Je suspecte le mage noir. Ce matin, j'ai vu un monde dans une bulle à rêves et j'ai eu l'impression folle qu'il s'est arrêté. Sûr que le cendrier n'est pas net. Un quotidien, presque jeté en pâtures. Les images de la grande guerre ont hanté mon esprit à moitié endormi, je me suis réveillé à 2h30 avec un rêve assez étrange en mémoire. J'étais une femme, enfermée dans un hôpital psychiatrique. Un gros boudin m'a fait une piqûre et m'a dit de me dépêcher pour aller grailler une sorte de pudding, je me suis retrouvé enfant dans une salle de classe, médecine ? Derrière moi deux portraits insensés discutant entre eux et affirmant que j'étais shooté, je distingue un paquet de clope à leur table et puis plus rien.
Les âmes sont fauchées sans trop savoir pourquoi, par le feu, une simple lame, le passé est horrible, monstrueux et inconcevable. Le mal est implanté en chaque être humain, tous égoïstes et je suis le plus envieux des hommes.
Je contemple la demi-lune et ouïe la violence verbale qui jonche les troquets. Je lis quelques phrases dans le journal qui me font dégueuler mon petit déj. J'ai perdu toute notion du temps. Je ne sais pas s'il fait jour ou nuit. Pour moi, il n'y a plus de différence, je vis dans un monde en noir et blanc. La grisaille remplace une morale morose et le vert de mes mirettes contemple les belles dames. Je ne sais plus si c'est l'été ou l'hiver. Est-ce qu'il fait froid, chaud ? Les deux ? Ma volonté surprend les passants ébahis qui reniflent le trottoir après la vague pesante qu'il ne pouvait éviter.
La faute au mage noir.
Il m'a ensorcelé et je manque ma dose journalière d'optimisme. Le nihilisme tiraille mon moi et ravive la flamme de la guerre. Je bois le sang de mes ennemis et j'affronte les peurs dans le bordel des tiersquart en feu. J'entends chanter la paix et l'insouciance, je mire la force d'une différence significative entre le mal baisé et le mâle brisé. Je vois l'avenir, l'espoir. La porte du purgatoire s'entre-ouvre...
Mes yeux se ferment, me revoilà dans le vrai monde !
22h39
Je tourne les pendules du monde. Le vaste éther perçoit les séquelles de l'homme qui fait tourner ces obus dans le ciel gris orangé. La voûte éclairée par des tirs de canons frôle en indécence mais ne s'incline jamais. Je suis le pirate invisible et je miroite la folie des grandeurs sous la joute verbale des fieffes qui use cette île. L'empyrée est assez grande pour tout le monde, on ne le croit pas. Mon affiche est placardé en trophée dans un obscur troquet où je me retrouve à siroter un Sempra.
Le barman est écroué, comme ces plus fidèles clients. Là, par terre, à causer au plancher. Simplement, j'attends la venue des soldats qui marchent par rangée. Dans ma plus grande conviction, je cesse de boire et observe la porte à double battant grincer. Ils pensent récolter la gloire en me capturant, ne savent-ils pas que je suis invincible. Du moins, je pense l'être. A un point où j'ai atteint le paroxysme. Soldat de plomb, chair à canon. Je crois avoir trop bu, faut que je décuve.
La gloire rime avec désespoir. Je suis porté par des mots muets. J'esquisse des gestes peu croyables. Exil libérateur, idéal salvateur. J'effleure la caresse du midi et l'expose à une heure tardive.
Je suis touché...
Cachée sous des trombes d’encre, j’entends tes larmes qui dégringolent. Et leurs chemins croisés ne veulent pas plaquer nos pas ! Au sol et pourtant… Tu m’as dit je sens, et s’il sent, je veux. M’accrocher aux ailes de papier un peu tordues de mes idées. Et sentir sous mes doigts les déliés tristes, ils signent la distance. Là ! Les traits d’unions signifient, les virgules soufflent l’hésitation, ce point n’est qu’un final, jamais le bouquet. Suivre le mouvement tremblé que j’aime à la violette, à la façon des yeux qui n’ont ni noir ni nuit.
