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[flashback] Soleil de plomb [PV : Malek Hawke]

Le bruit courait qu'une base de la révolution se trouvait dans le désert, quelque part sur l'île où Masaki se trouvait. Il n'avait d'ailleurs eu aucun mal à aterrir dessus avec son embarcation des plus modestes. Si arriver sur l'île était facile, atteindre la base était bien plus compliqué. On racontait que ceux qui arrivaient là-bas pour faire partie de la révolution avaient beaucoup de chances d'être accepté juste pour avoir réussi à les trouver. Non seulement elle était bien cachée, mais elle se trouvait aussi au milieu d'un désert qui s'étendait à perte de vue. Beaucoup de gens avaient péri dans la chaleur torride de cette étendue de sable, que ce soit simplement pour rejoindre le village voisin ou pour rencontrer la révolution. C'était comme à Alabasta en quelque sorte, sauf que le désert était bien plus petit, mais quand même redoutable si les gens se perdaient. Masaki aurait aimé avoir un Eternal Pose pour lui indiquer la direction à suivre, mais il ne pouvait compter que sur ses capacités.

Par chance dans le village qui accueillait les touristes et autres voyageurs vendait toutes sortes de victuailles et autres outils. Le jeune révolutionnaire regarda alors sa bourse accrochée à sa ceinture, la décrochant au passage. Il y avait encore plusieurs milliers de berrys, de quoi couvrir largement la traversée. Ainsi il acheta une paire de lunettes de sable pour éviter d'en recevoir dans la figure, ainsi que de nombreuses bouteilles d'eau qu'il plaça dans son sac de voyage. Ce n'était pas du luxe par un tel temps et en pleine journée, surtout qu'il nétait même pas sûr de trouver la base en question. On racontait qu'elle était de la même couleur que le sable, donc absolument indétectable sous tous les angles. Dans la même rumeur se disait que seuls ceux qui y avaient déjà mis les pieds pouvaient y retrourner par la suite. Mais Masaki n'avait pas l'intention de se contenter de rentrer bredouille, son but était de rencontrer les révolutionnaires de cette île afin de leur donner un coup de main. Pas qu'ils en aient forcément besoin, mais c'était surtout car le jeune révolutionnaire avait besoin de compagnons à recruter dans son équipage. Il se disait que si une autre personne que lui était capable de trouver la base, il mériterait d'office son respect.

C'est ainsi qu'en prenant son courage à deux mains, Masaki se lança à l'assaut du grand désert principal sans transport, juste ses pieds. Ce n'était pas gagné si la base était invisible à l'oeil nu tel un trompe l'oeil, mais le jeune homme avait l'habitude des défis ambitieux. Il pouvait clairement dire que c'était une barre bien haut placée qu'il s'était fixée cette fois, surtout vu les dangers du désert. Il était préparé à n'importe quel danger, prêt à riposter avec sa hallebarde Gekiringa et sa détermination inébranlable. Comme il s'y attendait, la marche était des plus difficiles à cause du sable qui lui donnait sans cesse l'impression de reculer d'un demi pas chaque fois que son pied s'enfonçait dedans. De plus le vent chaud lui asséchait la peau de plus en plus alors qu'il venait tout juste de commencer son périple. Cette épreuve promettait d'être des plus périlleuses, mais ce n'était jamais insurmontable et chaque problème avait sa solution. Ainsi Masaki buvait régulièrement pour ne pas se déshydrater malgré la chaleur étouffante du désert. Par chance il avait bien préparé son voyage en partant seulement quelques heures avant les premiers faiblissements du soleil, ce qui lui promettait du rafraichissement garanti. Si il était parti dans la nuit, la chaleur du lendemain l'aurait vite déstabilisé, mais maintenant qu'il avait l'habitude ça ne serait pas aussi difficile.

Bien sûr il n'était aucunement question de se reposer pendant la nuit, la chaleur était bien plus insupportable que la fraîcheur, alors il comptait bien en profiter. Il ne comptait pas se reposer avant d'avoir mis la main sur la base révolutionnaire, c'était un aller sans retour pour lui. Du moins sans retour au village pour faire une pause, c'était la base ou la déshydratation. Vu de l'intérieur, le désert semblait bien plus grand, mais heureusement les dunes ne changeaient pas beaucoup et la nuit faciliterait sans doute les recherches. Au moins il ne risquait pas de se faire avoir comme un débutant par des mirages stupides. Ainsi le révolutionnaire attendit le prochain abri rocheux afin de se poser quelques minutes et récupérer un minimum. Ce n'était pas facile, mais Masaki supportait bien la chaleur en général, ce n'était pas le premier à se plaindre de suer un peu. Il attendit alors que les premiers rayons du soleil disparurent vers l'horizon pour reprendre sa route. L'ombre semblait déjà moins ardente au creux du rocher, même si le soleil ne se contentait pas de chauffer tout ce qui était dans la lumière.

Une bonne heure plus tard, Masaki recommença à marcher avec un rythme plus soutenu afin de trouver ce fameux camp. Heureusement les dunes formaient comme des points de repère, ce qui lui permettait à peu près d'établir des chemins entre elles, même si ce n'était pas terrible. Malheureusement rien ne semblait apparaître devant lui, pas même un petit indice, une brèche dans leur "camouflage" naturel, rien du tout. Cependant le révolutionnaire ne désespérait pas et poursuivait toujours plus loin son chemin en essayant de mémoriser la position des dunes afin de ne pas poser ses pieds dans ses précédentes traces de pas. En plus les vivres du jeune homme commençaient à diminuer à vue d'oeil, il fallait trouver cette base avant d'être en besoin, sinon son énergie ne tiendrait plus très longtemps.

