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No Kidding




Les derniers jours avaient été éprouvants. Tout le voyage, les deux autres bateaux avaient oscillé plus ou moins à portée de canons, certains tirs manquant à plusieurs reprises d'endommager le gouvernail. Heureusement, ils avaient pris la tête de la course et comptaient bien y rester.
Les menaces de Fantine, qui n'étaient pas restées à ce stade, avaient eu un succès merveilleux sur la motivation de l'équipage. Dans le pire des cas, que risquent-ils ? D'être amenés à Armada, un endroit où ils semblaient visiblement déjà vouloir se rendre. Ca ou la mort. Le choix a été vite fait pour eux. Et puis ils rejoindront leurs copains sur l'île mouvante pour, probablement, vouloir se venger, après.

« Sans rancune, hein ? ♥
- Non, bien sûr que non, Capitaine, répondit un matelot avec un grand sourire auquel il manquait de nombreux chicots.
- Bien sûr que non, murmura Kurn entre ses dents. »
Armada, l'île de la piraterie de Grand Line, dirigée par un ex-membre de l'amirauté. Enfin, "dirigée", apparemment, chaque capitaine y était libre sur son navire. Les "Libres Pirates". Il y croirait quand il le verrait.

Et, justement, il allait être temps de voir. La vigie annonça une énorme masse en bois à l'horizon, et quelques minutes après, eux aussi y eurent droit. Le temps, qui avait été capricieux jusque-là, alternant pluies, neiges et soleil, était au beau fixe depuis vingt-quatre heures. Tous les voyants semblaient au vert pour les accueillir sur Armada. Tous, sauf...
« Voiles derrière nous, Capitaine, ce sont les navires habituels !
- En fait, songea Fantine, c'est un peu comme si on jouait à chat, non ?
- C'est pas faux, oui, d'une certaine façon...
- Ben moi j'aime pas perdre ! Mettez le turbo !
- On est déjà au maximum de la voilure, Capitaine ! D'ailleurs, il faudrait peut-être songer à ralentir...
- Hmmmm... Non ! »

Une embarcation équipée d'un treuil et de cordes qui prenaient une bonne partie du pont se dégagea d'Armada sous leurs yeux et s'approcha d'eux, avant qu'une voix ne retentisse, probablement à l'aide d'un denden amplifiant ou d'un dial.
« Bien le bonjour, étrangers ! Je suis le représentant de la Guilde des Nochers, dont la tâche est de s'assurer que les bateaux parviennent à s'arrimer sans s'abîmer ! Tout à fait, s'arrimer sans s'abîmer ! Sachez que sinon, vous courez le risque de causer des avaries qui vous coûteront bien plus cher en réparation ! De plus, vous pouvez bénéficier aujourd'hui seulement d'une magnifique promot...
- Capitaine ? Il serait peut-être judicieux d'utiliser la Guilde des Nochers, justement.
- Mais ça coûte de l'argent, non ?
- Euh, oui.
- Bon, bah non alors. Je dépense pas mon argent pour faire du bateau.
- Oui mais imaginez si nous l'abîmons et...
- C'est votre bateau, non ?
- Effectivement.
- Donc je m'en fiche !
- Mais vous êtes le capitaine, donc c'est votre bateau aussi !
- Ah, c'est mon bateau ?
- Tout à fait.
- Donc j'en fais ce que j'veux. Et j'm'en fiche.
- Euh...
- Je signale à mon aimable clientèle que l'offre promotionnelle est à durée limitée et qu'il faudrait donc qu'elle ralenti...
- Et si on se côtise tous pour payer la Guilde des Nochers ?
- Donc c'est vous qui payez ?
- Voilà... C'est que ce bateau, j'y tiens, moi, on l'a volé en 1625 à... »

La discussion fut soudainement interrompue par un boulet de canon s'écrasant avec un grand plouf à quelques mètres d'eux. Fantine et Kurn jetèrent un regard surpris derrière eux : leurs poursuivants avaient profité d'un regain de vent de côté pour mettre à profit leurs voiles plus adaptées et les rattraper un peu.

« Changement de plan. On fonce à Armada ! Fit Fantine.
- Mais euh... Mon bateau ?
- Ah non, c'est mon bateau, c'est moi le capitaine, c'est toi qui l'as dit !
- Zut, c'est vrai.
- Je signale à mon aimable clientèle qu'elle devrait ralentir si elle veut se faire amener à bon port. D'ailleurs, à la réflexion, elle devrait ralentir dans tous les cas pour ne pas violemment et mortellement s'emboutir sur les quais et...
- Vous voyez, Capitaine, même le Monsieur il dit qu'on doit freiner !
- Oui mais non, si on freine, les méchants avec les canons vont nous rattraper !
- Je signale aux gens qui poursuivent mon aimable clientèle qu'ils peuvent eux aussi devenir mon aimable clientèle en ralentissant et en bénéficiant de tarifs uniques dans tout Armada. Et que sinon ils...
- TUUUUUUUUURBO ! »

Attrapant Fantine sous le bras, Kurn s'accrocha au grand mât de son autre main, et tâcha d'y rester accrocher du mieux possible. Armada se trouvait maintenant suffisamment prêt pour qu'ils puissent voir les gens qui se hâtaient sur les docks. Et eux allaient vite. Beaucoup trop vite.
La coque du navire laissa échapper un grincement de mauvais augure, avant de crisser salement. Le concert de bruits ne s'arrêta pas là, le bois hurlant à la mort alors qu'il était tordu, que les clous sautaient, et que le bateau ralentissait en s'enfonçant dans les quais. Cependant, ceux-ci étaient solides et renforcés.

Leur embarcation se fracassa littéralement dessus, en laissant des fragments de bois voler en tout sens. Quelques hommes d'équipage tombèrent à l'eau. Et tous les yeux étaient tournés vers eux, tandis que les canons continuaient encore de tonner derrière.
Lâchant le grand mât, l'homme-poisson, toujours avec son colis sous le bras, sauta souplement à terre et partit en courant.

Arrivés à Armada dans les meilleurs conditions du monde, hein ?

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Sous le bras de Kurn, Fantine s'accrocha du mieux qu'elle le put. La collision entre son navire et le quai fit un tintamarre incroyable, des gerbes d'écume se soulevèrent et avalèrent une partie du bois, tandis que leur embarcation craqua violemment pour laisser l'eau s'engouffrer à l'intérieur des cales. Derrière eux, l'escargophone amplifiait la voix outrée du représentant de la guilde des nochers qui fit preuve de beaucoup d'imagination pour les insulter. Mais Kurn, comme Fantine qui n'avait toujours pas remis pied à terre, étaient déjà trop loin pour s'en soucier.