Les couleurs de nos voix et de nos visages ont écrasé le mètre fourbu de l'habitude. Les sables amers n'ont pu que changer mes fleuves nerveux en remugles du cœur, et tes miettes d'abord muettes ou comme une fleur qu'on arrache à la racine, bientôt sont devenues ces choses en forme de bulle, cette scorie légère qui vole entre les brumes du ciel.
Mon écriture aspire à la profondeur, mais c’est prendre des risques : il me faudra sombrer dans les arcanes de mon être.
J'ai su ces stupeurs matinières de faire pencher mon bras au rebord d'une habitude de solitude et y découvrir le gésir d'un corps plein des cheveux des muses. Je n'ai jamais au réveil les bons ciseaux pour y découper les rimes. La poésie saignera sur les poitrines de ces abandonnées, le café gâchera le reste de leurs parfums. Les oiseaux suffoqueront le matin par la fenêtre, et sur la branche tordue de dimanche et sous leurs plumes il y aura une voix, la voix rauque d'un amour visité de la mélancolie du minuit. Déjà je ne sais plus les yeux de qui souffle le vers. Déjà à l'hémistiche transparent j'entends un autre invisible.
Je suis musé, tu es veilleur.
Dernière édition par Mizukawa B. Sutero le Sam 22 Aoû 2015, 16:12, édité 1 fois
Une lutte accablante se joue sous mes prunelles au son des miradors qui viennent et partent. Les heures passent et je m'efface comme une habitude qui sévit entre les choses qui perdurent et les événements catastrophiques et comme un appel au secours, je pose mes mots, je pèse les grains à mes dépens, je voyage dans le temps, empruntant la route à sens unique et le doute ne cesse d'être présent. Il hante chacune de mes pensées.
Je grandis continuellement, éternellement éveillé, j'évolue en un Mizutank d'un niveau supérieur. Je renaît d'un tas de cendre rouge à un état grisâtre presque vaporeux. L'esquisse se noie dans les enseignements d'un maître qui a perdu son élève. Aura-t-il fini son apprentissage ? J'avance dans la vie, pas dans les âges, je retourne le passé et je lis la puissance qui se réverbère dans le coin de mon œil las de tout ce que j'ai pu entre-apercevoir de bon et de mauvais au cours des étapes de ma vie.
Accablé par le doute.
L'optimisme me gagne et me laisse croire que l'expérience et la sagesses sont innées, déjà acquises dans le flux de la pensée abstraite qui se roule en para-phrases. Même quand la valeur n'atteint pas le nombre des années, je me perds dans la contradiction. Au fond, je ne suis qu'infime poussière du temps.
Maudit par la culpabilité.
Je m'envole au large, regrettant les cieux clairs. Il n'y a plus que le trouble des nombreux méfaits commis qui me prennent la gorge dans le grand élan du mal vers le saut impérieux des damnés. Je suis l'enfant perdu dont l'innocence se terre dans le gouffre des immortels. L'oiseau, moitié phœnix a senti le mauvais augure. Il aperçoit dans les yeux de la reine, le terrible présage. Lui-même s'envole vers un lieux sûr quand moi, je me pose sur cette île.
Devant moi, le monde entier.
Il ne se passe une nuit blanche où je demande à l'étoile du sud, ce que mon chemin représente pour lui. Ai-je bien fait le bon choix. L'océan de pleurs est mêlé au rires. Je ne perçois plus l'injustice de mes actes, serais-je plus juste ? Envers et contre tout, le grand Lion siège sur son trône là où le courtisan devenu vermeil est secoué par les tremblements provoqués par le petit prince. Je quitte la pièce de la détresse par un hurlement, mon gosier crie infamie. Mon silence souverain me demande la vie, ce quoi je réponds...
Après moi, le déluge.
La cacophonie des esclaffements émerge dans la sourdine des mots inulines. Parmi les hommes, je suis le plus humble. Parmi les démons, je suis le plus infâme. Je vogue dans les rives de l'ennui quand vient Morphée pour m'emporter vers les songes. J'admire les perles qui s'affrontent et m’enivre de l'âpre parfum des vapeurs d'opium.