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La part de l'autre

Le jour est sur le point de tomber.
Au loin, l’astre vit ses derniers instants de présence sur cette partie du monde. Accoudé au bastingage de la proue du navire récupéré par le prêtre d’Élite Adler. La brise marine me caresse le visage, dissipant un instant la fatigue et la tension des semaines précédentes. Voilà une dizaine de jours que l’on navigue, et les stigmates de mes épreuves subies à Helliday Island sont encore très présents dans mon esprit. Heureusement, mon corps va mieux grâce aux bons soins de l’Évêque Kestrel qui a bien insisté pour me soigner, voire me couver comme un père couvant son enfant. Kestrel a peut-être l’air assez excentrique, il reste un homme qui fait très attention à la santé de ces amis et mettra sa vie au service de leur protection. L’air iodé tiraille légèrement mes dernières blessures. Je caresse discrètement ces blessures, pensant à chacune d’elle. Les coups violents du Baron Noir d’Helliday. Les blessures profondes de Haya, l’ex-Sœur de l’Église de la Juste Violence. A sa pensée, je ne peux m’empêcher d’exprimer un regret. C’est la première personne que j’ai tuée en le désirant. Jusqu’à ce jour, j’ai toujours fait ce qu’il fallait pour rester dans un chemin que j’estime juste. La mort d’autrui n’est pas une solution. Mais par devoir envers mon ordre, je devais effacer cette traitresse. C’était ma mission. Et même aujourd’hui, je savais qu’elle ne pouvait pas être récupérée. Mais ce n’est pas sa faute. Haya avait un vide en elle. Et elle l’a comblé avec ce qu’on lui proposait. Sur Helliday, c’était la gloire en faisant couler le sang sur le sable de l’arène.

-Adri ?

Je me retourne lentement, souriant à l’avance. A un mètre, Uran est venu me voir, m’arrachant sans difficulté à l’errance de mes pensées. Dans le départ d’Helliday, elle a eu l’occasion de partir avec quelques affaires. Parmi elles, une robe blanche, simple, mais éclatante. On dirait un ange. Je lui fais signe de s’approcher et elle s’exécute volontiers. Tout juste suffisamment grand pour passer la tête au-dessus du bastingage, je pose une main sur son épaule pour la retenir en cas d’embardée. La houle n’est pas très forte en cette fraiche soirée, mais on n’est pas à l’abri d’un remous plus fort que les autres. Adler a embauché un équipage de marins particulièrement habile et la traversée s’est pour l’instant déroulée sans anicroche. Le navigateur s’est même débrouillé pour éviter une tempête particulièrement violente. Au loin, on a pu admirer les éclairs s’abattant sur la mer sans penser aux navires potentiellement piégés là-bas. Face aux forces de la nature, on perd quelques notions d’empathie tellement on se perd dans sa beauté sauvage.

-Tu n’as pas froid ?
-Non. C’est bon. Ça ira.

Ma main sur l’épaule m’indique le contraire. Elle frissonne légèrement. Je la ramène de mon côté, la plaçant entre le bastingage et moi, avant de l’enlacer de mes bras puissants, venant courber mon dos jusqu’à poser mon menton sur son épaule. Elle se blottit contre moi, acceptant malgré tout ma protection contre la fraicheur de l’océan. On reste là, immobile, à contempler la mer. La brise seule répond à notre silence commun. Il est bon d’être ensemble. Trop longtemps nous avons été séparées. Trop longtemps j’ai été otage qu’on lui fasse du mal. J’ai enduré bien des épreuves pour pouvoir la libérer. Et Uran a enduré des épreuves tout aussi terribles en attendant mon secours. Je m’en veux, mais en même temps, je suis soulagée. Ma plus grande crainte est que son regard ait changé après cette épreuve. Le premier jour a été un enchainement de réconfort mutuel tandis que mes blessures me faisaient souffrir atrocement. J’avais peur. Puis, j’ai vu que son regard avait gardé sa fraicheur et sa joie de vivre. J’ai été aveuglée par ça. Je n’ai vu que plus tard qu’il y avait quelque chose de change dans sa façon d’être, sa façon de me regarder ; quelque chose à changer en elle. Et je ne sais pas quoi. Plusieurs fois, elle s’est écartée de moi, le regard dans le vague, confronté à des émotions contraires.

J’ai peur de la perdre. J’ai peur de l’avoir perdu, déjà.

J’ai demandé à Kestrel, mais il n’a pas su me répondre. Les enfants, c’est le plus grand mystère du monde, qu’il m’a dit. Il s’en lave les mains. Je sais pourtant que ça le travaille. Toutefois, dans le fond, il a raison. Ce n’est pas à lui de s’immiscer dans notre relation, de la comprendre. Si je ne peux pas comprendre Uran, personne ne le pourra. Par conséquent, j’ai essayé de passer du temps avec elle, de parler de sujets divers et variés, puis de lui laisser le temps d’être seul et de mettre de l’ordre dans ses pensées. Parmi les sujets qui reviennent, il y a ces parents. Sa famille. Celle qu’elle ne connait plus et dont elle ignore s’ils sont en vie ou non. Son ton est maladroit et ses pensées sont chaotiques quand elle parle de ce sujet. Il est évident que ce n’est pas quelque chose de simple pour elle. Je ne la brusque pas. Je réponds quand elle souhaite me parler.

-Adri ? On va encore vers des ennuis ?

Je me mords la lèvre inférieure. C’est vrai. Il y a quelques jours, j’ai réussi à entrer en contact avec Ishii. Il va bien. Il continue sa quête de lutte contre l’esclavage. Il est quelque part, en mer, en route pour Imashung. L’idée est donc de le rejoindre afin de poursuivre la lutte. Qui dit lutte dit danger. Une fois encore, Uran ne sera pas en sécurité. Récemment, je me suis demandé s’il ne fallait pas la confier à Kestrel et Adler. Ils ne participeront pas aux événements sur Imashung. L’Église de la Juste Violence ne peut pas s’impliquer de la sorte. Je suis comme une bannie de l’ordre, j’ai ce droit. Ce serait un grand poids en moins dans mon cœur si je savais Uran loin du chaos des combats, mais une autre question se pose : doit-elle vraiment me retrouver à l’avenir ? Ma vie a été une succession de combat et de danger. Jamais je n’aurais droit à la sécurité nécessaire pour permettre à Uran de vivre dans l’insouciance. La garder avec moi, c’est la forcer à mener une vie que je ne désire pas pour elle. Je pense qu’elle en a conscience et ça doit la travailler aussi. L’Ordre pourrait surement lui trouver un endroit pour grandir en toute sérénité. Elle pourrait même vivre au sein de l’un des couvents de L’Ordre et embrasser, une fois grande, notre cause. Mais c’est un choix qui lui revient. Le choix de sa vie. Je ne peux lui imposer. Je ne peux pas ne pas lui proposer.

-Adri, je…
-Uran.

Je la coupe dans son élan. J’ai eu un mauvais pressentiment. Je ne sais pas si ça venait de mon seigneur, du pouvoir qu’il m’a donné ou bien d’un autre pouvoir dont j’ignore encore l’existence. J’ai préféré prendre les devants. Uran se tait, portant un regard inquiet dans ma direction, les yeux au ciel.

-ça va être dangereux. C’est pour ça que je veux que tu restes avec Kestrel et Adler.
-Rester avec eux ?
-Oui. Tu seras en sécurité. Je ne veux plus jamais que tu aies à souffrir de mes choix.
-Mais… on se reverra ?

Je me mords la lèvre en regardant ailleurs. Derrière, le soleil n’est plus. L’obscurité nous gagne. Ses yeux sont tels des phares dans la pénombre. Aux coins, des cristaux de larmes. Elle sait que la réponse ne la conviendra pas.

-J’ai eu tort de te faire vivre tout ça, Uran. J’ai eu tort. Tu mérites de vivre une vie heureuse. Kestrel te trouvera un endroit où tu pourras t’épanouir.
-On ne se reverra pas ?
-On se reverra, Uran. Mais pas tout de suite. Je viendrais te rendre visite, c’est sûr. Mais il est important que tu vives. Pas que tu survives à mes décisions. Tu comprends ?
-Oui… mais…
-Pas de mais, Uran, s’il te plait.
-Mais Adri !

Elle insiste. Elle résiste. Je la comprends. J’ai été son refuge. Sa grande sœur. Et je lui demande de m’abandonner. Moi-même, je me ne sens pas bien. Je sèche mes larmes avant qu’elle n’apparaisse. Je dois paraitre fort ou sinon, Uran aura raison de ma raison.

