me sens pas princier, pas sanctifié, mais il y a quelque privilège indéniable, même accordé à un condamné, à errer dans ces œuvres d’art vivantes, plus vivantes que les esclaves qui les entretiennent. Sous chaque banc, sous chaque bosquet, au cœur de chaque fontaine, c’est comme si je croisais les spectres des générations de ceux qui ont façonné ce lieu comme jamais ses maîtres ne l’ont façonné, pas même le tout premier Cadenhead qui l’a fondé. Tous ces anonymes me regardent de leurs yeux millénaires, gris-pâle, ouverts sur le gouffre d’un monde où je vais plonger, où je manque m’abandonner déjà. Je soupçonne Paul poilu d’avoir laissé son ruban sur la chaise pour ma gorge, pour la balustrade depuis laquelle je contemple les sorts passés et le mien futur proche. Peut-être sur demande d’Ela, peut-être sur ordre de Glinglin pour me tester. Peut-être de lui-même, qui sait.

Mais me pendre maintenant, mais me tuer avant que, serait condamner Ela.

Je retourne donc près d’un des vingt bassins sis au creux des courbes ciselées par les haies et les allées, symboles d’un monde jamais connu par personne y compris ceux qui l’ont idéalisé, fixé dans le marbre des vainqueurs au jour des Dragons, du Gouvernement Mondial. Quand RedLine s’est peuplé. L’origine de l’humanité. Ou de l’inhumanité.

Je me redresse et mon regard descend sur la ville, sur la capitale Marie-Joie, à la gaité éteinte désormais par le sommeil. Les fanaux des postes de garde, des bâtiments publics à commencer par le Palais du Gouvernement juste en contrebas de moi et au-dessus du quartier militaire, d’où je le contemplais avec les collègues du régiment, dix ans plus tôt. Ça ne fait que dix ans, pourtant des mondes sont passés, ici et en moi. Le Conseil des Cinq s’est renouvelé, je suis mort et rené, pour remourir presque aussitôt. Pour renaître, pour remourir enfin demain.

La Cour d’Honneur où Ela a dû perdre ses galons est éclairée, je devine sans les voir les hampes des drapeaux du monde, unités portées en grâce, unités déchues, unités fantômes, pouvoir et vanité. Les résidences des amiraux, le balcon que je ne peux voir d’où j’ai quitté Jenv pour la dernière fois. La ville haute, les points rouges des maisons de charme où pires et semblables délices attendent clients et putains. Je réprime le soubresaut de mon œsophage à la pensée de cet orgasme collectif, simultané, de tous ceux qui jouissent en chaque instant de cette nuit de calme sordide, et en toutes les nuits depuis celle des temps, insouciants de toute autre question au moment où le plaisir vient et disparaît.

Les bas-fonds, les docks, la basse-ville, les égouts de la section révolutionnaire dissoute par l’agent Choucas. Red. Je me demande s’ils ont retrouvé les cadavres de Belladone et Saint-Just, à l’époque. S’ils les y ont laissé se faire bouffer par les rats et servir de terreau à de nouvelles immondices pour les temps futurs, peut-être pour les temps d’aujourd’hui. Les canaux, le port militaire, la Taverne de la Dernière Erreur où les permissions filaient vite.

Et je suis seul dans cette ville, les rues sont froides comme la sueur dans mon dos à l’idée de mourir demain, de mourir non pour expier mes actes mais pour servir les plaisirs d’un démon plus saint que les saints. L’odeur y est fétide, le pavé est glissant, chaque pas amène le dégoût et rapproche de l’issue fatale. Les seuls habitants sont les freux de Jakku Kattar dans le ciel, aiguisant leurs serres et contemplant ma déchéance de leurs horribles yeux noirs qui ne clignent jamais, chantonnent, oui ils chantonnent, leur hymne macabre,

- Tahar,

croassent-ils, dans le souffle noir de leur engeance qui vient chatouiller, réchauffer ma nuque d’une dernière fausse joie presque sensuelle, c’est l’appel de la Dame Mort, tandis que leurs rémiges grasses fendent l’air dans un souffle froid, par-dessus l’échafaud où je ne périrai pas, non, je passerai sans honneur ni panache, dans un salon privé entouré de gens, fantômes humains comme moi, que mon existence n’aura jamais que divertis, tirés de leur ennui d’anges de mort, dragons d’infortune au sang pourri jusque le cœur, comme le mien est noir d’ébène dans mes veines, car avec la nuit le rouge du vif m’a quitté, et la main osseuse de la Mort encapuchonnée m’enserre le poignet, l’épaule, son bras squelettique repose sur mon cou, et elle se penche à mon oreille pour réitérer l’appel de ses serviteurs à plumes,

