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Quand la princesse sauve le prince.

"Marin, quel est votre métier !"
"Ahou ! ahou !"

En réalité, j'ai l'impression que j'aurais pu crier n'importe quoi que la réponse aurait était à peu près la même. Nous en sommes à un point de fatigue et de colère tel que c'est l'instinct qui nous tienne encore debout. Nous sommes une troupe de soldates détrempée et plus ou moins mal vêtue. Des guerrières qui avancent dans cette cohorte avec qu'un but en tête, non en fait deux.

"Les Rhinos ne laissent personnes derrière eux, allons cherchez les nôtres !"

Un pas après l'autre, le sable rose nous ralentit comme si l'île elle-même voulait nous stopper. Mais peu importe, contre vent est marée, nous vaincrons. Je compte bien repartir avec ceux qui ont eu la malchance d'attirer le dévolu des Okama. Pourtant chaque pas est plus dur que le précédent. Le sommeil nous susurre des mots doux à l'oreille dans le but de nous faire abandonner tout effort, mais c'est sans compter sur notre volonté et un certain goût pour la vengeance avouons le. Finalement, nous quittons la plage et l'épave de notre prison de bois. Un regard en arrière, il y en a certaines qui ont plus de mal que d'autre et qui sont aidé par d'autre pas forcement en meilleur état qu'elles.

Un pas après l'autre, la distance vers notre destination s'amenuise. Certaines en profitent pour récupérer des armes de fortunes si ce n'était pas déjà le cas. On a de plus en plus l'air d'une horde de pillardes amazone dont le rose est la couleur de ralliement. Et croyez-moi que la fesser va être musclé, bien qu'il ne faut jamais sous-estimer un adversaire, surtout si celui-ci arrive à survivre sur cet océan de tous les dangers. J'ai mal partout, j'imagine que je ne suis pas la seule. Que faire dans ce genre de cas alors que notre seule stratégie à venir et de frapper, puis frapper encore plus fort ? Essayer de remonter le moral, enfin plus ou moins.

"Sœur, vois-tu le vol noir qui se déchaîne ?
Entends-tu le croassement qui annonce leurs fins prochaines ?
Réveille-toi guerrière, le sanglot de nos hommes est l'alarme
De tes serres tu leur feras connaître le prix du sang, et des larmes !

Le corbeau d'ébène guidera, le corbeau d'ébène guidera.

Sœur, la sens-tu, la fatigue qui tente en vain de te retenir ?
Tu n'as qu'à suivre la flamme, puis tes ennemies vas punir.
Un pas après l'autre montre leur le feu de ta passion,
Tu iras jusqu'au bout et seras fière de ta détermination.

Le phœnix écarlate châtiera, le phœnix écarlate châtiera.

Sœur, d'un poing de bronze qui brise les chaînes de leur souffrance,
Montre-leur que tu ne laisseras jamais les tiens dans l'indifférence.
Tu es le rouage unique d'une machine indéfectible
Tant que ses rouages restent unis rien n'est impossible !

Le golem d'airain brisera, le golem d'airain brisera.

Sœur, aujourd'hui debout et quoi qu'il se passe,
Sache qu'avec nous, tu as toujours ta place.
Laisse la tempête en toi sortir de son sommeil.
Demain, du sang rose séchera au grand soleil.

Tes frères tu sauveras, tes frères tu sauveras !"


Je dois vraiment être fatigué pour en être réduit à faire ça tout de même...
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-Le Corbeau d'ébène guidera, guidera... ♫

Ah elles étaient belles les femmes marines ! Elles incarnaient tant en ce moment qu'on eut dit assister au débarquement de quelque allégorie mythologique. Et les masques de leurs visages aux émotions si marquées représentaient autant de faces grimées pour une pièce de théâtre.

Ah elles étaient fières les femmes marines ! Aux sous-vêtements colorés et aux dessous bigarrés. Bien peu avaient pris le temps de défaire leurs robes de l'entrelacs qu'elles formaient pour vaguement ressembler à une voile. Les autres avaient le visage dur et le dos courbé de marcher dans un sable rose. Il s'écartait sous leurs pas à l'image de ces chattes lascives qui s'étiraient sur leurs canapés en velours. Mais il ne faisait que les ralentir : leur volonté n'en était que renforcée.

Ah qu'elles étaient remontées les femmes marines ! Comme des horloges. Et toutes savaient de qui elles allaient sonner les cloches. Rachel avait pris la tête par pur jeu en entendant les paroles de la chanson ; elle ne chantonnait d'ailleurs que ces uniques paroles. Autour d'elles volaient quelques corbeaux assez heureux de la voir revenir. Il croassaient en rythme et défrisaient certaines de leurs vol bas. La brune prenait tout ça comme un jeu, y cherchait du plaisir. Car elle savait que bientôt elle repartirait pour le compte de Mona Lisa : elle avait réussi à obtenir qu'elle reste un peu plus longtemps, juste pour Lilou, mais les vacances ne sont jamais éternelles, alors elle en profitait le plus possible. En parlant de Lilou en revanche, elle avait le regard flamboyant de celle qui n'a qu'une envie, rappeler à femmes qu'elles sont encore des hommes – biologiquement parlant – et qu'elle se ferait un plaisir de remédier à ce tout dernier problème. Le phénix qui châtiera ? Probablement. À moins que ce ne soit Serena.

Ah qu'elles étaient fortes les femmes marines ! avec les armes de fortune que certaines avaient récupérées : un couteau de cuisine qui trainait sur une table de pique-nique, un parasol porté comme un javelot, un lance-pierre, un arc repris au stand de tir-à-l'arc-de-l'amour... Elles rattrapèrent le chemin qui serpentait jusqu'au château en forme de chou éventé et remontèrent la route jusqu'aux grandes portes qui en barraient l'entrée. Elles continuaient à chanter et il ne faisait aucun doute qu'elles avaient été entendues depuis les tours. À savoir s'il y avait quelqu'un là-haut pour surveiller les environs ou si elles étaient toutes en train de jouer à la poupée avec les matelots prisonniers – espérons-le – contre leur gré.

-Le Corbeau d'ébène guidera, guidera. ♪ … On fait quoi, on frappe ? Demanda Rachel au peloton derrière elle, un air candide aux lèvres.
On va faire ça.

Rachel s'effaça pour laisser Serena lui passer devant. Lilou ouvrit et ferma le poing à répétition et Serena s'échauffa le poignet cette fois-ci. Dans le doute. Puis toutes deux déployèrent leurs forces pour faire voler la lourde porte en éclats. Des échardes volèrent dans toutes les directions mais personne ne bougea plus. Seuls trois corbeaux s'engouffrèrent dans la faille sans que Rachel n'ait eu à leur demander. Si même les oiseaux prennent la porte. Et comme les plumes noires ouvraient la voie, les femmes entrèrent à leur suite. Très vite, quelques okamas horrifiées débarquèrent d'un des couloirs en arc de cercle.

-Aaaaaah ! Les filles sont déjà de retour ! ♥
-Et elles sont pas contentes ! ♥
-Pourquoi elles sont pas contentes ? Pourquoi elles sont pas conteeeentes ! ♥
"Vous posez vraiment la question ?"
-Vous en faites pas, ce n'est qu'une perquisition de routine...

Pim ! Bam ! Pouf !
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Avant de partir, elle s'était assurée d'une chose : que Bee était en sécurité. Elle avait retrouvé son canard sur la plage, en train de siroter un cocktail trop rose pour la rouquine, et suite à cela, elle lui avait ordonné de rejoindre le Léviathan immédiatement et de préparer ceux restaient sur place à lever l'ancre. Ça n'était pas négociable. Son ami s'était exécuté sans comprendre pourquoi elle passait ses nerfs sur lui, et elle avait mené les troupes jusqu'à l'affrontement inévitable.

La rage au cœur, la haine au poing, elle s'était laissée porter tout du long de la route vers la musique que Rei avait lancé, par les paroles qui la motivaient à aller encore plus loin. Rachel à ses côtés qui ne répétait qu'une seule et unique phrase, les yeux d'ambres de Lilou étaient restés inlassablement fixés vers le château qui se dessinait à l'horizon. L'objectif. Là où les siens étaient encore enfermés. Là où elles devaient se rendre pour sauver leurs amis. Elle ne savait pas vraiment à quoi s'attendre en s'approchant, mais une chose était sûre et certaine : elle n'avait pas peur. Ça n'était pas ce sentiment qui guidait ses pas, ni qui animait la flamme dans son regard... Cette flamme qui s'était éteinte au départ de Oswald et qu'elle avait retrouvé en voulant protéger et ramener ses compagnons d'armes en vie. C'était ce qui lui avait manqué ces derniers temps et qui faisait désormais battre son palpitant : Cette volonté intarissable de faire courber l'échine au destin pour protéger ce qui lui était cher.

En passant la porte, elle avait senti la conviction qui l'animait lorsqu'elle avait débarqué à Drum avec Enzo. Emportée dans son élan, elle avait amené avec elle toutes celles qui l'avaient suivi jusqu'ici et qui éprouvaient la même rage qu'elle. Sans doute aider par le haki des rois, qui rendait contagieuses toutes ses émotions puissantes qu'elle ressentait par instant, elle savait pourtant que ce n'était pas que ça. Cette troupe, compacte, décidée, qui ne reculait pas devant l'affrontement et qui levait le poing contre la fourberie du travesti, n'était pas là seulement par sa volonté. Elle y était parce qu'elle se battait pour une cause juste (et aussi un peu parce que se faire brushinguer la tête sans son consentement, ça allait bien cinq minutes mais pas plus).

Les quelques okamas en belles tenues qui se mirent sur leurs chemins furent envoyer sur les roses en quelques secondes à peine. Rachel s'en occupa en compagnie de quelques autres bien décidées à mettre les points sur le i, et surtout les poings sur les nez. Une simple perquisition ? Non... Lilou avait l'intention de mettre ce château sans dessus-dessous, de le secouer, jusqu'à ce qu'il recrache ses hommes. Et par ailleurs, quand le hall d'entrée fut vide, lorsqu'il n'y eut plus qu'elles face à une immense porte aux poignées en forme de cœur, la rouquine se décida à prendre les devants pour mener un interrogatoire.
Elle attrapa l'un des okamas par le col de sa superbe robe en soie carmin, la soulevant à son niveau. Et elle le secoua avec ferveur pour le forcer à ouvrir les yeux. L'un d'eux était d'ailleurs tuméfié par les bons soins de Rachel, et une bosse énorme avait pris place sous le fond de teint qui recouvrait son front... Mais ça n'était qu'un détail.

Tu vas me dire toute la vérité, rien que la vérité, tu le jures.
Che le chure !
Réussit-il a articuler péniblement en ouvrant son seul œil valide.
Où sont nos amis ?
En chrain d'être préparé pour le mariache...
Quel mariage ?
Reprit la rouquine avec une pointe d'énervement dans la voix en sentant l'entourloupe venir.
Chelui de chnotre reine... Mais vouch arrivez chtrop chtard... ♥

Son vis-à-vis tomba dans les pommes juste après cette ultime déclaration, et les baffes de Lilou n'y changèrent rien. Elle lâcha le corps inerte de sa victime en se redressant, se tournant vers ses compagnes de mesaventures :

L'un des notres va se retrouver marié de force à la reine. Les autres probablement convertis à l'Okama Way. Nous devons à tout prix empêcher le mariage et sauver ce qui peut l'être, compris ?
Compris !
Alors EN AVAN-AAAAAAAAAH !


La rouquine eut le temps de se retourner, en envoyant le pied vers la première dalle en forme de cœur qu'elle trouva. Et à peine le posa-t-elle que ce dernier s'enfonça sensiblement. Elle sentit le sol se dérober sous elle quand une trappe s'ouvrit pile là où elle se trouvait. Le paysage changea alors qu'un cri horrifié sortit du fond de sa gorge. Le vide, puis le noir, puis la chute, puis elle atterrit tout droit sur un tas de... de... Paillettes ?
Dans tous les cas, ça lui rentra dans les narines, les yeux, la bouche et les oreilles, et avant qu'elle n'ait eu le temps de réaliser, Lilou se retrouva couverte de la tête au pied comme une véritable boule à facettes.