-Uran. Tu es un rayon de soleil. Et tu peux être un rayon de soleil pour bien des gens. Quand tu seras grande, je sais que tu feras de belles choses. Et je serais très heureuse de pouvoir t’aider dans ce que tu entreprendras. Je serais extrêmement heureuse de pouvoir être ton amie. Sincèrement.
-Adri…

Elle baisse le regard. Passer de grande sœur à amie, c’est une chose. Je mets de la distance entre nous pour qu’elle puisse mieux partir. C’est indispensable. Je la trahis, un peu. Mais elle comprendra. Elle est forte et intelligente. Uran détourne la tête et se débat un instant pour s’extraire de mon étreinte. Trois pas pour s’éloigner de moi avant de se retourner dans ma direction, ses larmes coulent sur son visage, une fois encore. Une fois encore, je la blesse. Je la blesse pour que je n’aie plus à la blesser à l’avenir. Et elle s’en va, disparaissant du pont, s’enfonçant dans le tréfonds du navire pour cacher sa peine. Je reste là, immobile, acceptant stoïquement la morsure glaciale de la nuit. C’est ma punition pour ses larmes. Et contemplant l’horizon, j’espère que l’avenir ne sera pas aussi noir que les ténèbres qui s’annoncent.
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-Vous vouliez me voir ?
-Oui. Prends place.

Le prêtre d’Élite Adler me désigne une chaise du plat de sa main. À l’autre bout, L’Eveque Kestrel est déjà assis, les mains jointes sous son menton, l’air pensif. Il lève à peine les yeux vers moi tandis que je m’assois vers ma place assignée et ne détourne le regard du plafond qu’à l’instant où Adler s’assoit à son tour. Sur la table, une carte maritime avec de multiples griffonnages au crayon à papier. Sur la poignée gauche d’Adler, l’Eternal Pose vers Imashung. Je m’étonne un instant de toutes ces inscriptions sur la carte ; est-ce si compliqué de voyager à travers en ligne droite vers le royaume d’Imashung. Puis, je repense à la discussion que j’avais eue avec Maxence Chester à Helliday. Cet explorateur du monde m’avait parlé de la navigation sur Grandline. SI on sait vers où l’on va grâce aux Pose, on ne sait pas par où l’on va si l’on prend les routes détournées, c’est-à-dire, les chemins autres que ceux des Log Pose et de leurs voies. On peut bien tomber sur une ile de pirates, de récifs, un endroit où les tempêtes sont très courantes, etc. Et c’est ce qui fait que les routes ne sont pas toujours sûres parce que l’on ne sait pas où l’on met les pieds. De Helliday à Imashung, ce n’est pas une route usuelle, bien que les esclavagistes doivent l’emprunter souvent, mais ils doivent en connaitre les caractéristiques et savoir passer au travers des dangers. Ce n’est pas notre cas.

Ça fait beaucoup de traits quand même.

-Adrienne, il faut qu’on parle de choses que Sœur Irma nous a communiquées dans la matinée.
-Ah ? Comment va-t-elle ?
-Bien, il me semble. Elle a dévoré ce qu’elle a pu lire sur tes aventures sur Helliday. Et elle voudrait bien que tu viennes la voir un de ces jours.
-J’y penserais.
-Je crois que l’inquisition lui a demandé une étude bibliographique de ton parcours pour servir à ton procès.
-Ah bon, Kestrel ? ça ne m’étonne pas. Elle sait vraiment tout quand elle peut le savoir.
-Je me permets. Les informations sont potentiellement importantes pour notre mission en cours.

Et il commence son exposé. D’après les cartes maritimes et les quelques informations qu’il a pu glaner sur la route ; il a notamment aperçu la pointe nord de l’ile de Dead End ; Sœur Irma et Adler sont persuadés d’être non loin d’une petite ile sans grande importance, mais qui est actuellement en train de subir l’attaque d’un navire d’esclavagiste du Royaume d’Imashung. Et pas l’un des moindres. Il s’agit du tristement célèbre « Arche des soupirs », un bâtiment aussi grand qu’un cuirassé de la marine, fendant les vagues grâce à ces roues à aubes puissantes. Véritable petite ville sur mer, ce monstre de bois peut abriter plus d’un millier d’esclaves entassé dans des conditions les plus exécrables possible. On pourrait en mettre un deuxième tellement le commandant de ce navire est un démon n’ayant aucune considération pour les vivants à torturer. Il s’agit de Kikrish. Un nom qui ne me dit rien. Mais on m’apprend rapidement qu’il s’agit de l’esclavagiste en chef des geôles d’Imashung. Un individu sans aucun état d’âme qui ne vit que pour briser les individus et les transformer en esclaves obéissants. La torture est un art dans lequel il est passé maitre et il vit de sa passion, parcourant les mers pour trouver des esprits toujours plus puissants à vaincre avant de les transformer en soldats dévoués pour son seigneur et maitre : le calife Al'masha Kanishmen.

Le maitre d’Imashung.
L’homme qu’Ishii cherche à vaincre.

Que fait-il ici ? Rien de plus simple. Ce genre de petites contrées en dehors des routes commerciales, peu s’en soucie. Qu’ils vivent ou disparaissent, on ne s’en apercevra même pas. Et même si les autorités s’en aperçoivent, ils ne remonteront jamais jusqu’à Imashung. C’est par conséquent des esclaves en devenir facile à trouver pour Al'masha Kanishmen et ses sbires. À chaque fois que l’Arche des Soupirs prend la mer pour livrer les esclaves au « client », il revient en passant par l’une de ses iles pour faire le plein de matières premières. Et c’est exactement ce qui est en train de se passer non loin de nous. Notre chance, c’est qu’un navire avec des prêtres de l’Église de la Juste Violence est passé non loin de ladite ile alors que l’Arche des Soupirs allait y accoster. Au vu de l’ile, ils n’avaient pas l’air d’être friands d’esclaves. Il n’a pas fallu longtemps à Sœur Irma pour faire le lien avec la mission de notre trio et de contacter Adler dans l’heure. Un moment, je ne comprends pas où ils veulent en venir, puis ils finissent par proposer ce qu’ils ont en tête.

-Si on les laisse faire, on prendra une avance de plusieurs jours sur eux, mais une fois à Imashung, sans savoir comment vous allez faire avec le Gentlefish pour vaincre le calife, il va débarquer dans votre dos. La garde d’Élite de Kikrish est loin d’être négligeable, surtout qu’elle est commandée par un déserteur de la marine d’Élite, un certain Brando.
-Ouai. Je le connais. J’étais encore jeune quand j’ai fait un boulot en … partenariat… avec lui. Me regarde pas comme ça cocotte ! Tu crois que j’ai jamais été jeune ! Ingrate.

Adler ignore Kestrel et poursuit.

-L’autre alternative, c’est de les attaquer ici. On prendra du retard pour retrouver les Étrangers, mais on prend l’option d’éliminer un des lieutenants de Kanishmen, si ce n’est son bras droit, plus une force aguerrie. De plus, on empêche que des pauvres gens soient enlevés à leur ile et que Kikrish commence à exercer son art sur ses pauvres gens. On pourra même trouver des esclaves non vendus sur ce mastodonte qui, une fois libéré, offrira une force de frappe appréciable dans le combat qui s’annonce à Imashung.

Adler expose là un véritable état des lieux du champ de bataille actuel, même si on en est qu’aux prémices. La carte sur la table, il trace une croix au crayon autour d’ile esquissée à la main, représentant l’ile cible de Kikrish, d’après les quelques informations glanées çà et là par Sœur Irma. Plusieurs cercles suivent, petits et gros, indiquant les agglomérations.

-Kikrish a probablement établi un camp de base dans un petit village côtier à côté du navire. De là, il escompte probablement mener des raids sur les autres villages côtiers similaires avant de s’attaquer à la ville principale accoler à la montagne de l’ile. Ils ne peuvent fuir, ils sont complètement piégés. Si j’étais Kikrish, je pense que je forcerais les autochtones à une situation de combat désespéré afin de révéler les individus les plus forts. Une sorte de pré-sélection à ceux qui auront le loisir de tester son meilleur programme d’endoctrinement.
-Au fait, Adler, il y a combien de gens sur cette ile ?
-C’est très incomplet comme information, mais je dirais un millier réparti dans les patelins côtiers et le double pour la ville. C’est une estimation basse.
-Même si c’est une estimation basse, ça fait tout de même trois mille personnes. Il n’aura jamais assez de place dans son navire.

Le regard que me jette Adler est lourd de sens avant de répondre.

-Kikrish n’est pas un homme à s’embarrasser des inutiles. Et il ne faut laisser aucune trace.
-Quelle horreur !
-Raison de plus pour y aller, Adrienne.
-Tu as bien raison. Il faut y aller.

Kestrel éclate alors d’un rire tonitruant.

-Alors ! Comment on fait pour les castagner, ses salauds ?
-J’y venais. J’espère arriver avant la phase d’attaque de la ville, si c’est le plan, évidemment. Il faudrait intercepter les raids histoire d’écrémer les troupes adverses. Puis, rejoindre la ville et organiser une défense solide où l’on pourra percer leur ligne et abattre Kikrish. La mort de leur chef devrait avoir une influence sur le dévouement à combattre. Peut-être qu’ils cesseront le combat. Peut-être qu’ils fuiront. Au pire, il faudra se salir les mains.
-Des informations sur les défenses de l’ile ?
-Aucune, évidemment. Il n’y a pas de marines. Dans le meilleur des cas, on peut tabler sur quelques individus de passages tels des chasseurs de primes qui pourraient protéger la population. Il y a peut-être un dojo avec des adeptes sachant se battre. Mais contre la garde de Kikrish et la puissance de Brando, ils ne feront pas le poids.
-Je me charge de Brando.

