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Assassin Screed

-Mmmmh… Sigurd ?
-Uh ?
-Café ?
-Un deuxième ?
-Mmh mmh.
-A m’va.

Bureau de la direction d’HSBC, par une belle fin de matinée. Haylor et Dogaku avaient pris l’habitude de faire salle commune deux fois par semaine, ni plus ni moins. D’un coté, ils aimaient bien trop bavarder à l’occasion pour se passer de ce confort. De l’autre, il s’agissait tout de même de rester sérieux : ils avaient maintenant trois négoces à chapeauter, et devaient bien s'infliger quelques contraintes pour pouvoir suivre le rythme, même à deux. Aujourd’hui, pourtant, la miss n’avait pas l’air d’humeur à se concentrer. Et l’autre ne résistait jamais à ce genre d’invitation. Aussi s’empressa-t-il de préparer le breuvage. Comme à son habitude, Sigurd se laissa lourdement choir dans le grand canapé de cuir brun qui faisait face à la table basse destinée aux réunions informelles. Sa partenaire prit place à ses coté, avec sensiblement plus de retenue.

-Tiens, j’ai entendu un truc marrant, ce matin. Apparemment, y’a un ministre qui essaie de lever du cash, et ils vont relancer des ventes de titres pour ça. Le truc bien rigolo.
-Des ventes de titres ? Noblesse ?
-Yep. Imaginez. Pour quelques dizaines de millions, je peux devenir chevalier de Luvneel ! Ca fait pas plus sympa que chevalier de Nowel, mais ç’aurait l’air beaucoup plus sérieux, nan ?
-Vous ne continuez pas à vous faire appeler chevalier de Nowel, quand même ?
-Moi j’trouve ça chouette.
-Mon dieu…
-Sinon y’avait des trucs plus rigolos comme barons et vicomtes qui étaient mis en ventes. Apparemment y’a même, à titre exceptionnel, un titre de comtesse à fournir. Une région dans laquelle c’est traditionnellement des femmes qui portent le titre, et dont les détenteurs se sont récemment éteints. Eteintes. Leurs descendantes sont parties faire les marioles sur l’équateur au sein de la marine mondiale, et ils sont sans nouvelles depuis vingt ans malgré les recherches, donc ça a été mis en vente. Ca vous botterait ?
-Euh… non ?
-Rhoo, vraiment pas ? Imaginez : Evangeline Haylor, comtesse de Luvneel.  Ca envoie pas du lourd, ça ?
-Pas le moins du monde. Ce serait juste jeter de l’argent par les fenêtres.
-C’est ça ou se prendre un train de vie exorbitant, hein.
-Hihihi. Imaginez un peu. Nous pourrions avoir un château à la campagne, si nous le voulions.
-Rigolez pas, j’ai regardé les prix et c’est carrément ça, on peut vraiment. J’avoue que ça m’a gratté, mais Santa Klaus a vraiment pas aimé quand j’lui ai fait la blague.

-C’est complètement fou. Je n’aurais jamais cru pouvoir dire ça un jour, mais… j’ai tellement d’argent que je ne sais vraiment pas quoi en faire. J’ai déjà fait le tour des meilleures boutiques de vêtement de luxe de la région.
-Et pourtant on reste là à travailler comme des crétins alors qu’on pourrait faire des tonnes de trucs bien plus sympa. N’on n’a rien compris à comment marche la vie, là.
-Je n’ai pas vraiment l’impression qu’on soit en train de travailler.
-Café, justifia Sigurd d’un air presque religieux en se resservant. On ne travaille pas pendant le café.
-On ne travaille pas, non. Mais…

Tout au long de la discussion, le jeune homme n’avait pas pu s’empêcher de se blottir contre sa partenaire, qui avait réagit de la même manière en se rapprochant. Un seul regard suffit pour se comprendre. Mais avant que les deux tourtereaux ne puissent faire quoi que ce soit, Dogaku repoussa doucement l’autre par les épaules.

-Euh… stop.
-Pardon ?
-Derrière. Derrière. On a un intrus.

Sigurd retourna délicatement sa partenaire, de manière à l’asseoir sur ses genoux pour qu’elle puisse regarder dans la même direction que lui. Et même s’il lui désigna le problème du doigt, elle n’eut pas besoin de ça pour voir l’homme encapuchonné suspendu à leur fenêtre, visiblement en train d’escalader la façade du bâtiment d’HSBC, et qui avait choisi ce moment pour prendre une pause dans son ascension.

Ce qui n’était pas le moins du monde du goût de notre duo.

-MAIS QU’EST-CE QUE VOUS FAÎTES ? ENCORE UN ASSASSIN DE L’UMBRA ? ICI ? ON VOUS DERANGE, PEUT ETRE ?
-Il peut pas nous entendre, signala Dogaku. Double vitrage.

Effectivement. Depuis sa position précaire, le révolutionnaire de l’Umbra pouvait simplement voir les deux civils se lever avec précipitation dans sa direction. Il s’écarta prudemment d’un léger bond sur le coté, sans pour autant prendre la fuite. Intrigué plus qu’autre chose.

-Ils sont chiants, hein ?
-Mais enfin, c’est la cinquième fois en deux semaines ! Et encore, la cinquième fois qu’on s’en rend compte, parce que je suis sûre que…
-J’vous jure que j’ai fait retirer le nid d’aigle qu’ils avaient installé sur le toit. Pas eu l’autorisation de la mairie pour faire couper les buissons dans le parc d’en dessous, par contre.

Sigurd prit une grande inspiration, juste avant d’ouvrir la fenêtre et de se retrouver nez à bec avec l’homme cagoulé.

-Dîtes, faudra qu’on vous demande combien de fois d’ARRÊTER DE PRENDRE NOTRE BATIMENT POUR UN TERRAIN D’ESCALADE, S’IL VOUS PLAIT ?
-Chhhhht ! Je cherche juste à me synchroniser, et je souhaite ne pas me faire repé…
-JE M’EN FICHE. TROUVEZ UN AUTRE IMMEUBLE. Y’EN A PLEIN DE PLUS GRANDS. ET IL N’Y A AUCUN COFFRE AU TRESOR ICI.
-Si vous n’arrêtez pas de crier, je vais devoir vous…
-PAAAAAAAARTEEEEEEEEEEEEZ, J’AI DIS.

Leurs yeux se croisèrent pendant deux bonnes secondes, juste le temps que l’homme prenne sa décision. L’homme de l’Umbra choisit de filer sans demander son reste, sous le regard courroucé du chevalier de Nowel. En venir aux mains ici n’en valait vraiment pas la peine. Il lui suffirait de faire le tour, ou de revenir plus tard.
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-J'commence vraiment à en avoir ma claque de ces révolutionnaires. Ils vivent sur notre dos, ils crèchent un peu partout, ils envahissent les commerces, ils synchronisent sur notre toit...
-Nous ne serions jamais arrivés là où nous en sommes sans eux, objecta Evangeline.

Même jour, trois heures plus tard, à la mairie de la cité de Norland. Sigurd était maintenant vêtu d'une redingote et accessoires du plus bon goût, et son amie n'était pas en reste dans le domaine de l'habillement soutenu. Et pour cause: d'ici une dizaine de minutes, ils seraient reçus par l'un des hauts fonctionnaires de la cité de Norland, en charge de l'urbanisme et plus précisément de l'emplacement du port. Ils se trouvaient dans l'une des ailes du somptueux hôtel de ville, un bâtiment vieux de quelques siècles et toujours bien entretenu. Un petit bâtiment chargé d'histoire et d'oeuvres d'art, un château digne de Luvneel. Et le mobilier de la grande antichambre où ils patientaient faisant tout à fait honneur à ce pedigree.

Leur présence était toute motivée. HSBC avait quelques projets en relation avec les infrastructures maritimes de la cité, et ils avaient demandé à s'entretenir à ce propos. Cela faisait maintenant un an qu'une frange du port était presque inutilisable, du fait du combat entre un certain pirate de l'équateur et un sous amiral de la marine. Jared et Sutero.

Il y a plusieurs mois de ça, Haylor et Dogaku avaient offert des fonds à titre de donation pour contribuer à ces travaux. C'était pour faire ce genre de choses qu'ils étaient chevaliers de Nowel. Mais en voyant que la situation ne se débloquait pas, ils s'étaient une nouvelle fois manifestés, avec pour objectif d'en savoir plus et pourquoi pas de se rendre utile. Ou de décrocher un gros contrat, peut être. Ça s'appellait être proactif.

Mais pour l'instant, ils se contentaient d'attendre sagement qu'on les reçoive.

-Ouaaaaiiiis, les révos sont des types géniaux, continua Dogaku. S'ils nous avaient pas séquestrés par mégarde en menaçant de nous torturer parce qu'ils croyaient qu'on était du Cipher Pol, ils auraient jamais eu l'idée de se racheter avec un petit coup de pouce. Nan, franchement, j'adore ces mecs.
-Et s'ils n'étaient pas là, ça ne se serait pas aussi bien passé face aux pirates...
-Tchaaa. Ouais, ouais. N'empêche que c'est vous qui vous énervez comme pas possible quand ils se baladent devant notre baie vitrée.
-L'un n'empêche pas l'autre. C'est vrai qu'ils sont envahissant.

Sigurd ne poursuivit pas. Un homme à l'allure d'officiel approchait maintenant à grands pas, droit vers eux. Cheveux coupés courts, d'aspect presque militaire avec sa grande taille et sa musculature sèche bien habillée par un complet à trois boutons, l'homme était dans la trentaine bien avancée. Et c'est d'un air on ne peut plus cordial qu'il engagea la conversation avec nos deux protagonistes.

-Un véritable honneur de vous rencontrer, continua-t-il à l'adresse de Dogaku. J'ai déjà entendu parler de vous à plusieurs reprises, et en très bien. Et à vrai dire, je suis assez curieux.
-Oh. Bah y'a pas de... merci beaucoup, lâcha maladroitement le civil.
-Et il en va de même pour vous, mademoiselle. Avec tout ce qui se dit, je ne sais pas exactement quoi croire tellement c'est incroyable, mais... dans tous les cas, il me semble que nous vous sommes tous redevables pour ce que vous avez pu faire au cours des plus récentes attaques pirates. Une nouvelle fois, au nom de la ville, merci beaucoup.

Les deux civils étaient particulièrement sensibles à la flatterie, et leur interlocuteur n'y allait pas de main morte. Entre le petit air de satisfaction suprême du blondinet et l'expression réjouie de sa partenaire, c'était bien simple: le politicien venait de se mettre les chevaliers de Nowel dans la poche.

Ce qui était pratiquement le but. C'était leur statut d'étoiles filantes dans la vie quotidienne de Norland qui avait fait en sorte qu'on leur propose spontanément d'être reçus ici. Ils avaient des moyens physiques et financiers suffisants pour faire un peu ce qu'ils voulaient, et y parvenaient avec une facilité telle que d'autres auraient déjà cherché à faire fortune sur l'équateur s'ils disposaient de la moitié de leurs talents. C'était exactement de telles personnes qui grimpaient les échelons des grandes factions du monde. Mais eux n'avaient pas rejoint de camp précis, et n'entraient pas dans un moule d'actions et de contraintes cernées et prévisibles. Ils étaient des civils, des personnages sans aucun rôle dans le grand ordre des choses. Ils pouvaient faire n'importe quoi, pour peu qu'ils veuillent le faire.

Ou qu'on leur donne envie de le faire.

Et des personnes qui se revendiquaient de l'Esprit de Nowel devaient bien être de grands naïfs on ne peut plus manipulables, pour peu qu'on sache trouver les bons leviers. Mais pour l'instant, c'était encore bien plus facile que ça. Ils voulaient juste aider. A ce prix là, il suffisait de les aider à le faire.
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-Chais pas si c'est une bonne idée, de taper dans nos comptes en banque pour avancer des sous à la ville. Si on m'avait dit qu'un jour je ferais ça...
-Je trouve que l'on commence à la sortir souvent, cette phrase.
-Mwarharharh. Tellement vrai en plus.


Il s'agissait d'un autre jour, non loin des petits bureaux d'HSBC. Sur un simple coup de tête, Sigurd avait proposé à sa compagne de prendre un peu l'air le temps d'une demi heure... ou de beaucoup plus, ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient. Comme d'habitude, les deux Nowel bavassèrent sur un peu tout, avant de s'en retourner sur un sujet capable de nous distraire.

-N'empêche, c'est vachement bizarre, comme histoire. Ces gars du financement. Ils disent ne pas recevoir assez de...

Sigurd s'interrompit. Un grand craquement venait d'attirer son attention ; le bruit venait de sur leur droite, et plus précisément depuis les hauteurs, ce qui était surprenant. C'était un toit.

-Est-ce que je rêve?
-On peut toujours vérifier, déclara la miss en dégainant un coquillage.

Un petit nuage de duvet cotoneux se forma sous la demoiselle qui s'installa confortablement dessus, attirant par là même l'attention de nombreux passants. Sigurd prit place à ses cotés, bien plus maladroitement ; un bon prétexte pour s'agripper à la demoiselle, qui l'y avait presque invité.

Alors, l'édifice nuageux se hissa rapidement vers les hauteurs, formant comme une colonne. Une fois au niveau du toit, les deux civils bondirent dessus, pour retrouver...

-Rien du tout, commenta Evangeline.
-Regardez là.

Un tas de buisson un peu en contrebas. S'il n'avait pas eu l'oeil, Sigurd l'aurait sûrement raté. En l'occurrence, il avait pu apercevoir une figure encapuchonnée se jeter dans la verdure avec précipitation. Alors, il fit signe à Haylor de les faire redescendre, et l'accompagna sans lâcher les fourrés du regard. Au fil de leur approche, rien ne se passa, au point que Dogaku commença à douter de lui. Jusqu'à ce que finalement, la personne qu'il avait aperçue s'éjecte du buisson en sprintant athlétiquement. L'homme traversa la rue comme une flèche, et disparu presque instantanément en se fondant dans la masse des citadins de passage.

Ce qui n'évoquait pas grand chose aux deux civils, qui ne s'étaient même pas donnés la peine de le pourchasser.

-Euh... Haylor?

Ils n'en avaient pas du tout besoin, après tout.

-Je crois qu'on est sous surveillance par les révos. Que ces crevards nous espionnent.
-Et moi je crois que vous avez raison.
-Bordel de m@&%#. Quelle bande de chiens.