Capitaine, est-ce que ça va ?!
Vous êtes pas blessée hein ?
Kof ! Kofkof ! Ah putain !
Elle lutta pour rester à la surface, relevant le nez vers la trappe par laquelle elle était passée pour voir ses filles penchée au-dessus à la regarder. Ouais, ça va !

Aussi bien qu'on pouvait aller plongé jusqu'au cou dans des paillettes.

Serena ! Tu mènes les troupes et tu m'empêches de mariage, avancez sans moi en attendant que je trouve une sortie ! On se rejoint plus tard !

Elle marqua une pause en regardant autour d'elle, histoire en effet de trouver une issue :

Et faites attention ! Il y aura d'autres pièges du même genre !


Dernière édition par Lilou B. Jacob le Mar 21 Juil 2015 - 16:41, édité 1 fois
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Je prends la tête de l'opération de secours. Okay. Ça me fait bizarre de le faire sans mon fusil calé aux hanches, mes bottes et mes galons aux épaules, encore plus d'avoir derrière moi une horde de soldates à oualpé. La marine, c'est la discipline, c'est même pour ça que je l'ai rejointe. Je m'imaginais pas mener une expédition punitive contre des trans' cheveux trempés et en bataille, avec des filles qu'ont l'intention de tuer dans autour de moi. Tuer, putain. Soit c'est moi qui capte pas l'urgence de la situation, soit elles ont toutes complètement craqué. Lilou, je l'ai senti, elle est furieuse. Quand elle est furieuse, elle casse des dents, comme moi, en pire, en plus régulier, en plus autorisé. Je suis pas dedans. J'ai envie de sortir Andy de là, je me raccroche à ça pour dérouiller ceux qui me font face. Wallace, aussi, il doit pas bien le vivre. J'sais pas trop ce que ça peut faire d'avoir une carrure de monstre et de se retrouver reine de la soirée parmi d'autres alors qu'on y a pas été préparé. Il doit se cogner l'humiliation de sa vie. Me battre pour Andy, me battre pour Wallace. Et garder ça en tête, parce que malgré le fait que le coup de la gondole, c'était pas si marrant que ça, j'ai toujours plus envie de retourner me boire une pression en terrasse chez la mère Mounthood que de faire face à la faune enragée d'une île de la Route. Ça doit être le contre-coup de Jaya. Ou alors, j'ai passé un cap. J'ai plus envie. Mais j'assume quand même. Parce que ça aurait du être Rachel qui marche devant, et que sur ce coup, on me juge à la valeur plutôt qu'au grade. J'suis contente. C'est débile.

-Attention.
-Du calme, les filles. On n'a pas fait ça pour vous embêter, vous savez.



Elle nous fait face. Je tente d'arrêter ma cohorte, mais je me sens portée par elle. J'ai déjà dit qu'un chef de cohorte était comme la tête d'un chien de l'enfer ? Je le dis, alors. Il peut raisonner quand tout le monde est à sa place ; sinon, il est pris par le mouvement. C'est ce qui m'arrive. On va pour toutes s'écraser contre l'okama, poings, manches à balais, couteaux levés. Mais c'est comme si on traversait un courant d'air. Sensation de passer par le vide pour retrouver l'équilibre. Dérangeant, jamais vraiment vécue à ce point. Notre instructeur nous disait que c'était ce qu'on devait rechercher, esquiver un coup au dernier moment pour empêcher tout changement de plan en face et réagir aussi ferme. Jamais personne y arrivait. Sauf lui.

-Vous ne pouvez rien... eeeeeeh, attendez moi !

On trace. Pas question de se battre contre le vent. J'ai les commandes, et plus tôt on aura fini cette foutue vendetta, plus vite je pourrais partir en mer. J'ai que ça à la tête, c'est vrai. Alors je me recentre. Wallace, Andy. Les autres que je connais pas trop.

-N'avancez plus.

Quand la princesse sauve le prince.  1422620355-okamallace

Là, par contre, on s'arrête toutes quand je m'arrête. C'est même moi qui vais le plus loin dans ma course, j'en oublie mes jambes. Wall...

-Wallace ?

Derrière son ombre de titan, une dizaine de silhouettes menaçantes. Toutes enroulées dans des robes, des couronnes de fleur, du rose, du rose, du rose. Et maquillées. Sauf que ces visages, je les connais. Tous des hommes qui ont été sous mes ordres à un moment ou à un autre sur Jaya. Shiro, Tom, Harken, Lark. Et derrière eux, d'autres types qui leur ressemblent, mais que je reconnais comme ayant été nos hôtesses d'accueil.



Puis encore derrière, qui fait craquer ses jointure d'une manière nettement plus virile que toutes les postures des autres réunies, les nôtres y comprises, il y a elle :



-Laissez-nous tranquilles, bande de vilaines garces ! Ceux qui veulent partir le peuvent ! Les autres sont en paix ici, vous ne les impliquerez plus dans vos guerres idiotes !
-... ils risquent d'être catégorisés déserteurs.
-Nous les protégerons ! ♥
-Lieutenante, elle a raison. On veut rester. On en a assez vu comme ça... la marine peut pas nous en demander plus après tout ce qu'on a donné à Jaya. C'est plus que beaucoup de vétérans.
-Vous voyez, grognasses ?
-Vous respectez pas vos conditions de jeux de piste et vous croyez qu'on va croire que vous les avez pas drogué pour qu'ils disent n'importe quoi ? Aller, putain. Rendez-leur leurs fringues. Les vacances sont finies. Ils ont leurs familles à retrouver, en plus.
-Non, mais lieutenante, on est sinc...
-A l'attaque !

En fait, je gueule ça que pour confirmer le mouvement spontané de mes troupes, pour garder la main qu'on m'a donnée. Tout le corps est parti avant la tête. Je manque même de me ramasser un coup de bâton dans le mouvement. Mais ça empêche pas mon poing de s'enfoncer dans la mâchoire d'Harken. Parce que putain, ce gros con chialait sa femme et ses enfants sur Jaya. Et que hypnose, fruit démoniaque ou haki, je m'en branle, il y a des trucs qui se disent pas.  
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D'un côté, je me dis que ça serait bien de ne pas y aller trop fort. On n'en reste pas moins des membres de la marine peu importe à quel point la situation est... Épouvantable ? De l'autre, même avec la menace imminente de la cour martiale, je me sens vraiment en colère quand même. C'est ainsi que je suis bêtement le troupeau, je n'ai plus assez d'énergie pour réfléchir à deux choses à la fois et le bien fonder de frapper d'abord et poser des questions ensuite m'occupe déjà beaucoup.

Cela ne s'améliore pas quand j'entends un marin dire qu'en réalité, il ne souhaite pas partir. Il est très bien ici... Mais c'est vrai que d'un autre côté il pourrait être manipulée et.... Ah ! Que le poids de l'autonomie et de la réflexion est lourd. Je pourrais simplement laisser les autres réfléchir pour moi non ? Non. Si je me laisse aller au n'importe quoi, alors je ne vaudrais pas mieux que les pirates que j'affronte. Je veux rester comme je suis, fière de porter l'uniforme que je n'ai plus sur moi à cet instant et défendre notre drapeau.

J'ai pris une décision, mais trop tard pour éviter les premières hostilités. De toute manière, je ne les raisonnerais pas, pas toute seule. Pas alors que Lilou est piégée et que Rachel et Serena sonnent fièrement le clairon de la charge en quelques sortes. Alors qu'un combat éclate entre deux camps, bien qu’avouons-le l'un des deux soit beaucoup plus agressif que l'autre tout de même.

"Ceux qui veulent partir le peuvent ? Je vais vous prendre au mot alors."

Je laisse les autres continuer, je me contente de contourner avec un calme retrouver la rixe. J'imagine que même si elles voulaient m'arrêter, elles sont un peu occupées pour le faire. D'un autre côté, je n'affiche plus aucune hostilité, juste une lassitude comme une grande fatigue à la fois physique et émotionnelle. Elles mon lessivée, je n'ai pas d'autre terme qui me vient à l'esprit. Ainsi, je ressors, le chaos ambiant ne me pousse encore que dans cette direction. Je ne pense pas que j'ai perdu ma foi en les miens, j'ai juste besoin d'un instant de calme pour m'y remettre plus sérieusement. En plus de ça, cela fait des heures que je n'ai pas eu le droit au moindre cigare. Si les douleurs engendrées par le jeu de piste ne suffisaient pas, celles de mes membres fantômes réapparaissent. Je ne sais toujours pas si c'est physique ou mental, mais cela me fait bien, mal peu importent l'origine. Je suis perdu dans mes pensées, je dois aller chercher ceux qui sont sauvable quand soudain.

"Attention à l'escalier ma belle ! ♥"

Quel escalier ? Cela dans lequel je viens de m'engouffrer et d'un pas de trop, celui que je viens de dévaler entraînée par le poids de mes membres artificiels.

"Aïe..."

Elle prend juste le temps de regarder par-dessus la rambarde pour s'assurer que je ne suis pas morte puis repars. Je me relève, il faut que j'avance... Bon Lilou va surement trouver un moyen de remonter et elles vont droit vers le mariage pour sauver nos hommes. Mais est-ce qu'ils vont tous y être ? Je ne peux pas fouiller seuls les chambres et c'est trop évident. Où est-ce qu'elles auraient pu cacher d'autres hommes, je dois aller chercher... Elles sont tordues, quand même. Ce sont leurs choux-choux, leurs bichons... Leurs trésors ? Je dois vraiment dérailler non ? Elle n'irait pas aussi loin n'est-ce pas ? Peut-être pas toutes, mais s'il y a toujours des extrêmes dans certains groupes, rien n'interdit qu'elles n'aient pas les leurs.

"J'espère que j'ai tort quand même."

Je commence à clopiner vers les salles souterraines où nous n’avions pas le droit d'aller. J'imagine que c'est idiot, mais elles ont vraiment étaient loin alors dans le doute je préfère m'assurer de ne vraiment laisser personne derrière. Cela inclus de fouiller les lieux les plus insolites, j'imagine, en espérant que ce n'est que mon imagination qui va trop loin.
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Les couloirs étaient sombres. C'est en tâtonnant que la rousse dû se frayer un chemin à travers les ténèbres. On disait que pour sortir d'un labyrinthe, il suffisait de toujours tourner dans la même direction, en bref, longer un mur. C'est pourquoi elle gardait une main posée sur celui de droite et le suivait diligemment. C'était long. Même si ça ne faisait que quelques dizaines de mètre depuis cette maudite trape, c'était long. Même ça ne faisait que quelques minutes qu'elle marchait, c'était long. Trop long depuis qu'elle attendait de déchausser des dents à des kidnappeurs de marins.
La patience de Lilou B. Jakob était légendaire parmi les hommes du rang. On disait que seuls une poignée d'hommes étaient parvenu à en voir un morceau. Malheureusement, ils en étaient très vite venus à bout, ne sachant déceler les avertissements sarcastiques des paroles de l'ingénieure. Et ce foutu labyrinthe tout noir allait lui aussi faire la sourde oreille, elle le sentait très bien. C'est pourquoi elle fini par se décider. Elle s'arrêta, posa sa main sur les pierres froides à sa droite, et pris une grande respiration.

De l'autre côté du mur, un nuage de fumée rose s'éleva. Les okamas présents dans la salle se mirent à tousser. Leur prisonnier, quant à lui restait impassible. Des éventails dispersèrent la poussière de l'air ambiant, et révélèrent la rouquine, debout dans un trou en forme de pique. Elle n'était pas contente, et sur sa tempe pulsait une veine en forme de trèfle. Il va sans dire que tout ce petit monde en jupe aurait bien fait de se tenir à carreaux, à l'exemple de l'homme attaché à cette chaise au centre de la salle.

"Kyaaaaah, tout est gâché maintenant ! Qu'allons nous faire, les paillettes de la robe sont fichûûûûûes !"