- Tahar...

son rauquement morbide martèle mes tympans, s’immisce dans chacun de mes nerfs et se répand par tous les pores sur ma peau moite et, nu comme un ver dans une pièce sèche et vide comme ma vie, une pièce qui est le monde entier déjà vide des vivants pour le mort marchant que je suis, je tombe à genoux contre l’ouverture et me replie main devant dans le noir pour repousser la femme sans visage, au visage de toutes les femmes, de tous les hommes, de tous mes horribles congénères, qui se penche vers moi ! Mon corps tremble, je halète et soudain j’ai chaud d’avoir peur, et peur d’avoir chaud alors je me recroqueville dans l’alcôve de la chambre, et je tire le voile que déchire la main décharnée par le clair de lune, main qui persiste et se rapproche et écarte doucement mes doigts amollis par le charme presque familier, désormais familier, de son appel séculaire. Je suis né pour mourir aujourd’hui, emporte-moi...

- Emporte-moi !
- Tahar ?


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L’ombre nous a trouvés, la mort rattrapés, et son bal s’est ouvert. Glinglin virevolte de ses invités à d’autres, charmeur, facétieux, au niveau d’indécence qui est le leur, sous mes yeux silencieux, suspendu et bâillonné que je suis au mur principal, derrière le buffet devant lequel ils passent tous. Je suis un ornement, une décoration encore, et quand Glinglin me révélera il y aura des acclamations de surprise et des gesticulations raffinées de joie enfantine.

Enfants. Même leurs enfants sont comme eux, nés déjà dégénérés.

Il y en a quelques-uns, trois ou quatre, j’ignore de quelles familles car j’ignore les noms des invités de toute façon. J’ai entendu celui des Pah, quand le dernier Cadenhead a noté d’un œil d’esthète les qualités des frusques d’une certaine Neetush, sainte comme lui dans sa bulle. Peut-être les Albenas. Les rejetons en tout cas ne sont pas comme les rejetons d’humains usuels à une soirée de leurs parents. Ils ne courent pas à travers les tables, dessous, dessus, en criant, riant, se faisant des coups du diable les uns aux autres. Non, ceux-ci sont calmes, observateurs, démoniaques par essence, et leurs jeux sont déjà malsains derrière les vitres de leurs autismes respectifs. Dans leurs âmes, des réflexions sur ceux de leurs fantasmes qui sont encore inassouvis, et leurs projets effarants défilent, réalisés, dans leur pupille soudain dilatée, fixée sur un, une, des esclaves, ou des libres même de leur parenté. Ils leur feront, à tous, sans exception, de sang reliés ou non, ce qu’ils ont imaginé. Un jour. Tous ici le savent, que leur raffinement n’est qu’illusion par le pragmatisme même du motto de leur classe : "fais ce que veux, si peux".

Loi de la jungle en taffetas et bulles de verre.

Et devant les fauves voici qu’est présentée la gazelle.


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À peine plus couverte qu’un cadeau autour duquel on n’aurait mis que le ruban.

Au début elle n’est qu’une chose de plus dans la salle de réception où papillonnent déjà nombre de Paul et Paulette, qui un rafraîchissement à la main, qui l’instrument de sa propre perte, qui la première pierre à la frapper. Mais Glinglin veut que je souffre et que nous souffrions. Je le vois dans son faciès trop concentré. Il sait que nous l’avons battu cette nuit, et il va savourer chaque instant de sa vengeance. L’orchestre s’arrête de jouer sur sa commande et recommence quand Ela est enfin centre d’attention. Les gloussements des adultes, les commentaires muets mais audibles des mâles, les cris des lionceaux à qui les aînés laissent leur première chasse.

