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Badass Hobo

Le monstre en face, bicéphale bizarre, s'effondre, terrassé par une droite entre les deux yeux. Je n'ai pas réfléchis, je crois. Il a foncé sur moi, j'étais content. Quand il est arrivé à portée, j'ai frappé et j'ai fais mouche. Bien sûr que j'ai fais mouche. Je ne sais plus trop pourquoi, mais je savais que ça se passerait comme ça. Ca s'est toujours passé comme ça. Ca fait mouche. Moi, je suis heureux.

Alors je lève les bras, et les autres aussi sont heureux! Ils crient, je crie aussi. Il y en a un, derrière eux, qui n'a pas l'air vraiment content. Enfin, il a l'air, mais pas vraiment. Moi je suis content. Les autres aussi. Sauf ceux qui sont mort. Ils sont nombreux. En tout cas, on a gagné. On a gagné le grand jeu.

Ma tête est vaporeuse. Pourtant. J'ai ressenti une atteinte. Une première atteinte du mal. Lorsque la première victime a été faite. Un éclair. Une clairière, brève, dans ma tête. D'un coup, je n'étais plus heureux. J'ai.. revu des choses. Mais c'est vite parti! Le jeu a continué! Les autres, autours, tombaient, sous les assauts, les pièges, les armes. Pas moi! Je les ai tous eu, tout ce qui s'est dressé face à moi est maintenant froid! Je savais que ça se passerait comme ça! Je le savais parce que... Hmm. Ca doit être en rapport avec mon arrivée ici. Mais je ne me souviens plus très bien. Je suis arrivé ici... j'avais un bateau, je crois... Un petit. Je l'ai... je l'ai caché? Mais je suis venu. Je me suis dit... qu'on allait pas me reconnaître. Pourquoi me reconnaîtrait-on? Aucune idée. Mais je me le suis dis. Et ce fût le cas. Quelque chose à voir avec la barbe, il me semble. J'ai... nous.. j'ai bu. Je crois. Oui, j'ai bu. J'ai bu parce que je n'avais pas faim. Je ne voulais pa manger. Lui non plus. Lui.. Lui était... difficile. Plus difficile que.. Je ne sais plus. Il y a eu... une dispute. Je crois. Une dispute avec lui, lui, quelqu'un... quelque chose. Je ne suis pas arrivé seul. J'étais avec quelqu'un de très méchant oui. Je ne me souviens plus de son visage, de son nom. Je ne me souviens pas de mon nom. Mais ce n'est pas grave. On a gagné le grand jeu. Je suis heureux.

Celui qui n'a pas l'air content vraiment lève le bras. Tout le monde se tait. C'est quelqu'un d'important, je crois... Ouais, je crois que c'est quelqu'un d'important. Je n'aime pas les gens importants. Il va parler. Alors il faut se taire. Ah bon?!?

Silence bons sujets! Silence.

Silence... Il faut faire silence. Je n'ai pas envie de faire silence. Je suis heureux, mais je n'ai pas envie de faire silence. Dans mon ventre, quelque chose chauffe. Je ne sais pas pourquoi mais... Ma tête et les vapeurs... Elle s'entrecoupe. Je vois des gens. Je les connais. Je ne m'en rappelle pas. Je les connais...

Aujourd'hui, le grand jeu se conclue par une victoire, ma victoire. L'Honorable Strepsi est gagnant! Et vous, Ascaris, Tenia et surtout toi Sarcopte, vous vous rappellerez de cette victoire. Vous qui serez les seuls...

...il y à ceux là, de longtemps. Ils sont... vieux. Un qui m'a appris... quelque chose.. qu'était-ce. Ah, je ne me souviens pas. Ca me rend moins heureux. Ca me fait mal au ventre... que m'avait-il appris, lui. Lui qui était .. proche et loin en même temps... Comme si..


... prochains jeux auront lieu très bientôt! D'autres invités arrivent, pour renflouer les rangs qui aujourd'hui se sont fortement amoindris ...


