>> Makuen Klaus
Pseudonyme : Krieg Age: 25 ans Sexe : Masculin Race : Humain Métier : Artiste vagabond Groupe : Civil But : Créer le plus grand groupe de Rock que cette terre ait portée Fruit du démon ou Aptitude que vous désirez posséder après votre validation : Rien à signaler Équipement :Une épée, un sac à dos, un escargophone, un paquet de cigarettes "Huff & Puff" et sa guitare Codes du règlement : |
>> Physique
Klaus Makuen ressemble à n’importe quel Makuen, l’héritage génétique ayant fait son office. A de multiples reprises, on lui a fait remarquer sa parenté évidente avec sa demi-sœur. Klaus n’était guère friand de cette constatation, mais lui-même a dû l’admettre. De longs cheveux blonds lui descendent au milieu du dos et des yeux d’un bleu profond viennent inévitablement l’apparenter à cette famille. Sa démarche souple et féline démontre l’assurance de notre homme droit comme un « i » dans ses Rangers noirs. Le vagabond n’a pourtant rien fait pour entretenir cette silhouette athlétique qui s’est dessinée tel qu’elle est au fil des années. Peut-être a-t-il juste le bon gabarit. Sur ses larges épaules trône un long trench coat qui lui descend jusqu’aux mollets, ce vêtement fétiche donne l’impression que Klaus est encore plus imposant avec son mètre quatre-vingt-cinq ; probablement les épaulettes serties de métal doré qui donnent plus de consistance à sa carrure.
Remarquez que Klaus ne porte absolument rien en dessous de ce trench coat laissant apparaître sa musculature. Les tons sombres et le noir sont le leitmotiv de son style vestimentaire impeccablement assorti. Il n’y a qu’à regarder le couvre-chef à larges bords qu’il porte sur le sommet de son crâne ou encore les gants qui habillent ses mains, coupés à la première phalange. Tout a été calculé dans cette tenue pour lui donner une allure de Rockstar, d’épaisses ceintures, dont celle de son trench coat, viennent sangler un pantalon noir assez large. Pour finir sur cette courte description du vagabond, nous pourrions parler de l’accessoire qui siège sur son nez, à savoir une paire de lunettes qui vient compléter ce style, elle est portée par tous les temps, même de nuit bien que cela ne serve absolument à rien. Klaus vous répondrait que ça le rend classe.
Remarquez que Klaus ne porte absolument rien en dessous de ce trench coat laissant apparaître sa musculature. Les tons sombres et le noir sont le leitmotiv de son style vestimentaire impeccablement assorti. Il n’y a qu’à regarder le couvre-chef à larges bords qu’il porte sur le sommet de son crâne ou encore les gants qui habillent ses mains, coupés à la première phalange. Tout a été calculé dans cette tenue pour lui donner une allure de Rockstar, d’épaisses ceintures, dont celle de son trench coat, viennent sangler un pantalon noir assez large. Pour finir sur cette courte description du vagabond, nous pourrions parler de l’accessoire qui siège sur son nez, à savoir une paire de lunettes qui vient compléter ce style, elle est portée par tous les temps, même de nuit bien que cela ne serve absolument à rien. Klaus vous répondrait que ça le rend classe.
>> Psychologie
Klaus n’a qu’une seule passion, qu’une seule obsession dans la vie : le Rock’n’roll. Il mange Rock, il boit Rock, il pense Rock, il dort Rock. Ce style de musique est tout pour lui, il sacrifierait père et mère pour pouvoir en jouer. Rien ne pourrait le détourner de cette voie, même trouver le One Piece ne serait qu’accessoire à ses yeux, la cerise sur le gâteau. Il rêve de fonder un groupe avec lequel il écumerait les mers en quête de gloire et de reconnaissance. Il sait que quelque part, il trouvera ses partenaires avec lesquels il casserait la baraque. Klaus ne laissera personne entraver ce qu’il croit être son destin, il ne permettra jamais que quelqu’un vienne souiller son ambition, ni même l’insulter. Il rêve qu’un jour, une foule entière vienne le voir jouer tout en fredonnant ses chansons et ses accords. Il veut trouver le grand frisson qu’un musicien ressent lorsqu’il est sur scène, depuis qu’un artiste en particulier s’est mis sur sa route. Il veut suivre les traces de son père spirituel qui fut idolâtré en son temps.
Ce musicien quasi-autodidacte est un homme d’honneur, il n’a qu’une seule parole, et il saura la tenir ; même si cela implique de faire des choses qui le répugne. Klaus a tout du chic type qui vous viendra en aide lorsque vous en aurez le plus besoin. Il sait redonner le sourire et consoler les gens, il tend la main à qui veut la prendre. Cependant, ne revenez pas le voir si jamais vous avez refusé son appui une première fois ; il risquerait de vous envoyer sur les roses. Un samaritain qui a donc des limites, il n’aime pas qu’on le prenne pour un imbécile. Klaus est l’exact contraire de sa demi-sœur Kenora Makuen, la vierge d’acier, si elle incarne la glace, son cadet serait un feu brûlant et chaleureux ; les deux côtés opposés d’une même pièce de monnaie. Klaus a choisi de sourire à la vie dans n’importe quelles circonstances même les plus mauvaises. Il sait que le vent soufflera toujours du bon côté.
Notre artiste est également un homme à femmes qui sait jouer de ses charmes et de ses atouts physiques. Klaus est d’ailleurs un égocentrique qui croit être le meilleur au monde dans ce qu’il fait, pourtant il n’aura pas la prétention de dire qu’il est le plus fort au combat ; il sait que des monstres de puissance existent. Souvent, il ne se rendra pas compte de ce léger narcissisme et pourrait causer du tort à ceux qu’il côtoie. Klaus ne connaît pas la langue de bois, il parle franchement sans passer par quatre chemins, son vocabulaire est assez cru, il lui arrive même d’inventer des mots qui n’existent pas parce que c’est Rock. Malgré cela, le vagabond qu’il est n’a néanmoins rien d’un inculte, sa capacité d’autodidacte lui permet d’appréhender facilement les choses qui l’entourent. Bien sûr, entre la théorie et la pratique, le fossé est grand. Si la chose qu’il voit, entend ou écoute est trop complexe, il lui faudra apprendre comme tout un chacun.
Sa bonne humeur est, paraîtrait-il, contagieuse, il aime faire le con en toutes circonstances, il aura même une petite pique humoristique dans les situations les plus délicates. Il semble ainsi prendre tout ce qui l’entoure à la légère, pourtant n’allez pas croire qu’il vous manque de respect ou qu’il ne vous considère pas. C’est juste sa façon à lui de rester calme et de gérer la pression, l’une de ses principales forces donc. Cette attitude risque également d’en exaspérer plus d’un à juste titre, un esprit non-apaisé ne sera pas capable d’analyser une situation dans son ensemble ; exactement ce que recherchera Klaus. Une stratégie qui s’avérera payante dans la plupart des cas, excepté bien sûr contre une brute qui n’en aura que faire.
Ce musicien quasi-autodidacte est un homme d’honneur, il n’a qu’une seule parole, et il saura la tenir ; même si cela implique de faire des choses qui le répugne. Klaus a tout du chic type qui vous viendra en aide lorsque vous en aurez le plus besoin. Il sait redonner le sourire et consoler les gens, il tend la main à qui veut la prendre. Cependant, ne revenez pas le voir si jamais vous avez refusé son appui une première fois ; il risquerait de vous envoyer sur les roses. Un samaritain qui a donc des limites, il n’aime pas qu’on le prenne pour un imbécile. Klaus est l’exact contraire de sa demi-sœur Kenora Makuen, la vierge d’acier, si elle incarne la glace, son cadet serait un feu brûlant et chaleureux ; les deux côtés opposés d’une même pièce de monnaie. Klaus a choisi de sourire à la vie dans n’importe quelles circonstances même les plus mauvaises. Il sait que le vent soufflera toujours du bon côté.
Notre artiste est également un homme à femmes qui sait jouer de ses charmes et de ses atouts physiques. Klaus est d’ailleurs un égocentrique qui croit être le meilleur au monde dans ce qu’il fait, pourtant il n’aura pas la prétention de dire qu’il est le plus fort au combat ; il sait que des monstres de puissance existent. Souvent, il ne se rendra pas compte de ce léger narcissisme et pourrait causer du tort à ceux qu’il côtoie. Klaus ne connaît pas la langue de bois, il parle franchement sans passer par quatre chemins, son vocabulaire est assez cru, il lui arrive même d’inventer des mots qui n’existent pas parce que c’est Rock. Malgré cela, le vagabond qu’il est n’a néanmoins rien d’un inculte, sa capacité d’autodidacte lui permet d’appréhender facilement les choses qui l’entourent. Bien sûr, entre la théorie et la pratique, le fossé est grand. Si la chose qu’il voit, entend ou écoute est trop complexe, il lui faudra apprendre comme tout un chacun.