Adler et Kestrel se retournent vers moi, surpris. Mon ton était assuré.

-J’ai survécu à l’arène d’Helliday. J’ai échappé au Black Baron. Et il est d’un tout autre niveau que ce… Brando, j’en suis convaincu. J’ai mon fruit du démon. J’ai mon Haki. J’ai des talents qu’il n’a pas et je saurais le surprendre pour mieux l’éliminer.
-Quand tu dis… éliminer, Adrienne, tu veux dire …
-Le tuer, Kestrel ? Oui.
-As-tu déjà tué ?
-Oui. Et tu sais qui.
-Ouai, je sais. Mais es-tu prêt à tuer à nouveau ? Pas juste combattre et tuer sans l’avoir voulu. Tuer, vouloir tuer.
-Oui.

Il en doute. Ça se voit dans son regard.

-c’est un déserteur. Un pirate. Il en a commis des crimes ?
-Oui. Il faisait pas dans la dentelle.
-Alors, il n’y a pas à détourner les yeux. C’est un criminel. C’est un monstre. Le monde se portera beaucoup mieux s’il n’est plus de celui-ci. Et je le ferai en tant que sœur de l’Église de la Juste Violence.
-Héhéhé. La violence, mais la Juste Violence.

Adler hausse un sourcil, ne goutant pas au regain de joie de l’Eveque. Il s’abstient de tout commentaire.

-Je pense aussi que tu seras la plus à même de mener le combat contre Brando. Je propose que tu sois notre avant-garde. Je m’occuperais de la récolte d’informations et de l’organisation avec les gens du coin. Kestrel, tu te chargeras de la défense du navire, on ne sait jamais. Et au moment de porter le coup fatal, tu les prendras à revers.
-On peut mettre l’équipage dans la combine ?
-Non. Ils ne voudront pas risquer leur vie pour ça.
-Tsss. Je veux bien rester à l’arrière, mais c’est moi qui casserai la gueule à Kikrish !
-Si tu veux, Kestrel, si tu veux.

Il expédie l’engouement de Kestrel d’un geste de la main. Je profite de cet instant pour faire une demande à l’homme d’expérience.

-Kestrel.
-Ouai cocotte ?
-Pendant que tu resteras sur le navire, tu pourras veiller sur Uran ? Je ne vais pas répéter les erreurs du passé et je vais la tenir éloigner de tous ces combats et de ces horreurs. Ça vaut mieux pour elle.
-Bah ouai. Par contre, la question existentielle est : tu lui laisses Gnuh ?

Je souris. Même Adler en esquisse un.

-Oui. Bien sûr.
-Aaaah ! Avec Gnuh, c’est autre chose ! Je valide ce plan !
-Bien. Je vais monter sur le pont et voir avec le capitaine du bateau pour me diriger le plus rapidement possible vers cette ile sans s’écraser sur des ennuis. Préparez-vous pendant que vous en avez le temps. Je doute que Kikrish nous laisse nous reposer une fois que tout aura commencé.
-Pouah. J’aurais tout le temps de dormir avec Gnuh !

Sur cette dernière boutade, Adler disparait en silence. Kestrel souhaite parler encore, mais Adler a raison. Il faut me reposer. J’aurais besoin de toutes mes forces pour l’affrontement qui s’annonce.
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Une fois l’ile en vue, je suis avertie par Adler et j’ai revu mon équipement une énième fois avant de le retrouver sur le pont. Kestrel nous y rejoint une minute après. L’ile en question est telle qu’on nous l’a décrite : ordinaire. Si Adler n’était pas aussi catégorique sur sa navigation infaillible, on se serait dit que ce n’est pas celle-là. On l’aurait pas dit en réalité. Car trônant au milieu d’une baie se trouvait le navire de Kikrish, l’arche des soupirs.


On l’a massif et impressionnant. On y était préparé, mais avec ces informations, on est tous restés béats, l’espace d’un instant, lorsqu’il s’est découpé dans le paysage au détour d’un massif forestier baignant presque dans la mer. Lumière éteinte et immobile, le prodigieux monstre de bois semble abandonné. Malgré sa taille, on ne l’a pas vu arriver et notre navire n’est pas ce qui se fait de plus discret. Pour passer inaperçu, c’est raté. Mais le navire reste tel qu’il est encore de longues minutes alors que Kestrel s’apprêtait déjà à recevoir une volée de boulets d’acier. C’est finalement Adler qui pointe notre attention vers le village côtier. Derrière la masse grisâtre du titan de mer, on aperçoit bien vite que le village est en proie aux flammes. Était en proie. Quelques foyers brulent encore, mais l’essentiel du patelin a été réduit à l’état de poutres fumantes et de cendres brulantes. Je déglutis. Kestrel lâche un juron. Seul Adler se permet un commentaire pertinent.

-Pour le camp de base, c’est raté. N’est pas Kikrish qui veut.

Au loin, probablement à d’autres extrémités de l’ile, il y a d’autres volutes de fumées, signes annonciateurs que les esclavagistes ont décidé de ne pas s’éterniser sur l’ile et d’aller droit au but. Les attaques sont déjà en cours, où elles sont sur le point d’être conclues. On arrive trop tard. Si je vois une lueur de rage dans le regard de Kestrel, je vois aussi de la détermination dans celui d’Adler. Je prends la parole.

-On fonce. On s’en tient au plan. On s’adapte.

Ils acquiescent en silence et s’exécutent dans la foulée. Récupérant deux matelots sur le pont, je viens faire en sorte que la chaloupe soit prête à être descendu quand on se sera suffisamment approché. Fixant le village en flammes, j’essaie de déployer mon pouvoir hakiesque afin de ressentir la présence des survivants. C’est flou. Je parviens à ressentir des esprits blessés et meurtris, mais aussi des présences fortes et sûres d’eux. Il y a encore des hommes de Kikrish là-bas. Il s’agira de les éliminer rapidement pour qu’il ne prévienne pas leur chef. Alors que j’essaie de définir le nombre d’individus sur place, mon pouvoir est perturbé par l’arrivée inopinée de celle que je n’aurais pas voulu voir avant de partir.

Uran.

Elle se tient là, au milieu du pont, les yeux glissant sur le bois du pont. Ils tressaillent à plusieurs reprises, parce qu’elle veut lever son regard vers moi, mais qu’elle se ravisse l’instant d’après. Elle se mord la lèvre. Je dois être forte. Je pourrais jeter ce que j’ai pu lui dire auparavant ; je pourrais être faible, oui. Mais ce n’est pas de faiblesse dont j’aurais besoin au combat. Si je suis pas forte ici, je ne le serais jamais. Derrière moi, on s’arrête de bouger : la chaloupe est prête. Le navire glisse sur les flots tranquilles, dans l’ombre du monstre. Adler ne va pas tarder à venir dans ma direction. Kestrel est non loin. Il nous observe du coin de l’œil tout en sifflotant, mine de rien. Il est prêt à prendre le relai. Mais je dois faire les derniers mètres me séparant du passage de témoin. Trois pas.

À ma grande surprise, je les réalise sans problème. J’ai suffisamment ressassé mes arguments pour être convaincue du bien-fondé de ma démarche, malgré tous les regards suppliants dont elle est capable. Autre surprise, ce n’est pas un regard trempé de larme qui révèle à moi, mais un regard tourmenté. À nouveau, j’ai le sentiment de quelque chose de plus profond que je ne veux croire. Et je ne veux pas le savoir.

-Uran.
-Adri…
-Uran. Écoute-moi. Tu vas rester sur ce bateau. Ne le quitte sous aucun prétexte ! Kestrel ne protegera. Tu comprends pourquoi je fais ça ?
-Pour me protéger.
-Oui. Je ne peux pas t’emmener. Et je ne peux pas faire ce que je dois faire si je dois penser à toi et à ce qui pourrait t’arriver.
-Adri…
-Tu me le promets ? Tu ne quitteras pas ce navire ?
-Je… je te le promets. Tu promets que tu reviendras ?
-Je te le promets. Parce que nous sommes amis …
-Je ne veux … pas être ton amie…

Elle s’arrête dans sa phrase. Ce n’est pas méchant. Je connais la suite. Je voudrais être ta petite sœur, hein ? Je secoue la tête. Je chasse le doute qui pourrait venir corrompre ma décision. Je la regarde à nouveau, franche et inflexible.

-Non, Uran. On retrouvera des parents. On retrouvera ta famille. Je t’ai habitué à te sentir comme une petite sœur à mes côtés. Tu vois le monde sur la base d’une supercherie que je t’ai imposé.
-Non…
-Si Uran. Ou si je ne te l’ai pas imposé, j’ai profité de ta faiblesse pour qu’elle devienne la seule possibilité à laquelle te rattachait.
-Mais …
-Pas de mais ! Tu dois faire ta propre opinion, Uran. Et que dit ton cœur ?
-Je …
-Écoute-le.
-Je … je veux être … avec ma maman…
-C’est cela Uran. Tu veux être avec ta famille. Comme je veux être avec la mienne. Je ne suis pas ta famille. Une vraie famille ne te mettrait pas en danger. C’est pour cela qu’on ne peut être des sœurs. Mais des amies. Et en tant qu’amie, je me dois de te protéger jusqu’à ce que tu retrouves tes parents. Pas de te mettre en danger. Pas de te faire mienne.
C’est tout.