Ils avaient pris la poudre d'escampette, s'évadant à travers les dédales de rues faits de bâtiments échoués, entassés, rafistolés à la va vite. Les planches en bois reliées différents ponts éclatés, des mats faisaient le passage entre deux batisses ou ce qui y ressemblaient le plus. Malgré la course dans laquelle Kurn était lancé, Fantine arrivait à voir tout ça de ses grands yeux fascinés. Elle se moquait bien désormais d'avoir des ennemis à ses trousses (notamment parce qu'ils n'avaient pas encore tout à fait débarqué et qu'ils avaient mis assez de distance).

« Attends Groot, souffla la jeune fille en tirant sur les piques de son ami pour le forcer à s'arrêter. Il le fit, en ronchonnant, et s'inquiéta immédiatement après :
ça va ?
Oui, mais je veux courir aussi ! Je sais faire ! »

Logique.
Kurn la déposa au sol, et elle s'étendit finalement en faisant craquer ses articulations. Son second, quant à lui, reprit son souffle. Fantine le nota brièvement, et ajouta d'une voix innocente :

« En fait, tu as déjà fait beaucoup, on peut ralentir, on peut même faire une pause... »

Il ne se fit pas prier. Tombant sur un semblant de banc haut que Fantine fut contrainte d'escalader pour s'y asseoir à son tour, elle agita ses jambes dans le vide. Maintenant que le silence était revenu, tous les deux pouvaient profiter des bruits de la ville de pirates. Les chants s'élevant par instant, les mouettes criant sur les mâts vacillants, la vie grouillant dans cette place forte. La jeune fille posa ses mains sur ses genoux, intimidée soudainement. Il y avait tellement de choses à voir, à faire, de gens à rencontrer, de bêtises à porter de doigts... Surtout les bêtises. Mais pour l'instant, elle devait prendre un peu ses marques. En fait, il fallait surtout que Kurn prenne les siennes. Alors, elle devait rester sage quelques minutes (au moins trente) pour ne pas risquer d'animer quoique ce soit.

« Alors c'est ça Armada ?
Visiblement.
C'est une vraie île de pirate, du coup ? Comme nous ! fit-elle avec une pointe de fierté dans la voix.
Oui, c'est ça...
On devrait s'y installer, y'a beaucoup plus à voir ici que sur Whiskey Peak ! »

Le contraste entre les deux îles étaient par ailleurs saisissant.

« Tu vois qu'on a bien fait d'insister ! »

Elle sauta de sur son siège, et attrapa le poignet de Kurn pour le traîner derrière elle. Tournant à une intersection, ils débarquèrent devant une place incroyable, des bateaux dressés, comme prêt à chavirer et à se faire absorber par la mer, mais qui ne bougeaient pas d'un pouce pourtant. L'atterrissage du dragon, disait les discussions. La jeune fille poursuivit sa route à l'intérieur, comme pour y voir plus, mieux, encore plus et encore mieux.

« Je veux dormir là-dedans ! Hurla Fantine en désignant l'hôtel »

Elle s'y engouffra, lâchant finalement son ami, avant de bondir à l'intérieur en manquant de défoncer les portes. Heureusement qu'un employer eut le réflexe d'ouvrir juste à temps, elle tomba en plein milieu du hall et tourna sur elle-même avec un grand sourire. L'homme poisson eut tout juste le temps de la rejoindre qu'elle se figea soudainement :

« Ohoh...
Qu'est-ce qu'il y a... ? Demanda Kurn, inquiet, se retournant comme pour voir si on les avait finalement rattrapé. »

La surprise se transforma lentement en un immense sourire, et Fantine lâcha alors :

« SHOPPING !!! »

En fait, c'était pire que de s'être fait retrouver par leurs poursuivants. Pire qu'une traversée dans un ventre de monstre des mers. Pire qu'une révolution de légumes sur une île quelconque...

« Oh non... »
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Kurn grimaça. Ce n'est pas que les vêtements ne m'intéressent pas du tout, c'est plutôt que... Oui, non, en fait, les vêtements ne m'intéressent pas du tout. Au-delà de leur utilité direct, tout du moins... A la porte de la boutique se trouvant juste à côté de l'hôtel "Au repos des cieux", il regarda Fantine se jeter à l'intérieur et commencer à mettre les mains partout.
Un long moment, il craignit de tout voir s'animer, pour semer le chaos dans le magasin. Mais les vêtements restèrent, bien heureusement, aussi immobiles que s'ils avaient été morts, si ce n'était pour le léger souffle d'air venant du dehors.

Et pour les pirates qui nous poursuivent. Ils ne nous retrouveront pas si facilement dans Armada. La ville semble immense et, bien que je sois reconnaissable, il y a d'autres hommes-poissons. Plus que je ne l'aurais cru. Tiens, c'est l'occasion rêvée de...
Détournant son attention de la jeune fille en train de virevoler parmi les cintres, en ramassant un, puis un autre, avant de les laisser sur place pour se tourner vers un troisième, il adressa la parole à une vendeuse inoccupée :
« Bonjour.
- Bonjour.
- J'avais une question.
- Oui, monsieur ?
- Cela concerne les hommes-poissons...
- Nous avons bien évidemment une gamme spécifique adaptée aux humains les plus grands ainsi qu'aux hommes-poissons. Laissez-moi vous guider vers...
- Non, non, ce n'est pas pour acheter des vêtements.
- Ah. »
Armada serait-elle en fait un gigantesque centre commercial pour pirates ? En deux rencontres, on avait systématiquement essayé de leur vendre quelque chose et, d'après les tarifs inscrits sur les étiquettes, les prix étaient tout sauf abordables. Ce qui semblait relativement logique pour une zone dans laquelle les articles en vente provenaient pour la plupart du pillage d'autres navires, à la réflexion.

« Non, la question que je me posais concernait plutôt le fait qu'il semble y avoir beaucoup d'hommes-poissons ici.
- Ah. Ils viennent probablement du Cadran des Abymes.
- Les Abymes ?
- C'est toute la surface sous Armada, pour la plupart immergée. Je n'ai jamais eu le temps d'y aller, même si j'aimerais bien visiter à l'occasion. »
Ce ne fut qu'à cet instant qu'il nota les petites ailes de la vendeuse, qui la rangeaient aussitôt dans la catégorie des anges. Ce devait être la première fois qu'il en rencontra un, d'ange, en fait. Et ils n'étaient pas si différents des humains, contrairement aux hommes-poissons et aux sirènes. Enfin, à moitié pour les sirènes.