Sa bonne humeur est, paraîtrait-il, contagieuse, il aime faire le con en toutes circonstances, il aura même une petite pique humoristique dans les situations les plus délicates. Il semble ainsi prendre tout ce qui l’entoure à la légère, pourtant n’allez pas croire qu’il vous manque de respect ou qu’il ne vous considère pas. C’est juste sa façon à lui de rester calme et de gérer la pression, l’une de ses principales forces donc. Cette attitude risque également d’en exaspérer plus d’un à juste titre, un esprit non-apaisé ne sera pas capable d’analyser une situation dans son ensemble ; exactement ce que recherchera Klaus. Une stratégie qui s’avérera payante dans la plupart des cas, excepté bien sûr contre une brute qui n’en aura que faire.
>> Biographie
Alors comme ça vous voulez une autre histoire ? Une histoire où le destin d’un homme se joue ? Posez votre cul quelque part, car ça risque d’être un peu longuet. J’ai rencontré ce type ici, dans l’exacte même cellule, il y a bien plus d’un an et demi de ça. Je dois vous avouer qu’au départ, on s’est foutu sur la gueule pendant pas moins d’une semaine. Ce con n’arrêtait pas de jouer de la gratte pendant que j’essayais de pioncer ; vous m’connaissez depuis le temps, j’aime pas qu’on vienne me casser les joyeuses. Mandales après mandales, une forme de respect s’est installé entre nous, le p’tit avait du répondant pour sûr ; j’ai compris pourquoi après qu’il m’ait raconté ses péripéties.
Tout a commencé il y a une vingtaine d’années à Marie Joa, ou était-ce à MarineFord ? Je m’en rappelle plus, et je m’en tamponne, là n’est pas l’important. Bref, le p’tiot est né dans une famille de Marines, dans une tribu qui répugnait le désordre. Franchement, la jeunesse de ce gamin, c’était de la belle merde, une connerie de conditionnement. Ce môme n’était libre de rien, ses projets d’avenir, ses ambitions, il pouvait se les mettre au cul troisième porte à gauche. Tout avait été calculé pour lui, dès sa naissance ; il deviendrait un Marine fort et puissant qui écumerait les mers pour botter la piraterie hors de Grand Line. C’était sans compter sur la force de caractère du gamin qui ne voulait pas qu’on lui dicte sa conduite. On pourrait dire qu’il était le mouton noir de la famille, il pensait bien différemment les choses. Lui, ce qu’il voulait, c’était jouer de la musique, faire du rock, écrire des « tasty jams » comme il les appelle. Il avait également un autre rêve, un autre espoir bien plus profond, le simple fait de l’évoquer à sa famille aurait été un affront…Le One Piece, il voulait mettre la main dessus.
Oui, il y a encore des fous pour y croire, mais j’aime les fous, au moins, ils ont de la personnalité. Sa musique était considérée comme diableries, un Marine n’avait pas besoin de Rock’n’roll, seul l’entraînement et la force de ses poings étaient nécessaire pour avancer. Le gosse n’écoutait jamais, sans professeur, il apprenait, tâtonnait en véritable autodidacte. Il cachait sa précieuse guitare à chaque fois que son père entrait dans sa chambre. Ainsi, il endurait mille tourments à cause de sa passion, des exercices d’endurance, des leçons en arts martiaux, rien ne lui était épargné. Sa demi-sœur et son père le considérait presque comme un vulgaire sac de sable ; plusieurs fois, ils l’ont menés aux portes de la mort, pour son propre bien disaient-ils. Et tous les soirs, le gamin priait son idole, celui qui l’avait mené sur le chemin de la musique…Brook le fredonneur. Le gamin avait trouvé de très vieux dials enregistreurs, il en avait été tellement ému qu’il s’essaya à cet art. Chaque fois, il chantait ce couplet devant le poster de Soul King comme pour l’invoquer, comment c’était déjà ?…Bon, ça risque pas d’être juste mais ça donnait à peu près ça :
♫ Brook can you hear me ? I am lost and so alone
I am asking for your guidance, would you come down from your throne ?
I need the tight compadres who will follow me into the Rock
My father thinks you’re evil but man, he can suck a cock
Rock is not the devil’s work, it’s magical and rad
I’ll never rock as long as I’m stuck here with my dad ! ♪
Il m’a raconté qu’une nuit, Brook lui était apparu sous forme de rêve le poussant à voyager, à trouver ses compagnons sur GrandLine. Et qu’ensemble, ils formeraient le plus grand groupe de Rock que cette terre ait porté tout en trouvant gloire et richesse. Alors, il s’est réveillé, prit sa guitare, un sac remplit de bric et de broc et s’en alla sans un mot, sans un au revoir. Je sais pas comment mais ce petit con a réussi à déjouer la sécurité, il s’infiltra également sur un navire de guerre sans se faire repérer. J’imagine qu’un gosse peut se cacher n’importe où et n’importe comment hmm ? Bref, il venait tout juste de prendre son destin en main, envers et contre tous, il brisa les chaînes qu’on lui avait imposé. Il débarqua sur West Blue, près de Las Camp. Pas vraiment le bon coin pour commencer dans la vie si vous voulez mon avis, il s’est d’ailleurs vite rendu compte de la merde dans laquelle se trouvait cette putain de ville. Mais peu lui importait, il trouverait les secrets de son art quelque part. D’ailleurs, le vent du destin souffla en sa faveur quand il croisa un homme qui faisait la manche en musique. L’adolescent resta devant lui pendant presque deux heures à le regarder jouer, ses yeux se délectait des notes jouées, il apprenait de nouvelles choses. Une fois le…Spectacle finit, notre fugueur demanda au mendiant de lui enseigner ce qu’il savait.
L’homme refusa catégoriquement, c’était sans compter sur la pugnacité du gamin qui le harcelait dès qu’il en avait l’occasion. Le clochard accepta ensuite avec une seule condition, rembourser ses dettes, le trimardeur en était criblé. Le pacte était donc scellé. J’étais sur le cul en entendant ce qu’il devait faire pour le rembourser…Vous connaissez la Cage de Las Camp ? Certains d’entre vous ne connaissent peut-être pas cet endroit, moi je la connais de réputation…Et ce n’est pas vraiment un endroit pour un gamin, ça je peux vous l’assurer. En fait, ce n’était pas la véritable Cage, mais les prémices de celle-ci. Un repère de coupe-gorges où l’on pariait sur des combats illégaux, les gagnants pouvaient y gagner masse d’oseille tandis que les perdants mangeaient les pissenlits par la racine. Personnellement, je pense que ce tocard voulait vite se débarrasser de son élève, il ne se doutait sûrement pas que le gamin s’en sortirait. Les trempes reçues par son père et sa demi-sœur lui avaient donc servi.
L’adolescent, pour son rêve, était prêt à toutes les bassesses, il avait soif de connaissances musicales et le mendiant les lui apportait. Rapidement, il amassait un joli sac de berry, insuffisant quand on connaissait le crédit que le professeur avait contracté. Bientôt l’étudiant et le maître partagèrent une belle complicité, ce dernier lui avait même demandé d’arrêter les combats clandestins. Ce gosse n’avait qu’une parole, il n’arrêterait pas tant que la dette ne serait pas épongée. Il commençait même à se faire un nom dans le milieu, on le surnomma Krieg, surnom assez rock’n’roll à ses yeux. D’ailleurs, il adorait entrer dans l’arène sur des riffs impressionnants, enfin, c’est ce qu’il m’a dit, j’y connais rien là-dedans. Il avait progressé dans sa passion de la musique. Cette popularité lui fit monter les paliers de la Cage, de mauvais yeux se posèrent donc sur lui. Une femme en particulier essaya de s’octroyer ses services. Le destin venait encore de souffler, mais peut-être pas de la manière qu’il espérait. Il s’avéra que cette femme était le créancier du professeur. Dès qu’il apprit cela, Krieg fut enthousiaste, sûr de lui, il passa un marché, s’il gagnait contre son meilleur homme, la dette serait annulée. En revanche, s’il perdait, il devrait suivre la dame tel un bon petit toutou exécutant les ordres.
