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[FB] - La volonté du père

5h du mat’, un bras énorme vient m’arracher de mon sommeil d’enfant. Non, non, c’est pas un rêve, c’est bien mon putain de père qui me réveille aussi sec. Aller hop, debout. C’est l’heure de ton entraînement spécial qu’il me fait. Je peux même pas souffler deux minutes pour piger ce qu’il se passe qu’il me tire de mon lit et m’enlace contre son corps musculeux. J’ai 10 ans et qu’est-ce que je peux faire? Rien. Déjà que je suis ultra fatigué par la séance d’hier à me muscler et à apprendre à me battre. Je tends ma main vers ma peluche, mais mon paternel traverse déjà la porte de ma chambre. Je chiale, je sais ce qu’il compte faire de moi, car il m’a déjà fait ce coup là déjà à mon 9ème anniversaire. Je peux certainement échouer si cette fois la difficulté monte d’un cran. Je suis un gamin et il veut me faire homme. Il veut m’endurcir le plus possible tant bien que moralement que physiquement. Il me fait ça depuis mes 7 ans. Mais merde, quoi. Les enfants ont autre chose à foutre que de survivre à des conditions extrêmes dès leur réveil. Ils sont pas censés subir les méfaits de leur géniteur même si c’est soit disant pour leur bien. Mon cul, ouais. Je doute que si ma mère était encore vivante, elle accepterait que je traîne tout seul dans la forêt à une heure pareille. Avec les différentes factions autour qui peuvent pas se blairer, j’ai beau être neutre, ils ont que faire d’un môme comme moi et me feront qu’une bouchée. Quel cauchemar! Mon vieux avance à grand pas et traverse la pièce suivante. Je vois le petit déj’ sur la table de la salle à manger, tout chaud encore et tout délicieux.

- S’il te plait. Laisse-moi manger avant de me jeter dehors. Je ne peux pas commencer la journée avec le ventre vide.
- Ne fais pas de chichi, Baal. Tu sais que ça ne marche pas avec moi. Tu mangeras seulement si tu arrives à rentrer sain et sauf à la maison, ce que je te souhaite vivement. Et ne me déçois pas, car cette virée en forêt va être plus compliquée que les précédentes.

Fait chier! Le repas me nargue alors qu’on sort de la maison à grande enjambé. Je peux pas raisonner l’autre, il me sort toujours le même speech. C’est pour ton bien qu’il me dit, c’est pour te préparer à devenir un homme fort et robuste. Tu dois commencer l’entraînement dès maintenant. Il veut faire de moi le parfait petit soldat. Moi, je suis trop bien avec mes plans de constructions et mes chiffres. Le seul truc que je veux bien cogner, c’est le fer. Je veux pas tuer des gens, je veux pas voir des morts, je veux pas recevoir des ordres supplémentaires. Je souhaite simplement vivre une vie paisible et tranquille. Et hors de Skypiea histoire de plus revoir mon père et les différents partis qui se font la guerre. Ça me gave, je suis pas fait pour combattre et encore moins pour survire. Quand je vois que l’Homme sait faire que la guerre, ça me donne pas envie d’aider quiconque. Le Monde, c’est de la merde. Alors, j’ai décidé que je ferais ce que je veux quand je serais plus grand. Moi, je suis fait pour construire des machines. Des putains de machines pratiques et utiles. Je hais mon paternel. Il brise mes rêves à chaque fois comme il le ferait avec du verre.

- Où est-ce que tu m’emmènes cette fois?
- Ne t’occupe pas de ça, mon fils. Concentre-toi sur le moyen de t’échapper. L’épreuve est déjà en route. Je t’ai toujours dit que tu pouvais manger ton petit déjeuné si tu arrivais à rentrer vivant à la maison.

Je connais la chanson. Il me fait le coup à chaque fois que j’ai droit à cet entraînement spécial. Ça fait genre à la troisième fois maintenant. Il me promet toujours que je suis libre de retourner au bercail dès l’instant où on est dehors. Seulement, le hic, c’est qu’il a une sacrée poigne et je suis incapable de me délivrer de son emprise. Hé, je suis un môme sans force. Il me tient fermement par le bras, je peine à suivre le rythme de la marche avec mes pieds nus sur la terre, je commence à m’essouffler et à me faire des ampoules. Ça fait pas mal de minutes maintenant que la demeure est loin derrière. Mon père et moi, on habite en retrait des citoyens de Skypiea. Normal, on est neutre. On prend pas part à ce qu’il se passe autour des factions qui peuvent pas se piffrer. Si c’est ça la vie, ça donne pas envie. C’est pas qu’il préfère s’éloigner d’un peuple ou d’un autre pour ma sécurité vu le nombre de fois où il tente de me tuer, c’est plus pour m’éviter que je devienne mollasson en me faisant des amis dans les villes. Je suis un pauvre gamin seul au monde et sans pote. Et là, je risque de mourir au milieu d’un conflit qui me concerne même pas à cause de cet entraînement particulier. Tout ça pour quoi? Pour que j’apprenne à survivre et à me débrouiller seul dans la jungle. Il me dit que la vie, c’est la jungle. Je le crois, mais je m’en fou. Mais mon vieux me dit que c’est dangereux partout avec les Shandias d’un coté, les Anges de l’autre et les Sélénites encore de l’autre. Conscient du danger permanent, mon géniteur a choisi  de vivre  au cœur de ce problème volontairement pour pouvoir m’éduquer dans les meilleures conductions extrêmes. Merci du cadeau. Mon père est un ancien officier haut-gradé de la Marine et il a bien servi le Gouvernement Mondial. Depuis qu’il est à la retraite, il se dédie entièrement à mon apprentissage de futur bon soldat. J’en peux plus.

