Je descends à quai. Le soleil se lève à peine, sept heure du mat' je crois. Le bateau est amarré dans le port de l'île et gardé par Célia, une des rares survivantes... Non, faut que j'arrête de penser à ça pour le moment j'ai dis. J'observe la ville autour de moi. Inari, l'île des fanatiques religieux. Pour ce que j'en sais, cette île fut auparavant beaucoup plus populaire car une sorte de caillou flottant lévitait au-dessus d'elle. Je ne sais pas pourquoi il n'est plus là mais je faut que je pense à me renseigner en rentrant. Si je rentre. Car mes blessures me font atrocement mal et je tiens à peine sur mes jambes. D'après Michelle, une de mes camarades, j'ai quatre côtes fracturées, des contusions dans le dos et une probable hémorragie interne. Habituellement, j'aurai tout fait pour me rendre au plus vite dans un hôpital. Mais là, je n'ai pas le temps pour penser à moi. Mes hommes sont morts, tués par l'horrible pirate-clown Pierrot, et des innocents risquent de mourir eux-aussi si on ne l'arrête pas. J'en suis sûr, le pirate est sur cette île. Bien évidemment, il n'a pas prit soin de déposer son bateau au port mais je suis certain qu'il n'est pas loin. Inari est en ce moment en pleine effervescence. Apparemment, une sorte de pèlerinage a eut lieu ici il n'y a pas longtemps et de nombreux croyants traînent encore dans les environs. Si j'étais un pirate avec une bombe capable de faire beaucoup de dommages, c'est sur Inari que je me rendrai.
Mais je n'ai pas le temps de flâner, de découvrir chaque parcelle de cette île qui est – je n'en doute pas – très belle. Je n'ai pas non plus le temps de chercher les pirates seuls. Je dois trouver au plus vite le quartier de la 74ème division.
«Paul. Avec Michelle et Théodore, vous partez à la recherche du bateau du pirate. J'imagine que vous vous souvenez encore à quoi il ressemble depuis hier soir ? Fouillez chaque embarcadère de l'île mais trouvez-moi ces fichus pirates»
«Et vous Lieut'nant ? On peut pas vous laisser seul, vous tenez à peine debout.»
«Vous occupez pas d'moi, j'suis assez grand pour débrouiller. J'suis pas bête non plus, je pars directement demander de l'aide à la 74ème division. »
«Si vous le dites...»
Et nous nous séparèrent. Moi du côté de la caserne, eux longeant les quais d'embarquement. Je traverse des rues bondées de monde, de fanatiques religieux en soif d'exode. Le pullulement inarrêtable des adorateurs du divin me donne presque la nausée, malgré le silence significatif qui suit chacun de leur pas. Je tente de me mêler à cette foule, à cette cohue. J'ai bien peur de ne jamais pouvoir retrouver Pierrot au milieu de ce monde. Je danse, tangue, virevolte, tombe aussi. Je me relève et avance, changeant de rue, tournant à gauche, une autre fois à droite. Je vous jure, cette traversée de la ville m'a parue être le pire combat de ma vie. Les gens de ne se gênent pas pour te donner des coups et je ne peux pas me rendre en plus. Ils font pas exprès mais mes côtes souffrent. Je n'ai qu'une envie, une seule, tout laisser aux soldats en faction ici et rentrer chez moi. Mais je ne peux pas. J'ai une responsabilité, un misérable échec, la vie de mes hommes sur les bras.
Haletant mais en un seul morceau, j'arrive devant les portes de la 74ème division de la Marine. Le bâtiment ne paie pas de mine – semblable au innombrables maisons de l'île, simplement surmontée d'une pancarte arborant le symbole du Gouvernement – j'entre sans sommation. Le hall d'entrée est plutôt banal, peint de blanc et aux poutres apparentes. Cachée derrière un petit bureau en chêne, une hôtesse d'accueil me regarde à travers ses lunettes. Elle semble être de ces fonctionnaires aigries par le temps passé à traiter avec des plaignants un peu trop excédés par la vie. Elle daigne me donner un regard mais ne semble en rien impressionnée par les bandages qui enserrent mes côtes, comme si c'était monnaie courante par ici. Non pas que je sois d'un naturel nonchalant envers les employés de bureau mais je n'ai pas envie de lui expliquer la raison de ma venue dans les locaux. Je passe devant son poste sans même la regarder plus que ça et m'avance dans le couloir menant à – je pense – la succursale du Colonel de la base. Je ne le connais que de nom. Un certain Boris Kojevic. J'ai entendu beaucoup de rumeurs sur sa personne. Certain le dise alcoolique notoire, d'autre débonnaire ou encore d'une passivité à toute épreuve et d'un calme sans faille. Je n'ai que trop apprit à ne me fier à aucun ragot de vieilles concierges.