C'est ce qui finit d'ailleurs par arriver au bout de nombreuses heures de recherche, son sac ne contenait plus une goutte d'eau ni une miette de nourriture. Avec ça il n'allait pas faire long feu si le soleil venait à se lever de nouveau d'ici peu, mais il poursuivait toujours ses recherches sans relâche. C'était encore tout ce qu'il avait trouvé comme petit entraînement, car une simple base dans une ruelle secrète ce n'était pas stimulant du tout, il fallait choisir un endroit plus hostile. Le désert lui avait semblé le mieux, surtout si la rumeur disait vrai au sujet de la base. Après tout, les révolutionnaires devaient tout faire pour rallier à leur cause des gens contre l'esclavagisme et le gouvernement qui permettait cette pratique. Ce pourquoi ils se devaient de passer le message au moins pour qu'on tente le coup et qu'on prouve par la même occasion sa valeur. C'était justement son cas, sa valeur pouvait s'avérer utile pour n'importe qui, c'était pour ça que Hana l'avait sauvé, pour faire bouger les choses. Malheureusement les mouvements qu'il lui restaient allaient en diminuant à force que son énergie baissait et que le soleil revenait en force. Toujours aucune trace de ce campement secret et plus rien de comestible dans son sac, le destin semblait s'acharner sur lui. Il commençait à sentir sa vue se troubler alors qu'il faiblissait jusqu'à ne plus savoir marcher. Le jeune révolutionnaire se laissa retomber à genoux alors que le matin se levait, la fatigue le tenaillait ainsi que la faim et la soif. Il aurait dû acheter plus que ça au lieu de jouer la confiance en l'aller simple droit au but. Tout ce qu'il put voir avant de s'écrouler était une tempête de sable se rapprocher. Il crut apercevoir des silhouettes à cheval à l'intérieur, mais sa vue lui jouait tellement de tours dans ce maudit désert qu'il ne fit pas attention.
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– Hey, le Marine, le p’tit déj’ est prêt, tu peux v’nir quand tu veux!

– Ex-Marine!
La correction était venue automatiquement, presque par habitude. Avec un soupir, je levais les yeux de mon livre et lançais un regard agacé vers l’homme qui s’éloignait déjà en riant, comme s’il venait de faire la meilleure blague de l’année. J’avais l’habitude à présent. Même si la majeure partie de la racaille qui se trouvait là me traitait plutôt bien, il y avait toujours quelques abrutis pour essayer de me titiller, histoire de me voir réagir. Si au début j’avais cru que leur but était de provoquer un incident qui m’amènerait directement au bourreau, à présent, je pensais qu’il s’agissait d’avantage d’un jeu. Un jeu destiné à voir jusqu’où ma patience pouvait aller. Malheureusement pour ces idiots, la patience était l’atout majeur dans ma spécialité.

Sans faire plus attention au type qui repartait dans le couloir, je repris ma lecture, ma jambe estropiée étendue devant moi, bien calée sur un coussin. Depuis six semaines que j’étais arrivé dans cette base, mon calme et mon indifférence avaient fini par m’apporter une certaine forme de liberté. Oh, je n’étais pas libre de sortir comme je le voulais, mais au moins, je pouvais aller et venir au sein de la base, tant que je n’avais pas l’air de fouiner partout, tout allait bien. Rester soigneusement en dehors de tous évènements et ne surtout pas m’approcher de trop prêt des moyens de communication avec l’extérieur étaient les clés pouvant m’apporter la confiance de ces gens. Où tout du moins, un semblant de confiance. Mais je n’étais pas exigeant et ça me suffisait. Pour l’instant!

Trouver la base n’avait pas été aussi complexe que je l’avais d’abord pensé. Armé des renseignements que j’avais dérobé avant de quitter la Marine, arriver jusqu’à cette île avait été un jeu d’enfant. La suite s’avéra plus délicate. N’ayant aucune envie de me lancer dans une hasardeuse traversée du désert, j’avais pris mon mal en patience et attendu plusieurs jours qu’un groupe se montre. Des révolutionnaires, j’en avais chassé suffisamment au cours de ma carrière pour savoir les repérer quand j’en croisais. Me faire capturer et ramener à leur base ne fut pas plus compliqué, il me suffit de leur faire miroiter quelques renseignements susceptibles de les aider dans leur quête. Et hop, deux heures plus tard, je me retrouvais pieds et poings lié sur un chameau, les yeux bandés, histoire de ne pas voir la route menant à la base. Il nous fallut trois jours pour atteindre la base en question, mais je soupçonne mes gardiens d’avoir tourné en rond pour me faire perdre tout sens de l’orientation. Ce qui avait plutôt bien fonctionné, je l’avoue.

La suite fut nettement moins plaisante, je dois l’avouer. Prisonnier, gardé dans le noir, pendant je ne sais combien de temps, interrogé régulièrement par différentes personnes qui ne se montraient jamais, menacé, privé de sommeil, de nourriture et d’eau pendant assez longtemps pour me laisser penser qu’ils allaient me laisser mourir ainsi, à petit feu, j’ai passé de très pénibles heures. Les entraînements de choc subis au sein de la Marine, pour nous préparer à de telles situations, m’aidèrent néanmoins à garder mon calme et à ne pas sombrer dans la panique.

Enfin, après un temps qui me parut interminable, mais qui ne dû excéder une semaine ou deux, un homme fut introduit dans ma cellule. A la façon dont il parlait aux autres, je compris qu’il devait avoir une certaine importance, pour cette base, tout du moins. Il resta dans l’ombre, et, affaiblis, je ne pus suffisamment me concentrer pour voir les traits de son visage. Il m’interrogea, lui aussi. Mais pas comme les autres. Il commença par parler de tout et de rien, de sujets sans intérêts, de ce qui se passait à l’extérieur, de sa fille, de moi, et avant de m’en rendre compte, je me retrouvais à tout lui raconter. Mon enfance terrifiée, mon adolescence révoltée, mon emprisonnement, ma rencontre avec Hana. Ah, Hana! La raison pour laquelle j’étais là, dans ce trou, à laisser des révolutionnaires à la petite semaine me traiter comme de la merde.

Hana! C’est en prison que je l’ai rencontré pour la première fois. Une drôle de fille, sans aucun doute. Un peu plus jeune que moi. C’est peut-être la raison pour laquelle je me suis senti le devoir de la protéger. Avant de s’en rendre compte, on était devenu inséparable. On a fait tout voir à nos geôliers, tant et si bien qu’on a été casé sur un navire de transfert à destination d’une prison plus dure … Qu’on a jamais vu, naufrage oblige. On a passé les moins suivants à faire les quatre cents coups dans tous les coins, jusqu’à ce jour où tout bascula. Des chasseurs de primes nous ont attaqués. Blessé, je n’ai eu la vie sauve que grâce à l’intervention d’un groupe de Marine mais un malentendu m’a laissé croire à la mort de Hana. Pendant des années j’ai pleuré ma seule amie, jusqu’à ce que je me retrouve nez à nez avec elle au pendant une mission. Elle était devenue une révolutionnaire. Je n'arrivais pas à croire qu’on se retrouvait dans des camps opposés. Comment la protéger dans ces conditions?

Le Destin nous a mis face à face plusieurs fois par la suite, mais je ne parvenais à me résoudre à lui faire du mal. Et puis, je dois dire, ses mots, ses révélations, ont suffi à faire s’effondrer ma conviction déjà vacillante et à remettre en question mon engagement dans la Marine et ma loyauté envers le gouvernement. C’est probablement pour ça que la Marine a cherché à se débarrasser de moi à la première occasion. Et c’est aussi pour ça que je me suis mis à la recherche de Hana chez les révolutionnaires. Mais elle n’était plus là. Elle avait été capturée et envoyée je ne sais où.