Une larme coule le long de sa joue. Elle fronce les sourcils et son regard devient soudainement plus déterminé. Elle va dire quelque chose. Elle va le dire, ce poids sur son cœur.

-Mais Adri, ce que je veux te dire, c’est que …
-ADRIENNE !

C’est Adler. Il accourt dans ma direction, armes à la ceinture. En me redressant, je m’aperçois que le bateau est à l’arrêt, non loin de l’arche des soupirs. La chaloupe est prête. Le prêtre d’élite me la désigne et je pars dans sa direction sans me retourner. Derrière moi, Kestrel prend la suite, arrêtant Uran d’une main, l’obligeant à rester là. Adler prend place dans l’embarcation et je mets en face. Je jette un dernier coup d’œil à Uran. J’imprime dans mon crâne son visage en larmes pour qu’il me donne la force d’en finir avec tout ça. Pour que tout cela n’a pas été fait en vain. Et je lui murmure un dernier mot.

-On se reverra, mon amie.
-Détachez !

Les cordes retenant la chaloupe sont lâchées et on file droit vers les flots, brisant la mer avec grand bruit. Adler me jette une rame que j’empoigne avec force. L’adrénaline coule dans mes veines. Il ne faudra pas longtemps pour atteindre la terre ferme et déjà, on laisse le navire derrière nous. Je voudrais ressentir une dernière fois Uran, mais mon haki me fait des siennes, me fermant ce souhait. Capricieux et toujours mal maitrisé, il me punit de ce que j’ai fait, en quelque sorte. Tant pis. Devant moi, le navire s’éloigne. Derrière moi, le combat s’approche. Bientôt, j’aurais autre chose à penser.
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A allure modérée et le plus discrètement possible, on progresse vers la terre ferme, parallèle au village côtier. De plus près, Adler confirme que l’incendie est sur sa fin. La plupart des maisons ne sont plus que des amas de poutres carbonisées et de cendres éparses, derniers restes des vies simples et paisibles de gens qui n’ont rien demandé à personne d’autre. Pas de bruits de fouille, mais quelques cris épars. Il y a des gens qui vivent dans ce village, sur ce point, le ressenti de mon haki le confirme. Des gens qui souffrent aussi à la tonalité desdits cris. Des civils. Un signe de tête vers Adler et on accélère. Bientôt,  on peut poser le pied à terre. Soudain, un carreau d’arbalète vient se planter entre les deux jambes d’Adler.

-Attention !

Je pousse mon allié tandis que deux carreaux passent à l’endroit aurait du se trouver sa tête. Je regarde sur la droite, avisant deux statures imposantes, nous toisant depuis une haute maison dont il ne reste plus que les pierres.


Ils rechargent sans attendre un instant tandis que l’un des deux donne l’alarme par quelques mots secs. Je jette un œil par-dessus bord ; on doit être suffisamment près pour avoir pied. Si on reste dans cette barque, on sera des cibles faciles. Les deux combattants semblent être de bons tireurs malgré le peu de résultats jusqu’à présent. Adler va au-devant de ma décision.

-Sautons !

Ill me pousse sur le côté opposé de la barque, la faisant chavirer. J’ai à peine le temps de poser la main sur mon équipement que mon corps plonge dans l’eau salée. Au même instant, deux autres carreaux viennent se planter dans le bois de la chaloupe. C’est le cadet de mes soucis. J’ai légèrement sous-évalué la profondeur. Mes jambes s’agitent un instant, cherchant la terre ferme, mais ne la trouvent pas. L’instant d’après, ils s’immobilisent, comme sans vie. Et c’est tout mon corps qui est ainsi. Je n’ai encore jamais testé cette épreuve de la nage en mer avec un fruit du démon. Je me suis baignée, certes, mais je ne suis jamais allée au point d’être totalement dénué de force. Je me sens totalement amorphe. Et c’est un miracle que ma bouche ne s’ouvre pas pour laisser passer toute l’eau de l’océan. Un instant, je me sens perdue. Finie. Quelle ironie. Finir noyer dans deux mètres cinquante d’eau. Ridicule. Après tant d’épreuves, je ne peux finir comme ça. Et j’ai bien fait de partir avec Adler, car c’est lui qui agrippe ma main et qui se propulse en avant avec l’aide de toute la force de ses jambes. Il me permet de parcourir les quelques mètres me séparant de la zone à pied. Et quand ma tête sort de l’eau, les pieds sur le sol, c’est la faiblesse qui m’habite, mais je suis capable de bouger.

Et bouger, il le faut. Une autre salve de carreaux d’arbalète est tirée dans notre direction. Le duo a été rejoint par un troisième homme tandis  qu’un quatrième soldat accourt dans notre direction, deux épées courtes effilées sorties de leur fourreau pour nous tuer sans attendre. Adler m’aide à m’avancer vers la plage et chaque mètre gagner, c’est autant de force qui me revient pour finir le boulot. Au passage, je remarque le rictus de douleur sur le visage d’Adler tandis que mon regard baisse sur son flanc percé d’un carreau. Ça devait arriver. Il me tire dans un dernier élan, puisant dans ses réserves d’énergie et je m’écroule au sol, face contre terre, tandis que la faible marée vient me caresser les joues.

-Debout Adrienne ! On nous attaque !

Je sais. Je sais. Mes dernières forces mettent du temps à me revenir et je parviens à me redresser un peu, prenant appui sur mon genou. Adler n’a pas autant de temps devant lui. L’assaillant lui saute dessus avec brutalité et il n’a le temps de sortir que ses crucifix d’acier entre ses mains pour contrer les lames. Au loin, les tireurs ont disparu, mais ils ne vont pas tarder à rappliquer, probablement. Je me redresse et j’empoigne ma hache avec vigueur avant de charger l’adversaire. Il me repère du coin de l’œil malgré sa capuche rabattue sur mon visage et oppose une de ces lames à ma hache tandis que de l’autre, il a réussi à bloquer les deux crucifix avec sa deuxième lame et grâce à l’état de faiblesse d’Adler dû à sa blessure. La situation semble sans issu, mais son objectif est très clair, car au-dessus de son épaule, j’aperçois deux autres soldats accourant, épée à la main après avoir délaissé les armes de jet. A trois contre un, ça sera moins simple. Je lâche ma hache d’une main tout en maintenant la pression et j’arme mon poing dans un coup puissant visant son thorax. Il ne s’attendait pas à l’utilisation du pugilat, mais il encaisse le coup au travers de son armure de métal. Je réitère mon assaut. Deux fois. Trois fois. Et alors, je le sens faiblir. J’empoigne soudainement ma hache à deux mains et je brise sa défense, la plantant sans autre forme de procès dans son torse, perçant l’armure. Premier sang.

Mais pas première mort. Car doué d’une énergie à l’épreuve de la douleur, le guerrier continue de résister à Adler tandis qu’il lâche son autre épée afin d’agripper une miniarbalète dans son dos. In extremis, je balance mon pied dans l’arme qui me visait et le carreau vient passer au-dessus de mon épaule. Les deux autres arrivent. Je le prends au cœur, frappant son autre bras pour qu’il lâche son arme. Il s’exécute dans un râle de douleur. Mon bras puissant vient l’agripper autour du coup tandis que je le retourne vers ses collègues, mon autre main posée sur tête.

-Pas un pas de plus ! Ou je lui brise les cervicales !

Les deux hommes s’arrêtent un instant. Ils échangent un regard avant de rengainer leur arme. Je me permets de souffler. J’échange un regard avec Adler. Ils en profitent pour prendre leur arbalète dans le dos et de me viser. J’écarquille les yeux. Ils ne vont tout de même pas ? Ils tirent. Les deux carreaux viennent se planter respectueusement dans le torse et le cœur de mon otage. La puissance du choc me fait reculer d’un pas tandis que je sens l’extrémité des carreaux me titiller la peau. Il m’aurait tuée sans mon infortuné bouclier humain pour lequel la vie s’est échappée. Ça annonce la couleur. Pas de pitié. Soit.

Ils portent leur main vers les fourreaux de leur arme. Adler envoie un shuriken en forme de crucifix dans leur direction et vient percuter l’une des mains. Le guerrier touché se ravit tandis que son collègue sort son épée. Je lui fonce dessus pour ne pas lui laisser le temps d’attaquer. Avec rapidité, il exécute un coup d’estoc et je me fends d’une esquive avant de le percuter, le prenant à la taille. Je le pousse sur plusieurs mètres tandis qu’il abat à plusieurs reprises la garde de son arme sur mon dos sans réel résultat. J’ai le dos dur même sans bousier que je préfère garder en réserve. Toujours avoir des atouts dans sa manche, même si on peut ne pas pouvoir sortir lesdits atouts à temps. Je m’arrête soudainement et il est propulsé en arrière, il tente tant bien que mal de rester sur ses jambes, mais je l’enchaine d’un brutal coup de poing dans les côtes. Au travers de l’armure, j’en sens une se briser. Il lache son arme. Je me prépare à le mettre K.O, mais il sort une dague d’un étui accroché en bandoulière sur son torse et me saute dessus sans peur. Surprise, je bute sur les pierres et je m’écroule par terre, le soldat sur moi. Il cherche à me transpercer la gorge avec sa lame. Mes deux mains en opposition, une lutte âpre s’engage et je parviens établir un statu quo entre nous. Il souffre et je profite d’un instant bref de faiblesse pour relâcher ma prise d’une main et de l’utiliser pour mettre mes deux doigts dans ses yeux. C’est dégueulasse. J’appuie pour que la douleur le fasse cesser, mais il insiste tandis que sa lame vient me chatouiller la pomme d’Adam. Dans un cri de rage, je force et je sens ses yeux craqués sous ma puissance. La douleur est décidément trop forte et parvient à briser sa détermination. L’une de ses mains vient contrer la mienne, mais sa deuxième ne peut résister. Lentement, je retourne le couteau contre son possesseur et, à son tour, c’est sa pomme d’Adam qui est chatouillé par le pointu de sa propre lame.