J'arrive devant la porte du bureau du Colonel, sur laquelle trône fièrement une dizaine de couronne de fleurs toutes plus fanées les unes que les autres. Je ne dis rien – en même temps, il n'y a personne à qui je puisse dire quelque chose – et je toque à la porte. J'ai conscience que ne pas porter mon uniforme de marin au milieu d'une caserne remplie de soldats qui ne me connaissent pas peut être mal interprété mais je ne m'attendais pas à un tel accueil. Car lorsque la porte s'ouvrit, se fut un canon de bazooka qui me fit face.
Mais je n'ai pas le temps de flâner, de découvrir chaque parcelle de cette île qui est – je n'en doute pas – très belle. Je n'ai pas non plus le temps de chercher les pirates seuls. Je dois trouver au plus vite le quartier de la 74ème division.
«Paul. Avec Michelle et Théodore, vous partez à la recherche du bateau du pirate. J'imagine que vous vous souvenez encore à quoi il ressemble depuis hier soir ? Fouillez chaque embarcadère de l'île mais trouvez-moi ces fichus pirates»
«Et vous Lieut'nant ? On peut pas vous laisser seul, vous tenez à peine debout.»
«Vous occupez pas d'moi, j'suis assez grand pour débrouiller. J'suis pas bête non plus, je pars directement demander de l'aide à la 74ème division. »
«Si vous le dites...»
Et nous nous séparèrent. Moi du côté de la caserne, eux longeant les quais d'embarquement. Je traverse des rues bondées de monde, de fanatiques religieux en soif d'exode. Le pullulement inarrêtable des adorateurs du divin me donne presque la nausée, malgré le silence significatif qui suit chacun de leur pas. Je tente de me mêler à cette foule, à cette cohue. J'ai bien peur de ne jamais pouvoir retrouver Pierrot au milieu de ce monde. Je danse, tangue, virevolte, tombe aussi. Je me relève et avance, changeant de rue, tournant à gauche, une autre fois à droite. Je vous jure, cette traversée de la ville m'a parue être le pire combat de ma vie. Les gens de ne se gênent pas pour te donner des coups et je ne peux pas me rendre en plus. Ils font pas exprès mais mes côtes souffrent. Je n'ai qu'une envie, une seule, tout laisser aux soldats en faction ici et rentrer chez moi. Mais je ne peux pas. J'ai une responsabilité, un misérable échec, la vie de mes hommes sur les bras.
Haletant mais en un seul morceau, j'arrive devant les portes de la 74ème division de la Marine. Le bâtiment ne paie pas de mine – semblable au innombrables maisons de l'île, simplement surmontée d'une pancarte arborant le symbole du Gouvernement – j'entre sans sommation. Le hall d'entrée est plutôt banal, peint de blanc et aux poutres apparentes. Cachée derrière un petit bureau en chêne, une hôtesse d'accueil me regarde à travers ses lunettes. Elle semble être de ces fonctionnaires aigries par le temps passé à traiter avec des plaignants un peu trop excédés par la vie. Elle daigne me donner un regard mais ne semble en rien impressionnée par les bandages qui enserrent mes côtes, comme si c'était monnaie courante par ici. Non pas que je sois d'un naturel nonchalant envers les employés de bureau mais je n'ai pas envie de lui expliquer la raison de ma venue dans les locaux. Je passe devant son poste sans même la regarder plus que ça et m'avance dans le couloir menant à – je pense – la succursale du Colonel de la base. Je ne le connais que de nom. Un certain Boris Kojevic. J'ai entendu beaucoup de rumeurs sur sa personne. Certain le dise alcoolique notoire, d'autre débonnaire ou encore d'une passivité à toute épreuve et d'un calme sans faille. Je n'ai que trop apprit à ne me fier à aucun ragot de vieilles concierges.
J'arrive devant la porte du bureau du Colonel, sur laquelle trône fièrement une dizaine de couronne de fleurs toutes plus fanées les unes que les autres. Je ne dis rien – en même temps, il n'y a personne à qui je puisse dire quelque chose – et je toque à la porte. J'ai conscience que ne pas porter mon uniforme de marin au milieu d'une caserne remplie de soldats qui ne me connaissent pas peut être mal interprété mais je ne m'attendais pas à un tel accueil. Car lorsque la porte s'ouvrit, se fut un canon de bazooka qui me fit face.