Ce qui devait arriver arriva, sa défaite était inéluctable, trop confiant, manquant encore de force physique ; il tomba. Il fut asservit, avili pour le plus grand plaisir de…Comment elle s’appelait déjà cette garce ? Margareth ? Marie ? Maria ? Merde, j’en sais foutre rien, et je m’en tamponne, appelons là Miss Garce, ça vous va ? Non ? Je m’en tamponne ! T’as remarqué que j’ai jamais donné de nom à ce type ? Ouais, bah faudra t’y faire, j’m’en rappelle pas non plus ! C’est bon ? Je continue ou bien ? Miss Garce en était une belle, son joli minois, ses formes généreuses avaient mis pas mal d’hommes à ses pieds. Elle essaya par tous les moyens de briser l’esprit de l’adolescent, qui ne l’était plus d’ailleurs, en jouant sur ses envies et ses désirs les plus primaires. Pire, elle le tortura mais lui…Lui, il riait aux éclats durant ces séances. Apparemment, il avait connu bien pire, j’ose même pas imaginer comment…Pourtant, en homme d’honneur, il commit les pires atrocités en son nom. Pour être sûre de sa loyauté et de sa fidélité, Miss Garce lui fit présent d'un joli collier qui lui péterait à la gueule en cas de pépin. Il aurait pu sombrer dans la folie, la simple idée de rejouer l’en empêcha, il se raccrochait à cette idée coûte que coûte.
Quatre ans durant, il fut le chien de Miss Garce qui n’arrêtait pas de le lui rappeler ; il était sa chose, son objet, utilisé pour la satisfaire dans toutes les situations. Krieg me fit une belle comparaison en la traitant de dragon de pacotille. Oui, sur certains points, elle ressemblait à un dragon céleste. Le destin frappa une troisième fois à sa porte, quelle ironie quand j’y repense. La Marine fit une descente éclair chez Miss Garce embarquant toute la clique. Et c’est comme ça que notre homme s’est retrouvé dans cette cellule, je l’y ai rejoint quelques mois plus tard. Vous connaissez la suite, on s’est foutu sur la gueule et on est devenu potes. Comment il est sorti de taule ?
Ah mais, c’est qu’il a de belles relations ce bougre, j’imaginais pas que sa sœur était un aussi grand ponte de la Marine. Elle est venu, l’a regardé d’un air méprisant, presque dégouté de le voir là, si elle avait pu le tuer, elle l’aurait sans doute fait, mais je pense que le patriarche en avait décidé autrement. Il est sorti dans la minute, il m’a regardé puis sourit, tout en me disant « Flint, vieux débris, on se reverra un jour ou l’autre, je t’en fais la promesse »…Sacré gosse…Ce qu’il est devenu ? J’en sais foutrement rien. Mais ce qui est sûr, c’est que ce gamin est comme le vent, on ne peut pas l’attraper ni même le contenir. A l’heure où je vous parle, il doit être quelque part dehors, libre de croire en ses rêves.
Tout a commencé il y a une vingtaine d’années à Marie Joa, ou était-ce à MarineFord ? Je m’en rappelle plus, et je m’en tamponne, là n’est pas l’important. Bref, le p’tiot est né dans une famille de Marines, dans une tribu qui répugnait le désordre. Franchement, la jeunesse de ce gamin, c’était de la belle merde, une connerie de conditionnement. Ce môme n’était libre de rien, ses projets d’avenir, ses ambitions, il pouvait se les mettre au cul troisième porte à gauche. Tout avait été calculé pour lui, dès sa naissance ; il deviendrait un Marine fort et puissant qui écumerait les mers pour botter la piraterie hors de Grand Line. C’était sans compter sur la force de caractère du gamin qui ne voulait pas qu’on lui dicte sa conduite. On pourrait dire qu’il était le mouton noir de la famille, il pensait bien différemment les choses. Lui, ce qu’il voulait, c’était jouer de la musique, faire du rock, écrire des « tasty jams » comme il les appelle. Il avait également un autre rêve, un autre espoir bien plus profond, le simple fait de l’évoquer à sa famille aurait été un affront…Le One Piece, il voulait mettre la main dessus.
Oui, il y a encore des fous pour y croire, mais j’aime les fous, au moins, ils ont de la personnalité. Sa musique était considérée comme diableries, un Marine n’avait pas besoin de Rock’n’roll, seul l’entraînement et la force de ses poings étaient nécessaire pour avancer. Le gosse n’écoutait jamais, sans professeur, il apprenait, tâtonnait en véritable autodidacte. Il cachait sa précieuse guitare à chaque fois que son père entrait dans sa chambre. Ainsi, il endurait mille tourments à cause de sa passion, des exercices d’endurance, des leçons en arts martiaux, rien ne lui était épargné. Sa demi-sœur et son père le considérait presque comme un vulgaire sac de sable ; plusieurs fois, ils l’ont menés aux portes de la mort, pour son propre bien disaient-ils. Et tous les soirs, le gamin priait son idole, celui qui l’avait mené sur le chemin de la musique…Brook le fredonneur. Le gamin avait trouvé de très vieux dials enregistreurs, il en avait été tellement ému qu’il s’essaya à cet art. Chaque fois, il chantait ce couplet devant le poster de Soul King comme pour l’invoquer, comment c’était déjà ?…Bon, ça risque pas d’être juste mais ça donnait à peu près ça :
♫ Brook can you hear me ? I am lost and so alone
I am asking for your guidance, would you come down from your throne ?
I need the tight compadres who will follow me into the Rock
My father thinks you’re evil but man, he can suck a cock
Rock is not the devil’s work, it’s magical and rad
I’ll never rock as long as I’m stuck here with my dad ! ♪
Il m’a raconté qu’une nuit, Brook lui était apparu sous forme de rêve le poussant à voyager, à trouver ses compagnons sur GrandLine. Et qu’ensemble, ils formeraient le plus grand groupe de Rock que cette terre ait porté tout en trouvant gloire et richesse. Alors, il s’est réveillé, prit sa guitare, un sac remplit de bric et de broc et s’en alla sans un mot, sans un au revoir. Je sais pas comment mais ce petit con a réussi à déjouer la sécurité, il s’infiltra également sur un navire de guerre sans se faire repérer. J’imagine qu’un gosse peut se cacher n’importe où et n’importe comment hmm ? Bref, il venait tout juste de prendre son destin en main, envers et contre tous, il brisa les chaînes qu’on lui avait imposé. Il débarqua sur West Blue, près de Las Camp. Pas vraiment le bon coin pour commencer dans la vie si vous voulez mon avis, il s’est d’ailleurs vite rendu compte de la merde dans laquelle se trouvait cette putain de ville. Mais peu lui importait, il trouverait les secrets de son art quelque part. D’ailleurs, le vent du destin souffla en sa faveur quand il croisa un homme qui faisait la manche en musique. L’adolescent resta devant lui pendant presque deux heures à le regarder jouer, ses yeux se délectait des notes jouées, il apprenait de nouvelles choses. Une fois le…Spectacle finit, notre fugueur demanda au mendiant de lui enseigner ce qu’il savait.
L’homme refusa catégoriquement, c’était sans compter sur la pugnacité du gamin qui le harcelait dès qu’il en avait l’occasion. Le clochard accepta ensuite avec une seule condition, rembourser ses dettes, le trimardeur en était criblé. Le pacte était donc scellé. J’étais sur le cul en entendant ce qu’il devait faire pour le rembourser…Vous connaissez la Cage de Las Camp ? Certains d’entre vous ne connaissent peut-être pas cet endroit, moi je la connais de réputation…Et ce n’est pas vraiment un endroit pour un gamin, ça je peux vous l’assurer. En fait, ce n’était pas la véritable Cage, mais les prémices de celle-ci. Un repère de coupe-gorges où l’on pariait sur des combats illégaux, les gagnants pouvaient y gagner masse d’oseille tandis que les perdants mangeaient les pissenlits par la racine. Personnellement, je pense que ce tocard voulait vite se débarrasser de son élève, il ne se doutait sûrement pas que le gamin s’en sortirait. Les trempes reçues par son père et sa demi-sœur lui avaient donc servi.