-Abandonne !

Il grimace, mais il n’abandonnera pas. Je le sais. Je ne sais pourquoi, mais ces guerriers sont décidément d’une trempe bien différente de ce que j’ai pu croiser. Totalement incapable d’abandonner, malgré la souffrance. Je ferme les yeux un instant. C’est lui ou moi. Il veut me tuer. Quiconque cherche à tuer met sa vie en danger. C’est la loi de la vie. La lame transperce son cou et rapidement, il cesse de s’agiter. Je me sens légèrement sale. Tuer n’est pas dans mes habitudes. Je ne voulais pas sa mort. C’est ce que je dois me dire. J’ai autre chose à penser. Je me redresse et je me préoccupe du sort d’Adler. Mais celui-ci semble aller bien. Il est assis sur une pierre, pansant rapidement sa blessure au côté tandis que son adversaire git par terre, un carreau d’arbalète sortant de son crâne. Adler suit mon regard et ne peut s’empêcher une grimace.

-Il l’a pas vu arriver, celle-là, comme je l’ai pas vu arriver.

J’acquiesce, examinant sa blessure de loin. Elle n’est pas  très importante. Ça affecte sa force, mais c’est moi la force de frappe ici. En parlant de ça, il manque un garde à l’appel. Je fais signe à Adler de me rattraper et je m’élance vers le village à la recherche du dernier homme. Entrant dans le visage, je ne peux que constater l’étendue des dégâts. Des maisons détruites. Parfois, des corps sans vie, à même le sol, dans des postures grotesques. Abattu en pleine course. Exécuté contre un mur. Que sais-je encore… C’est un  spectacle de désolation et je le parcours d’un pas rapide, cherchant le moindre indice sur la présence de mon adversaire. Une maison attire mon attention, car c’est probablement celle qui n’a pas été endommagée par l’incendie. S’il doit y avoir une salle de garde pour les soldats, ça doit être là. Je m’élance sans tarder et j’avale la distance en quelques secondes, percutant la porte de bois d’un coup d’épaule puissant et débouchant telle une furie dans l’habitacle.

-Seigneur !

Là. Contre le mur, une dizaine de corps qui se vide de leur sang. Des hommes forts. De belles femmes. Des gens qui auraient probablement été esclaves, vendus telles des bêtes pour je ne sais quelle utilité. Et en fin de mur, le quatrième guerrier, finissant d’achever son dernier otage qui s’écroule au sol dans un gargouillement lugubre. Il tend un instant sa main dans ma direction, puis elle retombe au sol, sans vie. Je suis livide. Pourquoi ? Je n’arrive pas à mettre les mots en place dans ma tête.

-Reste là, Ramba. Le Maitre te veut.

J’ai des sueurs froides alors qu’il évoque mon nom. Mon regard vient se poser sur les tables à mes côtés. Au milieu de divers équipements, un escargophone décroché et des documents, il y a une liste d’avis de recherche. Le mien repose parmi les premiers aux côtés de ceux de Ishii et Jevta. Évidemment. Les troubles fêtes de Helliday doivent occuper l’esprit des alliés de Lust. Pourquoi me veut-il moi ? Je ne pense pas que ça me plaira. Et j’ai d’autres préoccupations en ce moment. Mon sang bouillonne. J’ai dit un truc au sujet de ceux qui s’octroie le droit de oter la vie, il permette qu’on leur ôte aussi. Et je te le demande, Seigneur, en ce lieu puant le sang et la mort, que ta main guide mon bras !

-Moi. Je te veux mort.



Dernière édition par Adrienne Ramba le Jeu 15 Oct 2015 - 23:33, édité 2 fois
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Quand Adler me trouve, je suis assise sur un petit mont de débris, le corps sans vie du garde devant moi. Rien n’indique comment il est mort. Vertèbres brisées. Malgré l’absence totale d’humanité dans cet homme, j’ai un peu de mal à accuser le coup de l’avoir tué. J’ai été juge et bourreau. Je pense faire un bon juge, mais je ne serai jamais un bon bourreau. Ce n’est pas pour moi. J’ai profité de mes quelques instants de solitude pour ouvrir son armure et dévoiler son corps. Rien de charnel. Je veux juste savoir. Son corps tiraillé par les cicatrices et les marques de fouets en dit long sur le traitement qu’il a dû subir pour perdre toute son humanité. Ces hommes ne sont plus rien de ce qu’ils étaient avant. Ils ne sont plus que des êtres totalement brisés, asservis à la volonté d’individus qui méprisent totalement la vie humaine. Les tuer revient à les libérer de leur chaine. Même au seuil de sa mort, le garde n’a rien dit. Il n’a pas crié. La peur ne l’a pas effrayé. Il peut souffrir et réagir en conséquence, mais la mort n’est rien. Il a connu pire.

Adler comprend tout cela d’un seul coup d’œil. Il relève la tête aussitôt après avoir regardé mon visage. J’examine sa blessure : ça a l’air d’aller bien. Il a vu pire. Déjà, Adler repart, cherchant du regard quelque chose pour le mettre sur la bonne route. Il y avait un plan, il y’en a plus. Il n’y a que des choix à faire et impossible de savoir s’ils seront bons.

-A mon avis, ils sont pressés par le temps et ils sont directement allés dans le vif du sujet.
-Je le pense aussi.

Adler réfléchit vite.

-Le scénario optimiste, c’est que la ville ait résisté à leur attaque et qu’ils sont bloqués en périphérie. Dans une telle situation, je vois mal un esclavagiste comme Kikrish repartir la tête basse. Il voudra les faire craquer. Et à sa place, j’enverrais une expédition punitive sur un village côtier afin de ramener des otages. Ainsi, il ferait craquer les autorités locales. La torture psychologique est la base dans son métier.
-Et le scénario pessimiste ?

Il fait la grimace.

-La ville est tombée.

Ça laisse un petit froid, mais Adler reprend vite.

-Dans le cas du scénario pessimiste, l’avantage, c’est que je le vois mal s’occuper des villages côtiers. Dans les deux cas, il y a des forces à regrouper dans ces hameaux. Dans le scénario optimiste, on pourra les repousser, voire les encercler et les éliminés. Dans le scénario pessimiste, on les empêchera de fuir et on reprendra la ville avec cette force.
-Bon plan.
-Je vais m’occuper de faire le tour des villages.
-Et ta blessure ?
-Elle ne me retardera pas. Et je ne chercherai pas le combat. Toi, par contre, tu es tout indiquée pour aller au-devant du danger.
-Et si c’est le scénario pessimiste ?
-Tu avises.

Une lueur de malice brille brièvement dans son regard. Il me fait confiance. Il me fait confiance pour que ce soit brutal et efficace. Je laisse trainer un mince sourire avant de me redresser. D’un geste de la main, il désigne des volutes de fumée dans plusieurs directions. De minces serpentins, preuve de la vie humaine encore calme et paisible. Et dans une direction, il y a un nuage noir sans équivoque. Par là, je trouverai mes adversaires.

-Bien. Bon courage Adler.
-C’est plutôt de la célérité dont j’aurais besoin. Pour le courage, c’est toi qui en auras besoin.
-Certes.
-Alors… bon courage !

Et sans faiblir, il s’élance vers ce qui semble être le village le plus proche. Je le suis du regard un instant, tandis qu’il quitte le village détruit et qu’il disparait au détour d’un talus. Mon regard s’immobilise et ne le voyant pas revenir, je me décide à partir à mon tour. J’emprunte une piste de terre qui part dans la direction du nuage noir et semble relier ce village au centre de l’ile. M’arrêtant un instant, j’examine les traces fraiches. Il y a des empreintes profondes et massives, preuve que des individus lourds et puissants sont passés ici, et en nombre. Il y a aussi deux traces rectilignes, synonyme d’un chariot. Probablement la voiture privée de Kikrish. Il ne faut pas longtemps pour m’élancer à leur poursuite. Pendant une vingtaine de minutes, je cours à travers la campagne. Par moment, les champs laissent place à des bosquets d’arbres. Un petit pont de pierre enjambe une rivière. A mi-parcours, une maison isolée a été incendiée et des corps gisent pendus à un arbre. J’ai détourné la tête, les dents serrées. Ils paieront. Au fur et à mesure, je me suis bien rendue compte que j’étais dans la bonne direction. Après une brève ascension d’une colline, j’ai pu embrasser le paysage aux alentours et apercevoir la ville accolée à la montagne. Les sources des feux semblaient être proches de la porte principale. L’espoir subsiste que la défense est parvenue à les repousser.

