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Les nombres s'alignent et avancent au garde-à-vous, ils me font chacun leur rapport sur la situation. Beaucoup de paramètres. Très peu de temps. Plus que jamais, le temps se fait ressource rare. Optimiser. Calculer. Frapper. Comprimer en cinq secondes l'oeuvre d'une journée de réflexion entière. Mon cortex est taillé pour ça. Je suis là pour ça. Ils comptent sur moi pour ça. Ils n'en sont pas capables, moi si. Je suis un ordinateur doté de nageoires. Mon intelligence est une munition comme une autre dans le chargeur de la Marine, mais son calibre est très supérieur à la force brute du primate simplet qui m'accompagne.

Ils sont en guerre. En plein champ de bataille, un bourbier de sang balayé par un vent putride. L'assaut d'une base. Je me permets de rester assis car j'ai une petite escorte dédiée à ma survie. Un groupuscule de cinq soldats bas gradés, dont un caporal. Ainsi je peux étudier, observer, tester le nouveau prototype du service des Artilleurs en toute tranquillité malgré les frasques bruyantes des... des... qui sont-ils déjà, eux ? Déjà oublié. Sans importance.

Qui sont-ils ?
Hein ? Des révolutionnaires ! Leur base est de l'autre côté de la vallée ! On vous l'a répété cent fois ! Ça vous arrive de nous écouter ?!
Reste à ce que tu fais, James.
Faut qu'on décampe ! J'en vois là-bas, ils pourraient décider d'venir s'embusquer par ici ! Leur patron doit pas être loin !
J'ai pas fini. Le caporal est parti trouver les débris de la précédente bombe.
Mais pourquoi ?!
Je pourrais vous l'expliquer mais vous ne comprendriez pas.
Magnez vous !
Vous devez me protéger.
Bordel...

L'idéal serait que je leur fasse installer la mine au plus près des pieds ennemis, devant la base. Mais ce serait une mission suicide, ils n'accepteraient pas. Et je crois que le paramétrage de ce petit bijou de technologie qui sert à tuer des gens échapperait totalement à leurs cervelles d'oiseaux. Il faut tout faire soi-même, et je m'en contente volontiers. Je sais que le travail sera bien fait, au moins. Mes palmes enfoncées dans la terre disséminent ces ingénieux dispositifs comme des graines. Nous sommes à l'écart de la bataille, au pied d'une colline qui domine le peloton sanglant. Un lieu ma foi tranquille en comparaison du chaos roulant à quelques centaines de mètres d'ici. Malgré les faibles probabilités de nous recevoir une balle perdue grâce aux arbres environnants, mon escorte stationne en état de stress intense. Mon escorte ! J'avais demandé une escorte ! Pas une classe de débutants...

Oh putain ! Y en a qui approchent ! Ils nous ont vu !
Ne paniquez pas. J'ai piégé no-notre flanc Est.
Mais ils ont des flingues !
A leur distance, et avec le brouillard, leurs chances de nous toucher sont négligeables. Et je comptais vous demander d'en attirer par ici, de toute faç-çon.
P-Pourquoi ?!
Ben. Pour qu'ils marchent sur les mines. Euh.

Je suis ici pour ça. Test de prototype sur cobayes involontaires en situation réelle. Pas moi qui l'ait conçu, mais je me suis porté volontaire pour son essai. Les explosifs exotiques me sont amicaux. Celui-ci n'est pas original pour un sou, une simple mine à clous avec un détonateur à compression. Si on fait plus de soixante kilogrammes et qu'on la piétine, boum, une explosion assortie d'une gerbe de clous. Très simple. Mais je tenais en plus à stimuler mon intellect sur le terrain. A étudier mes propres réactions face aux chaos des guerres, aux balles errantes, aux fumées bouffantes et aux explosions anarchiques, à la mort de masse. Et j'ai été assez déçu de comprendre à quel point il était aisé d'exploiter la rage aveugle des guerriers pour échapper à leurs sens et se faufiler jusqu'aux oasis de paix. Et s'y embusquer.

Bref. Tout va bien. Je perçois des silhouettes progressant vers nous à travers le brouillard épais qui nous sert de murs contre le champ de bataille. Le type qui en avait fait la remarque -lequel c'était, déjà ?- était dans le vrai. Ils nous ont vu. A travers la brume fraîche et les arbres morts. Parfait. Le poisson est ferré. Nous devons avoir une poignée de minutes pour exécuter les derniers contrôles et nous mettre à l'abri.

Romanov...

Ah. Parfait². Le caporal est de retour. Juste à temps. Encore un peu et j'aurais peut-être du le rayer des paramètres à considérer.

C'là... Tout c'que j'ai pu récupérer.
Oh. Vous avez trouvé le boîtier principal, c'est bien. J'espère que votre sang n'est pas allé s'infiltrer dans ses rou-rouages.
Tu voulais un papier cadeau, ducon ?

Il y a un sourire dont je ne saisis pas l'origine. Probablement un sarcasme, la plupart des sourires en sont. Je passe outre son visage, bien moins intéressant que ce qu'il tient entre ses deux mains délivrant leurs cascades d'hémoglobine : un nouveau gâchis, le sang des êtres vivants est trop précieux pour le laisser couler ainsi sans penser à fermer le robinet. Avant toute chose, je lui en fais la remarque.

Soignez vous. Si vous mourrez, un outil indispensable sera cassé.
Quoi ? Lequel ?
Vous.
Connard.

Et ma division de soldats est une boîte à outils. Et le champ de bataille mon atelier d'expérimentation. Et le monde entier un laboratoire où la science pioche au hasard ses portes-paroles. Je m'assure en premier lieu que la bombe, ou plutôt, ce qu'il en reste, est totalement neutralisée, mais si mon troufion a pu l'apporter ici sans finir en pièces, c'est que toute la poudre s'en est allée. Alors je lui arrache le boîtier des mains et plonge mon regard à l'intérieur. Il ne reste plus grand chose. De l'acier calciné et muté en un gruyère sombre sentant le brûlé. Oh, bonne surprise ! Des engrenages noircis mais quasiment intacts. Bien. Ils pourront être recyclés.

Elles font quoi, vos putains de bombes ?
C'sont pas les miennes.
Mais elles font quoi ?

Ah. Oh. Oula. Je vais essayer de vulgariser rapidement.

Bombe à fragmentation qui distribue de façon homogène 200 clous de 5 centimètres de diamètre dans un rayon de 360° à l'explosion. Rentabilité optimisée : chaque clou projeté à plusieurs centaines de km/h peut voyager à travers des brochettes de trois ou quatre hommes avant de voir sa vitesse décliner. Un bijou de technologie au service d'une justice très sincère dans ses désirs de domination. Un fort rendement argent investi/victimes. En sculptant les aiguilles en forme de vrilles, on aurait pu augmenter encore le taux de pénétration, mais de nouveaux frais de fonte se seraient incrustés dans l'addition déjà salée de cet épatant jouet de mort, et risqueraient de passer pour gadget superflu, se démener à améliorer la perfection comprend le risque de la détériorer. Ce prototype devient donc mûr pour la grande production. Que nos soldats considéreront vite comme leurs nouveaux doudous qui les préserveront de leurs cauchemars nocturnes. Ces mines feront barrage aux enfers durant leur sommeil, une muraille vindicative autour de leur campement. C'est très bien.
Euh...
C'est une bombe à fragmentation qui...
L'avez déjà dit !
Oui. Ai-je précisé que c'était un p-prototype ?
Aussi.
Plein de fois...
Sinon, nous ne serions pas là pour le tester. C'est vr-vrai. Bon.