Si cette révélation me laissa complètement perdu, mon entretien avec cet homme, au moins, arrangea ma situation. Ayant compris ce que je voulais et, visiblement, décidé que je ne avais pas mentis et que je n’étais pas un espion, il me libéra de ma cellule obscure et me fit placer dans un bâtiment plus accueillant. A partir de là, ce fut à moi de jouer, de montrer par mon comportement que je n’étais pas un danger et que je n’avais pas l’intention de les trahir, ce je que je m’attachais à faire. Les gardes finirent par m’accorder la semi-liberté dont je jouis à présent.

– Hé, Malek-kun! Tu viens? s’écria une voix enfantine.
Une petite tête brune était suspendue par la fenêtre de ma chambre et me lançait un regard suppliant. La fille de mon "bienfaiteur" avais-je appris récemment. Elle semblait s’être attachée à moi, même si je ne comprenais pas vraiment pourquoi.

– Allez, si tu ne te dépêches pas, tu n’auras plus rien!
Fermant mon livre, je le posais sur le matelas avant de me lever. La chaleur écrasante du désert me mettait toujours mal à l’aise, moi qui avait passé la majeure partie de ma vie en North Blue, mais elle avait un avantage. Contrairement au froid, elle ne provoquait pas de douleurs intempestives dans mon genou estropié. Ce dont j’étais, somme toute, reconnaissant.

La gamine lâcha le rebord de la fenêtre en riant, tandis que je claudiquais vers la porte. Le couloir était désert, tout le monde devait probablement être déjà à table. La base ne comportait aucun bâtiment assez grand pour servir de cantine, les repas étaient donc pris en commun sur ce qui faisait office de place centrale à ce petit village. Mais j’avais à peine mis le nez dehors qu’un raffut de cri et de battements de sabots vient interrompre la tranquillité de cette matinée. Un groupe d’hommes se précipita vers la porte ouverte dans le mur d’enceinte tandis qu’une patrouille revenait de sa ronde, visiblement très affairée. M'en tenant à mon habitude de ne pas me mêler de ce qui se passait dans le camp, je continuais mon chemin vers la place, mais je pus tout de même saisir des bribes de conversation:

– Un étranger dans le désert … a une vingtaine de kilomètres d’ici …

– Il venait par ici, pas de doutes ...

– Espion de la Marine, probablement …

– Enfermez-le, vite.
Intrigué malgré moi, je jetais un regard par-dessus mon épaule pour voir plusieurs gardes passer en portant le corps d’un jeune homme étrangement habillé. Comme moi à mon arrivée, il avait les pieds et poings liés et un sac sur la tête en guise de cagoule pour l’empêcher de voir ce qui se passait autour de lui. Il fut traîné vers l’un des bâtiment que je savais être la prison et je me surpris en train de me demander quel genre d’idiot pouvait se lancer dans la traversée du désert à la recherche d’une base de révolutionnaires?!
    Le dernier souvenir qu'avait Masaki, c'était la tempête de sable et les silhouettes à cheval, iil s'était évanoui avant de pouvoir confirmer que c'était bien ce à quoi il pensait. En réalité ils étaient à dos de chameau et ce nétait pas une tempêche, contrairement à ce qu'il avait imaginé. Il aurait aimé rejoindre le camp un peu plus tôt, surtout qu'il était certain de se trouver proche de lui, mais il n'avait pas eu l'occasion ni la force de continuer son chemin. Il se fit alors embarquer par la révolution du coin directement dans la base afin de ne pas le laisser bêtement mourir déshydraté. Par chance il ne subit pas de jugement hâtif sur ses intentions, on lui laissait encore le bénéfice du doute concernant sa présence en ces lieux et dans le désert. Le jeune révolutionnaire était déçu de ne pas avoir réussi à parvenir au campement, il n'aurait pas la moindre chance d'y retourner même si il le voulait. Mais au moins il se disait qu'on le sauverait au minimum de la mort et c'était déjà pas mal de leur part comme geste envers un inconnu. Bien sûr les révolutionnaires n'avaient pas l'intention pour autant de le traiter comme un prince et l'avaient même mis au fer et recouvert d'un sac au niveau de la figure. Ils lui avaient aussi enlevé son masque de dragon pour laisser son vrai visage en-dessous du sac.

    Après quelques heures de récupération, principalement pour l'épuisement, Masaki se réveilla à l'abri du vent ardent et du soleil de plomb qui frappait la région. Malheureusement pour lui, il se rendit vite compte qu'il n'était pas dans une suite pour les invités, mais dans une cellule. Un commandant de la révolution locale était enfermé avec lui, assis sur une chaise en train de jouer de son index avec son pistolet à silex. De temps en temps il visait la tête du prisonnier afin de décider si il devait l'abattre sur-le-champ ou le laisser essayer de s'expliquer. Le jeune homme se réveilla alors, tentant de se redresser avec ses mains, mais il fut contraint de rester couché sans pouvoir même regarder quiconque dans les yeux. Heureusement il n'était pas bâillonné, mais si jamais il n'était pas capable de s'expliquer sur sa présence imprévue, il allait avoir du mal à articuler avec un plomb dans la bouche.


    -Eh qui est là ?

    -Celui qui va décider si tu restes en vie ou pas, alors surtout pas de tentative d'évasion ou je te colle un plomb entre les deux yeux.

    -Je suis bien dans le camp révolutionnaire ? J'ai réussi à l'atteindre ?

    -Oui c'est l'endroit où tu te trouves, mon équipe t'a vu inconscient dans le désert et t'a ramené ici. Pour le moment c'est moi, un commandant de la révolution, qui va m'entretenir avec toi pour voir si tu mérites la vie.

    -C'est ridicule, délivre-moi, je suis même pas venu ici pour récolter des informations !

    -Tu veux me faire croire que tu as traversé le désert sans même savoir où chercher, et cela juste pour faire un petit coucou et repartir ? Même si c'était le cas, ça ne suffirait pas à te libérer, désolé pour toi.

    -J'ai rien à cacher, si ça peut vous aider un peu...

    -Alors pourquoi tu caches ton visage par ce déguisement ?

    -Je suis recherché par un type en noir, j'étais en train d'effectuer une mission de récolte d'informations, mais un gars tout en noir m'a mis au tapis en même pas une seconde. La dernière fois qu'on s'est vus, mon instructeur était en train de se battrd 'égal à égal contre lui. La dernière chose que je voudrais c'est bien de le recroiser...