Me sachant proche de ma destination, je décide d’être plus discrète. Jusque-là, j’ai compté sur la volonté d’aller vite de Kikrish pour ne pas avoir laissé de gardes en arrière, et je pense avoir eu raison. J’ai bien tenté d’utiliser mon haki pour pallier au défaut de mon observation minutieuse des lieux sur ma route, mais je n’ai rien senti de bien utile. En même temps, mon pouvoir est encore trop fragile pour être utile ; j’ai senti les animaux, des multitudes de cœurs vivant et battant les hautes herbes. Ma course se fait alors plus lente. Aux aguets, j’avance prudemment, à la recherche d’un signe de vie. Je traverse alors une zone boisée, quoique clairsemée. Mon regard se perd à plusieurs reprises dans les branchages des arbres, prenant chaque mouvement insolite comme le signe d’un ennemi dissimulé, mais bien souvent, il n’en ait rien. Surement un animal. Je cherche à étendre mon haki une nouvelle fois, tentant le coup, sait-on jamais. Je ne ressens rien. Ça me rassure. Puis, je note un détail important. Il n’y a vraiment rien. Pas d’animaux. Ils ne sont pas là.

Quelque chose a dû les déranger.

C’est juste assez pour me mettre sur le qui-vive et le brutal craquement du décochage d’un carreau d’arbalète me fait réagir très rapidement, sautant sur le côté et évitant ledit carreau d’arbalète strié de fil barbelé qui vient se planter en profondeur dans l’écorce de l’arbre derrière moi. Je dégaine mon arme, levant la tête vers mon adversaire. Précédemment dissimulé contre un arbre, il révèle sa haute stature. Un bras mécanique tient une arbalète de trois pieds de long tandis qu’une paupière s’ouvre sur un œil au reflet doré et qui n’a plus rien d’humain. L’autre l’est toujours et me fixe avec curiosité. On me l'a suffisamment décrit pour le reconnaitre.


-Brando !
-Et tu dois être Adrienne Ramba…

Un garde saute de l’arbre sous laquelle il est posé et atterrit à côté de son probable chef. Celui-ci néglige totalement sa présence tandis que le nouveau venu prononce d’un ton grave et sans aucune émotion.

-Le Maitre a dit « vivante ».
-Elle le sera. Je veux juste m’amuser un peu.

Ça tombe bien. J’ai aussi envie d’en découdre.
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Je fais craquer les jointures de mes poings pendant que je m’échauffe les jambes par quelques étirements rapides. Basculant ma tête de gauche à droite, je fixe mon adversaire du regard, essayant de ne pas fixer l’œil inhumain de Brando. Celui-ci reste immobile un instant. En l’examinant, je pense à ce qu’il a subi. Il parait fort. Et expérimenté. Et pourtant, il a été brisé par Kikrish. Et depuis, il n’est plus qu’un serviteur zélé qui n’a aucune velléité de trahison. Un atout endoctriné sur lequel le tortionnaire peut se reposer sereinement. On m’a expliqué l’histoire de Brando, mais on ne m’a rien dit sur ses capacités. Son parcours dans la marine a pu lui octroyer des pouvoirs et des techniques utilisées au sein du formidable corps d’armée. C’est un homme de Grandline, aussi. Il ne serait pas surprenant qu’il ait développé un haki. Niveau armement, son arbalète est plutôt volumineuse comparé à celle de ses subordonnées. Ce n’est pas juste pour la déco’. Le mystère principal reste autour de son bras. Qui dit cyborg dit technologies. Et elles sont nombreuses. Et pourquoi pas des Dials ? Il y’a tellement de possibilités que ce bras peut être un véritable couteau suisse qui m’embêtera beaucoup. A l’inverse, il ne fait aucun doute que mon pouvoir du fruit du démon est connu de Brando. Quand on bosse avec le partenaire privilégié de Lust, on est rapidement au courant de celle qui a détruit son arène.

Il attend toujours. Je cherche à étendre mon haki sans vraiment y arriver. Il faudrait que je prenne le temps, vraiment, de le maitriser. Dans des situations pareilles, il serait un atout de premier ordre. En l’état, c’est une faiblesse qui peut être impardonnable. Enfin, j’ai surtout une certitude. Ils sont plusieurs dans les alentours. Ils n’agiront que sur l’ordre de Brando, probablement. Ce qui veut dire que si je sors vainqueur de cet affrontement, ils seront là pour m’arrêter. Ce n’est pas très loyal en fin de compte. Et du coup, pourquoi attendre de combattre à la loyale ? Soudainement, j’arrête mes étirements et j’agrippe ma hache. La végétation sèche, presque brulée, associée au chemin de terre, fait que le sol est très volatile sous forme d’une poussière dense. Ma hache s’élance vers le sol et je la fais tournoyer, créant un courant d’air qui fait s’envoler la poussière du sol. Le Tira effectuée, un nuage s’élève autour de moi, me dissimulant aux yeux de mon adversaire et je m’élance dans sa direction. Le nuage bouge et dissimule ma prochaine attaque. Et je sors du nuage tout près de Brando qui n’a pas bougé, ma hache tenue à deux mains pour le taillader à la gorge. Le coup est haut. Il lève au dernier moment son bras et d’un mouvement sec, il fait sortir une lame qui vient bloquer le tranchant de ma hache. Qu’à cela ne tienne, je l’abandonne des deux mains qui se muent en poings puissants pour lui asséner deux coups dans le thorax. Il ne pourra l’éviter, son bras mécanique est bien trop loin.

C’est alors que son corps se recouvre d’un seul coup d’une substance noire, similaire à ce qu’a utilisé le Black Baron à Helliday Island. Mes poings frappent violemment la substance aussi dure que l’acier. Je sais déjà ce que c’est. Le haki de l’armement. Ça complique les choses. Brando n’esquisse aucun sourire et arme son poing de chair qui se recouvre, à son tour, du fluide et vient me frapper les côtes. J’accuse le coup en accompagnant le coup adverse et je saute sur le côté, roulant boulant au sol. L’ex-marine en profite et bondit en avant, son haki enveloppant toujours son poing. Il y a pas à hésiter. J’use de mon pouvoir du fruit du démon et en instant, ma peau devient carapace, adoptant les traits du bousier. Avec précision, j’oppose mon dos carapacé au poing hakisé de Brando. C’est le choc. Je sens mon corps vibré sous l’impact, mais il tient bon. Je me retourne brutalement et j’assène un coup puissant dû à l’inertie dans le ventre du Brando qui n’a pas le temps de se recouvrir de haki. Il accuse le coup et saute en arrière, grimaçant de douleur. C’est bon à savoir. Il n’a pas la capacité de recouvrir tout son corps de fluide, même s’il maitrise son déclenchement. Il ne pourra pas défendre et attaquer en même temps. Je dois en profiter.

Je me relève pour partir à l’attaque, déployant ma haute stature avec fierté. Brando n’est pas un nain, mais il ne tient pas la comparaison avec ma taille naturelle dopée à l’aide du pouvoir démoniaque. Qu’à cela ne tienne. Il ne se laisse pas démonter alors que je m’élance dans sa direction. D’un geste rapide et agile, il se saisit de son arbalète dans son dos et décroche un carreau. Je ne l’esquiverais pas. C’est le problème du bousier, il n’est pas bien lent. Je compte sur ma résistance ; mauvaise idée. Le carreau vient se planter l’interstice entre deux plaques de carapaces. La violence de l’impact m’immobilise dans ma course. Brando ne laisse aucun temps mort et réarme l’arbalète avant de se précipiter à son tour vers moi. Je frappe, mais il esquive en sautant, déployant la lame de son bras mécanique. Elle ripe sur mon armure insectoide qui tient bon, mais il me vise à nouveau avec son arbalète, à bout portant. Je suis prévenue un instant d’avant par les voix divines de mon haki de la trajectoire du carreau et je décale la tête une fraction de seconde avant l’impact. Je sens le bois me frôler la joue, glissant presque sur la peau durcie. Brando finit de se réceptionner derrière moi et se retourne dans ma direction. Je puise de l’énergie dans mes jambes pour faire un contre-pied puissant dans sa direction, mais il décroche deux grenades de sa ceinture avant de s’éclipser. J’ai à peine le temps de me rouler en boule pour encaisser le souffle de l’explosion.

