Réfléchis Paquebot... Réfléchis, attends la réponse avant de cogner...
Je m'y prenais comme un branque... J'venais de défoncer deux gars, presque coup sur coup car j'obtenais pas les réponses que j'attendais. Si j'poursuivais sur cette route, j'risquais d'me faire cramer et ne pas pouvoir retrouver les hommes-poissons. Fait chier, faut changer de méthode. Je déteste m'adapter à une situation. J'suis pas prévu pour ce genre de cabriole, j'suis un foutu rustre qui reste droit dans ses bottes. Tous les truc de fiottes style jouer la comédie, lècher l'derche, implorer, toussah, bha j'peux pas. C'est pas dans mes veines, j'y peux rien. Bref, j'men va un peu plus loin pour laisser les deux gus que j'ai avoiné faire une petite sieste. Faut dire que c'est pas facile, des marchands d'poiscailles, y a que ça dans le coin. Ça défile dans tous les coins.
Faut des moyens pour capturer trois hommes-poissons. C'est pas des pignoufs qu'on pu faire ça, ils ont du matos, du matos pour gros gibier. Enfin gros poisson, c'pareil. Trouvons ce qui se fait de plus gros.
Je demande à un gus qui passe près d'moi où j'peux trouver l'plus gros navire de pêche du coin, il me fait un signe en me faisant une grimace du style: T'es con ou quoi ? J'ai envie de le cogner mais en fait je m'abstiens, car pour le coup, l'a pas tord, j'avais qu'à lever les yeux et comparer la taille des mâts. Même si il yen a un grand nombre, y en a un qui toise tout l'monde. Et en effet, on s'sent ridicule quand on est devant, le truc c'est presque une ville qui flotte. Il décharge un max de cam quand j'arrive. Y a pas mal de monde qui fait la queue pour tailler le bout de gras avec un gros sac. J'fends la foule, pas que ça à foutre.
S'cusez, pardon, s'cusez, pardon, s'cusez...
Ca râle, ça jacte, ça m'insulte, rien à battre. J'me plante devant le sac sur pattes. Il me regarde comme si j'étais un putain de poisson qu'il devait évaluer pour me coller un prix avant d'me vendre. Il me donne déjà envie de le cogner alors qu'il a pas ouvert sa bouche, c'vous dire.
Salut, je veux acheter de la cam, du genre mastodonte, à qui dois-je m'adresser ?
Waouw, j'ai presque lâché un siouplaît à la fin mais bon, faut pas déconner non plus. Il baisse son regard sur sa fiche et note un truc avant de pointer du doigt un gars en costume qui discute avec un marin non loin de là. J'remercie pas l'tas d'graisse et j'décare de ce tas de pécore. J'accoste le gentleman, le marin me regarde avec un air qui en dit long, faut dire que j'viens d'lui couper la parole. Peu subtile direz-vous, c'est pas faux.
Messieurs, le temps joue contre moi, on m'a adressé à vos bons services. Je cherche un produit de la mer particuliers. Un produit rare et cher. Je suis mandaté par un brave et honnête homme qui ne peut se déplacer en personne. Je souhaite du morceau de choix, de première qualité.
Bonjour Signore, vous prenez au dépourvu, ce n'est pas vraiment la méthode que l'on utilise d'habitude pour acheter de la marchandise mais puisque le destin semble vous avoir amené jusqu'ici, dites moi, que puis-je pour vous servir et surtout, quelle est votre budget ?
Assez pour ce que je veux.
J'le regarde du genre: Je me torche avec des billets de 500, aboule le matos. Il semble comprendre et congédie le marin qui l'a gros. Il m'attrape par les épaules, c'est un commerçant, je le sens. J'aime pas ces types là, foncièrement. Il me baragouine cinq minutes dans les esgourdes, il vante sa cam, rien à branler. Soyons franc.
Vos poissons, aussi exotiques et immenses qu'ils soient ne m'intéressent pas, je suis à la recherche d'hommes poissons, c'est dans vos cordes ?
Le gars semble hésiter. J'ai ferré le bon poisson. J'fais genre j'suis impatient, que j'ai pas toute la journée, pour ça facile, ça me vient naturellement. Il marmonne et sous entend qu'il aurait peut être une connaissance qui pourrait se procurer ce genre de produit.
Parfait et je peux le trouver où votre connaissance ? Mon patron a les crocs.
Il me regarde en baissant la tête et en levant les yeux vers moi, comme inquiet et dégoutté à la fois.
Il les mange ?
Bha, de temps en temps, ça lui arrive. Bref, vous en avez ou pas, j'ai pas toute la journée et plein d'argent à dépenser.
Il me traîne en dehors de la foule, dans une tite ruelle de merde et me donne une adresse, c'est un bar. Il me dit de contacter ses hommes de mains, qu'il ont des specimens en stock sur le départ mais que si j'paye bien, ils sont peut être pour moi. Il me dit un prix, je m'en care, j'ai pas un radis. Il me demande la moitié de la somme maintenant et le reste à la livraison. J'lui dis que c'est une affaire qui roule avant de lui mettre un Jodan Bakusho dans la tronche. Sa tête claque contre le mur derrière lui, il s’effondre au sol, j'lui crache dessus.
T'as l'bonjour des hommes-poissons connard.
J'en chie pour trouver le rade, une fois dedans, c'est tout moisi, ça sent l'poissonnier ou l'pêcheur. J'prends un verre, histoire de m'intégrer à l'ambiance. Deux et trois pour bien prendre le temps d'acclimater mon foie. J'repère enfin les hommes de l'autre fiotte grâce à la description qu'il m'en a fait. Il m'aurait dit: Trouvez les trois plus moches et les trois plus gros cons d'la taverne, ça aurait été du pareil au même. J'décide de les aborder, y a un ou une naine avec eux. Pauvre gosse.
Salut moussaillon, tiens, v'la un bifton, va te commander un truc au bar et reste y un peu, j'dois discuter entre grandes personnes.
Jpousse presque Liza vers le bar en lui piquant son siège. Les trois gus me regarde comme si j'étais leur contrôleur judiciaire.
Salut, on se connaît pas mais j'viens d'voir vot' boss, j'ai lâché une sacrée somme pour voir votre marchandise. Pourriez-vous m'y amener séance tenante ?