Sigurd était de terrible humeur, et il n'était pas le seul. À coté de lui, Evangeline fulminait tout autant. Jusque là, les révolutionnaires étaient des personnages assez envahissants, et des politiciens surnuméraires qui ne cessaient de manoeuvrer pour s'implanter autant que possible, là où on n'avait guère besoin d'eux. Pour autant, ils s'efforçaient autant que possible de se rendre utiles, et certains d'eux, réellement plein de bonne volonté, savaient se faire apprécier.

Mais là, c'était tout autre chose. S'ils se faisaient espionner, c'était plus qu'inquiétant. Ça leur semblait franchement dangereux, et surtout, intolérable. Presque incompréhensible, aussi. Encore qu'à mieux y réfléchir... peut être pas du tout.

-Cet homme est un crétin. Nous savons où les retrouver. Et j'ai envie de bien le leur faire savoir.
-Ouais. On leur rentre dans le lard et on leur demande à quoi ils jouent? À grands coups de boules de feu, si possible.
-Non, ça me semble... terriblement tentant, en fait.
-Quand z'êtes d'accord avec moi, je sens mal mes idées.
peut être faire aut' chose, en fait.
-Qu'est ce que ça veut dire?
-Qu'on ne va peut être pas entrer en vracs comme de gros bourrins. Chais pas comment on a fait, mais vous êtes devenue beaucoup moins raisonnable que moi.
-Je me demande bien qui m'a montré l'exemple, déclara-t-elle en se rapprochant.
-Aw. J'ai créé un monstre.
-Noon. Vous m'avez regardé devenir un monstre petit à petit.
-Et j'aime beaucoup le résultat.

-Mmmh?
-Carrément que oui, continua-t-il en l'attrapant. J'adore son nez... et ses oreilles... et ses belles joues... et sa peau douce... et je crois bien qu'il est dans l'arbre, maintenant.
-Bien ce qu'il me semblait.

Evangeline se recula d'un pas pour tendre un bras en l'air, et déployer une demi douzaine de chaînes en direction d'un arbre non loin d'ici. Les rets d'acier cadenassèrent impitoyablement le tas de branches surélevées, avant d'en extirper d'un coup un personnage qui ressemblait très fortement au précédent.

Un autre révolutionnaire, homme à cagoule, qui se débattait de son mieux sans avoir grand espoir de s'en sortir. Peut être le même, en fait. Un initié de l'Umbra, dans tous les cas. L'oeil exercé d'un connaisseur aurait su reconnaître son rang de disciple. Pour nos civils, il s'agissait seulement d'un parasite on ne peut plus indésirable qu'ils ne tarderaient pas à cuisiner afin de savoir ce qu'on leur voulait.
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-Je ne dirais rien, prévint l’assassin.
-Vous nous espionnez.
-Pas le moins du monde. Je me contentais de faire honneur à votre charme en vous observant depuis les haut… mmmmfffffbbbbbllllllhhhhh…
-Sigurd ?
-Quoi ? J’le préfère vraiment avec le bâillon, ce gars, justifia le jeune homme en rembourrant la bouche de leur prisonnier.
-Arrêtez ça, vraiment.
-Rhooo. Mais il arrête pas de sortir des trucs clichés du genre : « la beauté de vos yeux rivalise avec celle des étoiles » et ainsi de suite.

Par expérience, les deux civils avaient refusé d’emmener leur prisonnier dans les locaux d’HSBC afin de l’interroger. Bien trop dangereux. Il suffisait qu’un révolutionnaire un peu trop effusif décide de venir en aide à son ami, et ils auraient toutes les chances de voir leur lieu de travail se transformer en champs de ruine réduit en miettes par une poignée de commandos hyperdorikisés qui ne savaient en aucun cas jouer de finesse et de subtilité pour accomplir leurs objectifs. Ils avaient déjà donné avec des commandos marine d’élite et une poignée de pirates, et ne souhaitaient en aucun cas recommencer.

Au lieu de cela, ils se trouvaient maintenant dans l’un des innombrables petits parcs qui ponctuaient la cité de Norland, non loin d’une fontaine où aimaient se rassembler les habitants pour faire du sport ou simplement flâner. Et une fois n’est pas coutume, ils servaient d’attraction très distrayante pour quiconque prenait le temps de les observer. Plusieurs personnes s’étaient d’ailleurs jointes à eux pour voir de quoi il en relevait :

-Je ne comprends vraiment pas pourquoi un assassin de l’Umbra chercherait à vous espionner, tous les deux, déclara la responsable d’un restaurant où ils avaient leurs habitudes.
-Aucune idée madame, mais je vous jure qu’on ne s’imaginait pas des trucs. J’veux dire, ces mecs ne poussent pas dans les arbres sans raison.
-Oui, oui. Mais tout de même, même ainsi…
-Comment le faire parler, à votre avis ?, intervint un cordonnier de leur connaissance.
-Je m’y connais pas mal, mais je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée, hésita un sergent de la milice. Je veux dire, un homme de la révolution. Je ne pense pas que ça soit une bonne idée.
-Hé, c’est vous le type chargé de faire respecter l’ordre ici, hein, grinça Sigurd. Vous avez vraiment peur de ce que pourraient penser des révos ? Ils sont ici chez eux ? Non !
-Je cherche à assurer la paix ici, plutôt. Et je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée.
-Donc on les laisse nous espionner sans réagir et on s’assoie sur le danger que ça représente en plus de tout respect de la notion de vie privée ?
-Je n’ai pas dit ça, non. Je pense simplement que…

A cet instant, le révolutionnaire bougea un peu plus énergiquement que jusque là, comme pour manifester son envie de pouvoir s’exprimer à nouveau. Il faut dire que vu sa position, à savoir suspendu façon hamac, face contre terre, entre deux statues où une toile de coton avait été dressée par la sorcière, il n’avait guère d’autre moyen de communiquer.

Alors, on lui retira son bâillon, curieux de savoir ce qu’il pouvait bien répondre à tout ceci.

-Ok, ok. Je vais vous expliquer, pas besoin de vous énerver, et pas besoin de faire autant de bruit. C’est pas bien compliqué. Je ne suis pas un assassin, vous savez ? Je suis un petit grade. Un simple observateur. Et c’est précisément ce que je fais. J’observe, j’écoute, je récupère autant d’infos que possible afin d’alimenter les opérations des crans plus hauts. Et je vous espionnais vous parce que vous êtes très au courant de ce qu’il se passe avec le port en ce moment. Et c’est intéressant pour la révo. Donc je vous écoutais. S’tout.
-Qu’est-ce qui vous intéresse, dans le port ?, questionna Sigurd.
-L’avancement des travaux, bien sûr. L’histoire des financements plafonds, qui est en lice pour obtenir tel ou tel contrat, les candidats champions, leeees…
-Je ne vous crois pas, interrompit Evangeline.
-Et pourquoi ça ?
-Ca ne fait pas très… assassin.
-Et alors ? On a une division Butin, mam’zelle. On est en charge de récupérer de l’argent. Et on a des travailleurs qui adoreraient récupérer des contrats de reconstruction dans le port afin de pouvoir financer la cause. Le faire dignement et honnêtement, contre travail bien fait.
-Digne et honnête, ça inclut l’espionnage ?, objecta Sigurd.
-L’espionnage n’est pas plus malhonnête que les réseaux relationnels et les pots de vins versés par certains, si ça peut vous rassurer.
-Je n’aime pas du tout ce que j’entends, maugréa un officier de la milice qui ne savait guère quoi faire de ce qu’il voyait.
-Est-ce que j’ai fait quelque chose de mal ?
-Vous repérez nos habitudes, vous mettez le nez dans nos affaires, vous synchronisez sur notre immeuble, vous faîte du repérage pour des copains à vous qui portent le titre d’assassins… naaaan, vraiment rien de mal, vraiment.
-Je suis convaincue qu’il ment, lâcha une future jeune maman de passage. J’ai le flair pour ça, et je vous le dis. Il ne dit pas la vérité. Mensonge par omission, pour être plus précise.
-Bien sûr que si ! Et je pourrais même vous dire beaucoup d’autres choses, ma belle, si vous vouliez bien m’accorder un peu de votre temps devant un verre.
-Espèce de… JE SUIS ENCEINTE !
-Ce qui explique pourquoi vous vous faîtes des idées à mon sujet, renchérit le révolutionnaire. Dérèglement hormonal, toute la machinerie maternelle qui pompe votre énergie, ce qui explique pourquoi vous vous faîtes de fausses idées à mon sujet.
-Et je suis enceinte, moi aussi ?, s’énerva Dogaku.
-Non, vous ça se voit clairement que vous avez vos règles, vu votre humeur de…
-PUTAIN DE…

Trois grosses détonations retentirent simultanément à cet instant. Avec pour cause trois bombinettes emplies de fumigènes qui clairsemèrent le petit groupe de civils attroupés autour du prisonnier. Le gaz n’était pas urticant, ni même vraiment gênant d’aucune façon, mais façonnait une purée de poids tellement compacte que Dogaku ne pouvait même plus voir ses seules épaules. Anticipant la suite, il s’élança droit devant pour attraper le révolutionnaire, mais ne parvint qu’à embrasser le vide et s’écraser à quatre pattes au sol. C’était déjà trop tard : l’homme avait disparu, probablement évacué par des complices.

-PUTAIN D’ENFOIRE DE REVOLUTIONNAIRE DE MERDE ! OU EST-CE QU’IL EST PASSE  CE CON ? OURF ! OURF ! OURF !

Le chevalier de Nowel avait senti une lourde masse lui tomber dessus… et puis une autre… et encore une. Lorsque la fumée se dissipa, il put remarquer que trois autres hommes avaient eu la même idée que lui, un peu moins rapidement, et qu’ils étaient maintenant tous empilés sur ses épaules. Tout autour d’eux, fort heureusement, les personnes étaient restées calmes et relativement statiques, à attendre simplement que la situation s’éclaircisse.

-Aaaaw. Fait chier. Alors voyons voir. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Est-ce qu’on peut porter plainte, dîtes ?
-Je n’aime vraiment pas ça.
-Ca commence à devenir gonflant, ce truc. Haylor ?
-Je préconise les boules de feu.
-Pourquoi personne ne m’aide, bon sang ?
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-Qu’est-ce qu’ils peuvent nous vouloir ?
-Avec ce qu’il a dit sur ces histoires de contrats, il s’imagine peut être qu’on sait quelles sont les transactions qui se font ? Ou qu’on pourrait pister et dézinguer qui sont les révos vu qu’on est déjà plus ou moins au courant pour quelques uns?
-Mmmh. J’envisage pire. Avec ce qu’il a dit sur le relationnel et les pots de vins, il s’imagine peut être que nous avons un poids dans les décisions, et qu’en nous écoutant il peut apprendre des choses à ce propos.
-Beeen… oui et non, quoi. On fait juste un bilan de point d’étape, on jette des coups d’œil, on voit ce qui a été fait jusque là, on donne des sugg’ et des conseils, on avance les soussous sur ce qui en manque cruellement…
-Il a parlé de financements, aussi. Et de l’argent.
-Et d’une section Butin. Ca fait vachement pirate, dit comme ça, d’ailleurs.
-En parlant de pirate… pourquoi est-ce qu’on ne peut jamais manger tranquilles ?
-Chhht. Il va vous enten… ah non c’est fait.

Installés non loin de leur table se trouvait un couple de voyageurs dont les armes et les tenues exotiques hurlaient pirates. Ca n’était pas un restaurant de luxe, mais l’établissement de poissons et fruits de mer où les Nowel avaient choisi de dîner pratiquait des tarifs bien assez prohibitifs pour les protéger de la majorité des indésirables potentiels. La qualité suivait, surtout. Malgré cela, ils parvenaient encore à côtoyer des capitaines pirates amateurs de très bonne chère au point de venir écouler les fruits de leurs rapines dans de tels établissements.

Il s’agissait seulement de profiter de la vie.

-Erf. L’écoutez pas, rectifia Dogaku, c’est juste qu’on a pas l’habitude d’avoir de bonnes rencontres quand il s’agit de pirates. Mais j’ai une excellence amie qui est pirate et je suis tout à fait d’accord que…
-Non, non, je vous en prie, ne vous en faîtes pas, répondit l’homme du duo, un homme d’allure hérculéenne en uniforme de corsaire. Nous ne sommes pas du tout là pour faire quoi que ce soit d’autre que de passer une bonne soirée.
-Non, non, non, non ! Ca n’est pas comme ça que tu deviendras un grand pirate, souffla la compagne du colosse, une femme à la tenue minimaliste.
-…
-C’est vrai, quoi, insista-t-elle. Ca vous dérange, qu’on fasse du bruit ou bien qu’on mange ici, sûrement ?
-Paaaas du tout, appuya Dogaku.
-Non parce que si c'est le cas, on peut très bien régler ça dans le sang et l'honneur et...
-Nia, ça suffit.
-Et si ça nous dérange, d'avoir à supporter votre présence, qu’est ce que vous allez faire ? Je serais bien curieuse de voir ce que...
-Haylor, ça suffit.
-…
-…

Les deux hommes échangèrent un regard éloquent ainsi qu’un demi sourire, avant de chacun retenir ce qu’ils devinaient être leurs monstres de compagnie respectifs en appuyant leurs conversations pour les distraire.

Une autre fois, peut être.
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-Haylor. J'ai trouvé!
-Hum?
-Regardez ce papier. Ça. Demande de subventions GM de Norland adressée au ministre pour le port. Ils parlent d'une transaction à cinquante millions dans le projet.
-Cinquante? Seulement?
-Aaaaah. Vous aussi vous sentez qu'ils étaient optimistes? Pourtant c'est un bonhomme état major de la marine qui a fait ça, alors franchement...
-Ils devaient être sûrs que nous serions là pour leur faire une rallonge de trente ou soixante millions en cas de besoin.
-Sauf que ça pique plutôt pas mal le portefeuille. Déjà que les cinq millions de la première fois c'était mignon, mais alors là...
-Je plaisantais. Ils ne pouvaient pas imaginer que nous ferions de telles avances sans prendre de contrepartie.
-Oh... correct. C'aurait été idiot.
-...
-..?
-Mais cette histoire me semble pourtant étrange. Avant que nous n'arrivions, les travaux allaient au ralenti et certains sous traitants se mettaient en pause à cause de retards de paiement. Tout a pu reprendre normalement, mais... je ne comprends pas à quoi ils ont essayé de jouer.
-Mmmh. Bah, on leur demandera en temps voulu, hein.
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-Sigurd Dogaku. Vous vouliez me voir, j'imagine?
-Eh ben en fait... j'y avais pas du tout pensé, mais vous tombez très bien, ouais.