La douleur d’autrui est parfois pire que la simple douleur, m’a lu Ela hier dans la journée. C’est une des phrases du supplicié, qui plaint encore ceux qui le tourmentent d’avoir si mal qu’ils doivent l’exécuter lui pour camoufler leur mal propre. Chaque insulte à la dignité de cette femme résonne sous mes côtes et sous mon crâne, comme si chacun de mes propres os se cassait un à un, comme si chacun de mes muscles était déchiré par deux chevaux caracolant en sens opposés. Et chacun de mes grincements de dents, de mes plissements de sourcils, de mes larmes même, est une compensation pour Saint Glinglin, qui est le seul avec moi à ne pas suivre le spectacle des yeux, pour me fixer moi que personne n’a encore remarqué que lui qui sait.

Ses lèvres tremblent, mais pas de désolation.
Ses mires noircissent, mais pas d’horreur.
Ses narines se plissent, mais pas de dégoût.

Tout son être, plus malade que je ne l’ai jamais été dans toute ma misérable existence, jouit au plus profond de ces atrocités et de leur effet sur moi. Les cuirs cisaillent mes chairs au cou, aux poignets, aux chevilles, les clous qui ne sont encore que sous mes pieds, sous mes mains, à côté de mon ventre, tremblent dans le mur de l’appui que j’essaie de prendre sur eux, et ma peau s’arrache contre eux. Mais le casque m’interdit d’assommer autre que moi, même pas Ela que je ne peux libérer de ses tourments. Mais le bracelet me vide des forces dont j’aurais tant besoin, dont j’ai si cruellement besoin pour faire cesser ces sommets de cruauté. Ahh, je suis faible Ela, je suis si faible, pardonne-moi si tu le peux, pardonne-moi !

- E...a...

Ma voix bâillonnée n’est qu’un gémissement étouffé par le bruit d’un verre contre des dents trop blanches qui sourient là-bas face au spectacle, mais elle elle l’entend. Elle l’entend, et elle me regarde désormais, et dans les îles écarquillées de ses iris autrefois si durs, si fermes, j’aperçois la fragilité du vacillement. Elle me regarde et des idées lui viennent. Je sais lesquelles, elle veut capituler. Elle veut que Glinglin la relâche. Elle veut m’offrir pour que cesse l’horreur, et les rires coupables des enfants et les sourires parfaits des parents complices et déjà coupables eux aussi depuis avant leur naissance et la nôtre et la sienne.

Vas-y Ela, Vas-y. Arrête ça. Tu as ma bénédiction. Arrête ça !

Et alors que je tourne la tête une voix suraiguë teintée de la folie hystérique crie oh mais qu’est-ce que c’est que ça, et alors que tout le monde se détourne pour regarder ce qu’elle désigne sans doute, Ela murmure et baisse la tête sous les outrages, et Glinglin n’entend pas son appel, ne peut pas entendre, fait celui qui n’entend pas. Et je le regarde et il me regarde et je regarde les lustres au plafond qui éblouissent et je regarde Ela et Ela me regarde, toujours murmurant, et me sourit, et ne regarde pas Glinglin mais me sourit, et sur ses lèvres il y a la satisfaction d’avoir échappé au pire, d’avoir atteint la fin du cauchemar, et je regarde Glinglin pour le voir aller la libérer, et je regarde Ela pour lui signifier de ne pas s’en vouloir, que je comprends, que j’aurais voulu qu’elle le fasse plus tôt, qu’elle ne prête pas ce serment insensé pour m’acheter quelques jours, quelques huitaines, même des mois de plus.


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Que


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- E... a... ?


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Mais ma voix étouffée n’est qu’un grognement anéanti par la clameur qui s’élève et les applaudissements qui éclatent d’abord silencieux comme étouffés eux aussi par du coton beaucoup de coton et ensuite assourdissants comme des coups de canon dans mon oreille et il y a un cri encore une voix de femme que je connais pas Ela car Ela n’est plus là et ils sourient tous et je ne comprends pas et Glinglin me fixe et applaudit lui aussi doucement comme les riches et bouge maintenant et Ela n’est plus là et Glinglin s’approche d’une petite tête et d’une main et y reprend quelque chose un tube avec un bouton et Ela n’est plus là il y a du rouge sur du rouge du rouge autour sur les tapis sur les lustres sur les plafonds sur les gens contents certains se lèchent les mains d’autres ont une grimace dégoûtée et une crie ma robe est à jeter et les autres rient et Glinglin se retourne vers moi et marche vers moi et l’orchestre rend sourd les applaudissements et ce n’est pas l’orchestre c’est mon cœur qui s’est remis à battre parce qu’il a compris et ma tête qui explose à chaque battement a compris aussi et Glinglin est sous moi et il me montre de la main et parle et les gens disent oh et ah et même celle dont la robe est à jeter s’exclame quelque chose mais je n’entends pas je n’entends plus et j’entends le vide d’Ela qui était là qui n’est plus là et enfin je comprends aussi et la voix de Glinglin m’explique et je

