-Bonjoooouuuuur! Excusez moi, le bureau des inscriptions, c’est par où ?
Vision inhabituelle au sein de la grande base centralisatrice de la marine de North. Sigurd Dogaku qui venait de passer les portes de l’énorme hall d’accueil dédié aux civils, en compagnie de son éternelle partenaire, Evangeline Haylor. Deux personnages qu’on connaissait très bien dans les environs, depuis le dangereux épisode de Panpeeter. Ils s’étaient par la suite illustrés à quelques reprises, même si jamais à un tel niveau. Dans tous les cas, on savait qu’ils disposaient tous deux de grands talents qui pourraient très bien être mis à contribution dans leurs institutions. Ils avaient su faire parler d’eux en bien, on avait pu les voir et apprécier de visu ce qu’ils valaient, et même leur faire quelques propositions qu’ils avaient déclinées. Alors, les voir enfin venir ici…
Un administratif s’approcha d’eux, tout sourire. Il avait un excellent à priori sur les deux personnages, et se réjouissait d’avance qu’ils se décident enfin à rejoindre l’organisation mondiale qui se chargeait de maintenir l’ordre et la quiétude dans le monde. Il avait là deux talents qui trouveraient excellent usage dans la marine. Et c’était toujours beau à voir. Bien plus que les flots de personnes désoeuvrées, parfois à l’écart de tout, qui finissaient ici parce qu’ils n’avaient pas trouvé beaucoup d’autres alternatives qui leur convenaient.
Malheureusement, sa joie fut de bien courte durée. Evangeline avait déjà essayé d’émettre quelques objections, mais c’est son compagnon qui régla le quiproquo. Car c'est à cet instant, à cet instant seulement, que Dogaku comprit ce qu'il se passait. Haylor avait pu le lire sur son visage, et se rasséréna tout de suite. Elle n'avait pas envie que l'autre se mette à signer n'importe quoi.
-Ah non, nous on est là pour le bureau chasseur de primes, pardon. On ne souhaite pas rejoindre la marine.
-HEEEEEEEEEEEEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN ?
Les marines le considérèrent bizarrement. Tous, ou presque tous dans le service, s'interrompirent dans ce qu'ils faisaient pour étudier les deux civils plus en détail. Ils avaient l'air un peu gênés de recevoir tant d'attention, mais ne donnaient pas l'impression de plaisanter. Ni de souhaiter revenir sur leurs paroles. Ce qui leur paraissait absurde. Avec ce que l'on savait d'eux, Haylor et Dogaku avaient tout ce qu'il fallait pour être d'excellents officiers supérieurs dans la marine. Gérer des hommes et des ressources, identifier de vrais problèmes, trouver des solutions, suivre des règles morales fortes assouplies par un jugement éclairé, prendre les bonnes décisions même quand il n'y en avait pas d'apparentes, se soucier de l'humain et prendre soin de l'inspirer, savoir tout ce qu'il faut sur la navigation et le militaire...
À eux deux, ils savaient faire tout ça. Et ils le faisaient bien mieux qu'énormément de monde. Ça n'était pas pour rien, qu'on leur proposait à l'occasion de s'engager quand ils réussissaient à s'illustrer auprès de la marine.
Mais des chasseurs de primes, par contre... ils n'avaient pas du tout ce profil. Personne ne comprenait. Et c'est en lisant ça sur leurs visages que Sigurd expliqua:
-Bah eh, c'est pas avec une solde de militaire que je vais faire tourner HSBC, hein.
L'argent. L'une des plus terribles sources de motivation en ce bas monde. Le comportement des militaires changea du tout au tout lorsqu'ils entendirent ça. Avec le faux espoir qu'ils avaient eu, c'était maintenant une déception, une insatisfaction qui s'installait. L'un d'eux interrogea Sigurd, pour essayer de comprendre. La réponse du civil fut très simple.
