Il ne pouvait pas dire qu’il n’y avait jamais eu de soirées à thème.
Le casino était un lieu dédié à la fête et aux réjouissances. La bonne humeur y régnait, on encourageait les grosses prises de risque, on se faisait plaisir en profitant de tout ce qu’on nous offrait et les personnes qui nous encadraient étaient toutes pourvues d’une personnalité riche en couleurs.
Pour simplifier : le casino était une fête.
Lui avait la chance d’y participer chaque soir. Une fête dont il lui arrivait même de profiter, de se réjouir, d’aimer en être un rouage. Les mers étaient tellement vastes et les gens partout si différents, chaque nuit était une nouvelle aventure et rien de ce qui était arrivé la veille ne pouvait se reproduire le lendemain.
Une fête.
Certains la prenaient comme elle venait, y échouaient par hasard et finissaient par passer la meilleure soirée de leur vie. Certains étaient attirés par ce qu’elle représentait, son essence la plus profonde et l’envie de ne jamais voir le lendemain arriver. D’autres encore, plus excentriques, tenaient à la faire à leurs mesures, tentaient de se l’approprier et par quelques relations ou une patte bien graissée, finissaient par la faire à leur image.
Ce qui avait déjà donné de drôles de nuit.
Oui, il y avait déjà eu des soirées sortant un peu de l’ordinaire, pour lesquelles il avait dû se grimer, remplir ou s’impliquer dans des rôles dont il n’avait pas l’habitude. C’était rafraichissant, étonnant, parfois même plaisant, et ça donnait soif de nouvelles expériences.
Une façon de casser perpétuellement son quotidien et de découvrir le monde d’une autre manière. C’était même un peu son but ultime, envisagé sous un autre angle.
Seulement aujourd’hui… Le quotidien prenait un peu plus cher que d’habitude.
QUI, mais QUI, pouvait avoir bien eu l’idée d’organiser une soirée pour les membres et le personnel du gouvernement ?
Dans le genre ambiance gênante, c’était vraiment difficile de faire mieux.
D’un côté on avait plusieurs groupes de marines vaguement gradés. On voyait qu’ils avaient décroché leur place ici en menant dernièrement quelques petites actions d’éclat. Ils étaient heureux, bien éméchés, bien contents d’être dans un lieu qu’ils n’avaient pas l’habitude de fréquenter avec leur dernière prime à dépenser. Une bande de potes bien gras qui se serrent les coudes pour affronter les mers. On festoie ! On fait du bruit ! On est ravi pour son copain qui vient de monter en grade ou de sauver un pâté de maison.
Les officiers étaient peu présents dans la grande salle, tous en profitaient.
Et de l’autre, on avait les agents du gouvernement...
On est quand même en train de parler de personnes dont la spécialité est d’assassiner, collecter des informations et mener leurs opérations dans le plus grand secret… en train de faire la fête ? Sérieusement ?
Et puis dans quel but d’abord ?
Bon, il avait peut-être aussi quelques aprioris. Certains semblaient s’amuser, riaient et plaisantaient à visage découvert. Il y en avait même qui, pour l’occasion, semblaient avoir troqué leur complet noir pour une tenue un peu plus extravagante.
Sûrement des fonctionnaires à bien y réfléchir.
Mais alors ceux qui se dandinaient dans un coin, le visage caché derrière un masque ou une expression indéchiffrable afin qu’on ne les reconnaisse pas et qu’on ne sache ou se porte leur attention, et qui semblaient prêt à bondir sur la moindre menace… On se demandait bien ce qu’ils foutaient là.
Certains d’entre eux déambulaient dans la grande salle, portant parfois une attention toute relative aux tables de jeux. Curieux, mais pas vraiment désireux de se mêler aux autres, semblant porter plus d’intérêt au visage, parfois bien connu, d’un ancien primé dans le rang des croupiers.
Raphaël ne se faisait pas d’illusion. Si ce genre de soirée devait s’avérer particulièrement rentable, c’est surtout les privilèges qui pourraient en découler qui avait dû motiver son organisation.
Monsieur Moustache avait beau être un drôle de patron, il n’en était pas pour autant un imbécile.
En revanche, il y avait de quoi se demander pourquoi tous ces agents avaient accepté d’être là.
Remarque, on les y avait peut-être contraints.
Ouais. Bon.
C’était peut-être son côté sauvage qui parlait, mais une soirée sur le thème de l’autorité c’est quand même malsain.
D’autant plus qu’on avait exigé de lui qu’il se produise en spectacle.
"Ce gobelet-là, cette fois j’en suis sûr ! "
Devant lui, un marine. Déterminé à gagner, il venait de relever le défi pour la trentième fois de suite. Il ne se rendait même pas compte qu’il dépensait plus de jetons qu’il ne pourrait en gagner.
Deux, trois autres curieux se relayaient pour l’aider. Sans succès.
Le jeu d’adresse des mains de Raphaël chaque fois les surprenait. Les gobelets étaient posés plus rapidement qu’ils ne se soulevaient, se mélangeaient et perdaient la petite pièce à une vitesse imperceptible.
Entre eux, huit gobelets placés aux coins cardinaux. Le marine pointait le Nord, placé juste en face de lui. Il s’agissait d’un pot de plastique rouge, absolument indifférenciable de ses sept frères.
Pourtant Raphaël sourit.
Si dans cette pièce aux relents de gouvernement, il avait beau ne jouer qu’un rôle de piètre divertissement, il n’en prenait pas moins de plaisir à se montrer plus malin que ses clients.
Sa main gauche se posa au Nord.
Sa main droite au Sud-Est.
