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De la crasse jusqu'aux genous [FB. Faust ♪]

Grey Terminal. Un ramassis de crasse populaire. Ce nom évoquait la grande décharge du Royaume de Goa dans toute sa splendeur. Outre la crasse ahurissante qui s'y entassait, on pouvait aussi rencontrer de nombreuses personnes. Entre malfrats et petites frappes, ces gens tentaient tant bien que mal de survivre dans un climat inhospitalier. C'était le genre de chose que Kana admirait. Bien sûr, cela lui rappelait son enfance mais en plus il y avait un sentiment de liberté qui émanait de ce dépôt d'ordures. L'endroit était régit par une bande bien organisée de brigands hétéroclites. En fait, vu le peu de temps que Suu avait passé ici, c'est tout ce qu'elle avait put découvrir. La possibilité qu'il y ait plusieurs gangs n'était pas à exclure. Pour le moment, il valait mieux rester prudent.

Mais que faisait donc la jeune albinos ici ? Ce n'était pas comme si l'accès au Royaume de Goa était simple. Néanmoins, la perspective de visiter celle qui devait bien être la plus riches des villes d'East Blue était intéressante. C'était ce pourquoi la médecin était ici, en plus du fait qu'elle avait trouvé un navire pour l'île de Dawn en particulier évidement. Naviguer lorsqu'on avait pas d'argent pour payer le trajet était toujours relativement compliqué. Les berrys manquaient un peu ces derniers temps. Il faudrait sans doute que Kana et Hotaru se décident à accomplir quelques boulots, ou au pire à voler des voleurs. Bien évidement Grey Terminal était l'endroit tout indiqué pour cela. Par contre, il était plutôt conseillé dans ce genre de cas d'éviter de trop se faire connaître. L'accès à la ville forte, à l'intérieur des murailles n'était déjà pas donné à tout le monde mais si en plus on était identifié comme faisant partit de cette populasse infâme qui grouillait dans la fange, il n'y avait plus aucune chance. C'était la vision des habitants de la ville fortifiée.

D'un autre côté, rencontrer des personnes ayant toujours vécu dans un milieu privilégié n'intéressait pas Kana. Ce n'était pas comme ça qu'elle avait vécu. Les richesse de ce monde étaient si mal partagées ! Ça en était pitoyable. En même temps, tous les types que la jeune femme avait croisé étaient crades. Il était vrai que dans ce genre de lieu de vie, l'hygiène n'était pas à l'honneur. Il y avait tout de même un minimum. Après c'est vrai que c'était à eux de voir.

La médecin escalada une pile de carcasses de ferraille indéfinissable puis glissa sur une espèce de planche avec des roues, manquant de peu de tomber à terre. Reprenant peu à peu sa stabilité, l'albinos regarda autour d'elle. Il y avait une ou deux personnes en train de remuer les débris, sans doute dans l'espoir de trouver quelque chose qui valait une bonne somme. Il était vrai que les populations aisées rejetaient en général un très grand nombre de choses encore utilisables. Un odeur étrange montait d'un vieux canapé défoncé. Suu préférait ne pas savoir ce qui avait été répandu dessus.

Hé Kana ! Regarde ce que j'ai trouvé !


La jeune femme fit volte face et se retrouva nez à nez avec son frère. Il tenait à la main un truc bizarroïde. Informe aussi. Deux ou trois types s'étaient également retournés vers Ayami l'air soudainement assez captivés. Des voleurs ? Sans doute. Cependant, ils s'étaient détournés avec un léger sourire aux lèvres en voyant ce qu'apportait le jeune garçon. Ce n'était qu'un vieil ours en peluche bien abimé.

Dis ? Tu trouve pas ça triste toi de jeter aux ordures son doudou d'enfance ?

Si... Sans doute...

Ah, tu n'en as pas eu ?

Non, pas exactement.

L'albinos fut interrompue par des cris qui montait au delà d'un gros tas de chiffons sales. Une bagarre débutait-elle ?
    L’île de Dawn.
    Faust en avait entendu parler à travers la fameuse légende sur le village de Fushia. Un tout petit village qui était resté anonyme durant des années jusqu’à la naissance d’un petit garçon qui devait devenir un jour le pirate le plus fameux de l’histoire : Monkey D. Luffy. Et c’est d’ailleurs pour cette raison que Faust était venu jusqu’à cette île. Afin de visiter cet endroit. Bien sur, il savait également que sur cette île se trouvait le Royaume de Goa, le plus prospère et le plus puissant de tout East Blue. Un véritable nid de Marins : Il comptait par-dessus tout éviter cet endroit.
    Et de toute évidence il avait réussi. L’endroit qui l’entourait ne ressemblait en rien au Royaume de Goa. Mais il ne ressemblait pas non plus à l’idée que Faust se faisait du village de Fushia.
    Il avait davantage l’impression de se trouver dans une benne à ordure gigantesque, accumulant tous les déchets de la Terre. Devant lui s’étalaient des collines d’immondices en tous genres, restes de nourriture, jouets cassés, meubles en morceaux, et bien d’autres choses, dont certaines ne méritaient même pas de nom. Mais le pire dans tous ça, c’était que des gens semblaient vivre ici, déambulant d’un air lugubre entre les tas de déchets, fouillant pour trouver on ne sait quoi. Faust ne comprenait pas comment des gens pouvaient vivre de cette façon. Décidément, ce fameux Monkey D. Luffy venait d’un endroit peu recommandable.
    Faust déambulait dans ce décor peu ragoutant, sans chercher à se montrer, lorsqu’il remarqua qu’on l’épiait.
    Un homme. Chauve, très grand, la bouche tordue dans une grimace effrayante, des yeux sombres comme un gouffre. Faust n’avait jamais vu un tel individu. Il était la personne la plus laide que Faust avait jamais vue, et il aurait fait fuir même un ours par son regard. Surement quelqu’un de peu jovial qu’il valait mieux éviter.
    Mais c’était inévitable.
    L’homme avança d’une démarche assurée, presque orgueilleuse, et se plaça bien en évidence devant Faust lui barrant le passage, les bras croisé sur son large torse. Un affreux rictus dévoilait des dents jaunis et dévorées par les caries.