-Laissez tomber. Même si j'avais à hésiter entre une solde d'amiral en chef ou la possibilité de récupérer une prime à 20 millions... et ça a presque l'air de courir les rues... en plus c'est totalement défiscalisé... y'a pas photo, marine c'est nul. Du moins, c'est vachement pas incitatif. Après vous faîtes souvent des trucs très bien, ça je dis pas. Mais bénévole, je fais que quand ça m'intéresse. Du coup ok, quand je faisais ce que j'voulais je pouvais m'en moquer... et décider de faire mes trucs. Ça a été HSBC, Santagricole. Mais maintenant que je cherche à faire du fric sans sourciller? C'est pas vers vous que je vais me tourner. Vous avez beaucoup d'avantages en nature, mais je fais déjà mieux que ça.
Ça n'était pas bien dur. Pendant très, très longtemps, Sigurd avait souhaité amasser de l'argent pour monter ses projets. Projets en lien avec la Santagricole, mais surtout, avec ceux de Santa Klaus et de l'Esprit de Nowel. Il avait pourtant bien vite découvert que rien ne pourrait se faire s'il n'accumulait pas énormément de millions de berries, ce qu'il avait donc fait. Comportement exacerbé par le fait qu’il avait bien compris que personne ne lui ferait jamais le moindre cadeau pour ça. Et devenir chasseur de primes était tout simplement une façon de plus d'y parvenir.
Mais ça, c'était simplement ce qu'il avait prit le temps d'expliquer à sa partenaire, ainsi qu'à quelques autres qui voulaient bien l'entendre. Ce qui n'était pas le cas de cette assemblée. Pour tous les marins ici présents, les choses étaient bien différentes. Et on ne peut plus simple. Sigurd était un rat. Un rat cupide, un parasite avide d'argent. Leurs expressions, leurs attitudes le montraient facilement.
-Et votre titre d'amiral?, essaya l'un d'eux en plaisantant.
-Ne vous moquez pas d'moi, répondit Dogaku de bonne humeur, vous me ferez commencer lieutenant à tout casser et je devrais cirer les pompes de je ne sais qui pour espérer monter alors que je serais plus compétent que cette personne. Ça sera une énorme perte de temps. Et ça ne s'arrêtera pas. Jusqu'à ce que ça m'ait pompé toute mon énergie et que je n'en sois plus capable parce que les gens seront aussi bons que moi mais plus anciens ou plus appréciés et que je n'auraisplus envie de lutter. Vais faire mes trucs tout seul plutôt, merci.
Voilà ce qu'il était. Un bourgeois arrogant. D'un irrespect total. Condescendant et supérieur. Dénué d'humilité. Son discours venait de refroidir toute l'amabilité que les militaires avaient pour lui. Sigurd n'était pas un potentiel soldat. C'était un mercenaire. Et tous savaient que la différence entre un mercenaire et un traître n'était que la valeur qu'ils accordaient à leur temps. Un soldat pouvait donner sa vie pour sa mission s'il le fallait. Un mercenaire se contentait de se faire payer jusqu'à ce qu'on le confronte à quelque chose de bien trop grand pour lui. Alors il se retirait comme un voleur, afin de faire de bonnes affaires plus loin.
Dans la marine, on ne voulait pas de ça. Voilà pourquoi un employé se chargea d'accompagner les aspirants chasseurs de primes loin du bureau de recrutement de la marine. D'autres candidats étaient présents, et le discours de Dogaku n'était pas spécialement ce qu'on l'on souhaitait qu'ils entendent.
Et une fois emmenés dans le bon service...
-Alors, je ne sais pas comment ça se passe, la suite. On a de jolis dossiers qu'on a remplis amoureusement pour l'occasion... faut qu'on paye deux millions... j'imagine que vous voulez un chèque pour chaque dossier?
-Ça fait partie des pièces, oui.
-Reste donc que... parait qu'il faut qu'on fasse nos preuves. Accomplir une mission, mener à bien une tâche, capturer un pirate... à vous de nous dire ce qu'il faut faire. C'est pas vraiment ce qui prendra du temps, mwarharh. Qu'est ce que vous en dîtes?
-Donnez moi ce dossier et je vais vous faire vos cartes, ouais. Ensuite vous pourrez repartir. On va faire ça très vite.
-Avec plaisir. Haylor, un truc à ajouter, des fois que j'aurais oublié..?
-J'ai déjà vérifié tout ce que je voulais. Et vous avez été très bien. Je n'ai rien à ajouter.
-Chouette. Du coup quand vous voulez, on va attendre dans un coin.