L’adolescent, pour son rêve, était prêt à toutes les bassesses, il avait soif de connaissances musicales et le mendiant les lui apportait. Rapidement, il amassait un joli sac de berry, insuffisant quand on connaissait le crédit que le professeur avait contracté. Bientôt l’étudiant et le maître partagèrent une belle complicité, ce dernier lui avait même demandé d’arrêter les combats clandestins. Ce gosse n’avait qu’une parole, il n’arrêterait pas tant que la dette ne serait pas épongée. Il commençait même à se faire un nom dans le milieu, on le surnomma Krieg, surnom assez rock’n’roll à ses yeux. D’ailleurs, il adorait entrer dans l’arène sur des riffs impressionnants, enfin, c’est ce qu’il m’a dit, j’y connais rien là-dedans. Il avait progressé dans sa passion de la musique. Cette popularité lui fit monter les paliers de la Cage, de mauvais yeux se posèrent donc sur lui. Une femme en particulier essaya de s’octroyer ses services. Le destin venait encore de souffler, mais peut-être pas de la manière qu’il espérait. Il s’avéra que cette femme était le créancier du professeur. Dès qu’il apprit cela, Krieg fut enthousiaste, sûr de lui, il passa un marché, s’il gagnait contre son meilleur homme, la dette serait annulée. En revanche, s’il perdait, il devrait suivre la dame tel un bon petit toutou exécutant les ordres.
Ce qui devait arriver arriva, sa défaite était inéluctable, trop confiant, manquant encore de force physique ; il tomba. Il fut asservit, avili pour le plus grand plaisir de…Comment elle s’appelait déjà cette garce ? Margareth ? Marie ? Maria ? Merde, j’en sais foutre rien, et je m’en tamponne, appelons là Miss Garce, ça vous va ? Non ? Je m’en tamponne ! T’as remarqué que j’ai jamais donné de nom à ce type ? Ouais, bah faudra t’y faire, j’m’en rappelle pas non plus ! C’est bon ? Je continue ou bien ? Miss Garce en était une belle, son joli minois, ses formes généreuses avaient mis pas mal d’hommes à ses pieds. Elle essaya par tous les moyens de briser l’esprit de l’adolescent, qui ne l’était plus d’ailleurs, en jouant sur ses envies et ses désirs les plus primaires. Pire, elle le tortura mais lui…Lui, il riait aux éclats durant ces séances. Apparemment, il avait connu bien pire, j’ose même pas imaginer comment…Pourtant, en homme d’honneur, il commit les pires atrocités en son nom. Pour être sûre de sa loyauté et de sa fidélité, Miss Garce lui fit présent d'un joli collier qui lui péterait à la gueule en cas de pépin. Il aurait pu sombrer dans la folie, la simple idée de rejouer l’en empêcha, il se raccrochait à cette idée coûte que coûte.
Quatre ans durant, il fut le chien de Miss Garce qui n’arrêtait pas de le lui rappeler ; il était sa chose, son objet, utilisé pour la satisfaire dans toutes les situations. Krieg me fit une belle comparaison en la traitant de dragon de pacotille. Oui, sur certains points, elle ressemblait à un dragon céleste. Le destin frappa une troisième fois à sa porte, quelle ironie quand j’y repense. La Marine fit une descente éclair chez Miss Garce embarquant toute la clique. Et c’est comme ça que notre homme s’est retrouvé dans cette cellule, je l’y ai rejoint quelques mois plus tard. Vous connaissez la suite, on s’est foutu sur la gueule et on est devenu potes. Comment il est sorti de taule ?
Ah mais, c’est qu’il a de belles relations ce bougre, j’imaginais pas que sa sœur était un aussi grand ponte de la Marine. Elle est venu, l’a regardé d’un air méprisant, presque dégouté de le voir là, si elle avait pu le tuer, elle l’aurait sans doute fait, mais je pense que le patriarche en avait décidé autrement. Il est sorti dans la minute, il m’a regardé puis sourit, tout en me disant « Flint, vieux débris, on se reverra un jour ou l’autre, je t’en fais la promesse »…Sacré gosse…Ce qu’il est devenu ? J’en sais foutrement rien. Mais ce qui est sûr, c’est que ce gamin est comme le vent, on ne peut pas l’attraper ni même le contenir. A l’heure où je vous parle, il doit être quelque part dehors, libre de croire en ses rêves.
>> Test RP
Cet endroit pue. Ça refoule comme un clacos qu’on aurait laissé trop longtemps dans un réfrigérateur. Nan, l’Amerzone n’était pas vraiment le lieu que j’aurais imaginé pour mon vrai premier concert public. Mais un certain gars et moi devions avoir une conversation sérieuse, ce type avait dépassé les bornes. Voir cette affiche collée aux quatre coins de l’île précédente m’avait sérieusement remonté. Je m’enfonçais de plus en plus profondément dans les gigantesques mangroves. Je ne connaissais pas la zone, difficile de s’aventurer dans un bayou à pied, même avec une carte que je consultais machinalement toutes les minutes. Le marchand qui m’avait conduit jusqu’en Amerzone m’avait déposé pile à l’opposé de l’endroit où je voulais aller. La guigne. Ce brave homme m’avait également prévenu de la présence des crocodrilles dans la région, des sauriens à l’appétit féroce ; je lui avais répondu avec le sourire que je savais me défendre. Ma seule préoccupation actuelle, c’était ce labyrinthe de canaux qui serpentaient à l’infini vers l’intérieur des terres.
Mais ma motivation était grande, bien plus grande que quelques écorchures et autres éclaboussures. Personne ne pouvait se prétendre être l’égal de Soul King Brook, encore moins se vanter dans être la réincarnation. Le Maire de ce trou paumé valait quand même le coup d’œil, et par chance, il organisait des auditions pour sa prochaine tournée. Bon prétexte pour moi de voir ce type à l’œuvre, je me devais de m’inviter à la fête rien que pour ça. Je n’avais pas croisé âme qui vivait dans ces marais, le marchand m’avait pourtant certifié que je croiserais du monde capable de m’indiquer la route. J’espérais simplement que ce défaut de localisation n’allait pas me faire rater le superbe concert du Maire. Mes sens en alerte, j’entendis un cri au loin, était-ce simplement mon imagination ? L’humidité étouffante qui régnait dans ce bayou ? Une seule façon de le savoir…Let’s Rock on the way. J’accélérais le rythme crescendo, sautillant comme un cabri entre les gigantesques racines. Elle était là, coincée entre trois sauriens, la belle demoiselle en détresse en quête de sa vaillante Rockstar. Showtime ! Mes doigts se posèrent sur les cordes de ma guitare, et je jouais les premières notes qui me vinrent en tête.
« Solo… »
Le premier lézard tomba éclaboussant les bouclettes rousses de la demoiselle qui cria de plus belle, tétanisée. Si j’avais piqué la curiosité des crocodrilles aux premières notes, j’avais maintenant toute leur attention. Leurs mâchoires claquaient en cadence tandis que je continuais mon show musical. Les deux prédateurs avancèrent en cadence d’un pas lourd qui faisait trembler la terre tout en émettant un son lourd. Joli double temps les gars, j’aimais beaucoup, c’est toujours mieux d’être accompagné. Ces créatures avaient beau être des poids lourds de la création, il n’en restait pas moins étonnamment rapide. De bons réflexes me permirent d’esquiver leurs sauts, malgré que leurs gueules grandes ouvertes faillirent me décapiter à plusieurs reprises. Je passais et repassais dans les racines, une sorte de jeu du chat et de la souris venait de s’engager. Ma taille et l’environnement faisaient ma force dans cette situation, il était facile de duper ces reptiles.
« Trio… »
Je passais derrière les crocodrilles qui s’arrêtèrent nets, figés sur place tandis que je finissais ma composition. A la dernière note, mes adversaires s’effondrèrent sur le flanc. Je regardais le résultat derrière mes lunettes. Satisfait, je commençais à griller une cigarette. J’avançais donc d’un pas léger vers la belle en détresse calée au sol, mains jointes sur les tibias, son corps oscillant tel un balancier. Elle ne semblait pas s’être rendu compte qu’elle n’avait plus rien à craindre. D’une voix douce et calme je l’apaisais, lui certifiant que tout était terminé. Hoquetant, elle releva la tête, les yeux rougis par les larmes versées, elle essayait d’articuler un merci. Finalement, ses doigts fuselés, hésitants et tremblants vinrent se poser dans ma main tendue. Elle se releva, puis sécha les dernières larmes qui perlaient sur son visage qu’elle avait beau.