    « Tu vas où comme ça l’nouveau ? »

    Faust jaugea le curieux individu du regard, laissant un bref silence s’abattre avant de prendre la peine de répondre.

    « Je me promène seulement, je ne cherche rien d’autre ! »

    Faust se força à sourire gentiment, il était inutile de chercher des ennuis, il souhaitait juste continuer son chemin et quitter cette île qui apparemment n’était pas à la hauteur de ses attentes. Mais l’énorme homme qui lui faisait face n’était pas de cet avis. Il venait de trouver une proie d’apparence chétive, et il était très désireux de s’amuser avec.
    Il s’avança encore d’un pas, son haleine atteignant le nez de Faust qui se força à ne pas grimacer de dégoût. Il ne s’était sans doute pas lavé les dents depuis trop longtemps pour ne serait-ce qu’essayer de savoir depuis quand. Décroisant les bras, il posa son gros doigt couvert de crasse sur le torse de Faust et le poussa en arrière, lui postillonnant au visage.


    « Désolé mon gars, mais va falloir payer le passage au vieux Borg. Et ce vieux Borg, ben c’est moi. Ha,ha,ha ! »

    S’efforçant de continuer à sourire tout en gardant son calme, Faust répliqua d’un ton qui se voulait posé, sans la moindre trace d’animosité.

    « Je suis désolé euh… Borg, mais il se trouve que je ne possède rien de valeur sur moi, donc je vous prie de bien vouloir me laisser partir, et je puis vous assurer que vous ne me reverrez plus jamais. Mais sil vous plaît, ne me poussez plus en arrière comme vous l’avez fait. »

    Mais la brute ne l’entendait pas de cet avis.
    Et sa tête partant en arrière, il s’esclaffa d’un rire tonitruant qui se voulait moqueur.


    « Toi on voit bien que tu es nouveau, tu ne sais pas qui je suis. Et ici c’est moi qui fais la loi. Alors il va falloir payer. Ou mourir. »

    Fier de son discours, l’immonde individu décida de terminer sa menace en poussant à nouveau Faust en arrière. Et il mourût.
    Le scalpel s’enfonça profondément dans sa gorge, déchirant sa carotide et sa veine jugulaire, ne lui laissant aucune chance. Il tomba lourdement sur le sol, un affreux gargouillement tentant en vain de s’échapper de sa gorge grande ouverte.


    « J’ai choisis la mort. Hé,hé,hé ! »

    Mais Faust remarqua à cet instant que sa petite altercation avait ramenée d’autres prédateurs, au moins aussi dangereux, et il était désormais entouré par près d’une dizaine de gars, possédant tous une tête plus infâme l’une que l’autre. Ça ne faisait que commencer. Et ça ne serait pas de tout repos, car l’effet de surprise était passé.
    Faust regarda droit dans les yeux chacun des hommes et prit la parole d’un ton dégagé.


    « Qui veut mourir en premier ? »



    Spoiler:





      Ce type... Il avait expédié si rapidement son adversaire et avec une telle facilité que cela en était déconcertant. Un potentiel énorme. C'est ce qui le caractérisait. Mais dans un même temps, il semblait si bourrin, un tel besoin de meurtre semblait l'animer... Cela rappelait à Kana son enfance. Le regard qu'avait ce gars était exactement le même que l'albinos auparavant. Bien sûr, maintenant elle arrivait plus ou moins à se contrôler mais cela restait tout de même assez difficile. Réprimer son caractère demandait de l'entrainement et une force de volonté hors pair, ce que n'avait pas la médecin. Pour ce qui était d'apprendre à se contrôler avec du temps, c'était impossible. La vie suivait son cours, assez rapidement d'ailleurs, ce qui faisait que la médecin ne prenait jamais de moment pour ça. De toute façon, qu'aurait-elle bien pu faire ? De la méditation ? Pfeuh ! Ridicule !

      Un détail avait cependant marqué la jeune femme lorsqu'elle avait observé le combat du sanguinaire contre le bandit. Il utilisait des scalpels. Cela signifiait que le monde de la médecine ne lui était pas inconnu. Jusqu'à quel point le maitrisait-il ? En spectatrice, la pirate vit s'avancer d'autres personnes. Elles étaient inconscientes ou quoi ? Il n'y avait que la mort qui les attendaient. La vengeance hein ? Oui, ça aussi Kana l'avait vécut. Néanmoins elle pensait en avoir passé le cap. Elle n'était plus en colère contre tout le monde, comme auparavant.

      Suu se leva et dépassa tous les autres qui voulaient combattre le démon. Elle se plaça en face de ce dernier et l'observa avec curiosité. Il n'y avait rien à dire, ce blond était bel et bien un scientifique. Aucun doute la dessus. De plus, il semblait avoir quelques années de plus que l'albinos. Ce combat ne serait absolument pas raisonnable. D'ailleurs, la médecin n'était même pas sûre d'en sortir vivante mais comme le disait une certaine personne : «C'est l'jeu ma pauv' Lucette !». Et puis, ce n'était pas comme si chaque action que devait effectuer la jeune femme était réfléchie. En fait la plupart était totalement impulsives. Pour le moment ça lui avait plutôt bien réussi étant donné qu'elle n'avait qu'un nombre dérisoire de cicatrices, d'ailleurs invisibles vue la blancheur de son teint. Le plus important même : elle était encore en vie !