Sigurd était seulement sorti de chez lui pour acheter quelques pommes. Le complément incontournable de son petit déjeuner usuel, à base de bons poissons ou de crevettes façon tartines de la première fraîcheur. Le royaume de Luvneel et le riche port de Norland lui permettaient de satisfaire à ces petits plaisirs, et il ne se privait pas.

Le fait de croiser un ninja révolutionnaire en revenant du marché, par contre, n'avait heureusement rien à voir avec ses habitudes. Pour le moment, en tout cas. Il n'avait la moindre envie que cela devienne le cas, d'ailleurs.

-Alors, à quoi vous jouez?, maugréa Dogaku au nouveau venu.
-Nous essayons de vous espionner. Comme vous vous en doutiez.
-Super. J'avais besoin de ça. Et pourquoi ça?

L'homme se prénommait Jian, du clan de ninjas Furinyapa. Ses spécialités étaient multiples ; en termes d'outils, il s'était déjà illustré à maintes reprises dans le maniement de la corde, du kunai, et de leur bienheureux mariage, le grappin. Il s'agissait du matériel le plus prisé de ces personnages. En termes de compétences, le révolutionnaire pouvait se targuer d'être un excellent prestidigitateur, capable d'apparaître ou de faire disparaître ce qu'il voulait, et parfois même qui il voulait sur un simple coup de tête, ainsi qu'un acrobate et un athlète de premier plan. En conséquence, il prisait tout particulièrement les missions d'infiltration, de vol et de sabotage, même s'il restait polyvalent. Sur le plan du combat, c'étaient ses artifices qui composaient le gros de son répertoire, et l'affrontement direct tournait rarement en sa faveur dans le cas de choses sérieuses.

Même miss Haylor, en dépit de ses aptitudes physiques très inférieures, pouvait venir à bout de lui dans le cas d'un vrai combat. Ce que tous ignoraient, par contre, c'était que la jeune femme avait progressé au point de pouvoir y parvenir très facilement.

-Je préférerais que nous discutions de ça ailleurs, proposa le shinobi.
-Et moi je préférerais rester bien à la vue de tous pendant que nous discutons. Histoire de pas m'faire kidnapper ou je ne sais quoi à l'improviste, hein.

Le Furinyapa resta silencieux. Loin d'objecter, il se contenta de suivre Sigurd, jusqu'à ce que celui-ci rejoigne un emplacement jugé satisfaisant. Un banc adossé à une bâtisse, placé au beau milieu de la rue. Mais même ainsi, le révolutionnaire resta plaqué contre le mur de briques, d'une façon telle qu'il en devenait très difficile à discerner pour qui ne savait pas qu'il était là.

-Savez-vous à quoi sert l'espionnage?
-..?
-A obtenir les bonnes informations. Pour prendre les meilleures décisions.
-Je connais cette version. Sauf que je n'arrive quand même pas à me dire que je devrais être content d'être espionné. Juste une question, aussi. Quand il s'agit de prendre de meilleures décisions. Meilleures pour qui?
-Nous faisons ce qu'il faut pour que tout le monde y trouve son compte.
-J'aime beaucoup les réponses laconiques, tiens. Mmmh. Pourquoi êtes vous venu me voir?
-Parce que je suis sûr que vous allez venir chercher des explications aux révolutionnaires. Ou que vous aborderez la chose sans trop de diplomatie. Et je préfère éviter ça en prenant le rôle de l'interlocuteur.

Sigurd ne répondit pas tout de suite. Un gros pouffement se fit entendre, et il lâcha un grand sourire. Jian et ses acolytes avaient très récemment assisté les deux Nowel, ainsi que la milice de la cité lors d'un combat contre un pirate beaucoup plus dangereux que tout ce qu'on trouvait habituellement sur ces mers bleues. Et il avait tellement soutenu et assisté Evangeline lors du combat qu'il était impossible pour Sigurd d'avoir piètre opinion de lui.

Le shinobi avait vu juste: le blondinet était tout disposé à l'écouter, tant ils avaient été alliés dans cette terrible épreuve.

-Okay, okay. Essayez donc.
-Nous avons reçu des informations qui nous laissent à penser... que vous êtes espionnés par des agents du cipher pol.
-...
-...
-...
-...
-Chais pas si vous réalisez... ça me rappelle la fois où on s'est faits enfermés pendant quatre jours parce vous avez cru que nous étions de méchants agents du CP. Vous comprenez que ça me fasse sourire du coup, non?
-Regardez par là bas. Vous voyez cette grand mère?
-Pitié, vous essayez pas de me dire que...
-Regardez son chien, maintenant.
-Aaaaah, en fait c'est le chien l'agent du CP. Ça me rassure. La petite vieille, c'est trop cliché.
-Le chien a un visio-denden sur son museau.
-Uh?

Sigurd plissa les yeux pour essayer d'apercevoir la bête. Et en effet, les dires du révolutionnaires semblaient être avérés. Il y avait bien une petite protubérance colorée sur le museau de l'animal, un caniche qui se trouvait à une vingtaine de mètres de Dogaku. Mais même ainsi, le chevalier de Nowel avait du mal à avaler la chose.

-Nan. C'est pas possible. Je n'y crois pas.
-Nous avons récupéré plusieurs documents qui attestent de la présence d'agents du CP1 dans le pays. Documents qui parlent de vous, évidemment. C'est assez difficile de parler de cette ville sans faire mention de vous, ces derniers temps. Et si vous voulez les voir, je viens de glisser des copies dans votre panier, entre les poires et les feuilles de menthe.
-Naaaan. Contrefaçon. Ça pourrait être du toc. Des documents forgés. N'importe quoi.
-Vous y croyiez tant que ça?
-J'ai plus tendance à prendre les infos comme une éponge sans savoir ce qui est vrai ou pas, franchement. C'est pas comme si j'avais les moyens de vérifier, en fait.
-Un grand inconvénient au fait de rester... indépendant.
-Meh. Et vous voulez me faire comprendre que je suis en danger par le GM? Ça m'semble une blague.
-Pas en danger, non. Vous devez seulement être jugé intéressant.
-Intéressant ça veut dire quoi, ça?
-Intéressant. Ou à surveiller. Peut être.
-Mmmh. Pas en danger, vous me le confirmez?
-Nous le saurions déjà si c'était le cas. Et vous aussi. Surtout vous le premier, en fait.
-Bon, dans ce cas j'ai peut être un moyen de vérifier.

Et ce faisant, Sigurd abandonna son banc pour traverser la rue, en direction de la petite vieille qui tricotait en face, et de son caniche effectivement orné d'un escargot de surveillance. Le blondinet s'accroupit en face de l'animal, observa un instant le chien, plutôt docile, avant de s'intéresser à l'escargot. Dogaku tendit prudemment la main vers le museau du caniche, puis gagna en confiance et attrapa l'animal de surveillance pendant que l'autre lui léchait abondamment les doigts. Enfin, Sigurd s'attarda plus longuement sur la petite vieille, qu'il avait seulement survolé jusqu'à maintenant.

La femme était vêtue comme une sportive, dans le genre de quelqu'un qui promènerait son chien en courant à ses cotés. Malgré cela, ses muscles fins, sa peau rêche et ridée, sa posture affaissée, tout chez elle trahissait un âge avancé. Même son odeur, que l'on ne détaillera pas.

-Okaaayyy... bonjour? Je sais que ça va vous faire vraiment bizarre, mais il parait que vous êtes quelqu'un du cipher pol, est-ce que c'est vrai?

À une vingtaine de mètres de là, le shinobi plongea sa tête entre ses mains, presque désespéré. De son coté, Sigurd manqua de s'enliser dans une discussion on ne peut plus stérile, où son interlocutrice nia en bloc avec surprise avant de dérouter la conversation sur des sujets triviaux et assommants. Le Nowel eut beau y couper court au bout d'une minute, le révolutionnaire n'était plus là à son retour.

Tout ce qu'il lui restait de cet épisode, c'était son sac de courses, les nouveaux documents qu'il contenait, et le petit escargot d'espionnage qui émettait à destination d'on ne savait qui. A quoi tout ça lui servirait, il n'en avait aucune idée.
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-Bon bah c'est parti, hein.

Onze heures du matin, près d'une dizaine de jours plus tard. Sigurd avait convenu d'un entretien en vis à vis avec l'ambassadeur de Luvneel auprès du gouvernement mondial et du conseil des nations, et n'allait pas tarder à l'apercevoir pour la première fois. Une ambassadrice, en l'occurrence: la princesse de Luvneel, qui savait parfaitement allier le prestige de sa condition et l'étiquette acquise de par son éducation. Elle était de ce fait une représentante idéale pour le pays, et occupait ses fonctions avec un grand sens du devoir.

La fille du roi Dayo revenait tout juste d'une visite à Luvneelprad, où elle s'était exprimée auprès des résidents sur plusieurs problématiques locales, le temps de quelques jours.

C'est à cette occasion que la princesse fut sollicitée par la cité de Norland pour apporter une aide supplémentaire pour la reconstruction du port. Alors, elle décida spontanément de prolonger son séjour hors de la capitale, et de se dérouter jusqu'à Norland afin de traiter de ce sujet.

C'était une nouvelle qui anima longuement la vie de la ville au cours des jours qui précédèrent son arrivée. Tout ça pour préparer la cérémonie d'accueil qui, sans être de grande pompe, restait tout de même bien plus imposante que ce qu'on avait l'habitude de voir dans la cité. La grande majorité des officiels de la mairie venait de se rassembler, et les effectifs de miliciens semblaient avoir doublé pour le moment de la saluer. En ce qui concernait Sigurd, sa place n'était nulle autre que dans le public, au sein du reste de la population. Du moins, c'était ce qu'elle aurait dû être. Mais lui avait la chance d'avoir une sorcière pour partenaire inséparable, tant et si bien que c'est à une douzaine de mètres au dessus de la foule serrée, assis sur un petit nuage compact, qu'il pu assister à l'événement. Tout ça en savourant le petit pique-nique qu'ils s'étaient confectionnés chacun de son coté, sous l'ombre d'un parasol dressé pour l'occasion.

Ils n'étaient pas à plaindre, c'était certain.

-Les gardes royaux nous regardent très bizarrement, ne pu s'empêcher de répéter Haylor.
-Les miliciens leur ont assuré qu'ils nous connaissent très bien, et qu'on était tout ce qu'il y a de plus sûr au monde. Y'a pas de souci, ils feront rien.
-Ça ne les a pas empêchés de nous demander de nous éloigner de la cérémonie.
-Boah, on avait pas besoin d'être si près de toute manière. Et puis on attire un peu moins l'attention comme ça, c'est pas plus mal. On voit déjà très bien ce qu'il se passe, non?
-Mmmh.
-Eh, allez, faîtes pas cette tête. Ils font juste leur boulot. Perso je serais en charge de la sécurité, je me serais même pas autorisé à faire un truc comme ça. Ils nous font vraiment confiance, faut être contents.

La demoiselle n'insista pas, se contentant de faire tremper un scone dans sa crème de citron en revassant devant ce qu'elle voyait. Une princesse. Et une nuée de chevaliers servants. Et une foule on ne peut plus respectueuse face à ces personnages.

Et un très grand château où habiter, avec tout un écosystème de serviteurs exclusivement portés sur son confort, dans un univers impossible qui n'arriverait jamais.

-Jalouse?, devina Dogaku.
-De..?
-La princesse. Vous la regardez d'une telle façon qu'on dirait... que vous êtes envieuse.
-Je crois que vous rêvez.
-Et moi je crois que j'ai appris à lire dans vos pensées, depuis le temps.
-Certainement pas.
-Menteuse. Suis sûr que j'ai raison.
-...

-Moah. Vous savez, chuis sûr qu'on pourrait le faire, si on voulait.
-Faire quoi?
-Se payer tout un truc pareil. Des serviteurs. Des majordomes. Des domestiques et même des chevaliers. Il suffirait qu'on revende nos parts dans la Santagricole... et pourquoi pas HSBC et la mutu'... et bam. On se retrouve avec trois cent millions en banque et on peut faire absolument tous les trucs débiles qui nous chanteraient. Plus à se soucier de rien. Juste profiter. Ça serait la fête, non?
-C'est complètement n'importe quoi.
-Et pourquoi pas? J'veux dire, littéralement. On pourrait le faire: tout vendre avec une plus-value de porc, et se poser peinards. S'offrir un train de vie luxueux pour cent mois. Neuf ans, quoi. Ou huit. La grosse folie dans tous les cas. Trente fois plus qu'un train de vie normal. Et on peut le faire. Sur un simple coup de tête. Absolument n'importe quand.
-S...
-Tututut. Silence. Imaginez. On pourrait le faire. Et le simple fait de savoir ça devrait...
-Sigurd. La princesse nous regarde.
-Gné?

Effectivement, c'était bien le cas. En contrebas de leur nuage, Elastasia Flemingo les regardait d'un air curieux. Et avec elle, c'était une bonne partie des spectateurs qui le faisaient.

-Je crois qu'elle est jalouse de votre serre-tête, glissa Sigurd en agitant doucement sa main en direction de la princesse. Ou de votre nuage, à voir selon.
-Je me demande... nous n'aurions pas dû faire ça. Être sur un nuage, c'est de trop mauvais goût.
-C'était votre idée.
-Ma très mauvaise idée.

-Meuh non, au contraire. Pis on est pas les seuls, j'ai vu des ninjas révolutionnaires sur les toits d'à coté.
-Jian?
-Peut être lui, ou des copains à lui. Bref, regardez la princesse. Et essayez de deviner ce qu'elle pense en nous voyant.
-Je ne vois pas, non.
-Suis sûr c'est quelque chose comme "j'aurais voulu être une sorcière, c'est trop la classe".
-Tss. Vous pensez?
-Ça ou alors "Mais qui sont ces deux crétins qui jouent aux acrobates?". À moins que ça ne soit "Alors voici les célèbres Haylor et Dogaku, dont j'ai tant entendu parler! Vivement demain, que je puisse les rencontrer."