Le regard de la rousse se posa directement sur le prisonnier. Sa robe blanche et son corset surmonté d'une cravate de la même couleur le faisait luire à la manière d'une boule à facette. Son visage semblait calme, presque serein. Si elle ne le connaissait pas un minimum, elle aurait pu penser qu'il était heureux de se trouver là. Mais il y avait quelques détails qui ne pouvaient pas la tromper.

Les liens à ses poignets, pour commencer, plus ceux à ses chevilles.

Les accoudoirs du fauteuil qui se fendaient sur toute leur longueur sous la pression de ses doigts.

Et surtout, par dessus tout, cet air serein, paisible et doux.

N'importe qui parmi l'équipage des Rhino Storms savait parfaitement que le lieutenant-colonel Sebastian Archibald Mavim était en colère, tous les jours, tout le jour. Son être tout entier était bâti sur cette rage qui lui permettait d'avancer dans toutes les situations. Son calme était aussi légendaire que la patience de la rousse, sinon plus.
C'était sa colère envers et contre tout qui lui permettait de prendre les décisions qu'il fallait au moment où il le fallait. C'était son garde-fou, celle qui l'empêchait de devenir un homme qu'il ne pourrait pas supporter. Maintenant, elle semblait s'être évaporée.

C'était terrifiant.
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Oh bordel...

Ce fut bien la seule chose qu'elle réussit à articuler en regardant le Lieutenant Colonel Mavim de haut en bas. Qu'avaient-elles fait de lui ? Si au fond, la rouquine sentait toujours qu'il était et restait l'homme de poigne qu'elle connaissait, le voir dans cet accoutrement lui fendit le cœur. C'était tout bonnement insupportable, car au fond de ses yeux noirs et derrière son masque de maquillage et d'impassibilité, elle ne pouvait que ressentir la colère qui grondait en lui. Il n'avait pas abandonné. Mavim n'abandonnait pas, car ça n'avait jamais été son genre. Lilou ne savait pas ce qu'il se passait au-dessus de sa tête, elle ne connaissait rien des déboires que ses amies essuyaient pour récupérer les gens qu'elles appréciaient. Elle ne savait pas qu'elles se battaient contre les leurs pour remettre les pendules à l'heure. Mais Sebastian Archibald Mavim n'avait jamais abandonné la lutte pour rester lui-même, malgré les parures autour de son cou, les oreilles percées qui portaient maintenant deux diamants somptueux, ou encore la magnifique cravate en soie rare qui lui tombait sur le corset.

Elle ne doit pas le récupérer ! Les filles ! A vos armes ! Mettez le à l'abri !
Yataaa ♥ !


Sortie de sa torpeur précipitamment, Lilou se mit en mouvement peu après. La foule d'Okama domestique virevoltant autour de Mavim se sépara en deux pour mieux se répartir le terrain. Trois d'entre eux attrapèrent la chaise où était ligoté l'homme pour le porter en dehors de la pièce, les autres se ruèrent sur la rouquine pour la jeter au sol et se débarrasser d'elle. Couverte de la tête au pied de paillettes en tout genre, elle prit la peine d'user de cette gêne : d'un mouvement rapide de la tête, sa tignasse rousse déversa sur ses assaillantes des strass par centaines. Dans les yeux, dans les narines, avec une violence non dissimulée.

La distraction passée, la distribution de coups de poings et de pieds prit le relais. Lilou ne se priva pas, y allant au contraire de gaieté de cœur. Toute sa frustration se déversa sur celles qui lui faisaient face. Malgré le nombre qui tentait vaguement de la submerger, elle ne se laissa pas démonter un seul instant.

Coup de genoux dans le nez. Os qui craquèrent sous sa poigne. Tignasses arrachées au passage. Epilations sauvages pour les moins chanceux.

Elle se montra imaginative. Jusqu'au bout. Jusqu'au dernier, à qui elle fit un magnifique collier de dents avant de l'assommer d'une claque sèche. Elle se détourna enfin de la pile de Okama derrière elle, pour faire face à la magnifique porte dorée où les trois derniers s'étaient enfuis. Pas besoin de reprendre son souffle, puisqu'il ne s'agissait pas pour elle d'un exercice éprouvant, plutôt d'un plaisir qui se laissait savourer. Elle prit la suite, tomba sur un escalier en colimaçon où les hurlements des fuyardes au sommet se faisaient entendre.

Hâtons nous !
Il faut l'amener à la reine !
Viiiiite les filles ! Vite ! ♥


Grimpant les marches quatre à quatre, elle déboula au bout sur un long couloir. Des tableaux accrochés aux murs, des anciennes reines okamas, des princesses le plus célèbres. Un lieu d'histoire très probablement. Mais Lilou n'avait les yeux rivés que sur la fin de la pièce, où les trois okamas fuyaient toujours avec la chaise et Mavim portés à bout de bras. Un grognement s'étouffa dans sa gorge alors qu'elle se mit à courir à nouveau :

ARRETEZ VOUS TOUT DE SUITE !

Il n'en fut rien. Lilou dut accélérer sa course, et bondir en fin de compte. Elle calcula mal l'un des virages et défonça le mur. S'extirpant des débris, elle reprit sa course. On la distançait, et ça, il n'en était pas question. Attrapant une chandelle sur pied, elle visa, ajusta son bras, et la lança comme un javelot. L'objet effectua une courbe magistrale avant d'atterrir sur la tête du premier. Son crâne s'enfonça dans le sol, défonçant moquette et parquet. Les deux autres voulurent s'arrêter, mais marchèrent à moitié sur leur allié, et Mavim sur sa chaise fit la chute avec elles quand son siège se fracassa au sol.

Il n'y eut pas de répit pour les dernières en vie. Lilou leur réserva le même sort qu'aux autres, avant d'en revenir à Sebastian qu'elle libéra de ses liens.

Tu sais où sont nos hommes ? Demanda-t-elle de but en blanc en le remettant sur ses jambes.

Elle avait libéré le Roi. Mais elle était loin d'en avoir terminée avec Kamabaka.
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Rachel aurait cru être habituée à l'intensité d'une bataille depuis le temps. Mais elle était une férue de celles qui tâchent, de celles qui hurlent aux oreilles des morts que de nouveaux viendront les rejoindre, de celles qui puent. Ici, la seule odeur, bien que tout aussi insupportable, était celle de l'eau de toilette bombardée sur des cous épais en des quantités industrielles et qui prenaient les sinus aussi certainement que les fragrances de décomposition d'un cadavre en plein soleil. Désolé pour les métaphores glauques, mais Rachel ne supporte pas l'eau de rose.
Là, dans les murs du château aux couloirs ronds, la bataille ressemblait presque à une querelle de gamines dans une cour de récréation. Les filles se tiraient les cheveux et se mordaient, puisque presque aucune n'avait d'armes digne de ce nom. Il y avait les éternelles qui y mettaient de la phalange, mais celles-ci demeuraient les plus fair-play et les plus rares. La difficulté de l'entreprise résidait dans le fait qu'il y avait dans le tas des marins auxquels il était interdit de faire du mal – entendre par là qu'ils pouvaient être roués de coups par Serena, mais pas plus – et que dans le lot des volontaires pour l'Okama way se trouvait l'imposant Wallace. Autour de lui, sept des femmes marines qui cherchaient à le canaliser ou à lui faire reprendre ses esprits – dont Serena – qui y mettait toute sa rage disponible.

Mais comment dire... Tout ça ne correspondait pas à Rachel. Comment aurait-elle pu participer quand tout ce qu'elle savait faire était trancher dans le tas et faire de la fumée aux yeux de qui l'aurait regardée ? Lors de la charge qui avait emporté Serena, elle avait été déportée sur un côté et depuis, elle regardait impuissante – et légèrement blasée aussi – la guerre des chignons. Même ses corbeaux étaient posés sur les poutres et sur ses épaules pour l'observer d'un air réprobateur.

-J'y suis pour rien moi ! J'ai rien demandé !

(couleurs qui arrachent les yeux ♥)-KYAAAA ! C'EST TERRIBLE ! BEATRICE EST MORTE !
-Quoi ? Aïe, pas les yeux grognasse ! Mais elle gardait Oliver...
-OUI IL S'EST ÉCHAPPÉ... ET ELLE EST MOOOOORTE !
-Quoi ? Ouille, mes orteils ! On doit le retrouver...
-Surtout si une termite géante se balade dans le château !
-Irk ! Quelle horreur.
-OUI C'EST UNE HORREUR !
-Repli stratégique ! (fin des couleurs qui arrachent les yeux ♥)

Le mouvement de foule fut brusque et inattendu. Comme une mer qui se retire. Les marines frappèrent soudain dans le vide. Dans des exclamations de stupeur, elles trébuchèrent et cancanèrent de concert. Les Okama, quant à elles accompagnés des hommes convertis, s'engoufrèrent dans une salle attenante, laissant les femmes colériques en plan.

-On les poursuit !!
-C'est quoi ce plan ?! Elles fuient... ça veut dire qu'on a gagné....
-Oui mais on doit rattraper Wallace et les autres !

Mais la fureur collective était plus forte que la raison et Rachel fut emportée par le flot. Elle suivit sans convictions un flux qui miroitait la vengeance. Et puis, il fallait bien rattraper les marins qui s'étaient repliés avec les autres.

Rachel ne fut donc pas vraiment surprise lorsque dans son dos la porte claqua avec un bruit assommant. Elle se retourna avec hésitation. La brunette ne put réprimer un soupir d'agacement en constatant qu'en effet elles venaient toutes d'être piégées comme des bleues. Qu'elles étaient.

-C'est malin...
-Euh... Il se passe quoi là ?
-Là ? On est prise au piège. D'autres questions ?
-Oui : comment on sort.
-C'est une très bonne questi
-Il faut toujours prendre à gauche !
-Pardon ?

La jeune marine que Rachel reconnut à ses sous-vêtements bleus comme l'une des artificières de Rei pointait du doigt un écriteau au-dessus d'une intersection creusée à même le mur. La plaque rouillée à la peinture émaillée indiquait clairement « Labirynthe » en lettres capitales romaines. Trois marines parmi celles qui étaient devant passaient leur tête dans l'embrasure et y jetaient à tour de rôle des regards circonspects.

-On dirait un nouveau de leurs jeux.
-Mais c'est n'importe quoi !
-Oui. Elles savent même pas écrire labyrinthe.

*****

Plus bas, dans des sous-sols accessibles par un escalier, Rei entrait dans une salle grande sous des voutes aux dimensions de cathédrales. Le style baroque de cette salle imprégnait surtout l'atmosphère austère et froide qui glaçait ses poumons à chacune de ses respirations. Aux murs trop grands pour le château, des tentures avaient été accrochées, imitant les vitraux de certaines églises, sauf que ceux-ci contaient la gloire de quelque obscure reine dans des situations moins héroïques qu'érotiques. Un chandelier gargantuesque pendait lamentablement au plafond ; il était tellement haut que personne n'avait pu le nettoyer depuis des lustres (hihi) et qu'aux pendentifs qui l'ornaient s'étaient accumulés des toiles d'araignées poussiéreuses et pleines de proies pas vraiment dévorées. En guise d'hôtel au fond de la salle, au niveau de l'alcôve d'ordinaire réservée aux curés, se tenait un barman, droit comme un « i » qui se découpait sur les très nombreuses bouteilles d'alcool disposées dans son dos à l'image d'un orgue. D'ailleurs, peut-être cette structure avait-elle vocation d'instrument de musique pour certains okamas bien alcoolisés. Les bancs et les chaises avaint été remplacés de toute part par de massives tables qu'on eut pu supposé taillées sur place tant elle étaient larges. À l'une de ces tables, deux femmes, toutes de noir vêtues, et aux grands chapeaux posées à leur côté. Les sœur sorcières. Les gothiques. Quant à l'homme derrière son bar, il semblait être tout à fait normal. Ou tout du moins, correspondre à une norme que l'on aurait rencontrée n'importe où ailleurs dans le monde.

À peine Rei eut-elle fait quelques pas dans la salle gigantesque que les deux sœurs se levèrent d'un bond dans un concert de raclement de chaises qui se répercutèrent sur les murs de pierre comme si elles avaient été dix.