C'est ce moment, avant que la conversation ne redémarre poussivement, que Fantine choisit pour sortir de sa cabine d'essayage, vêtue d'une robe entre violet et bleu, il avait toujours eu du mal à identifier. Et une perruque orange courte, ainsi qu'une coiffe et un boa, tous deux à plumes. Tous deux totalement extravagants. Mais on peut bien dépenser un peu, je suppose, maintenant que nous avons quelques millions de côté...
« Fantine ?
- Oui Groot ?
- On ne devrait pas quand même économiser un petit peu ? Pour pouvoir payer l'hébergement, la nourriture, tout ça.
- Ben on a de l'argent, alors on le dépense !
- Mais justement, si on veut dépenser plus longtemps, il faudrait peut-être...
- Si on a besoin de nouvel argent, on le trouvera, t'inquiète pas. J'maîtrise la vie de pirate, moi !
- Hm.
- Allons plutôt voir ce qu'ils y a d'autre dans la boutique ! »

Ainsi fut fait. Délaissant le coin dédié aux vêtements, ils passèrent devant une infinité de produits d'usage courants, et d'autres bien moins courants. Au fond du bazar se trouvaient des tas de coquillages, classés par type semblait-il. Et tous ceux d'un même type étaient strictement identiques ou presque.
« C'est quoi ? Demanda Fantine à la vendeuse.
- Il s'agit de dials, un produit exclusif des îles célestes ! Il en existe différents types. Par exemple, ceux-là permettent de... »
La jeune femme fut interrompue par Fantine qui se mit à presser tous les boutons, attirant un hoquet de la part du personnel. Ce hoquet se transforma en inspiration surprise quand les coquillages ouvrirent tous les yeux. Puis la bouche.

Un déferlement de bruits, d'odeurs et de lumières déferla sur eux.
« Alerte Dials ! L'ensemble du personnel est prié de venir au fond du magasin ! Cria la vendeuse. »
Puis les coquillages se mirent tous à parler, à se lever sur leurs petites papattes et à enclencher eux-mêmes leurs boutons d'activation. Tous ? Non. Une partie d'entre eux leur tourna simplement le dos en se contentant de pleurer à chaudes larmes. Bizarres, les coquillages, ici.
« Trop cool ! S'exclama Fantine. Chaos ! »
Sur ce cri, la majorité du magasin s'anima brusquement, les robes se mettant à voler en se jetant sur les clients et le personnel, et les dials sautèrent au sol, tandis que la vendeuse tentait désespérément de les retenir entre ses bras. D'autres jeunes femmes approchèrent pour essayer d'endiguer la fuite des objets.

« Viens, Groot, on y va !
- Mais... Sans payer ?
- On est des pirates, non ? On prend ce qu'on veut quand on veut !
- Har. Har. Har.
- Tu vois, quand tu fais un effort ? »

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Dans la fuite, Kurn marcha sur le boa à plumes que portait Fantine, et cette dernière le perdit. Elle n'eut pas le temps de pleurnicher pour que son ami l'attrape à la volée, qu'ils avaient déjà disparu ailleurs. La confusion qu'ils avaient semé de toute façon dans la boutique de l'hôtel était suffisamment conséquente pour leur permettre de disparaître à l'évidence. Mais son boa lui manquait, et la jeune fille chouina sur le reste du chemin jusqu'à ce qu'ils s'arrêtent. Elle joua ensuite avec son collier de perles, avant de soupirer et finalement poser les yeux sur Kurn. Leurs regards se croisèrent subitement, et l'homme poisson fut pris d'un doute saisissant dans le ventre : elle avait une mauvaise idée derrière la tête.

Et le doute se vérifia rapidement :

« Il t'en faut à toi aussi!
A moi ?
Oui !
Mais-
Chut !
Non, je- »

Il n'eut pas voix au chapitre car déjà Fantine le traîna dans une boutique spécialisée. Des costumes entiers sous les yeux, qu'elle s'abstint de toucher sous le regard sévère de l'homme poisson. De toute façon, elle portait de magnifiques gants en satin, alors son fruit n'aurait pas d'effet, pas vrai ? Elle fouilla, farfouilla, sous l'oeil troublé du tailleur qui s'avança malgré tout. Kurn eut une brève discussion avec Fantine avant qu'elle ne bondisse avec un cintre et un costume dans la main :

« Essaie ça ! »

Et elle poussa violemment son ami dans les cabines d'essayage artisanales, balançant le costume par-dessus. Kurn était par ailleurs bien trop grand pour y rentrer sans se voûter. Il mit quelques longues minutes de lutte intense pour ressortir finalement avec une mine dépitée dans un costume trop serré :

« Trop petit...
Et lui ? »

Elle lui en balançant un autre en pleine figure, sans aucun ménagement, retournant faire le tour de la boutique. Le tailleur la suivait pour remettre son désordre en place, jusqu'à ce que Kurn ne réapparaisse de derrière son rideau :

« Un peu trop grand...
Rouloulou ! Ja-mais-con-tent !
Mais c'est pas ma faute...
Tu pourrais y mettre un peu plus de conviction !
Si vous permettez, je peux le recouper, monsieur, souffla l'homme à la moustache en sortant un mètre de son gilet.
Oui ! Bonne idée ! Fais donc ça !
Et toi, qu'est-ce que tu vas faire ? Enchaîna Kurn en voyant la jeune fille s'esquiver soudainement. »

Méfiant, il fut mesuré sous tous les angles par un homme trapus au binocle dans un costume parfait pour lui, avant que Fantine ne lui grimpe dessus sans qu'il ne l'ait vu venir avant (et très adroite sur ses talons et dans sa robe bizarrement), attrapant soudainement tous ses piques pour les remonter sur sa tête :

« Qu'est-ce que tu fais !?
Je te mets un chapeau haute-forme, ça se voit pas ! Grogna la jeune fille en lui jetant un regard assassin, manquant de se casser la figure quand Kurn gigota.
Si, justement ! Arrête ça tout de su-
Tadaaaaaa ! »

Elle était tellement fière d'elle. Et la tête de son ami valait bien tous ses efforts :

« Chouette, j'ai l'air d'une rascasse en costume avec un chapeau haute-forme, ronchonna-t-il.
T'avise pas de le retirer !
Hmm....
Le travail vous convient monsieur ?
Oui, merci, répondit le second d'un équipage inexistant en laissant son dû au tailleur, tiré à nouveau par Fantine pour regagner l'extérieur.
On fait quoi maintenant ?!
Tu veux dire maintenant qu'on est mis la moitié de l'île à dos ?
On dépense encore pluuuuus ! Et- »

Et rien du tout. Sa voix s'étouffa quand elle se sentit tirée en arrière, une main sur la bouche qui l'empêcha d'articuler la suite. Kurn désigna un attroupement du doigt, alors qu'ils étaient tous deux à l'abri d'un mur. Et Fantine vit justement quelques têtes connues dans le lot.