.. comme si... quoi. Ma tête est vraiment vide. Elle l'a toujours été. Je n'avais pas de problèmes avec ça... je me souviens que ce n'était pas un problème oui. Parce que.. parce que j'avais autre chose. Mais aujourd'hui... Qu'était-ce que j'avais... Je suis sur le point de le trouver... Si seulement il arrêtait de parler, je le touche du bout des doi...

... seront encore plus grandioses que ceux-ci! De nouvelles bêtes, de nouveaux particip...



TU VAS LA FERMER TA GUEULE LE MOCHE! J'AIMERAIS M'ENTENDRE PENSER!




Le pas content se fige. Je ne sais pas pourquoi j'ai crié. A nouveau, cette clairière... Mais j'en suis sorti. Tout vas bien maintenant, je suis heureux. Le moins content, le moins heureux, il s'est tu. Il a enfin fermé sa grande gueule. Il me regarde. Et il parle. Tu ne l'aimes pas.


Tu es celui qui terrassé toutes ces bêtes... Tu en es probablement à ta première mort... qui sait? Tu n'es peut-être jamais mort du tout. Ca viendra. Et avec la politesse.

Quand il reviendra, il te fourrera ta politesse dans l'orbite... je ne comprends pas. Rien vraiment. Comme si j'étais plusieurs. Mais je suis heureux. On a gagné le grand jeu.
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Je suis Jack. Caché derrière chaque fil de son âme, tapie dans ses actes. Je suis juge et parti. Quand il frappe plus fort qu'il ne devrait, juste pour écouter le bruit que ça fait, c'est grâce à moi. Quand il trahit ce qui aurait pu être une amitié, je conseille. S'il brûle une chance de rédemption, comme ça, juste pour éviter de faire comme tout le monde, j'ai tendu l'allumette. Je suis l'aconscience de Jack.
Je suis Jamie Lee Croquette.


Je ne décide pas seul en son sein mais j'ai de la gouaille, et Jack est sensible à ça. A la cour des miracles de sa tête, je suis le roi fou. Le stratège. Celui qui voit plus loin. Aujourd'hui, un parasite tente de ravir ma place et toutes les autres. Un corps étranger veut régner. Il est stupide mais efficace. Sans volonté propre mais optimisé pour la colonisation, il travaille, petite abeille, à domestiquer Jack. Il sait qu'il va gagner. C'est exactement pour cela qu'il va perdre. Mais écoutez plutôt...

Ils l'ont infecté. Facilement. Un cruchon d'alcool de belle année. Je n'aurais pas pu m'y opposer, même si le singe l'avait senti, lui. Et voila, le ver était entrée dans la pomme pourri. Mais ils ne se doutaient de rien, ni avant ni maintenant. Avec sa dégaine, ils l'ont pris pour un clochard, qu'ils ont placé au premier rang quand leur "jeu" a commencé. Première erreur. Le sang et les tueries sont de très mauvais moyen de domestication, surtout pour Lui. Mais ils ne savent pas qui il est. Ils vont l'apprendre, très bientôt. En ce moment même, un autre esclave décérébré lui passe la lame. On le bichonne le Jacko. On le fait tout beau. Lavé qu'ils l'ont, et maintenant le rasage. Il sera comme un sou neuf et sa tête va rappeler fameusement quelque chose au chauve qui dirige en partie cette mascarade, le seul à penser par ici. Oui, il le reconnaîtra et il voudra l'utiliser. Et ça, ça n'est jamais une bonne idée. Allé, esclave, fini moi cette coupe. Qu'on commence à rire.