- car quand les choses défient les lois qui pèsent sur elles, il faut éliminer ces aberrations, n’est-ce pas très cher hôte ?

hurle

- E... A... ! E... A... !

et Glinglin rit mais enlève lui-même de ses mains gantées rouges mon bâillon taché du sang de ma langue de mes gencives de mes lèvres coupées sur le tissu quand j’ai crié

- ELAAAA !!!


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 29 Juin 2015 - 19:49, édité 1 fois
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- Ça suffit maintenant.

le bâillon revient dans ma bouche jusque dans ma gorge et j’étouffe mais l’horreur aussi m’étouffe et le sang dans ma bouche et le goût du fer et l’odeur du fer et l’odeur de la mort affreuse tombée sur une innocente de tout depuis toujours et le vice et l’abysse dans lequel j’ai plongé sous le fond que je croyais avoir atteint et le silence revient le silence où plus rien ne bouge et les convives attablés devant moi maintenant je vois ce mur que les Paul nettoient déjà et ce tapis qu’ils enlèvent et ce tronc mutilé qui est dedans et je vomis sans pouvoir et j’étouffe et je veux vomir mais je ne peux pas et mes réflexes m’empêchent de vomir alors que je veux que je ne veux pas affronter cette perte pas celle-là plus aucune ses mots elle n’a pas voulu céder je sais maintenant elle disait elle disait qu’elle était contente de m’avoir connu elle disait tenez bon elle disait à bientôt et c’étaient ses mots aussi sur l’étoffe bleue de sa ceinture d’apparat elle me l’a dit la nuit où nous sommes arrivés ici à la capitale et


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- Et les logias sont aussi une aberration, n’est-ce pas très cher hôte ?

Mais je n’entends rien.

- Ah, j’oubliais, tu ne peux pas parler. Voilà. N’est-ce pas, très cher hôte, que les logias sont une aberration aussi qu’il faut éliminer ?

Mais je n’entends rien et je ne sens pas non plus la déception de Glinglin que je ne sois pas plus rétif et que je ne me défende pas un peu quand il plante les clous dans mes muscles et dans mon ventre et quand les gouttes tombent toutes dans les vases sous moi pour "garder le sang du démon" et je ne sens pas la douleur et je ne passe plus qu’un coup d’œil hagard sur les visages inhumains défigurés en bas et je ne les connais pas et ils ne me connaissent pas et je souffre devant eux et je pleure et ils regardent un spectacle et mes larmes qui gouttent et mon sang qui goutte sont le spectacle et ils n’ont pas de compassion pour la Passion de Tahar et ni lui ni elle ni eux ni

- Ly

et le cri tout à l’heure que j’ai reconnu après l’explosion dans l’explosion me revient et mes forces se déversent à torrents hors de mon corps mais mon corps bouge tout seul sur les clous qui ne le retiennent plus qu’uniquement désormais et Glinglin veut remettre les colliers de cuir pour que je ne tombe pas mais il est trop tard et je déchire mes poignets et mes chevilles et mon ventre et il y a des cris et des peurs et je tombe et je me relève car je l’ai vue elle a vu elle était ici et j’ai compris qui nous avait livrés Ela et moi qui avait causé tout ça la mort d’Ela à l’instant

- Je ne savais pas qu’Ela était ici, je ne savais pas !

elle recule et je m’approche et Glinglin voit que je marche mais ne comprend pas ou croit que je vais retomber et je titube et je m’appuie sur les jarres pleines de mon propre sang que quoi qu’ils allaient boire peut-être et la jarre vacille et tombe et le sang mon sang coule sur le sol sous les pieds de la table sous leurs pieds sous leurs bottes et les symboles se dessinent s’étirent sous eux des symboles que je sens que je connais depuis mon cœur depuis toujours et ma haine monte et elle recule et j’avance encore car je ne vois qu’elle

- Je ne savais pas ! Je le jure !
- Ly...dia...
- JE LE JURE SUR JENV !!