L'heure palpitante approche ! Le champ miné est en place. Il ne manque que des gazelles pour le parcourir. Elles ne devraient pas être bien difficiles à dénicher. Comme le soulignait le caporal dont j'ai oublié le nom, un petit détachement nous a aperçu. Ils étaient loin tout à l'heure. Et maintenant, leur curiosité, ou leur soif de sang, les ont conduits devant nos arbres.

C-Camouflez vous.
Ouais c'est ça, apprends moi mon job aussi...

Ils sont trois. Quatre. Cinq. Des silhouettes élancées. Une sixième, toute à l'arrière, de grandes structures cubiques sur ses épaules, probablement un officier qui promène ses galons. Bien. Ce sera l'occasion de mettre en valeur la faiblesse récurrente de ce style d'armements. Une mine peut aussi tuer des alliés. Une mine n'a pas d'esprit d'équipe. Une mine ne sait pas collaborer. Une mine n'est qu'un monticule mécanique au ventre rempli de poudre et d'autres ingrédients, selon sa recette. J'aime pas les mines. Une grenade s'esquive, se voit arriver. Une mine n'attend qu'un pied suffisamment lourd pour la déclencher. Peu importe quel individu porte ce pied. Ce qui nous conduit à de grands gâchis.

Comme celui-ci. Les cinq sujets révolutionnaires poussent un à un de brefs cris face à l'horreur inévitable et inexorable qui leur bondit au corps. Des hurlements distordus puis étouffés en une fraction de seconde par les multiples perforations de leurs poumons. Leurs torses ne sont rapidement plus que confettis. Leurs crânes sautent, comme des oeufs oubliés au micro-onde. En l'espace de cinq secondes, il ne reste plus qu'un puissant silence entrecoupé des palpitations du coeur de la bataille, plus loin vers l'Est. Plaisante science. Mais j'espérais plus impressionnant. Probablement mes goûts de chimistes qui m'empêchent d'apprécier le spectacle. J'ai les clés de l'efficacité, moi, les gaz de combats. Meurtriers inodores. Bien plus propre et élégant que cette boucherie. Bien moins cher, également.

Les soldats de seconde classe sont les premiers à sortir de leurs cachettes. Ils semblent en état de choc. Dévoilent quelques symptômes similaires à la catatonie. Rien d'alarmant. S'ils avaient marché sur ces mines, oui, ce serait inquiétant, ils en seraient morts. Mais ils se sont contentés d'en observer les effets. Tout va bien. Ils se rassemblent en pâté devant le terrain de test, chacun contemplant bien soigneusement où il arrête ses semelles. Bonne initiative, ce serait bête de perdre un autre marine : il n'y a rien de plus insupportable que le gaspillage. D'hommes, et de temps. Parmi les lambeaux de tissus éparpillés parmi les restes organiques, une minuscule mouette bleue ravagée, et quelques débris dorés qui devaient être ses gallons.

Résultats concluants.
"Concluants" ? Il en reste que du hachis !
Auraient été pleinement satisfaisants si aucun soldat marine n'avait été pris dans la détonation.
Que... Quoi ?!
Vous voulez dire que...

Il attend que je lui répète. Qu'il ne se fasse pas plus bête qu'il ne l'est en réalité ! Pas le temps de l'aider à digérer cette information. J'ai un rapport à faire.

Putain...
C'est ce gars qui courrait derrière les révos', c'était...
Un marine.
PUTAIN !

J'aurai pas de mal à traduire cette erreur sur le rapport. "Dommage collatéral mineur" suffira amplement.

Mais pourquoi vous avez rien dit... Vous auriez pu stopper les... le...
Vrai ça. Pourquoi, salopard de poiscaille ?
Parce que c'est une donnée de l'expérience. Une m-mine ne fait pas la différence entre un allié et un ennemi.
Il avait p'tete une famille...
S-Ses victimes aussi. Passons à la suite.
Non. Ça, j'peux pas. Fumier !

Son fusil, ma tempe, le canon froid de son arme m'embrasse le crâne. C'est un bleu, je m'en doutais. Un simplet tout juste sorti de son école de troufion. Un émotif. Un coeur dangereusement trop mou pour supporter les réalités du travail. Je me glace, me tétanise. Puis tremblote. Puis bégaie.

C'C'est une faut-te. Faites pas ça.
Non ! Non ! Déconnez pas, caporal Mash !
Tu vas t'faire radier d'la marine !
D'une marine qui pourrait me foutre ses propres mines sous les pieds ?! Qu'est-ce que j'en ai à cirer ?
On... On est juste tombés sur leur psychopathe de service, c'est tout...
Le lieutenant-colonel...
Je lui dirai ce qu'il a fait. J'suis sûr qu'il comprendra.
Ap-près une telle traîtrise, vous n'auriez p-pas plus de 3% de chance-ces de vous en tirer.
3% ? C'est à tenter !
La moindre des cellules port-teuses de mon ADN vaut des millions de-de fois ton salaire an-annuel.

Il crisse des dents, son fusil s'affaisse. Je crois pas que l'argument ait pu avoir des chances de toucher ce primate. Trop logique. Trop cartésien. Si la logique avait été capable de le faire changer d'avis tout de suite, il n'aurait même pas pointé cette arme sur moi. Pourquoi fait-il ça, encore ? Ah oui ! Le marine pris dans l'explosion. Dommage collatéral mineur. Drame anonyme.

Non. Tu sais quoi ? C'est trop facile. C'que tu vas faire, poiscaille, c'est marcher sur ta mine.
J-je ne crois pas que...
J'AI LE FUSIL ! VAS-Y !
Merde ! Merde ! Ça va trop loin ! Mash !

Il a laissé la rage l'aspirer comme un trou noir et maintenant, il atteint l'horizon des événements, le point de non-retour. Je m'en fais pas pour moi, je m'en fais pour lui. Il finira à l'ombre des prisons du QG des menottes aux poignets et criblé d'hématomes. Mais j'aurais tant voulu le revoir en laboratoire. Habillé du gris poisseux des cobayes. Son nom oubliable ne me revient pas... Je l'appellerai Sujet 8 intérieurement. Sujet 8 s'emploie à convaincre ses amis qu'envoyer un scientifique surdoué affronter les mines qu'il teste est une hypothèse viable, qui satisfera ses désirs de vengeance. Nous perdons tous de précieuses minutes en palabres. Si j'ai été effrayé, si la peur m'a rendu irrationnel durant un minuscule laps du temps, il n'en n'est plus rien maintenant. L'impatience a dilué mes frayeurs. Hâte que ça se finisse et que nous repassions au constructif.

