Olek, the Revival
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L’homme puissamment bâti ouvrit les yeux, allongé sur des draps en soie, les doux rayons d’une lune naissante venaient le réveiller. Quelques gémissements se firent entendre autour de lui dans le lit alors qu’il se démenait pour s’extirper d’un enchevêtrement de corps et de membres. Il resta immobile quelques instants, assis sur le rebord du matelas, ébloui par le spectacle de ces formes féminines et généreuses qui s’offraient à lui. La même scène depuis des dizaines de jours mais qui ne cessait jamais de l’émouvoir. Sentant l’excitation le gagner de nouveau il se força à détourner la tête et à se relever promptement. Il enfila son vieux pantalon en cuir renforcé, ses bottes en caoutchouc et sa chemise en lin délavée avant de se diriger vers la fenêtre à moitié ouverte.
Contrairement aux autres jours ou il ne passait pas la tête à travers la fente, et ou il se contentait d’observer la ruelle en contrebas prenant bien soin de rester dissimulé dans les ombres du mur. Olek profita de l'absence de lumière pour ouvrir cette fois-ci le battant à pleine main et de s’étirer face à cette nuit hivernale. Il redressa les manches de ses poignées et passa sa main dans ses cheveux blonds pour leur donner un semblant d’ordre. L’Apollon était heureux.
La pièce dans laquelle il se trouvait était sobre, quelque peu poussiéreuse, garnie de vieilles fournitures dont la propriétaire des lieux n’avait plus l’usage. Il s’agissait du grenier d’un des plus grands et vieux bâtiments de la ville, accessible uniquement avec l’activation d’un mécanisme secret que seules les occupantes du lieu connaissaient. Il était en sécurité ici, nourri et chouchouté, mais il s’agissait également d’une prison. Olek se sentait comme un animal dans une cage beaucoup trop petite, il était temps de chier à nouveau librement sur le monde.
Cette salle était la demeure et le sanctuaire d’Olek depuis des semaines. Depuis le jour où il s’était échappé de prison et qu’il avait détruit tout un quartier de la ville. C’est ici qu’il avait guéri de ses blessures et avait attendu de se faire oublier des forces de l’ordre.
Cela faisait quelques jours que son portrait n’était plus affiché dans les rues d’après ce qu’on lui avait rapporté. Et Les bruits de combats et de poursuites permanentes qui avaient fait trembler la ville prouvaient que la marine avait eu des soucis plus importants que celui de retrouver un fugitif disparu depuis si longtemps. Il n’était plus qu’un vestige du passé, pourtant encore douloureusement proche: ses cotes et cicatrices encore sensibles se faisaient un plaisir à le lui rappeler.
Les rumeurs qui circulaient en ville étaient parvenues jusqu’à ses oreilles de reclus. Il semblerait que l’ile venait de subir un nettoyage des plus sanglants pendant sa convalescence et ses vacances au septième ciel avec ces jolies dames. Le nom de « Red » revenait souvent sur les lèvres en ce moment et Olek ne pouvait s’empêcher de sourire affectueusement en repensant au vieux charlatan surement responsable de tout ce fiasco. Etait-il au courant qu’Olek était à Las Camp en même temps que lui ? Savait-il qu’il venait par inadvertance d’offrir au jeune homme la diversion, la porte de sortie qu’il attendait depuis si longtemps ? Peu probable, et c’était pour le mieux. Olek devait déjà tellement au vieil ami de son père qu’une nouvelle dette ne ferait que le plonger un peu plus profond dans la honte.
Il attrapa son nouveau manteau contre le mur et l'enfila, la veste le recouvrait de la nuque aux pieds, le tissu était sombre, bon marché, lourd et imperméable, surement capable de proteger son porteur d'une tempête en mer et des températures les plus basses. Les prostituées l'avaient confectionné ces derniers jours avec amour et en remerciement de ses services si "spéciaux" durant toutes ces nuits torrides.
Les mains contre les rebords de la fenêtre, il jeta un dernier coup d’œil amouraché aux femmes encore profondément endormies et enlacées. Elles allaient lui manquer. Puis il se jeta dans le vide sans autre forme de procès. Son manteau claquait au vent alors qu'il chutait dans la nuit, l’adrénaline reprenait possession de son corps et Olek se mit à rire comme le dément qu'il était.
Il percuta les pavés dans un bruit de tonnerre assourdissant, écrasant par inadvertance une charrette, le conducteur et son poney qui avait eu la malchance de se trouver sous sa zone d’atterrissage et dans les rues à cette heure tardive. Du sang, des morceaux de pierres, de roches et de chairs giclèrent dans tout les sens. Personne ne fut témoin de la scène, mis à part quelques ivrognes sous le choc encore à se demander s'ils rêvaient ou non. Olek, indifférent, continua de rire tout en prenant le chemin des docks.
Il était temps de reprendre la mer, trop de temps avait été perdu ici sur cette île de misère. Olek profiterait du calme apparent en ville pour faire ses adieux en bonne et due forme. A la manière d’un pirate qui veut rappeler au monde qu’il existe...
Dernière édition par Olek le Lun 2 Nov 2015 - 15:09, édité 3 fois