      À vrai dire, depuis que Kana avait quitté Tequila Wolf, elle régissait son existence de façon agréable. Peut être dangereuse de temps en temps mais au moins, cela avait l'avantage de rompre la monotonie des voyages. Suu et son frère avaient traversé de nombreuses îles, rencontré d'innombrables personnes, vécu dans aventures assez improbables... À chaque fois qu'ils débarquaient sur une nouvelle terre, ils voulaient savoir comment les gens du coin vivaient, quelles étaient leurs contraintes... Ici, puisque la brutalité semblait primer sur tout le reste, il fallait bien s'y faire. Grey Terminal était vraiment un endroit passionnant. En fait... Pour l'albinos il semblait même bien plus prometteur que le Royaume de Goa. Aux vues des évènements qui se déroulaient ici, de la violence ambiante, ce lieu semblait simplement plus amusant pour la jeune femme aux cheveux blancs.

      La pirate releva la tête et sortit enfin de ses pensées. La scène semblait comme suspendue. Combien de temps Kana avait-elle bien pu rester là, immobile, à réfléchir ? Cela lui arrivait relativement souvent mais cette fois c'était au tout début d'un combat. La médecin n'avait pas le souvenir d'avoir déjà fait ça. Maintenant, la quasi totalité des regards étaient fixés sur elle et son potentiel adversaire. Dans un sens, c'était assez troublant de devoir se battre dans ces conditions mais qu'à cela ne tienne, Suu avait besoin de se dérouiller. Cela faisait un long moment qu'elle n'avait pas dégainé son sabre, ce qu'elle fit d'ailleurs sans tarder. Ensuite de quoi, la jeune femme se munit de ses seringues en ouvrant sa petit sacoche. Toutes ses armes étaient à portée de main.

      Alors dis-moi, cela te convient un combat singulier contre moi ? lança l'albinos.

      Une petite pluie fine se mit à tomber, faisant résonner de petits «plics» sur l'immense décharge.
        Les hommes qui entouraient Faust s’étaient encore approchés de quelques pas, paraissant plus menaçants. Faisant craquer leurs jointures pour l'impressionner, ou s'entrechoquer leur lames entre elles.
        Mais aucun n’osait l’attaquer.
        Pour le moment. Aussi, il comptait passer à l’offensive de lui-même pour ne pas leur laisser le temps de lancer une attaque concertée lorsque quelque chose de surprenant se produisit. Une jeune femme, ayant quelques années de moins que lui seulement, apparût derrière les brutes épaisses. Peu être se tenait-elle là depuis un bon moment, en tant que spectatrice, mais jusqu’à maintenant Faust ne l’avait jamais remarquée. Et pourtant, il aurait dû. Ne se souciant pas du danger potentiel que représentaient les affreux bandits qui l’entourait, elle se faufila parmi eux sans qu’ils ne réagissent et vint se poster juste devant lui, un air indéchiffrable sur le visage. C’était la première fois qu’il voyait une femme comme ça, et sans qu’il ne sache pourquoi, il trouva qu’elle lui rappelait sa défunte femme Elisa. Mais elle possédait toutefois quelques différences notables. Ses cheveux étaient blanc comme la neige, ondulant légèrement sous la caresse de l’air, et ses yeux rouges fixaient Faust, comme tentant de percer à jour tous ses secrets. Il avait déjà vu quelques personnes de ce type en de très rares occasions. Mais jamais il n’en avait vu une aussi belle. Une albinos.
        Elle possédait un corps fin, presque fragile, autant dire tout de suite qu’elle contrastait avec le décor environnant. Des monticules de déchets, des brutes faisant tout juste parti de la race des hommes, tout semblait n’être que pourriture, même l’air sentait mauvais. Il était impensable qu'une jeune femme comme elle vive en ces lieux répugnants. On aurait dit un ange visitant les bas-fonds des enfers.
        Aussi, Faust fut encore plus surprit et ne réagit pas immédiatement lorsqu’elle dégaina un sabre aiguisé et qu’elle attrapa plusieurs seringues de son autre main, raffermissant son appui au sol sous ses pieds.


        « Alors dis-moi, cela te convient un combat singulier contre moi ? »

        Si Faut croyait être prêt à tout, ou du moins être indifférent à tout. Mais il se trompait.
        Jamais il n’aurait imaginé qu’elle vienne le défier, en face à face. Et pourtant, elle se tenait face à lui, prête à se battre et bien armée. Mais les seringues l’intriguèrent, que faisaient-elles dans sa main si c’était un combat ? A moins bien sur qu’elles ne servent à quelque chose de spécial, de bien plus dangereux que le sabre... Et de toute évidence, elle possédait des connaissances dans le domaine de la médecine, ce qui justifiait l'usage de tels instruments. Faust se promit d’y faire particulièrement attention dans les minutes à venir. Il était lui-même docteur, ou du moins il l'avait été, et il savait pertinemment que l'un de ses confrères pouvait être très dangereux avec des instruments de médecine. Il l'était d'ailleurs lui-même, pour son plus grand plaisir!
        La pluie avait commencé à tomber.
        Fine pour le moment, à peine audible. Pourtant on aurait dit que les bruits qu’elle faisait à son contact contre le sol se synchronisaient avec les battements de cœurs des deux adversaires. Elle voulait se battre. Et bien il n’avait jamais refusé une telle proposition. Et puis qui sait, peu être s’amuserait-il bien plus qu’il ne le pensait ? Jetant un coup d’œil aux brutes qui étaient en train de l’encercler, il remarqua qu’elles étaient figées par le spectacle qui se déroulait sous leur yeux. Leurs yeux ne brûlaient plus de cette rage combattive qui les animait quelques minutes auparavant. Elles n’attaqueraient donc pas pour le moment.
        Parfait.