On dira que l'une de leur merde était moins fiable que les autres hein ? Voire que toutes étaient des saloperies susceptibles de nous péter entre les doigts n'importe quand, comme ça ils arrêteront d'en produire !

Il a raison. Je leur ai vendu cette bombe comme étant une technologie révolutionnaire, mais je sais que c'est de la camelote pondue par un collègue bas de gamme qui a géré son budget de manière calamiteuse : il a tout misé sur le taux de perforation des projectiles, mais seulement le strict minimum sur le déclencheur. Le détonateur à compression a besoin de 60 kg pour se déclencher. J'en pèse 56.

Tu joues leur jeu !
Non ! J'fais mon BOULOT ! J'dézingue les pourritures ! J'aurais clairement plus de remords à cogner sur des révo' que sur...

Son regard teinté de dédain s'écrase sur moi. Sujet 8 vibre de colère. La colère le vide du peu de raison qu'il devait posséder. L'équation en devient simplifiée : rage + x = grave bavure. J'ai peut-être déjà calculé l'inconnue précédemment... ou bien tout les termes m'étaient évidents il y a quelques secondes. En tout cas, j'ai oublié l'essentiel : le facteur de la rage. Dommage.

... ce monstre à nageoires. Et binoclard.
Tu n'es toi-même pas très agréable à regarder.

Principalement parce que sa blessure, deux lèvres béates en-dessous de son épaule, continue à baver de l'hémoglobine calleuse sur son torse. Le rendant hideux à la vue et initialisant la réaction de dégoût propre à la contemplation de chair à vif. Mais sa réaction suggère qu'il n'a pas correctement interprété mon commentaire. Son poing télescope ma joue, je m'en vais rouler par terre, dans la fange ! L'ignare ! Le rat écervelé ! Mes neurones, merde ! Pas de collision avec mes lobes et pourtant, je sens que j'en ai perdu des dizaines de milliers à cause de son horrible poing boursouflé d'hématomes ! L'a aucune idée de ce qu'il arrache à l'humanité sur ce pauvre coup de sang ! Il érode impunément un QI DE 180 !

Je m'écrase dans la terre sous une pluie de jurons ! ... et mes os décalcifiés s'apeurent. Corps mal entretenu. Faille de prévoyance.

'chier !
Calmez vous !
J'en ai pas fini avec toi. Déjà, tu vas te relever.

La tenaille qui lui sert de main s'enroule autour de mon avant-bras, et me tire. Mon équilibre précaire, ma mémoire fluctuante. Mon cerveau endommagé. Je ne comprends déjà même plus ce qui m'a amené à me faire relever par ce dégénéré.

Vas-y, marche. Là-bas. T'y avais foutu une de tes saloperies, j't'ai vu l'enterrer.
D'accord.
P'tain... Mash...
A couvert, vous autres ! Toi, si tu recules, j'te plombe !
Bah.

Je conchie ma mémoire défaillante. Poisson rouge par ci, poisson rouge par là. Les trente secondes de bande se sont déroulés, mes souvenirs se sont réinitialisés. Je me contente d'avancer, comme il me le demande. Puisqu'il a le fusil. La présence de mines que j'ai moi-même enterré ici, je me souviens. Des mines à détonateur à compression médiocre, oui oui, 60 kg minimum. Un pas après l'autre, je me dirige vers le champ de mines sous leurs yeux hagards. Si j'en juge par les matériaux organiques déchiquetés répandus autour de moi, j'avais déjà fait les tests. Mais ils ne m'ont pas laissé noter, pourquoi ? Trop de questions puériles. Inutiles. Perte de temps. Berk.

Ça... pète pas ?
Quels étaient les résultats de la dernière session de test ?
Il se fout de nous !
Me souviens pas.
Certaines mines doivent être daubées...
Tu sais pas ce que tu dis.

Je suis sûr que je me serais souvenu d'un échec complet. Pas le temps de creuser. Le caporal lève son fusil. Qui crache une balle qui vient murmurer des menaces à mes oreilles sifflantes. Peu importe ce qui a pu se passer de si grave entre nous : maintenant, je dois fuir. J'entends la culasse de son arme coulisser. Il va tirer... Il veut me chasser comme du gibier... Il halète comme le clébard infidèle qu'il est.

OUAIS, C'EST CA ! COURS !
ARRÊTE ! PITIÉ MASH, MERDE !
Avancez pas dans les...

Un nouveau tir, une vive douleur, une épine enflammée glissée sous le biceps. Ses cris qui me déchirent les tympans. Je les ai déjà entendus, oui oui. Probablement des échos des premiers tests. De brusques sons de déchirures. Par chance, j'ai pu courir hors de portée de la mine, mais...

... mais je m'écroule. Mon bras me fait mal. Me tiraille, comme s'il essayait de ramener tous les nerfs de mon corps à lui. Mes nocicepteurs s'accaparent toutes mes pensées. Et je les maudits, et je maudits mon corps pour oser me détourner de mes objectifs. Même si pour l'instant, niveau buts : survivre arrive en tout premier dans la file d'attente. L'adrénaline secrétée par mon cerveau ne parvient pas à compenser les ravages de la peur. Je réfléchis pas aussi vite que je le voudrais. Pas aussi. Vite. Comme si j'avais perdu des points de QI. Mon QI... C'est tout ce que j'ai.

Alors une fois atteint le champ de bataille, le vrai, alors que devant moi s'étend la boucherie des troufions et derrière moi le néant, je ne vois qu'un seul moyen de passer inaperçu. J'arrache la broche qui trahit mon camp. Et me glisse sous un cadavre. Un grand cadavre. D'un guerrier aux muscles suffisamment saillant pour empêcher même les rayons du soleil de m'atteindre une fois terré dessous.

Voilà. J'attendrai patiemment sous lui... et ordonnerai à mon bras d'arrêter de saigner autant ! Foutu enveloppe charnelle ! Si vulnérable !
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Comment on peut être sûr qu'ils relanceront pas une charge dans la nuit ?
Regarde juste ce massacre. Regarde le. Ose me dire que notre riposte a pas du leur mettre le moral à zéro.
Je...
C'est aussi ça, la révolution, petit. On refait pas le monde sans patauger nous aussi dans l'cambouis.
Non, je... Là... Le corps, il... Il bouge...
Si tu disjonctes déjà, j'donne pas cher d'ta santé mentale dans dix ans !
Déconne pas, il gémit ! Ce mec est pas mort !
... aidez-moi ...
Attends, soulève le cadavre !
Hummf... Ouah !
... erreur de calcul... manquait une variable...
Ouah ! Ouah ! Un poiscaille sous un cadavre !
Parle pas, p'tit, tu vas te déchiqueter les poumons. T'es touché au bras ?
... balle + fracture ouverte.
Ok, j'devrais pouvoir te soulever tout seul.
Attends, qu'est-ce que tu fichais sur un champ de bataille, gamin ?
...
Il aura tout l'temps d'nous raconter son histoire quand on lui aura refermé ça. Allons-y !