    -Un type en noir ? Si c'est ce que je crois, tu as eu beaucoup de chance de t'en sortir en vie, ces gars-là ne laissent pas facilement leurs missions échouer. Ce sont des agents du gouvernements spécialement entraînés pour tuer, même dix ans d'entraînement ne t'aurait pas suffi pour en vaincre un seul.

    -La ferme ! C'est pas à toi de décider de si je vais gagner ou pas la prochaine fois, j'ai bien l'intention de l'écraser ! J'ai juste besoin de compagnons pour m'aider à devenir plus fort, mais en attendant je peux pas me balader dans les rues avec ma tête, je dois être sur leur liste noire...

    -Tu as été bien idiot d'entreprendre un tel voyage dans le désert alors que tu as un but aussi énorme à atteindre. Tu sais que tu aurais pu mourir si on ne t'avait pas trouvé ? Ca te convient de risquer ta peau juste pour essayer de recruter du monde ?

    -Je sais pas, tout ce que je veux c'est aider la révolution, et pour ça j'ai besion d'alliés ! S'il te plait, j'ai pas de temps à perdre derrière les barreaux, si je veux renverser le gouvernement je dois pas gaspiller une seule seconde !

    -Ce ne sera pas toi qui en aura l'honneur, jamais tu n'y arriveras. Tu es fou mais je t'aime bien, c'est  l'état d'esprit qui me plait chez une personne. Si tu avais commencé à te décourager en t'apitoyant sur ton sort, je crois bien que je t'aurais abattu.

    Sur ces mots, le commandant lui enleva le sac sur la tête et inséra la clé dans les menottes afin de le libérer entièrement. Il était moins convaincu par sa détermination que par son arrogance et sa franchise, si il était dans le camp ennemi, il n'aurait rien révélé, juste raconté un bobard inventé sur place. Mais l'homme en noir, il n'a pas pu l'inventer, et le commandant le savait bien. Le Cipher Pol était redoutable pour la révolution, leurs pires rivaux dans le gouvernement avec la marine, si il avait survécu à une capture par l'un d'entre eux, alors il méritait de vivre. L'homme voulait l'aider dans sa quête de compagnons, si c'était pour se venger d'un impitoyable adversaire qui représentait la mort pour lui. Il tendit même la main à Masaki pour l'aider à se redresser par pure sympathie. Il n'en fallait pas beaucoup pour le convaincre, et pour le dissuader aussi. C'était un homme facile de décision, soit il libérait siot il tuait, c'était sa politique principale de ne pas hésiter des heures. C'était peut-être absurde de continuer à se déguiser, même avec quelque chose de bien plus sophistiqué qu'un costume pour enfant, mais Masaki tenait à rester ainsi. Après tout cette unité d'assassins était aussi très douée pour récolter des informations, alors il ne lui serait certainement pas impossible de découvrir sa nouvell identité si il faisait l'erreur d'enlever trop souvent son déguisement.

    D'un large sourire sur le visage, Masaki se releva pour serrer comme il se devait la main de son interlocuteur. Celui-ci ouvrit alors la cellule pour sortir en sa compagnie dans la plus grande camaraderie possible envers un inconnu du même camp. Masaki en profita pour s'excuser d'avoir fait peur à tout le monde, il avait entendu des personnes discuter de lui comme si c'était un espion et ça l'avait gêné de leur faire penser ça. Heureusement comme il avait l'approbation du commandant principal de la base, ça rassurait tout le monde et la grande troupe ne tarda pas à lever un verre de bienvenue pour lui. Pour sa part, il n'osait pas trop s'incruster à table alors il préféra retourner dans sa cellule pour se reposer, en espérant qu'on ne l'enferme pas dedans.
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    La commotion provoquée par l’arrivée de l’étranger secoua tout le camp pendant quelques heures, tandis que je m’occupais en donnant un coup de main là où on avait besoin de moi, ce qui, basiquement, consistait à aider les femmes à maintenir le camp vivable. Ça ne me dérangeait pas, j’avais été de corvée plus souvent qu’à mon tour pendant ma formation au sein de la Marine, la faute à mon tempérament rebelle d’ado qui se pensait incompris! Mon officier formateur se plaisait d’ailleurs à se foutre de moi en me répétant qu’il n’y avait pas de sous métiers et, même si à l’époque je lui aurais volontiers planté une lame dans le dos, ça m’a aidé à apprendre l’humilité.

    Je ne m’étais pas intéressé au nouveau venu depuis son arrivée, me contentant de rester à l’écart, histoire d’éviter aux plus suspicieux de mes hôtes d’y trouver un prétexte pour me passer la corde au cou. J’entendais cependant parler de lui tandis que j’arpentais le camp pour aider qui en avait besoin. L’inquiétude se faisait sentir partout où j’allais. Le camp passait pour être l’un des mieux cachés et l’un des plus difficiles à atteindre. Que ce gamin soit arrivé jusque-là, même avec un peu d’aide, avait de quoi inquiéter. Surtout quand on ignorait qui était ce gamin et ce qu’il venait faire ici. Ce ne serait pas la première fois qu’un espion se faisait prendre en tentant d’infiltrer une base. Même si je devais avouer, que d’habitude, les espions se contentaient d’une approche plus discrète. Si le gamin en était un, il n’était vraiment pas doué!

    J’essayais de ne pas y penser, bien que ça m’intrigua, c’était la première fois depuis mon arrivée qu’une patrouille ramenait un étranger. Habituellement, les intrus mourraient dans le désert avant d’être retrouvés, celui-ci avait donc de la chance, dans un sens. Il allait certes faire connaissance avec l’hospitalité relative des révolutionnaires mais au moins, il était toujours en vie. Je n’arrivais toujours pas comprendre ce que ce gamin pouvait bien faire seul dans ce désert, sans eau ni nourriture. C’était au-dessus de mon entendement. Soit il était complètement idiot, soit il avait sous-estimé la cruauté du sable et du soleil. Enfin, quoi qu’il en soit, ça ne répondait pas à la question principale. Que faisait-il là? Habituellement, les touristes se faisaient rares dans le coin, et je ne pouvais m’empêcher de penser qu’il n’était pas arrivé jusque-là par hasard. Non, c’était bien nous qu’il cherchait. Restait à savoir pourquoi.