Les flammes ne m’ont pas fait beaucoup de mal. Plus qu’une attaque, c’est une diversion offerte à Brando. La fumée le dissimule. Il va probablement attaquer par surprise en utilisant le Haki. Bien. Il faut lui laisser l’occasion d’approcher. Il y a une chose qu’il ne sait pas, c’est que mon fruit du démon recèle bien des surprises. Me concentrant sur mon odorat, j’utilise le Suskin, m’octroyant l’odorat développé du démon. L’odeur de brulé et fumée assaille mes narines, mais je les balaie bien rapidement pour cerner une odeur en particulier. L’odeur de la sueur. Presque l’odeur métallique d’un fluide aux propriétés d’acier. Je la sens sur mon côté gauche. Je m’attends à sa venue et il vient ! Dissipant la fumée, il saute dans ma direction, le bras en arrière recouvert du fluide, il vise la tête dans un coup puissant. Je ne me défendrais pas. Car la meilleure défense est l’attaque. J’ai accumulé de la puissance dans mon poing gauche et au dernier moment, je déploie mon bras, passant en dessous du sien. Je lis un flash de surprise dans ses yeux juste avant l’impact. Son poing est un boulet de fléau d’armes qui brise presque la mâchoire, faisant basculer ma tête en arrière. Mais mon poing, bien que naturel, est tout aussi puissant. Je touche ses côtes et au travers de ses protections, je sens un os se casser. Brando recule rapidement. Il se sent touché. Je me relève aussitôt, prête à enchainer.

Brando s’est reculé, une main posée sur ses côtes. Il respire lentement et en profondeur pour bien vérifier que ses poumons n’ont pas été touchés. Il accuse le coup, moi aussi. Mais une chose semble dorénavant sûre entre nous. Son haki est peut-être fort, mais ma puissance brute l’est tout aussi. Un sourire carnassier s’étend sur mon visage alors que je vois un doute chez Brando. Et peut-être de la rage. Un de ses subordonnés s’approche de lui.

-Il serait pertinent d’en rester là.
-Non. On n’a fait que s’échauffer. J’en ai pas fini.

Quelque chose me dit que j’ai touché son orgueil. Imashung a des ennemis, mais ils ne doivent pas s’afficher très souvent. Avoir un adversaire à la hauteur de Brando est rare. Malgré son rang de bras droit endoctriné, il reste un combattant sachant apprécier le gout de la difficulté du combat. Mais autre chose aussi. Car si je le surpasse, cela voudra dire, dans son esprit, que je peux être intéressante à briser pour Kikrish et potentiellement prendre sa place. Perdre son statut de numéro un est quelque chose qui ne doit pas lui plaire. Et, peut-être, il cherche à prouver, ou à se prouver, qu’il est le plus fort entre nous deux.

Ça, mon coco, ça se jouera aux poings.
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Le combat redouble de violence. Aux grands mouvements visant à tuer tout de suite, on est passé à une guerre d’usure. Campant sur nos positions, c’est un échange de coups qui s’installent sur la durée. Quand l’un de nous frappe et touche, l’autre riposte. Il n’y a jamais de vainqueur, il n’y a jamais de perdant. On en ressort à chaque fois un peu plus fourbue qu’avant, mais l’écart ne change pas. Pour lui, il a sa lame dans son bras métallique et son haki de l’armement. J’ai mon fruit et mon empathie. Il a abandonné son arbalète, bien trop encombrante tout comme j’ai lâché ma hache. Tout se fait aux poings. Force. Puissance. Rapidité. Toutes les caractéristiques du combat tournent autour de nos poings qui frappent. Mais on a pas la détermination de tuer. Se lancer dans cette entreprise, c’est s’offrir une chance de s’adjuger la victoire. Et avec les hakis, il est très simple de contrer cette chance et de se voir contraindre à encaisser une riposte meurtrière. Il est puissant. Je suis puissante. Dans nos regards, il y a une froide détermination au milieu des mouvements fluides et des souffles rauques. Du respect. Ces crimes. Je ne les vois plus. Il n’y a plus que lui et la victoire qui me tend la main. Tout comme la défaite. Un instant de déconcentration, et c’est la mauvaise main que je saisirais. Du coin de l’œil, c’est surtout de sa lame que je me méfie. Ses poings sont puissants, mais j’en ai encaissé des coups dans ma vie. Mais les lames, c’est traitre. Ça s’approche doucement et ça incise la chair en un instant. Chirurgical. Et la douleur brise toutes les concentrations, la chair à vif tout comme l’esprit. J’ai tenté de la briser, mais son haki a recouvert sa lame. Il sait que c’est un atout. Il tient à le conserver.

J’ai peur d’échouer, en réalité. Et c’est cette peur qui me piège. Un instant de déconcentration et mon regard ne suit pas l’un de ses bluffs. Son bras part. Un instant. Je ne le vois pas. Il capte mon absence de réaction et se glisse sous la lisière de ma vigilance, le poing remonte, mais ce n’est pas celui-ci qui fait peur, c’est lame de son bras. In extremis, je bascule en arrière et au lieu de s’enfoncer profondément dans ma chair à l’aide de son haki, la lame vient me balafrer mon côté sur une vingtaine de centimètres. Je grogne. Brando profite de l’occasion et s’avance. Pas le choix, il faut entrer dans sa zone de confort pour le surprendre. Je puis dans mes réserves pour m’élancer vers lui. Il cherche à me taillader, mais ça ne fait que m’érafler. Et son coup de poing ne vient que me labourer les côtes sans les briser. Au corps à corps, je le saisis pour la spéciale SarahXCrow. Pour toi, mon amie. Je bondis avec lui. Le retournement est malhabile, mais j’arrive à faire ce que je veux faire. On s’écrase sur le sol, mais il utilise à nouveau son armement. C’est comme si je m’écroulais sur une dalle de béton. C’est dur. Il n’a pas apprécié non plus avec le poids du bousier, mais l’effet n’est pas aussi fort que ce que je désirais. Je le lâche et je roule sur le côté avant de me relever. Adoptant la forme animale, je le charge en lui laissant à peine le temps de se relever. Au sein de la forme animale, je sens la petite voix pernicieuse et sauvage de mon démon qui me commande de lui laisser la place. Mais c’est une mauvaise idée. Je dois tout contrôler si je veux parvenir à le vaincre. Il faut un cerveau, pas que des muscles. D’une claque purement psychologique, je fais taire mon démon et je puise dans son énergie pour trainer Brando sur une trentaine de mètres, ses pieds arrachant des mottes de terre à vouloir empêcher ma puissante charge.

On finit par s’arrêter. Alors qu’il s’apprête à nouveau à taillader la chair de sa lame de bras mécanique, je change pour l’hybride, profitant à nouveau de mon agilité humaine pour rouler sous le tranchant de sa lame et de lui bourriner l’arrière du genou d’un coup de coude bien placé. Il se retourne, accompagnant le mouvement de sa jambe pour diminuer les dégâts, tailladant l’air. Je vois une fenêtre et je m’y engouffre. Mon poing s’arme et vient frapper à toute puissance sa main mécanique. Chair contre métal. Pas de Haki. Juste du naturel. Et la chair gagne alors que la main se disloque sous la puissance du choc et que la lame se brise à la garde. Le morceau de métal tombe dans la poussière et Brando recule d’un bond. J’halète. Le sang coule sur mon flanc. Brando grimace de douleur en regardant sa main inutilisable. Puis il sourit.

-voyons voir ça…

D’un mouvement sec du bras, il ouvre un compartiment sur le côté de son bras, révélant la bouche d’une arme à feu. Sourire de charognard. Le canon crache le feu. Je me jette sur le côté, parvenant à esquiver la balle. Avec une arme à distance, on rebat les cartes. Adoptant à nouveau la forme animale, je comble sans grande difficulté la distance qui me sépare de Brando. Il tire à plusieurs reprises, mais plus besoin d’esquiver. La solide carapace du Zoan ne laisse rien passer. Il patiente un instant, se concentre. Mon haki me prévient un instant. Une balle à l’armement. Une puissance décuplée capable de tout arracher sur son chemin. J’utilise tout ce que j’ai pour me projeter sur lui. Il n’aura pas le temps. Il le sait. Je l’ai entre mes poings. Je vais le briser et il ne peut rien faire. Il soupire.

Merde.

-GEPPOU !

Il disparait. Un regard vers le haut et je le vois s’élancer dans les airs. Un bond. Deux bonds. Le voilà à quelques mètres de hauteur, me toisant, dédaigneux. Quand je parlais de pouvoir cacher, je pensais à ça. En une seconde, il s’est totalement mis hors de portée de mes coups. Merde ! Il prend alors tout son temps pour armer son fusil avec des balles probablement enrichies à l’armement. Pas le temps de rêvasser, je fuis. Une balle fuse dans un tonnerre et s’écrase dans un arbre prêt duquel je viens de passer. La moitié du tronc explose dans une pluie de bouts de bois. Destructeur. Je profite du couvert des arbres pour réfléchir. Monter à un arbre peut être une solution, mais elle m’exposerait trop longtemps. Brando se maintient à quelques mètres par des pas sur l’air régulier. Il veut avoir la meilleure précision et il m’aura alors que je m’apprête à lui bondir dessus. Et puis, il doit s’en douter, il évite de trainer au-dessus de moi, mais en biais. Une autre balle arrache un morceau de mon abri. Je change de lieu. Je suis totalement prise au piège. Et je m’en sortirais pas sans tenter quelque chose. En puisant dans mes réserves, je dois pouvoir bondir sur lui et c’est ce que je tente. Pour cette fois, un petit coup de pouce n’est pas de refus, Seigneur. J’attends un tir qui me manque d’un cheveu et je m’élance dans sa direction. Cinq mètres de distance en biais. C’est bon. Je puise toute mon énergie dans mes jambes afin de bondir sur ma cible. Brando arme. Il est presque prêt lorsque je lâche tout ce que j’ai et je me propulse dans les airs. Il se rapproche. J’arme mon poing et je frappe !