***

Oh non, oh non non, ce ne serait pas judicieux de leur narrer mes vraies aventures, d'autant que la moitié d'entre elles ont fondues sous l'acide de ma mémoire corrosive envers ses propres souvenirs. Mais s'ils savaient que je suis scientifique -génie- de la brigade savante de la marine, je subirais un transfert d'état invité => otage des plus ennuyeux. J'ai simulé l'évanouissement et me prélasse actuellement sur un lit de, je suppose, l'infirmerie de leur base, les paupières soudées, craignant qu'à mon réveil ils ne me laisseraient pas le temps de bâtir une réponse qui m'évitera le danger imminent.

Ils semblent avoir fort correctement corrigé mon bras défaillant. Bien. Il me pique de plus en plus à mesure que les analgésiques se diluent dans mes vaisseaux sanguins, mais je n'ai aucun mal à ignorer les gémissements puérils de mon organisme, seul compte l'esprit endolori qui me creusera une sortie de ce guêpier.

Hmmm... Tu sais, je sais reconnaître un vrai type inconscient quand j'en vois un, héhé...

Bon sang.

Me dis pas que je t'intimidais ?
Je ne sais pas. C'est très trouble. J'ai p-peur.

M'est avis que la peur amène l'empathie, sauf face aux personnalités sadiques. Mais les personnalités sadiques deviennent rarement médecins révolutionnaires.

Le patron t'a retrouvé sous un corps lorsqu'il est descendu constater le carnage après le combat. Tu t'souviens pas de comment t'es atterri là ?
Non. J'ai des s-sautes de mémoire. Je suis un homme-poisson rouge. Ça m'ar-arrive fréquemment. Comme les b-bégaiements.
T'as l'air jeune. J't'ai jamais vu dans le coin. T'es marine ?
Non.
J'me disais. Pas d'uniforme... Bref.

Mes globes oculaires se froissent sous l'impulsion des lumières vives barbouillant la pièce. Grande, très grande salle. Des dizaines de lits médicaux à perte de vue. Tous ensanglantés, parfois supportant des corps inanimés, parfois en convulsions. Et d'autres blouses blanches, au loin, silhouettes blanches sous un orchestre de cliquetis métalliques. Oui, une infirmerie. Un brouhaha cohérent avec la récupération des blessés révolutionnaires durant le combat.

La réelle étrangeté vient de la présence de soldats marines marginaux isolés sur une rangée de lits à ma gauche.

Base révolutionnaire ?
Ouais.
Vous n'avez pas remarqué les marines allongés sur les lits à gauche ?
Hein ? Ben si. Mais en tant que toubibs, on peut pas laisser crever les bougres qui ont encore une chance simplement parce qu'ils ont pas nos idées.

Oui. La déontologie médicale, oui, j'avais oublié. Un raisonnement assez contre-productif, que de sauver aveuglément alliés et ennemis. De sidérantes prises de risques qui amplifient grandement les probabilités d'être poignardé par sa propre bonne conscience. Mais soit. Je perds momentanément l'attention du médecin qui tourne la tête vers une jeune femme en pleine crise d'angoisse post-traumatique. J'en profite pour m'asseoir sur mon lit, et m'extraire mes perfusions d'antidouleurs, plus qu'obsolètes alors que mon bras est traité. Je ne comptais pas passer la nuit allongé. Oui, c'est la nuit. Les rares fenêtres de la bâtisse m'indique que le noir est tombé sur le champ de bataille.

Tu viens de... retirer ta perf' ?
Oui. C'était de la k-kétamine. Pas besoin.
J'ai extrait la balle, recousu ton bras. Pas d'artères touchés, mais un os endommagé et une fracture. D'ici quelques secondes, tu vas avoir vraiment très mal.
Ça ira. La douleur n'est qu'une information.
Et... tu vas où, là ?
J'aurais aimé remercier celui qui m'a sauvé.

Je n'ai pas grand temps à perdre. Je dois trouver un moyen détourné d'obtenir tous les renseignements logistiques requis pour mon évasion. Et la bouche qui me les offrira les plus rapidement sera probablement celle de mon bienfaiteur.

Jekkar est en pleine réunion !
Jekkar ?
Le patron. Il appréciera sûrement parler avec toi une fois tout ce cirque terminé, mais pour le moment, il a des chats autrement plus urgents à fouetter. Mais j'dois pouvoir te trouver Xavier si tu veux, il était avec le patron lorsqu'il t'a trouvé...
D'accord. C'est un autre de vos leaders ?
Non, c'est son premier mois dans not' groupe. J'reviens avec lui !

Oh. Un sous-fifre. Quitte à perdre du temps avec un ignorant des grands enjeux, autant filer au plus court.

Je vous accomp... ACH !

Comme un rasoir se faufilant dans mon biceps, une criante douleur surgit dans mon bras et je parviens pas à répudier mon couinement de marcassin.

Héhé, je te l'avais dis. Je te remets ta perf' ?
Non, je viens avec vous.
Ton bras est...
Je sais. Je m'en servirai pas.

Il me prend pour un crétin ? Au moins, je sais que ma couverture est pas compromise.

Bon, ça m'arrange, on est pressés. Fais juste gaffe à pas rouvrir tes blessures.
Je sais.

Oui, décidément, il me croit gauche ou limité. J'enfonce ma palme dans sa poche, je l'y laisserai jusqu'à ce que la douleur se soit atténuée. En attendant, je serrerai les dents. A la fois pour ne pas laisser mes glandes lacrymales sécréter leur réaction humide et puérile à la souffrance, à la fois pour me maintenir la tête froide tandis que je suis clairement tombé au coeur de l'organisme ennemi.

J'emboîte docilement ses pas tandis qu'il slalome à bon rythme entre les rangées de lits. Lits que je remarque parfaitement bien équipés. Ces révolutionnaires ont des moyens. Il accroche ses collègues de discrets hochements de tête tandis qu'il vérifie de temps à autres si je suis toujours derrière lui. Que j'aie éveillé ou non sa méfiance ne m'importera que peu une fois que je serai arrivé auprès de l'un des guerriers qui m'ont amené ici.

Xavier doit pas être loin, je l'ai vu tout à l'heure ramener d'autres blessés.
Xavier ?
Xavier, oui, qui escortait le boss lorsque... Rah, m'oblige pas à me répéter !
Désolé.


Dernière édition par Zéro le Ven 24 Juil 2015 - 22:19, édité 1 fois
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Bonjour Zylon.
C'est Xavier.
Bonjour Xavier.
Bon, j'vous laisse... Tu le surveilles un peu quand même, hein ?
Pas de soucis.

Oui, méfiance. Probablement plus liée à mon caractère bulleux qu'à un vrai soupçon concernant ma nature gouvernementale. Il se retire au pas de course, car des soldats attendent leurs soins dans l'infirmerie d'à côté. Et le sang a tendance à s'enfuir vite lorsqu'on ne le surveille pas. Me laisse donc avec... Zavier, dans un couloir étroit squatté par d'étranges relents, mi-antiseptiques mi-moisissures. Dont la peinture murale grise bardée de crasse brune suggère que la bâtisse n'a pas de techniciens nettoyeurs. Peut-être cette base est-elle récente. Ou temporaire.