    Je passais ainsi une bonne partie de la journée, essayant de m’occuper comme je pouvais, mais mon esprit en quête de distraction ne cessait de me ramener vers ce type qui venait d’arriver. Je savais parfaitement qu’il valait mieux éviter de m’en mêler, mais je devais avouer que j’étais curieux. Une partie de moi voulait connaître le fin mot de l’histoire, tandis qu’une autre ne cessait d’essayer de me persuader de rester à l’écart. C’est certainement la raison pour laquelle, en fin d’après-midi, je me retrouvais planté devant la façade de la prison à me demander ce qui se passait entre ses murs. Les bras croisés, je m’apprêtais à faire demi-tour avant que ma présence n’alarme les gardiens, quand une voix m’interrompit:

    – Ah tu es là Malek-kun!
    Me retournant, je vis approcher l’homme qui m’avait interrogé et avait réussi à me faire cracher toute mon histoire sans que je m’en rende compte.

    – Je te cherchais, affirma-t-il en se plantant face à moi.
    Je ne demandais pas pourquoi. Ce devait probablement être important. Je ne l’avais plus vu depuis mon interrogatoire et ignorait même son nom, mais je savais qu’il avait de l’influence dans ce camp, et qu’il ne se dérangeait pas pour rien.

    – Un drôle de numéro qu’on a récupéré là, révéla-t-il d’un air pensif.
    Je compris qu’il faisait allusion au type arrivé le matin.

    – J’aimerais que tu discutes un peu avec lui.
    Dire que je fus surpris par la requête serait un euphémisme. Un instant, je regardais le révolutionnaire sans rien dire, les yeux écarquillés de stupéfaction.  

    – Il affirme venir pour se joindre à nous. Il nous a même donné quelques renseignements forts intéressants. Il dit être pourchassé par le Cipher Pol. Lequel, nous n’en savons rien pour le moment, mais c'est déjà assez intriguant en soit. Qu’en penses-tu?
    Je me tournais à nouveau vers le mur de la prison.

    – Que si c’est vrai, il a beaucoup de chance d’être encore en vie. Ou alors, il est extrêmement fort. Le Cipher Pol ne plaisante pas. J’ai eu l’occasion de côtoyer ces types là pendant mon service au sein de la Marine. Rien que d’y repenser ça me donne froid dans le dos.
    Un sourire se dessina sur les lèvres du révolutionnaire mais il se garda bien de me faire part de ses pensées.

    – A toi de nous dire si c’est vrai ou pas. Jack a décidé de le laisser libre, mais je préfère m’assurer que rien de fâcheux ne se produise, si tu vois ce que je veux dire. J’ai parlé avec les gardes, tu as l’autorisation d’entrer pour lui parler.
    Il me donna une claque sur l’épaule et s’éloigna comme si de rien n’était. Je restais un instant à regarder les murs de la prison avant de m’avancer vers la porte. J’aurais nettement préféré qu’il m’assure que j’avais aussi l’autorisation d’en sortir après mon entrevue avec notre visiteur.

    Les gardes me regardèrent approcher sans rien dire. L’un d’eux m’indiqua d’un signe de tête la cellule ou l’homme "résidait" pour le moment. Je fus un peu surpris de trouver la porte ouverte, mais après tout, on m’avait dit qu’il était libre, non? Me rappelant de mes années d’entraînement, j’entrais dans la cellule d’un pas décidé. Il fallut un instant à mes yeux pour s’habituer à la pénombre de la petite pièce.

    – Je m’appelle Malek, annonçais-je à l’occupant des lieux dès que je pus le voir. On va discuter un peu tous les deux.
    Je m’adossais au mur sans le quitter des yeux. Mis à part son étrange accoutrement, il n’avait pas grand-chose d’impressionnant et j’eus du mal à croire qu’il ait pu échapper à un agent du Cipher Pol.

    L’idée que ce pouvait être un piège faisait trembler mes mains, je croisais donc les bras sur mon torse pour cacher ma nervosité. Je ne savais pas à quoi m’attendre. Pour autant que je sache, c’était peut-être un test pour s’assurer de ma loyauté. Les révolutionnaires savaient probablement qui était ce gamin et essayaient de voir comment je pouvais réagir face à lui. Si je leur disais qu’il était clean alors qu’en fait il s’agissait d’un espion, j’étais mal. Et dans le cas contraire … Non, il valait mieux éviter d’y penser. Je devais rester concentré sur cette petite discussion et éviter de penser à quoique ce soit d'autre.

    Prudence!
      Bizarrement, dans la cellule, il faisait moins chaud, il faisait même bien frais, malgré les vents du désert. C'était certain que dehors il serait en train de cuire si il y était resté aussi longtemps, alors Masaki préférait rester dans l'endroit qui l'avait vu captif quelques minutes avant. Maintenant que son interrogatoire avait été un franc succès et qu'il était blanchi de tout soupçon de par son authenticité et sa franchise -alors qu'un espion aurait calé sur plusieurs questions-, le révolutionnaire pouvait se reposer un peu. Au moins il retiendrait la leçon et n'essayerait plus jamais de franchir le désert sans connaître précisément la direction. Le souci était qu'on l'avait repêché, donc il était toujours autant incapable de donner le chemin, cela dit il comptait bien profiter de son entrée pour recruter des bons gars pour son équipage. Après tout il était venu pour ça depuis le début, donc ripailler et s'amuser passait bien après. Pour le moment, son équipage n'était pas très grand, Masaki n'aimait pas recruter des sbires à la pelle, ce n'était pas son genre. Après tout le but est bien de rester dans l'ombre, donc limiter les apparitions restait le choi le plus judicieux.

      Plongé dans ses réflexions, le jeune révolutionnaire avait à peine remarqué qu'un individu de rouge vêtu était entré dans sa "chambre" sans rien dire. Il pouvait encore se souvenir de la discussion qu'il avait eue avec les gardes en train de manger eux aussi, il s'en trouvait presque flatté d'y être au coeur. Surtout qu'il n'avait pas choisi d'être aussi chanceux, il pensait juste effectuer sa mission comme tout le monde, rien de particulier. Le seul événement à avoir joué en sa défaveur avait été l'homme en noir qui semblait appartenir à une unité appelée Cipher Pol. D'après ce qu'il avait entendu de la vague discussion superposant les bruits de fond, il fallait vraiment faire attention à ces gars-là, se faire capturer n'était jamais sans conséquence, surtout pour ces gens. Surtout que cet homme avait l'air vraiment très fort, Masaki se revoyait encore une seconde en train de fuir la base en évitant les gardes assommés par son tuteur qui tentaient de l'arrêter par pur sens du devoir. Même lui semblait avoir du mal à le vaincre, pourtant il lui avait tout appris, c'était vraiment une chance d'arriver à être parvenu à lui échapper ce jour-là. Si Hana n'avait pas été là pour le secourir, lui sauver la vie, et lui permettre de reprendre un nouveau départ plus radical, il ne serait même pas là à ressasser ses souvenirs.