- Papa! S’il te plait!! Va doucement. Tu me fais mal aux pieds!

J’ai les larmes aux yeux et je sens que j’ai mal à la gorge. J’ai envie de hurler tellement je suis désespéré.

- Dans la vie, il te faudra surpasser des épreuves bien pires que ça, Baal. Tu seras bien content d’avoir mal aux pieds quand ils te sauveront la vie. Alors, arrêter de chialer et bats-toi.

Il veut dire par « bats-toi » que je dois arrêter de penser à mon mal de pieds, que la douleur est qu’une simple information, que je dois plus avoir peur, que je dois outrepasser tout ça… Facile à dire qu’à faire, ouais!

- Je ne peux pas, papa. Je n’arrive pas! Tu me fais mal!!
- Si tu pars comme un perdant, tu resteras comme un perdant toute ta vie! Si mes méthodes son rudes pour toi, mon fils, c’est parce que dans la vie, tu auras droit à des situations délicates et dangereuses où tu devras te débrouiller par toi-même pour rester vivant. Et si tu n’es pas préparé, comment feras-tu?
- Mais je ne veux pas devenir un soldat, papa! Lâche-moi, je veux retourner à la maison!
- Si tu tombes sur un criminel plus fort que toi, tu crois qu’il va accepter tes supplications? Non.

Il est chiant, il veut jamais m’écouter. Comment il veut que je tombe sur un pirate si je souhaite travailler dans un laboratoire scientifique pour apporter mes savoirs? C’est sûr que s’il veut que je devienne un Marine, j’aurais affaire à des pirates plus souvent… Il comprend pas. Vie tranquille dans un labo ou vie tourmentée à la rencontre des criminels? La réponse est vite trouvée...

- Geppou!!

Voyant que je peine à suivre, il commence à faire l’une de ses techniques bizarres et il se met à marcher dans le vide, toujours plus haut jusqu’à dépasser la cime des arbres. C’est la première fois qu’il me fait ce coup et je crains le pire. Ouais, ça sent le sapin. Je suis vraiment pas emballé. J’ai pas le vertige, mais je vois vraiment pas comment faire pour m’échapper de son emprise. Je gesticule dans tous les sens, mais rien à faire. Impossible de me défaire sans chuter comme une merde. On est à une dizaine de mètres au dessus des arbres.

- N’oublie jamais, Baal. La peur est l’arme utilisée contre les faibles. Ne crains jamais rien. Est-ce que tu as peur?

Il a la réponse. J’ai la trouille pour ce qu’il va m’arriver. La preuve en est que je me pisse littéralement dessus. Mon urine coule sous mon pyjama, c’est dégueulasse et gênant. Il fait encore noir, le soleil est pas sorti, mais je vois parfaitement où on est et où on va. On doit être à mi-chemin entre chez nous et Shandia, la ruine où se regroupent les Shandias. Eux, ils sont pas du genre à partager quoique ce soit. Si un étranger met le pied chez eux même par malheur, il signe son arrêt de mort. Et moi, j’ai encore toute ma vie devant moi, je veux pas crever. Parfois, je veux bien voir l’autre dans ses derniers moments histoire d’être libre et pouvoir me casser de cet enfer. Le hic, faut avouer que pour son grand âge, il a encore de la force et même plus encore... Le pire, c’est qu’il cherche à me cacher le plus possible ses fameuses techniques secrètes qu’il espère un jour m’enseigner.

J’abandonne. Tant pis pour le petit déj’, ça me gave. J’ai plus sommeil, je suis bien trop réveillé de toute façon. Je gaspille mes faibles forces. Je ferme les yeux, je repense à ma mère et à la maison quand j’ai le droit de bricoler. Je me dis que c’est qu’un stupide cauchemar. Faut pas déconner. Depuis quand les hommes savent voler? Ouais, c’est ça, c’est que des images qui défilent dans ma tête et voilà.

D’un coup, sans prévenir, mon père me laisse tomber. La sensation m’arrache de mes songes. Sec. Réalisant la triste vérité, je hurle de panique. Je vais m’empaler sur un arbre! Je lève les yeux vers le ciel, je vois mon vieux soupirer. Ça, ça veut dire que j’ai déjà fait une connerie et que la suite des évènements va être coriace. Je crois que je suis pas prêt de rentrer à la maison avant midi... Faut déjà que je trouve un moyen de pas m’écraser. C’est la première fois qu’il m’emmène aussi loin du bercail. Impossible de garder mon calme, je suis pas assez grand pour trouver des idées rapidement et de manière efficace. Cette fois, c’est sûr, je vais mourir.

- Aaahhhhh!!

Et quand je disais que ça sentait le sapin, faut le prendre dans tous les sens du terme. Je m’approche dangereusement des conifères. Au moins, avec une forêt épaisse, je suis sûr de tomber sur un arbre facilement. Peut-être que je pourrais amortir ma chute dans le pseudo-feuillage ou me suspendre à temps à une branche? Et voilà, c’est une fatalité, j’arrive à trente centimètres d’un épicéa. Je tente tant bien que mal de m’y accrocher, mes mains ripent et ça me fait horriblement mal. Je hurle non plus à cause de la peur, mais à cause de la douleur.

- Aaahhhhh!!