---

Il le regarde. Scepti. "Honorable" Scepti comme il se nomme lui-même. Il n'a rien d'honorable. Son oeil est torve, on y voit reluire l'amour du scalpel et du bistouri, le plaisir de la suture mal faite. Il me rappelle les savants fous de l'île de l'horloge. Il regarde Jack donc, puis jette les yeux sur une journal à coté de lui. Il sait maintenant. La rasage précis, les traces de boue partie, Jack est identifiable. Et si beau. Que va-t-il faire? Un geste, vers les autres esclaves, et la sentence tombe:
Conduisez le en cellule d'isolement dans mon laboratoire. Et doublez le garde.

Oh oui. Doublez la garde. Mais pour qui?
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Il court Anthrax. Il court et il se cache. Maigre comme il est, ce n'est pas bien compliqué. N'importe quel trou fait l'affaire. Sacré singe. Il a faim, il a peur mais il a compris. Son instinct et son museau l'ont informé. Ne mange rien Anthrax, la nourriture sur cette île est viciée. Mauvaise. Elle a infecté Jack, et maintenant il n'est plus maître. Juste une marionnette sans âme. Dans une autre situation, ça l'aurait fait rire, le Anthrax. Le puissant humain, réduit à l'enfance vide, devenu un tube sans âme, sourire béat aux lèvres. Mais Anthrax ne rit pas. Car il est seul et que le danger guette. Anthrax sait: il est faible.

Dans le repli ombrageux d'une alcôve rose, Anthrax se tapit. La nuit tombe, bientôt il pourra bouger. Quand "eux" seront moins nombreux dans les rues. Quand ils dormiront. Ils ne dorment pas beaucoup pourtant. Juste quelques heures, le temps pour leur corps de reprendre des forces. Et c'est tout. Mais pour Anthrax se sera suffisant. Trouver Jack. Voila ce qu'il faut faire. Le singe ne sait pas pourquoi. Mais la solution est là. Il a tenté d'autres choses. Lors de sa deuxième nuit sur l'île, il a tenté l'homicide le singe. Dans leur sommeil, il a tué deux zombies. Ses petites mains ont saisi pousser une assiette et ramasser un morceau coupant, qu'il a ensuite enfoncer le plus profondément possible dans le gorge de deux humains. Un mâle et une femelle. Anthrax en a tiré beaucoup de plaisir. Et pourtant, le lendemain, Oh surprise, il les a croisé. Il marchait, presque comme neuf. Pourtant Anthrax a senti leur petit coeur s'arrêter...

Alors voila, Anthrax a changé de stratégie. Sans le savoir. Si tuer ne marche pas, il faut trouver le grand Humain Jack. En fait, pour le singe, quand quelque chose ne fonctionne pas, la solution c'est toujours de trouver Jack. Ne dites pas que je vous l'ai dit.

Il tend la tête hors de sa cachette. A gauche, à droite, personne. Seul la lumière criarde des attractions qui illuminent les pavés. Temps de sortir, Anthrax se meut. Rapide, bien qu'affaibli, il grimpe sur les toits. Là, il prend une grand inspiration, il hume l'air. Sous les odeurs de parfum, ça sent le sang. Mais pas de trace de Jack. Aucun signe de cette odeur de tabac, d'alcool et de sueur qui le caractérise. Anthrax pourtant n'abandonne pas. Non, pas si facilement. Il continue sa route, prudent. Il saute sur le toi suivant. Puis l'autre. Un autre encore. Tout à coup, il se fige: quelque chose à attirer son attention simiesque. Il se concentre. Là, face à lui, la fenêtre illuminé d'une maison. La fenêtre est particulière. Elle est en forme de visage, et la séparation des carreaux lui donne la tête d'un homme souriant. Anthrax se retourne et tire sur une tuile mal fixée. A force d'effort il finit par l'arracher. Il reprend son souffle puis, brandissant le morceau de terre cuite, le lance de toutes ses forces contre cette fenêtre de mauvais goût. Le projectile part mollement et tombe sur la rue en contrebas, sans atteindre sa cible. Anthrax grogne et reprend son chemin. Et toujours pas de trace de l'Humain. Où peut-il être? Le singe hume l'air, à nouveau... Il capte quelque chose!