-Nous sommes découvertes Tamara !
-Rah zut ! Nous qui pensions éviter les ennuis, voilà qu'ils nous tombent dessus !
-Attends, regarde, elle est seule.
-Ah oui tiens.
-Il suffit qu'on la capture et après on pourra continuer à boire tranquillement parce qu'on aura arrêté une de ces folles filles facétieuses.
-Bien dit. À la charge !
-Chemical Juggling !
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-Parce qu'il y en a encore pour croire à leurs indices ?

Poumons qui sifflent, je dis ça entre mes dents. J'ai la respiration difficile, ça doit être l'adaptation au milieu saturé en parfum et eau de toilette qui se fait pas. Mon corps doit penser que c'est un truc agressif à laisser dehors à tout prix ; et du coup, il me laisse plus respirer. Ce qui m'enrage, c'est qu'on m'a pas vraiment entendue. Je me regarde. J'ai les poings couverts de sang, encore une fois. Je crois pas avoir tué qui que ce soit, mais il y a eu de coups que j'ai pas mesurés. Ça fait toujours ça quand je me mets en rage, et sans la rage, j'arrive pas à cogner non plus. Cercle vicieux.

Mais maintenant qu'on est paumées avec la porte fermée derrière nous, encore obligées de jouer avec les coutumes bizarres de notre lieu de vacances, j'ai presque le temps de méditer. Je me dis que j'ai envie de retrouver Andy et de me casser très loin, là où les embruns cachent le bleu de l'océan tellement les tempêtes font rages. Et faire face aux éléments plutôt qu'à des hommes qu'ont perdu la raison. J'aurais pas du sang sur mes mains, juste du sel ; et la colère sera pas ma seule ressource pour m'en sortir, la volonté de rester intègre et d'avoir une vie ordonnée ne seront plus mes seules fins. Mais je sais que je rêve. On me laissera pas partir sans m'essorer aux délires administratifs, pas après tout ce que j'ai représenté sur les Blues, pas après le souvenir que j'ai laissé dans les mémoires et les ratures qui traînent partout dans mon dossier. Et Andy sera jamais du voyage ; il doit encore faire ses preuves. Et je peux ni accepter qu'il déserte, ni accepter un déserteur à mes côtés.

On tourne. On revient à l'écriteau ; à moins que ce soit un autre, mais alors, la faute y est toujours. A un moment, on tombe bien sur un petit coffre avec des bonbons à l'intérieur. Il y en a qui hurlent de rage en voyant ça, et je crois bien que j'en fait partie. La situation commence à me tendre les nerfs un par un. J'ai l'impression que chaque minute passée dans ce foutu bâtiment me brûle ma jeunesse, que si ça continue, j'y resterais toujours en pensée. Un peu comme j'ai inconsciemment pris l'habitude de dépendre de la marine pour ce qui est de mes heures de lever, de dîner, de souper, d'ordre et de désordre. En plus, il fait sombre, tout nous renvoie la même lueur rose, un peu douce, mais trop tamisée pour qu'on puisse appeler ça de la lumière. Ça endort, et pas que les réflexes. Deux caporales se mettent à bailler. Par prudence, j'augmente salement la température de mon corps. Je sens que mon sang, mes veines, mon cœur, mon cerveau s'adaptent au fur et à mesure que mon démon menace de les faire flamber. Tout se dilate, j'ai les idées claires et fluides comme de la lave qui coule. Je me sens plus vivante, plus éveillée. Peut-être aussi que j'ai cramé un somnifère qu'elles pourraient s'amuser à nous balancer. Mais n'importe. La chaleur de la pièce augmente lentement, en même temps que moi. Trop infime pour qu'on le sente, trop pour annihiler un somnifère vaporisé.

Et puis, on arrive à une porte.

-Je vous l'avais bien dit qu'il fallait toujours prendre à gauche !

Je mène toujours plus ou moins mon groupe, alors, je réponds pas, je fais. Je tente d'ouvrir, ça cède pas. N'importe, j'y envoie un grand coup d'épaule, avec tout mon poids dedans, de la vitesse, et assez de chaleur pour que ma silhouette s'imprime en noir sur le bois ciré. Crac. Elle cède. Et trois pierres du mur avec, parce que c'était une porte collée sur du rien, et qu'elle vient de me défoncer l'épaule. Je serre les dents. Ça et mes poings gonflés, Kamabaka est en train de me pourrir le corps plus que Jaya n'a été capable de le faire.

Sauf que. Cette fois, pas de pierre de démon, et je suis capable de brûler tout ce qu'on tentera de me faire passer dans les veines.

-On continue !

Mais pendant un temps si long que j'en perds le compte, on trouve rien ; rien d'autre que ces petites boites de bonbons qui ont l'air d'apparaître même à des endroits qu'on a sûrement déjà visités. Je prie pour retrouver la porte initiale. On a été folles de se lancer encore dans un de leurs jeux débiles et cruels. Le premier aurait pu coûter la vie à plus d'une d'entre-nous. Nous ne sommes pas des hommes ; je ne sais pas si pour elles, nous avons une valeur qui dépasse de très loin celle d'un troupeau d'animaux irascibles et indomptables. C'est même pas impossible que ça les amuse de jouer comme ça avec nous, qu'elles réservent ça aux nouveaux comme épreuve initiatique, qu'elles abusent le gouvernement mondial en convertissant ou en faisant disparaître les témoins. Elles ont l'air inoffensives. C'est ça le problème. Elles ont l'air inoffensives, et elles sont démoniaques. Le poison dans la bouffe, le jeu de piste dangereux et truqué, et maintenant...

-Une... une ouverture ! Avec un escalier !
-Prenez garde ! Il y a sûrement quelque chose qui nous y attend.
-Pardon lieutenante, mais ce qu'on trouve, on le défonce !
-Ouais, ouais, je sais.

Et me voilà encore devant, aux premières loges. Avec Rachel et son bras unique juste derrière moi. L'escalier monte raide, en colimaçon, et de drôles d'échos résonnent. On dirait un son d'orgue. Rendu lugubre par les murs qui déforment les ondes. Mais on monte pas longtemps. On arrive vite dans un couloir, bouché par une carrure qu'on connait toutes bien. La carrure de celui qui nous a fait nos pansements, coupé ce qui s'infectait, injecté ce qu'il fallait pour lutter contre les saloperies de Grand Line. Wallace. En rose. Maintenant, on peut plus faire semblant de pas y croire.

-Si... vous voulez quitter cette île, laissez-nous tranquilles. S'il vous plait.

Il ouvre sa main, son énorme main. Des petites billes de toutes les couleurs nous rappellent des souvenirs récents.

-Cassis, framboise, chocolat... j'ai tout distribué. Vous ne pourrez jamais lutter contre ça. Je ne veux pas de combat inutile, plus jamais. D'accord ?

Et maintenant, caporale ? On le défonce, peut-être ?







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Au milieu de la grande cathédrale, là où un combat ne tarderait pas à faire rage, un nuage mêlant poussière, fragments de bois, sciure et dentelle fit irruption. Une forme passa en coup de vent, comme un mirage. Elle ne s'arrêta pas, même pour l'open-bar dont le tenancier ne bronchait pas. Il se contenta de prendre un verre, propre jusque là, et de l'essuyer. C'était, après tout, son occupation habituelle.
Quelques secondes plus tard, une rousse passa également en coup de vent, mais bien plus distraitement. Elle s'arrêta, jeta un regard à Rei, et peut-être autre chose, allez savoir, puis repris le chemin ouvert par la forme mirageuse.

***

Aussi étrange que cela puisse lui paraître, Lilou avait l'impression que Sebastian savait précisément où il allait, même s'il n'avait pas répondu à sa question. Il s'était contenté de se lever, s'épousseter, puis avait tourné les talons et était parti en courant. Le lieutenant-colonel fonçait à travers les couloirs sans s'arrêter pour s'occuper des okamas qu'il croisait. Il se contentait de s'en débarrasser en les projetant sur les murs du labyrinthe. La route était donc régulièrement marquée par les corps inanimés des travestis, ce qui facilitait grandement la poursuite de la rousse. En passant devant un être dont la tête était incrustée à un mur, elle prit note mentalement de ne jamais parler de cela à qui que ce soit risquant de croiser un jour Mavim, à moins qu'elle ne veuille indirectement nuire à son existence sur ce monde et peut-être même les suivants.

***

-Lieutenante ?
-Pas maintenant, je suis en plein dilemme vous voyez pas ?

Une petite voix un peu sur le côté osa lâcher un petit 'lemvouvoyépa'.

-Mais quelque chose arrive par derrière lieutenante...

Maintenant qu'elle y faisait attention, un bruit saccadé de talons aiguilles cassés approchait. Serait-ce des renforts venant en aide à Wallace Ze-pink ? L'ensemble des marines retint son souffle et se prépara à accueillir ce qui leur fonçait dessus.

-Tu vois quelque chose ?
-On dirait un truc blanc...
-rè-untrucblan
-Je croit que c'est un autre de ces travelos.
-Attends, non... PUTAIN PLANQUEZ-VOUS !

Seul Wallace resta sur place, trop obnubilé par ses nouvelles croyances pour voir ce qui lui fonçait dessus. Après tout, il était le dernier rempart avant la chapelle où aurait lieu la cérémonie d'union entre la reine et son nouveau roi. Nul ne passerait, à moins que ce ne soit le fiancé !

Et au final, c'est bel et bien ce qui arriva, le fiancé se projeta dans les airs, juste assez haut pour que son genou s'enfonce dans le front de Ze-pink et envoie son immense carrure à travers la porte de la chapelle. Il traversa ensuite l'allée au bout de laquelle attendait la reine, et s'incrusta dans le grand orgue, le véritable, pas celui formé par des bouteilles de l'étage du dessous. Toute l'audience se retourna pour voir si c'était bien le promis qui était arrivé.
En constatant l'état de son instrument, l'organiste se mit à siffler une marche nuptiale.
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Un escalier sombre, des voix qui même ici semblent irréelles. Non, finalement, est-ce que Grand Line nous aura épargnées quoi que ce soit ? Je n'aurais pas le temps d'y réfléchir pour le moment. D'un, je suis occupée, de deux sans mes cigares les douleurs sont revenues et ce n'est pas ce qu'il y a de mieux pour la concentration. Je ne sais toujours pas si c'est physique ou psychologique, mais il n’y a que ces gros clous de cercueil qui ne contiennent pas que des choses très réglementaires qui me permettent de m'affranchir un moment de celles-ci.

Je suis donc debout, en lingerie rose et porte-jarretelle et sans la moindre arme descente sous la main... En face de moi, deux sorcières ou l'équivalent au vu de leur tenue. Il ne faut pas longtemps avant qu'elles accordent leurs pinceaux et m'attaquent. Des gardes, cela veut dire qu'heureusement ou malheureusement mes suspicions étaient fondées. Je dois faire ma part du travail, mais là, je n'ai pas trop le temps de réfléchir, j'ai failli me prendre un orbe vert et violet qui viens de réduire en petit-bois une partie de la table massive.

"Un instant !"

Elles s'arrêtent et me regardent avec un air à la fois suspicieux et interrogateur. Surement de la surprise aussi d'ailleurs. Elle s'interroge du regard comme pour se demander à l'une et l'autre si elles ne faisaient pas mieux d'envoyer tout ce qu'elles ont au plus vite.

"Le dernier verre ?"

Elle chuchote de manière presque trop audible et j'en profite pour approcher du barman. Il ne semble pas plus choqué que cela de voir une femme en petite tenue et avec du sel un peu partout. Peut-être même encore un peu trempée. Non, il reste imperturbable à l'image de ces tenanciers de taverne dans les zones à forte densité de bagarres.

"Un lady Trousdale, je vous prie."

D'un signe de la tête, il me répond par l'affirmative sous le regard bovin des deux autres qui ne comprennent pas trop. J'en profite pour pointer du doigt une petite caisse qui contient quelques bouteilles vides, surement rassemblaient pour être remonté au moment de refaire les stocks. Je bois tranquillement mon verre. Puis observe la caisse, tiens une poignée en plus ça me donne une idée.

"Puis-je prendre cette caisse s'il vous plaît ?"