J’ai pas réussi. Mon dos percute alors une grosse branche, ça a craqué. Le dos, pas le bois. Et là, c’est la dégringolade assuré. Je contrôle plus rien. Je suis bon à mettre à la casse. Nature VS Baal, victoire pour l’arbre. J’arrive pas à diriger la façon dont je chute, j’enchaîne les rencontres avec les autres branches. Paf! Dans ma gueule. Boom, sur le bras. Et tiens, récolte un autre coup à l’autre bras. Et faut oublier les jambes. Je me prends des bleus de partout, j’ai même un œil au beurre noire déjà. Je me fais érafler la peau à chaque fois. J’ai l’impression de m’être fait casser un orteil ou deux. Mes doigts sont tétanisés. J’arrive à la dernière branche, je vais pour en saisir une autre plus haut avant de toucher le sol, mais malheureusement, je la rate. Mes couilles en payent le prix. J’atterris à cheval sur la branchette, elle craque. Je termine à plat ventre ma folle course sur une terre molle en plein milieu d’un sous-bois. On dirait que je suis toujours en vie, mais peut-être pas pour longtemps... J’ai mal partout et les Shandias peuvent me trouver rapidement. C’est seulement maintenant que je comprends qu’il fallait pas crier sous aucun prétexte… L’épreuve numéro une a été une catastrophe… Je suis autant paralysé par mon corps frêle, fatigué et tout cabossé que par mon manque de volonté à survivre. Je crois que je vais rester là et tant pis. C’est pas pour moi tout ça… Puis, de toute façon, je me sens affreusement faible pour me relever maintenant. En même temps, je suis qu’un gamin et c’est une chance que j’ai survécu à une chute pareille. Je ferme les yeux.


Dernière édition par Aran Z. Baal le Mer 02 Sep 2015, 10:04, édité 5 fois
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Golgoth, le père de Baal, scrute toujours d’un air nonchalant la forêt où on ne voit que des ombres informes à cause de la luminosité réduite. Le bois est une masse compacte de nuances de noir. Golgoth est un homme âgé, mais encore en pleine forme. Il n’est pas prêt de mourir de vieillesse. Ses rides et ses cicatrices sont les témoins de son passé tumultueux et riche en expérience. Sa peau s’est durcie avec le temps et à force de coups. Elle est mate et d’une couleur assez sombre. On aurait dit qu’elle est martelée au marteau. Tout comme son fils, l’ancien militaire est imberbe et ses cheveux noirs sont rasés court. Même en se tenant au milieu de nulle part dans les airs, on sent qu’il a de la prestance et on peut deviner qu’il a été quelqu’un d’important. Il se cache sous son long manteau usé de gradé. Pour cette occasion particulière, il s’est contenté de garder son pantalon de pyjama et il s’est chaussé de ses grandes bottes de Marine. Il ne porte rien d’autre sous son uniforme.

Golgoth vouait toute sa vie à son métier et avait toujours laissé peu de place pour sa famille. Il aimait particulièrement son travail au sein de la Marine et faisait systématiquement tout son possible pour être à la hauteur. Les différentes épreuves qu’il avait traversées lui avaient permis d’apprendre beaucoup de choses et de sortir plus fort. Aujourd’hui encore, si l’occasion lui permettait, il referait le monde pour apporter son aide au Gouvernement Mondial.

La méthode qu’il utilisait pour endurcir les jeunes soldats diffère légèrement pour Baal à quelque chose près. Golgoth a gardé aujourd’hui la base, mais les conditions de l’exercice sont poussées à l’extrême. Il n’avait jamais eu affaire à des enfants et comme Baal est son seul fils, l’ancien Marine a tout le loisir et le temps pour parfaire son soldat idéal. À vrai dire, Golgoth poursuit un vieux rêve sur son propre fils.

Même si cela ne se voit pas dans l’immédiat, Golgoth aime son fils plus que tout. C’est l’être qu’il a de plus cher. Il regrette d’avoir rien pu faire pour sa défunte femme qui est morte en accouchant de Baal. Quelque soit les épreuves en situation réelle qu’il force à faire à son enfant, il sera toujours là pour l’aider si les conditions l’exigent. Cela dit, il préfère avant tout que son fils se débrouille le plus possible comme s’il n’avait pas d’ange gardien pour le secourir à la dernière seconde. Et pour l’instant, il s’avère que Baal a toujours réussi à tenir jusqu’au bout.

Ne pouvant plus se fier à ses yeux, Golgoth fait appel à son mantra et parvient à localiser précisément Baal. L’homme âgé soupire à nouveau.

- Il n’apprendra jamais rien... Relève-toi, Baal, tu es en territoire ennemi.

Évidemment, Baal ne peut pas entendre de là où son père se tient. L’ancien gradé affiche une mine patibulaire. Intérieurement, il est au bord de la déception en sentant son enfant qui refuse de bouger, mais d’un autre côté, il espère voir sa progéniture s’acquérir des bons réflexes dans les plus bref délais. Parfois, le vieil homme souhaiterait interagir et foutre une bonne raclée à son petit soldat pour le faire avancer et le faire comprendre de vive voix que ce n’est pas comme ça qu’il apprendra à survivre. Seulement, Golgoth estime que le meilleur des enseignements est celui où on se fait ses armes par soi-même. Cela dit, le père de Baal est quelqu’un d’une extrême patience. Il attend sagement que les choses vont évoluer. Toutefois, il ne manquera pas de gronder son enfant une fois à la maison.

- Dépêche-toi et ne traîne pas. Ce n’est pas un jeu pour flemmarder! J’entends des voix se ramener vers toi.