        « Et bien je dois dire que tu me surprends… Petite femme. Je m’appelle Faust, enchanté de te rencontrer. Je ne sais pas pourquoi tu veux m’affronter, mais quoi qu’il en soit, j’accepte ton défi, et avec plaisir ! »

        Souriant pour la première fois, Faust porta sa main droite dans son dos et y dégagea sa lance de combat : Gisei no Ha, la lame du sacrifice. L'imposante lame de hachoir fixée à son extrémité brilla dans les reflets des gouttes de pluie. Quand bien même c’était une femme, il ne souhaitait pas lui faire de cadeaux. Il se battrait franchement, et n’hésiterait pas à la blesser. Mais comme il était médecin, il prendrait garde de ne pas toucher ses points vitaux : il ne souhaitait pas tuer une aussi jeune femme. Bien qu’étant apparemment d’humeur belliqueuse, elle devait avoir presque le même âge que sa femme lorsqu’elle était morte…
        Secouant la tête pour écarter ses mauvais souvenirs et se concentrer sur l'instant présent, Faust plaça sa lance horizontalement devant lui afin de se créer un périmètre de protection entre son adversaire et son corps, puis il écarta légèrement les jambes pour trouver un meilleur appui.
        Il était prêt.


        « Pouvons-nous commencer ? »



          Et bien je dois dire que tu me surprends… Petite femme. Je m’appelle Faust, enchanté de te rencontrer. Je ne sais pas pourquoi tu veux m’affronter, mais quoi qu’il en soit, j’accepte ton défi, et avec plaisir !

          Kana esquissa un léger sourire. Elle en était sûre, jamais un type comme lui refuserait de se battre. Cela aurait été assez insensé. Après il était vrai que se faire appeler petite femme était assez dégradant. Enfin, ils régleraient ça sur le tas et puis pour le moment et surtout pour une fois, l'albinos n'était pas animée d'une flamme de combattre. Elle voyait plutôt cet affrontement comme un entrainement ou plus exactement un test de soi, pour connaître ses limites et surtout les repousser, aller toujours plus loin et s'améliorer. Que ce soit en attaque ou en défense d'ailleurs, Suu manquait de technique. Elle n'avait pas encore assimilé assez de chose pour pouvoir réellement faire changer les choses. Un saut dans un Q.G et c'était fini, elle serait emprisonnée à vie. Basta.

          La médecin regarda la grande lance qu'avait sortit l'homme blond avec intérêt. Elle ne semblait pas si spéciale que ça pourtant la pirate était certaine qu'il la maniait avec une grande dextérité. La jeune femme observa sa propre arme. Un vieux sabre rouillé qui ne tranchait plus grand chose. En fait grâce à l'amélioration que Kana lui avait donné, il écrasait maintenant. Le poison dont il était recouvert suintait et glissait le long de sa lame. De manière à conserver la substance et à ne pas avoir à en refaire régulièrement, la doctoresse avait du concevoir un fourreau assez particulier, uniquement constitué de métal mais surtout imperméable. Il ne devait pas s'ouvrir au moindre choc, c'était important. L'albinos serra un peu plus la garde de son katana et releva les yeux vers son adversaire. Le combat allait s'engageait.

          Pouvons-nous commencer ?


          Mais avec le plus grand plaisir !


          Suu prenait ça comme un test. C'était d'ailleurs surement aussi l'état d'esprit du type en face. Enfin, c'est ce qu'elle pensait. Elle commença donc à courir vers lui, sabre en place. Après avoir lancé deux bistouris dans sa direction, elle dérapa dangereusement sur du verre. Perdant un peu l'équilibre, la pirate observa anxieusement son adversaire. Elle ne le trouvait plus. Ne pas avoir l'air paniqué, de toute façon ce n'était rien. Kana se rétablit donc et se stabilisa sur ses appuis. Elle jeta un regard rapide à la foule qui s'était maintenant reculée de plusieurs pas, laissant le champ libre aux deux protagonistes. La médecin croisa les yeux d'Hotaru. Il semblait assez confiant. C'était suffisant pour la jeune femme.

          Emplie d'une nouvelle confiance en elle, la doctoresse saisit un flacon dans sa sacoche. Elle retourna dans l'action et lança le petit objet de verre prêt du combattant. Il contenait un nuage d'acide qui brûlait les tissus organiques. Aussi efficace que facile à réalisait, la botaniste avait parfois du mal à s'en servir, notamment dans les combats où il y avait trop de monde, par risque de toucher un allié ou un civil. Elle profitait donc des moments comme celui-ci pour user de toutes ses créations. Les un contre un étaient toujours plus intéressants que les grandes boucheries où il n'y avait que de la chair à canon inutile. Gâcher des vies ainsi était particulièrement stupide alors qu'il suffisait d'un combat de bon niveau pour calmer la furie. Il était vrai que ce n'était pas ces sentiments qui guidait cette opposition mais quand même.