« Ils nous cherchent encore.
Bah bourdoi on che dache ? On mest cahément mméhonnaissabe !
Euh, je vais enlever ma main...
Ils nous reconnaîtront jamais comme ça !
Je suis pas convaincu...
T'es jamais convaincu, de toute façon, mais des fois mes idées marchent j'te ferais dire !
Oui, des fois. Seulement des fois, et c'est pas assez régulier pour être pris pour acquis. »

Fantine le snoba royalement, comme elle savait si bien le faire, et s'extirpa de sa cachette en lâchant avec dédain :

« J'ai faim ! »


Dernière édition par Fantine le Mar 15 Sep 2015 - 18:16, édité 1 fois
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Ignorant ses grommellements inquiets, Fantine s'extirpa de leur cachette et marcha droit au milieu de la rue, les plumes de sa coiffe volant fièrement au vent. Avec un dernier soupir et Respora attachée à sa ceinture comme n'importe quel cimeterre, il enfonça son chapeau à haut-de-forme profondément sur son front, remonta le col de sa veste et emboîta le pas à la jeune femme de bonne famille qui marchait droit au milieu de la rue dans un grand cliquètement de talons.
S'ils ne nous reconnaissent pas, ils sont encore plus nuls que je pensais. Fantine passa à côté d'eux en leur jetant à peine un regard, et en s'écartant à peine de sa trajectoire, les forbans se poussant perceptiblement. Puis Kurn arriva à leur hauteur et baissa les yeux sur eux. Et profita surtout de son couvre-chef pour cacher son visage.

Maintenant, enfoncer les mains dans mes poches pour ne pas qu'ils voient mes écailles... Peut-être que l'ombre sur mon visage peut faire comme si j'étais noir ? Enfin, je suis noir, mais pas comme un humain. Hm.

Là encore, les pirates qui les poursuivaient, nouvellement arrivés à Armada qu'ils idôlatraient depuis bien des années, étaient quelque peu craintifs, semblait-il. Ils ne voulaient pas se mettre les pontes des quartiers à dos, et le meilleur moyen pour cela, c'était de ne pas bousculer des inconnus dans la rue.
Les pirates pouvaient, après tout, parfois être susceptibles, et une tape sur l'épaule pouvait se transformer en une amende de plusieurs millions à payer. En passant à côté d'eux, la rascasse capta des bribes de leur conversation.
« ... trouver.
- Ca changerait quoi ?
- Nous venger.
- Oui, mais on doit toujours payer les réparations des trois navires, et même des quais, quoi ! Et les trouver ne changerait rien...
- On pourrait les revendre comme esclaves pour récupérer un peu d'argent, déjà.
- Pas faux.
- Et aussi... »

Trop loin, à nouveau, pour les entendre. Continuant de sa démarche pesante, il rejoignit Fantine au bout de la rue et s'apprêta à tourner le coin quand Guy du Vent se mit à crier :
« Tilleul, Laurier ! C'est eux !
- Hein, quoi ?
- Là-bas ! Ils viennent de nous passer !
- Hardi, compagnons ! »

Fantine et Kurn échangèrent un regard, puis, la jeune fille remontant un peu sa robe mauve et l'homme-poisson agrippant fermement son chapeau d'une main, ils partirent en courant. A leur suite, les pirates dégainèrent leurs armes de toutes formes, du tranchant au contondant en passant par les utilisations de poudre diverses et variées.
Heureusement, la presse faisait qu'il était malaisé de se déplacer rapidement, surtout dans le quartier réputé calme de l'Atterrissage du Dragon. Et là, l'avantage de Kurn, sa taille pour se repérer facilement dans les foules et y trouver sans trop de difficulté une Fantine qui avait tendance à se faufiler partout, devenait un handicap : il était visible de loin, et le chapeau à haut-de-forme contribuait encore plus à lui donner une stature immanquable.

La rascasse enleva donc son chapeau et se plia en deux pour essayer d'être moins visible, sans réel succès. Juste devant lui, Fantine continuait de gambader en sautant partout et en criant pour que les gens se poussent de leur chemin.
Au pas de course, ils quittèrent la zone relativement policée de la Dragonne d'Armada pour se diriger vers le centre de la ville pirate, avec derrière eux toujours les cris et les bousculades occasionnées par le fragment d'équipage qui les poursuivait et auquel ils ne voulaient pas se frotter pour le moment : ils les avaient eus par traitrise auparavant, surtout le capitaine, donc qui pouvait dire la puissance des autres ?

Mais, quand même...
« Fan... tine ?
- Oui... Groot ? »
Ils commençaient tous deux à s'essouffler.
« On... pourrait pas... juste se battre ?
- Les autres... 'pitaines... gros bateau... forts !
- Hum... lo... gique ! »

Ils eurent beau se glisser dans des ruelles, se cacher derrière des poubelles ou des étals, pas moyen de semer l'équipage qui semblait très bien organisé : à chaque intersection où ils ne savaient pas quel chemin prendre, ils envoyaient des éclaireurs dans toutes les directions.

Présentement réfugiés au milieu des champs du Grove 20, ils discutaient.
« Ils sont pénibles, à nous en vouloir comme ça. On n'a pas été si méchant, pourtant, bouda Fantine.
- Oui, on a été même plutôt correct. C'est leur faute si...
- Voilà ! Faudrait leur dire pour qu'ils s'excusent, même !
- ...
- Oui, bon, je sais que c'est pas possible, hein !
- Hm, oui, bien sûr.
- Hé ! Ho !
- Har. Har. Har.
- Oops, ils nous ont retrouvé ! »

Kurn en avait marre de courir.

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Et Fantine également. Ça commençait à bien faire de fuir des gens qu'elle avait eu la sympathie d'amener à bon port. Tout ça pour un bateau volé ? C'était un monde ! Elle avait fait bien pire, et jamais on n'avait autant souhaité le lui faire payer. Grognant un bon coup, elle se hissa sur ses jambes en retirant ses talons. Elle n'allait pas courir avec ça, c'était bien trop pénible. D'ailleurs, elle n'allait pas courir tout court. Elle n'allait pas non plus se battre dans cette accoutrement. Tant pis pour sa tenue qu'elle s'était faite elle-même et qu'elle trouvait d'une élégance rare...

