Bercé par le vent rafraichissant d’un matin encore vivace, le traqueur accueillait sur ses joues rosies la brume s’élevant encore de la mer. Quelle misère que celle d’un homme réduit à marchander la vie pour vivre. Quelle détresse que de se réfugier derrière un masque de violence pour mieux faire chuter les hommes dans l’erreur et la perdition. Etait-ce réellement la buée qui perlait le long des joues du chasseur de primes ? Non. C’était des larmes de haine, des larmes de raison. Devant lui, s’élevant à travers ce nuage de gouttelettes, il revoyait les visages blafards des hommes à qui il avait ôté la vie. Malheur à l’homme qui, au détour d’une ruelle, découvrait le masque sang et ténèbres du Tigre Rouge. Malheur au vieillard qui par les aléas de la vie c’était rendu criminel du plus mineur des méfaits.
La lame de la justice est aveugle, mais son serviteur y voit plus clair qu’à travers le cristal. Le chasseur empoignait tendrement le sabre maudit qui était sensé le caractériser. Qu’ils étaient heureux ces idiots, livrés à l’ignorance et lucre. Que n’avait-il pas refusé la main de cet homme qui était devenu tout pour lui. Aurait-il vécu différemment que dans le sang sans sa présence ? Sa vie aurait-elle été différente ? Peut-être serait-il devenu un amoureux transi, attendant avec envie le retour d’une femme qui le bouleverse. Peut-être serait-il devenu un fermier, chérissant sa terre comme on chérit un enfant. Serait-il devenu un riche notable qui se complait dans le mécénat et le secours des défavorisés ?
Douce mélancolie…
Tristesse du matin…
Le Tigre se révèlerait-il être un de ces hommes dont le cœur grossi dissimule en son sein les affres du tourment ? Tuait-il par plaisir ou par fatalité ? Se livrait-il à sa tâche que pour mieux oublier le vide d’une existence risible ?
Il revoyait le visage blême et apeuré de certaines de ses victimes qui n’avaient pas vingt ans…
Mais le temps des regrets était derrière lui. Il avait ouvert en grand la porte de la violence et était devenu un parangon du chagrin ; dorénavant il n’avait plus d’autres alternatives que de s’enfoncer plus profondément dans cette vie.
Et cela l’effrayait parfois…
La lame de la justice est aveugle, mais son serviteur y voit plus clair qu’à travers le cristal. Le chasseur empoignait tendrement le sabre maudit qui était sensé le caractériser. Qu’ils étaient heureux ces idiots, livrés à l’ignorance et lucre. Que n’avait-il pas refusé la main de cet homme qui était devenu tout pour lui. Aurait-il vécu différemment que dans le sang sans sa présence ? Sa vie aurait-elle été différente ? Peut-être serait-il devenu un amoureux transi, attendant avec envie le retour d’une femme qui le bouleverse. Peut-être serait-il devenu un fermier, chérissant sa terre comme on chérit un enfant. Serait-il devenu un riche notable qui se complait dans le mécénat et le secours des défavorisés ?
Douce mélancolie…
Tristesse du matin…
Le Tigre se révèlerait-il être un de ces hommes dont le cœur grossi dissimule en son sein les affres du tourment ? Tuait-il par plaisir ou par fatalité ? Se livrait-il à sa tâche que pour mieux oublier le vide d’une existence risible ?
Il revoyait le visage blême et apeuré de certaines de ses victimes qui n’avaient pas vingt ans…
Mais le temps des regrets était derrière lui. Il avait ouvert en grand la porte de la violence et était devenu un parangon du chagrin ; dorénavant il n’avait plus d’autres alternatives que de s’enfoncer plus profondément dans cette vie.
Et cela l’effrayait parfois…