          La protagoniste s'élança à nouveau, sans réellement savoir si ses précédents assauts avaient fait mouche. Son sabre bien en main, elle comptait bien donner un coup puissant. Où était donc son adversaire qu'elle le calme un peu dans sa frénésie des combats sanglants ?
            "Mais avec le plus grand plaisir! "

            Kana lança sans attendre deux bistouris tout droit vers Faust. Le tir était précis. Assez précis pour que Faust ne doute pas un instant de l’habileté de son adversaire, mais pas assez précis pour être mortel. Un simple tir de diversion, pour jauger ses réflexes au mieux. Il évita le premier en se décalant sur le côté et para le deuxième avec le plat de l’imposante lame qui surmontait sa lance. Le fer tinta lorsque le projectile rebondit sur la lame. Ne laissant pas le temps à son adversaire de préparer un enchainement qui lui ferait perdre l’avantage, Faust décida de passer à l’attaque sans attendre, et à son tour, il envoya un scalpel en plein visage de son ennemi. Elle l’éviterait facilement, il ne lui causerait normalement aucun dégâts, ,et au pire elle perdrait une mèche de cheveux.
            Et effectivement, elle l’évita sans problème.
            Mais pas de la manière dont Faust l’avait imaginée.
            Marchant en plein sur une flaque d’eau, Kana glissa en avant ce qui lui fit baisser la tête et donc par la même occasion, éviter involontairement l’arme lancée vers elle. Faust avait marqué un temps d’arrêt devant ce coup du sort. Elle avait vraiment eu de la chance !
            Mais ne se laissant pas distraire plus longtemps, il voulut repasser à l’attaque. Mais elle s’était déjà rétablie, et alors que Faust avançait droit sur elle, elle lui jeta un objet brillant au visage. Par réflexe, pensant avoir de nouveau affaire à des bistouris, il para de sa lame, continuant sa course. Mais le bruit de l’impact fut différent. Non pas un tintement métallique, mais un bruit sec de verre brisé. Et il comprit son erreur.


            « Et merde ! »

            La fiole explosa en une dizaine de fragments de verre, dispersant son produit dans les airs. Un redoutable gaz acide capable de dissoudre la matière organique. Et si Faust n’avait pas compris de quoi il était question au début, lorsque sa peau commença à se plisser comme sous l’effet d’une brûlure il comprit immédiatement. Le produit était extrêmement corrosif, voire mortel.

            « Tss… Ça c'est de l'acide! »


            Faust n’avait que quelques secondes pour réfléchir et trouver une solution avant que le nuage d’acide n’atteigne les nerfs et autres composant important du corps humain. Il bondit hors du nuage et contre toute attente se jeta dans la flaque la plus importante qui se trouvait à proximité. S’étalant dans la flaque qui ressemblait davantage à de la gadoue qu’à une flaque d'eau limpide, il y enfouit sa tête, se frotta le corps aussi rapidement qu’il pût, pataugeant comme un enfant en bas âge. Puis, aussi vite que l’acide avait commencé à ronger son corps, l’effet s’estompa, ne laissant que des boursoufflures plus ou moins importantes selon les endroits.
            Il était couvert de boue.
            Une boue marron et collante qui recouvrait ses habits et sa peau, un véritable homme de terre !


            « C’est vraiment pas sympa de m’avoir obligé à faire ça… Mes vêtements sont bons à jeter maintenant… »


            Le contact de l'eau et de la boue avait dilué l'agressivité du produit. Mais elle n’en avait apparemment pas terminée, se préparant à lui porter un coup d’épée en pleine face. Et Faust en avait assez de rester sur la défensive, il fallait passer à l’attaque sinon il allait mourir pour de bon. Saisissant sa lance à deux mains, il chargea droit sur Kana, comptant profiter de l’avantage de la portée plus importante de son arme. Arrivé devant elle, il planta net le manche de Gisei no ha dans le sol et s’en servi comme d’une perche pour bondir au dessus de son adversaire. Le coup de lame qu’elle allait lui porter ne trancha que l’air. Mais Faust qui atterrissait dans son dos s’était saisi de huit scalpels, pour chacune de ses phalanges, et il allait frapper.
            Kana était bloquée en arrière par la lance qui l’empêchait de reculer, les seules ouvertures étaient donc sur les côtés, mais comme Faust attaquait des deux mains, elle ne pourrait donc pas esquiver !



            Spoiler:
              En fait ce qui était bien dans ce type de combat sans vraiment de sens, c'était que l'on apprenait des choses. Non seulement on s'améliorait, ce qui en fin de compte était assez logique, mais en plus on remarquait des détails, de toutes petites choses qui dans le quotidien échappait à notre vigilance. On avait beau être attentif à tout ce qui nous entourez, il n'y avait bien que dans ce type de situation qu'on se rendait compte à quel point la vie était fragile et vaine. Oui, il n'y avait que dans ces moments là que l'on comprenait réellement le vrai sens de notre existence sur cette terre. C'était d'ailleurs surement pourquoi avant Kana recherchait tant l'affrontement bien qu'elle se refusait toujours à se confronter à elle même. Il était vrai que ce n'était pas la même chose que de s'attaquer à quelqu'un et de sonder et analyser son histoire et ses propres erreurs.

              La jeune femme identifia un tas dégoulinant de boue comme étant Faust. Il avait été assez intelligent pour réagir très rapidement à l'acide apparemment... Oui, il devait être au moins médecin, si ce n'était pas expert en poisons comme Suu. L'affrontement devenait de plus en plus intéressant, ce type avait réagit exactement de la bonne façon. Enfin, au moins, la médecin l'avait touché ce qui était déjà un bon début. En fait elle n'avait pas vraiment attendu que le gars s'y mette un temps soit peu sérieusement pour sortir tout son attirail de sa trousse fourre-tout. Néanmoins il semblait évident qu'il allait réagir à ces trois attaques consécutives. L'albinos se posta donc tant bien que mal sur ses gardes, les déchets n'étant pas très stables.