      Le gaillard qui était entré dans la pièce ne semblait pas particulièrement impliqué dans la révolution ni particulièrement novice, il avait même l'air d'être un pirate ordinaire. Il avait apparemment envie de discuter, ce qui n'était pas plus mal pour essayer d'en savoir un peu plus sur le genre de gars qui habitait ce camp. Même si ce n'était qu'un seul individu, c'était tout de même intéressant de faire connaissance avec quelqu'un qui était piqué par la curiosité au point de venir le voir spontanément. Le dénommé Malek s'adossa alors contre un mur en le fixant, visiblement intrigué par son déguisement étrange qui pourrait aisément faire penser à tout un tas de choses, pour la plupart infantiles. Mais c'était pour une bonne raison, pas juste par simple plaisir d'être dans la peau d'un pseudo-dragon pour se donner un genre. Et puis les autres déguisements étaient moins sympa.


      [flashback] Soleil de plomb [PV : Malek Hawke] 15679003
      -Tu peux m'appeler Masaki, je pense que c'est pas utile de faire des manières entre gens du même camp. J'ai comme l'impression que je vais avoir droit à un second interrogatoire, vu comment tu présentes ça, héhé...
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      Maintenant que j’étais là, je ne savais plus vraiment quoi faire. Les interrogatoire n’étaient pas vraiment ma tasse de thé. Quand j’étais dans la Marine, mon rôle se limitait à arrêter ou abattre les pirates, d’autres se chargeaient de les interroger. J’avais certes reçu une formation pour mener un interrogatoire mais je ne me souvenais pas en avoir déjà mis les enseignements en pratique. Je n’étais même pas sûr de m’en souvenir. Je n’avais pas l’habitude de traiter avec les suspects, j’étais plus à l’aise sur le terrain. Sans compter que je n’étais pas non plus le plus sociale des hommes, ça n’aidait pas vraiment.

      Je restais adossé au mur, le regard fixé sur l’étrange énergumène en face de moi. Sans blague, qui se déguisait encore en dragon à cet âge? Non seulement ça me semblait un peu ridicule mais en plus, je ne pus m’empêcher de penser que ça ne devait pas faciliter le camouflage. Encore que, je n’avais vraiment rien à dire de ce coté là, mon manteau rouge était tout aussi visible que son habit de dragon. Et puis, je n’étais pas là pour commenter ses goûts vestimentaires mais pour me faire une idée de qui il était réellement et s’il était ou non une menace pour nous.

      – Eh bien, Masaki, je suis juste curieux d’en apprendre un peu plus sur toi. C’est pas tous les jours que quelqu’un prend le risque de traverser ce désert pour se joindre à nous. Je dois dire que ça m’intrigue. Et vu que je ne suis pas dans les petits papiers des chefs, je ne sais rien de ton interrogatoire.
      Je décidais de laisser de coté le fait que je n’étais, comme lui, qu’un invité dans ce camp et que les Révolutionnaires locaux, même s’ils avaient visiblement compris que je n’étais pas une menace, n’avaient pas encore décidé que j’étais assez digne de confiance pour être considéré comme l’un des leurs. Pour le moment, il n’avait pas à le savoir, et si penser que j’étais l’un des leurs facilitait la communication, je n’allais certainement pas démentir.

      Enfin, même si je ne suis pas dans le secrets des chefs, j’ai tout de même appris que tu avais réussi à échapper à un type du Cipher Pol! Ce qui me rend encore plus curieux. J’ai croisé ces types plusieurs fois et chaque fois ça m’a presque empli de terreur.
      Encore une fois, je laissais de coté les conditions dans lesquelles je les avais croisé, même s’il était vrai qu’à chaque fois, ces rencontres m’avaient laissé un sale souvenir. Et j’étais dans leur camp. Je préférais ne pas imaginer ce que ça pouvais donner en étant leur adversaire, même si j’avais dans l’idée que je l’apprendrais bien assez tôt.

      – Les agents du CP sont les pires adversaires qu’on puisse avoir, ce sont des tueurs, des assassins sans état d’âme, entraînés pour servir le gouvernement et éliminer les menaces sans réfléchir. Pardonne ma franchise, Masaki-kun, mais tu n’as pas l’air si impressionnant. Je suis curieux de savoir comment tu leur as échappé.
      J’espérais que ma remarque ne le vexe pas trop, car j’étais vraiment curieux de savoir comment il avait pu survivre à une rencontre avec le CP. Autant que je sache ces types n’échouaient jamais, où alors leurs échecs étaient passés sous silence, ce qui était possible aussi. Allez savoir avec la propagande que le gouvernement servait à tout le monde!
        Dans l'ombre de la cellule, les deux révolutionnaires se parlaient tranquillement, Masaki informait simplement son interlocuteur qui lui l'interrogeait pratiquement. Celui-ci parlait de curiosité, il cherchait à en savoir plus sur lui, ce qui était un sentiment tout à fait humain de sa part. Après tout il était vrai que le jeune homme avait tout pour attiser la curiosité, rien que le fait d'avoir voulu découvrir le campement en traversant le désert et avoir pu survivre sans même s'être blessé une seule fois. Après, il avait reçu un difficile entraînement, alors il était paré aux conditions les plus féroces et sa détermination pouvait déplacer des montagnes. C'était justement ça qui l'avait sauvé des bras de la mort et forcé à survivre jusqu'à rencontrer Hana. Le jeune homme confortablement assis ne put s'empêcher de laisser un petit rire s'échapper en entendant qu'il voulait en savoir plus sur celui qui avait risqué sa vie pour rejoindre la révolution, ou au moins un de ses campements. Pas pour se moquer ou parce qu'il trouvait ça comique, mais parce qu'il n'avait jamais pensé attirer la curiosité à ce point que pour subir deux interrogatoires coup sur coup.

        -Ouais c'est vrai que c'est pas tous les jours qu'on entre par une porte aussi petite, on dirait bien que j'étais trop gros finalement ! J'ai surtout eu de la chance qu'on me trouve et qu'on me ramène, j'avais tellement soif que j'aurais pu me couper un bras pour boire mon propre sang ! Nan je plaisante, ça ne m'aurait pas hydraté de toute façon !