Malgré son grand âge, Golgoth est un homme sans cesse anxieux. Il ne supporte pas les échecs et si Baal ne fait rien, le drame peut arriver plus vite qu’on ne le pense. Grâce à son Haki de l’Observation, l’ancien Marine est capable de déterminer le nombre de personnes qui s’aventurent dans la forêt actuellement autour de son rayon de perception. Connaissant les tensions entre les différentes factions, le père de Baal craint le pire. L’idéal est que son fils ne rencontre aucun individu et se mette en route sérieusement. Golgoth se concentre et écoute attentivement ce qu’il se passe autour des voix qu’il entend.

- Dépêchez-vous. Ayra ne doit pas être loin. Je compte sur vous pour la retrouver avant que le chef nous gueule dessus.
- Il faut vraiment que tu fasses quelque chose pour qu’elle arrête de fuguer, Kuzan. Elle nous mène la vie dure à chaque fois que ça lui prend.
- Ouais, Kawawate a raison. Ta petite sœur est une plaie quand elle décide de quitter le village comme ça.
- Hé! Doucement, les gars. Ce n’est pas de ma faute. Mettez-vous à sa place. Ce n’est pas facile de comprendre pour son âge.
- Ne mettez pas tout sur le dos de Kuzan. Ayra est une petite fille insouciante, il ne faut pas lui en vouloir. Elle est en pleine crise d’adolescence. Pour éviter que ça ne se reproduise à l’avenir, je m’occuperais d’elle à notre retour si vous voulez.
- Tu aurais dû proposer ça des années auparavant, Sephira… Maintenant, on se retrouve à traquer une gamine en plein milieu de la nuit parce que Kuzan ne la surveille jamais. Heureusement que Kawawate est un très bon pisteur et qu’on va aller vite…

Trois hommes et une femme. Et malheureusement, il y a un suiveur dans le groupe. Mais d’un autre côté, c’est plutôt une bonne chance que les Shandias sont à la recherche d’une fugueuse et qu’ils ne sont pas à la chasse d’un évadé. Il faut que Baal saisisse cette opportunité. S’ils traquaient un prisonnier, ça aurait été un peu plus compliqué…

Quant à la fameuse Ayra, elle court toujours au cœur de la forêt. Elle ne sait pas trop où elle va pour l’instant, la seule chose qui compte en cet instant c’est de quitter Shandia. Elle a quand même une idée du parcourt qu’elle doit faire pour arriver à sa destination, mais pour le moment, le trajet de base c’est tout droit. Elle tient le rythme et possède encore de l’énergie. Cette fois, elle est sûre de réussir. À elle la liberté! En tout cas, c’est ce qu’elle pense et ce qu’elle espère trouver. Quitter cette île sinistrée par la guerre.


Dernière édition par Aran Z. Baal le Mer 02 Sep 2015, 10:23, édité 3 fois
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Je sanglote comme une fille. Les couilles, les bleus, les égratignures, l’épreuve, mon père, cette vie de merde… Tout ça, ça me tord le moral. J’arrive à rien. J’entends comme un bruit plus loin et qui avance grandement vite vers moi. Cette forêt m’inspire pas, y’a des créatures de toutes sortes dans le coin. Je pense alors à ce que je pourrais faire quand je serais plus grand. Je me fixe un but, sinon, autant crever. Je me relève tant bien que mal. La douleur est encore présente. Je me frotte là où j’ai mal. Autant dire partout. J’ai l’esprit confus. Je suis déboussolé. Je sais que c’est la Vearth ici, que c’est le territoire des Shandias plus particulièrement, mais impossible de savoir quelle direction prendre. Par exemple, si je savais où était leur ruine, j’irais forcement à l’opposé. La poisse. Ça m’a pas aidé cette chute…

- Qu’est-ce qu’il disait le vieux, déjà? Ah oui. Suivre l’étoile du matin.

Je lève la tête, l’air interrogateur. J’espère trouver un ciel bien dégagé, mais je vois que des formes noires informes. Une légère brise de vent secoue lentement la cime des arbres. Au moins, j’arrive à tenir debout. Ça veut dire que j’ai rien de cassé. Bon signe. Impossible de voir au de-là du sommet des conifères qui obscurcirent tout. Quand on a 10 ans, on voit tout en grand. Et comme les arbres et les plantes sur Skypiea sont déjà énormes pour la moyenne, là, c’est dix fois pires…

- Je n’arriverais jamais à remonter… Bon, tant pis. Je vais trouver autre chose. La rivière ne doit pas être loin.

Je tente alors de me calmer. Tout est pas perdu. Faut juste que je tienne maintenant et que j’arrive à survivre au moindre danger. D’ailleurs, je suis même étonné qu’une bête m’a pas encore dévoré. Je rassemble alors le peu de courage qui me reste et je fais le vide en moi. J’écoute la nature. J’essaie de localiser un son d’eau. C’est dur de se concentrer. Le bruit que j’ai entendu tout à l’heure s’approche de plus en plus vers moi. Je suis sûr que c’est un animal qui m’a vu tombé et qu’il se ramène pour me manger. Sachant pas quoi faire et où me mette, je suis paralysé par l’incapacité d’agir. Je guette partout. J’aperçois alors une silhouette sur la bute en face de moi, mais j’arrive pas à l’identifier à temps qu’elle dégringole et déboule dans la pente jusqu’à moi. Je crois pas que c’est une bestiole. Je crois même que c’est une fille à cause des cris aigus. Elle aussi semble pas pouvoir se contrôler dans sa chute et enchaîne les roulades maladroites. Je me prépare. Soudain, elle sort du feuillage au contrebas et me percute de plein fouet. Elle s’écroule tout le long de mon corps et je tombe à la renverse.