« Qu’est-ce que vous faisiez dans un endroit pareil ? Seule qui plus est… »
« Je…Je… »
« Ah…Oubliez ça, ce ne sont pas mes histoires après tout. Je suis un peu perdu dans ce tr…Cette région, un peu d’assistance ne serait pas de refus, vous acceptez ? »
Elle hocha la tête en souriant, son faciès reprenait enfin des couleurs. Sur la route, si on peut parler de route dans ces bayous, nous apprenions à faire connaissance. Nous discutions de tout et de rien tandis que je jouais une ballade pour la belle Angie. Elle semblait apprécier, du moins, son visage n’exprimait aucunes contrariétés. J’en profitais également pour lui poser certaines questions sur cette île et sur ses habitants. Son exposé fut enrichissant et instructif, je comprenais mieux les raisons historiques qui avaient poussés les habitants de cette île à y vivre malgré la rudesse environnante.
« Et vous ? Que venez donc vous faire ici ? »
« Je suis un vagabond douce Angie, je vais, je viens, sans aucunes attaches, libre…Mais, cette affiche en particulier m’a piqué au vif » lui dis-je en agitant le bout de papier froissé que je venais de sortir de mon trench coat.
« Oh…Le Maire…Je vois…Vous voulez intégrer son groupe, après tout vous êtes musicien »
« Intégrer le groupe de ce gros porc ? Hell No ! Je veux juste m’inviter à la fête, ce type m’a sérieusement foutu en rogne ! »
« Que vous a-t-il fait ? Vous êtes un touriste par ici…Je ne vois pas pourq… »
« Ce qu’il m’a fait ? Ce qu’il m’a fait ?! Cet enfoiré ose se comparer à mon idole ! Personne ne peut se vanter, ne serait-ce d’arriver à la cheville de Soul King Brook ! C’est un affront à sa mémoire, une salissure, une tâche que je m’en vais nettoyer à coup de Rock ! Seul un homme prendra un jour sa relève ! Et ce sera moi ! »
Un léger silence venait de s’installer entre nous. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais beuglé à ce point. Je m’excusais auprès de la belle tout en reprenant mon souffle. Ma réaction avait été bien trop excessive. Puis, la demoiselle se mit à rire, c’était bien la première fois qu’elle entendait quelqu’un vouloir aller à l’encontre des projets du Maire, du moins, pas aussi ouvertement. Angie pensait sincèrement que si j’arrivais à mes fins, cela resterait un jour mémorable en Amerzone. C’est d’ailleurs pourquoi elle proposa de m’accompagner jusqu’au lieu des auditions. Elle me certifiait même qu’il m’aurait été impossible de m’y rendre à pied, aussi rapide que je puisse être. Comble de chance, elle avait également un moyen de locomotion ! Peu de temps après, nous arrivions dans un petit village, toutes les constructions et les diverses habitations étaient montées sur pilotis. La demoiselle me fit signe de l’attendre devant une porte. J’en déduisis que c’était son petit chez elle.
« Papa, je t’emprunte Balto, j’ai une course à faire chez les Zoniens »
Balto ? C’était qui ce Balto ? Je ne tardais pas à le savoir lorsque j’entendis le sol trembler…Médusé, je voyais un porc, pesant au minimum cinq bons quintaux, foncer en ma direction. La bête, gigantesque au garrot, était harnachée par de solides chaînes d’acier. Je me demandais bien comment le métal pouvait supporter une telle tension. C’était sur cet engin de mort que j’allais monter ? Et dire qu’il y a peu, la belle avait peur de finir dans l’estomac de quelques sacs à main sur pattes…J’examinais la bête sous toutes ses coutures, légèrement réticent d’y grimper, l’ex-demoiselle en détresse m’assurait qu’il n’y avait pas de danger, et qu’il avait été dressé tout jeune. Balto était doux comme un agneau…Bah voyons…Comme si un animal sauvage pouvait complètement être domestiqué…Mais je n’avais pas d’autres choix, il fallait que je traverse l’Amerzone pour me rendre à ces auditions. Je sautais donc derrière la belle, à la seule place disponible. Je remarquais également les rouages, les mécanismes et la machinerie installés sur Balto ; l’utilité ? Je n’allais pas tarder à le savoir. Angie tirait deux manettes vers elle, les chaines d’acier vinrent claquer sur les flancs de l’animal qui répondit à l’ordre au quart de tour, il fonça…
Je dois admettre que Balto était un animal rapide, il avalait les kilomètres avec une facilité déconcertante. Malgré l’inconfort du transport, mes yeux regardaient défiler le paysage de l’Amerzone. Nous sortions de cet immense bayou pour entrer dans un désert, aussi sec que le gosier d’un pilier de bar qui n’aurait pas bu son litron depuis une semaine. L’air environnant me brûlait la gorge à chaque respiration, tandis que la température ne faisait qu’augmenter au fil des minutes. Un peu d’ombre ne m’aurait pas fait de mal, bien au contraire. Aussitôt pensé, aussitôt fait, Angie faisait jouer de la technologie embarquée sur le porc pour nous fournir un hauvent. Mon visage exprimait à la fois surprise et gratitude, le voyage serait moins chaud. Tout en grattant des cordes à l’arrière du véhicule, je posais moult questions à la demoiselle. Pourquoi irais-je porter un intérêt à un trou pareil paumé en plein milieu de South Blue ? C’est très simple, je n’en portais absolument pas ; je lui faisais distraitement la conversation.
Le trajet se poursuivit sans réels encombres, excepté les deux bestioles du désert piétinées par Balto. Pendant ce temps, la conductrice de l’immense porc m’avait presque raconté l’intégralité de l’histoire en Amerzone et de la personnalité du Maire. Enrichissant certes, passionnant ? Non. Après ce qui me semblait une éternité, Angie me sortit de mes songeries lorsqu’elle arrêta net le colosse porcin. Nous étions arrivés à destination. La vie battait son plein dans cette petite bourgade dénommée Freetown, une ville presque normal dira-t-on. Presque oui, la seule différence était ce patois immonde que semblait parler tous les habitants de cette ville. J’avais noté un petit accent dans la voix d’Angie plus tôt mais rien d’aussi bizarre. J’en parlais à la demoiselle qui ria. Elle m’expliquait qu’ici, c’était moi qui avait un accent, tous les étrangers, les touristes comme ils les appellent, ont un accent. Ouais, elle venait de marquer un point. Tout le monde parlait donc comme ça sur cette île ? Je me demandais bien comment notre langue avait pu autant dériver pour devenir une tambouille linguistique presque incompréhensible. Elle attacha les lourdes chaînes de Balto à des anneaux eux-mêmes fait d’acier. Cependant, je doutais cette fois de la solidité du mur.
« Eu’l patron veut tous v’voir sur l’grand place band’gueux, eu’l spectacle va commencer, pis eu’l premier qui sort du rang, j’m’en va mettre ma pogne dans sa tronche là ! »
C’est définitif, clair et précis, je ne m’y ferais jamais. Bon, j’avais à peu près compris ce que le type baragouinait. J’étais pile à l’heure pour les festivités. J’avais hâte d’y être. J’emboitais le pas de mon accompagnatrice qui me faisait signe de la suivre. Des dizaines d’artistes étaient présents pour ces auditions, venant des quatre coins de South Blue en quête de gloire et de notoriété. Une scène était installée en plein milieu de la grande place de Freetown. Je devais admettre qu’elle avait fière allure avec ce matériel dernier cri, cet enfoiré de maire avait les moyens…Tout autour de la scène et des spectateurs, des hommes, probablement au service de l’organisateur, faisaient bloc à toutes sorties du public…Et accessoirement des musiciens ; ces derniers disposaient d’une entrée aménagée menant aux coulisses. Angie fut presque refoulée par deux loubards, je lui inventais donc un métier d’artiste. Elle était une choriste réputée à Saint-Urea, elle avait expressément fait le voyage pour participer à ces auditions.