Bon, ben... Tu t'appelles comment ?
Zéro.
Drôle de nom... Plutôt nul, héhé...
Il me convient.
C'était un jeu de mot, nul, zéro, ...
Oui, j'avais compris.
... donc, comment tu es atterri sous ce cadavre, mon pauvre ?
Je sais pas. Je suis atteint d'amnésie chronique. Mais j'imagine que je m'étais perdu, comme d'habitude, et que pour m'abriter, j'avais trouvé que cette solution. Surtout avec cette balle dans le bras qui diminue la combativité.

Il se gratte le menton et m'observe de travers. Comme si j'étais plus compréhensible en diagonale qu'en horizontal.

De l'amnésie "chronique" ?
Oui. Homme-poisson rouge.
Oh, ouais, j'aurais du m'en douter... Okay. Ça doit vraiment pas être évident à vivre. Tu erres comme ça, sans te souvenir du pourquoi ?
Voilà.

Je romance mon histoire. Et aggrave les symptômes de mes troubles mémoriels. Ainsi je cultive, encore, l'empathie qu'ils peuvent ressentir pour moi. Pas besoin de me précipiter.

Doit bien y avoir un moyen de t'aider...
Me dire où je suis et ce qui va se passer, déjà.
Notre base révolutionnaire ? On stocke tout notre matos de South ici. Pour ça que les marines se sont cassés les dents. J'crois qu'ils étaient mal renseignés. Du coup, c'qui va s'passer... Probablement un siège. Mais on est paré à ça.
Pas moi.
Pas toi, hum... J'crois que tu vas devoir partager notre quotidien quelques temps. Trop dangereux de laisser qui que ce soit s'aventurer trop loin dehors, désormais. Ça va faire une nuit depuis le cessez-le-feu, ils ont du s'organiser pour tirer à vue sur tout ce qui sortirait d'ici...
Ah. Je suis mort, alors ?
Mais non, mais non...
Ouf. Parce que je voudrais retrouver mes parents.

Parfait. Il grimace, le malaise déteint sur sa face. Faire intervenir les liens familiaux fragilise un peu davantage ses défenses. Quand il aura complètement baissé sa garde, il deviendra un véritable robinet à informations.

Mes parents. Hum. Maintenant que j'y pense, je ressens bien une étonnante curiosité à leur propos surgir des tréfonds de mes ventricules. L'un de ces souvenirs si antiques qu'ils ont été absolument et proprement annihilé. Étonnante curiosité envers un passé trop lointain pour m'être utile. J'oublie aussi vite ces questions qui ont failli me faire trébucher. Ouf.

Oh, merde. Tu t'en souviens ?
Oui. C'est le seul souvenir qu'il me reste. Alors je le poursuis. Depuis vingt ans déjà. Plus ou moins.
Putain.
Comme tu dis.

Du mal à garder le fil de la conversation. Ma mémoire sort ses ciseaux et s'apprête à le couper. Le fil. Ma concentration s'effrite. Je dois conclure.

J'aimerais rencontrer l'autre homme qui m'a sauvé. Vous étiez deux non ?
Ouaip. Le boss Jekkar. Mais tu comprendras qu'il est un peu beaucoup très occupé, là...
Mince. Je comprends. J'aurais aimé le remercier avant d'oublier.
Si tu veux mon avis, tu vas squatter ici avec nous un bout de temps. On t'trouvera bien une occasion.

Hummf. Squatter ici "un bout de temps" ? Ce temps que je passe en dehors d'un laboratoire, c'est autant d'heures envolées pour les progrès de la science. Il ne se rend pas compte. Heureusement pour ma couverture, d'ailleurs. Ceci dit, il a fait naître en moi une bonne idée qui devrait raccourcir ce misérable ennui qui commence déjà à m'étreindre. Coupée de sa racine, souvenirs réinitialisés oblige, je lui offre tout de même mon idée comme un bouquet de fleurs.

Quitte à rester ici. Je pourrai vous aider.
Eh. Pourquoi pas ? J'vais causer de toi autour de moi, on te trouvera une place.
Merci.
En attendant, retourne à ton lit et évite d'oublier que ton bras est monté en kit, d'accord ?

J'acquiesse sans la moindre conviction, d'un hochement de tête frénétique qui entend mes neurones frétiller sur le grill de mon impatience. Il s'éloigne en me souriant, en m'adressant une paume complaisante. Les malheurs que j'ai tissé, ce costume que j'ai enfilé pour devenir un personnage qui colle aux standards sympathiques des révolutionnaires, l'ont suffisamment bouleversé pour l'entraîner à me donner les clés des enfers qui se déchaîneront probablement bientôt sur cette base. Car si je peux les aider. Si je peux dénicher un accès à leur entrepôt d'armes. Et dans une logique réaction en chaîne, si cet entrepôt recele d'une fournée d'explosifs capables de satisfaire les besoins anarchistes de tout South, alors je pourrai m'arranger pour fumer cette base. Le tout muni, pour seule arme, de mon esprit. De mon esprit acéré.
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On va organiser une veillée funèbre pour les morts. De préférence, avant l'aube... Histoire de sonder le moral du groupe et de lui rappeler pour quoi on se bat. Toi qui voulait aider, j't'ai p'tete trouvé un boulot.

Oui oui. Très bien. Je trouverai une façon de m'éclipser pendant qu'ils gaspilleront leur énergie à amadouer les morts pour leur faire pardonner les erreurs des vivants ou je-ne-sais-quoi. Un culte mi-religieux qui s'encombre d'un si lourd sentiment de deuil qu'ils en négligeront, au moins l'espace d'une fraction de minutes, la sécurité de leurs survivants. Bref, une fissure qui menace leur structure entière.

Très bien. Dis moi ce que je dois faire.
Là, on rassemble un peu tout le monde, mais y aura un tour de garde. Les gars se relayeront toutes les heures. Ça te dérangerait de t'occuper du pointage ? T'assisteras pas à la veillée, je sais, mais vu que t'es pas -encore- de la famille, j'me disais...
Pas de problèmes. M'en charge.

Je pourrai me trouver des laps de temps opportuns pour me renseigner sur la position de leur entrepôt à armements, et l'infiltrer. Je me disais bien qu'en attendrissant suffisamment mon sauveur, il deviendrait l'artisan de sa propre perte. J'espère que rien de fâcheux ne viendra gripper ma mécanique. Mon bras en panne, déjà, diminue de moitié mon rendement physique et ne me laisse que trop peu de marge pour faire intervenir mon corps dans l'opération. Pas de manoeuvres, pas de combats.

Il m'invite à le suivre et je m'exécute comme un espèce de fidèle canidé. En entrant les informations importantes dans les boucles de ma mémoire à long terme pour éviter qu'elles ne m'échappent une fois que je serai concentré sur l'important. Parce que déjà, j'ai du mal à identifier la vraie nature de l'ennemi. Révolutionnaire. Oui. Je n'oublierai plus.