Pour lui, ce n'est rien de mieux que des poubelles et ce n'est certainement pas lui qui s'occupe du ménage. Il me tend celle-ci, c'est alors que je prends la caisse par son attache.

"Mais c'est qu'elle s'arme la bougresse !"
"À l'assaut !"

Je laisse la première volée de balle explosive s'écraser derrière moi après une légère esquive. Je suis habituée à porter une armure de combat et un canon portatif. Autant dire que là en étant presque nue, je suis bien plus rapide et agile que d'habitude... Même si mes mouvements sont un peu gauches, cela suffit à esquiver des projectiles pas forcément très rapides et qui partent en ligne droite depuis un point fixe. Pourtant, le timing avec ce que j'ai prévu est trop important pour ne pas observer. Pour le moment, j'ai de la chance, comme l'une d'elles attaque à distance, la seconde attend sagement avant d'intervenir. Bon, la raison logique est surement qu'elle évite le risque d'un tir amis... Dès que je serai suffisamment affaiblie ou ralenti, je dois m'attendre à prendre des coups en plus.

Une salve, les meubles n'aiment pas, une seconde. J'ai eu plus de mal à l'éviter celle-ci... Elles ne semblent pas avoir l'envie de laisser d'ouverture. Créer en ons alors une, salve suivante. Je fais exprès de me prendre la dernière bulle dans le bras libre en serrant les dents. Oui forcement ça ne me fait pas mal, mais par contre, Lilou va gueuler, il est bien amoché. Mais je suis prise de cours dans un sens. Je pensais que sa complice allé se lancer, mais non en une seconde elle rassemble ses boules en une grosse...

Bon, j'imagine que dans un sens, c'est mon ouverture. Sans trop réfléchir, j'attrape la caisse à deux mains et tourne sur mou même pour lui donner de l'élan. Les dégâts reçus juste avant font que deux bouteilles s'échappent et tombent au sol. J’arrive à lancer le reste dans la boule juste au moment où elle la lance. Une belle explosion couplée à un véritable shrapnel de verre et de bois. Sans attendre de voir dans quel état elles sont, je récupère les bouteilles au sol, une dans chaque main. Je ne sais pas trop combien de temps je vais pouvoir tenir celle de doigt vu l'état du bras. Mais qui ne tente rien de toute manière.

J'engage alors le combat avec la seconde sorcière, qui a eu le temps de se jeter sous une des tables par réflexe. La première ? Elle est trop occupée à retirer des morceaux de verre avec une pince a épilé en grognant. Vient alors le choc des titanides, pas forcément aussi impressionnant que cela à décrire en réalité. Contrairement à ce que l'on voit dans les romans, les bouteilles en verre, c'est solide et heureusement puisqu'elles me servent de gourdins. Face à viles aiguilles à chignons affûtés. Rapidement, je perds une de mes armes, ma main refusant de fonctionner correctement depuis que je m'en suis servi pour prendre un coup exprès. Heureusement qu'elle est mécanique maintenant, sinon j'aurais vraiment souffert.

L'échange de coup est violent, je suis en sang et elles aussi. Elle m'a aussi arraché le peu de dignité qui me restait en retirant mon haut laissant mes deux tas de graisses à l'air libre. Heureusement, le string rose à cœur rouge semble lui tenir le coup. Finalement, cinq minutes de rixe plus tard, alors que la première de ses dames à fini de retirer le plus gros du verre et que la seconde est exténuée. C'est à ce moment que passa comme un coup de vent une masse informe, comme un mirage. Suivie d'une rousse que je ne pourrais reconnaitre dans mon état, ce qui arrêta le combat le temps que les deux parties se rendent compte de ce qui se passait et se disent que finalement cela n'a pas d'importance.

Profitant de ce moment d'égarement, un orbe chimique brisa la bouteille à ma main et une seconde celle au sol, certainement pour ne pas revivre ce que je lui avais fait plus tôt. Tamara a donc réussi à me désarmer. Mais, je dois avouer que je commence à vraiment manquer de sang-froid. N'étant pas adepte de la boxe et mon bras droit devenu entre-temps inerte je ne vois qu'une chose à faire. Je décroche celui-ci et le tiens par la poignée comme une sorte de masse... Mon bras droit tenu par le gauche sert d'arme, Lilou va vraiment gueuler...

Les deux sœurs se regardent, alors que je leur fonce dessus dans un pseudo cris de guerre et que l'une d'elles se prend un mélange de mandales et de coup de coude, mais du mauvais côté de l'articulation pour que ce soit naturel.

"Deuxième tour, on en redemande les filles ?"

Elles mesurent le pour et le contre, d'un côté la capture semble compromise et de l'autre, les deux qui sont passés en coup de vent semblent annoncer que des renforts pourraient arriver à n'importe quel moment.

"Notre technique ultime dans ce genre de situation..."
"Oui !"

Elles se jettent sur moi mollement, je leur envoie un coup chacune, elles volent quelques mètres plus loin et emploie donc leur stratégie ultime : faire le mort. Le plan parfait ! Elles ont luté jusqu'au bout pour aider les autres et maintenant, on leur foutra la paix, elles n'auront qu'à faire semblant d'être au sol jusqu’à ce que les infirmières arrivent et vu le bruit sourd qui vient de la chapelle, ça ne sera pas long. Alors, j'avance, j'ai l'air pathétique avec mon dos courbé et mon bras qui frotte au sol. Je suis pratiquement nue si on exclut ce bas au goût douteux qui est le seul rempart entre mon corps et l'extérieur.

J'avance, l'adrénaline tombée et la souffrance revenant, vers la porte qui m'amènerait vers le sauvetage de certains des miens. Je n'ai pas compris qu'en fait, c'est juste que ce lieu est aussi le chemin vers la chapelle, non, je suis encore persuadé que les notre sont enfermé comme des trésors là ou il se doit. J'avance, un pas après l'autre. Je passe difficilement cette lourde porte en bois, plus solide qu'elle en a l'air. Plus loin, une seconde avec un mot disant que lorsque cette porte s'ouvrira, alors la seconde sera condamnée. Je ne l'ai pas lu, je n'en ai ni la force, ni l'envie... Comme dit, la première porte se referme derrière mois lourdement dans un claquement sinistre. Puis une voix dans un de ses escargots mégaphone.

"Félicitation mes chéries ! Voici la dernière étape du fou, de l'époustouflant, du merveilleux jeu de piste de l'amour !!!"

Je lève la tête... Me retourne et me rend compte que je suis enfermée, seule, face a ce nouveau problème. Je n'ai pas la puissance pour casser une porte aussi épaisse sans arme, même avec il me faudrait du temps. Mais ça, c'est en temps normal, là, je suis lessivée.

"J'aurais espéré que tu ne sois pas seul mon poussin. Mais le jeu c'est le jeu, tu aurais dû attendre des copines, plus on est de fous, plus on rit !"

Pour toute réponse je grogne, puis tombe à genoux. Si j'étais plus jeune et moins fatiguée, j'aurais pu fondre en larmes tellement j'en ai assez de toutes ces âneries. Non, je me contente de souffler laissant une larme formée par la douleur du combat précédent.

"Soit heureuse ! Une tenue descente, un bain bien chaud et quelques confiseries t'attendent dans la salle juste en face avant de commencer la dernière épreuve ! Les consignes de la reine m'imposent d'avoir au moins une gagnante, je ne peux donc pas te laisser partir avant la fin mon poussin, désolé !"

Je ne serais pas contre une douche et quelque chose à grignoté, juste pour avoir assez de force pour leur faire avaler leurs dents. Je pourrais m'improviser une arme aussi au besoin. Effectivement comme primo, j'ai le droit à me laver, manger rapidement un bout pour ce qui est de la tenue descente on ne va pas pinailler, mais on va dire que ça dépend des goûts : voyez par vous-même. une tenue de pseudo prince, rapière affutée comprise, ce n'est apparemment déjà par très pratique quand on est une femme, mais c'est encore pire quand on est serré au niveau de la poitrine et avec un bras qui ne tiens plus. Mais je dois avouer que je suis agréablement surprise par la qualité de la coupe, le pantalon de cavalier n'est pas aussi mal que je le pensais, le veston bien que pas assez large est tout de mêmes asses souples pour permettre de bien bouger. Mais le plus surprenant est que c'est quand même bien plus sobre que tout ce qu'elles ont montré jusqu'à présent, pas de fanfreluche ou de superficielle faussement jolie.

"Une boite à outils t'attendra dans la prochaine salle, histoire de réparer ce pauvre petit bras. Nous avons hâte de te rencontrer poussin, moi et toute l'équipe d'organisation de l'épreuve de piste. À bientôt, une fois que tu auras gagné !"

Maintenant, j'ai en plus du reste une motivation bien plus abjecte et vicieuse de finir ce jeu... Oh oui, la vengeance, croyez-moi mes jolies vous allez payer pour ce réveil en pleine mer ainsi que la tempête. Un petit rire maléfique plus tard, Lady Oscarei s'en va rendre des comptes et avec tout l'équipage féminin sur le radeau ça en fait des bourres pif en créances.
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Elle avait posé la question en attendant une véritable réponse. A la place, elle s'était contentée de suivre Mavim en se disant qu'il allait l'y conduire directement. Et c'était sans doute pour le mieux, car plus vite ils y arrivaient, plus vite ils auraient l'occasion de repartir. Sans doute qu'elle n'était pas encore au fait avec ce qu'il se tramait dans ce château de princesse. Elle ne savait pas que la moitié de ses hommes s'était convertie à la cause et ne vivait désormais que pour le mascara et le blush, ou pour les permanentes et les crèmes de beauté. Elle même, en tant que femme, était très loin de tout ça... Mais il fallait croire que sa famille avait changé en à peine quelques heures. Et qu'elle sous-estimait drastiquement l'influence que pouvait avoir une femme comme la Reine des Okamas sur des esprits plus faibles.

Au détour d'un couloir, ils croisèrent tous deux le Lieutenant Yanigaba, sans pour autant s'arrêter. Lilou lui jeta juste un regard interrogateur au passage, n'eut pas vraiment de réponse, et la vit simplement disparaître à un croisement. Haussant les épaules, sa course reprit jusqu'à l'aboutissement espéré. La silhouette haute de Wallace se dessina sur le rose des murs, au bout du couloir qu'ils traversaient. La rouquine accéléra sensiblement la cadence, mais embarqué comme il l'était, Sebastian ne se laissa absolument doublé. Il se projeta même, et imprima violemment sa jambe dans la tête de son allié, sous le regard éberlué de Lilou. Cette dernière passa devant Serena, et se planta devant elle avec un regard interrogateur...

Et à la vue des têtes de toutes, le geste de Mavim n'était apparemment pas le plus surprenant. Il était peut-être même parfaitement mérité.

Sur la suite, il y eut des cracs, des vlans et quelques éclats de voix de princesses proutprout trop poilues. Les cloches du mariage sonnèrent, en même temps que des colombes furent libérées pour monter au sommet de la chapelle. Au bout d'une allée de fleurs sur un tapis de soie rare, la reine des Okamas dans une tenue digne d'elle et de son mariage, ses convives de chaque côté, sur des bancs décorés à l'aide de rubans et de pétales de roses. Et de l'autre côté de l'allée, son...

Mon fiancé, annonça la Reine avec un fin sourire.

Il y eut un lourd silence dans la salle, et une seule question sur toutes les lèvres que Lilou énonça d'une voix sincèrement troublée :

Vous parlez de Mavim ?

Son regard d'ambre passa du guerrier à la reine, sans savoir où s'arrêter. Les sourcils froncés, la moue du doute sur le visage. Et sa seconde question s'extirpa de ses nymphes avec une innocente dégoulinante :

Faut pas être un peu tarée pour avoir envie de l'épouser ?

Dans la pièce s'éleva des soupirs exaspérés, des « oh ! » offusqués par les paroles de l'intruse. On râla à son encontre, mais la Reine ramena le calme à l'intérieur en progressant toujours doucement, sur des chaussures à talons beaucoup plus grandes que celles que Rachel portait habituellement. De loin, elle semblait déjà plus grande qu'eux, et alors qu'elle se rapprochait, il ne faisait aucun doute qu'elle était géante sur ses échasses en cuir et à lacets.