"Dommage ce ne sera pas pour cette fois. On retente ? "
Le casino était un lieu dédié à la fête et aux réjouissances. La bonne humeur y régnait, on encourageait les grosses prises de risque, on se faisait plaisir en profitant de tout ce qu’on nous offrait et les personnes qui nous encadraient étaient toutes pourvues d’une personnalité riche en couleurs.
Pour simplifier : le casino était une fête.
Lui avait la chance d’y participer chaque soir. Une fête dont il lui arrivait même de profiter, de se réjouir, d’aimer en être un rouage. Les mers étaient tellement vastes et les gens partout si différents, chaque nuit était une nouvelle aventure et rien de ce qui était arrivé la veille ne pouvait se reproduire le lendemain.
Une fête.
Certains la prenaient comme elle venait, y échouaient par hasard et finissaient par passer la meilleure soirée de leur vie. Certains étaient attirés par ce qu’elle représentait, son essence la plus profonde et l’envie de ne jamais voir le lendemain arriver. D’autres encore, plus excentriques, tenaient à la faire à leurs mesures, tentaient de se l’approprier et par quelques relations ou une patte bien graissée, finissaient par la faire à leur image.
Ce qui avait déjà donné de drôles de nuit.
Oui, il y avait déjà eu des soirées sortant un peu de l’ordinaire, pour lesquelles il avait dû se grimer, remplir ou s’impliquer dans des rôles dont il n’avait pas l’habitude. C’était rafraichissant, étonnant, parfois même plaisant, et ça donnait soif de nouvelles expériences.
Une façon de casser perpétuellement son quotidien et de découvrir le monde d’une autre manière. C’était même un peu son but ultime, envisagé sous un autre angle.
Seulement aujourd’hui… Le quotidien prenait un peu plus cher que d’habitude.
QUI, mais QUI, pouvait avoir bien eu l’idée d’organiser une soirée pour les membres et le personnel du gouvernement ?
Dans le genre ambiance gênante, c’était vraiment difficile de faire mieux.
D’un côté on avait plusieurs groupes de marines vaguement gradés. On voyait qu’ils avaient décroché leur place ici en menant dernièrement quelques petites actions d’éclat. Ils étaient heureux, bien éméchés, bien contents d’être dans un lieu qu’ils n’avaient pas l’habitude de fréquenter avec leur dernière prime à dépenser. Une bande de potes bien gras qui se serrent les coudes pour affronter les mers. On festoie ! On fait du bruit ! On est ravi pour son copain qui vient de monter en grade ou de sauver un pâté de maison.
Les officiers étaient peu présents dans la grande salle, tous en profitaient.
Et de l’autre, on avait les agents du gouvernement...
On est quand même en train de parler de personnes dont la spécialité est d’assassiner, collecter des informations et mener leurs opérations dans le plus grand secret… en train de faire la fête ? Sérieusement ?
Et puis dans quel but d’abord ?
Bon, il avait peut-être aussi quelques aprioris. Certains semblaient s’amuser, riaient et plaisantaient à visage découvert. Il y en avait même qui, pour l’occasion, semblaient avoir troqué leur complet noir pour une tenue un peu plus extravagante.
Sûrement des fonctionnaires à bien y réfléchir.
Mais alors ceux qui se dandinaient dans un coin, le visage caché derrière un masque ou une expression indéchiffrable afin qu’on ne les reconnaisse pas et qu’on ne sache ou se porte leur attention, et qui semblaient prêt à bondir sur la moindre menace… On se demandait bien ce qu’ils foutaient là.
Certains d’entre eux déambulaient dans la grande salle, portant parfois une attention toute relative aux tables de jeux. Curieux, mais pas vraiment désireux de se mêler aux autres, semblant porter plus d’intérêt au visage, parfois bien connu, d’un ancien primé dans le rang des croupiers.
Raphaël ne se faisait pas d’illusion. Si ce genre de soirée devait s’avérer particulièrement rentable, c’est surtout les privilèges qui pourraient en découler qui avait dû motiver son organisation.
Monsieur Moustache avait beau être un drôle de patron, il n’en était pas pour autant un imbécile.
En revanche, il y avait de quoi se demander pourquoi tous ces agents avaient accepté d’être là.
Remarque, on les y avait peut-être contraints.
Ouais. Bon.
C’était peut-être son côté sauvage qui parlait, mais une soirée sur le thème de l’autorité c’est quand même malsain.
D’autant plus qu’on avait exigé de lui qu’il se produise en spectacle.
"Ce gobelet-là, cette fois j’en suis sûr ! "
Devant lui, un marine. Déterminé à gagner, il venait de relever le défi pour la trentième fois de suite. Il ne se rendait même pas compte qu’il dépensait plus de jetons qu’il ne pourrait en gagner.
Deux, trois autres curieux se relayaient pour l’aider. Sans succès.
Le jeu d’adresse des mains de Raphaël chaque fois les surprenait. Les gobelets étaient posés plus rapidement qu’ils ne se soulevaient, se mélangeaient et perdaient la petite pièce à une vitesse imperceptible.
Entre eux, huit gobelets placés aux coins cardinaux. Le marine pointait le Nord, placé juste en face de lui. Il s’agissait d’un pot de plastique rouge, absolument indifférenciable de ses sept frères.
Pourtant Raphaël sourit.
Si dans cette pièce aux relents de gouvernement, il avait beau ne jouer qu’un rôle de piètre divertissement, il n’en prenait pas moins de plaisir à se montrer plus malin que ses clients.
Sa main gauche se posa au Nord.
Sa main droite au Sud-Est.
"Dommage ce ne sera pas pour cette fois. On retente ? "