-C'est ça...
Vision inhabituelle au sein de la grande base centralisatrice de la marine de North. Sigurd Dogaku qui venait de passer les portes de l’énorme hall d’accueil dédié aux civils, en compagnie de son éternelle partenaire, Evangeline Haylor. Deux personnages qu’on connaissait très bien dans les environs, depuis le dangereux épisode de Panpeeter. Ils s’étaient par la suite illustrés à quelques reprises, même si jamais à un tel niveau. Dans tous les cas, on savait qu’ils disposaient tous deux de grands talents qui pourraient très bien être mis à contribution dans leurs institutions. Ils avaient su faire parler d’eux en bien, on avait pu les voir et apprécier de visu ce qu’ils valaient, et même leur faire quelques propositions qu’ils avaient déclinées. Alors, les voir enfin venir ici…
Un administratif s’approcha d’eux, tout sourire. Il avait un excellent à priori sur les deux personnages, et se réjouissait d’avance qu’ils se décident enfin à rejoindre l’organisation mondiale qui se chargeait de maintenir l’ordre et la quiétude dans le monde. Il avait là deux talents qui trouveraient excellent usage dans la marine. Et c’était toujours beau à voir. Bien plus que les flots de personnes désoeuvrées, parfois à l’écart de tout, qui finissaient ici parce qu’ils n’avaient pas trouvé beaucoup d’autres alternatives qui leur convenaient.
Malheureusement, sa joie fut de bien courte durée. Evangeline avait déjà essayé d’émettre quelques objections, mais c’est son compagnon qui régla le quiproquo. Car c'est à cet instant, à cet instant seulement, que Dogaku comprit ce qu'il se passait. Haylor avait pu le lire sur son visage, et se rasséréna tout de suite. Elle n'avait pas envie que l'autre se mette à signer n'importe quoi.
-Ah non, nous on est là pour le bureau chasseur de primes, pardon. On ne souhaite pas rejoindre la marine.
-HEEEEEEEEEEEEIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIN ?
Les marines le considérèrent bizarrement. Tous, ou presque tous dans le service, s'interrompirent dans ce qu'ils faisaient pour étudier les deux civils plus en détail. Ils avaient l'air un peu gênés de recevoir tant d'attention, mais ne donnaient pas l'impression de plaisanter. Ni de souhaiter revenir sur leurs paroles. Ce qui leur paraissait absurde. Avec ce que l'on savait d'eux, Haylor et Dogaku avaient tout ce qu'il fallait pour être d'excellents officiers supérieurs dans la marine. Gérer des hommes et des ressources, identifier de vrais problèmes, trouver des solutions, suivre des règles morales fortes assouplies par un jugement éclairé, prendre les bonnes décisions même quand il n'y en avait pas d'apparentes, se soucier de l'humain et prendre soin de l'inspirer, savoir tout ce qu'il faut sur la navigation et le militaire...
À eux deux, ils savaient faire tout ça. Et ils le faisaient bien mieux qu'énormément de monde. Ça n'était pas pour rien, qu'on leur proposait à l'occasion de s'engager quand ils réussissaient à s'illustrer auprès de la marine.
Mais des chasseurs de primes, par contre... ils n'avaient pas du tout ce profil. Personne ne comprenait. Et c'est en lisant ça sur leurs visages que Sigurd expliqua:
-Bah eh, c'est pas avec une solde de militaire que je vais faire tourner HSBC, hein.
L'argent. L'une des plus terribles sources de motivation en ce bas monde. Le comportement des militaires changea du tout au tout lorsqu'ils entendirent ça. Avec le faux espoir qu'ils avaient eu, c'était maintenant une déception, une insatisfaction qui s'installait. L'un d'eux interrogea Sigurd, pour essayer de comprendre. La réponse du civil fut très simple.
