Le colonel Miguel Jimenez poussa un long soupir. Pendant quelques minutes, il avait pu entretenir l'illusion qu'aujourd'hui serait une belle journée. Quelques heures plus tard, il devait se rendre à l'évidence que non, aujourd'hui ne serait pas une belle journée, mais qu'en plus aujourd'hui serait une journée des plus fatiguantes.
Il y a deux jours, les révolutionnaires hantant le Grey Terminal avaient été éradiqués avec méthode, précision, dommages collatéraux limités et un taux de pertes militaires raisonnable. Hier, une partie des troupes pliait bagage et se préparait à retourner dans leurs casernes un peu partout sur East Blue et pour certains au-delà. L'autre partie fouillait les montagnes à la recherche de gris s'en étant tirés.
Et lui, colonel de la marine installé sous les ordres du Vice-Amiral Fenyang, était chargé de maintenir l'ordre dans cette foutue ville de Goa.
Il répéta son soupir une nouvelle fois.
En temps normal, il aurait eu des centaines d'hommes sous ses ordres pour garantir le bon fonctionnement de la cité, faire respecter les lois et craindre l'uniforme. Mais la majorité de ses gars étaient dans les montagnes à chasser du ptit gris.
Il jeta un long regard à son subalterne, le lieutenant-colonel Ténébris Dupont. Quel nom. Qui en 1626 s'appelle encore Dupont, vraiment ? Mais il connaissait l'homme depuis des années et il le savait efficace, pas un homme de terrain, mais un expert de l'organisation. De la graine de sous-amiral.
Le colonel Jimenez prit une liasse de paperasse et les frappa du coin sur la table, pour en faire un tas bien propre. Puis il les reposa.
Lorsqu'il estima qu'assez de temps fut écoulé, il reprit leur conversation.
- Il me semble que je dois avoir mal entendu, litcol Ténébris.
- Le citoyen Ernest Druant a disparu, sa femme et leurs enfants s'inquiètent.
- D'accord, j'avais bien entendu alors. Rappelez-moi qui est cet homme ? Un haut-fonctionnaire ? Un magistrat local ? Un noble peut-être ?
- Un maraîcher, mon colonel.
- C'est bien ce qu'il me semblait avoir entendu la première fois. Laissez-moi vous poser la question autrement. Hum .. c'est vous .. attendez ...
Miguel marmonna quelques bouts de phrases entre ses lèvres avant de se décider pour une totalement différente.
- Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Vous savez aussi bien que moi qu'on peut rien faire pour le moment.
- Mon colonel, un homme a disparu tout de même.
- Litcol, je vous entends. Soyons clair, dans une situation normale, où nous aurions des bataillons de marines pour tenir Goa par le col et l'empêcher de gigoter trop fort, on aurait pu détacher deux, trois personnes pour aller vérifier si le sieur Druant ne serait pas un factieux révolutionnaire ayant eu un accident fatal dans le Grey Terminal avant-hier.
Là, en l’occurrence, on les a pas. Il nous manque les deux tiers de nos hommes et le tiers qui reste est à peine suffisant pour assurer l'ordre dans l'enceinte de la cité.
Tout ça, vous le savez aussi bien que moi, voire mieux. Alors pourquoi vous venez m'en parler ? C'est qu'un marchand de tomates, bonté divine.
- Non mon colonel.
- Non à quoi ?
- Il vend aussi des laitues, des choux, des oranges, des pommes, des poires, des cerises quand c'est la saison, des asperges, des topinambours, des ...
- Si vous êtes venu pour vous entraîner à l'humour, vous repasserez. Ou plutôt non, on vous enverra au stage au prochain cirque qui passe en ville. Si vous me répondiez sérieusement ?
- Oh, et bien ... il n'est pas bon de laisser ce genre de choses sans au moins montrer que nous agissons, monsieur. Si nous ne faisons rien, la populace va s'inquiéter. Vous savez ce que ça donne, une population inquiète.
- C'est clair qu'on a pas besoin de ça. Bon, alors qu'est-ce que vous proposez ? On a personne pour s'en occuper, mais il faut quelqu'un pour s'en occuper. Vous désirez peut-être traiter l'affaire vous-même ?
- Non mon colonel. J'ai déjà arrangé ces choses-là mon colonel. Le sous-lieutenant Ryuko Kuzuryu vient d'être transférée à Goa et le caporal d'élite Gallena Scorone nous est "prêtée" par son officier.
- Prêtée ? Bon, je ne veux pas connaitre les détails. Allez les voir, expliquez-leur ce qu'on attend d'elles.
- Merci mon colonel.
Le lieutenant-colonel Dupont sortit du bureau en silence tandis que son supérieur s'en retournait à sa paperasse. Le terrain lui manquait, mais il fallait que quelqu'un s'en charge. Et ce quelqu'un, c'était lui.
Néanmoins ... le colonel Jimenez jaugea la pile de papier et le temps qu'il faudrait pour la remplir. S'il se contente de les signer sans y passer trop de temps, il pourrait arpenter le pavé dans une heure. Une excellente raison pour ne pas attendre plus longtemps, donc.
