Suiji savait parfaitement ce qu'il avait à faire lorsqu'il quitta les ruines de sa cellule. Ses geôliers ne cessaient de dire que les prisonniers pourraient nourrir leurs animaux, que le singe pourrait peut-être les rejoindre s'il les suppliait correctement, et autres brillantes remarques du genre. Une arme non négligeable, qui allait très rapidement passer entre les mains des Gun's.
Ordres hurlés, coups de feu, tintements d'épées. Les sons résonnaient en tous sens, le désordre était installé. Les prisonniers essayaient de se libérer les uns les autres pour augmenter leur force face aux marines qui réagissaient plus rapidement qu'on aurait pu s'y attendre. Au détour d'un couloir, Suiji fut confronté à trois soldats qui accouraient. Il envoya mécaniquement sa main vers sa ceinture pour en sortir un couteau, couteau qui n'y était pas, bien sûr.
« Là ! Un prisonnier qui s'échappe !! Rends-toi !! »
Voilà qui commençait bien. Trois canons de fusils se tournèrent vers le pirate qui se contenta de lever les mains en signe de soumission. Son pied l'empêchait d'avoir la réactivité nécessaire pour agir avant qu'ils n'aient pu faire feu sur lui, et son corps avait été déjà bien trop endommagé par l'autre folle aux yeux verts. C'était pas le moment de jouer aux héros.
Plus ou moins rassurés, les trois marines se regardèrent, et l'un d'entre eux se rapprocha de Suiji pour lui passer les menottes. Il avait baissé son fusil, et s'était placé entre le pirate et ses deux compagnons, sans se rendre compte qu'il s'érigeait ainsi en bouclier humain pour le botaniste.
Il s'avança les menottes dans une main, l'autre saisissant le poignet du criminel qui enroula tout de suite sa main autour de l'avant bras du marine, lui tordant poignet, coude puis épaule de sorte à le placer face à ses camarades, protégeant entièrement Suiji d'une attaque.
« Pardon, ma main a glissé. Posez vos armes ou je lui brise la nuque. »
L'ordre avait été dit presque avec douceur, en même temps que le zoologue avait placé la main qui ne bloquait pas le bras de son otage sur la mâchoire de ce-dernier. Les deux marines s'exécutèrent après hésitation, et les armes touchèrent le sol.
Un craquement sonore retentit.
Suiji jeta le corps inanimé sur les deux hommes désarmés.
L'un eut le réflexe de rattraper son compagnon mort, l'autre se jeta à terre pour récupérer son fusil et essayer de sauver leurs peaux. Le cuisinier avait anticipé, et s'était élancé tête la première – comme dans Hercule \o/ (1997, de John Musker et Ron Clements – Disney) – sur celui qui se réarmait. Le crâne de Suiji rencontra le sternum du marine qui tomba à la renverse et alla percuter le mur derrière lui tandis qu'un gargouillement indescriptible lui échappait.
Entre temps, l'autre avait laissé tomber le cadavre, et tenait son arme en joug, prêt à faire feu sur le singe-cuistot. Il sembla vouloir lancer une injonction contre le fugitif, mais il se ravisa, et appuya sur la détente. Le léger décalage avait laissé le temps à Suiji de s'esquiver, et au lieu de prendre la balle en pleine poitrine, elle vint simplement lui érafler l'épaule. Une plaie assez douloureuse mais peu profonde. Le coup de feu avait attiré du monde, et le bruit de pas précipités dans leur direction – sans doute des marines – se fit entendre.
Pressé, le pirate s'était jeté sur le marine, saisit son fusil, et lui fit un fauchage pour le mettre à terre. En chutant, le marine lâcha le fusil qui resta entre les mains de Suiji.
« Home Run ! »
Le manche du fusil vint s'écraser sur le visage de l'homme, faisant gicler du sang un peu partout.
« Un nez... c'est tellement fragile et... ah quelle beauté... »
Pendant quelques secondes, il observa les traces laissées par le sang, lorsqu'un coup de feu le ramena à la réalité. Les pas qui se rapprochaient avaient apparemment rencontré un autre ennemi. Parfait, une bande de prisonniers qui s'était faite prendre par surprise. Suiji se baissa, ramassa le couteau de sa dernière victime, et reprit sa route en boitant de manière plus marquée. Il avait dû faire appel à son pied plus qu'il ne l'aurait voulu.
Dernière édition par Saru O. Suiji le Lun 9 Mai 2011 - 14:45, édité 2 fois