« Je doute que votre patron soit content de vos services si la demoiselle ici présente lui fasse de la mauvaise publicité à Saint-Uréa, alors ? On peut entrer ou on s’barre tout de suite hm ? »
Après un regard et de brefs chuchotements, nous entrions. Un homme vint à notre rencontre, se présentant comme le metteur en scène personnel du King de Freetown… …Sérieusement ? Le gars nous tendit également une fiche à remplir en fonction de nos talents respectifs. C’était plutôt bien organisé comme système. Notre interlocuteur tourna les talons, l’heure de l’explication du plan était enfin venu ; et j’en fis part à Angie qui semblait excitée par l’idée que je venais de lui soumettre. Par chance, je fus l’un des premiers à être appeler pour accompagner la…hmmm…Star. J’entrais sur scène, une chair de poule me prit à la vue de cette foule amassée devant la scène. Trac et excitation mêlés, je ne tenais plus en place, une véritable pile sur patte. Je branchais ma guitare à l’ampli quand l’artiste fit son apparition, il était encore plus laid en personne qu’en photo. Je ne pouvais m’empêcher de grimacer, mais l’habit ne fait pas la rockstar ; je voulais l’entendre et le voir à l’œuvre. Un batteur, un saxophoniste, un violoniste et une pianiste nous accompagnaient.
Des tablatures se trouvaient devant moi, mais je n’en avais pas besoin ; je connaissais par cœur le répertoire de Brook. Je n’attendais plus que le signal du batteur pour commencer à jouer, ce que je fis en suivant le rythme. Tout se passait extraordinairement bien…Jusqu’à ce que j’entende la voix du chanteur. MAIS C’EST QUOI CETTE VOIX DE MERDE ?! C’était PIRE que ce que j’avais imaginé, bien pire. Il chantait atrocement faux, il ne cherchait même pas à suivre le putain de rythme musical ! Il arrivait même à me faire louper des accords simplistes. Ce n’était PLUS POSSIBLE ! Il fallait que j’intervienne sur le champ. Je m’approchais de cet enfoiré qui s’y croyait vraiment, sans aucune hésitation je frappais son dos de ma pointure quarante-deux. Il tomba dans la fosse, et je n’en avais rien à foutre. Un slide me permit de couper net à la chanson.
« It’s showtime baby ! »
C’était le signal pour Angie. Les projecteurs se braquèrent sur moi, la foule, confuse et consternée, ne savait pas comment réagir à ce changement de ton. Je commençais par un solo de folie pendant que le tas de graisse essayait de se relever ; sur le dos, il ressemblait étrangement à une tortue qui se débattait pour se remettre sur pieds. Je commençais à mon tour à chanter :
Je dois admettre que tes p’tits tours sont amuuuuusaaants
J’parie qu’il y a de l’auto-tune dans ton micro
Mais maintenant que j’suis là, finis ton mauvais numéro,
Vas-y, fais-moi rire ! Montre nous donc ton taaaleeeeent !
Tu parles d’un spectacle ?
Je crois que c’est la débâaaaaacle
(le batteur suit)
Tu t’prends pour le Roi
Mais je vois clair en toi,
Si ça t’amuses, colles toi une tarte
De la scène je t’écaaaarte.
Ta folie des grandeurs,
N’est pas à la hauteur,
Tu n’es qu’un imposteeeeur !
(suivit du saxophoniste)
Quel effroi, quand j’entends ta voix
Ce n’est que du dégout, j’vais en foutre partout !
Si tu es convaincu
De rester invaincu,
Faut en faire ton deuil,
Mon jam t’emmène jusqu’au cercueeeeil !
(et enfin de la pianiste)
Tu n’es qu’un orgueilleux,
Qui s’prend pour le Dieu
Ta folie des grandeurs,
N’es pas à la hauteur,
Tu n’es qu’un imposteeeeur !
Non, mais regardez ce porc,
Passez lui donc sur le corps,
Pour venir écouter l’artiste,
Ça ne sera pas triste,
Car il vise plus haut que Red Liiiiine !
Bien plus haut que Red Liiiiine !
Pendant la chanson, la consternation avait laissé place à une clameur positive. Le public semblait apprécié et j’en étais ravi. Bien sûr, des gros bras tentèrent à de multiples reprises de me bouter hors de la scène ; mais il leurs était impossible de m’arrêter. Je pouvais chanter, jouer de la guitare et esquiver leurs sauts et leurs assauts. Bon, ce jam n’était pas parfait, le nombre de pieds entre chaque vers laissait à désirer. Je savais qu’il y avait des imperfections comme toutes improvisations. Le Maire ne semblait pas ravi que je lui pique la vedette ; il hurlait à ses hommes de m’arrêter et au public de cesser les applaudissements. Je fus bientôt cerné par des dizaines de gros bras qui m’encerclèrent. Je décidais de prendre la parole.
« Habitants de Freetown et d’Amerzone, je suis ravi que vous ayez apprécié ma prestation de ce soir. Ça vous change de la soupe que vous sert votre Maire n’est-ce pas ? Alors pourquoi devriez-vous l’écouter à longueur de journées ? Cette île est un enfer, c’est votre enfer ! Vous êtes des hommes et des femmes libres de choisir, mais vous vous soumettez à ça ? A ce type ? Alors, maintenant vous avez deux options, et vous les connaissez ces deux options !... »
Le sol trembla, au bout de la rue, je pouvais voir une silhouette familière foncer en direction de la scène. Pile à l’heure ! Balto bondit au-dessus de la foule qui s’écartait rapidement, effectivement, se faire écraser par un gigantesque porc ne constituait pas une belle mort. Les défenses de l’animal arrachèrent les barrières de sécurité et le devant de la scène qui manqua de s’écrouler. Cette petite secousse sur la structure me permit de sortir du cercle des gros bras qui furent déstabilisés par la force du choc. Sans plus attendre, je grimpais sur Balto, tandis que la belle le manœuvrait pour nous sortir de là. Des coups de feu retentirent ici et là, mais la bête ne semblait guère affecté par les balles qui le touchait. Enfin, nous sortions de Freetown. Je regardais Angie, elle me regardait à son tour, à l’unisson, nous éclations de rire. Finalement, il était plutôt sympa ce trou.
« C’était génial ! La tête du Maire valait vraiment l’coup d’œil »
« J’avoue que sur ce coup, je suis assez fier de moi »
« Et maintenant ? Qu’est-ce que vous comptez faire ? »
« Aucune idée belle Angie, je vais sûrement attendre le prochain bateau qui passera dans l’coin, j’aviserais ensuite »
Le trajet retour fut assez calme, sans aucunes péripéties particulières. La seule chose qui attira mon attention fut le journal que la rouquine était en train de lire. Du coin de l’œil, je regardais le portrait de cet homme en première page. J’étais persuadé de le connaître, mais où l’avais-je vu ? Cette tenue cramoisi ne passait pourtant pas inaperçu, très tape à l’œil. Bof, sûrement un gars du coin que j’ai peut-être croisé plus tôt dans la rue ou ailleurs. Connaître le nom de ce gars n’était pas la priorité, je devais trouver un moyen de sortir d’Amerzone.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _________Mais ma motivation était grande, bien plus grande que quelques écorchures et autres éclaboussures. Personne ne pouvait se prétendre être l’égal de Soul King Brook, encore moins se vanter dans être la réincarnation. Le Maire de ce trou paumé valait quand même le coup d’œil, et par chance, il organisait des auditions pour sa prochaine tournée. Bon prétexte pour moi de voir ce type à l’œuvre, je me devais de m’inviter à la fête rien que pour ça. Je n’avais pas croisé âme qui vivait dans ces marais, le marchand m’avait pourtant certifié que je croiserais du monde capable de m’indiquer la route. J’espérais simplement que ce défaut de localisation n’allait pas me faire rater le superbe concert du Maire. Mes sens en alerte, j’entendis un cri au loin, était-ce simplement mon imagination ? L’humidité étouffante qui régnait dans ce bayou ? Une seule façon de le savoir…Let’s Rock on the way. J’accélérais le rythme crescendo, sautillant comme un cabri entre les gigantesques racines. Elle était là, coincée entre trois sauriens, la belle demoiselle en détresse en quête de sa vaillante Rockstar. Showtime ! Mes doigts se posèrent sur les cordes de ma guitare, et je jouais les premières notes qui me vinrent en tête.
« Solo… »
Le premier lézard tomba éclaboussant les bouclettes rousses de la demoiselle qui cria de plus belle, tétanisée. Si j’avais piqué la curiosité des crocodrilles aux premières notes, j’avais maintenant toute leur attention. Leurs mâchoires claquaient en cadence tandis que je continuais mon show musical. Les deux prédateurs avancèrent en cadence d’un pas lourd qui faisait trembler la terre tout en émettant un son lourd. Joli double temps les gars, j’aimais beaucoup, c’est toujours mieux d’être accompagné. Ces créatures avaient beau être des poids lourds de la création, il n’en restait pas moins étonnamment rapide. De bons réflexes me permirent d’esquiver leurs sauts, malgré que leurs gueules grandes ouvertes faillirent me décapiter à plusieurs reprises. Je passais et repassais dans les racines, une sorte de jeu du chat et de la souris venait de s’engager. Ma taille et l’environnement faisaient ma force dans cette situation, il était facile de duper ces reptiles.