              Apparemment, Kana ne s'était pas trompée puisqu'elle vit Faust prendre son élan avec sa grande lance en main. La pirate esquissa un pas de replis avant de voir avec surprise son imprévisible adversaire planter le bout de son arme dans le sol et s'en servir à la façon des meilleurs athlètes de haut niveau. Franchement, qui aurait pu deviner que ce docteur au visage blafard était aussi un professionnel de saut à la perche ? Suu fit un inutile moulinet du bras et son sabre ne trancha que de l'air, ce qui soit dit en passant était déjà pas mal, n'est-ce pas ? Cependant on pouvait bien dire que sur le coup bah la petite albinos elle était vraiment pas dans le coup si on m'excuse ce jeu de mot assez nul.

              D'un autre côté... Comment aurait-elle pu prévoir que ce dingue des sports d'athlétisme était dans les airs à ce moment précis ? En le regardant peut être ? Ah ouais en fait c'était pas si bête que ça... M'enfin, toujours était-il que quand elle leva les yeux vers Faust qui lui était dans le ciel avec une classe internationale, il était trop tard. Le type s'était déjà muni de plusieurs bistouris qu'il avait positionné entre ses doigts. C'était une façon très astucieuse de se battre, qui n'offrait, malheureusement pour la pirate sur le coup, aucune façon de s'échapper. En vitesse elle s'injecta discrètement un anti-douleur qui lui serait surement bien utile dans le cas présent. Se faire lacérer par ces petites lames lacérées n'était pas une option, Kana ne pouvait pas reculer mais elle pouvait au moins ne rien ressentir pour pouvoir répliquer sauvagement. Les pièges étaient à doubles sens après tout.

              Suu sortit une autre seringue qui cette fois contenait un liquide rouge vif. Détruire les organes des gens était une façon tellement plus simple de finir un combat, et puis en même temps, cela ne faisait pas trop de vague, c'était du travail très propre en fait ! Pas gore du tout dans le sens où voir quelqu'un cracher du sang était assez classique pour un médecin ou quelqu'un qui avait l'habitude de donner des coups, voir même d'en recevoir. La jeune femme attendait juste d'être touchée par Faust, ensuite de quoi elle répliquerait. Enfin, de toute façon la pirate avait déjà projeté de bloquer l'une des mains du jeune homme avec son épée, avec un peu de chance le poison qui la recouvrait le toucherait et ses cellules se détruiraient ainsi assez rapidement. Ce n'était pas vraiment une attaque de très grande envergure, en fait elle touchait juste l'endroit où la substance avait été déposée, mais c'était quand même bien pratique.
                Faust n'était plus qu'à quelques centimètres de Kana, ses scalpels fermement retenus par ses doigts, prêts à trancher. Les lames scintillaient parmi les gouttes d'eau qui pleuvaient autour des deux combattants, s'imprégnant dans leur vêtements et les rendant plus lourds.
                La boue qui recouvrait Faust depuis son "bain" dans la flaque avait commencé à disparaître, éliminée par les assauts incessants de la pluie à son contact. D'ici quelques minutes encore il n'y aurait presque aucune trace de boue.
                Scintillement.
                Faust repéra une lumière l'espace d'une fraction de seconde, comme un reflet argenté qu'il connaissait bien. Et il ne provenait pas du tranchant effilé de ses lames, mais d'une aiguille, rattachée à une seringue. Une seringue que Kana venait de sortir. Elle s'en injecta le contenu avant que Faust ne puisse savoir ce qu'elle contenait. Et il frappa. Ses scalpels entrèrent en contact avec leur cible, ou du moins la moitié. Le sabre de Kana en stoppa la moitié dans un tintement métallique qui fit vibrer l'avant bras de Faust au passage. Mais l'autre moitié fit mouche et s'enfonça dans son côté, le lacérant sauvagement. Aucun organe vitaux n'avait été touché, il avait visé en dessous de la rate, et il n'avait pas frappé assez profondément pour atteindre les reins. Elle s'en tirerait donc parfaitement bien, si ce n'est l'horrible douleur due à la peau et aux muscles tranchés.
                Enfin c'est ce qu'il croyait.
                Mais alors que Faust s'attendait à ce qu'elle hurle et se tienne le côté blessée, elle ne sembla même pas ressentir la moindre douleur et elle attaqua avec son sabre, sur le côté opposé. Pris au dépourvu, il n'eut pas le temps d'entreprendre une action pour bloquer la lame, et se jetant en arrière, il envoya sa main gauche droit sur la lame pour éviter que son corps ne soit atteint.
                Il stoppa la lame au prix de son avant bras. Ce dernier reçut le sabre dans le sens de la longueur, lui laissant une profonde estafilade partant de la base du coude jusqu'à l'extrémité distale de son poignet. Cette main était désormais inutilisable. Les muscles avaient été touchés, et il lui faudrait quelques semaines pour retrouver sa mobilité d'avant en suivant un traitement adapté. Il lui faudrait terminer le combat avec sa main droite. Mais pour l'heure il souffrait énormément, et s'il ne criait pas, il serrait les dents à en pâlir. Il se servit alors de sa main valide pour attraper un flacon dans l'une de ses poches sans quitter son adversaire de ses yeux, et avala son contenu d'une seule traite.
                De la Morphine.
                Dans quelques secondes, il ne sentirait plus la douleur. Cependant quelque chose attira son attention, son bras commençait à changer. En effet, les bords de la blessure commençaient à se décomposer, prenant une teinte brunâtre contrastant avec sa peau blanche.
                Poison.
                Cette Kana était une adversaire extrêmement redoutable décidément. Faust attrapa un autre flacon qu'il sortit cette fois-ci d'une de ses sacoches, une lotion désinfectante à base d'alcool à utiliser pour se désinfecter les mains avant d'opérer. Et il la versa droit sur son avant bras, après quoi il sortit un briquet d'une de ses poches arrières et l'alluma près de son bras. L'alcool ne se fit pas prier et s'embrasa violemment, brûlant la chair de Faust en un instant avant de s'éteindre dès que l'alcool fut consumé en moins de deux secondes. Son bras était brûlé, mais au moins le poison putréfiant n'avait plus d'effet.