Ce n'est pas l'odeur de Jack, non. C'est autre chose. Mais c'est particulier. Les gens, les zombies, ont tous le même parfum. C'est subtil, mais ils sentent la feuille légèrement écrasée. Ce que Anthrax renifle en ce moment même, c'est une odeur d'humain. De vrai humain. Le singe reconnait leur puanteur caractéristique. Du haut de son perchoir, il se fige, il se terre, il observe. Il fait bien. Il ne faut pas un instant pour qu'il repère, dans les ombres, deux silhouettes qui s'avancent. Elles cherchent à être discrète et, à leur démarche, Antrhax comprend: elles ne sont pas avec "eux". Ceux-là ont une volonté propre. Ce sont les premiers comme cela qu'Anthrax croise depuis son arrivé sur l'île. Alors, il se met en tête de les suivre. C'est bien Anthrax, c'est une bonne idée, je crois.

Les ombres évoluent dans la nuit. Sous la filature d'Anthrax, elles progressent vers un bâtiment en particulier: une tour, haute mais caché par le parc d'attractions de l'île. Et, alors qu'ils approchent, Anthrax sent! L'air est chargé: les relents de sang sont plus présents, un sang coagulés, rassis. Puis cette autre odeur: ce tabac particulier, cher et de qualité, noir comme le coeur du singe. Le tabac de Jack.
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Il fait froid. Ca ne me fait rien mais il fait froid. Juste une pensée comme ça... qui sort du brouillard.

Je suis dans un pièce -un cachot- carrée. Le sol est de pierre. Les murs sont en pierre -ils t'ont enfermé-. Tout va bien. Presque? Quelque chose se passe. Depuis mon estomac. Sous ma poitrine. Comme une poussée... Elle a commencé quand on m'a emmené ici. Nous avons descendu des escaliers, beaucoup. Puis une grosse porte nous a fait face. Une grosse porte métallique. L'odeur était mauvaise. Viciée. C'est là que ça a commencé à pousser. Ils ont ouvert la porte et nous avons suivi un long couloir. Sur les cotés, y avaient des cages. Et dans les cages, des bêtes, comme celles que j'ai cassées durant le grand jeu. Des bêtes recousues, mi-truc mi-machin, ce genre. Et ça sentait le sang. Le sang et l'éther. Ca a fait surgir des choses... Encore de souvenirs, brumeux. Ils sont de moi, oui. Je le sais, mais je ne sais pas pourquoi je le sais. J'ai vu un lapin. Un lapin rouge, poisseux. Un pigeon gigantesque. Un homme qui se transforme en sang. C'est venu et c'est parti, mais les images restent dans ma tête. D'autres ensuite se sont manifestée, moins puissantes, alors que nous passions à coté de ce qui ressemblait à un laboratoire, derrière une vitre. J'ai eu... une impression de déjà vu. Ce Siège droit, muni d'attaches métalliques... je connais ce siège. J'ai déjà été attaché là-dessus- quand tu étais encore Jack et que tu m'écoutais-.

Enfin nous sommes arrivé ici. On a ouvert la porte. "Entre" qu'ils ont dit. Je suis entré. Et je suis là. Moins content qu'avant. Mais content quand même. Sauf dans ma poitrine, mon ventre, où ça pousse. J'ai sommeil. Je vais dormir je crois. Je n'en ai pas besoin, mais je vais dormir...

Je me réveille. Je... J'suis où? Ce sol humide.. ... Un sentiment de bien être m'emplit. Oui, je sais où je suis. Je suis dans la tour de celui qui ne sourit pas, qui n'a pas l'air content. J'ai gagné le jeu. On m'a rasé, on m'a nourrit et... cet odeur... Ce bruit que je n'avais pas remarqué. Il faisait froid, mais plus maintenant. Il fait... de plus en plus chaud. Oui quelque chose brûle, ça sent la fumée. Je me lève, et ça me frappe. Ca revient. D'autres... souvenirs. Un homme en blouse en dessous de moi. Je l'écrase avec mon pied. Je suis si grand... Un homme derrière un bar. Une arène. Du sang encore...