Je suis Gallena Scorone, caporal d'Elite de la marine qui tabasse les pirates et les met en prison et ça marche aussi pour les révolutionnaires et les monstres marins. Quoi que j'ai encore jamais mis de monstre marin en prison. C'est un peu gros, les monstres marins. Aussi, je me souviens pas en avoir affronté. Pas de vraiment gros en tout cas. Donc ça compte pas vraiment s'ils sont petits.
Alors du coup .. bah c'est pas la question de toute façon.
Là, on a un type de la régulière, un lieutenant-colonel, qui nous parle de ... de choses. J'ai pas tout bien écouté mais y a un monsieur qui vend des légumes qui a disparu et donc on va devoir aller voir sa femme et chercher des indices et tout ces trucs que ça devrait pas être à moi qui suit dans la marine d'élite de faire ça.
L'autre fille qui est à côté de moi, elle, elle est dans la régulière, donc ça doit faire partie de son travail. C'est des trucs normaux ça, du banal. Moi si je suis passée au BAN et tout, c'est pour plus avoir à faire des trucs de régulière, comme monter la garde ou se promener en ville pour faire voir aux gens que la marine est là qui les protège. Moi, je veux affronter des pirates, les tabasser et les mettre en prison !
Alors franchement, le lieutenant Ishumi qui m'envoie aider des gens de la régulière à faire des trucs de régulière, il est vraiment pas gentil. J'suis sûre qu'il l'a fait exprès.
J'aime bien la tête de l'autre fille. Ryuko je crois qu'elle s'appelle. Elle a des cheveux de plein de couleurs et elle est plus petite que moi de presque une dizaine de centimètres. Bon, y a plein de gens comme ça, mais elle avec ses cheveux qui partent dans tous les sens et font des pointes en l'air, c'est pas aussi facile à voir. Puis il y a des femmes qui sont plus grandes que moi. Et plein d'hommes.
N'empêche que elle, elle est plus petite.
Voilà.
Comment ça, j'ai pas été claire sur ce qu'on devait faire ? Ben enquêter sur une disparition quoi. Et faut faire attention, il y a sans doute des révolutionnaires dans l'affaire. Pis il faut quand même pas taper les gens même si on les soupçonne beaucoup, sauf s'ils nous attaquent ou tentent de s'enfuir. Parce que la défense, c'est autorisé, appréhender un fuyard, c'est autorisé, mais taper les gens sans vraie raison, on a pas le droit. C'est pas comme ça qu'on fait dans la marine.
Qu'on est censés faire, que le lieutenant-colonel répète. Je sais pas pourquoi il y tient tant, mais c'est d'accord hein.
Moi je tape que les criminels et les méchants, de toute façon.
Il y a deux jours, les révolutionnaires hantant le Grey Terminal avaient été éradiqués avec méthode, précision, dommages collatéraux limités et un taux de pertes militaires raisonnable. Hier, une partie des troupes pliait bagage et se préparait à retourner dans leurs casernes un peu partout sur East Blue et pour certains au-delà. L'autre partie fouillait les montagnes à la recherche de gris s'en étant tirés.
Et lui, colonel de la marine installé sous les ordres du Vice-Amiral Fenyang, était chargé de maintenir l'ordre dans cette foutue ville de Goa.
Il répéta son soupir une nouvelle fois.
En temps normal, il aurait eu des centaines d'hommes sous ses ordres pour garantir le bon fonctionnement de la cité, faire respecter les lois et craindre l'uniforme. Mais la majorité de ses gars étaient dans les montagnes à chasser du ptit gris.
Il jeta un long regard à son subalterne, le lieutenant-colonel Ténébris Dupont. Quel nom. Qui en 1626 s'appelle encore Dupont, vraiment ? Mais il connaissait l'homme depuis des années et il le savait efficace, pas un homme de terrain, mais un expert de l'organisation. De la graine de sous-amiral.
Le colonel Jimenez prit une liasse de paperasse et les frappa du coin sur la table, pour en faire un tas bien propre. Puis il les reposa.
Lorsqu'il estima qu'assez de temps fut écoulé, il reprit leur conversation.
- Il me semble que je dois avoir mal entendu, litcol Ténébris.
- Le citoyen Ernest Druant a disparu, sa femme et leurs enfants s'inquiètent.
- D'accord, j'avais bien entendu alors. Rappelez-moi qui est cet homme ? Un haut-fonctionnaire ? Un magistrat local ? Un noble peut-être ?
- Un maraîcher, mon colonel.
- C'est bien ce qu'il me semblait avoir entendu la première fois. Laissez-moi vous poser la question autrement. Hum .. c'est vous .. attendez ...
Miguel marmonna quelques bouts de phrases entre ses lèvres avant de se décider pour une totalement différente.
- Qu'est-ce que j'en ai à foutre ? Vous savez aussi bien que moi qu'on peut rien faire pour le moment.
- Mon colonel, un homme a disparu tout de même.