mais le prénom chéri autrefois chéri n’a pas d’effet la terreur se lit en elle qui fait face au spectre qu’elle saurait combattre si elle y pensait et les autres aussi se taisent car le spectacle ne prévoyait pas ça Glinglin reste paralysé à ma droite et il a dans une main le bracelet qu’il m’a enlevé pour me clouer le bras je n’ai pas besoin de regarder pour le voir car je ressens tout je ne regarde que Lydia Œankhôr qui a trahi son amie pour assouvir sa vengeance contre moi et me livrer à Glinglin des Cadenhead plutôt qu’à Shiro comme elle l’avait dit pour que je paie que je paie le sang de sa sœur par mon sang

- Chose, assez !

le fouet de Glinglin me distrait d’elle que je n’aurais jamais atteinte et je me dirige vers lui je dirige vers lui la force des symboles de mon sang encore fluide sur lequel il marche encore comme d’autres restent sauf Lydia et ceux qui ont fui dès que je suis tombé qui n’ont été tachés que des premières couleurs et eux quatre ils restent et marchent dedans lui et Paul et Paul et ce gamin à bulle et les pouvoirs de mon sang montent en lui et montent en eux et il ne peut pas bouger et ils ne peuvent pas bouger et ils doivent m’obéir car mon sang est pourpre et carmin comme celui sur les autres mais cardinal aussi et celui qui reste dans mes veines est amarante, et je leur demande juste de ne pas bouger et ils restent et les Paul défaillent et les autres là-bas aveuglés par les ailes d’un autre plan celui de mon triomphe dans mon dos murmurent sans crier et regardent le dompteur au fouet qui reste immobile et lui regarde le loup sauvage jamais dressé s’approcher de lui et le loup c’est moi et ma bouche crache du sang sur sa bulle que le mur brise quand je l’attrape par le cou et le pousse contre la paroi le pousse de mon bras qui n’est pas mort et à côté de moi face à lui Glinglin regarde l’enfant mort dans sa bulle fêlée elle aussi effondré contre mes jambes il ne fallait pas crier il ne faut pas crier face aux fauves ça les excite encore plus ils sentent la peur et la peur je la sens elle est partout j’espère que c’était lui l’enfant qui a appuyé sur le bouton et tous les cris se mélangent dans ma tête alors je ne suis plus sûr mais tant pis et Glinglin a peur des mots que je feule doucement tout doucement trop doucement à mesure que je serre que je serre que je serre


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Dernière édition par Tahar Tahgel le Lun 29 Juin 2015 - 19:49, édité 3 fois
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Je suis
Un saint
Saint Glinglin est mon nom
Tahar va me tuer
Ela être vengée

Glinglin
Lis sur mes lèvres la haine
Intimée par ton nom glorieux
Née de ta seule engeance
Glinglin
Loue tes démons créateurs
Initiateurs de tourments très exquis très neufs
Néanmoins rendus


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- main...te...nant...


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L’horreur de l’entendement révulse ses yeux, le blanc s’en opacifie, le gris s’en éclaircit, vacille. De sa main agitée de spasmes un escargophone tombe à terre avec un petit cri, dans la foule d’autres apparaissent, dans mon dos Lydia braque une arme sur moi mais ne bouge pas et elle et moi et Glinglin savons pourquoi. Je venge Ela qu’elle a trahie, je venge Ela morte par sa faute. Il étouffe, étouffe de l’air pur d’un monde qu’il quitte peu à peu, au bout de ma main et le sang coule moins vite hors de mes blessures dans lesquelles je baigne, car il est tout dans mon poignet, tout dans mes doigts contractés comme un étau, l’étau du destin dernier.

Je reprends la leçon du maître.

- Et les aberrations seront éliminées...

Vois Glinglin, vois, ton monde se vide de ses péchés, de tes péchés. Je mourrai après toi.

Et l’orage tonne et le vent ouvre la fenêtre, les éléments saluent la fin d’un règne et les désormais dix-neuf familles peuvent pleurer leurs pertes. Au mur, Glinglin suspendu aux clous qu’il avait lui-même plantés ne bouge plus, son cadavre désacralisé aux orbites vides et maculé du sang du démon observe un dragonneau mort lui aussi qui ne le remplacera pas.

Des éclairs zèbrent le ciel noir de ma fuite.

Le dragon est mort.


Onzième Epoque: Les Hommes de bien naissent à quarante ans. - Page 2 661875SignTahar
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