Sigurd avait beau dire ceci en plaisantant, il avait mis dans le mille: c'était bien le cas, en effet. L'agenda de la princesse Elastasia était terriblement fourni, ses interlocuteurs devraient se succéder sans lui laisser de répit. Et eux ne représentaient qu'une petite case de cet emploi du temps. Mais ils avaient tellement fait parler d'eux au cours des derniers mois qu'elle avait hâte de les rencontrer.

Leur tour viendrait demain, pourtant. Et d'ici là...

-On attaque le saumon? J'ai essayé une marinade avec des citrons et quelques herbes de Tanuki, ça fait pleurer de joie à chaque bouchée tellement c'est bon. Regardez ce machin...
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-Ah parce qu'en plus c'est une soirée spéciale révo?, constata Dogaku.
-Est-ce que j'ai l'air d'être une révolutionnaire?
-J'espère que non, parce que je commençais à trouver ça très agréable, de ne plus avoir aucun sujet prise de tête avec vous, la miss.
-Pas d'inquiétude à ce sujet. Les gens d'ici restent largement des gens avant d'être des révolutionnaires. Et la majorité d'entre eux sont juste des sympathisants. Ils n'ont rien à voir avec nos espions-assassins qui jouent aux aigles depuis les toits de la ville.
-Et on va en croiser, des comme ça?
-A priori? Non. Ils n'auront rien à faire ici. Nous serons en petit comité, comme à chaque fois.
-Cool. Ils ont l'air de s'être vachement calmés depuis la dernière fois, alors ça serait débile de retomber sur eux comme ça. Ça serait un peu provoc', quoi. Harhar.
-...
-Ça va finir vers quelle heure, au fait? J'm'étais décidé à me coucher tôt et à dormir un max pour préparer demain. Ça serait bête qu'on soit crevés pour un rendez-vous avec du gratin royal, nan?

Nous étions le soir même de l'arrivée de la princesse au sein de Norland. Après avoir bouclé une journée on ne peut plus normale, Sigurd avait pris la direction d'un des nombreux gymnases publics de la cité. Une salle de sport qui était occupée plusieurs fois par semaine par des pratiquants d'arts martiaux qui se regroupaient pour s'entraîner et progresser ensemble, ce qui n'avait rien d'anormal. Pendant certains créneaux horaires, pourtant, les pratiquants avaient tous la particularité d'être affiliés, de près ou de loin, à la révolution. C'était une couverture parfaite pour profiter d'infrastructures publiques pour s'entraîner, alors ils n'avaient pas de raison de se gêner, bien sûr.

L'une des rares exceptions à cette règle officieuse des entraînements spéciaux était Evangeline. La jeune femme avait de grands talents qui la rendaient très dangereuse, mais sur le thème du combat pur, elle n'y connaissait rien. Ce qui était ridiculement dangereux pour elle, surtout qu'elle ne cessait d'aller au devant des ennuis. Sur l'impulsion de Dogaku, elle avait donc rejoint plusieurs de ces cercles d'entraînement, aussi bien les conventionnels, plus fréquents, que les révolutionnaires, plus pragmatiques.

Il s'agissait d'événements relatés dans un autre récit, qui avait eu lieu il y a un peu plus d'un mois de cela. Et aujourd'hui, la sorcière avait convié son camarade à l'une de ces séances, pour lui montrer à quel point elle avait progressé depuis ce temps. Elle le lui avait demandé avec tellement d'entrain, d'envie et d'espérance, qu'il n'avait même pas eu l'envie d'envisager de dire non.

D'où sa présence ici, dans un gymnase très bien équipé de la périphérie de Norland, en compagnie de beaucoup plus de monde que ce qu'il avait cru. Plusieurs raisons à cela: tout ce qui relevait du combat avait une place plus qu'essentielle dans le quotidien et la culture des révolutionnaires, si bien que cette communauté assez particulière était naturellement très réceptive à ce genre de choses. Pire encore, il s'agissait précisément d'une séance de mise à plat et d'exhibition, exclusivement consacrée à des combats en roue libre. Plutôt que de se consacrer à un exercice ou un apprentissage particulier, les pratiquants allaient se battre aussi naturellement que possible dans les limites d'un entraînement, pour avoir l'occasion de constater ou de révéler à quel point ils avaient assimilé ce dont ils avaient besoin.

Sans surprise, Haylor n'était en aucun cas la seule à avoir décidé de ramener des spectateurs. Tout le monde avait de la famille ou des amis à inviter. Révolutionnaires ou pas, d'ailleurs. Sigurd avait pu constater de discrets écriteaux dans les rues adjacentes qui redirigeaient quiconque voulait bien venir à cette petite séance. On était là pour le spectacle, pas pour causer révolution.

Et c'est dans ces conditions que les premiers combats purent commencer. Tout le monde avait fini de se préparer, chacun à sa manière. Outre les échauffements traditionnels, certains avaient à s'équiper de matériels plus personnalisés.

Vu la taille de la salle, on avait décidé de laisser les combats se dérouler progressivement, en fonction des différents profils de combatants. Pour les moins envahissants, on pouvait se permettre de faire passer quatre combats en simultané. C'est d'ailleurs par ceux-ci que l'on commença. Ils étaient moins flamboyants, mais pas nécessairement moins efficace.

Lorsque, vingt bonnes minutes plus tard, ce fut enfin le tour d'Evangeline, on leur laissa la salle entière pour performer. Elle et son adversaire, un jeune homme blond au physique très bien taillé, qui avait traîné plusieurs sacs de sable avec lui. Il était actuellement occupé à les éparpiller sur tout le terrain, et en avait vraiment beaucoup. Peut être une quarantaine, ou plus.

Sigurd n'eut toutefois pas le temps de l'observer plus en détail. De même, il n'eut pas le loisir d'observer son amie, à l'autre bout du terrain, qui avait l'air d'en faire de même avec ses chaînes et ses cordages. Beaucoup de cordages.

Il n'en eu pas le temps, parce qu'une figure féminine vêtue d'une longue capuche ornant un poncho de cuir grisonnant vint s'installer à ses cotés. À sa suite, un autre personnage accoutré de la même manière, du genre armoire à glace d'allure patibulaire, qui faisait immanquablement penser à un garde du corps pour qui prenait la peine d'y réfléchir.

-Ça ne vous dérange pas, si on s'installe ici?

Sigurd ne se soucia pourtant pas trop longtemps de lui. Il vit bien vite les magnifiques mèches blondes de la jeune femme qui était venue le voir, et manqua de s'étranger en discernant ses traits lorsqu'elle découvrit très légèrement sa grande capuche.

-J'ai tellement entendu parler de vous que je n'ai pas pu résister à l'idée de venir vous voir, lui expliqua Elastasia Flemingo, la princesse de Luvneel.
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Le cerveau du pauvre Dogaku resta paralysé pendant dix bonnes secondes. Une princesse qui sortait de nul part, ça n'était pas normal. Une attitude réflexe lui suggérait de s'agenouiller pour la saluer, car c'était ce que les gens faisaient dans son imaginaire. Une autre lui rappelait qu'il était déjà en position assise, et que c'était idiot de toute manière. Il se contenta donc de se tenir droit, même plutôt raide, sans trop savoir que faire. Et l'autre se contentait de le regarder sans avoir l'air de vouloir prendre la parole, ce qui ne l'arrangeait pas.

-Euuuh... surprise!, s'exclama-t-il en souriant de sa situation. Enfin, bonsoir. Vous m'expliquez?
-Vous expliquer?
-Qu'est ce que vous faîtes ici, par exemple. Ou si vous êtes vraiment... nan, vous avez vraiment l'air d'être, oui.
-..., réagit la jeune femme en le dévisageant.
-Ou alors vous êtes le sosie royal en charge de rencontrer les gens semi-dangereux façon doublure ou cascadeur? Je suis considéré dangereux?
-Je suis bien Elastasia Flemingo, oui.
-Incognito? Ou bien j'peux le répéter à qui je veux, même si ça m'étonnerait?
-Ne faîtes pas ça, non.
-Pas de souci. Mais... ce que vous faîtes ici?
-..?
-Qu'est ce que vous faîtes ici, je veux dire.
-Je préfèrerais ne pas aborder ce sujet tout de suite.
-Oh? Bon.
-...
-...

Sigurd n'insista pas. Il observa son interlocutrice quelques secondes, avant de trouver la situation trop étrange et se reconcentrer sur ce qui avait lieu devant lui. Haylor et son adversaire du moment, prénommé Gustav Vaxholm de ce qu'il avait compris, se tenaient maintenant face à face et venaient de se saluer.

Ça n'allait plus tarder, les deux personnages étant maintenant en train de fignoler leurs préparations respectives. Le combattant se couvrait le corps d'un genre de poudre blanche, et insistait tout particulièrement sur les endroits où sa peau était à découvert, à savoir son visage, ses bras et ses pieds, maintenant qu'il avait déchaussé.

Face à lui, Haylor retirait elle aussi ses chausses. Elle les rangea dans un de ses sacs, d'où elle tira de quoi les remplacer. De simples chaussures à talonnettes.

-Êtes vous prêts? Ay!

Les deux combattants s'approchèrent, se détaillant du regard. Tous deux manoeuvraient tout autour de l'autre pour s'efforcer de trouver un angle avantageux ; on pouvait déjà voir que le Gustav était bien plus mobile que son opposante. De la même manière, c'est lui qui attaqua le premier. Une tentative d'empoigne repoussée presque immédiatement par l'autre, qui ne chercha pourtant pas à profiter de l'occasion pour attaquer.

Elle aurait dû, songea Sigurd.

Et ils recommencèrent.

-Elle n'attaque pas?, demanda Flemingo au bout de la troisième fois. C'était pourtant quatre occasions.

La demoiselle s'y connaissait, bien sûr. Elle avait perdu le compte du nombre de chevaliers qu'elle avait pu voir combattre pour prouver leur valeur à ses beaux yeux. Peut être qu'elle avait elle aussi suivi une formation à ce propos ; Sigurd ne pouvait que deviner.

-Je pense qu'elle est encore mauvaise, en fait. Son adversaire aussi, remarque. Peut être pour ça qu'ils ont été parqués ensemble. Et pour quelqu'un de mauvais, elle se débrouille plutôt proprement. L'autre n'essaie pas de la submerger -il pourrait teeeellement- donc elle s'écono...

Totalement faux. Et la quatrième fois fut la bonne. Cette fois, Evangeline riposta d'un grand coup de chaîne soudain, qui cingla l'air sur une dizaine de mètres et fouetta cruellement dans la prolongation du mouvement de son bras. Le bruit du claquement de l'air, aussi terrible qu'inattendu, fit sursauter un bon quart de la salle. Personne n'aurait voulu se prendre un choc pareil : c'était un coup à se faire pulvériser des os, et à y perdre d'énormes lambeaux de peau.

Mais Vaxholm s'en était bien tiré, à en juger par son comportement. Il avait pourtant prit le choc de plein fouet en essayant de le parer avec son avant bras. La chaîne s'en servit de pivot pour lui lacérer le dos, déchiqueter sa veste, et revenir droit sur sa gorge en achevant de l'encercler.

Loin d'en souffrir, étrangement, le dénommé Gustav se dégagea immédiatement en rejetant la chaîne à contresens. Il décida alors de se replier jusqu'à un sac de sable placé en retrait, tandis que l'autre rembobinait sa chaîne comme si de rien n'était. L'homme ouvrit le contenant pour en sortir de cette même poudre blanche dont il s'était recouvert un peu plus tôt. Ce qu'il fit à nouveau, avant de prendre le sac, d'ouvrir très grand la bouche, et d'en ingurgiter gloutonnement le contenu.

Un sac entier.

-Qu'est ce qu'il fabrique?, demanda Sigurd sans regarder personne.

Une interrogation partagée par un grand nombre de personnes. Tellement que la voix enjouée de l'entraîneur de ces combatants, très fière de ses élèves, s'éleva au travers de Denden pour y répondre:

-Ce que vous voyez là, très chers amis, n'est rien de moins que l'art du Ramen Kempo! Un ensemble de techniques martiales et culinaires al dente permettant de se battre et de cuisiner à l'aide de trois ressources complémentaires: un corps au physique affûté, un ingrédient de terroir renommé, et une technique éprouvée par une tradition de longue date! Le Ramen Kempo résulte du mariage bienheureux de ces trois éléments, et permet à son pratiquant de réaliser son art combatif et gastronomique en toutes circonstances, avec une efficacité inégalée!

En cet instant, Gustav finissait d'engloutir son troisième sac, qui ne contenait pas du sable mais bien de la farine. L'homme entreprit alors une danse du ventre très surprenante et agréable au regard, laissant entendre toute une série de crachotement gastriques beaucoup moins élégants. Il inséra alors ses poings dans son gosier, en ouvrant assez grand la gueule pour faire entrer le tout. Une vision dérangeante, et empirée par les sons de vomissement qu'il émettait.

Lorsque Vaxholm sortit ses mains, ces dernières étaient engluées dans deux amas de pâtes d'allure visqueuses, qui adhéraient pourtant très bien à ses poignets.

-Pour votre information, Gustav pratique essentiellement un style de lutte amphibie de type Grappler, particulièrement porté sur les prises et les verrouillages. Pour compléter ce profil, en amplifier les forces et corriger quelques faiblesses, nous avons fait le choix de retenir le Ramen Kempo comme art complémentaire. Gustav, Eva, démonstration!

Le jeune homme inclina la tête en arrière, tandis que l'autre, à une dizaine de mètres, se préparait à encaisser quelque chose. Quelques secondes plus tard, Vaxholm vomit un genre de nouille géante droit sur Haylor, et assez long pour atteindre la demoiselle. Atteindre et engluer, d'ailleurs. Les propriétés du grand amas de nouille la rendaient particulièrement robuste, mais aussi adhésive. Lorsqu'il ré-ingurgita sa nouille, Evangeline fut contrainte de suivre le mouvement en trotinant. C'était ça ou perdre l'équilibre.

-On dirait un gros caméléon, commenta Sigurd en marmonnant.
-C'est absolument ça, fit lady Flemingo en grimaçant.
-..?
-C'est répugnant. Absolument... immonde.
-Boah. Pas plus que de charcuter les gens.
-..?
-Coup de sabre. Frapper. Blesser. Le genre de trucs qu'on voit habituellement.

Au centre, Gustav venait de décrocher sa gangue gastrique d'un grand coup de tête, libérant Haylor qui reprit ses distances.