Encore!

C'est sorti tout seul. Bizarre. La fumée commence à envahir la pièce, mais mires commencent à piquer. Les bruits se rapprochent de moi. J'entends des cris. J'entends des détonations. J'entends des craquements et le souffle du verre qui explose -il est temps-. Une toux me prend. Il devient difficile de respirer. Je ne suis plus content. De moins en moins -parce que tu vas mourir ducon-. Tais-toi. Arg, ma gorge est en feu. Je sue. Le sol est brûlant. -ça vient- Qui parle? -tu sais qui- Je dois... -tu ne dois rien- Je dois... dans mon ventre, ça pousse. Encore. ENCORE. -Tu ne dois rien, toi, tu fais-.Ca pousse et sans que je puisse vraiment comprendre, mon bras s'active, seul. Il s'arme, vers l'arrière, emmène mon épaule avec lui. J'entends, comme hors de mon corps, ma lèvre murmurer.

Krapax

Et mon bras délivre un formidable coup dans la porte, qui saute, emportant avec elle une partie du mur! D'un coup, tout devient confus! La fumée s'engouffre tout berzingue dans la pièce, chaude comme une fille de vingt ans. Je suffoque et je n'y vois plus rien -tu t'élances à l'extérieur-. Le couloir. J'y vois mieux. Les reflet rouges et noirs, partout. Au bout, d'autres, ceux qui m'ont mené ici. Ils court, sceau à la main, tentent de maîtriser les flammes qui lèchent les murs. Je devrais peut-être les aide... non. NON. Courir. Je dois courir. D'ailleurs, mes jambes le font déjà, elles ne m'ont pas attendu -le parasite a chaud-! Fond de cale. Mes lèvres, encore, s'activent seules.

Run away!

Une accélération folle! D'où sais-je courir comme ça? Aucune idée -abruti-. Je suis déjà à mis couloir, la porte n'est pas très loin, je passe le labo. Je tourne la trogne, juste à temps pour le voir. L'éther. le flacon mastoque... Il explose, juste à coté de moi. Une énorme gerbe de flamme file droit dans ma gueule. Je suis soufflé violemment et ma peau brûle. Mon visage... Quelque chose meurt en moi. Je ne suis plus content. J'ai la rage, ça fait mal. Un choc. Le noir.
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J'ouvre les mires. J'émerge. Et c'est comme si je sortais d'un long rêve tout pourri, pour me réveiller dans un cauchemar infâme. Mon corps brûle, tandis qu'un liquide tiède coule sur mon front. Tout est sombre, le temps que les globuleux fasse le point. J'pense un coup. Je cherche à creuser mon crâne de piaf. Je me vois. De loin. En train de jouer au chien chien comme une petite salope. Je me vois sourire béa nulos. Une vrai merde. Et en même temps, la douleur monte droit vers mon cervelas triturant. Ma tête capte bien. Chié. J'ai un mal de gueux. Genre de gueux de chez gueux, mais tout compte fait, si mes souvenirs sont vrais, je préfère sentir la douleur là partout que d'être ce que j'ai pu être, au moment où ce le fut. Arg. La lumière se fait. Je vois... et je le reconnais. Au dessus de moi, l'autre. Le singe. Anthrax. Et cette coulure sur mon front c'est...

Mon bras plonge, droit, et j'attrape l'animal par la gorge!

Je rêve où tu viens de me pisser dessus!?

Non je rêve pas! Et la bestiole gesticule de toutes ses forces minables, tente de se libérer à coups de dents... et je vois. Je lâche le singe, et pose un regard plus posé sur mon bras. Il est rempli de cloques, la peau est à vif, noire à certains endroits. Il est brûlé. Mes jambes, idem. Mon autre bras... Je passe la main sur mon visage. D'un coup, la douleur me foudroie! Je hurle putain. Je HURLE! Seul mon front est touchable... Grace à l'urine de l'animal. Je le mire.