« J'en ai marre, Groot ! On leur casse la tête ! »

Leurs adversaires n'étaient pour l'instant qu'une poignée. Deux hommes étaient partis chercher les autres, et ils avaient en face d'eux six gusses prêt à en découdre. Très bien. Kurn ne prit même pas la peine de sortir Respora pour se charger de leur cas. Il prit plutôt l’initiative d'en attraper un pour taper sur les autres, laissant Fantine se charger des derniers encore assez vigoureux pour se relever. Et alors qu'ils en finissaient avec leurs ennemis à grands coups de planche en bois arrachée, d'autres arrivèrent par grappe.

La jeune fille sentit une main vigoureuse sur son épaule, la tirant en arrière. S'ils étaient encore en nombre restreint, lui comme elle pouvaient s'en sortir. Mais face à plus d'un équipage et leurs têtes pensantes, ça n'était pas la peine. D'ailleurs, Fantine reconnut dans la mêlée Guy du Vent, faisant de grands signes à ses hommes pour qu'ils les poursuivent, et elle regretta de ne pas avoir rajouté un boulet à ses chevilles lorsqu'elle avait pris la décision toute seule de le jeter par-dessus bord...

« On m'y reprendra plus, jura-t-elle à son ami en tournant finalement les talons. »

Ses collants allaient forcément finir en lambeau, vu comment elle rappa sur le sol en manquant de se casser la figure. Kurn eut le bon réflexe de la remettre sur ses jambes, elle de retirer ses gants pour bondir sur un présentoir de bric et de broc. Des outils de bricolages, des services en fer, ou en terre cuite, de lourds objets en bois... Elle les toucha tous sans faire de différence en passant comme une furie, et ils s'éveillèrent à l'unisson en filant dans la direction opposée à celle de Fantine, se ruant sans avoir besoin d'ordre vers leurs adversaires. Il y eut de grands bruits derrière, des bing! et des bang! souvent suivis par des aie! voire même quelques insultes bien senties...

De quoi les ralentir quelques minutes et se laisser du répit, s'enfoncer un peu plus loin dans Armada en mettant de la distance avec leurs poursuivants.

Bientôt un immense croiseur fut en vue devant eux, le genre de navire devant lequel le commun des mortels d'allégeance pirate ferait sans doute demi-tour. Mais pas eux, pas maintenant. Car Fantine vit rapidement les grandes roues de chaque côté brassant l'eau en dessous, dans un mouvement incroyablement lent et puissant. Elle tira sur la manche de Kurn pour lui désigner l'endroit du doigt, sans lui laisser le temps de débattre sur si oui ou non c'était une bonne idée.

Elle se mit simplement à courir dans cette direction, attrapant la première planche de la main, se laissant soulever par le mouvement de la roue. Ses petites jambes s'y accrochèrent, le temps de se pendre la tête en bas et de voir si Kurn suivait bien le mouvement. Oui, il le faisait, mais il n'était pas le seul. Car si certains avaient pris position en bas pour les viser et tenter de leur tirer dessus (une balle dépluma sa coiffe par ailleurs), d'autres s'étaient dit que grimper à leur suite était une très bonne idée...

« On continue à monter ! »

Il y eut un instant de confusion, sans doute parce que l'escalade d'une roue immense n'était pas encore autorisée, même sur Armada, une île flottante de pirates...

Des gros bras arrivèrent pour dissiper la masse, mais étant donné que celle-ci n'avait pas l'intention de se disperser, ils en vinrent tous aux mains. Les pirates de Guy du Vent et consorts furent pris à revers par des gars bien plus formés qu'eux à la gestion des crises. Kurn et Fantine, de leurs côtés, furent aux prises avec les quelques uns réussissant à les atteindre. Sur la roue toujours en mouvement, avec un équilibre précaire pour l'homme poisson qui n'avait pas forcément tout l'espace qu'il voulait pour évoluer, les deux compères réussirent à trouver une issue. Tout du moins, Fantine le fit.

Elle désigna du doigt à Kurn un hublot dans lequel il pourrait s'engouffrer avec un peu de chance. De son côté, elle allait s'occuper des gens qui voulaient l'empêcher de l'atteindre.

D'un mouvement souple, elle descendit sur le rayon inférieur, gardant l'équilibre sur sa planche pour venir pousser du bout du pied l'un de ses assaillants. L'homme bascula de l'autre côté, et elle n'hésita pas à écraser violemment une main cherchant à la rejoindre. Elle en sentit une autre tirer sur sa robe, mais s'accrocha de toutes ses forces au bois qui craqua, avant d'envoyer son talon dans le nez du malotru.

Un lancé d'escarpin plus tard, elle vit Kurn réussir péniblement à rentrer à l'intérieur du navire, et elle sauta sur un autre rayon pour le rejoindre. La roue poursuivit son ascension, lui permettant d'arriver jusqu'au hublot sans trop d'effort. Plus menue que son compagnon, elle y entra sans grand mal, et referma le hublot au nez et à la barbe d'un type très moche.

Et avec la grimace, pour bien faire.
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Après que Fantine ait fini de faire moult grimaces et gestes insultants aux types chargés de l'ordre, elle se laissa tomber du hublot auquel elle s'accrochait pour se réceptionner à côté de Kurn. Le passage avait été difficile pour lui, à devoir se tasser pour passer dans la petite ouverture, et il avait eu l'impression de se déboiter les deux bras, puis le bassin, en se faufilant.

Un grand gabarit n'est pas toujours un grand avantage. Parfois, l'allonge ne suffit pas...

« Il va falloir continuer à bouger, Fantine, entama la rascasse.
- Ah bon ? On est bien ici, pourtant. Ils peuvent pas entrer.
- Il y a sûrement une porte quelque part, et les types qui voulaient nous empêcher d'entrer voudront sûrement nous faire sortir.
- Ceux qui tabassaient l'équipage du méchant ex-capitaine ?
- Oui, eux.
- Allons chercher à manger, alors !
- On devrait plutôt sortir d'ici discrètement et...
- On peut faire ça en cherchant à manger ! »

La logique n'était pas perdue pour l'estomac de Kurn, qui manifesta bruyamment son accord, de concert avec celui de Fantine. Observant les lieux, l'homme-poisson nota que, conformément à ce qu'ils avaient vu jusqu'à présent à Armada, l'endroit était à nouveau un navire reconverti en support pour la ville flottante et en habitation pour les gens qui pouvaient y vivre.
Les coursives étaient pour la plupart austères, métallisées. Et n'étaient pas sans lui rappeler quelque chose qui avait eu lieu récemment, sans qu'il parvienne à mettre le doigt dessus. C'est le style des locaux, je suis sûr d'avoir vu quelque chose de quasi-identique récemment...