-Comme vous pouvez le voir, l'art du Ramen permet à un lutteur de prendre l'avantage en apportant une solution à l'un de ses principaux problèmes: la tentative d'approche! Face à un adversaire qui passe son temps à fuir, ou à tenir ses distances, il y a moyen d'agir! Vous verrez également que Gustav d'une multitude d'autres moyens pour nuire à longue distance, bloquer certains terrains, et vaincre au corps à corps à l'aide de son Ramen. Le combat qui va suivre va l'opposer à son binôme d'entraînement, Evangeline. Une femme aux talents très particuliers que vous connaissez tous sûrement.

Il ne plaisantait pas: c'était presque impossible de ne pas connaître les chevaliers de Nowel aux alentours de la cité de Norland, comme déjà expliqué.

-Pour des raisons de sécurité évidentes, Evangeline ne lancera pas de flammes entre ces murs. Vous avez déjà pu voir ses chaînes utilisées un peu plus tôt: techniques de Rope Action comme d'habitude... que nous avons accompagnées comme pour le corps à corps de Gustav. Regardez donc.

Maintenant, c'était à la jeune femme de montrer ce qu'elle, avait appris.
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Vaxholm campa sur ses appuis. Pour que sa partenaire puisse se défendre, ce serait à lui de prendre l'initiative. Mais il avait tellement de nouveaux talents à exposer devant les siens que ce serait un vrai plaisir de s'étaler.

-RAMEN BLURP!

Gustav cracha un énorme mollard de pâte travaillée, aussi large que le tronc d'un homme, qui fusa droit vers son adversaire. Cette dernière le dévia d'un grand coup de fouet éclair, pour l'envoyer s'écraser vers les hauteurs. La glaire adhésive de Vaxholm se colla sur le plafond, et finit par former un genre de stalactite bombée façon pâte à pizza.

-Vous ne devriez pas rire, précisa l'entraîneur. Être touché par un crachat de ce genre, c'est être cloué au sol -ou englué- sans plus pouvoir s'enfuir!

Nouvelle attaque du pâtissier, qui dégueula un nouveau Ramen géant et commença à tourbilloner de plus en plus rapidement sur lui même, comme une toupie énorme. Il entreprit tout de suite de se diriger vers miss Haylor, qui réagit à temps en balançant cinq câbles sur le plafond. Quatre prirent appui sur des renforcements en métal habituellement dédiés à l'éclairage, et le cinquième en plein sur le tas de pâte de l'autre combatant. Et une fois là, elle se hissa presque instantanément, escaladant cinq mètres en quelques tours de bras et de jambes. Suspendue tête vers le bas, elle déroula quelques chaînes supplémentaires en direction de la toupie humaine, qui s'écarta immédiatement pour riposter de quelques Ramen Blurp et alourdir les rets de la miss. Il en cracha une bonne huitaine avant de tomber à court de poudre, et devoir fuir en direction d'un sac pour recharger son estomac. À ses trousses, on retrouvait Haylor redescendue et en pleine course, dont quatre chaînes se débattaient contre le sol pour se débarrasser de leur glue, et dont la quinzaine d'autres aidaient la miss à s'élancer contre Vaxholm avant qu'il ne finisse.

Elle arriva trop tard, et fut très habilement reçue comme il se doit. Gustav tenta de l'agripper, mais se heurta à un rempart de tentacules contre lequel il finirait par perdre. Loin de s'éterniser, le pâtissier vomit de la pâte liquide en abondance, avec cette fois pour but d'huiler les chaînes et de neutraliser leur adhérence. Ce qu'il parvint très bien à faire.

-Le saviez-vous? Lorsqu'elle est bien assaisonnée, la pâte de type Ramen Kempo peut aussi bien servir de colle pour réparer vos meubles que de matière grasse pour soulager la mécanique d'un de vos moteurs! Culinaire, militaire, utilitaire, cet art sous-exploité mérite de ne pas être sous-estimé!

Voyant son arme principale être émoussée si rapidement, Evangeline fit vite machine arrière. Incapable de prendre prise, de ligoter son adversaire, elle commença à fouetter l'air avec ses liens. Pour le frapper, le marteler autant que possible, et le forcer à battre en retraite.

Le problème, c'est que Vaxholm était beaucoup trop résistant pour être vulnérable à ces attaques. Elle pouvait le repousser, mais pas l'anéantir en le fouettant à mort. Non pas que ce soit le but, bien sûr.

Déjà, il y avait l'aptitude intrinsèque du combatant à encaisser les coups. Pour un lutteur, et pour Gustav bien davantage, c'était un point très développé. Rajoutez à cela la présence d'une seconde peau renforcée qui recouvrait le combatant, faîte de farine moulée et travaillée sur mesure pour cette technique unique de cuisine de combat, et Gustav devenait un adversaire très difficile à faire flancher. C'était pour cette raison qu'il se saupoudrait régulièrement non pas de talc, mais de sa farine. Il employait un art qui ne relevait pas directement de son Ramen Kempo, mais davantage de la cuisine et de la chimie. Trois disciplines qui se mariaient très bien lorsqu'on souhaitait les développer à haut niveau. Et surtout, trois disciplines que l'entraîneur avait toutes inculquées à son élève, pour qu'il progresse autant que possible.

Armé de la sorte, Gustav se propulsa de toutes ses forces contre le barrage de tentacules, forçant le passage pour se jeter sur miss Haylor, qui recula maladroitement...

... et ne lui échappa que d'un cheveu. In extremis, en reprenant une nouvelle fois la voie des airs. Evangeline avait rembobiné deux de ses cables liés au plafond pour se dégager, et se les était fermement callés entre les cuisses pour s'y tenir. L'autre essaya de la retenir en attrapant un de ses liens qui dépassait, mais en pure perte: il les avait lui même huilées un peu plus tôt, et ne fit que glisser.

Une nouvelle fois, Evangeline profita de sa position suspendue pour déployer autant de rets que possible et harceler Vaxholm en se déplaçant dans les hauteurs quand c'était nécessaire. Elle n'avait qu'à nouer ses liens sur de nouveaux appuis et se balancer jusqu'à la position souhaitée pour garder l'avantage. Mieux encore: en agitant suffisamment ses chaînes, elle pouvait les débarrasser de tout ce que le pâtissier avait vomi dessus pour les neutraliser. Alors elle s'en donnait à coeur joie, et martelait et agitait des liens autant que possible afin d'y arriver.

Pour sa part, Gustav s'en était retourné au même problème qu'un peu plus tôt. Atteindre un sac de farine, refaire bombance, et recracher tout son contenu sous forme de projectiles pour alourdir la miss et la forcer à redescendre.

Cette fois, pourtant, elle prenait soin de l'entraver et de le ralentir, et d'écarter très mesquinement les sacs desquels il approchait en les prenant avec ses tentacules.

Alors, il ne lui restait plus qu'à courir jusqu'à un autre sac, en essayant d'être plus astucieux ou plus rapide, jusqu'à ce que finalement...
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Sigurd n'en revenait pas. Mais alors vraiment pas. Il avait l'habitude de voir sa partenaire faire des tas de choses impossibles, à fortiori depuis qu'elle avait décidé de se faire sorcière, mais même avant, quand elle était seulement inépuisable et obstinée. Mais des prouesses physiques, c'était encore tout autre chose. Et la voilà qui se laissait porter par ses liens de métal, en ne s'y tenant que d'un genou, et se hissait et se balançait en quelques mouvements de corps sans faire le moindre effort.

Dogaku était maintenant penché autant que possible sur sa chaise, plus des trois quarts au dessus du vide, tant il était happé par le spectacle de foire qui se présentait à eux.

-Vous allez vous faire mal, indiqua la princesse. Tenez-vous droit.
-Meuh non mais pas du tout, déclara Sigurd en redressant son corps et sa mâchoire, très grimaçante.
-Vu votre tête, je ne vous crois pas.
-Et vous avez raison, oui. Non mais est-ce vous avez vu? Ils sont énooormes!
-Très impressionnant, oui...
-Enoooooormes!, corrigea Sigurd avec insistance. Z'allez pas me dire que vous voyez régulièrement des chevaliers capable de faire ces trucs, non? Encore que j'adorerais voir un Sir Humfred de Sandburger vomir des litres de pâtes fraîches depuis sa belle armure. Vous en avez déjà vu un?
-Jamais.
-Un révolutionnaire comme ça ça pourrait être marrant, aussi. Genre bourrin voyageur ou assassin de l'umbra... eh, imaginez! Ces gars avec leur saut de l'ange pourraient tous faire du saut à l'élastique pour rigoler! Moi j'dis, on devrait imposer le Ramen Kempo au prochain Il Assessino qui passera le test. Ça devrait leur apprendre des trucs.
-Vous connaissez les assassins?, releva la princesse.
-Eux? Carrément que ouais! Surtout leur belle formule, "tout est permis". Genre prendre mon immeuble pour un terrain d'envol et s'y succéder six fois par jour mini en voulant jouer à Mouetteman pour faire de la reconnaissance aux alentours. Synchronisation de m@&%#...
-Vous n'aimez pas les assassins?
-Been... ce sont des révolutionnaires, quoi. Envahissants, se multiplient comme des lapins, inondent les petits commerces ainsi que les classes moyennes, profitent beaucoup trop de nous vu le peu qu'on a besoin d'eux...
-Profiter de vous?
-De nous. Vous réalisez pas, mais ils survivent à nos crochets. Le train de vie gratuit c'est aucunement du flan. Et à l'échelle d'un truc mondial qui fait bobo à la marine, ça tape très haut. J'veux dire, vous savez combien de PIB ça fait? J'ai lu du Beetshen, même si elle est clairement pro-GM et que ça sent le chiffre orienté, qui compare ça à une vingtaine de fois celui de...
-Vous lisez du Beetshen?, se moqua la jeune femme.
-J'essaie de lire de tout. Parait que ça rend intelligent.
-Nooon. Vous devriez essayer Grumpfall, alors. Lui fait son possible pour rester objectif. Il est payé pour ça.
-J'ai déjà entendu ce nom...
-Ancien spécialiste de l'économie. Il a fait ses études à Fraulstein, travaillé au sein des institutions commerciales de la famille Yonesku, géré pendant un temps les affaires de...
-C'était un conseiller des ministres de Luvneel jusque y'a pas longtemps, se remémora Sigurd. Vous le connaissez, du coup. Non?
-C'était mon précepteur sur son domaine pendant quelques années, oui.
-Me disais bien, aussi... Alors comme ça on prêche pour sa paroisse, hein?
-Mmh....
-Je cite, Sigurd, rien qu'une minute plus tôt: vaut mieux varier ses sources, ça rend plus pertinent.
-C'est un maître à penser, de défendit l'autre. Il m'a bien sûr plongée dans d'autres doctrines pour que j'en ai un aperçu.
-Exemple?
-J'ai le les travaux de...

Elastasia s'interrompit. Et Sigurd encore plus. Une tension incroyable s'était manifestée dans l'atmosphère, comme si une grande menace venait de poser son attention sur eux.

Le garde rapproché de la princesse l'avait lui même senti: il venait déjà d'empoigner le manche de sa lame courte, son visage parcourait les alentours à la recherche de quoi que ce soit d'hostile ou de suspect. Il prit vite soin de s'inquiéter de leurs arrières.

Pour Dogaku, un simple regard sur sa gauche, en direction des combatants qu'ils avaient perdu de vue, lui expliqua tout de suite pourquoi ce grand silence tout oppressif les accablait. Les deux combatants avaient cessé de s'affronter à la demande d'Evangeline, et les regardaient fixement depuis quelques instants. Gustav était tout simplement curieux et intrigué. Haylor, par contre, avait une expression particulièrement mauvaise et courroucée vissée sur le visage. Une animosité qui se consacrait exclusivement à son partenaire, et à la femme qui le distrayait au pire moment possible.

Mécaniquement, tout le monde dans le public tourna la tête pour voir ce qui avait interrompu le combat. Ce qui poussa la princesse, heureusement méconnaissable, à se faire toute minuscule.

Quant à Sigurd, c'était encore autre chose. Il réalisa rapidement quels genres de risques il prenait avec la sensibilité de son amie, et décida de sortir le grand jeu pour modifier la donne. C'était vraiment le pire moment possible pour faire des maladresses.

Alors il se leva, dévala maladroitement les escaliers qui menait des gradins jusqu'au terrain de combat, et s'installa sagement au devant du premier rang, en tailleur à même le sol. Placé comme il l'était, absolument rien ne pouvait plus le distraire.

Restait juste à espérer que cela suffise pour se faire pardonner. Et vu comment Haylor le fixait du regard, c'était là un verdict qu'elle hésitait à rendre.

-Eva? On peut reprendre?, demanda doucement l'autre combatant.
-Mmh hm, lâcha l'autre sans recentrer son attention.
-Bon. Ben du coup je vais y aller et...
-...
-Tsss. Ben puisque c'est comme ça...

Pendant qu'Evangeline restait distraite par son Sigurd, Vaxholm en profita pour parcourir une bonne vingtaine de mètres en zigzaguant, rassemblant dans la foulée une dizaine de sacs de farine qu'il s'enfourna à la chaîne. Un spectacle déjà très impressionnant en soi. Le pire restait pourtant à venir. Gustav se prépara en commençant une nouvelle fois son étrange danse du ventre, à la fois surprenante par ses oscillations de bassin -il s'agissait de remuer son estomac- et ses mouvements pendulaires qui rendaient le tout presque hypnotique. Une fois assez touillé, pourtant, le pâtissier entreprit une nouvelle fois de vomir de grandes trombes de liquides...

-Ramen Dancing Flour!

... qu'il commença à répandre sur une large part de terrain en arrosant autant que possible les alentours, comme un tuyau d'arrosage qui aurait la puissance d'une lance à incendie.

Ce n'est qu'à ce moment que la miss se recentra sur son combat. Mais c'était déjà bien trop tard: Gustav s'affairait à recouvrir autant de terrain que possible avec son étrange pâte gastrique, et progressait à une allure invraisemblable. À peine Haylor eut le temps de déployer ses tentacules qu'un bon quart du terrain avait déjà été huilé avec le surprenant liquide. Et lorsqu'Evangeline chercha à marcher dessus pour s'approcher du pâtissier, toujours occupé à arroser le terrain...

-Hyééééaaaah!!