        Rire de la situation était ce qu'il avait trouvé de mieux pour ne pas déprimer en repensant à la dernière fois qu'il avait frôlé la mort et pour vivre sa vie un maximum possible. C'était pour cacher qu'il avait toujours eu de la chance et qu'il ne devait jamais ça à ses propres capacités, juste à l'intervention d'autres. C'était vraiment difficile à accepter, mais en tout cas il espérait bien s'entraîner comme un surhomme afin que la prochaine fois il s'en sorte par lui-même et ne doive plus être redevable à quiconque d'autre que lui. La révolution n'avait pas besoin de faibles après tout, il devait au moins savoir se débrouiller par lui-même si jamais on venait à lui donner une mission solo. Il fallait envisager qu'un jour il devrait terminer le boulot à lui tout seul, et dans une telle situation il devait surtout assurer car personne n'irait l'aider. Bien sûr il recherchait des compagnons qui l'aideraient certainement, mais il estimait ne pas les mériter tant qu'il n'avait pas atteint un certain palier. Pour le moment il avait eu de la chance, mais en tant que capitaine la chance ne faisait pas la victoire, il le savait bien.

        Son compagnon de discussion avait lui aussi du mal à croire qu'il avait échappé à un agent du Cipher Pol et avait raison de douter. C'étaient les pires adversaires pour la révolution, il fallait bien l'avouer. Des assassins de l'ombre qui maîtrisaient un art martial des plus redoutables, voilà ce qu'elle devait affronter chaque jour avec chaque soldat. Masaki n'était pas aussi impressionnant qu'eux, en effet, le regarder ne pouvait qu'inspirer l'amusement; avec son déguisement de dragon il avait plutôt l'air d'un idiot. Cependant c'était un symbole, pas juste du tissu sur son corps, c'était ce qu'il voulait qu'on retienne de lui en cas de description, à savoir un dragon. Même si ça se voyait clairement que c'était un costume, Masaki préférait se faire passer pour un animal que pour un humain, et encore plus un animal mythique. Ainsi personne n'irait penser qu'il est dangereux et le révolutionnaire aurait l'avantage rien que par son apparence ridicule. Après tout il ne fallait pas forcément un costar cravate pour être sérieux en combat.

        Après que son rire ait disparu dans l'atmosphère et que son interlocuteur ait soulevé son manque de charisme et d'intimidation, Masaki prit un air plus grave, presque opposé à son état précédent. Ce n'était plus le révolutionnaire qui prenait tout à la rigolade, il n'avait plus envie de rire cette fois, malgré qu'il se soit un peu forcé sur le début. Il méritait de savoir le fond de cette histoire, ne serait-ce que pour rassasier sa faim de curiosité et d'informations.


        -Tu as raison, je suis loin d'être impressionnant, tu dois sûrement avoir envie de me huer et de te moquer d'un menteur comme moi. Au début j'étais parti pour une simple mission de renseignement dans une base de la marine, c'était mon test pour faire partie intégrante de la révolution. Mais j'ai échoué lamentablement à cause de trois fois rien, alors que j'allais rentrer au campement avec les documents. C'est là que je me suis aperçu qu'il y avait un homme pas comme les autres dans cette base, il n'avait qu'un costume trois-pièces mais il avait bien plus que ça pour le démarquer des marines. Ses techniques étaient si impressionnantes que j'ai rien pu faire, il m'a mis la main dessus avant de pouvoir apercevoir la porte de sortie. Il se chargea de mon interrogatoire en détails, mais malgré la douleur, j'ai rien révélé du tout.

        C'est alors que quand je pensais que j'allais succomber, mon instructeur est venu en coup de vent pour me sauver. J'ai réussi à m'enfuir sans prendre de détour mais je savais bien que j'allais m'effondrer avant d'atteindre la base. Le seul visage que j'ai vu en dernier c'était celui de Hana, une fille qui a bien voulu me soigner sans même me connaître. Malgré mon échec, mes collègues et supérieurs m'ont poussé à débuter une nouvelle vie, et c'est comme ça que je me suis dit qu'il me fallait un équipage pour aider la révolution. Si je me suis déguisé, c'est uniquement pour échapper au Cipher Pol, comme tu l'appelles, pour qu'il ne remette jamais la main sur moi. C'est pour trouver des compagnons que j'ai pris le risque de traverser le désert, et aussi pour m'endurcir en même temps.


        Sur ces mots, Masaki se remit à rire un peu de force en se grattant la tête tellement Malek devait le trouver stupide d'avoir fait ça alors que rien ne le garantissait qu'il trouverait des compagnons en ces lieux. C'était ça le fond de son histoire, mais en aucun cas il ne forçait son interlocuteur à croire son histoire. Au moins il avait expliqué de façon cohérente comment il avait échappé à un agent du CP et pourquoi il avait voulu à tout prix rejoindre ce campement. Après tout il aurait pu simplement recruter des pirates qui n'avaient plus rien à perdre ou même des révolutionnaires aléatoirement dans les autres bases. Masaki voulait cependant de la qualité, ce n'était pas une question de nombre mais de talent, recruter des cadors et non des tonnes d'amateurs. Si il avait refusé sa propre mort, voir ses faibles compagnons serait encore moins acceptable, alors si il pouvait en trouver de plus forts que lui ce serait un soulagement. Il avait bien envie de proposer à Malek de rejoindre son équipage, mais il se retient pour ne pas le brusquer, alors qu'il ne connaissait même rien de lui en terme de combat et de compétences. L'espace d'un instant, il reprit son air grave, assombrissant ses yeux, avant de sourire légèrement.

        -Je suis qu'un faible, tout seul je vaux moins que rien. Si cette expérience m'a bien appris une chose, c'est que sans compagnon je suis déjà mort. Moi-même j'ai besoin de m'améliorer grandement. J'ai pas l'étoffe d'un chef, d'un capitaine, juste celle d'un meneur stratégique, d'un superviseur. Je veux être ni l'un ni l'autre, je veux...être le numéro un de l'équipage, un simple chiffre ; quelqu'un sur qui on pourra toujours compter si on doute des autres ; quelqu'un qui saura les encourager en cas de coup dur et les mener à la victoire en combattant à leurs côtés. Est-ce que tu penses que j'en serais capable ?
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        Sans vraiment que je comprenne pourquoi, ce jeune homme qui me faisait face, Masaki, ne semblait pas éprouver la moindre inquiétude à propos de sa situation. Je ne pouvais m’empêcher de me demander s’il était à ce point sûr de lui ou s’il sous-estimait le péril dans lequel il se trouvait. Peut-être un peu des deux, en fait. Je dois dire que j’étais loin d’être comme lui à mon arrivée. Soit il n’avait vraiment rien à se reprocher, soit il était bien entraîné et je ne pouvais pas encore déterminer quelle était la raison de son calme. Le rire qu’il laissa échapper ne fit qu’accroire ma perplexité. Il y avait de nombreuses raisons pouvant expliquer ce rire, la nervosité, l’arrogance, la peur … Je n’étais pas particulièrement psychologue, impossible de savoir ce qui avait généré cette réaction, toutefois c’est avec attention que je l’écoutais quand il pris la parole.