-GEPPOU !

À nouveau, Brando se propulse dans les airs et mon poing ne vient que fouetter le vide. Tout mouvement vers le haut finit par s’accompagner d’un mouvement vers le bas et tel un boulet, j’atterris sur le sol dans un grondement. Recroquevillée sous ma forme animale, j’ai encaissé l’impact, mais je ne suis plus très fraîche. Levant les yeux au ciel, je vois Brando se stabiliser à une vingtaine de mètres. Tout bonnement intouchable. Il ne prend aucun risque. Je sers les dents. J’ai raté ma chance. Je n’ai plus aucune possibilité de l’atteindre. Et de là-haut, les tirs reprennent. Moins précis, mais je suis comme au centre d’une cible. Je les vois. Les sous-fifres de Brando. Ils m’encerclent. Je ne peux les arrêter. Tant qu’ils ont Brando, ils ne feront rien, mais ils m’empêcheront de passer. Pour espérer leur échapper, je dois briser Brando. Bref, je suis coincée. Les minutes passent. J’attends un miracle. Les balles fusent, régulières, toujours aussi destructrices. Et je m’en veux ! Au loin, Brando parait souffrant. Il a morflé. Il perd parfois de l’altitude et la reprend d’un « Geppou » fragile. Si seulement je pouvais l’atteindre… Si seulement je pouvais voler.

Si seulement.

Une voix dans ma tête. Je ne suis pas seule.
Mon démon ?

-Moi…
-Toi ?
-Moi pouvoir voler.
-Toi ?
-Toi pouvoir voler !

Quelque chose se débloque en moi. Comme si je retrouvais la mémoire. Des souvenirs. Une partie de mon corps. Ce dernier se déchire presque et je les sens. Elles sont là. Lentement, je me retourne et je les vois. Une. Deux ailes. Translucides. Humides. Elles sont sorties de sous ma carapace d’hybride. Presque instinctivement, je les tends comme un nouveau-né tend ses bras dans sa nouvelle vie. Elles viennent de naitre, car jamais avant, je n’avais songé à y penser. Une balle vient exploser le sol à mes pieds, mais j’y fais à peine attention. J’admire encore mes ailes. Puis l’espoir renait. Je vois les gardes de Brando s’apercevoir de mon état et tenter de prévenir leur chef. Mais il est trop loin. Et bientôt, il sera trop près de moi. J’ai ma chance. Et merci seigneur. Merci de me donner ce coup de pouce. À nouveau, je puise dans mon énergie que je mêle à celui de l’espoir retrouvé. Mes ailes viennent en avant, glissant sur mes joues. Tout est prêt. Je n’attends plus que le bon moment. Un instant.

Une balle.

J’ouvre les yeux et je donne tout.

-NEO !

Mes ailes viennent brasser tout l’air disponible, associé à la puissance de mes jambes, je me propulse dans les airs, m’arrachant sans peine à l’attraction terrestre. Je fuse vers les cieux, direction Brando qui me voit surgir des fourrées sans avoir pu prévoir ce cas de figure. Il tente de fuir à l’aide de son Geppou, mais je suis déjà sur lui, mon poing armé, mon épaule opposée en avant. Il n’a aucun haki pour se défendre. Il est encore dans sa balle qui ne sortira jamais de son arme. Je le frappe en plein visage dans un mouvement rotatif le ramenant vers le sol. Un instant, je vois son visage surpris. Et puis son regard.

Défait.

Il plonge vers le sol comme un boulet de canon et s’écrase au sol dans un bruit assourdissant. Le sol se craquèle autour de lui alors qu’il git les bras en croix, le regard vide.

Je l’ai vaincu.

Puis c’est à mon tour de descendre. Comme pour la première fois, on ne refait pas les lois. J’essaie de battre des ailes, mais elles n’ont pas l’air fait pour ça, ironiquement. La moitié de la chute se fait avec un peu de contrôle, le reste est libre. Je m’écrase non loin avec fracas. Le sentiment de victoire m’envahissant, c’est à ce moment-là qu’on prend conscience réellement de tout ce qu’on a pris. Les blessures. Le sang. La douleur. La fatigue m’envahit. Mais déjà, les hommes de Brando sont là. Ils m’encerclent, armant leurs arbalètes. L’un vient au chevet de Brando. Il prend son pouls. Il secoue la tête.

-Le Maitre ne sera pas content.

Puis son regard vient se braquer sur moi.

-Mais le Maitre aura un autre jouet.
-Tu peux rêver !

Je crâne. Peut-être. Car deux carreaux viennent se planter dans mon corps. J’accuse le coup tandis que je sens mes forces décliner rapidement. J’essaie de bouger, mais un troisième vient se joindre aux autres. Du poison ? Quelque chose en tout cas. Je tombe à genoux, puis au sol, défaite à mon tour. Juste avant de sombrer dans les limbes, ces dernières paroles m’accompagnent.

-Et attention, le Maitre a bien dit « vivante ».
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L’aube est rouge.

Au travers du hublot dansant au rythme des vagues, le soleil est un astre sanglant au travers des nuages. La nuit n’a pas été très gentille. Pour certains. Et alors que je rabats ma couverture sur ma tête, je pense à cette boule au ventre qui m’a torturée pendant toute la nuit. Cette drôle d’impression pas si drôle que ça que quelque chose de pas joli s’est passé. Un truc pas bien. Qui fera souffrir des gens bien. Et peut-être moi aussi. J’ai peur. Je ne sais pas pourquoi je pense à tout ça, mais j’y pense. Il y a quelque chose, à l’autre bout du monde, qui retient mon attention. Et je ne sais pas m’en défaire. Elle m’attire. Elle m’appelle. J’ai vraiment peur, oui. Je voudrais redormir. Ne plus ressentir ça. M’imaginer que tout ça n’existe plus. Plus de souffrance. Plus de tristesse. J’en tremble.

Les yeux clos, je sens quelque chose me caresser le nez. J’en manque d’éternuer sous la surprise et alors que j’ouvre les yeux, je découvre le visage tout gentil de Gnuh, me touchant du bout de son museau, avec quelque chose dans son regard qui me fera toujours croire qu’il en sait plus que tous les gens du monde. Il penche la tête sur le côté, mais je secoue la tête pour lui dire que c’est pas le moment. Je me retourne dans mon lit douillet, mais il en faut bien plus pour repousser Gnuh et il s’empresse de monter sur mon lit qui grince sous son poids. Il tire la langue en la faisant passer sur mon visage et dans mon cou. Je peux pas m’en empêcher. J’éclate de rire.

-Pas les chatouilles !
-Gnuh !

Il continue ainsi pendant une bonne minute avant de sauter en bas du lit dans un dernier grincement. J’en ris encore un peu avant de me calmer, le sourire joyeux aux lèvres. Puis mon regard vient se porter à nouveau sur cette aube rouge. Et à nouveau, la peur m’envahit. Gnuh me regarde, cherchant un sucre, puis il regarde le hublot. Il marche vers celui-ci alors que je le suis du regard et il vient se mettre sur ses pattes arrière pour y jeter un coup d’œil. Plusqu’un coup d’œil. Sa tête se fixe sur l’horizon, comme s’il pouvait voir quelque chose. J’ai un doute. Et dans le doute, je me lève, glissant ma couverture autour de mes épaules, venant aux côtés de Gnuh. La terre ferme au loin. Et au milieu de celle-ci, des volutes de fumée, des rumeurs d’incendies. De combats.

De morts.

J’ai peur.

Gnuh tourne sa tête vers moi et plonge son regard dans le mien.

-Gnuh !

Du bout de son museau, il me pousse dans la direction du hublot. Je le regarde de mes grands yeux. Est-ce qu’il veut que j’y aille ? Est-ce qu’il sait quelque chose ? Je regarde à nouveau au travers de ce hublot. Le danger rôde à l’extérieur. Et cette boule au ventre, elle ne cessera de me tirailler si je ne fais rien. Gnuh est courageux. Elle est courageuse. Tout le monde l’est. Et moi dans tout ça ? Je dois rester à ne rien faire ? Elle a besoin de moi. Elle souffre pour moi. Elle se met la pression. J’aurais dû lui dire. Je dois lui dire. La soulager de toute la pression qu’elle porte sur ses grandes et chaleureuses épaules.

-Tu viendras avec moi ?
-Gnuh !

Et il vient mettre sa tête dans le creux de mon cou. Je lui caresse derrière les oreilles, il aime bien ça. S’il pouvait ronronner, il le ferait. Une dernière fois, je regarde ce hublot, mais je ne suis caché dans mon lit, je ne suis plus protégée par ma couverture. Elle est tombée. Et je regarde avec un peu plus de confiance ce monde si grand et si terrifiant qui m’attend. Avec Gnuh, rien ne pourra m’arriver. Et quand nous serons ensemble, rien ne pourra nous arriver.

-Allons-y, Gnuh !
-Gnuh !

Attends-nous, Adrienne !
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