                " Porté à assez haute température, n'importe quelle organisme meurt, ou au moins perds ses fonctions métaboliques. Cela vaut aussi pour les poisons. Ton poison est donc sans effet maintenant. "

                Cependant, bien qu'ayant réussi à neutraliser cette nouvelle attaque, il était clair que Faust n'était pas du niveau. Il avait voulu ménager son adversaire, pensant qu'elle serait plus faible que lui, mais de toute évidence elle était redoutable, et l'environnement de Grey Terminal ne devait lui poser aucun problème. Il avait déjà été blessé par son premier poison, et la il avait été obligé de mettre le feu à son propre bras pour en contrer un deuxième. Même sa lame était empoisonnée. Face à un tel adversaire il n'avait pas le choix, il fallait jouer sur la distance. Et pour cela, il n'avait pas trente-six solutions.
                Fouillant de sa main valide dans sa sacoche, il attaqua, cette fois-ci à grande échelle. Terminé les tours de passe passe et les feintes.


                " Scalpel's Rain! "

                Spoiler:

                Saisissant ses scalpels à toute vitesse, Faust les envoya dans les airs tout autour de lui, créant une véritable deuxième pluie composée de lame mortelles prêtes à s'abattre sur son ennemie. Mais Faust ne comptait pas en rester là, il s'était déjà fait avoir en ne lançant qu'une attaque et il voulait mettre toutes les chances de son côté cette fois-ci.
                Courant pour arriver jusqu'à sa lance toujours plantée dans le sol, il saisit le manche de sa main intacte et la déterra d'une torsion du buste. Et alors que les scalpels allaient atteindre leur cible, il fit tournoyer sa Gisei no Ha au dessus de sa tête et l'envoya droit sur Kana.
                Une double attaque.
                Faust éspérait que ce serait suffisant cette fois-ci.


                Spoiler:
                  En un simple instant, le combat avait tout à fait changé d'allure. Au début, cela n'aurait pu s'apparenter qu'à une simple attaque de test, afin de voir simplement l'efficacité de chacune des techniques que les deux protagonistes avaient dans leur panel respectif mais maintenant, c'était plus que ça. Le but était bel et bien de blesser, sans doute sans tuer, par respect pour la vie humaine. Enfin, c'est ce que ressentait Kana car après tout, rien n'indiquait que son adversaire soit un marine, elle n'avait donc pas de raisons particulières de vouloir en finir avec lui. Le maximum serait sans doute de l'envoyer dans les pommes.

                  Il était certain de Suu avait un avantage sur le type aux cheveux blancs. Elle ne ressentait pas les attaques qu'il lui lançait pour le moment mais cela avait un double tranchant car elle ne pouvait ainsi pas évaluer ses propres dégâts. Pour le moment l'albinos n'avait que des entailles, d'ailleurs assez profondes, du côté gauche, ce n'était pas encore catastrophique même si elles auraient sans doute préféré être désinfectées au plus tôt. Il était vrai qu'il ne faudrait pas trop tarder, car d'une part, l'effet de l'anesthésiant n'était pas indéfini et d'autre part, les microbes purulaient ici. Plus la jeune femme aurait de plaies et plus le temps de repos auquel elle devrait s'astreindre serait long.

                  La médecin releva la tête afin de voir si le poison de son sabre avait fait mouche lorsque la lame avait tranché la peau de l'autre combattant. Cela semblait être le cas mais il avait une solution toute trouvée. Jamais Kana n'avait encore affronté d'adversaires sachant comment s'en sortir face à ses poisons. Ce gars avait de la technique et de l'instinct. Mais il ne manquait également pas de cran : se brûler le bras pour le débarrasser des substances organiques était très bien joué mais combien de temps pourrait-il tenir ? Certainement plus de temps que prévu en tout cas... Il semblait avoir compris qu'il n'arriverait à rien en tentant des attaques au corps à corps. Heureusement pour lui d'ailleurs.

                  Maintenant, le protagoniste lançait sa contre attaque. Il était évidement trop loin pour que la pirate puisse utiliser ses seringues mais de toute façon, elle trouverait bien un moyen de se rapprocher de lui, d'une façon ou d'une autre. Une nuée de scalpels couvrit soudainement une large zone, qui empêcherait sans doute la jeune femme d'avoir le temps de fuir sans être blessée. L'adversaire enchaina avec le lancé de sa grande lance aux allures assez étranges. Elle avait été envoyée avec une vitesse assez impressionnante, si jamais Suu venait à se faire toucher par sa grande lame, elle ne donnait pas cher du reste de sa petite peau. Il valait mieux opter pour la lacération encore une fois. Mais... Comment réduire les dégâts ?