« Trio… »
Je passais derrière les crocodrilles qui s’arrêtèrent nets, figés sur place tandis que je finissais ma composition. A la dernière note, mes adversaires s’effondrèrent sur le flanc. Je regardais le résultat derrière mes lunettes. Satisfait, je commençais à griller une cigarette. J’avançais donc d’un pas léger vers la belle en détresse calée au sol, mains jointes sur les tibias, son corps oscillant tel un balancier. Elle ne semblait pas s’être rendu compte qu’elle n’avait plus rien à craindre. D’une voix douce et calme je l’apaisais, lui certifiant que tout était terminé. Hoquetant, elle releva la tête, les yeux rougis par les larmes versées, elle essayait d’articuler un merci. Finalement, ses doigts fuselés, hésitants et tremblants vinrent se poser dans ma main tendue. Elle se releva, puis sécha les dernières larmes qui perlaient sur son visage qu’elle avait beau.
« Qu’est-ce que vous faisiez dans un endroit pareil ? Seule qui plus est… »
« Je…Je… »
« Ah…Oubliez ça, ce ne sont pas mes histoires après tout. Je suis un peu perdu dans ce tr…Cette région, un peu d’assistance ne serait pas de refus, vous acceptez ? »
Elle hocha la tête en souriant, son faciès reprenait enfin des couleurs. Sur la route, si on peut parler de route dans ces bayous, nous apprenions à faire connaissance. Nous discutions de tout et de rien tandis que je jouais une ballade pour la belle Angie. Elle semblait apprécier, du moins, son visage n’exprimait aucunes contrariétés. J’en profitais également pour lui poser certaines questions sur cette île et sur ses habitants. Son exposé fut enrichissant et instructif, je comprenais mieux les raisons historiques qui avaient poussés les habitants de cette île à y vivre malgré la rudesse environnante.
« Et vous ? Que venez donc vous faire ici ? »
« Je suis un vagabond douce Angie, je vais, je viens, sans aucunes attaches, libre…Mais, cette affiche en particulier m’a piqué au vif » lui dis-je en agitant le bout de papier froissé que je venais de sortir de mon trench coat.
« Oh…Le Maire…Je vois…Vous voulez intégrer son groupe, après tout vous êtes musicien »
« Intégrer le groupe de ce gros porc ? Hell No ! Je veux juste m’inviter à la fête, ce type m’a sérieusement foutu en rogne ! »
« Que vous a-t-il fait ? Vous êtes un touriste par ici…Je ne vois pas pourq… »
« Ce qu’il m’a fait ? Ce qu’il m’a fait ?! Cet enfoiré ose se comparer à mon idole ! Personne ne peut se vanter, ne serait-ce d’arriver à la cheville de Soul King Brook ! C’est un affront à sa mémoire, une salissure, une tâche que je m’en vais nettoyer à coup de Rock ! Seul un homme prendra un jour sa relève ! Et ce sera moi ! »
Un léger silence venait de s’installer entre nous. Je ne m’étais pas rendu compte que j’avais beuglé à ce point. Je m’excusais auprès de la belle tout en reprenant mon souffle. Ma réaction avait été bien trop excessive. Puis, la demoiselle se mit à rire, c’était bien la première fois qu’elle entendait quelqu’un vouloir aller à l’encontre des projets du Maire, du moins, pas aussi ouvertement. Angie pensait sincèrement que si j’arrivais à mes fins, cela resterait un jour mémorable en Amerzone. C’est d’ailleurs pourquoi elle proposa de m’accompagner jusqu’au lieu des auditions. Elle me certifiait même qu’il m’aurait été impossible de m’y rendre à pied, aussi rapide que je puisse être. Comble de chance, elle avait également un moyen de locomotion ! Peu de temps après, nous arrivions dans un petit village, toutes les constructions et les diverses habitations étaient montées sur pilotis. La demoiselle me fit signe de l’attendre devant une porte. J’en déduisis que c’était son petit chez elle.
« Papa, je t’emprunte Balto, j’ai une course à faire chez les Zoniens »
Balto ? C’était qui ce Balto ? Je ne tardais pas à le savoir lorsque j’entendis le sol trembler…Médusé, je voyais un porc, pesant au minimum cinq bons quintaux, foncer en ma direction. La bête, gigantesque au garrot, était harnachée par de solides chaînes d’acier. Je me demandais bien comment le métal pouvait supporter une telle tension. C’était sur cet engin de mort que j’allais monter ? Et dire qu’il y a peu, la belle avait peur de finir dans l’estomac de quelques sacs à main sur pattes…J’examinais la bête sous toutes ses coutures, légèrement réticent d’y grimper, l’ex-demoiselle en détresse m’assurait qu’il n’y avait pas de danger, et qu’il avait été dressé tout jeune. Balto était doux comme un agneau…Bah voyons…Comme si un animal sauvage pouvait complètement être domestiqué…Mais je n’avais pas d’autres choix, il fallait que je traverse l’Amerzone pour me rendre à ces auditions. Je sautais donc derrière la belle, à la seule place disponible. Je remarquais également les rouages, les mécanismes et la machinerie installés sur Balto ; l’utilité ? Je n’allais pas tarder à le savoir. Angie tirait deux manettes vers elle, les chaines d’acier vinrent claquer sur les flancs de l’animal qui répondit à l’ordre au quart de tour, il fonça…
Je dois admettre que Balto était un animal rapide, il avalait les kilomètres avec une facilité déconcertante. Malgré l’inconfort du transport, mes yeux regardaient défiler le paysage de l’Amerzone. Nous sortions de cet immense bayou pour entrer dans un désert, aussi sec que le gosier d’un pilier de bar qui n’aurait pas bu son litron depuis une semaine. L’air environnant me brûlait la gorge à chaque respiration, tandis que la température ne faisait qu’augmenter au fil des minutes. Un peu d’ombre ne m’aurait pas fait de mal, bien au contraire. Aussitôt pensé, aussitôt fait, Angie faisait jouer de la technologie embarquée sur le porc pour nous fournir un hauvent. Mon visage exprimait à la fois surprise et gratitude, le voyage serait moins chaud. Tout en grattant des cordes à l’arrière du véhicule, je posais moult questions à la demoiselle. Pourquoi irais-je porter un intérêt à un trou pareil paumé en plein milieu de South Blue ? C’est très simple, je n’en portais absolument pas ; je lui faisais distraitement la conversation.
Le trajet se poursuivit sans réels encombres, excepté les deux bestioles du désert piétinées par Balto. Pendant ce temps, la conductrice de l’immense porc m’avait presque raconté l’intégralité de l’histoire en Amerzone et de la personnalité du Maire. Enrichissant certes, passionnant ? Non. Après ce qui me semblait une éternité, Angie me sortit de mes songeries lorsqu’elle arrêta net le colosse porcin. Nous étions arrivés à destination. La vie battait son plein dans cette petite bourgade dénommée Freetown, une ville presque normal dira-t-on. Presque oui, la seule différence était ce patois immonde que semblait parler tous les habitants de cette ville. J’avais noté un petit accent dans la voix d’Angie plus tôt mais rien d’aussi bizarre. J’en parlais à la demoiselle qui ria. Elle m’expliquait qu’ici, c’était moi qui avait un accent, tous les étrangers, les touristes comme ils les appellent, ont un accent. Ouais, elle venait de marquer un point. Tout le monde parlait donc comme ça sur cette île ? Je me demandais bien comment notre langue avait pu autant dériver pour devenir une tambouille linguistique presque incompréhensible. Elle attacha les lourdes chaînes de Balto à des anneaux eux-mêmes fait d’acier. Cependant, je doutais cette fois de la solidité du mur.
