Je ne suis pas trop sûre de l'utilité de tout ça. Ni même du pourquoi du comment. Mais peut être est-ce juste parce qu'aujourd'hui n'est pas comme hier et n'est pas comme demain.
Non, aujourd'hui est différent. Même si pas tellement, au final. Je suis toujours sur ce navire, avec ces gens, comme hier, et comme demain, oui. Mais mon esprit est ailleurs. Parce que cette date précise est commune a tous, parce qu'à cette date, on fête tous la même personne.
Alors aujourd'hui n'est pas comme les autres, d'autant plus pour moi que pour les autres. Car bien que cette fête revienne chaque année, pour moi, c'est la première où j'aurai vraiment pu te le souhaiter, bonne fête. Car l'année passée, j'étais enfermée, et l'année d'avant j'ignorais qui tu étais. Mais malgré mon semblant de liberté, je suis là, devant ce bout de papier que je n'ose même pas adresser.
Car tu ne le recevras pas, toi à qui il pourrait être destiné, puisque déjà tu n'es plus.
Et pourtant, j'avais tant de choses à te dire ! Bien sûr, je n'ai pas oublié comment l'on s'est quitté et te dire que je ne t'en veux pas ne serait qu'à moitié vrai. Mais je comprends. Je comprends que même toi, tu ne voulais pas ça. Je comprends que malgré ça, l'amour était là. La peur aussi. Et le regret sans doute.
Tu sais, j'ai lu ton dossier. Pas tout, parce qu'il y avait beaucoup, mais je pense avoir été attentive à ce qui méritait de l'attention. Comme la mort de cette amirale, par exemple, qui, je crois, t'as rendu fou, en quelque sorte. D'où ce surnom que tu as eu. Je peux comprendre, j'aurai pu virer folle aussi, lorsque ça m'est arrivée. J'étais plus jeune, mais mon cœur n'en a pas moins été affectée. Et je t'avoue même que j'avais juste rayer ce sentiment de ma vie, jusqu'à l'année dernière ou j'ai commencé à le ressentir de nouveau. Je suppose alors que l'on peut dire que j'ai réussi là où tu as échoué, non ?
Mais malgré ça, je ne serais jamais comblée puisque tu es lâchement parti sans me laisser le choix de te découvrir vraiment. Car j'ai beau savoir ce que tu as fait de ta vie, je ne connaîtrai jamais tes pensées et tes motivations. Seuls les "peut être" restent. Et ça ne me suffit pas, mais pourtant tu m'obliges à m'en contenter. Avoue quand même que c'est plutôt vil de ta part, non ? Bien sûr que tu n'avoueras rien. Tu es mort et cette lettre, seule la mer la lira.
Mais merci. Merci de m'avoir engendrée. Merci aussi pour ces quelques moments où tu m'as rejoins et où tu as agis en père que je cherchais.