... son pied glissa sans même qu'elle n'appuie dessus, ce qui la fit chuter après une cabriole spectaculaire. Et pendant qu'elle luttait pour se rétablir, l'autre continuait d'inonder l'espace disponible.

Pourtant, au bout de cinq secondes, Vaxholm se mit à réfléchir.

S'il arrosait Haylor maintenant, il pourrait la huiler et gagner facilement dans la foulée. Elle deviendrait tellement glissante qu'elle ne pourrait plus marcher, et encore moins courir...

Elle ne pourrait même pas se relever, en fait. Le sol deviendrait aussi incertain qu'une cuve de beurre, et même ses chaînes d'acier seraient des patinoires une fois bien humectées. Elle n'aurait rien pour s'accrocher une fois trempée. Il n'avait donc plus qu'à...

-Ramen Splash Cannon!!!

Gustav ouvrit grand la gueule, mais sans effet cette fois. Il ne se passa rien. Pratiquement plus rien ne s'écoulait de son gosier ; il touchait au bout de ses réserves. Il lui faudrait refaire ses stocks pour continuer, à moins que...

-Ramen Skate!

L'homme relâcha, par les narines cette fois, de fines nouilles qu'il remodela sous forme de chaussons autour de ses pieds nus. Et fort de ce nouvel équipement, il commença à patiner sur sa surface vaseuse, lâchant de grands mouvements de jambes pour s'avancer en glissant prestement.

Son objectif était très simple: atteindre Evangeline, et se jeter sur elle en vue de finir le combat au corps à corps. Elle n'avait aucune chance. Rien que maintenant, elle était trop occupée à patauger pour pouvoir se défendre. Elle avait bien une poignée de chaînes qui s'affairaient à la redresser, mais s'il prenait assez de vitesse...

-C'est fini!, cria joyeusement Vaxholm. 'Ttention, je vais te...
-Certainement pas, répliqua l'autre. RECULE.
-Tu vas faire quoi?
-Des boules de feu.
-Eh!? C'est trop dang...

Evangeline braqua un de ses dials sur lui, pour relâcher un faible jet de flammes et le tenir à distance. Elle s'agrippa ensuite une nouvelle fois au plafond, et se laissa tracter par ses câbles vers les hauteurs. Cette fois, par contre...

-Je ne te l'ai jamais montré celle là, non?

... elle usa de ses dials et de ses nuages pour se façonner une grosse plateforme, à un peu plus de sept mètres au dessus du sol. Vu la taille du plafond, elle aurait pu aller encore plus haut. Ce dont elle ne se priva pas, en rajoutant une second nuage condensé juste à coté du premier. Et puis un autre. Et encore un, en mettant vingt bonnes secondes à chaque fois entre les émissions du coquillage et le résultat final.

Et une fois là, elle se tourna vers son adversaire, pour le toiser de haut.

Un grand sourire fiché aux lèvres.

Deux autres coquillages entre les mains, toujours à relâcher toute leur fumée pour étendre sa mezzanine improvisée.

Et une vingtaine de tentacules d'acier, tous dispersés, qui cliquetaient d'excitation en attendant de passer à l'attaque.
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La sorcière s'en donna à coeur joie : ses câbles se fondirent dans les différentes masses de nuages cotoneux, pour mieux prendre leur adversaire à revers. Avec une hargne décuplée maintenant qu'elle se tenait à l'abri, Haylor attaquait autant que possible. Vaxholm se retrouva surchargé de toutes parts, toujours désarçonné par les rets qui l'assaillaient pour le griffer, le mordre et l'enlacer. Compte tenu de sa résistance, la miss n'y allait pas de main morte ; et le traitement qu'il subissait commençait bien à l'éreinter. Vaxholm patinait toujours aux alentours pour se mettre à l'écart, mais les serpents d'acier allaient à peine moins vite que lui, et l'encageaient régulièrement.

Parfois, Eva rappelait ses câbles pendant quelques dizaines de secondes, pour préparer une nouvelle fois un coup terrible, un Iai éclair, qui cinglait l'espace comme un coup de griffe et relâchait un claquement monstrueux à chaque fois qu'il faisait mouche, sur Gustav comme sur le sol.

Elle éventra ses propres nuages à quelques reprises en faisant ça. Mais à chaque fois, Evangeline prenait soin de les reconstituer, en rajoutant quelques strates inférieures en plus de ça. Gustav en profitait toujours pour avaler autant de farine que possible, même s'il n'en faisait pas grand chose pour le moment. Vaxholm cracha simplement quelques sphères de pâte prédigérées à l'occasion, pour essayer de perturber Haylor quand elle se fit trop oppressante. Il eut ainsi l'occasion de constater que l'édifice de nuages tissé par la sorcière était vraiment fragile: de simples tirs de Ramen Blast, son crachat le plus basique, suffisaient à faire des trous dans la structure.

Pourtant, il avait beaucoup mieux à faire de sa farine. S'il parvenait à se goinfrer d'une vingtaine de contenants, il pourrait employer son art le plus puissant.

Mais pour ce faire, il lui faudrait d'abord composer avec son assaillante. Et celle-ci ne le laisserait pas accomplir sa besogne.

-Eeeeet... ferré!, s'exclama-t-elle en tirant sur sa pêche.
-Oooooh...

Gustav sentit ses entrailles se soulever. Une sensation désagréable, qui se diffusa dans tout son corps: Haylor venait enfin de l'attraper correctement. Elle en profita pour tirer sur ses chaînes et le décoller du sol. Le pâtissier fut lentement tracté au cours des premiers mètres, avant que les câbles ne prennent de l'assurance et le catapultent droit contre le plafond de la salle. Alors, ils le plaquèrent sur la surface bombée, et s'enroulèrent méthodiquement sur ses membres pour raffermir leur prise.

-Je crois que j'ai gagné, commenta la miss d'un sourire.
-Hhnnngg...

Evangeline était sûre d'elle. Elle se permit de regarder aux alentours, de balayer le public des yeux, et prendre la température des spectateurs. Tous attentifs, principalement impressionnés, mais davantage surpris par le Ramen Kempo. Ses plateformes de nuage avaient fait sensation, dans le registre de l'émerveillement. Mais ce qu'elle voulait, c'était bien davantage.

-Maintenant, ce serait dommage de finir là sans que tu n'aies pu montrer ce qu'il y a de mieux à voir, Gustav. Je pense que je ne vais pas faire ça. Mais plutôt que...

D'un claquement de doigts, Haylor dit à ses liens d'écraser l'autre sur le plafond, et de l'y fracasser quelques fois de plus. Elle pouvait réellement en faire ce qu'elle voulait, maintenant. Et lui n'y pouvait rien.

-... c'est à ton tour. Montre nous ce que tu fais de mieux.
-Hahaha. Je n'irai pas doucement pour ça.
-Tais toi et fais. Tu fanfaronneras quand ce sera fini.
-Tsss.

Délicatement, les chaînes déposèrent Vaxholm au sol, le soutenant avec prévenance jusqu'à ce qu'il puisse reprendre sa contenance. D'autres câbles se chargèrent de tirer jusqu'à lui plusieurs sacs de farine, qu'ils portèrent à hauteur de son tronc. Et après un bref instant d'hésitation, il décida de les engloutir, tant pis pour ce qu'il adviendrait d'Haylor.

Elle avait décidé de le nourrir, de lui donner les armes pour qu'il puisse poursuivre dans les meilleures conditions possibles, et de montrer aux spectateurs ce qu'eux deux voulaient réellement qu'ils voient.

-Elle n'aurait jamais dû faire ça, commenta l'entraîneur d'un ton enjoué via ses denden. Il semblerait qu'Eva a préféré vous offrir un beau spectacle, quitte à laisser passer sa chance. Parce qu'elle va perdre, maintenant. Vous l'aurez compris, plus Gustav avale de sacs de farine, plus la technique qu'il peut employer ensuite a de chances d'être redoutable. Et vu qu'il vient tout juste d'atteindre la barre des vingt-cinq, contre dix max auparavant, vous pouvez seulement imaginer ce qui... ééééééh!

L'entraîneur poussa une longue exclamation amusée en guise de protestation: un câble d'Evangeline venait de glisser jusqu'à lui, et lui emprunta doucement son denden. Une fois entre ses mains, Haylor poursuivit:

-Notre petit spectacle va bientôt toucher à sa fin! J'espère très sincèrement que vous avez apprécié, et que vous apprécierez tout autant, voire davantage, ce qui va suivre. Je vais me faire écraser. Gustav donnera son maximum. Ne vous fiez pas à son air ridicule, et encore moins aux bruits idiots qu'on peut entendre quand on prête attention. Notre petit combat va bientôt toucher à sa fin, et... ce sera pour maintenant!

Gustav venait d'envoyer le signal: un gargouillement gastrique tonitruant qui retentit dans tout le gymnase.

Une ultime fois, il entreprit sa fabuleuse danse de malaxage ventrale, se déhanchant avec talent à la mode orientale, mais à un rythme bien plus effréné.

Et une fois cela fait...

-C'est l'heure de l'apothéose! Regardez tous, car voici...

Gustav se redressa, leva la tête, et éructa un colossal geyser de nouilles qui s'écrasa sur le plafond... avant de lui retomber dessus, s'agençant en une énorme masse qui le recouvra aussitôt.

Juste avant que Vaxholm ne soit englouti sous les ramen, Haylor lui jeta le denden, attrapé à la volée par un coussin de nouilles.

Et presque aussitôt, la masse de pâte se redressa, se façonna, pour finalement devenir...




Technique Spéciale - Ramen Arts


L'Animation du Juggernaut de Pâtes!








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Il était grand.

Il était gigantesque.

Il mesurait plus de sept mètres, avec une forme humanoïde très prononcée. En incroyablement musclé, tout particulièrement au dessus du torse.

Les fibres nouilleuses, avec son aspect érigé, donnaient l'impression d'avoir un géant décharné en face de soi. Un tas de muscles saillants et dépecés.

Il s'agissait d'une technique emblématique du Ramen. Certains l'appelaient le colosse. L'armure. Le Titan. Voire le Costume Formel. Tous le nommaient pour spécifier quelle était leur propre adaptation de cette technique centrale, avec ses personnalisations fétiches.

De la même manière qu'un sabre pouvait être façonné, travaillé et renommé selon une presqu'infinité de potentiels, chacun concevait sa version de cette technique.

Et pour Gustav, c'était le Juggernaut de Pâtes. Une monstruosité qui laissa le public béat, époustouflé.

Le combatant était situé à hauteur de la tête du golem, la moitié du corps enfoncée dans sa création.

-Et vous n'avez encore RIEN vu! GOLEM, l'HEURE EST VENUE!

RAMEN-KEMPO-HIGH-OUGI:

JUGGER TEIO FORM:

AAAACTIVATIOOOOOOONNNNN!

À cet instant, la création se redressa, bomba le torse, leva les bras. Les centaines de filaments nouilleux qui le composaient s'animèrent comme des vaisseaux sanguins, et avec eux le Juggernaut prit vie. Même s'il n'avait pas de doigts, on pouvait clairement le voir brandir ses poings en direction d'Haylor, en adoptant une garde haute digne d'un adepte des arts martiaux.

Les exclamations du publics décuplèrent d'intensité. Ça n'était pas simplement spectaculaire: c'était réellement époustouflant et magnifique à regarder.

La sorcière n'avait pas bougé. Eva se contentait de sourire comme une enfant, toujours aussi admirative devant le talent de son partenaire, et de l'ampleur de sa création. Peu importe que celle-ci soit sur le point de lui asséner un crochet magistral. Vraiment sur le point.

-ON FINI EN BEAUTÉ!
-SEULEMENT SI TU M'ATTRAPES!

Une fois de plus, Haylor avait fouetté d'un Iai éclair son adversaire, sur son visage découvert, pour interrompre son action ; le colosse entier avait vacillé. Qu'à cela ne tienne: l'autre allait insister.

-OK, AUCUN SOUCI, JE RECOMM...
-ET UN DEUXIÈME!
-PLUS RIEN À BATTRE, TU PEUX L'FAIRE QUE DEUX FOIS. ET MAINTENANT... RAMEN-JUGGER-PUNCH!
-QUE NON!

La miss recula d'un seul pas, basculant vers le vide pour esquiver le grand crochet du monstre. Lorsque l'autre essaya de l'intercepter, elle raffermit sa prise sur ses deux chaînes maintenant ancrées sur le plafond, et les rembobina pour se tracter vers les hauteurs, s'élever hors de portée.

Le temps que Vaxholm essaie de l'attraper, elle avait déjà retissé sa toile de câbles pour se laisser glisser sur ses nuages, non loin de son point de départ.

-ÇA NE SERA PAS FACILE NON PLUS, GUSTAV!
-BAH! ESSAIE D'ALLER PLUS VITE QUE... ÇA!

Le Juggernaut balança ses bras de chaque coté de lui pour les rabattre, pulvérisant presque tous les nuages d'Haylor dans la foulée. Le demoiselle se retrouva ainsi coincée sur une simple parcelle de cumulus, volontairement épargnée par son ennemi. Elle se situait tout de même à une dizaine de mètres au dessus du sol: une chute aurait été mortelle, et ça n'était pas le but.

-C'est déjà fini, non?, s'enquit le pâtissier.
-Pas nécessairement. Tu me laisses une minute?
-Ah. Ça serait de bonne guerre. Tu m'as laissé avoir mes sacs...
-A merveille. Dans ce cas...

Eva ressortit des coquillages gorgés de nuages de sous sa jupe. Elle déploya alors une multitude de chaînes qui se relièrent un peu partout au plafond. Et à chaque chaîne, elle accrocha un de ses dials, armé de manière à dégager de la vapeur en continu. Lorsqu'elle relâcha le tout, c'était un large échafaudage qui se constitua de lui même dans les hauteurs, tout autour du colosse. Gustav écrasa une de ces plateformes, pour voir à quelle vitesse elles se reconstituaient. Une dizaine de secondes pour les dégâts qu'il venait d'infliger, probablement le double ou plus s'il s'y prenait méthodiquement.

L'espace de quelques instants, son regard balaya le public d'un air satisfait. Leur débauche d'effets spéciaux ne cessaient de les gagner, et c'était incroyablement jouissif à constater.