« Hé, Groot ! On dirait vachement le bateau dans lequel j'ai mangé le fruit dégueulasse !
- Hein ?
- Mais si, celui où j'ai failli mourir, mais en fait non !
- Oui, oui, mais...
- Ben l'intérieur du bateau !
- Quoi, l'intérieur du bateau ?
- C'était quasiment pareil qu'ici ! Tu comprends rien, aussi...
- Donc tu veux dire qu'ici c'est comme dans le bateau de la Marine ?
- Voilà !
- Mais alors... Tu sais où est la cuisine ?
- ...
- ... »
Les deux pirates se fixèrent, yeux dans les yeux, étincelants de joie, illuminés de futur bonheur.
« Non, j'm'en souviens pas. »

Kurn ouvrit la bouche, puis la referma sans rien dire. Avec la précipitation, la panique de l'autre fois, elle n'a sûrement pas eu le temps de regarder l'itinéraire. C'est sûrement ça. Dans une autre situation, elle s'en serait sûrement souvenu... Probablement... Peut-être... Oui, bon, non. On se débrouillera.

Dans tous les cas, leur pas résonnaient sur le sol et se réverbéraient, semblait-il à l'infini, dans les corridors du croiseur. Ou du cuirassé. Il s'agissait en tout cas d'un des mastodontes de la Marine, le genre qu'elle ne déployait que pour faire face à une opposition virulente ou pour montrer sa toute-puissance. Le genre dont Kurn se demandait ce qu'il fichait à Armada, avant de se souvenir que c'était Red, l'ex-membre de l'amirauté, qui avait créé la ville. Peut-être qu'il était venu avec.

Et ledit Red a sûrement des amis puissants pour administrer la ville de concert avec lui. La rascasse ne connaissait pas les détails du fonctionnement d'Armada, car la piraterie était encore relativement mystérieuse à ses yeux. Pour le moment, cela semblait se borner à voler et piller tout ce qu'on voulait sans se soucier des conséquences, mais il avait l'impression que cette partie-là restait à travailler, ne serait-ce que pour rester en vie.

Tiens, il faudrait que j'appelle chez moi, si je trouve un escargophone.

La pensée passa, s'incarna dans son esprit puis redisparut aussi vite quand ils arrivèrent, à force de détours et d'escaliers, dans les entrailles du navire. Et, plus précisément, dans la cambuse, qui se trouvait à côté de la coquerie. Aucun des deux n'était un expert naval ou maritime, mais, généralement, en présence de ses deux pièces, aucun doute n'était possible : la boustifaille n'était pas loin.

Ils pénétraient à peine dans la cuisine qu'un bruit de pas retentissait dehors. Difficile à situer, à cause des échos, et pourtant ? Pourtant, ils sont probablement à nos trousses. Personne ne fait de jogging dans les coursives d'un cuirassé à l'arrêt. Enfin, j'espère.
Refermant précipitamment la porte derrière eux, ils allumèrent la lumière et lancèrent un coup d'oeil aux alentours. L'objet de tous leurs désirs se trouvait juste en face d'eux, à l'autre bout de la pièce. Le sujet de toutes leurs concupiscences. La salive monta, par réflexe, dans leurs bouches.

D'un pas hagard, ils se rapprochèrent...

... Du frigo.

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Des dédales de couloirs et de pièces, toutes identiques. Tout du moins, c'était ce que Fantine pensait à mesure qu'ils progressaient l'un et l'autre dans le grand navire du Capitaine Red. Si c'était grisant de devoir être discret parce qu'on était à leur recherche, ça l'était nettement moins quand on avait l'impression d'avoir du plomb dans l'estomac, ou du vide, et qu'on tentait de le digérer. Ce qui était paradoxal, car Fantine était toute maigrichonne, mais mangeait beaucoup, et refusait de ressentir seulement la faim. Kurn n'étant pas du genre à poser des questions, ou alors du genre à s'en foutre royalement, il n'avait peut-être pas remarqué son côté obsessionnel exclusivement orienté vers la bouffe.

Enfin, vint le Saint Graal.

« Grooooooot ! C'est le frigo !
Oui, je sais. Et je m'appelle Ku-
LE FRIGO ! ♥ ♥ ♥
Oui, je vois bien...
J'ai tellement faim, Groot, tellement !
Non sérieux, je m'appelle Kur-
Groot !
Non, Kurn...
Groot ! ♫
Kurn, eh.
Groot ! ♥
Non, KURN. »

Fantine se figea, détournant son attention de ce qui faisait pourtant sa vie. Groot venait de crier. Et c'était bizarre, ça. Elle planta ses yeux bleus étonnés dans ceux noirs de son compagnon, qui semblait fâché.

« Pourquoi tu cris ? Je croyais qu'il fallait être discret parce qu'on voulait nous virer du navire... »

Et elle ? N'avait-elle pas hurlé son amour pour le frigo quelques secondes avant ? Elle croisa les bras et lança à son vis-à-vis un petit air courroucé qu'on avait le plus grand mal à prendre vraiment au sérieux :

« …
T'es franchement pas sérieux, Groot. Fais un effort, concentre toi...

Sinon je vais pas pouvoir te garder dans mon équipage si tu fais pas attention...

Et si tu commences pas à sourire un peu, on va nous prendre pour des dépressifs.
Sérieusement ? »

Il se passa la main sur le visage, attrapant Fantine par les épaules pour qu'elle ne détourne plus son attention de lui :

« Alors déjà, je m'appelle Kurn-
Groot.

Qu'est-ce que tu fais ?!! »

L'homme poisson venait de porter Fantine, l'éloignant d'un pas de géant du frigo. Et alors qu'elle tentait de ravaler cette distance, il se plaça entre elle et son promis, l'éloignant d'un pas supplémentaire en restant parfaitement impassible.

« Nooooon, le frigo ! »

C'était de la torture ! Elle n'allait jamais tenir, surtout en voyant la distance augmenter et Groot commencer à essayer de lui expliquer des choses dont elle se moquait ! Si elle n'avalait pas quelque chose, jamais elle ne pourrait se concentrer ! Et lui ne comprenait vraiment rien à rien !