Gros malin.


Il me fait un doigt d'honneur, et je me lève. Un regard autours de moi. Je suis sur un talus herbeux. La coupe est parfaite, homogène, hormis les déchets qui jonchent la pelouse. En face, à plus d'une cinquantaine de mètres, il y a une grande tour. Et elle brûle. C'est de là que je viens, probablement. J'ai le souvenir de courir. C'est cotonneux mais je me rappelle d'un truc... qui m'a méchamment pété dans la gueule. Oui, pas de doute là-dessus. A mes cotés, Anthrax fait signe. Il faut partir qu'il braille. Oui je suis d'accord sale bête. Je te suis. Mais je me viande. Un pas, et mon corps m'arrache un nouveau cri. C'est péniblement que je me relève. Je me concentre. Un pas. Un autre. Je tangue déjà. Ca ne va pas être de la tarte. Oh non.

...

Un kilomètre, à peine. Et déjà je n'en peux plus. Nous sommes arrivés jusqu'au parc d'attractions, moi et l'singe, et je m'effondre dans l'ombre d'un manège. Je suis exténué. Mon corps souffre et me lance. J'ai le souffre court, la tête lourde. Ca ne m'a pas pris longtemps à comprendre, mais bien longtemps à accepter: je suis brûlé entièrement. Et je vais probablement mourir. Simplement. Je suis à bout. Sans force. Jamais été aussi faible. Même dans les yeux du singe, il y a de la pitié. La vrai. Sans ironie. Il serait presque triste le con. Je crois que je vais dormir. Je dis je crois, mais je sais. La seule chose que j'ignore, c'est si je me réveillerai.

...

Des ombres. Autours de moi. Je veux bouger mais je n'y arrive pas. J'entends le singe qui hurle. J'entends qu'on étouffe ces cris, comme en le mettant dans un sac. Ouvrir les yeux. Non, même ça je n'arrive plus. On crie. On crie qu'on m'a trouvé. C'est proche et c'est loin, en même temps. Une voix féminine parle. Une voix pleine de force. "Il est fini. Inoculez le", entend-je. On pose un récipient au bord de mes lèvres et un liquide coule dans le fond de ma gorge. J'avale comme une vilaine. Puis elle se rapproche, la voix. Je fais un effort, alors que dans le même temps, ce sentiment de bien être connu commence à nouveau à m'emplir. Les salauds. Je force. Mes yeux s'ouvrent. Elle est face à moi. Tout près. Elle me regarde, le regard dur, mais sans haine.

C'est pour ton bien.

Elle dit. La douleur foudroie ma poitrine, tandis que je baisse les yeux. Elle vient d'enfoncer un poignard dans mon coeur, profondément.
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La plage. L'eau salée qui s'abat tranquillement sur le sable. Va et vient. La paix, au soleil. Le bien-être qui emplit tout mon corps. C'est agréable.

Maintenant.

Ca vient de derrière moi! Je me retourne. Une femme face à moi, derrière elle, deux hommes, fusils braqués sur moi. Détonation. Je regarde ma poitrine. PAs de sang, mais quelque chose est planté dedans. Comme un seringue. Tout à coup, je tombe à genoux, malgré moi. Dans ma tête, quelque chose se met à chauffer puis.. une déchirure. Ca ne fait pas mal, mais d'un coup, je vois clair. Tout me revient, à nouveau: l'emprisonnement, la béatitude stupide, Anthrax, l'explosion... ma mort. C'est elle, qui me fait face, elle qui m'a poignardé. Comment se fait-il que je suis ici, en vie, aucune idée, mais le voile va bientôt tomber, pas de doute là-d'ssus. Je relève la trogne.