- Ahhh!!

D’instinct, elle dégaine un couteau artisanal et me le place sur la gorge. Je peux lire malgré mon âge le stress qui se dégage de son corps et la panique dans ses yeux. Constatant que je suis ni un Ange, ni un Sélénite, ni même une bête féroce, elle s’empresse de me demander qui je suis. On dirait qu’elle a jamais vu d’humain.

- Mais… Mais qui es-tu?!

Curieusement, j’ai pas peur. Je suis un peu sonné, mais je continue de la dévisager d’un air benêt. Alors, c’est ça une fille? Elle est plus âgée que moi, peut-être trois ans ou quatre de plus. J’ai jamais connu ou vu de jeune femme auparavant, c’est la première fois. J’ai même pas de souvenir de ma propre mère. Les photos que j’ai d’elle sont là pour m’aider pourtant, mais ça marche pas vraiment. Puis, les seules descriptions que j’ai du sexe opposé sont les dictionnaires... J’ai complète oublié sa question tellement je suis intrigué et ma première réaction a été débile.

- Tu… Tu es une fille?
- Non, sans blague? Mais d’où tu sors, toi? Je devrais te trancher la gorge et me hâter avant qu’il ne soit trop tard. Pour la dernière fois, qui es-tu?

Je cligne des yeux, l’air penaud. Elle a du caractère. Elle semble savoir manier une arme alors que mon vieux estime que c’est pas encore le moment. Il m’a plus ou moins enseigné à désarmer une personne qui me menace pour lui voler l’avantage, mais là, je suis paralysé. Non pas par peur, mais je vois aucune raison de lui faire mal. Cette fille, j’ai l’ai compris. Elle s’est crue en danger. Je sens son souffle, un léger temps s’installe. Ça me frisonne et ça l’a dérange. Mes joues rougissent. Impatiente, elle s’apprête à passer à l’action, mais je me manifeste à la dernière seconde.

- Non, attends. Je suis un humain. Je…

Elle me coupe la parole.

- Alors, c’est ça un humain de la mer bleu? Tu t’es égaré, c’est ça? Tu as perdu ton équipage et tes amis ne peuvent plus te retrouver? Ahahah, jamais tu aurais dû venir ici, gamin. Tu sais pourquoi? Parce que tu foules les terres de mon peuple, les…

Je lui coupe à mon tour la parole. Hé.

- Les Shandias.
- Comment tu sais ça?! Si tu n’es ni un Ange, ni un Sélénite, qui es-tu?
- Un humain. J’habite ici depuis toujours…
- Alors tu sais que tu n’as rien à faire ici.
- Je suis le premier à ne pas vouloir m’aventurer dans ton territoire. Je suis désolé si je t’ai offensé, mais ce n’est pas de ma faute. On m’y a forcé!

La jeune guerrière me dévisage alors, l’air un peu complexée. Elle m’examine comme si elle cherchait une réponse. Elle se relève subitement. Ses jambes sur les miennes m’empêchent de partir, je sens son poids sur mon corps. Je peux alors remarquer le reste de son apparence. Son habille en plume du haut est largement ouvert et me laisse voir ses petits seins naissants. Je suis très gêné par cette vision. Sa silhouette est féline et gracieuse. Je constate qu’elle a un corps d’une guerrière. Son visage est affermi. Elle porte des tas de bijoux artisanaux à son bras, son cou, ses oreilles. Ses cheveux rouges sont à la fois longs et en bataille. Et ses yeux perçants sont d’une couleur ambre magnifique. Elle me jette un regard noir quand elle me surprend que je l’observe à mon tour d’un air désolé. Elle est vêtue comme une indigène, autant dire qu’elle se contente de l’essentielle. Elle constate alors que je suis en pyjama et que j’ai surtout pleuré. Alors, à ce moment-là, je vois une lueur de compassion naître dans ses yeux. Cette fille semble pas vouloir faire du mal par nature. Elle devient confuse à son tour. Elle s’empresse de se lever.

- Tu as de la chance. Les autres de mon peuple sont beaucoup moins indulgents. Même les enfants de mon âge n’auraient pas hésité une seconde de plus à te tuer. Je suis navré de t’avoir causé du tord, mais il va falloir que tu te débrouilles sans moi.

Elle range son couteau et reprend sans perdre un instant sa course. Je peux pas la laisser partir. Je l’interpelle.

- Attends! Où est-ce que tu vas?

Sans se retourner, elle crie simplement et disparait derrière un arbre.

- Loin d’ici! Et tu ferais mieux d’en faire autant!

Je suis pas bête. Cette jeune adolescente est fille Shandia. J’ai plus qu’à la suivre pour m’éloigner de ce peuple guerrier avant qu’ils m’attrapent. La douleur semble être passée. Je me mets à sprinter du mieux que je peux. J’ai plus de douleur aux pieds. J’ai bien peur qu’elle court plus vite que moi, mais il va falloir que je double d’effort. Je sais pas pourquoi, mais j’ai l’intime conviction que je dois rester avec elle.


Dernière édition par Aran Z. Baal le Mer 02 Sep 2015, 10:31, édité 3 fois
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- Ne t’attache pas trop à elle, Baal. C’est une Shandia. Elle peut toujours se retourner contre toi. Il faut des années pour pouvoir déterminer si tu peux faire équipe avec le premier étranger que tu rencontres.