Le révolutionnaire au prénom porteur d'un X au premier rang -une originalité statistique suffisamment notable pour que son souvenir soit parvenu à stagner en moi- produit une série de faux sourires à l'encontre des personnes abattues moralement qu'il croise dans le couloir, et qui tous convergent dans le même sens. Veillée funèbre. Tous réunis dans la même pièce. Le temps d'une ou deux heures ? Circonstance idéale pour initier une annihilation complète de ces lieux grâce aux armements qu'ils conservent probablement quelque part où la garde sera temporairement biaisée.

C'est là...

C'est là. Une salle qui ressemble à toutes les autres, reconvertie en chapelle de fortune. Des bougies grossièrement montée sur une cire de qualité, à vue de nez, médiocre et artisanale, encerclent de longs tapis mités sur lequel des rangées moites de guerriers muets croisent leurs bras, leurs jambes et leurs regards. Il en vient d'autres, qui rentrent timidement par les portes dérobées dans le béton. Ils roulent leurs yeux dans leurs orbites et ralentissent leur pas au point de faire du quasi sur-place, comme s'ils avaient peur de déranger, alors qu'ils sont chez eux, et que tous viennent dans le même objectif de murmurer des remords devant des cierges lasses. C'est ainsi que le deuil s'exprime en guerre. Les morts, en décédant, rendent leurs proches particulièrement vulnérables aux suggestions et aux conflits moraux. Ils s'imaginent probablement tous allongés sans vie dans les herbes, le pouls annulé et le cerveau revenu à son primitif état de bouillie organique, les organes internes éparpillés en une boue à la viande, et les yeux évidés, ils s'imaginent à la place de leurs congénères. La Mort des Autres fait office de miroir dans lequel tous distinguent leur inquiétant reflet.

Bon. Le premier relais sera pas avant un quart d'heure. Tu restes en attendant ?
Le premier relais ?
Oui, pour les tours de garde, tu sais... Tu feras le pointage...
Ah oui. Je préférerais tout de suite partir en vadrouille pour découvrir les lieux, et dessiner puis mémoriser un itinéraire optimal.
C'est plus petit qu'il n'y paraît, dans l'coin. T'as grosso modo qu'à suivre le couloir principal. On a deux gardes par entrée, trois là où on stocke les armes, et trois sont restés à l'infirmerie pour surveiller les marines que les toubibs ont ramassé. Les quartiers vont vite se vider quand la veillée va commencer, tu reconnaîtras nos gardes facilement.

Évidemment, si tu croises qui ou quoique ce soit de louche, tu préviens...


Bon, quelle serait la formule la plus adaptée pour le laisser en plan ? "Bon courage" ? "A tout à l'heure" ? "Amusez-vous bien" ? "Je me ferai cosinus des cadavres" ? Non, il ne comprendrait pas le facteur d'hilarité de ma blague.
Bon.

Je vais vous laisser tranquille.
A tout à l'heure...

Ah, "A tout à l'heure" était donc bien une option viable de départ sans génération de malaise. Je note.

Et je pars donc gaiement orchestrer leur perte. Mon plan très flou gagne un peu plus en netteté. L'idéal serait d'agir dans l'infime laps de temps qui séparera les tours de garde du stock. C'est jouable si je m'arrange pour les faire décoller de leur poste plus tôt que prévu sans décaler de trop les horaires pour ne pas éveiller de soupçons qui saboterait mon calcul. Oui. Pas le moindre soupçon. Chaque seconde de gagnée sera cruciale, mais augmentera la probabilité d'une naissance de question gênante dans l'esprit de l'un d'entre eux.

Ainsi en arrière-plan de mes pensées, s'enclenche un minutieux chronomètre. Les tours de garde changent toutes les dix minutes. Suivre le couloir suffit en théorie à valider tous les checkpoints de ma "patrouille", mais je sais pas combien de temps je mettrai à le parcourir en entier. C'est à cela que je consacrerai mes dix premières minutes. La reconnaissance.

Ça me permettra, par la même occasion, d'évaluer la distance qui sépare chaque groupe de soldats de la chambre de veille, et ainsi du temps minimum que je disposerai une fois mon opération initiée.

Si l'entrepôt est verrouillé, ce qui est à prévoir, je devrais dénicher un moyen de briser ce qui lui servira d'ultime sentinelle sans éveiller de méfiances. Probablement pas d'alarmes, ni de dens dens caméras. Le complexe est vaste mais son équipement, rudimentaire. L'isolement de la bâtisse et l'immense garnison devait, en temps normal, suffire à les rassurer quant à l'infaillibilité de leur Titanic de béton. Ce ne sont plus des arguments de dissuasion tangibles actuellement.

Une fois que je serai face aux explosifs, j'aurai besoin d'un supplément de quelques secondes pour assurer ma retraite en toute sécurité, car me faire cadavérer par un éboulement impromptu signerait ma fin par une désagréable tâche d'ironie.

Et enfin, il me faut un plan d'évacuation sûr. Neutraliser les gardes d'une sortie pour l'emprunter. Simple en théorie, une simple dose de chemical juggling m'ouvrira une brèche toute confortable, tout en éparpillant en fragments osseux et organiques les derniers dangers.


Dernière édition par Zéro le Mer 12 Aoû 2015 - 17:48, édité 1 fois
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J'estime à une minute, maximum, le temps dont je disposerai pour accomplir l'entièreté de ma besogne sans rogner sur une étape et risquer un bâclage dramatique. C'est plus petit qu'il n'y paraît. L'entrepôt d'armes doit bien s'accaparer un tiers de l'espace global. Il y aura donc des dangers d'encourus, bien plus que prévu. Tout se passera bien si je conserve mon sang froid et m'en tient au plan avec une rigueur millimétrée.

Mon premier tour est maintenant terminé. C'est au deuxième que le sort de cette base va se sceller. Les clés de l'entrepôt sont barricadées derrière la porte de ce qui semble être le porte-clé de la base. Un bunker miniature que je ne pourrai pas briser en moins d'une minute. Mais. Il semble que les gardes de l'entrepôt se passent un double des clés, à la manière d'un relais, à chaque fois qu'ils partent se faire relever. Parvenir à leur chaparder semble être la seule option viable. Mais inévitablement, fera grimper la suspicion et ainsi, rend ma deadline d'une minute très approximative. Mieux vaut que je considère n'avoir que trente secondes.

Les gardes sont détendus.

C'est toi qui pointe, alors ?
Oui.
Ok. T'es nouveau ?
Oui.
...
Et pas très causant.
Comme pas grand monde ce soir.
Ouais, vrai. Bon courage.

Détendus et tristes. La tristesse est un sentiment anobli par les poètes mais terriblement encrassé par la nature. La tristesse affaibli et émousse les instincts. Rend obsessionnel et peut faire dériver vers la plus complète folie si sa progression n'est pas endiguée. Bref. La tristesse est un parasite qui, ce soir, oeuvre dans mon camp. Je les regarde s'éloigner, trousseau de clé pendouillant à la ceinture du plus imposant. N'ayant jamais jugé bon de me chercher d'éventuels talents masqués de pickpocket, j'irai pas me risquer à offrir une première prestation laborieuse en un instant si capital. Je dois utiliser un dérivatif pour leur subtiliser ces clés. Lequel ? Lequel. Lequel. Grillade de neurones. Il existe toujours un moyen évident et spontané. Peu importe ce que l'on cherche. Le chemin le plus direct entre deux points sera toujours la ligne droite. Qu'elle soit entrecoupée de sécantes gênantes n'y change rien.