J'ai pas mal de questions et va falloir casquer des réponses. Vite.

Bien entendu, mais pas ici. Ils vont bientôt arriver.


Vendu, j'te suis. Un coup tordu et je te broie.

Bien entendu.


Et j'la suis. Nous courons vers la ville, de là nous bifurquons. Nous n'entrons pas. J'ai des souvenirs confus d'cette endroit, que je découvre avec un désagréable sentiment de déjà vu. Ouais, j'ai été un sale zombie toutou à son maître, quelques jours durant. Ca y a pas à tortiller, c'est chose sûr. Comment et qui, ça c'est c'que j'aimerais piger. La gonzesse devant moi bifurque pour disparaître. J'accélère et j'pige: elle est en contrebas. La limite de la ville est à une centaine de mètre, ici, c'est plus vallonné, et on en a profiter pour planquer un ballon dans l'terrain. Un gros ballon avec une nacelle. Elle m'invite à monter, et comme j'suis un type sympa, c'est ce que je fais. Les deux gus qui m'ont tirés d'ssus la tout à l'heure s’apprêtent à dénoué les cordages qui nous retiennent au sol, mais j'les somme d'attendre. J'ai d'puis qu'on est parti l'impression d'avoir été suivi, je sais par qui. Je siffle. Une seconde, deux, Anthrax sort des ombres. Il se plante devant moi, me mire globes dans les globes, et décide qu'il veut bien v'nir. C'est ça bon singe, pose toi sur mon épaule, j'ai pas oublié ton geste d'hier. Nous décollons.

Je mire la gueuse. Enveloppé dans son kimono, elle a l'air aussi sympa qu'une porte de zonzon. Elle traine un katana gigantesque, probablement pour compenser le pénis qu'elle n'a pas. En dessous, on peut voir l’entièreté de la ville, ses manèges, ses lumières, ses tours et...

Tu le vois?

J'crois oui. C'est quoi?

C'est la source du problème.


Elle parle de ce cratère, derrière les tours. Un cratère vert, fleuri. Et presque luisant.

...

Le ballon nous mène de l'autre coté de l'île. La végétation ici est épaisse, presque impénétrable. La gueuse fait le guide et m'emmène dans un chemin qu'il m'aurait été impossible de trouver seul. Et nous arrivons enfin. Son Q.G. Construit au centre d'un entrelas de lianes et de branches, l'endroit est aménagé avec soins, et définitivement grand. Des couloirs relient les différentes salle, certains dans des branches, d'autres sous-terrains. Tout ça pour nous mener dans une salle style séjour, avec de jolis canapés. J'm'affalle comme un malappris et direct j'balance.

Allez, bave moi ton histoire.

Mon ton lui déplait. J'le vois sur sa gueule de lesbienne que ça lui plait pas. J'ai d'jà dit qu'elle avait une gueule de guine? Rien contre ces bêtes là perso, mais faut dire que souvent, elle recrutent à la face. Vais faire un effort.

Moi c'est Jack. C'est quoi ton blaze?

Mon "blase" c'est Jasra et j’apprécierais que tu me parles avec respect.

Moi j’apprécierais ne pas avoir trucider tous ceux que j'ai trucidé. Mais on a pas tout ce qu'on veut dans la vie. D'ailleurs, pour être honnête, j'regrette rien. Héhé.


La gonz' fait une mine neutre et s'assied.

Tu es bien fier, pour un mort.

Ouais. Justement, à propos de ça, c'est la première fois que je meure, donc j'sais pas trop, mais y m'semble que normalement c'est définitif. J'me trompe?

Pas ici. Pas sur cette île. Ici, tu es immortel.

Waw. Super chiant ça.

Il y a une condition. Il faut être infecté par la Plante.

Qui c'est?

C'est... une plante. Tu l'as vue, quand nous étions dans le ballon. Elle infecte ceux qui viennent sur cette île, via la nourriture, la boisson que ses esclaves distribuent aux nouveaux arrivants, qui deviennent esclaves à leur tour. Et immortels.