« Eu’l patron veut tous v’voir sur l’grand place band’gueux, eu’l spectacle va commencer, pis eu’l premier qui sort du rang, j’m’en va mettre ma pogne dans sa tronche là ! »
C’est définitif, clair et précis, je ne m’y ferais jamais. Bon, j’avais à peu près compris ce que le type baragouinait. J’étais pile à l’heure pour les festivités. J’avais hâte d’y être. J’emboitais le pas de mon accompagnatrice qui me faisait signe de la suivre. Des dizaines d’artistes étaient présents pour ces auditions, venant des quatre coins de South Blue en quête de gloire et de notoriété. Une scène était installée en plein milieu de la grande place de Freetown. Je devais admettre qu’elle avait fière allure avec ce matériel dernier cri, cet enfoiré de maire avait les moyens…Tout autour de la scène et des spectateurs, des hommes, probablement au service de l’organisateur, faisaient bloc à toutes sorties du public…Et accessoirement des musiciens ; ces derniers disposaient d’une entrée aménagée menant aux coulisses. Angie fut presque refoulée par deux loubards, je lui inventais donc un métier d’artiste. Elle était une choriste réputée à Saint-Urea, elle avait expressément fait le voyage pour participer à ces auditions.
« Je doute que votre patron soit content de vos services si la demoiselle ici présente lui fasse de la mauvaise publicité à Saint-Uréa, alors ? On peut entrer ou on s’barre tout de suite hm ? »
Après un regard et de brefs chuchotements, nous entrions. Un homme vint à notre rencontre, se présentant comme le metteur en scène personnel du King de Freetown… …Sérieusement ? Le gars nous tendit également une fiche à remplir en fonction de nos talents respectifs. C’était plutôt bien organisé comme système. Notre interlocuteur tourna les talons, l’heure de l’explication du plan était enfin venu ; et j’en fis part à Angie qui semblait excitée par l’idée que je venais de lui soumettre. Par chance, je fus l’un des premiers à être appeler pour accompagner la…hmmm…Star. J’entrais sur scène, une chair de poule me prit à la vue de cette foule amassée devant la scène. Trac et excitation mêlés, je ne tenais plus en place, une véritable pile sur patte. Je branchais ma guitare à l’ampli quand l’artiste fit son apparition, il était encore plus laid en personne qu’en photo. Je ne pouvais m’empêcher de grimacer, mais l’habit ne fait pas la rockstar ; je voulais l’entendre et le voir à l’œuvre. Un batteur, un saxophoniste, un violoniste et une pianiste nous accompagnaient.
Des tablatures se trouvaient devant moi, mais je n’en avais pas besoin ; je connaissais par cœur le répertoire de Brook. Je n’attendais plus que le signal du batteur pour commencer à jouer, ce que je fis en suivant le rythme. Tout se passait extraordinairement bien…Jusqu’à ce que j’entende la voix du chanteur. MAIS C’EST QUOI CETTE VOIX DE MERDE ?! C’était PIRE que ce que j’avais imaginé, bien pire. Il chantait atrocement faux, il ne cherchait même pas à suivre le putain de rythme musical ! Il arrivait même à me faire louper des accords simplistes. Ce n’était PLUS POSSIBLE ! Il fallait que j’intervienne sur le champ. Je m’approchais de cet enfoiré qui s’y croyait vraiment, sans aucune hésitation je frappais son dos de ma pointure quarante-deux. Il tomba dans la fosse, et je n’en avais rien à foutre. Un slide me permit de couper net à la chanson.
« It’s showtime baby ! »
C’était le signal pour Angie. Les projecteurs se braquèrent sur moi, la foule, confuse et consternée, ne savait pas comment réagir à ce changement de ton. Je commençais par un solo de folie pendant que le tas de graisse essayait de se relever ; sur le dos, il ressemblait étrangement à une tortue qui se débattait pour se remettre sur pieds. Je commençais à mon tour à chanter :
Je dois admettre que tes p’tits tours sont amuuuuusaaants
J’parie qu’il y a de l’auto-tune dans ton micro
Mais maintenant que j’suis là, finis ton mauvais numéro,
Vas-y, fais-moi rire ! Montre nous donc ton taaaleeeeent !
Tu parles d’un spectacle ?
Je crois que c’est la débâaaaaacle
(le batteur suit)
Tu t’prends pour le Roi
Mais je vois clair en toi,
Si ça t’amuses, colles toi une tarte
De la scène je t’écaaaarte.
Ta folie des grandeurs,
N’est pas à la hauteur,
Tu n’es qu’un imposteeeeur !
(suivit du saxophoniste)
Quel effroi, quand j’entends ta voix
Ce n’est que du dégout, j’vais en foutre partout !
Si tu es convaincu
De rester invaincu,
Faut en faire ton deuil,
Mon jam t’emmène jusqu’au cercueeeeil !
(et enfin de la pianiste)
Tu n’es qu’un orgueilleux,
Qui s’prend pour le Dieu
Ta folie des grandeurs,
N’es pas à la hauteur,
Tu n’es qu’un imposteeeeur !
Non, mais regardez ce porc,
Passez lui donc sur le corps,
Pour venir écouter l’artiste,
Ça ne sera pas triste,
Car il vise plus haut que Red Liiiiine !
Bien plus haut que Red Liiiiine !
Pendant la chanson, la consternation avait laissé place à une clameur positive. Le public semblait apprécié et j’en étais ravi. Bien sûr, des gros bras tentèrent à de multiples reprises de me bouter hors de la scène ; mais il leurs était impossible de m’arrêter. Je pouvais chanter, jouer de la guitare et esquiver leurs sauts et leurs assauts. Bon, ce jam n’était pas parfait, le nombre de pieds entre chaque vers laissait à désirer. Je savais qu’il y avait des imperfections comme toutes improvisations. Le Maire ne semblait pas ravi que je lui pique la vedette ; il hurlait à ses hommes de m’arrêter et au public de cesser les applaudissements. Je fus bientôt cerné par des dizaines de gros bras qui m’encerclèrent. Je décidais de prendre la parole.
« Habitants de Freetown et d’Amerzone, je suis ravi que vous ayez apprécié ma prestation de ce soir. Ça vous change de la soupe que vous sert votre Maire n’est-ce pas ? Alors pourquoi devriez-vous l’écouter à longueur de journées ? Cette île est un enfer, c’est votre enfer ! Vous êtes des hommes et des femmes libres de choisir, mais vous vous soumettez à ça ? A ce type ? Alors, maintenant vous avez deux options, et vous les connaissez ces deux options !... »
Le sol trembla, au bout de la rue, je pouvais voir une silhouette familière foncer en direction de la scène. Pile à l’heure ! Balto bondit au-dessus de la foule qui s’écartait rapidement, effectivement, se faire écraser par un gigantesque porc ne constituait pas une belle mort. Les défenses de l’animal arrachèrent les barrières de sécurité et le devant de la scène qui manqua de s’écrouler. Cette petite secousse sur la structure me permit de sortir du cercle des gros bras qui furent déstabilisés par la force du choc. Sans plus attendre, je grimpais sur Balto, tandis que la belle le manœuvrait pour nous sortir de là. Des coups de feu retentirent ici et là, mais la bête ne semblait guère affecté par les balles qui le touchait. Enfin, nous sortions de Freetown. Je regardais Angie, elle me regardait à son tour, à l’unisson, nous éclations de rire. Finalement, il était plutôt sympa ce trou.
« C’était génial ! La tête du Maire valait vraiment l’coup d’œil »
« J’avoue que sur ce coup, je suis assez fier de moi »
« Et maintenant ? Qu’est-ce que vous comptez faire ? »
« Aucune idée belle Angie, je vais sûrement attendre le prochain bateau qui passera dans l’coin, j’aviserais ensuite »
Le trajet retour fut assez calme, sans aucunes péripéties particulières. La seule chose qui attira mon attention fut le journal que la rouquine était en train de lire. Du coin de l’œil, je regardais le portrait de cet homme en première page. J’étais persuadé de le connaître, mais où l’avais-je vu ? Cette tenue cramoisi ne passait pourtant pas inaperçu, très tape à l’œil. Bof, sûrement un gars du coin que j’ai peut-être croisé plus tôt dans la rue ou ailleurs. Connaître le nom de ce gars n’était pas la priorité, je devais trouver un moyen de sortir d’Amerzone.
Informations IRL
Flintouille aux manettes, content d'être de retour, ça m'avait manqué d'écrire je dois l'avouer ^^. Bon, j'ai essayé de m'intégrer au background du fo', enfin plus particulièrement à un haut PNJ de la Marine, j'espère que vous n'y verrez pas d'inconvénients. A défaut dites-le, ça me dérangerait un peu mais bon je ferais avec ;).Dernière édition par Klaus Makuen le Ven 23 Oct 2015 - 3:38, édité 2 fois