                  Kana serra le pommeau de son sabre et sortit également un bistouri. Vraiment, ce gars l'obligeait à combattre comme elle ne l'avait encore jamais fait. L'albinos commença à courir à toutes allures, en restant au possibles sur ses gardes. De toute façon, elle ne ressentait pas lorsqu'une lame la transperçait et avait réussi à éviter la grande lance super dangereuse. Il faudrait évaluer les dégâts plus tard. La pirate fit dévier l'un des dards et continua son élan, sans s'arrêter. Elle plongea ensuite derrière une pile de détritus et attendit la fin de l'assaut en regardant les quelques trucs coupants qui trainaient dans sa chair. Il y en avait six... On avait déjà vu mieux. Heureusement qu'aucun d'entre eux n'avait touché un point vital ! Ouais enfin... L'un d'entre eux avait tout de même fait pas mal de bobos, voilà que la médecin ne pouvait plus bouger son bras gauche. La merde ! Les nerfs ne répondaient plus du tout...

                  La pirate se fraya un chemin à travers la décharge vers son adversaire qui se demandait surement où elle était passée. Le but était de se rapprocher, c'était assez simple mais tellement plus avantageux pour elle. La doctoresse voulait bien laisser un avantage à l'autre type mais de là à y laisser la vie, il en était hors de question ! Elle jaillit donc d'une pile de détritus assez répugnant, tenant dans sa main un bistouri qu'elle lança immédiatement pour se saisir ensuite une seringue pour brûler le type aux cheveux blancs. Son sabre devait être quelque part dans le coin mais elle l'avait lâché en étant touché par l'un des scalpels. Sans même le sentir. L'anesthésie était parfois super chiante quand même !
                    Kana s'était élancée... Dans le vide et après s'être mangé une pile de poubelles bien coulantes et avoir roulé sur plusieurs mètres, elle put enfin reprendre le contrôle et se relever. Elle était tachée de partout et empestait particulièrement. Une vieille noble avait du jeter de la graisse en même temps que d'autres crasses ce qui avait pour résultat plutôt ragoutant une coupe de cheveux version pas de lavage depuis deux semaines. Les mèches blanches pesaient singulièrement sur les tempes de l'albinos mais vu qu'elle n'avait pas grandi dans le luxe, elle saurait bien supporter l'affaire le temps d'un combat. D'ailleurs, où était passé son adversaire et surtout, pourquoi n'avait-il pas profité de sa chute pour l'attaquer ? C'était quelque chose qui se voyait beaucoup chez les pirates et Suu doutait que ce gars aurait attendu bien gentillement, après tout aucun d'eux n'avaient envie de mourir et pourtant, ils avaient que respectivement, leurs vies étaient en jeu et pour reprendre ce mot, ils avaient arrêté de jouer au chat et à la souris.

                    La jeune femme chercha l'autre combattant des yeux puis vit Hotaru lui faire signe de se baisser. Elle obtempéra sans comprendre puis entendit des cris et découvrit avec surprise que tous les spectateurs avaient pris la poudre d'escampette. Bien que la situation était de plus en plus étrange, la médecin fit ce qu'on attendait visiblement de quelqu'un dans sa position et se mit à ramper aussi discrètement que possible vers son frère, se frayant un chemin à travers les chaussettes sales et trouées et les vieux meubles en pièces détachées. Des bruits de pas se rapprochèrent et la pirate se figea, à l'abri entre un frigo et une pile de casseroles hors d'usage avant de reconnaître les bottes des soldats de la marine. Que faisaient-ils dans un coin qui n'avait visiblement aucun soutien du Gouvernement ? La doctoresse attendit que le danger fut écarté pour reprendre sa course lente puis dès qu'elle le put, elle passa derrière une pile de déchets et rejoignit Ayami au pas de course en lui demandant ce qui s'était passé.

                    J'ai pas tout compris, apparemment ils ont remarqué notre embarcation et sont partis dans l'optique de la brûler, ils ne veulent pas que des informations filtrent d'ici et que les conditions de vie de Grey Terminal se propagent tu comprends, ça ferait tache à côté du Royaume de Goa...

                    Je ne comprends que trop bien leur façon de penser... Je pense qu'on va avoir du mal à repartir maintenant.

                    Hotaru opina puis commença à sortir des bandages et du désinfectant avant de soigner sa soeur qui grimaçait en voyant son état, chaque plaie étant un peu plus grande, crasseuse et profonde que la précédente. Kana se demandait comment allait son adversaire. Si il lui avait donné son nom, elle l'avait déjà oublié mais en tout cas, son visage resterait dans sa tête pourtant, il y avait tant de gens dont elle n'avait rien oublié, des rencontres exceptionnelles depuis qu'elle était gamine mais jamais elle n'avait re-croisé l'un d'entre eux... La jeune femme pria pour qu'ils soient encore en vie et qu'elle puisse les revoir un jour. L'envie d'aller sur Grand Line venait aussi de là, la perspective de revoir tout le monde car elle ne doutait pas que chacun d'eux soit devenu très fort. Repensant à la conversation qu'elle avait eu avec son frère au sujet d'un ours en peluche, la jeune femme plongea machinalement la main dans sa sacoche et frôla une poupée. Cette personne là, elle ne s'en souvenait que très vaguement mais d'un certain côté, elle lui avait redonné espoir en la vie.

                    Bon, du coup on essaye de rassembler des planches et on trouve un endroit pour dormir ?

                    Bah... Je pense que la démonstration que tu as donné tout à l'heure va nous aider à nous loger.

                    Sans doute, on commence les recherches alors ?

                    No problem !

                    Les deux comparses se frayèrent un chemin à travers les détritus, bien loin de leurs idées de tourisme précédentes.