-Laissez tomber. Même si j'avais à hésiter entre une solde d'amiral en chef ou la possibilité de récupérer une prime à 20 millions... et ça a presque l'air de courir les rues... en plus c'est totalement défiscalisé... y'a pas photo, marine c'est nul. Du moins, c'est vachement pas incitatif. Après vous faîtes souvent des trucs très bien, ça je dis pas. Mais bénévole, je fais que quand ça m'intéresse. Du coup ok, quand je faisais ce que j'voulais je pouvais m'en moquer... et décider de faire mes trucs. Ça a été HSBC, Santagricole. Mais maintenant que je cherche à faire du fric sans sourciller? C'est pas vers vous que je vais me tourner. Vous avez beaucoup d'avantages en nature, mais je fais déjà mieux que ça.
Ça n'était pas bien dur. Pendant très, très longtemps, Sigurd avait souhaité amasser de l'argent pour monter ses projets. Projets en lien avec la Santagricole, mais surtout, avec ceux de Santa Klaus et de l'Esprit de Nowel. Il avait pourtant bien vite découvert que rien ne pourrait se faire s'il n'accumulait pas énormément de millions de berries, ce qu'il avait donc fait. Comportement exacerbé par le fait qu’il avait bien compris que personne ne lui ferait jamais le moindre cadeau pour ça. Et devenir chasseur de primes était tout simplement une façon de plus d'y parvenir.
Mais ça, c'était simplement ce qu'il avait prit le temps d'expliquer à sa partenaire, ainsi qu'à quelques autres qui voulaient bien l'entendre. Ce qui n'était pas le cas de cette assemblée. Pour tous les marins ici présents, les choses étaient bien différentes. Et on ne peut plus simple. Sigurd était un rat. Un rat cupide, un parasite avide d'argent. Leurs expressions, leurs attitudes le montraient facilement.
-Et votre titre d'amiral?, essaya l'un d'eux en plaisantant.
-Ne vous moquez pas d'moi, répondit Dogaku de bonne humeur, vous me ferez commencer lieutenant à tout casser et je devrais cirer les pompes de je ne sais qui pour espérer monter alors que je serais plus compétent que cette personne. Ça sera une énorme perte de temps. Et ça ne s'arrêtera pas. Jusqu'à ce que ça m'ait pompé toute mon énergie et que je n'en sois plus capable parce que les gens seront aussi bons que moi mais plus anciens ou plus appréciés et que je n'auraisplus envie de lutter. Vais faire mes trucs tout seul plutôt, merci.
Voilà ce qu'il était. Un bourgeois arrogant. D'un irrespect total. Condescendant et supérieur. Dénué d'humilité. Son discours venait de refroidir toute l'amabilité que les militaires avaient pour lui. Sigurd n'était pas un potentiel soldat. C'était un mercenaire. Et tous savaient que la différence entre un mercenaire et un traître n'était que la valeur qu'ils accordaient à leur temps. Un soldat pouvait donner sa vie pour sa mission s'il le fallait. Un mercenaire se contentait de se faire payer jusqu'à ce qu'on le confronte à quelque chose de bien trop grand pour lui. Alors il se retirait comme un voleur, afin de faire de bonnes affaires plus loin.
Dans la marine, on ne voulait pas de ça. Voilà pourquoi un employé se chargea d'accompagner les aspirants chasseurs de primes loin du bureau de recrutement de la marine. D'autres candidats étaient présents, et le discours de Dogaku n'était pas spécialement ce qu'on l'on souhaitait qu'ils entendent.
Et une fois emmenés dans le bon service...
-Alors, je ne sais pas comment ça se passe, la suite. On a de jolis dossiers qu'on a remplis amoureusement pour l'occasion... faut qu'on paye deux millions... j'imagine que vous voulez un chèque pour chaque dossier?
-Ça fait partie des pièces, oui.
-Reste donc que... parait qu'il faut qu'on fasse nos preuves. Accomplir une mission, mener à bien une tâche, capturer un pirate... à vous de nous dire ce qu'il faut faire. C'est pas vraiment ce qui prendra du temps, mwarharh. Qu'est ce que vous en dîtes?
-Donnez moi ce dossier et je vais vous faire vos cartes, ouais. Ensuite vous pourrez repartir. On va faire ça très vite.
-Avec plaisir. Haylor, un truc à ajouter, des fois que j'aurais oublié..?
-J'ai déjà vérifié tout ce que je voulais. Et vous avez été très bien. Je n'ai rien à ajouter.
-Chouette. Du coup quand vous voulez, on va attendre dans un coin.
-C'est ça...