Le Jolly River était en mer depuis plusieurs jours maintenant et n'entendait pas retourner vers les cotes avant quelques temps. Sur celui-ci se trouvait ce qui pouvait à un équipage de pirates ou ce qui y ressemblait, et à défaut de mieux, un équipage qui se qualifiait surtout de mercenaires. Des personnes pour la plupart travaillées par les coups et le temps, l'âge moyen était d'une trentaine d'année, et Fantine pouvait bien se vanter d'être ici la plus jeune du lot.
Ils étaient une vingtaine, à tout casser. Une vingtaine d'hommes et de femmes qui s'étaient trouvés, irrémédiablement attirer les uns vers les autres pour ce qu'ils se faisaient de pire. Le capitaine, Gus, était un gars qui pesait plus de cent kilos de muscles, une balafre immense lui mangeant l'oeil droit, et les chicots limés en pointe. Un type qui n'inspirait pas confiance, mais qui réussissait à faire s'accorder des personnalités très différentes, toutes égocentrées et parfaitement égoïstes. L'anarchie qui aurait du résulter de ces alliances avait été dompté par cet homme à la main de fer dans un gant d'acier... Et Fantine ne pouvait s'empêcher de le trouver fascinant, à sa manière. Il avait le profil de ces tyrans, de ces conquérants, capables de mettre des royaumes à ses pieds. Et évidemment, ce qui la fascinait le plus dans ces histoires, c'était la chute, toujours plus impressionnante lorsque l'on montait trop haut.
Gus avait toujours une femme, pendue à son bras. Sa Femme, Lima. Le teint hâlé, la mine sévère, les sourcils tellement froncés que Fantine avait parfois l'impression qu'ils pourraient sauter à tout moment comme des ressorts sous pression.
Et le couple était entouré de tous ces gens, tous plus atypiques et notables qu'elle au milieu de ce monde. C'était à croire que le chaos avait sa propre polarité. Et en se balançant sur la proue du navire, Fantine n'était pas loin d'imaginer que faire partie de ce genre d'équipe pouvait avoir ses avantages.
Sauf qu'elle était loin d'être ce genre de personnages à pouvoir évoluer très longtemps au milieu d'un groupe. Pas sans perdre une partie de ce qu'elle était au passage, et surtout de ce qu'elle voulait. Elle était son propre groupe, pour assurer sa propre survie, et surtout sa réussite. C'était tout ce qui comptait vraiment.
Ces gens lui avaient mis la main dessus, quelques mois plus tôt, en l’appâtant avec les gains qu'il y avait à se faire. Lorsqu'il s'agissait d'argent, la jeune fille était loin de savoir comment dire non, et elle devait bien admettre qu'ici, elle touchait une part plus que généreuse pour le travail qu'elle effectuait.
Les vols avaient commencé un mois avant qu'elle ne se fasse embauché à la sauvette, sur une île malfamée. Leur tout premier coup avait eu un certain retentissement, puisque ces mercenaires avaient coulé un navire marchant pour en retirer toutes les marchandises et l’argent qu'il y avait, avant de revendre ce qu'ils ne voulaient pas garder. Le butin s'élevait presque à cinq millions, et tout y était passé. Surtout les vies humaines qui avaient été prises pour cible.
« La cible est à l'heure, capitaiiine ! »
Lima désigna un bâtiment immense à l'horizon, toutes voiles tendues, gagnant en vitesse. La métisse esquissa un grand sourire en se tournant vers son époux, quand celui-ci s'adressa finalement à sa mauvaise troupe de mercenaires :
« Fort bien ! Vous savez ce que ça veut dire les gars ?! »
Il y eut un rire général et gras sur le pont, tandis qu'on ordonnait de tendre les voiles pour prendre le vent, et la direction de la cible en question. Le navire se mit en mouvement rapidement, avalant la distance jusqu'à l'autre, et les canons furent de sortis pour l'occasion.
« Qu'on va encore s'en mettre plein les poches ! Harharhar ! »
Une première salve fut tirée pour surprendre l'adversaire, en même temps qu'un hurlement grave venant de tous les hommes à bord. La jeune fille éclata de rire, en se mettant en équilibre sur la rambarde. Il y eut une riposte, bien maigre comparée à la première offensive, mais qui signifiait que leur proie n'allait pas se laisser couler sans se défendre. Tant mieux !
« Fantine ! Tu sais quoi faire !
Ay ay ! »
Elle était la première. Sur les trois derniers pillages, elle était celle qui bondissait dans la masse pour y mettre déjà le désordre. Agile, fluide, rapide, elle ne se faisait jamais attraper, et semer la confusion dans les rangs, laissant le temps aux autres d'aborder à leur tour. Mais cette fois, elle était prête à ne pas y aller seule. Ses yeux rosés et malicieux se posèrent sur la petite dernière embauchée dans l'équipe. Une jeune femme, peut-être un peu plus âgée qu'elle, qui avait encore tout à prouver. Et Fantine avait très envie de voir si elle valait le coup de survivre à cette première rencontre, ou si se débarrasser d'elle pour ne pas avoir à partager une part supplémentaire était envisageable :
« Tu veux venir avec moooi ? On va bien s'amuser ! »
La jeune fille se saisit d'une corde, prête à la tendre à sa voisine, en attendant le top départ de Gus.