Il en venait presque à regretter que sa partenaire se restreigne sur l'utilisation des boules de feu. Bien sûr, c'aurait été horriblement dangereux. Pour le public, pour le gymnase, et pour lui même. Son golem n'avait pas la moindre chance contre les flammes pourpres d'Evangeline. Mais même ainsi, le spectacle aurait été gagnant.

-Pas mal du tout, les nuages. Dommage que je les détruis vingt fois plus vite que tu ne les créés.
-Mais c'est le but. Fais toi plaisir!

Mais il n'obéit pas. D'un grand coup de patte pâteuse, Gustav balança Evangeline beaucoup plus loin en arrière. Ça n'était pas parce qu'il était énorme qu'il en devenait lent oumaladroit, car il gérait très bien son art.

Elle aussi, était devenue habile. Suffisamment pour se balancer de chaîne en chaîne, de liane en liane pour mettre de la distance entre eux. Mais ses mouvements de balancier étaient beaucoup trop prévisibles, et Gustav pouvait aisément l'attraper en plein vol. En apparence, du moins. Haylor pouvait faire tout ce qu'elle voulait de ses chaînes, y compris les arrêter en plein vol ou modifier totalement sa trajectoire. Mais il s'en fallait toujours de peu.

Et alors qu'elle venait tout juste d'atterrir pour la troisième fois, Vaxholm s'était lancé pour être sûr de l'attraper. Elle n'avait pas d'issue.

Pendant un instant, elle hésita à employer ses boules de feu chimiques. Elle en mourrait d'envie. Le bras du colosse aurait fondu comme du beurre, le projectile aurait atteint le torse du Juggernaut et l'aurait traversé de part en part. Pour finir sa course dans les gradins. Mauvaise idée.

Alors, sentant qu'elle n'aurait jamais la moindre chance d'éviter ça, Evangeline n'essaya même pas d'esquiver l'attaque.

Au lieu de ça, elle lâcha la chaîne qu'elle tenait dans ses bras, en agrippa une autre en refermant un genou dessus, et se laissa choir en diagonale, vers les spectateurs les plus proches.

Vers un spectateur en particulier, plutôt.

Sigurd ne savait pas trop ce qui lui faisait le plus peur. Sa partenaire qui s'apprêtait à lui débouler dessus à toute vitesse, les bras tendus et tête en bas, ou l'énorme poing de nouilles tressées qui la suivait. Réagissant en catastrophe, il se redressa et tendit les bras pour la guider vers son torse, en espérant pouvoir amortir le choc. Les deux partirent à la renverse, et furent tout de suite plaqués au sol par l'énorme tas de pâtes qui s'effondra sur eux.
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Et allongés contre le sol, en face à face avec l'une appuyée sur l'autre...

-Taaaah. Il fallait vraiment que ça finisse comme ça?

Ils étaient aplatis. Le géant restait assez délicat pour ne pas les broyer contre le sol, seulement les y maintenir. Et les couper du monde.

-J'ai eu l'idée à la dernière minute.
-Et vous trouvez ça drôle?
-Maintenant que j'y suis... non. Mais vous n'avez pas l'air de trouver ça désagréable, remarqua-t-elle en se fiant aux mains qui parcouraient son dos.
-Clair que j'ai toujours rêvé de me faire engluer sous des ramens géants...

Tout ne dura que quinze secondes. Le temps qu'à l'extérieur, on considère la défaite d'Evangeline indubitablement actée. Le poing de nouilles se redressa alors, libérant les Nowel dans grand bruit de succion. Ils purent entendre les applaudissements, les félicitations des spectateurs. Instinctivement, la miss se renfrogna de suite, baissant les yeux, rentrant la tête. Elle était habituée à organiser des événements pour un public, et se donner du mal pour lui, mais pas à en recevoir les honneurs. D'où son comportement. L'autre lui pressa doucement la main pour l'encourager à leur faire face, en rajoutant quelques paroles apaisantes. Et elle y réagit très favorablement, au point de sourire en retour à son public.

C'était presque fini.

Ce dont elle avait besoin maintenant, c'était...

Une douche.
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-Vous avez réussi à nettoyer vos vêtements? Et les miens?
-Technique de marin. Je déteste le sel, sur la peau, sur les fringues ou dans les cheveux. Donc j'ai appris à faire beaucoup avec très peu. L'amidon de pâte c'est trop facile, pour comparer.
-Et pour les sécher aussi vite?
-Ca, c'est un art encore plus secret que le Moebius de Cedelborde, retoqua la jeune homme.

À moitié rhabillé, Sigurd sortait tout juste de la douche. Où il venait de finir sa petite lessive artisanale, en même temps qu'il se décrassait lui. Ils étaient dans le vestiaire des femmes du gymnase, une vingtaine de minutes plus tard. Seuls, évidemment.

-Alors, qu'est ce que vous en dîtes? Notre spectacle était comment?

Elle faisait de son mieux pour ne pas avoir l'air trop contente. Son sourire satisfait était très naturel ; rien à voir avec l'énorme grimace abrutie de bonheur qu'elle aurait affichée seule dans son coin. Même ses intonations, pourtant parcourues de trémolos ensoleillés, ne la trahissaient pas tant que ça. Le simple fait qu'elle vienne quémander un avis et des compliments, par contre, était exceptionnel. Alors, Sigurd s'en donna à coeur joie. A sa façon, malheureusement.

-J'en dis que c'est la catastrophe. Je crois que j'ai perdu vingt points de QI quand mes neurones ont essayé d'accepter que la ninja contorsionniste qui jouait à l'araignée volante devant tout le monde, c'était bien vous. Parce qu'on m'aurait expliqué ça ce matin, j'aurais juste dis non, c'est pas Haylor.
-Aah?
-Et mon estime a ENCORE plongé de dix étages à cause de vous. Déjà que je galère pour vous suivre plus d'une minute quand faut courir, si maintenant vous devenez un monstre acrobatique EN PLUS d'être une sorcière qui déchire tout ce qui bouge, je fais absolument pas le poids. Heureusement que j'ai de l'humour et assez peu d'amour-propre pour me permettre de faire des trucs merveilleusement débiles et d'entraîner les gens dans mon sillage, sinon ça l'ferait vraiment pas. Et que je suis riche à en vomir, aussi. Mais vous l'êtes autant que moi donc ça compte pas.

Encore qu'il se donnait surtout l'impression de ne parler que de lui, en fait. Aussi rectifia-t-il:

-Bref, tout ça pour dire, je suis scié. Vraiment bravo. C'était par-fait. Vous êtes magique. Vous êtes encore plus merveilleuse et formidable que la semaine dernière. Et plus acrobatique, surtout. Vous me racontez comment vous avez fait tout ça?
-Euh... je dois?
-Beeen... sauf si vous voulez pas... ou que vous avez des choses à cacher... ou...
-Plus tard, éluda-t-elle en repensant, blasée, au descriptif de la technique qu'elle venait de poser. Je préfèrerais plus tard.
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-Et qui était cette femme, au fait?
-Oh, j'étais devenu certain que vous y auriez pas pensé, tiens.
-Et vous vous êtes trompé. Vu le temps que vous vous êtes... mmph. Alors?
-Rassurez-moi, vous seriez pas jalouse? Pas avec le nombre de fois que vous me dîtes que je deviens insupportable à l'être, surtout.
-Répondez et ce sera tout, esquiva l'autre.
-Rhooo. Ben je vais vous dire exactement ce que je lui ai dis à elle.
-..?
-Je vais me faire défoncer quand ce sera fini, glissa doucement Dogaku.
-Parce que vous avez ignoré une bonne partie du combat?
-Nan, répondit-il doucement avant de se rapprocher tout près d'elle. Parce que si je vous dis que je tapais la discut' avec la princesse du pays, vous ne pourrez pas me croire. Même si on la voit le lendemain pour lui demander de confirmer. Mais comme je suis trop subtil pour mentir et me simplifier la vie, eh bah voilà.
-...
-...
-...
-Alors?
-...

Pour toute réponse, la sorcière se contenta d'adresser un regard aux gradins, à la recherche de la jeune femme capuchonnée. Qui avait disparu. Qui n'était plus nul part. Elle se retourna donc vers son partenaire, très intriguée.

Il n'y avait que deux options. Une plaisanterie, ou la vérité. Et il avait l'air beaucoup trop amusé pour que ce soit une plaisanterie. Alors, ce devait être...

-Qu'est ce qu'elle fait là?
-Ça, elle refusait de le dire. Elle avait plutôt l'air de vouloir faire un crochet pour nous voir. Je crois qu'on a une fan.
-Nous voir?
-Ben tout le monde parle de vous. De moi. De nous. Entre la sorcière de Norland, les chevaliers de Nowel, le mec qui monte des émeutes en beuglant sur une vilaine contrariété, les deux gérants d'HSBC dont les affaires croissent comme des champignons, et le fait qu'on claque maintenant un fric de dingue sans rien broncher, ça m'étonne pas qu'on rende curieux. Même une princesse.
-Mmmh. Peut être.

Haylor était plongée dans ses pensées. Sigurd s'en rendit compte, mais l'attribua à tort à la surprise, ou l'incompréhension.

Or ça n'était pas du tout cet esprit qui accompagnait sa partenaire, en ce moment. Elle s'entraînait ici, parmi les révolutionnaires, depuis plus d'un mois. La majorité d'entre eux n'étaient que des sympathisants locaux, pas des agents de terrain. Rares étaient ceux qui cadraient avec le stéréotype du chien fou de la révolution. C'étaient des gens presque normaux, qui adhéraient pourtant à une communauté idéaliste. Ils n'en restaient pas moins... et même plus normaux qu'elle. Elle ne partageait pas du tout leurs convictions, et encore moins leur esprit volontaire et bénévole. Elle pouvait aider quelqu'un d'autre, et y prendre plaisir. Mais pas en sacrifiant quoi que ce soi.
Pourtant, elle s'était fait plusieurs amis, ici. À force de s'exercer ensemble, les gens en venait à se faire confiance, à se respecter et à se connaître. Puis à s'accepter.
Et le fait d'être acceptée ici lui avait permis d'entendre et d'apprendre de nombreuses choses. Qui faisaient parfois écho à d'autres rumeurs qu'elle avait déjà entendues, ailleurs.

Sigurd venait de lui dire que la princesse était dans ce complexe. Et elle savait qu'un comité de cadres révolutionnaires devait se rassembler ce soir même, en parallèle de leur petit événement.

En d'autres termes...

-Eh, Lilie! Qu'est ce que vous faîtes? J'espère qu'on dérange pas, mais... on a besoin de toi!
-Oh, Gustav. Oui, oui... nous arrivons!, répondit-elle.

Elle jeta un regard à Dogaku, désormais sec et rhabillé, puis leur ouvrit la porte. De l'autre coté, une vingtaine de personnes qui étaient venues chercher la vedette de leur spectacle.

Un spectacle qui avait fait sensation, à en croire le nombre de spectateurs restés pour parler avec ses acteurs. Sigurd suivi le mouvement sans faire de vague. Il ne connaissait personne ici, mais n'en avait pas besoin. On l'invita à se joindre à tous, il échangea sur quelques trivialités avant de se diriger sur le buffet dressé par ceux qui avaient combattu ce soir. Plus consistant et travaillé que les en-cas proposés aux visiteurs, sans aucun doute. Les fines tranches de rosbiff assaisonné, les tartelettes de légumes en particulier lui plaisaient bien. Et c'est en voulant se resservir une troisième fois que...

-Eeeeeeeeh! Dîtes, vous.
-Bonsoir?

Elle était blonde, petite, d'un air assez quelconque. Moins d'un mètre soixante, vêtue d'un ensemble sportif un peu trop grand pour elle. Un masque du tâches de rousseur, presque symétrique, ponctuait ses joues et ses narines. À cause de son regard vague, ses épaules affaissées, elle avait l'air assez quelconque.

-Je connais cette main. Et cette dégaine. Vous seriez pas la femme qui m'espionnait, planquée dans une motte de fouin, avant-hier? Quand je suis sorti de la poste?

La femme à qui il s'adressait le regarda sans réagir. Ses joues s'étirèrent légèrement, sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche. Alors, Sigurd poursuivi, presque amusé:

-Boah. Je commence à connaître vos trucs, hein. Et puis, ce cri d'aigle à chaque fois que vous faîtes le grand plongeon... c'est pas ultra discret, en fait.
-Je crois que vous faîtes erreur, Sigurd. Oh, je m'appelle Ambroise, précisa-t-elle en voyant son air embêté au son de son prénom.
-Euuh... Sigurd Dogaku. Enchanté.
-Chuhuhu... oui. Je sais.
-Et moi je sais que c'était vous. La révo de l'Umbra d'il y a deux jours.
-...
-Et j'aurais voulu vous demander si vous aviez une idée du nombre de sbires du cipher pol qu'on pourrait débusquer sur Norland si on essayait sérieusement. Enfin, quand je dis on, c'est nous les habitants, hein. Et les autorités.

Ambroise hésita. Cette fois, elle l'observa d'un air vraiment curieux. Puis son visage changea du tout au tout, comme si un masque de maquillage était tombé sur ces simples paroles. Son regard était vif, ses pupilles éclairées, son teint sembla s'éclaircir subitement. Mais elle s'affaissa encore un peu, et semblait plus petite que jamais.

-Ça ne servirait à rien d'autre que d'éveiller l'attention des bureaux. D'autres reviendraient immédiatement si vous retirez ceux là. Plus nombreux, plus forts. Et plus attentifs. Surtout à vous.
-Et si on les refourgue aux autorités et qu'on fait plus de bruit que ça?
-Vous pensez sincèrement que ce serait une bonne idée?
-Vous pensez sincèrement que j'aurais fait quoi que ce soit si j'avais pris le temps de me poser cette question?
-J'ai cru comprendre qu'Eva se chargeait de vous faire réfléchir.
-Seulement pour les petits machins. Pour tout ce qui est vraiment idiot, je frappe sans crier gare, et elle suit joyeusement.
-Ce dont vous me parlez n'est pas idiot, c'est juste suicidaire. Personne ne vous suivra.
-Bah les CP ne sont pas censés être là, donc à partir de là...
-Les cipher pol ne sont pas censés exister où que ce soit, mais ils sont où ils veulent. Partout. C'est le principe du cipher pol!
-Eh ben peut être que les autres se laissent allègrement chier dessus, mais ma mère m'a appris un truc très important: pas de ça chez moi!