- Litcol, je vous entends. Soyons clair, dans une situation normale, où nous aurions des bataillons de marines pour tenir Goa par le col et l'empêcher de gigoter trop fort, on aurait pu détacher deux, trois personnes pour aller vérifier si le sieur Druant ne serait pas un factieux révolutionnaire ayant eu un accident fatal dans le Grey Terminal avant-hier.
Là, en l’occurrence, on les a pas. Il nous manque les deux tiers de nos hommes et le tiers qui reste est à peine suffisant pour assurer l'ordre dans l'enceinte de la cité.
Tout ça, vous le savez aussi bien que moi, voire mieux. Alors pourquoi vous venez m'en parler ? C'est qu'un marchand de tomates, bonté divine.
- Non mon colonel.
- Non à quoi ?
- Il vend aussi des laitues, des choux, des oranges, des pommes, des poires, des cerises quand c'est la saison, des asperges, des topinambours, des ...
- Si vous êtes venu pour vous entraîner à l'humour, vous repasserez. Ou plutôt non, on vous enverra au stage au prochain cirque qui passe en ville. Si vous me répondiez sérieusement ?
- Oh, et bien ... il n'est pas bon de laisser ce genre de choses sans au moins montrer que nous agissons, monsieur. Si nous ne faisons rien, la populace va s'inquiéter. Vous savez ce que ça donne, une population inquiète.
- C'est clair qu'on a pas besoin de ça. Bon, alors qu'est-ce que vous proposez ? On a personne pour s'en occuper, mais il faut quelqu'un pour s'en occuper. Vous désirez peut-être traiter l'affaire vous-même ?
- Non mon colonel. J'ai déjà arrangé ces choses-là mon colonel. Le sous-lieutenant Ryuko Kuzuryu vient d'être transférée à Goa et le caporal d'élite Gallena Scorone nous est "prêtée" par son officier.
- Prêtée ? Bon, je ne veux pas connaitre les détails. Allez les voir, expliquez-leur ce qu'on attend d'elles.
- Merci mon colonel.
Le lieutenant-colonel Dupont sortit du bureau en silence tandis que son supérieur s'en retournait à sa paperasse. Le terrain lui manquait, mais il fallait que quelqu'un s'en charge. Et ce quelqu'un, c'était lui.
Néanmoins ... le colonel Jimenez jaugea la pile de papier et le temps qu'il faudrait pour la remplir. S'il se contente de les signer sans y passer trop de temps, il pourrait arpenter le pavé dans une heure. Une excellente raison pour ne pas attendre plus longtemps, donc.
Je suis Gallena Scorone, caporal d'Elite de la marine qui tabasse les pirates et les met en prison et ça marche aussi pour les révolutionnaires et les monstres marins. Quoi que j'ai encore jamais mis de monstre marin en prison. C'est un peu gros, les monstres marins. Aussi, je me souviens pas en avoir affronté. Pas de vraiment gros en tout cas. Donc ça compte pas vraiment s'ils sont petits.
Alors du coup .. bah c'est pas la question de toute façon.
Là, on a un type de la régulière, un lieutenant-colonel, qui nous parle de ... de choses. J'ai pas tout bien écouté mais y a un monsieur qui vend des légumes qui a disparu et donc on va devoir aller voir sa femme et chercher des indices et tout ces trucs que ça devrait pas être à moi qui suit dans la marine d'élite de faire ça.
L'autre fille qui est à côté de moi, elle, elle est dans la régulière, donc ça doit faire partie de son travail. C'est des trucs normaux ça, du banal. Moi si je suis passée au BAN et tout, c'est pour plus avoir à faire des trucs de régulière, comme monter la garde ou se promener en ville pour faire voir aux gens que la marine est là qui les protège. Moi, je veux affronter des pirates, les tabasser et les mettre en prison !
Alors franchement, le lieutenant Ishumi qui m'envoie aider des gens de la régulière à faire des trucs de régulière, il est vraiment pas gentil. J'suis sûre qu'il l'a fait exprès.
J'aime bien la tête de l'autre fille. Ryuko je crois qu'elle s'appelle. Elle a des cheveux de plein de couleurs et elle est plus petite que moi de presque une dizaine de centimètres. Bon, y a plein de gens comme ça, mais elle avec ses cheveux qui partent dans tous les sens et font des pointes en l'air, c'est pas aussi facile à voir. Puis il y a des femmes qui sont plus grandes que moi. Et plein d'hommes.
N'empêche que elle, elle est plus petite.
Voilà.
Comment ça, j'ai pas été claire sur ce qu'on devait faire ? Ben enquêter sur une disparition quoi. Et faut faire attention, il y a sans doute des révolutionnaires dans l'affaire. Pis il faut quand même pas taper les gens même si on les soupçonne beaucoup, sauf s'ils nous attaquent ou tentent de s'enfuir. Parce que la défense, c'est autorisé, appréhender un fuyard, c'est autorisé, mais taper les gens sans vraie raison, on a pas le droit. C'est pas comme ça qu'on fait dans la marine.
Qu'on est censés faire, que le lieutenant-colonel répète. Je sais pas pourquoi il y tient tant, mais c'est d'accord hein.
Moi je tape que les criminels et les méchants, de toute façon.