Vous ne pourriez pas comprendre, fit l'okama avec ce sourire serein, tirant sur sa robe pour descendre les quelques marches de l'autel et s'avancer vers son promis. Je suis certaine d'avoir trouver l'homme de ma vie, celui pour qui j'ai été faite, et celui qui est fait pour moi. Nous nous comprenons en un seul regard. Si vous n'avez jamais connu ce sentiment d'être enfin complète, alors vous ne pouvez pas comprendre ce que j'éprouve.

Dans le regard de l'okama, un océan d'amour alors qu'elle ne lâchait pas des yeux l'homme qui venait de faire irruption dans la chapelle.

Et vous êtes si prompt à le juger, ou à le moquer...
Ah non mais, je juge pas hein...
fit la rouquine en se grattant le nez. Ça s'respecte... Mavim lui lança un regard presque assassin et comme toute réponse, elle lui fit un sourire.
Il faut le voir avec mes yeux pour saisir toute la beauté brute qui se dégage de lui. Il est fait d'or et de diamants, vous pouvez me croire...

Nouveau silence. Sérieusement ? Lilou passa de Sebastian aux autres, comme pour trouver un appui, comme pour savoir si elle était la seule à penser que c'était sacrément bizarre de parler de lui en ces termes.

On parle toujours du Lieutenant-Colonel, vous êtes sû- Qu'est-ce que je dis moi ?! Non, vous savez quoi ? On s'en cogne ! Un grognement s'étouffa dans le fond de sa gorge. Les invités sur les bancs se levèrent dans magnifiques tenues, alors que la Reine arrêta de progresser. Le doigt accusateur tendu vers cette dernière, Lilou reprit d'une voix forte : Vous vous êtes joués de nous, vous nous avez drogué, manipulé, lancé sur un jeu de pistes ridicule, manqué de nous faire tuer. Vous avez mis la vie des miens en danger ! C'est impardonnable !

Les mots glissèrent de ses tripes à ses lèvres, sortant dans un grondement sourd. La rouquine était en colère, toujours furieuse de savoir qu'on avait osé faire ça à sa famille. Son cœur battait à ses oreilles comme les tambours d'une bataille, et à mesure qu'elle parlait, elle sentait ses joues rougirent de rage :

Et vous voulez contraindre des gens à vous suivre, et l'un d'eux à vous épouser ! Je ne suis pas venue discuter des beautés de l'amour avec vous, ou avoir un débat sur la passion ! Vous dites que je n'y connais rien, mais figurez vous que je sais plusieurs choses en matière d'amour : Il ne se commande pas, ne s'impose pas, ne se force pas ! Je sais que vous n'avez pas à l'obliger ou à le contraindre ! Qu'il n'en est que plus beau quand il est réciproque ! La foule l'écouta avec passion. Car cette île n'était qu'amour, et qu'on trouvait écho dans ses paroles énoncées à voix haute : Il est fait de petites intentions sincères, de vérités qui blessent, de regards tendres, de promesses qui ne se brisent jamais, de blagues pas drôles, et même parfois de doutes et de larmes... Pas de manipulations perfides. Ça, ce n'est pas de l'amour, c'est une mascarade honteuse ! Et si vous poursuivez sur cette voie, vous vous réveillerez un matin avec des regrets ! Le regret de ne jamais avoir été sincèrement aimé ! Celui d'avoir gâché une part de votre existence, et celle de l'homme que vous aurez embarquez avec vous ! Le regret de ne lui avoir jamais appris à vous aimer pour ce que vous étiez vraiment ! Le regret de ne jamais avoir connu l'amour avec un véritable et très grand A ! Le regret d'avoir perdu votre temps dans une histoire qui n'existe que dans votre tête...

La voix de Lilou s'étrangla dans sa gorge. Sans doute parce qu'au fond, elle trouvait une réverbération à ses propres impressions à ce sujet. Mais elle ne pouvait s'arrêter en si bon chemin. Elle lança un regard en arrière, voyant Wallace s'extirper de l'orgue après avoir écouté son discours. Entendant ses paroles, et avec ses connaissances, comprenant une partie de ses mots différemment des autres. Il essuya une larme émue qui fit couler son mascara sur sa joue rosie par le maquillage. Il comprit. Pour Oswald. Et pour ceux avant lui. Pour ce qui faisait mal lorsqu'on aimait. Pour l'aventure que c'était quand on y connaissait rien. Pour la peur de se jeter dans le vide, et de se rendre compte après de l'absence de parachute pour se rattraper. Du fait que Lilou avait plongé, et s'était écrasée au départ de celui qui fut son meilleur ami, et l'un des hommes de sa vie.

Elle prit une profonde inspiration, le regard décidé. Porteur des exigences de ses proches.

Je vais vous donner une dernière chance de faire machine arrière, de tout arrêter immédiatement. Je ne sais pas de quelle capacité vous avez user sur mes hommes, mais vous allez leur rendre leur liberté, et leur laisser le choix de rentrer chez eux !

L'ordre tonna dans la chapelle jusqu'ici silencieuse. Les battements des ailes d'une colombe vint troubler la paix éphémère. La reine planta ses yeux dans le regard de la rouquine, esquissant un sourire. Et comme toute réponse, tous les okamas de la pièce firent un pas vers eux. Un pas lourd. Menaçant. Conquérant. Comme l'avertissement dans un ciel sombre avant le coup de tonnerre.

Ils ont choisi.

Et Lilou lança un coup d'oeil inquiet à Sebastian.
Ça n'était pas exactement la réaction qu'elle attendait.
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Sebastian lança un regard triste à Lilou. C'était une vision terrible pour elle. Le fond de teint faisait un mauvais travail pour combler ses rides. Le fard à paupière qui avait coulé durant sa course formait des traînées violettes sur le côté de son visage.
Les derniers échos du laïus de la rousse s'étaient éteint, et tout le monde entendit très distinctement le petit souffle d'air du lieutenant-colonel, associé à un léger haussement d'épaules.
Il se retourna et se dirigea vers le bout de l'allée.

L'assemblée d'Okamas se joignit à l'organiste pour siffler la marche nuptiale. Il y avait beaucoup de choses à redire sur le goût des habitants de Kamabaka, mais il faut reconnaitre qu'ils avaient un certain sens musical. La scène était assez émouvante, Mavim, toujours aussi droit qu'un trait d'arbalète, marchait d'un pas décidé que rien ne pouvait arrêter. Il s'avançait vers Vita Don Tea et la main qu'elle lui tendait. Pire, il s'en saisit, et tira sa promise vers lui.

La suite fut un peut moins glamour. Un poing, noircit par la volonté de fer du marin, la même qui tenait ses mâchoires fermées, écrasa le nez de la reine. Plusieurs fois. Un véritable marteau pilon. Seul le bras de Sebastian dans son dos retenait Vita de s'écraser au sol.
Lorsqu'il en eut fini, le couple avait l'air de deux danseurs de tango brusquement arrêté sur l'accord final d'une danse endiablée. Au détail près que la demoiselle pendait inanimée au bout du bras de son cavalier, le sang tombant goute à goute de son nez.

"Bon, ça, c'est fait."

Vita avait été prise au dépourvu. La bouche bée, toutes les fommes présentes se levèrent d'un seul mouvement pour venir en aide à leur reine. Elles furent toutes arrêtées par une main, celle de Mavim, s'opposant à elles. Il déposa doucement le corps de la fiancée au sol, puis se redressa. Il regarda droit dans leurs yeux, à toutes.

"Si vous voulez qu'on se foute sur la gueule, on peut. Faites quand même gaffe, parce que vous êtes prises en tenailles entre une horde de marines très énervée, la rousse comprise, et moi-même."

Quelque chose, dans sa voix, suggérait à l'assemblée qu'il serait difficile de définir de quel côté se trouvait la pire menace. Le temps que tout le monde pèse le pour et le contre, un cigare fumant s'était matérialisé dans bouche.

"Maintenant, contrairement aux apparences, je suis quelqu'un de très compréhensif. L'avis de l'ingénieure générale Jakob est tout à fait valable, vous êtes de viles crapules manipulatrices et tout, mais bon, qui ne l'est pas, hein ? Tout le monde veut quelque chose, et dans un sens c'est peut-être admirable d'aller si loin pour l'obtenir..."

Mavim avait commencé de faire des allez-retour devant l'autel. Instinctivement, il avait cherché à poser une main sur la garde de son épée. Dans son absence, il s'était contenté de la tenir dans son dos. De l'autre, il décrivait de petits cercles avec son cigare.

"Donc, si certains de mes hommes décident de rester ici de leur propre volonté, ils le pourront après avoir dument signé les cinq exemplaires de leur lettre de démission. Vous savez, j'aime pas plus cette paperasse que vous, mais c'est simplement pour que les choses soient en ordre et que vous évitiez la malencontreuse visite d'un croiseur au capitaine moins compréhensif que moi. Toutefois..."

Derrière lui, Vita semblait reprendre ses esprits. Une vague parodie d'évèque la soutenait, l'éventant avec un tract de l'église Okamique.

"...malgré tout cela, il y a quelque chose que je ne peux pas tolérer, et qui m'a légèrement mis en dehors de mes gonds. Vous m'en excuserez, mais en particulier dans un lieu sacralisé comme ce dernier, je n'accepterai pas la moindre tentative de me faire revenir sur mes vœux."

C'est alors que des centaines de paires d'yeux se focalisèrent sur le décolleté du lieutenant-colonel. Au milieu de celui-ci, au bout d'une fine chaîne se trouvait un anneau. C'était une alliance assez simple, mais une alliance tout de même.

"Oui, ben voilà, elle tombe toujours quand je suis en service, alors bon, j'ai fait ça comme je le pouvais. Mais revenons à nos moutons. On va se battre dans cette église ou alors on passe directement au buffet ?"
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-Me demandez pas, je sais pas comment j'ai fait pour arriver ici.
-Vous en faites pas, je sais pas comment j'ai fait non plus pour ne pas repartir.
-Vous n'avez pas envie d'être ici ?
-Oh je l'ai choisi et j'y suis bien. C'est juste que j'aurais bien aimé faire ce métier à l'air libre.
-En effet... Et puis c'est vrai que vous n'avez pas l'air d'appartenir à cette île.
-J'ai pas l'air de suivre l'Okama way ? Vous jugez sur l'apparence vous aussi ?
-Pardon...

Rachel posa la brosse qu'elle venait d'utiliser pour ramasser les débris laissés dans le sillage de Sebastian et de Lilou. Attablés autour d'une tasse d'une mixture qu'elle était bien loin de pouvoir identifier, les deux jumelles Tamara et … l'autre la sirotaient en léchant leurs blessures. Rachel n'avait même pas eu à les frapper sur le crâne pour qu'elles se calment, elles avaient abandonnées rien qu'en voyant Rachel débarquer, la bouche en cœur, totalement perdue, mais ébahie par la grandeur de l'édifice de la prétendue église. Depuis, notre brunette aidait le barman qui n'avait rien demandé à personne à remettre de l'ordre dans son orgue de bouteilles brisées. Ce qui n'avait pas l'air de l'émouvoir le moins du monde.

-Sommes nous obligés de porter des robes à froufrous et du mascara à paillette pour être gay ?
-Je suppose que non... Sommes nous obligés de porter un smoking, de se tenir très droit derrière son bar et de ne faire qu'essuyer des verres toutes la journée pour être tenancier ?
-Bien réparti.
-Merci. Je m'entraîne...
-Pour être intégré ici – ou du moins y avoir une part entière – il faut savoir rester dans l'excès.
-Eh bien je ne vous envie pas...
-Oh ne me plaignez pas, je reste ici pour Tamara.
-Oui je vois ce que vous voulez dire. Les gothiques ont la classe.
-Non. C'est juste qu'elle est belle.
-... Si vous le dîtes... Bon, je vais vous laisser, j'ai du travail plus haut.
-Je vous en prie. Merci de votre aide et bon retour.