Certaines personnes pouvaient reconnaître dans ces quelques mots une allusion au dernier tour de force de Dogaku. Et il se trouve qu'Ambroise était de ceux là. Mais contrairement à d'habitude, elle sembla plus inquiète qu'impressionnée.

-Non. Le gouvernement mondial ne fonctionne pas comme les pirates ou les mafieux, Sigurd. Vous ne pourrez pas les éjecter en protestant vertement en plein public pour motiver tout le monde. Ça ne marcherait pas. Et si jamais ça marchait... ça serait inviter la marine à venir!
-On a déjà éjecté des marines de Norland pour moins que ça.
-Ça n'est pas du tout la même... vous voulez que le pays entier se fasse labeliser anti-gm, pro-révolutionnaires, et se fasse rouler dessus par la marine?
-Ça, je crois que vous êtes précisément en train de vous en charger vous même. Vous êtes comme des pestiférés en train de contaminer Luvneel. Vous êtes de plus en plus nombreux, alors qu'on a pas besoin de vous. C'est vous qui avez besoin du pays. Et plus vous êtes nombreux, plus vous le gangrènez, plus vous êtes susceptibles d'attirer le GM. Parce que les gens aiment ce que vous dîtes parce que c'est beau et vrai... mais impossible. Vous êtes une bombe à retardement, et un jour ça nous pètera dessus. Et ça sera de votre faute. Et aussi de la mienne. Parce que j'aurais pas osé sortir hurler dans la rue et militer proactivement contre vous tous. Encore que j'ai déjà fait quelques commentaires dans mes grands jours, mais jamais comme il faut. Et pourquoi ça? D'une parce que j'ai la flemme, deux parce que j'ai la trouille, trois parce que ça serait vraiment débile de ma part de le faire vu que ça serait le meilleur moyen de filer un prétexte au GM pour...

Sigurd s'interrompit. Tout le monde le regardait. Il avait haussé le ton, s'était énervé seul, et entretenait son ressenti en se rendant compte que beaucoup trop de monde penchait de plus en plus pour le mouvement de Freeman. Ambroise remarqua tout ça, et préféra laisser glisser. Pour simplement répondre:

-De toute manière, c'est impossible. Vous ne parviendrez jamais à quoi que ce soit face au gouvernement. Ou à la révolution. Personne ne vous suivra.
-Et pourquoi pas?
-Parce que vous présumez totalement de vous.
-Je ne m'énerverais pas si j'étais convaincu que je ne peux rien faire. Je peux faire quelque chose. J'ai déjà fait pire. Et c'est pour ça que le GM et vous me surveillez. Parce que vous vous méfiez.
-Parce que vous êtes utile.
-Pour vous vomir dessus?
-Vous êtes utile pour le pays. Vous avez beau être infect et désespérément cupide, vous faîtes énormément de bien dans le...
-Non mais ça va, on se calme? Cupide? Si j'étais si cupide que ça, j'aurais joué au chasseur de primes et vendu tout le bâtiment pour récolter mon fric, hein!
-Sigurd...

Deux mains vinrent se poser sur son bras, et l'étreindre avec douceur pour l'apaiser.

-J'aimerais que l'on s'en tienne à ça, interrompit Evangeline en se rapprochant de lui. Je ne vous ai pas réunis pour une... prise de bec.

Il ne répondit pas, mais venait d'ouvrir la bouche d'un air grincheux. C'était comme s'il mourrait d'envie de dire quelque chose d'horrible, mais qu'il s'en retenait du fait de sa partenaire. Sentant sa progression, elle continua son déminage :

-Sigurd. Ambroise est chef créatrice au sein de la maison de Montblanc. Spécialiste des entrées et mises en bouche. Le potage-caviar-avocat-fruits de mer, c'est elle.
-Sérieusement!?!

L'expression de Dogaku se transforma en une étrange grimace. La maison Montblanc était l'une des dernières pépites découvertes par le duo. Un traiteur de très haut vol, qui disposait aussi d'un restaurant, et qui se faisait un devoir de faire voyager sa clientèle sur les sept mers en incorporant dans ses préparations des ingrédients typiques de cultures qui ne s'étaient presque jamais rencontrées. Et lui adorait ça, surtout en ce moment.

-Naaaaaan.
-Si.
-Vous êtes gé-niale, j'adore ce que vous faîtes. C'est vraiment fabuleux.

Encore un peu hargneux, mais aux trois quarts souriant. Il s'amusait de l'ironie de la chose, mais était parfaitement sincère. Et puis, peut être qu'en fin de compte... ça n'était pas le moment. Quelques caresses sur son épaule allèrent dans ce sens.

-Huuurmph... bon. Dans ce cas je propose qu'on interdise qui que ce soit de parler de révos ou de CP et qu'on passe simplement une bonne soirée. Verdict?
-Ça me semble très bien, répondit l'ombre de l'Umbra.
-Mais on reparlera de tout ça plus tard.
-J'y compte aussi.
-Merci, glissa Haylor.
-Mais va falloir s'occuper de moi. J'connais personne, ici.
-Je peux vous présenter? Il y a quelqu'un dont je suis sûre que...
-C'est pas un révolutionnaire?
-Et je croyais qu'on ne parlait pas de ça?
-Euh..
-Il est simplement neutre.
-Ha.
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C’était…

Deux hommes.

Deux anciens marins.

Deux amoureux de cette ville.

Deux armateurs à l’empire en naissance.

Deux nouveaux riches qui ne se refusaient plus rien.

Deux personnages qui aimaient faire les choses à leur manière.

Deux conducteurs d’affaires qui partageaient les mêmes tendances opportunistes.

-Alooooors… Gustav Vaxholm, c’est ça ?
-Sigurd Dogaku, reconnu l’autre.
-J’m’attendais pas à vous découvrir comme ça.
-Je ne m’attendais pas à ce que vous me connaissiez cette facette.
-Mwarharh. Je peux vous dire que j’adore les mots croisés et que je suis hyper fort en calcul mental, si ça peut rééquilibrer les scores.
-Haha. Pourquoi pas.

Donc forcément, oui. Evangeline avait raison. Ils étaient taillés pour s’entendre.

-Alors comme ça, vous connaissez HSBC ?
-Et vous donc. Vous connaissez IKEA ?
-C’est impossible de pas en entendre parler. Vous êtes devenus un des plus gros constructeurs du chantier en une poignée d’année. Ca fait ultra flipper.
-On fait plus dans la réparation que dans la construction brute… encore que plus maintenant. Mais je dois avouer que votre façon de faire… capturer des navires de pirate… nous a bien inspiré. C’était tellement osé… et tellement efficace…
-Pour ça que vous apprenez à vous battre ?
-Euh… non, c’est plus pour un passe-temps. Et puis, pour savoir me défendre. C’est toujours très utile.
-Ca je comprends très bien, ouais. Perso j’en suis resté aux bonnes vieilles armes à feu, toujours simples et pratiques à utiliser, mais…

Sigurd hésita un instant. Il se remémora brièvement le combat d’exhibition qui venait d’avoir lieu, et chacun de ses temps forts, et… lâcha un grand sourire. Puis pris sa décision. Il allait dire ce qu’il avait envie de dire, de la façon qui lui plaisait vraiment, parce qu’il y tenait vraiment.

-PUTAIN C’ETAIT QUOI CE MACHIN AVEC LES NOUILLES ET LE RAMEN ET LE COLOSSE ET… MAIS VOUS ETES TROP EXTRA !
-T’AS VU ?!
-MAIS C’ETAIT FABULEUX ! C’ETAIT GEANTISSIME ! C’ETAIT VRAIMENT MAFIQUE !
-COMPLETEMENT !
-LE MACHIN DE HUIT METRES, MAIS T’AS SOUFFLE TOUT LE MONDE ! JE CROYAIS QU’HAYLOR DECHIRAIT, MAIS ALORS CA, C’ETAIT VRAIMENT EXTRA !
-J’AI MIS TOUT CE QUE J’AVAIS, C’ETAIT LE CLOU DU SPECTACLE !
-CA EN VALAIT TROOOP LE COUP !
-SI TU SAVAIS COMBIEN DE TEMPS ON A PASSE POUR PREPARER CE MACHIN, J’Y AI PASSE DES JOURS !
-CA EN VALAIT ! TROP ! LE COUP !

Taillés pour s’entendre, littéralement. Ils étaient aussi abrutis l’un que l’autre lorsqu’il s’agissait de partager leur conception assez étriquée de ce qui était… spectaculaire.

-Cela dit, Lilie était énorme aussi. Une vraie trapéziste. Et ce qu’elle fait aux chaînes…
-Lilie ?

Sigurd tiqua sur le coup. Il avait bien compris, mais en était tellement surpris qu’il resta interdit. Juste pensif. C’était la première fois que…

-Eva, je veux dire.
-Eva ?, tiqua encore Sigurd.
-Evangeline ?
-Vous voulez dire Haylor, hein ?
-Eh bien… oui.
-Dîtes Haylor.
-Euh…
-Dîtes-le.
-… Haylor ?
-Ouf. Meeeeerci. Je me sens mieux comme ça.
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-C'est marrant, y'avait un très gros parallèle entre l'autre bonhomme et vous.
-Vous voulez dire Gustav?
-Ouaaaais. Pendant le combat. Vous aviez vos chaînes, et lui ses tentacules de pâtes façon langue de caméléon dardée à toute vitesse... c'est assez dégueu mais j'étais mort de rire, en fait. Je trouvais ça génial.
-Il est très doué. Ce qu'il fait est infiniment plus difficile que moi, et il ne lui a pourtant fallu qu'un mois pour...

Elle disait vrai. Vaxholm avait consacré énormément de temps et d'énergie à son apprentissage pour maîtriser le Ramen Kempo. Avant ça, il ne savait que se battre avec son corps, qu'il avait façonné pour devenir une arme exceptionnelle. Il en avait eu besoin: Gustav était un aventurier opportuniste, un homme de qualité qui avait beaucoup prit la mer pour épancher sa soif d'émerveillement et de découvertes. Son père, officier dans la marine mondiale, avait très vite intégré l'art du combat dans son éducation ; il avait prévu que son fils y consacre au moins plusieurs années de sa vie, avant de s'établir dans le beau monde. Un parcours que Vaxholm avait décliné, préférant le train de vie moins spartiate d'un voyageur, explorateur des mers.

Une fois rassasié et de retour au pays, il avait rapidement investi ses trésors accumulés sur l'équateur, pour se faire nouvel armateur indépendant... et envoyer des hommes rapporter des richesses d'expéditions lointaines. Il avait décidé d'apprendre le Ramen pour pouvoir mieux se défendre face à quiconque aurait l'idée de s'en prendre à lui pour ses richesses.

Haylor, c'était exactement le contraire. Elle n'avait jamais eu à se battre, et encore moins souhaité apprendre à le faire. Même de son temps dans l'armée, où sa formation de combat était restée sommaire, et son poste de commissaire à l'écart des batailles. Jamais assez loin, cela dit. Mais c'était terminé. Elle était devenue sorcière et s'entraînait maintenant pour une seule raison : ça l'amusait beaucoup. Ce qui désespérait beaucoup son partenaire. Qui se prêtait pourtant au jeu. Surtout après des démonstrations comme celle de ce soir.

-Mais y'a quand même un truc dont...
-...
-Aaarf.
-Oui?
-Donc vous l'admirez, vous le tutoyez, vous vous entendez s-u-p-e-r bien avec et il vous appelle Lilie? Pourquoi je me sens triste, haha?

C'était plutôt abrupt. En ignorant son aparté, le ton de Sigurd était purement interrogatif, presque amusé, mais la phrase venait d'être glissée avec assez d'insistance pour que ses implicites soient clairs. Haylor resta à le considérer sans trouver quoi répondre tant ça lui semblait parachuté. Elle n'avait pas prévu ça.

-Me regardez pas comme si je disais un truc bizarre, se défendit l'autre, je vous ai jamais vu tutoyer quelqu'un. À part votre père au téléphone, et même là vous vous planquez pour être à l'aise. Et les enfants qui vous croisent. À côté de ça, même les crabes géants et les robots de combat, vous les vouvoyez, quoi!

Elle n'avait pas prévu ça et le trouvait horriblement agaçant. Si elle n'était pas d'aussi bonne humeur, elle aurait sûrement...

-Sigurd, par pitié. D'abord vos rageries anti-révo, et maintenant... Gustav? Je n'aurais pas dû vous inviter?
-J'ai toujours dit que j'étais un gros con égoïste.

-Vous êtes juste stupide. Et...

Elle manqua bien de lui dire décevant. Ce qui lui brûla la langue, et aurait tout aussi bien enflammé l'autre. Heureusement, il la désamorça avec une autre de ses apartés idiotes.

-Eeeh, vous étiez pas beaucoup plus intelligente que moi quand je discutais avec la miss, hein.

La miss. La princesse de Luvneel. Tellement invraisemblable. Mais il ne mentait pas. Il ne mentait jamais... et encore moins à elle. Non?

-Et votre miss... est-ce que c'est bien...?
-Oui.
-...
-Non bah oui je l'ai vue et c'est oui. Vous lui demanderez demain, on a dit, si vous me croyez pas.
-Je vous crois, répondit-elle sans hésiter un seul instant.
-Ooh. C'est gentil, ça. Mémo perso: être un gentil bouffon qui joue franc jeu, ça paie sur certains points.
-Oh, non. N'hésitez pas à me cacher vos bouffonneries si l'occasion se présente.
-Ça me rappelle l'histoire de l'ours polaire que j'ai planqué dans mon bureau pendant que vous...
-Surtout ce genre d'histoires, oui.

-Mwarharh. Donc répétez. Il vous appelle Lilie?
-Oui, il m'appelle Lilie. Et il est beau et grand et fort et riche et séduisant et... vous m'arrêtez quand vous voulez.
-Z'imaginez bien que je me priverai pas.

-Il peut aussi m'appeler Eva, Evie, Vivie et... c'est très mal, d'être jaloux, vous savez?
-Que non. C'est parfaitement sain et naturel et légitime et...

*Smooch*

-... ouais ça m'va, chuis rassasié.
-Nooon. Avec si peu?
-Eeuuh... ben à mieux réfléchir, je suis pas sûr que...

*Smooch*

-Ah si, ça va super en fait.
-Très amusant.
-Rhooo. Me regardez pas comme ça, sinon je vais mourir d'envie de... eh, dîtes! J'peux vous appeler Vava, moi?
-Certainement pas.
-Pff.
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