« Ecoute moi ! Si tu continues à m'appeler Groot, les gens vont croire que c'est mon vrai nom, et que Kurn est mon surnom, et tu vois, dans ma famill-
Ok, tu s'appelles Kurn-Groot.
Kurn tout court.
Kurn Terlitan (sois pas frustré pour l'orthographe), fils de Vroum (là non plus), fils de Thor (et là n'en parlons même pas).
Heing ? Quoi ?
On peut aller vers le frigo ?
Tu le fais exprès...
Non, j'ai faim ! »

Son estomac grogna au même moment, pour appuyer son propos. Grognement qui ressemblait plus à des insultes mal articulées. C'était sûrement un peu ça. Quoiqu'il en fut, Fantine haussa les épaules quand Kurn la laissa passer, elle se précipita vers la poignée, y posa la main et soudainement se retourna vers son ami homme poisson qui s'approchait à son tour :

« T'es pas trop frustré que j'ai fait tout ça parce que t'étais troooop chiant pour me venger alors que ça sert à rien ? »
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Oui, je suis frustré. Est-ce étonnant ? Mon nom, mon identité, sont malmenés encore et toujours…

Le frigo allait enfin s’ouvrir sur un festin de roi, celui du richissime possesseur de ce navire, quand une des portes de la cuisine s’ouvrit avec fracas pour laisser entrer une vingtaine de gardes armés jusqu’aux dents, à la mine patibulaire et au regard torve.
Ils les jaugèrent tranquillement, soigneusement, puis sortirent leurs armes, qui avaient toutes les formes et toutes les tailles, du gourdin au couteau en passant par le katana. Puis ils s’écartèrent sur une large ligne.

« Alors. Deux choix. Vous vous rendez, on vous tabasse et vous partez. Ou alors, vous vous rendez pas, on vous tabasse, puis suivant comment on est énervé, vous partez… ou pas.
- Groot ! Prends le frigo, on s’casse !
- Hmpf. »
Fuir. Encore. Ca devient un leitmotiv éreintant…

La main droite de la rascasse s’égara du côté de Respora, touchant doucement le manche de l’arme, sentant confusément la haine qui l’habitait à l’égard des humains, en face d’eux. Les yeux de Kurn s’étrécirent, analysant les gardiens du croiseur.
Quelque chose tira sur sa main gauche, d’abord doucement, un coup, puis beaucoup plus fort un second. L’homme-poisson cligna des yeux, attrapa d’un bras le réfrigérateur et partit au pas de course derrière Fantine. L’avantage des grandes demeures, c’est qu’il y a des portes et des couloirs partout.

La vingtaine de surveillants partit à leur poursuite. Le duo de pirates claquait frénétiquement les portes derrière eux pour les ralentir et grapiller quelques mètres d’avance. Pendant leur course effrénée, Fantine pencha tout d’un coup la tête sur le côté.
« Dis, t’entends pas quelque chose ?
- Juste le son des pieds dans les coursives. Pourquoi ?
- Je sais pas, j’ai cru entendre un chien.
- Un chien ? Ouais, nan, rien entendu. Où ça ?
- Justement, de tout près ! »
Kurn jeta un regard autour de lui.
« Euh…
- Oui, bon, hein ! »

Wouf !
« T’as dit quelque chose ?
- Non, rien.
- Ah, j’ai cru… »

Fantine tourna la tête pour vérifier où en étaient leurs poursuivants. Si le son de leurs bottes se réverbérait encore et toujours dans les couloirs du cuirassé, il n’y avait aucune trace d’eux. Sans même avoir besoin de se concerter, ils décidèrent qu’il était temps d’essayer de trouver la sortie.
« Ou alors on ouvre le frigo pour manger un bout ?
- D’abord, on sort d’ici, Fantine.
- Mais j’ai faim !
- Moi aussi. Ca ira mieux dans cinq minutes.
- Pfft… »

Ils arrivèrent enfin devant une porte imposante, bardée de métal, avec un gros loquet dessus. Ils actionnèrent la poignée, sans succès. Le son des pas se rapprochait, pendant ce temps, et eux étaient coincés dans un cul-de-sac. Posant le frigo par terre, il remarqua que ce dernier tremblait légèrement sur place, par à-coups. Bizarre. Pas le temps de m’en préoccuper.
Fantine et Kurn armèrent tous les deux leurs épaules et les abattirent de concert sur la porte, qui ne bougea pas d’un millimètre. Sans se laisser démonter, ils recommencèrent. Sans plus de succès, si ce n’est celui de faire rudement mal à leurs épaules. Ils reculèrent de quelques pas, Fantine se tournant vers le couloir, là d’où viendraient les gardes.

J’en ai marre. Cet aveu interne de Kurn traduisait bien à quel point il était excédé, lui qui d’habitude gardait une laisse très courte sur ses émotions. Se mettant en garde, pieds écartés, dos bien droit et poing au côté, il se concentra. Si la force brouillonne d’une charge ne suffit pas, je peux toujours recourir aux fondamentaux des arts martiaux aquatiques.
La rascasse prit une longue inspiration, surveillant les battements de son cœur. Il la relâcha, puis en reprit une autre. Son coup de poing partit à une vitesse fulgurante pour quelqu’un de son gabarit, et impacta violemment la porte. Toutefois pas assez pour la déloger de ses gonds.

« Groot !
- Woof !
- Ils arrivent !
- C’était quoi ce son ?
- J’en sais rien ! Sors-nous de là !
- Sors-nous de là, ben voyons, toujours à moins de nous sortir des pétrins dans lesquels tu nous fourres et…
- Sors-nous de lààààààà ! »
Ravalant –une fois de plus, ses récriminations, Kurn se remit en garde, ignorant la douleur qui montait de ses phalanges. Sa main gauche cibla droit devant lui, à quelques centimètres de la porte en métal. Puis elle se retira brusquement tandis que, pivotant du buste et de ses appuis, la rascasse mettait toute sa force et son poids dans le coup de poing du droit. Son poignet craqua sous la force de l’assaut, et la porte résonna bruyamment.

Sans céder.

Serrant les dents, Kurn prit conscience que les pas étaient désormais tout proches. Fantine courait à droite à gauche, animant tout ce qu’elle trouvait pour faire diversion. Pas de hublot, pas d’écoutilles par lesquelles s’enfuir. S’il fallait en venir là, ils se battraient pour se frayer un passage. Ce qui n’est jamais la solution prudente. Après tout, on ne sait jamais ce sur quoi on tombe.

Fermant les yeux, et oubliant le calme qui l’avait envahi précédemment, l’homme-poisson repensa à tout ce qu’il avait subi récemment, tous les mauvais côtés. Les sentiments exacerbés par Fantine qui piaillait derrière lui, et par Respora à son côté, il serra le poing, avant de l’abattre violemment sur le loquet.

Je n’ai senti quasiment aucune résistance. J’ai visé à côté ?

Ouvrant à nouveau les yeux, il sentit Fantine le tirer par ses vêtements. La porte était ouverte, avec un gros trou au niveau du verrou. Et une membrane noire mystérieuse couvrait son poing, disparaissant petit à petit. On verra ça plus tard. Attrapant le frigo sous le bras, il se précipita dans ce qui était un appartement chichement meublé, referma la porte et bascula une étagère proche devant la porte pour empêcher leurs poursuivants de les suivre.