Golgoth s’inquiète. Les Shandias à la poursuite d’Ayra s’approchent de plus en plus. Le soleil ne va pas tarder à se lever. L’ancien Marine décide alors de suivre son fils par la voie des airs. Quant aux indigènes, ils trouvent l’endroit où Baal est tombé. Ils identifient rapidement la scène et découvrent une piste.

- On a une piste.
- Où ça, Kawawate?
- Par là.

Kawawate désigne de son index le chemin que les enfants ont emprunté.

- Ayra est tombée sur quelqu’un. Ou plutôt quelqu’un est tombé sur Ayra.
- Qu’est-ce qui te fait penser ça?
- La terre est affaissée à cet endroit. Et juste au dessus, les branches de ce grand arbre sont cassées. Et en face de nous, on voit des traces de pas.
- Tu es un génie, Kawawate!
- Merci.
- Tu as une idée de la personne qui est tombée sur ma sœur? Un Ange ou un Sélénite?
- Je ne suis pas devin. Il ne faut pas m’en demander pas trop non plus.
- Hum, j’espère qu’on n’a pas affaire à un enlèvement…
- Tu te fais trop de soucis, Kuzan. Le jour se lève. Hâtons-nous.
- Sephira a raison. Plus vite on se met en route, plus vite on la retrouvera.

Le groupe de Shandias est formé de fiers membres, tous solidaires les uns envers les autres. Kuzan aime sa sœur plus que tout, elle est sa seule famille. Ses compagnons lui sont très fidèles et même si dans un premier temps ils semblent colériques contre Ayra, ils l’aiment aussi. La fugue de la petite pourrait être considérée comme un signe de traîtrise. Et par amour envers la jeune adolescente, les cinq Shandias l’ont toujours réussi à ramener à temps à la maison. Malheureusement, la disparition risque d’être dévoilée d’un moment à l’autre pour cette fois-ci. C’est la troisième fois qu’elle part au milieu de la nuit. Deux fois elle a été retrouve à temps par son frère et ses amis. Peut-être que cette fois-là sera différente?


Dernière édition par Aran Z. Baal le Mer 26 Aoû 2015, 15:23, édité 2 fois
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J’aperçois la fille au loin. Elle déboule entre les arbres gigantesques à toute vitesse, traverse les fougères épaisses sans avoir peur de se prendre les grosses toiles d’araignée, évite les obstacles gênants et emprunte l’itinéraire le plus sûr. Je fais tout pareil sauf pour un point. Je cours comme un bœuf en traçant le plus droit possible afin d’aller plus vite. Ça fait longtemps maintenant que j’ai plus mal aux pieds même s’ils doivent sûrement être en feu. Je la rattrape. Elle monte un endroit où la terre se relève sur plusieurs dizaines de mètres. Je lâche pas l’affaire. Je me dis que c’est la seule occasion que j’ai de pouvoir parler à une personne de mon âge même si elle est plus grande. Ma curiosité à en savoir plus me pousse et m’aide à aller plus vite. Je me fiche carrément de rentrer à la maison. De l’autre côté de la bute, j’entends la rivière. Je devine la trajectoire qu’elle va prendre, je prends alors un raccourci. Je commence à savoir où elle va. Elle va suivre le cours d’eau jusqu’au village des Arbres du GUANO pour poursuivre jusqu’à Highest Way. J’escalade alors la pente en coupant en biais. Je suis en haut quand je la vois descendre. Elle glisse un peu, mais elle garde son équilibre. Je l’interpelle.

- Hé! Tu sais que tu vas droit chez les Anges, là?

Elle reconnait ma voix et tourne la tête vite-fait. Elle est étonnée que je l’ai rattrapé aussi rapidement.

- Toi?! Tu cours vite pour un petit!

Elle commence à perdre l’équilibre et va pour dégringoler, mais elle arrive à garder sa stabilité et parvient à descendre jusqu’à la berge. Je continue de m’avancer vers elle. Maintenant qu’elle peut jeter un regard en arrière sans prendre le risque de tomber, elle fait volte-face et s’écrie.

- Je t’interdis de me suivre! On va se faire repérer à cause de toi! Les gens qui me poursuivent peuvent facilement nous repérer si tu restes avec moi.

Je déboule du mieux que je peux. Je suis à mi-chemin.

- Comment ça? Je ne suis pas lent, j’ai même réussi à te retrouver. Je ne vais pas te ralentir, je te le promets.
- Ce n’est pas ça. Écoute, t’es encore jeune, l’étranger. Tu ne dois sûrement rien comprendre, mais quand des personnes te traquent, ils suivent la trace que tu laisses derrière toi. Et moi, je m’efforce de masquer mes empreintes, chose que tu ne sais pas faire…

J’arrive à son niveau, le visage rassuré et plein d’espoir.

- Emmène-moi avec toi, s’il te plait. Je veux partir d’ici aussi.
- Tu es trop jeune.
- Et toi alors?

Je l’agace on dirait. C’est une vérité qu’elle semble pas accepter. C’est une enfant aussi. On est tous les deux jeunes pour cette virée en pleine nature. Elle soupire et elle fait un mouvement de tête pour me montrer que j’ai laissé derrière-moi un gros scion dans la terre. Je baisse le menton, vaincu.

- S’il te plait, emmène-moi avec toi. Au moins jusqu’à quitter Skypiea. Tu ne sais même pas quelle galère je vis.
- Et toi, tu sais quelle éprouvante vie je mène?