        A l’écouter, l’arrogance n’était pas la raison de ce mystérieux rire. Il semblait d’ailleurs particulièrement dépité par sa mésaventure dans le désert. Il avait de la chance d’être encore en vie et il en était conscient. Il semblait aussi être conscient que son apparence ne jouait pas en sa faveur tout du moins dans sa possible rencontre avec un agent du Cipher Pol. Je l’écoutais tandis qu’il me racontait sa version de l’histoire et me retenait de l’interrompre malgré les questions que son récit soulevait en moi. Je lui aurais volontiers demandé où se trouvait cette base qu’il avait voulu infiltrer, qui était son maître et s’il connaissait le nom du type du CP qui l’avait interrogé, même si je trouvais étrange qu’il ai pu s’échapper ainsi. Cependant, toutes ces questions firent soudain balayées quand je l’entendis prononcer un nom.

        Hana!

        Mon cœur se mit à battre à tout rompre dans ma poitrine et je dus faire un effort pour essayer de rester impassible. Je sentis mes mains se mettre à trembler plus violemment qu’auparavant et mes genoux commencer à faiblir. La douleur qui me vrillait la jambe depuis mon "accident" n’était plus qu’une information en toile de fond pour mon cerveau soudain en ébullition. Un flot de pensées se mit soudain à tourbillonner dans ma tête sans que je puisse les arrêter. Hana? Pouvait-il s’agir de ma Hana? Combien y avait-il de chance que ce type ait rencontré ma Hana avant de venir se paumer sans ce désert pour que je le trouve? Trop peu, je supposais alors en essayant de reprendre le contrôle de mes émotions. Il y avait peu de chance que ce soit la même Hana. Il devait probablement y avoir des tas de jeunes femmes dans la révolution portant ce prénom, il n’était pas si rare, après tout.

        Me décollant du mur contre lequel j’étais appuyé depuis mon arrivée dans la cellule, je m’avançais vers lui sans prendre la peine de cacher ma boiterie. Je m’installais sur une chaise face à lui et lui lançait un regard en silence le laissant terminer son discours sur son espoir de fonder un équipage et de trouver des compagnons digne de ce nom. Un instant je me demandais pourquoi il me posait cette question, à moi qui ne le connaissait que depuis quelques minutes seulement, et je ne pu m’empêcher de hausser les épaules.

        – Je ne saurais le dire, avouais-je, avec franchise. J’espère avoir la chance de l’apprendre, cependant.
        Jetant un coup d’oeil par dessus son épaule, au mur derrière lui, qui n’avait pourtant strictement rien d’intéressant, pour essayer de rassembler mes idées, je m’entendis soudain poser la question qui avait pris une importance capitale pour moi.

        – Tu peux m’en dire plus à propos de cette Hana?
        Je ne lui révélais pas en quoi ça m’intéressait, le laissant se faire ses propres suppositions. Ça n’avait pas grand-chose à voir avec ma petite mission, c’était certain, mais je n’avais pas pu m’empêcher de demander. Quelque chose que je n’arrivais pas à identifier enflait lentement dans ma poitrine comme un ballon de baudruche. Je n’étais pas certain que ça me plaise.
          Petit à petit l'humeur déprimante de Masaki laissait place à du soulagement, celui d'avoir passé ce petit moment de faiblesse. C'était plus fort que lui, évoquer son passé le rendait un peu mal du fait de ne pas être censé exister à cette seconde et d'avoir forcé son destin à prendre un chemin totalement différent. Le fait d'être toujours présent était un peu difficile à supporter, il se disait que le monde finirait tôt ou tard par le punir doublement, une fois pour avoir manqué de chance avec le Cipher Pol, et une autre fois pour avoir déjoué la mort. Heureusement, tout ça était du passé, il ne laissait désormais plus ce mal-être prendre le dessus, bien qu'il soit toujours présent à chaque seconde de sa vie. Ainsi il pouvait effectuer sa tâche de révolutionnaire comme il fallait et ainsi profiter de cette nouvelle chance pour propulser la révolution jusqu'à la victoire. Kyu et Hana avaient déjà accepté de le rejoindre et de l'aider dans cette quête, mais il lui fallait bien plus de compagnons pour pouvoir prétendre représenter la révolution, c'était bien insuffisant.

          Le fait que Malek parle de désir de voir un jour si Masaki était capable d'être un bon capitaine lui faisait chaud au coeur. Il ne pensait pas qu'il lui dirait ça après un interrogatoire aussi serré, il avait même l'impression qu'on ne voulait pas de lui dans cette base. Maintenant c'est sûr qu'il n'avait plus rien à voir avec la vraie révolution, il semblait l'avoir rejoint récemment et ne pas encore avoir partagé la méfiance des autres. Quelque part c'était mieux comme ça, ainsi si c'était son compagnon il aurait déjà pleinement confiance. C'était quelque chose de crucial la confiance, un seul doute pouvait coûter la victoire, il fallait ne pas douter. Comme le disait un vieil ami, on le fait ou on ne le fait pas, il n'y a pas d'essai, et c'était bien vrai. Chaque décision devait être prise de façon réfléchie avant son exécution, après il était trop tard, il n'y avait plus de place pour les doutes.

          Bizarrement, plus le temps passait, plus Malek s'adoucissait, comme si Masaki avait dit une chose de gênante ou autre chose. C'est alors qu'il dévoila enfin la source de son état étrange, Hana. C'était certainement une fille qui ne le laissait pas indifférent, le capitaine d'équipage ne put s'empêcher de lancer un petit sourire complice comme ceux qu'on faisait entre personnes ayant vécu la même expérience auprès d'une fille. Il était vrai que Hana était formidable, la connaître ne passait pas inaperçu. Enfin, c'était surtout que Masaki lui devait la vie et que de ce fait il en était un peu tombé amoureux, voire même carrément. Après, Hana n'était pas mal non plus, aussi.


          -Eh bien eh bien c'est une fille avec de longs cheveux argentés, pas très expressive mais très drôle quand elle veut. Elle a des membres très solides, elle a le coeur dans la main, et elle a une petite souris qu'elle élève chez elle. Je sais pas toi, mais moi je lui dois tout, je pourrais rien lui refuser.
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