*****


-Excusez-moi du retard. J'ai manqué quelque chose ?
-Oh juste le discours passionné de Lilou sur l'Amour Partagé.
-Euh... Pourquoi ?
-La reine voulait se marier avec Sebastian contre son gré.
-Sebastian ? Ah tout de même ! Et alors ?
-Eh bien ça n'a servi à rien.

Rachel leva les yeux au ciel et poussa un soupir. Pourquoi est-ce que tout ça ne l'étonnait guère ? Elle n'aurait pas dit qu'elle s'y attendait, mais... Pourquoi auraient-elles volontairement exilé les femmes si ce n'est pour un mariage arrangé avec leurs hommes et des conversions brutales à leurs fameux « okama way » ?

-Et du coup, c'est quoi la suite du programme ?
-Sebastian a pété la gueule de la reine.
-C'est pour ça tout le sang sur son visage. C'est incroyable ça ! Pourquoi les capitaines veulent toujours régler les conflits diplomatiques à coups de poings ?
-Toujours ?
-Une mésaventure à Myriapolis... je suppose que j'arriverai pas à réparer les pots cassés. Je sais même pas si j'en ai envie. Et du coup ?
-Bah du coup on s'enfuit.

Ça expliquait donc pourquoi tout le monde courait à en perdre haleine dans la vague direction des côtes et du navire. Rachel se laissa guider par le peloton au travers des murs au crépis défaillant et des carreaux de mauvais gouts. Les couloirs en arc de cercles défilaient, s'entrecroisaient. Parfois, venus de l'une des intersections, un groupe d'okama ou de marins convertis surgissait en aboyant. Rachel avait l'impression d'être poursuivie par une horde de zombies en mal de reconnaissance, guidée par une abomination maquillée à outrance qui les exhortait de leur laisser leur libre arbitre. Wallace, de sa grosse voix bourrue, demandait au groupe de femmes et de nombreux marins débarrassés de leurs robes de respecter le choix de ceux qui avaient décidé de rester.

Il était étrange de se rendre compte que Rachel n'était qu'un mouton de poussière balayée par tous ces hommes et toutes ces femmes qui se battaient avec des convictions. Elle n'était pas de ces gens, n'était qu'une étrangère. Elle se sentait être la bulle d'huile dans l’homogénéité des valeurs des Rhinos et de ce qu'ils représentaient. Et tandis que tous courraient elle réalisa qu'elle n'avait qu'une envie : reprendre la mer sous les vents de Mona Lisa. Reprendre sa propre voie.

D'un coup d’œil, la faucheuse coula un regard à Lilou qui courrait. Elle éprouva un pincement au cœur à l'idée de la laisser. Non pas qu'elle avait eu le coup de foudre, hein, loin de là, mais elle se rendait compte qu'elle était la seule personne vers laquelle elle aurait pu se tourner à cette heure. Un sentiment de solitude l'étreignit mais elle l'étouffa très vite.

-Nous avons choisi. Repartez et laissez nous vivre nos vies.
-Alors laissez nous partir !
-Mais non ! Revenez mes choux ♥ ! Nous avons encore plein...
-ON VEUT PAS SAVOIR !!!

Le groupe passa en trombe par dessus la porte écroulée que les femmes exilées avaient franchi plus tôt. Certaines tenaient sous les bras quelques hommes qui avaient semblé indécis quant à quitter la vie épuisante et dangereuse de la marine au profit de celle apaisante et sensuelle de kamabaka. Ils n'avaient pas choisi de rester, ils étaient donc ramenés de force à bord. La troupe dévala la route pentue qu'elle avait gravie à plusieurs reprises pour gagner le château avec la détermination d'une souris poursuivie par un chat. Et en guise de chat particulièrement remonté, Vita hurlait de rage avec deux ou trois okama qui épongeaient son nez ensanglanté. Rachel ne chercha pas à comprendre ce qu'elle vociférait. Elle se contenta juste de jeter un œil par dessus son épaule pour s'assurer qu'elles conservaient l'avance sur les okama. Et pendant ce temps, devant elle,s l'horizon se dessinait comme la ligne de fuite pour les marins. Ligne de fuite. L'appellation parfaite pour mettre en perspective la situation chaotique.

-Finalement, c'était peut-être pas une si bonne idée de venir sur cette île...
-Sans blague !
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« Hmm on dirait qu’on arrive trop tard »

On avait avancé de manière beaucoup trop prudente en évitant toutes rencontre avec d’éventuels Okamas si bien que finalement, c’était les femmes de l’équipage qui avaient sauvé le jour. Ca fait un peu moins de gloire pour moi mais beaucoup d’efforts d’économisé. D’un pas confiant je fis signe aux autres marines de me suivre, une bonne petite troupe, ceux qui n’avaient pas encore été victime de la cérémonie et qui, de fait, était encore dans un état mental disons normal. Même s’ils étaient toujours vêtus de manière ridicule. J’étais bien chanceux d’être le seul ici à ne pas avoir eu affaire à ce calvaire. M’enfin… Arpentant les couloirs en suivant les corps inanimés des quelques travestis, nous nous dirigions vers la scène principale.

Cependant le spectacle était déjà fini, face à nous, les « grands » des Rhinos, une envie de rire intérieure, suffisait de voir leur tête pour imaginer les problèmes qu’ils ont dû croiser. Les vêtements en vrac chez les femmes de l’équipage, abimé sans doute par les divers intempéries mais aussi déchiré de manière volontaire pour certaines. Sans parler de leurs visages dégoulinant de sueur faisant couler le maquillage bien trop extravagant. On pourrait presque les mettre dans un manoir hanté en tant que mariées fantôme, c’moi qui vous le dit. Quel dommage que je ne disposais pas de den den pour immortaliser ce moment à tout jamais et posséder un objet de pression supplémentaire… M’enfin, j’ai déjà des photos d’eux en robe de princesse, ça me suffira pour le moment. Mais je n’ai pas le droit de me laisser aller à mes envies de rires, je dois faire bonne impression, les soulager d’un poids.

« Ah, m’sieur le chef ! Lilou ! Vous avez réglé les problèmes ? De mon côté j’ai pu libérer tout les marines restant, ceux-là vont rester avec nous aussi, les Okamas n’ont pas pu tous les convertir à leurs valeurs. J’ai cru comprendre que certains restaient ici… Quel dommage. »

Derrière moi, certains marines acquiescèrent et hochaient de la tête pour confirmer mes dires, qu’ils étaient encore sain d’esprit et que c’était bien moi qui les avaient libérés et mis un terme à la conversion. Et puis comme pour marquer la fin, après l’effort le réconfort comme on dit.

« On a un peu tardé pardon, mais j’ai pensé que vous voudriez sûrement vous faire propre ! Du coup je suis parti allé récupérer tous nos uniformes tout propre ! Ah, et aussi quelques vêtements et chaussures plus confortables ! Si vous voulez vous changer dès maintenant ou attendre le retour sur le navire ! Et puis un peu de ravitaillement, mets, desserts et boisson une fois de retour sur le bateau, je pense pas que ceux-là soient drogué hé hé. J’ai aussi pris la liberté de renvoyer quelques marines directement sur le navire pour tout préparer afin que l’on puisse quitter l’île le plus vite possible si besoin ! Merci beaucoup de vos efforts en tout cas ! »

Après tout ces évènements, savoir qu’ils pourraient profiter véritablement d’un peu de repos, qu’ils ont de la bonne nourriture, des vrais vêtements mis à disposition et partir dès qu’ils le veulent s’ils le souhaitent devraient sûrement les ravir, en plus d’entendre des remerciements pour faire reconnaître leurs efforts en mettant KO la reine. Ouip, je pense que j’ai plutôt bien joué mon coup, si avec ça j’ai pas la reconnaissance qu’il me faut de mes supérieurs, au moins j’aurais celle de mes camarades que j’ai sauvé d’une conversion certaines hé hé.

En tout cas, je voyais bien qu’ils n’avaient plus envie de rester davantage ici… Mais malgré les Okamas qui étaient restés ici par choix… Il y avait encore d’autres disparus… M’enfin, pas comme si y avait des membres précieux dans cet équipage de toute manière. Temps de se mettre en route je suppose, l’île est grande, y a encore un peu de marche et du décor à traverser, de quoi vomir devant tout ce rose, du moins je l’espère pour eux, à me réjouir de leurs souffrances, je pourrais presque croire que je suis sadique.

    J'ai un dilemme, est-ce que je dois faire au plus vite, quitte a risquer de ne pas finir, ou alors est-ce que je dois perdre quelques précieuses minutes à un repos qui pourrait être de trop ? Je vais être obligé de m'accorder un petit temps pour moi... J'imagine que si j'arrive en ressemblant à un sac, elles refuseront de me laisser faire leurs épreuves et je perdrai encore plus de temps. Pourquoi tout cela doit être aussi compliqué ? Je suis dans cette sorte de chambre, il y a même un petit dortoir improvisé, elles ont tous prévus de toute évidence. Je me lave, me change, mange ce qui me parait le mieux pour reprendre des forces à court et long terme en espérant que le temps ne va pas trop jouer contre moi.

    J'ai déjà dans un sens peur de ce qui va suivre, mais je dois tenir bon et rétrouver les miens au plus vite. Je pousse d'un bras la grande porte du fond, passe un long couloir et arrive dans une salle aménagée... De manière bien singulière. Si on m'avait dit qu'une chose pouvait me surprendre en ces lieux. C'est une sorte de stand de tir, avec un style baroque, quelques enluminures, mais... C'est épuré, un peu de couleur, de noir et de dorer, mais sans plus. Dans le reste du monde, cela serait légèrement ostentatoire, mais comparativement à la surface de cette île cela donne une impression d'être trop épuré pour que cela soit normal...

    Sur le côté, en train de vérifier et nettoyer un fusil à plomb, une femme... Non non, une vraie femme, mais dans une tenue de ferrailleur, vous voyez la chemise blanche par-dessus une salopette bleu foncé ? Des botes épaisses et certainement à coquille et des cheveux coupés cours. Si elle n'avait pas de la poitrine et des épaules trop fines, je l'aurais prise pour un homme... C'est quoi ce foutoir encore ? Je l'observe un instant, il me lance un regard empli d'une certaine lassitude avant de dire d'une voix au grave forcée.

    "Quoi ma belle ? Tu imaginais qu'il n'y avait que les hommes qui sont homosexuels ? Tas un problème ?!"

    Je dois avouer que je ne m'attendais tellement pas à ça que j'en reste bouche bée un instant. Je ne sais pas trop quoi dire, j'imagine que même sur une île comme Kamabaka les minorités existent. En même temps j'imagine que je ne resterai pas non plus au grand jour vu la proportion désagréable de rose dans les environs. Finalement je ne trouve que ça d'intelligent à dire.

    "La boite à outils s'il vous plaît."

    Il se calme, s'approche... Il ? Oui on va rester sur cela. Donc, il m'aide à retirer mon haut. Comme il est un peu mécanicien sur les bords, il m'est d'une aide des plus précieuse pour remettre et faire des réparations d'urgences sur mes membres mécaniques. Le tout sans qu'aucun mot ne soit échangé. Décidément, c'est tellement différent de la surface que ça en devient presque gênant. Finalement, il m'explique les règles de la dernière étape du grand jeu de l'amour :

    Il y a dix épreuves, chaque épreuve peut rapporter jusqu'à dix points. Passer une épreuve sans au moins l'essayer retire un point au total, mais il est tout à fait possible de passer tout droit sur plusieurs au bon vouloir des participantes. Celle qui a le plus de points à la final gagne un prix. Simple... Du coup je me pose une question.

    "Donc, si je gagne dix points ici et vais tout droit jusqu'à la fin, je gagnerai avec un unique point."
    "Ouais."
    "Vous avez passé beaucoup de temps à préparer tout ça ?"
    "Quand même ouais."