Oh. Je me suis habitué à mieux. Comme si mon bras droit contenait un pourcentage de mon intellect, ce qui est parfaitement impossible. Être vulnérable en territoire ennemi doit jouer dans ma déconcentration. Peut-être puis-je trouver un autre accès à l'entrepôt. Une bouche d'aération. Pari d'un risque sidérant compte tenu que j'ai pas accès aux plans du bâtiment. Ou bien des explosifs suffisamment puissants pour faire de cette porte envahissante un mauvais souvenir. Mais ce serait compromettre dans le bruit le plus complet ma couverture et me rendre visible à tous.

Bon. Une idée. En route pour l'infirmerie. Je les informe que leur relève ne vas pas tarder. Puis je fais un saut à leur pharmacie chaparder du laxatif. Oui. Laxatif. Ou du sédatif. Quelque chose de discret qui détournera l'esprit de l'un des gardiens des clés. Ensuite, au distributeur de soupe purulente qui leur sert de cantine, je concocterai ma potion.

***

Euh. B-Bonsoir.
Salut...
Salut.
On a pas été présentés ?
Je m'appelle Zé-Zéro. Je suis un nouveau. On m'a chargé du pointage.
Ah, bon. Mais on surveille les marines ramassés par les toubibs, là. On peut pas décoller de suite.
Bien sûr. C'est pour prévenir. Et savoir où sont les aspirines.
Bah... On a pas masse de médocs ici, hein. M'étonnerait que les toubibs aime qu'on leur en spoile quand ils ont le dos tourné.
Tant pis. Au moins la direction des t-toilettes pour v-vomir alors ? Je ressors de la morgue.
De la morgue ? Aïe.
Bon, tu peux bien en prendre une, Zézéro, mais pas plus... Sinon c'est sur bibi que ça retombera.

Je me glisse dans les ombres des lits médicaux pour accéder aux placards renfermant multitudes de médicaments. La bataille a du grandement saigner leur stock. Il reste une poignée d'aspirines et d'antibiotiques. Et quelques flacons de laxatifs, forcément, car éclater les sphincters d'un blessé n'est pas la priorité d'un médecin de guerre. Je me sers. Laxatif. Aspirine. Sédatifs. Ce qui peut servir. Ils ont également quelques crèmes. Glycérine. Permanganate de potassium. J'enfourne tout dans les multiples poches qui bardent mes apparats. Que ce soit pour un vêtement ou un cerveau, ne jamais lésiner sur le nombre de tiroirs. Plus on en a, plus on peut ranger de choses utiles, et mieux elles sont organisées.


Dernière édition par Zéro le Mer 12 Aoû 2015 - 17:29, édité 1 fois
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J'ai dilué les deux. Laxatif et sédatif. Plutôt que les emplir de caféine pétillante pour la nuit, ces verres les inciteront à piquer un somme dans leurs selles. Deux effets pour deux sécurités. Une fois raides dans leurs diarhées, je leur prendrai les clés. Et le compte à rebours se lancera. Assurance. Patience. Rigueur. Ardeur. Je distord mes lèvres en un rictus apparenté à un sourire amical à l'approche du trio de garde devant l'entrepôt. Probablement trop peu convaincant pour m'assurer leur totale confiance -c'est du 100% dont j'ai besoin-. Par prudence, je ne m'attribue pas le mérite de la "charmante attention" que je leur apporte. On sait jamais. Ils pourraient douter que je sois capable d'un spasme de gentillesse aussi subit.

Cadeau du chef. Pour vous aider à tenir.
Ah... Sympa.
Cool.
Non merci pour moi. La caféine m'rend dingue...

Un original. Je l'ai intégré au variable susceptible de faire couler à pic mon calcul.

Un déca pour vous ? Le gobelet rouge je crois.
Ah, oh, déca. Pourquoi pas...

Voilà. La parade avait une chance quasiment nulle d'échouer. Boire en compagnie de camarades est un rituel social et les rituels sociaux disposent d'un irrésistible magnétisme envers toutes les particules du groupe. Alors ils lapent en choeur ma mixture. Tout en joignant quelques mots à l'événement convivial. Ils se parlent de leurs amis tombés sous la mitraille, de leurs familles vives ou enterrées qui les accompagnent dans leurs expériences traumatisantes, soi-disant encastrés dans l'une des aires de leur cerveau qu'ils nomment espoir. Une aire qui doit prendre une certaine place pour qu'ils finissent par manquer à ce point de jugeote et de présentiments. Les soldats vraiment endurcis n'éteignent jamais leur cortex primaire, même lorsque les canons ne résonnent plus au loin, SURTOUT quand la paix s'installe comme un décor de théâtre autour d'eux, car c'est l'instant rêvé pour un ennemi d'en surgir pour pointiller leur colonne vertébrale de balles. Par chance, j'ai choisi l'option non létale. Leur erreur aurait pu grandement raccourcir leur vie si j'avais pris le temps de concocter du poison de pharmacie.  

Leurs ventres commencent à gronder tandis que leurs cerveaux gémissent. Leurs paupières se dilatent puis se rétractent aussitôt, à la manière d'un objectif d'appareil photo, ils n'ont le temps que d'apprécier mon image avant de s'effondrer comme un trio d'éléphants en pleine gastro-entérite. Un léger écart de calcul se situera peut-être dans les relents puissants qui se dégageront bientôt de leurs sous-vêtements, servant d'avertisseurs olfactifs à travers toute la base d'ici bien trop peu de temps. Mais lorsque la puanteur se soulèvera, je serai déjà loin.

Les clés sont dans mes mitaines. Un trousseau confus et touffu, dont je distingue rapidement le bon grain de l'ivraie d'un simple coup d'oeil à la forme de la serrure, très standard pour une porte haute sécurité. Pas de perte de seconde. J'attaque déjà la serrure. La lourde porte couine sous mon impulsion. Mes yeux balayent la pièce à la vitesse d'un den den camera. Mon cerveau calcule encore plus rapidement ce qu'il y voit. Des explosifs, il y en a. Beaucoup. Beaucoup trop. Si tout saute, la déflagration sera très exigeante en vitesse et en optimisations de trajectoires pour minimiser mes risques d'y rester ou de finir calciné. Les brûlures au troisième degré ne font pas partie de mes ambitions.

Alors ils sont à terre. Et moi face à mes calculs. Confiance et sagacité. Tout va bien se passer. Comment une énigme aussi linéaire pourrait résister à mon cerveau tentaculaire ?
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Explosifs. Je prends une grande portion des plus faibles qui me tombent sous la palme. Ce sont eux qui crieront en premier, leurs déflagrations mineures provoquant réactions en chaîne sur réactions en chaîne pour finir par remplir tout le complexe de flammes léchant des températures infernales -entendons des températures engendrant la fonte des tissus en quelques secondes-. Le fait de ne d'abord déclencher que de petites explosions me laissera tout juste le temps de fuir. Il est évident que les collègues marines n'y survivront pas, mais une occasion si rentable ne se reproduira peut-être plus de sitôt. En mettant cette nuit fin au siège, j'interrompt la guerre, et préserve par là les vies de centaines de soldats marines. Trois ou quatre décès atroces judicieusement pensés pour sauvegarder derrière des régiments entiers. Je trouve pas ça cher payé. Leurs familles auront la satisfaction de détenir un sacrifié. Les sacrifiés sont très en vogue socialement. Il paraît. Je leur rends service, du coup.