J'me souviens oui. Jacko le chiot, content comme un hareng. C'était donc ce truc.

Et les autres? Les gars qui commandaient, au grand jeu de massacre?

Ce sont les quatre immortels. Ils ont réussi à développer un serum qui leur permet d'être immortel mais pas esclaves.


Toi, dans tout ça?

J'étais comme eux... avant. Et j'ai décidé qu'il fallait que cela cesse.

Alors tu as construis un maison dans la jungle.

Je crois pas qu'elle apprécie mes sarcasmes, non non. Mais c'est plus fort que moi, j'sais pas m'empêcher d'être drôle. Parce que dans l'fond j'ai beaucoup d'humour.

J'ai libéré mes esclaves. Et travaillé sur un serum, celui que je t'ai injecté sur la plage. Il tue le parasite.


Et le coup de poignard?

J'ai des espions chez les immortels et partout sur l'île. Lorsqu'on m'a informé que Scepti, c'est l'homme pour qui tu as concouru, avait dans ses rangs un capitaine corsaire, j'ai directement lancé une opération. Nous sommes arrivé de nuit et avons incendiés sa tour, pour créer la diversion et aller te récupérer. Mais tu avais déjà réussi à fuir. Nous t'avons cherché. Je t'ai trouvé en suivant le sang... Tu étais trop brûlé que pour survivre. Alors, je t'ai réinfecté avec le parasite. Je t'ai rendu immortel à nouveau. Et tu as survécu.

C'était pas si grave. Une sieste et ça passait.


Elle soupire.
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La nana aime bien parler, moi non. C'est long, assez chiant, puis il faut mettre des couleurs pour qu'on comprenne à l'écrit et Jack n'aime pas les balises. Alors je te zappe le blabla parce qu'on sait tous comment ça va finir, et pourquoi la gueuze s'est décarcassé le cul pour me sortir de ma sort de gentil esclave. Elle va me demander mon concours pour faire tomber les immortels.

Qu'est-ce que j'y gagne?

Que je lui demande. Passage obligé dans la négoce. Rien n'est gratuit, et même si on me sauve les miches, je n'aime pas être utilisé, par personne. Mais, c'est là qu'elle me surprend.

Je croyais que tu aimais le sang.

C'est vrai, j'aime 'co bien ça. Casser. Broyer. Puis laisser ma trace dans les joues des gens, quitte à ce que ça leurs coûtent leurs cervicules. Mais je l'ai toujours fait pour moi. Pas de raison que ça change. Par contre, je sais prendre une opportunité quand j'la vois.

S'passera quoi quand j'aurai mortellé tes immortels?


N'oublie pas la Plante...

J'compte pas tuer la plante.

Non, non. Je compte la dresser. Le souvenir de mon parasitage est 'core frais dans ma trogne. J'suis sûr d'un truc: la Plante est pas conne. Pas comme une plante en tout cas. Peut-être qu'il y a moyen de la contenir. Impossible me dit l'autre. On verra que j'réponds. Mais la ville donc, dans tout ça, elle devient quoi?

Elle devient libre.

Libre, haha la belle affaire. En plein milieu de Grand Line? Avec Dead End à deux encablures? Avec les sauvages de l'île Maléfique? Je lui donne deux semaines, à ta ville libre.

Que proposes-tu?

Je prends l'île. Je la prends et j'amène du monde, pour étudier la plante, puis pour protéger la ville.


Je croyais que l'immortalité ne t'intéresse pas.


L'immortalité non. Sa valeur marchande peut-être. Puis j'ai toujours eu un coté curieux, pis écolo. J'aime comprendre les mystères de la vie, j'aime les champs de fleurs et pas m'laver. Alors deal?

... ... ... Deal.


Elle ment. Je devrai la tuer dans l'opération.
Welcome home, Jack.
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