Je suis touché. Je trouve rien à dire. Je me contente d’avaler ma salive. Elle aussi dit plus rien. Sans doute qu’elle voit que je suis fatigué d’endurer les épreuves de mon père. Y’a quelque chose. On doit être pareille. Elle se remet à marcher, elle me refoule plus comme si elle s’est prise soudainement d’affection pour moi. On suit la rivière, le silence s’installe. Toutes les quatre secondes, elle jette un regard en arrière, l’air très inquiet.

- Je m’appelle Zett, mais je préfère me faire appeler par mon deuxième prénom. Baal.
- Zett? Baal? Effectivement, ton père ne doit pas t’aimer. C’est quoi ces prénoms?!
- Je ne crois pas qu’il y a un rapport.
- Pourquoi tu préfères Baal?
- Je ne sais pas vraiment. Et toi, c’est quoi ton prénom?
- Ayra.

Au loin, les voix de trois personnes se font entendre. La première syllabe est légèrement prolongée.

- Ayra!
- Où es-tu Ayra?
- Où te caches-tu, sœurette?

On s’est arrêté près d’un amas de cailloux formant comme une lucarne. Ayra m’agrippe alors et m’emmène sous l’avancée de pierres hors de champ de vision des inconnus. Elle me place contre la paroi du fond et elle fait le signe discret avec son doigt sur sa bouche. Curieux de savoir, je lui chuchote.

- Qui sont-ils?

Elle insiste.

- Mais chut! Tu veux te faire tuer? Ils arrivent.

Elle me met la main sur mes lèvres avec empressement. Le choc me fait percuter contre la roche derrière-moi. Je me mords la langue pour pas hurler. Je sens que sous mes pieds, ça bouge. Je baisse les yeux pour scruter le sol, mais je vois rien d’anormal. Soudain, la terre s’écroule sous mon poids et j’entraîne dans ma chute Ayra. Les pierres nous tombent dessus, on s’engouffre dans une grotte cachée, mais l’entrée par laquelle on pénètre se bouche aussitôt sous les gravats. Je me retrouve rapidement coincé au milieu des décombres, le corps d’Ayra est à nouveau sur moi. J’ai encore mal partout. Il fait noir, je sais même pas où je suis. Je sais même pas si on va pouvoir repartir, les débris nous bloquent le passage sans compter qu’une partie s’est éboulée sur nous. Je sens que le visage d’Ayra me colle au mien. C’est une sensation étrange. Ça fait quand même deux fois qu’elle se retrouve sur moi en une journée. J’essaie de me relever, mais impossible. Je sens qu’elle tente de faire de même, mais elle galère également.

- Tu n’as rien de cassé?

La colère l’emporte.

- Qu’est-ce que tu as encore fait?! Il m’arrive que des bricoles à cause de toi!
- Mais j’ai rien fait!
- Si! On va mourir parce que tu ne sais pas te tenir tranquille!

Elle me fait pleurer. Voyant que je chiale, elle me hurle encore plus dessus, me remettant toujours plus la faute sur moi. Les cris risquent d’interpeller ses poursuivants, mais à cet instant précis, elle semble plus vouloir faire attention à cause de sa soudaine haine envers moi. Elle me fait mal, je peine à résister. La cavité raisonne, ça veut dire qu’il y a un couloir qui mène certainement vers une autre sortie.

- Arrête! S’il te plait arrête! Tu es en colère, tu ne te contrôles plus.
- Je vais te tuer! Je vais me débarrasser de toi!
- Mais arrête! J’entends du bruit.

Je sens qu’elle va encore répliquer, mais aucun son sort de sa bouche. Je pense qu’elle doit mieux connaître la Vearth, elle doit bien savoir dans quelle genre de grotte on se trouve. La colère d’Arya disparait d’un coup.

- Il n’y a que nous.
- Je te promet d’avoir entendu du bruit.

De l’autre côté de l’éboulement on entendant les Shandias.

- Arya? C’est toi?
- Ne t’en fais pas, on va te sortir de là.
- Courage, sœurette. On est là pour te sauver.

Arya me met son doigt sur ma bouche et me chuchote.

- Chut. Plus un mot.

De l’autre côté, les Shandias tentent de nous débloquer. Les pierres glissent jusqu’à nous au fur et à mesure qu’ils débouchent l’entrée. J’aimerais vraiment lui expliquer que je suis désolé. Je sais pas quoi faire. Mes larmes coulent plus sur mes joues. Je tente de me délivrer pour montrer à Arya que je suis de son côté et que j’ai jamais voulu lui causer des problèmes. Je vois de la lumière tout d’un coup, le dégagement devient de plus en plus accessible. Je vois les Shandias désespérés et en train de se dépêcher.

- Plus vite! Elle risque de se faire manger d’un instant à l’autre!
- Attention!!

Peut-être qu’il y a pas de deuxième sortie à cette grotte. D’un coup, une ombre gigantesque me passe par-dessus la tête et se faufile à toute vitesse vers l’entrée où se trouvent les indigènes.

- Une araignée géante!

Je vois rien, mais j’entends aisément des bruits de lutte. Ayra arrive enfin à se dégager. Je me lève à mon tour. Je suis pas rassuré de savoir que la cavité abrite une créature pareille. Il peut y en avoir d’autres. Avec les Shandias de l’autre côté, je me retrouve en sandwich. Je supplie la jeune de venir avec elle.

- S’il te plait, fais quelque chose pour moi.