Je déroule des mèches. Sur des dizaines de mètres à travers l'entrepôt. Lorsque j'estime m'être suffisamment éloigné et ne plus avoir le temps de tirer des cordes, je les noue. Maintenant, il me faut une flamme. Facile. Oxydation de la glycérine par le permanganate de potassium. Très très simple. Ici que les crèmes serviront mon entreprise. Apport minimum d'oxygène requis. On étale l'un. Puis une goutte de l'autre. Une petite flammèche s'enfuit. Elle s'en va amorcer mon efficace scénario dans les plus brefs délais.

La mèche à son tour s'embrase et l'un de ce que les néophytes en chimie considèrent miracles s'enclenche : un ridicule petit feu à l'espérance de vie inférieure même à celle d'un papillon, provoquera autant de destruction ici-bas qu'une légion de milliers de tigres. Miracle. Chimie. Deux notions qui vivent mal leur mariage forcé.

Bien entendu, je cours. Mes jambes n'ont pas attendues mon esprit pour déguerpir. Je conserve mon sang-froid, comme un gourou ignare conserverait un talisman porte-bonheur. Raisonner, c'est fabriquer des clés pour s'ouvrir toutes les portes. Marier la raison à l'action, ça nécessite parfois de défoncer les portes plutôt que de prendre le temps de les ouvrir. Et. A quoi je pensais déjà ?

Ah oui, survivre. Euh. Bien entendu, je cours. Je galope dans les couloirs en surveillant mon chronomètre intérieur. Il reste quelques secondes. Quatre.

Trois. Et j'aperçois une sortie, livrée à elle-même : faille de sécurité due aux temps de relèves. Inespéré.
Deux. Porte. Additionnée à épaule. Donne Porte ouverte. Et factorise l'épaule. Mon bras convalescent semble réduit en un assemblage de boulettes de viande palpitantes.
Une. Sorti. Encore dans le rayon de l'explosion, à proximité de ce qui sera son coeur. Je peux plus que m'éloigner des structures pour éviter les éboulem
BRRRRRRROUUUM
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Ça va.
Nous devons vous faire passer un examen médical...
Ça va. J'ai attendu h-huit heures sous les dé-décombres. Largement eu le t-temps de me diag-gnostiquer. Bras cassés. 6 cotes brisées, 2 fêlées. Fracture ouverte à la jambe d-droite. Hémorragie mi-mineu... r...
Arrêtez de parler, allongez-vous. Sur le brancard ! On va vous ramener en sécurité !
Dom-mages pré-prévi-visibles et occa-sion précieuse...
Merde ! On a entendu l'explosion à des kilomètres à la ronde comme si elle était voisine !
Prévu.
Hein ? C'est vous ?
Oui.

Mes yeux se brouillent sous leurs verres brisées. Les fenêtres se floutent et la lumière se dissout dans un grand bain de fatigue brûlante. Ma conscience sur le point de se mettre en veille, un corps qui ne répond plus à mes ordres de lutter, je...

***

Romanov. Nous vous croyions otage.
Je porte pas d'uniforme. Ils ont pas deviné ma faction.
Vous affirmez être parvenu, à vous seul, à annihiler le bunker entier ?
Explosifs. Tout ce dont je me s-souviens.
Votre "mémoire déficiente" est un joker facile, pas vrai ?
Sédatifs. Laxatifs. Glycérine. Permanganate.
Hum ?
Le m-matériel.
Admettons. Pourquoi auriez-vous fait ça ? Pourquoi auriez-vous fait sauter le complexe alors que plusieurs de vos collègues se trouvaient encore en otage à l'intérieur ?
Me rappelle pas exactement. P-probablement une raison statistique.
Pardon ?
Si vous aviez l-lancé un assaut, il y aurait eu plus de m-morts de votre côté. Et moins du l-leur. J'ai fais exploser pour. Protéger le plus grand nombre.
... ce n'est PAS comme cela que je procède. Il y avait QUATRE officiers là-dedans, QUATRE !
Valeur négligeable.

Ses phalanges craquent au contact de ma joue gonflée par les analgésiques. L'infirmière pousse des cris d'animaux -je précise, de marcassin blessé-. Ma nociception endormie, j'encaisse le coup de poing d'un simple vol plané, arrache les perfusions en tombant de mon lit sur le carrelage peint de cette hémoglobine qui dégringole en cascades de ma mâchoire. Une colère indolore. Des émotions endormies. Une apathie profonde. Le colonel ronfle, impudent et inconscient, un taureau en phase de rut. Les comptes que je m'en vais lui rendre sont plus acides que prévus. Mais rien d'insurmontable.

Et ton escorte, CONNARD ? T'ETAIS EN EXCURSION POUR TESTER L'UNE DE VOS SALOPERIES VICELARDES ? QU'EST-CE QUI A MAL TOURNÉ ?
Ne p-pas me porter de coups physiques. Contentez vous d'insultes.
Tu vas me répondre ?
Les traumas crâniens... d-dégradent mes capacités c-cognitives. Votre poing m'a v-volé des neurones. A volé des n-neurones précieux et surdoués... à la marine.
CETTE ESCORTE ?
Souvenirs effacés.
Tu te fous de m...
Résultats négatifs. Tous morts.

Je signale décontraction de ses muscles, attitude résignée, et les remords qui remplacent l'ire au fond de son regard vitreux. L'infirmière en profite pour m'aider à me relever, en silence. Elle m'adresse des yeux teintés d'inquiétude, mais je sais ce qu'elle croit observer : un monstre. Une anomalie dénuée d'âme, dénuée de cette pollution émotive qui parasite nos jugements. Pourtant, mes calculs ont sauvé plus de vies que les biscotos brutaux du colonel. Il ne fait probablement pas l'effort de s'en rendre compte. Il est monté sur les rails de valeurs obsolètes ; l'honneur notamment. L'honneur n'a jamais sauvé personne, contrairement aux mathématiques. L'honneur est la hache qui abat des chênes épais et coriaces.

Je... Tss... On en a pas fini. Mon rapport sur vous sera bien graissé.
Jus-Justice absolue. Politique de la m-marine. Vous devriez comprendre m-ma démarche.
J'comprends. Et ça me donne pas moins envie de te faire bouffer les chicots qui te servent de dents, poiscaille.

Enfin, il part, d'un pas lourd, comme à une marche funèbre. L'entretien devenait interminable et nous tournions en rond. Encore un maladroit conflit de méthodes. Alors que nous poursuivions les mêmes objectifs à la base. Sauvegarder le plus de monde possible. Mission accomplie.
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