    Je sais que c'est bête, mais je ne peux pas me permettre de foncer à l'arrivée, ça serait craché sur leurs travaux. Surtout qu'ils ne sont pas responsables des erreurs de celles à la surface, enfin j'imagine. Du coup, tranquillement j'amorce l'épreuve de tir, plus ou moins censé être de l'amour, mais ça ne le transpire pas de manière abjecte on va dire. J’en profite pour parler un peu avec lui, enfin pour lui poser des questions et recevoir des réponses très ou trop courtes en réponses. Je n'ai pas l'impression qu'il ment, ils ne savaient pas pour les mariages et trouve ça presque insultant. La même chose pour le début de l'épreuve, puisqu'il y aurait pu avoir des morts quand même. Finalement, j'en viens à la question finale, alors que j'ai tiré au centre des cibles une à une, engrangeant dix points donc.

    "Vous faites quoi, ici, si cela ne semble pas plus vous motiver que cela. Pourquoi vous forcer à suivre une mentalité qui ne vous plaît pas ?"
    "J'ai juré fidélité à mon boss et lui reste ici."
    "Si j'arrive à la convaincre de partir, vous le suivrez donc ?"
    "Ouais..."


    Aussi simple et têtu que certains machos à la surface, on va dire. Malgré cela, il ne s’est presque pas permis de remarque misogyne à mon sujet, presque. L'épreuve première et finie avec un score parfait, n même temps ce n'était pas si dur et c'était prévu pour être rapide au cas où nous serions beaucoup ce qui n'est pas le cas. Ainsi, j'enchaîne les épreuves... Je ne vais pas toutes les décrire, ça serait inutilement long et rébarbatif ! Mais, sachez que je pose plus ou moins la même série de questions à tous ceux qui s'occupent des épreuves, fini par la même question sur leur fidélité à leur patron et la question de pourquoi ne pas partir au final.

    Je ne me permets qu'un seul essai à chaque épreuve pour ne pas perdre trop de temps quand même. Mais je le fais quand même simplement par respect pour leurs efforts. Pour finalement arriver à la dernière salle avec un peu plus d'une vingtaine de points. Évidemment, ce n'est pas au sein de la salle du trésor lui-même, juste une vaste reproduction emplie de nouveau de rose à en avoir la nausée et au milieu des quelques arbitres après les épreuves, une dont je reconnais la voix.

    "Bravo poussin ! Tu as gagné. Mais avant de repartir, il va falloir choisir ton cadeau ! Choisi bien, tu n'as pas le droit de sortir des lignes roses à froufrou avec plus d'un coffre."

    Si je n'avais pas peur de perdre trop de temps et que ce n'était pas égoïste de ma part, je serais peut-être partie avec les trois... Enfin oui et non, pas sûr qu'ils soient tous réellement transportables. Il y a un gros coffre, trop encombrant pour que cela soit honnête. Surement remplie de pièce et d'ailleurs, un petit coup sec dessus me le confirme. Je ne pourrais jamais déplacer ça toute seule. Il y en a un petit, de belle facture et avec des dorures... Bof, il est un peu moche quand même. Le dernier est d'une taille modeste, semble particulièrement robuste et à une très épaisse chaîne qui l'entoure avec un cadenas qui pourrait très bien servir a bouclé un navire de guerre ou les portes géantes d'une ville vue son épaisseur. Je prends celui-ci, juste parce que je me dis que je pourrais m'en resservir pour mettre du matériel dedans.

    Je sors donc des limites avec.

    "Félicitation poussin ! Tu as fait le bon choix !"

    D'un pas faussement gracieux, elle ouvre les deux autres coffres, le premier est rempli de fausses pièces en fer et le second de vide...

    "Bien ! Tu as compris que l'amour ce n’est ni trop, ni pas assez et qu'il est désirable, est mystère et fidélité à l'image de sa chaîne et son cadenas, je suis si fière !"
    "Je peux partir maintenant ?"
    "Mais bien sûr ! Je ne suis pas une geôlière. Ah ! Prends la porte dissimulée sur le côté c'est un raccourci mon poussin."

    Alors que je vais vers cette fameuse porte, avec le coffre qui pèse quand même, mais pas beaucoup plus qu'un canon portatif donc ça va.

    "Poussin ? Tu ne demandes pas la clef ?!"
    "Il n'y a pas de clef n'est-ce pas ?"
    "Que tu es perspicace ! Il y a un trésor de très grande valeur dans ce coffre, mais ! Attention ! Pour le sortir, il faudra trouver un moyen de le faire sans casser ce qui se trouve à l'intérieur. Une épreuve bonus après les épreuves, ce n'est pas magnifique ?!"
    "Génial..."

    En même temps, je pourrais simplement jeter le coffre et partir... Mais j'avoue que ça a trop piqué ma curiosité pour cela. Je commence donc à partir et près de la porte, je comprends que ce n'est peut-être pas réellement fini. Est-ce que je peux décemment laisser des personnes ici alors qu'elles veulent partir ? Le devoir de la marine ne m'impose pas d'essayer de faire quelque chose ? Cela ne me coûtera que quelques minutes en espérant ne pas arriver trop en retard.

    Je le regarde alors, femme avec un beau corps, cachant celui-ci par un épais cache-poussière. Tenant une pinte de bière à la main. Un cigare neuf au bec et qui me regarde. D'ici je peux voir une sorte de chignon cachant sa chevelure bois de rose sous son chapeau a large bord. Ce regard d'un vert de jade intense sans être aussi clair que le mien. Viennent les quelques minutes à s'observer, à se jauger du regard.

    "Qu'est-ce que tu me veux poupée ?"

    Pour toute réponse, je lui fais un petit sourire, lui retire le cylindre de feuilles de tabac couleur écorce et le met entre mes lèvres.

    "Vous avez du feu ?"

    Il m'observe un instant, le regard dur et alors que l'animatrice se prépare à intervenir a grand coup de "a non pas de bagarre ici !" Mon interlocuteur éclate d'un rire d'un gras au moins aussi forcé que celui des autres. Il se reprend et me prend le coffre des mains dans un geste plus ou moins chevaleresque.

    "Je ne vais pas laisser une dame porter un tel fardeau."

    Puis il siffle entre ses doigts d'un air amusé.

    "Est-ce que ma lady a un nom."

    "Commandante Rei Yanagiba, membres des Rhino storm en service sur l'Hypérion."
    "Et qu'est-ce qu'elle me veut la commandante ?"
    "Vous garantir une réduction de plus de 99% de rose dans votre quotidien, si vous la suivez."

    Il m'observe un instant, alors que deux de ses "hommes" le rejoignent, ils prennent le coffre à deux et du coup le chef de leur petite bande en quelques sortes en profite pour allumer le cigare ce qui ne pouvait pas faire les bras pleins. Derrière la princesse en rose fulmine du fait que je fume en intérieur, mais on l'ignore bien volontiers et elle abandonne pour retourner à ses quartiers. Il me jauge à nouveau, est-ce que je suis sérieuse ? D'un côté, s’ils peuvent aller ailleurs, ça sera certainement mieux qu'ici, ce n'est plus chez eux. D'un autre, est-ce que ce n'est pas un piège ? De mon côté, je me dis que j'ai perdu l'occasion de refaire le portait de celle qui a préparé une partie de tout ce foutoir, tant pis on va dire, le devoir avant tout.

    Je me contente alors de partir, il réfléchit un instant et fini par me suivre. Cela fait un petit effet boule de neige, un certain nombre de femmes habillées en hommes finissent par suivre le troupeau comme de bons petits moutons. Certains parce qu'ils suivent leur chef, d'autre parce qu'il espère ne plus manger, voir et vivre rose encore trop longtemps j'imagine. Si bien que la petite troupe finie en passant par des annexes, passage divers montrer par ceux qui connaissent les lieux et savent au mieux sy déplacer sans se montrer... La plage.

    "Je ne vous forcerai pas à vous engager, mais vous ne voyagerez pas non plus à l'œil, j'imagine qu'on va manquer de monde."
    "Le travail ne nous fait pas peur, pas vrai les gars ?!"

    Un petit cri collectif plus tard, je ne sais pas si j'ai pris les bonnes décisions, mais je n'ai pas trop le temps dy penser, on se met à courir sur la fin. Pourquoi ? Bah, à force de réfléchir et tout, bas c'est qu'ils sont en train d'appareiller quand même !

    "Il n'est pas question que je reste bloquée ici ! Quand on sera à bord, vous me suivez et vous fermez vos bouches. Je vais devoir expliquer la situation à mes supérieurs !"

    Je dis cela a moitié essoufflé, en espérant ne pas rater le coche, ça aurait était bête de rester bloquer ici non ? Je me demande bien ce que peut contenir le coffre... Mais ça, cela sera le sujet d'une toute autre aventure n'est-ce pas ?
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    La tension retomba d'elle même dans la chapelle. Lilou lança un regard au Lieutenant-Colonel Mavim, pour voir si ça lui convenait ainsi, et à l'évidence l'homme semblait satisfait de déguerpir, couper court à leurs vacances et éviter un incident diplomatique conséquent. Déposant le corps de la reine des Okamas à même le sol, il revint vers eux en retirant d'un revers de manche le maquillage qu'il avait sur le visage. La rouquine, de son côté, flatta l'épaule du jeune Eriko, en le remerciant d'un signe de la main de ce qu'il avait fait. Elle n'était pas d'humeur de régler maintenant les détails de leur départ, ça attendrait. Elle voulait juste s'en aller, comme les trois quarts de ses hommes, et surtout de ses femmes, qui s'étaient engagés dans cette mascarade sans en être avertis au préalable.

    Mais avant ça, elle releva le nez vers la silhouette haute en fond de scène. Ce Wallace qu'elle connaissait depuis des lustres maintenant, et qui l'avait accompagné durant cette dernière année. L'homme, qui avait eu une importance dans son équipe, et encore plus dans l'équipage en lui-même. Métamorphosé à cause de la couche épaisse de maquillage qu'il portait et qui camouflait les marques que la vie lui avait laissé, derrière sa tunique grotesque qui l'habillait. Le Wallace Johnson qu'ils avaient connu n'était plus vraiment. Ou plus le même en tout cas. Devaient-ils en faire leur deuil ? Et si oui, était-elle prête à l'accepter ?

    Elle se souvint de la dispute qu'elle avait eu avec lui, quelques semaines plus tôt. De la violence de ses mots, et de l'aigreur qu'elle avait simplement ressenti en dernier lieu. Lilou était vidée. De toute substance, de toute motivation. Éreintée par les tâches qui lui incombaient, elle perdait la volonté de faire, de continuer, de poursuivre plus loin cette aventure. Là, devant cette dernière ligne droite pourtant, les derniers mètres avant l'arrivée. Water Seven serait leur prochaine escale, puis enfin, Marie Joie. Enfin, ils rendraient les clefs du Léviathan et de tout ce qu'il représentait pour eux. Bien loin de Logue Town, bien loin de ce que Salem avait voulu en faire, bien loin d'Oswald qui les avait abandonné...

    Lilou esquissa un sourire triste.

    Tu devrais y-
    Tu restes ici ?


    Leurs deux voix résonnèrent dans la chapelle, trouvant un écho à l'intérieur de cette merveille d'architecture aux couleurs plus vives les unes que les autres. Wallace s'approcha d'un pas de géant vers sa nouvelle Reine, la prenant dans ses bras pour laisser Sebastian retrouver les siens sans se soucier du reste.

    Oui.

    Sa réponse ne souffrait d'aucun refus. Lilou se tourna vers Eriko, pour lui demander d'aller retrouver Rei dans les couloirs du château, mais à peine eut-elle le temps de lui souffler ceci à l'oreille qu'on lui annonça que la lieutenante avait elle-même retrouvé sa route. Se retournant, la foule de marine se fendit pour laisser entrevoir cette dernière, fière malgré ses membres abîmés, avec les quelques hommes qui l'entouraient. Lilou soupira pour elle-même, encore de la paperasse à rédiger.

    Très bien... Elle n'entendait pas négocier une autre fin à ces vacances. Ils n'obtiendraient rien de mieux de cette entrevue, mise à part une guerre digne des plus mauvais crêpages de chignons entre harpies en désaccord. Nous partons.

    Et sur ces mots, la rouquine tourna le dos à son médecin de bord, pour s'en aller au pas de course sur ses hauts talons vers le Léviathan.

    Sans blague...

    FIN
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