Elle dit rien. Je vois dans ses yeux qu’elle m’en veut encore. Sachant que c’est la mort qui nous attend à l’intérieur de la grotte, elle se met à escalader l’éboulis et commence à se faufiler hors de la vue de ses amis. Elle perd pas espoir et va chercher par tous les moyens à s’enfuir. Je l’admire. J’aurais aimé qu’elle me dise au revoir. Si elle peut réussir, pourquoi pas moi? Je monte l’amas de pierres à mon tour, mais je suis pas discret. Je me fais repérer au premier coup d’œil.

- Hé toi! Tu n’as pas le droit d’être sur nos terres!!

L’araignée vient juste d’être tué. Il y a cinq personnes armées. Je suis apeuré. La femme répond à celui qui m’a parlé.

- Doucement Kawawate. Tu vois bien que c’est qu’un môme.

La dame regard vite-fait ses compagnons et vient vers moi lentement. Je me méfie, ce sont des Shandias. Elle me montre qu’elle me veut pas de mal.

- Tu as bien de la chance, mon garçon. Tu aurais pu te faire tuer par cette araignée géante.

Je sais pas quoi faire. Je réponds pas. Je baisse la tête. Voyant ma timidité, elle continue d’avancer vers moi et tente de me rassurer.

- N’aie pas peur, trésor. On ne te veut pas de mal. Regarde.

Elle pose sa lance au sol.

- On ne pensait pas qu’un brave bonhomme comme toi ressortirait de la grotte. Vois-tu, on est à la recherche d’une jeune fille. Elle doit avoir ton âge. La pauvre, elle s’est perdue dans cette forêt. Si on ne la retrouve pas, elle risque de se faire manger par des vilaines créatures. Tu ne l’aurais pas vu, par hasard?

Je secoue la tête de droite à gauche. Ayra semble avoir toutes les raisons de fuir ces gens, car ils me prennent pour un gamin et ils me mentent. Derrière, l’un des hommes se dirige vers moi et dépasse sa collègue.

- Pousse-toi, Sephira. Tu vois bien que ce môme cache quelque chose. Je suis sûr qu’il était avec elle.
- Tu vois bien que tu l’intimides, Kawawate. Il ne dira rien s’il n’est pas confiant.

Le fameux Kawawate me menace avec le bout de sa lance. Je peux rien faire. Je vais mourir.

- Dis-moi où est la fille, gamin.
- Je ne sais pas…
- Menteur. Pour la dernière-fois, dis-moi où elle est.
- Arrête, Kawawate. Tu vois bien qu’il ne sait rien.

Elle s'adresse à moi et ignore son ami.

- Dis-moi, petit. Comment ça se fait que tu sois ici? Tu as perdu ta famille?

Au moment où la femme me demande ça, elle s’aperçoit de quelque-chose juste derrière mon épaule. C'est Arya qui court au loin et m'abandonne.

- Hé! Arya!
- Tu as vu Arya?!
- Vite, rattrapez-la! Elle court là-bas juste en face.
- Ne la touchez pas!

Je sais pas pourquoi, je trouve subitement un élan de courage. Je vais pour repousser la lame, mais c’est comme si je voulais pousser un mur. Je m’affaisse tout seul parterre.

- Dégage gamin!

Kawawate va pour me pourfendre, mais en un éclair, une silhouette apparait juste derrière lui.

- Shigan!!

Je vois l’épaule en sang, mais j’arrive pas à identifier celui qui a fait ça. Les autres indigènes n’ont pas le temps de réagir. La femme se retourne pour voir ce qu’il se passe, mais l’un des Shandias lui donne un ordre.

- Ne t’occupe pas de nous! Retrouve Arya et retourne au village!
- Je…
- Dépêche-toi!

Je vois celui qui vient de parler se faire blesser à la jambe, ce qui le force à s’écrouler en avant. Je sens la présence de quelqu’un, mais il va trop vite comme s’il souhaitait pas qu’on l’identifie. Je suis tétanisé. Je sais pas ce qui c’est, mais il s’en prendra peut-être après à moi. D’abord les hommes armés, après les autres… Je prends mes jambes à mon cou et je tente de joindre la dénommée Sehpira.

- Arya!

Je regarde plus en arrière. J’arrive même pas à dépasser la femme, que je vois un homme me faire soudainement face. Je réalise avec frayeur que c’est mon père. Je m’arrête net, paralysé. Il m’enlace dans ses gros bras, puis après je pige plus rien. Je l’entends vaguement prononcer « Soru » et « Geppou ». On a quitté la forêt en l’espace de quelques secondes. Je réalise qu’on est à nouveau dans les airs.

- Papa?! Mais qu’est-ce que tu fais?! Laisse-moi retourner sauver Arya!
- Si jamais tu revois cette fille, tu es mort.
- Mais qu’est-ce que tu racontes?! Elle n’est pas comme les autres. Laisse-moi la rejoindre!
- Quand je dis non, Baal, c’est non. Tu m’as beaucoup déçu. Tu as été mort quatre fois ce matin en l’espace de quelques minutes.
- Je ne comprends rien à ce que tu dis...
- Je te dirais ça plus clairement tout à l’heure. Maintenant, on retourne à la maison et on va discuter tous les deux de tes erreurs.
- Aaaaaaaaarrrrrrryyyyyaa!!!

Et sans que j’ai mon mot à dire, mon paternel m’emmène de force au bercail. Je sais bien que j’ai échoué, mais je comprends pas pourquoi il m’interdit de voir cette fille. Je pleure, je sais pas ce qu’elle va devenir. Ça me fait mal au cœur. J’ai le sentiment de plus jamais la revoir. Je hais mon père plus que tout, lui et ses stupides épreuves! Jamais je m’abaisserais à sa volonté!
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