Puis il se retourna pour découvrir…

Un autre réfrigérateur.


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Tout avait basculé, soudainement. Absolument tout. Des frigos, des chiens, des pirates, des couloirs... Il était temps de faire le point.

« Bon... On va reprendre depuis le début, s'agaça Wilson. Qu'est-ce que vous foutez ici ?! »

Fantine jeta un coup d'oeil à Kurn, les lèvres pincées. Elle avait l'impression d'être une petite fille prise sur le fait par son enseignant, sur le point de se faire gronder. Sur le point seulement ? Oh non. Vu le coquart qu'elle portait et l'état dans lequel se trouvait son ami homme poisson, ça n'était pas vraiment la joie. Tous les deux devant ce Wilson, ils avaient retrouvé leur calme et avaient surtout terminé de courir, une bonne chose. Un bon début.

« Bah en fait, on est rentré dedans pour fuir les ennuis dehors, marmonna Fantine. »

Wilson poussa un long soupir désapprobateur. Ses gros poings se serrèrent quand il reprit la parole :

« Alors le bordel devant, c'était vous ?! Non mais c'est dingue, vous respectez rie-
Non mais on l'a pas fait exprès, c'est les autres qui étaient pas contents parce que soi disant on est méchants...
Fantine, arrêta Kurn avec l'air de lui dire de ne pas en rajouter. »

Elle pinça les lèvres à nouveau. Wilson frappait fort, plus fort que les autres, et c'était une très bonne raison pour éviter de l'énerver encore une fois. Elle fit une moue déçue, en fronçant les sourcils, tandis que Kurn grimaçait à cause de sa lèvre ouverte. Lorsqu'ils étaient tous les deux arrivés dans la dernière salle, avec leur frigo qui aboyait pour se retrouver devant un autre aussi bien que le premier, les choses avaient pris une tournure... étrange.

Ils avaient barricadé la porte avec tout ce qu'ils avaient trouvé, histoire d'avoir un peu la paix, et Fantine avait décidé, en dépit des réprimandes de Kurn, de faire une pause casse dalle bien mérité. Le choix s'avéra cornélien cependant au moment de choisir le frigo à prendre pour se contenter. Alors, la jeune fille avait pris la décision, évidente, de voir avec son partenaire : ils devraient en ouvrir un chacun, et en même temps. Après des discussions éprouvantes sur le « à trois ! Oui mais à trois, c'est à dire, un, deux, trois on ouvre sur le trois, ou à trois : un, deux, trois et là on ouvre, donc plus sur le quatre que sur le trois ? », Fantine avait décidé qu'il était juste temps d'ouvrir.

Dans le nouveau frigo, des aliments à ne plus savoir quoi en faire. Des trucs qui avaient l'air bien trop bons. Et dans celui qu'ils se promenaient dans tout le navire de Red ? Un chien.

Sérieusement. Un chien.

« Pourquoi avez-vous mis un chien dans le frigo ? »

Fantine releva les yeux ronds vers Wilson.

« Mais c'est pas nous ! Il était déjà là !
Vous savez à qui il est, ce frigo ?
Bah nan.
Woof...
Au Capitaine Red.
Ah ouais ? Trop cool ! Bah vous aurez qu'à lui demander pourquoi il range son chien dans le frigo, moi chais pas !
Il n'a pas de chien !
Alors on peut le garder !
Oh merde... »

La découverte du chien avait semé le trouble dans la pièce. Assez pour que Fantine, puis Kurn, en oublient de manger pendant quelques minutes. Tous deux se posèrent les mêmes questions que Wilson : Pourquoi avoir mis ce chien dans un frigo ? Mais ils n'eurent malheureusement aucune réponse à ce propos. Quelques minutes donc, qui s'évaporèrent rapidement, avant que l'un comme l'autre de se décide à se faire finalement son en cas. Les réprimandes de Kurn passèrent à la trappe, manger fut plus important.

Et puis soudainement... Les choses se compliquèrent. Les hommes déboulèrent de derrière les frigos (oui, c'est une nouvelle expression), ils furent maîtrisés, mais pas le dernier, pas Wilson, qui les maîtrisa rapidement avant de les ligoter, enchaîner, chien compris, en essayant de comprendre. Et ils en étaient rendus là, tous. A essayer de comprendre.

« Vous avez manger TOUT mon frigo ?
J'avais vraiment très faim.
Oui, c'est elle qui a presque tout avalé.
QUOI ?! MEME PAS VRAI!
Har. Har.
Woof !
... »

Wilson se massa les tempes pour garder son calme, et les deux pirates face à lui retrouvèrent leur sérieux rapidement. Pas envie de se faire tabasser une nouvelle fois. Entouré de gros bras, face à eux un homme assez fort pour leur faire mal, mais vraiment mal... Ils avaient assez courru, et sûrement trop mangé aussi pour se permettre de repartir dans un affrontement tout de suite. Puis de toute façon, Fantine n'avait pas très envie.

« Qu'est-ce qu'on va faire d'eux, chef ?
On les finit ?
Arf, j'ai pas trop envie, marmonna Kurn.
Tais toi, toi !
Eh, sois gentil avec Groot !
Comment tu me causes toi !
Ouais, baisse d'un ton, gamine !
J'vais t'enfoncer mon poing dans la go-
BON ! VOUS ARRETEZ TOUT DE SUITE CES CONNERIES ! »

La jeune fille sursauta et fila se planquer derrière Kurn. Ne pas embêter Wilson. L'homme trapus ordonna à ses hommes de se calmer, et il reprit :

« Vous allez faire partie de la première ligne pour l'Attaque.
L'attaque ? Quelle attaque ?
Vous verrez bien ! Si vous y survivez, considérez votre dette comme essuyée, sinon... Vous serez mort, et ça sera un peu la même chose.
Har. Har.
Pourquoi tu ris ?
Je sais pas. C'est nerveux je crois. Il me rend nerveux.
En attendant... Retrouvez votre bateau, ou vos quartiers, ou je sais pas quoi, arrêtez de faire n'importe quoi et remettez jamais les pieds ici !
TROP COOL ! EH GROOT ! ON VA A L'HOTEL ! J'AI ENVIE D'AVOIR UNE BELLE CHAMBRE ! ET DE PREEEENDRE UN BAAAAAAIN !
Un jour, toi et moi, va falloir qu'on parle de ta capacité à passer à autre chose beaucoup trop rapidement...
HAR HAR ! »
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