Ils étaient une vingtaine, à tout casser. Une vingtaine d'hommes et de femmes qui s'étaient trouvés, irrémédiablement attirer les uns vers les autres pour ce qu'ils se faisaient de pire. Le capitaine, Gus, était un gars qui pesait plus de cent kilos de muscles, une balafre immense lui mangeant l'oeil droit, et les chicots limés en pointe. Un type qui n'inspirait pas confiance, mais qui réussissait à faire s'accorder des personnalités très différentes, toutes égocentrées et parfaitement égoïstes. L'anarchie qui aurait du résulter de ces alliances avait été dompté par cet homme à la main de fer dans un gant d'acier... Et Fantine ne pouvait s'empêcher de le trouver fascinant, à sa manière. Il avait le profil de ces tyrans, de ces conquérants, capables de mettre des royaumes à ses pieds. Et évidemment, ce qui la fascinait le plus dans ces histoires, c'était la chute, toujours plus impressionnante lorsque l'on montait trop haut.
Gus avait toujours une femme, pendue à son bras. Sa Femme, Lima. Le teint hâlé, la mine sévère, les sourcils tellement froncés que Fantine avait parfois l'impression qu'ils pourraient sauter à tout moment comme des ressorts sous pression.
Et le couple était entouré de tous ces gens, tous plus atypiques et notables qu'elle au milieu de ce monde. C'était à croire que le chaos avait sa propre polarité. Et en se balançant sur la proue du navire, Fantine n'était pas loin d'imaginer que faire partie de ce genre d'équipe pouvait avoir ses avantages.
Sauf qu'elle était loin d'être ce genre de personnages à pouvoir évoluer très longtemps au milieu d'un groupe. Pas sans perdre une partie de ce qu'elle était au passage, et surtout de ce qu'elle voulait. Elle était son propre groupe, pour assurer sa propre survie, et surtout sa réussite. C'était tout ce qui comptait vraiment.
Ces gens lui avaient mis la main dessus, quelques mois plus tôt, en l’appâtant avec les gains qu'il y avait à se faire. Lorsqu'il s'agissait d'argent, la jeune fille était loin de savoir comment dire non, et elle devait bien admettre qu'ici, elle touchait une part plus que généreuse pour le travail qu'elle effectuait.
Les vols avaient commencé un mois avant qu'elle ne se fasse embauché à la sauvette, sur une île malfamée. Leur tout premier coup avait eu un certain retentissement, puisque ces mercenaires avaient coulé un navire marchant pour en retirer toutes les marchandises et l’argent qu'il y avait, avant de revendre ce qu'ils ne voulaient pas garder. Le butin s'élevait presque à cinq millions, et tout y était passé. Surtout les vies humaines qui avaient été prises pour cible.
« La cible est à l'heure, capitaiiine ! »
Lima désigna un bâtiment immense à l'horizon, toutes voiles tendues, gagnant en vitesse. La métisse esquissa un grand sourire en se tournant vers son époux, quand celui-ci s'adressa finalement à sa mauvaise troupe de mercenaires :
« Fort bien ! Vous savez ce que ça veut dire les gars ?! »
Il y eut un rire général et gras sur le pont, tandis qu'on ordonnait de tendre les voiles pour prendre le vent, et la direction de la cible en question. Le navire se mit en mouvement rapidement, avalant la distance jusqu'à l'autre, et les canons furent de sortis pour l'occasion.
« Qu'on va encore s'en mettre plein les poches ! Harharhar ! »
Une première salve fut tirée pour surprendre l'adversaire, en même temps qu'un hurlement grave venant de tous les hommes à bord. La jeune fille éclata de rire, en se mettant en équilibre sur la rambarde. Il y eut une riposte, bien maigre comparée à la première offensive, mais qui signifiait que leur proie n'allait pas se laisser couler sans se défendre. Tant mieux !
« Fantine ! Tu sais quoi faire !
Ay ay ! »
Elle était la première. Sur les trois derniers pillages, elle était celle qui bondissait dans la masse pour y mettre déjà le désordre. Agile, fluide, rapide, elle ne se faisait jamais attraper, et semer la confusion dans les rangs, laissant le temps aux autres d'aborder à leur tour. Mais cette fois, elle était prête à ne pas y aller seule. Ses yeux rosés et malicieux se posèrent sur la petite dernière embauchée dans l'équipe. Une jeune femme, peut-être un peu plus âgée qu'elle, qui avait encore tout à prouver. Et Fantine avait très envie de voir si elle valait le coup de survivre à cette première rencontre, ou si se débarrasser d'elle pour ne pas avoir à partager une part supplémentaire était envisageable :
« Tu veux venir avec moooi ? On va bien s'amuser ! »
La jeune fille se saisit d'une corde, prête à la tendre à sa voisine, en attendant le top départ de Gus.