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Une affaire de contrebande - Part III


- Par où commencer, lieutenant ?
- Pas trop le choix, sauf si tu veux tout débroussailler avec la force de tes bras, mais tu ne m’as pas l’air d’en être capable.
- C’pas cool, lieutenant, dit un soldat en pleurant.
- Suivons ce sentier, messieurs, s’il est tracé c’est qu’il doit bien mener quelque part.
- Pas bête, ça tient la route.
- Vous êtes vraiment perspicace, lieutenant.


    Vraiment pas des malins dans la Marine, je comprend presque quand les pirates prennent le dessus sur nous, malgré que certains ne soient vraiment que des brutes sans cerveau. Sinon, une île assez étrange, puisque la végétation est vraiment dense - à tel point que la luminosité ne passe pas - et que la circulation des chemins de terre est vraiment délicate. En d’autres termes, si l’on veut faire au plus vite, nous sommes obligés de suivre un chemin qu’on ne connaît pas, vers un lieu qui sera peut-être celui de notre mort. À choisir, je serais bien resté sur le navire, mais bon.

    Cette situation ne me plaît pas du tout, pensais-je à cet instant. Inutile d’effrayer davantage les soldats, je pense que le lieu en lui-même doit suffisamment solliciter leur imagination. Le gouvernement n’a pas la main mise sur cette île, aucune garnison n’y est jusqu’à présent, ça nous aurait été d’une grande aide. J’appréhende beaucoup le contact avec les types du coin, ils savent se défendre tout seul et je ne suis pas certain qu’ils apprécient la venue d’étrangers, surtout la marine. En effet, c’est rarement bon signe quand on arrive, je me dois de l’avouer.

    Oh ? Sympathiques ces petits éclairages. Des petites lumières autour de nous, je pense que ce sont des yeux d’animaux qui ont dû s’adapter à ce milieu sombre. D’autres passent devant nous, s’arrêtent quelques instants, pis repartent dans la broussailles. Des battements de hache se font entendre au fil de notre marche, ça résonne un peu partout, on ne peut vraiment localiser la source du bruit. On continue d’avancer avec prudence sur ce long et interminable sentier. Je ne sais pas trop combien d’heures et de minutes se sont écoulées depuis le début notre marche, notre perception du temps est troublée par le manque de lumière, on ne ressent que la fatigue comme indicateur.


Tenez bon, messieurs. Vous entendez ? On approche du but.

    Fait chier ! Je déteste mentir, et là, je crois que c’est pour une bonne raison, le moral des troupes est presque au plus bas, à cause de cet effort éprouvant. Mais à ma plus grande surprise, quelques minutes plus tard, il semblerait que nous arrivons à l’entrée d’un village. On aperçoit des personnes qui portent des rondelles de bois, d’autres qui trainent à plusieurs des arbres coupés, grâce à un système à roues. Lorsqu’ils remarquent notre présence, ils se figent, certains visages se décomposent, c’est très mauvais signe. Des discussions s’entament entre les villageois, d’autres commencent à courir, des cris, des pleurs, les soldats commencent à perdre patience et à tenir leurs armes, j’ordonne immédiatement de les abaisser.


- LA MARIIIIIIIINE !!!
- DU SANG VA ENCORE COULER !
- PROTÉGEZ VOS FEMMES ET ENFANTS, PRÉVENEZ LE MAIRE !
- Hein ? Mais… Mais qu’est-ce qu’ils racontent ?


Je crois un peu mieux saisir la situation.

- Hm. Endaur, n’est-ce pas ? Vice-lieutenant, dites-moi si je me trompe, mais cette île a été le lieu d’un véritable bain de sang il y a de ça quelques mois ?
- Tout juste. Il semblerait que le pirate Izumi a pu s’en tirer sans sans que l’on sache comment.
- Soldats, reculez et soyez attentifs aux ordres du vice-lieutenant, aucun bain de sang n’est prévu à ce jour. Je préfère attendre leur « maire ».
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- Monsieur le Maire ?
- Déguerpissez d’ici, on a rien à voir dans vos histoires, on n’fait que couper du bois nous !
- Je ne peux accéder à votre requête. Un commerce de produits contrefaits commence à se développer, nous avons suivis quelques-uns d’entre eux jusqu’ici…
- Écoutez, j’veux pas d’ennuis avec qui que ce soit, les familles ont beaucoup trop soufferts.
- Votre sécurité passe avant la réussite de notre mission, je m’en porte garant.

- Il s’enflamme un l’lieutenant, nan ?
- J’sais pas trop à quoi il joue, mais faisons-lui confiance, il a toujours prit les bonnes décisions jusqu’à présent.
- C’clair.


    L’homme le plus fort de ce village semble plus apaisé et un peu conciliant avec moi. Je ne compte lui mettre à l’envers, je protégerais vraiment les habitants de cette île, qui pour le coup, n’ont vraiment rien demandés. En quelques instants, j’ai ressenti toute la détresse de ces familles, ayant presque l’impression de ressentir une certaine forme de tristesse et de haine, pour le semblant de malheur qu’on leur a apporté. Pour une raison évidente, je suis le seul à pouvoir entre dans le village, laissant tous mes hommes derrières, sous les ordres du vice-lieutenant. Ils établissent un petit campement où ils se reposent un peu.

    Le maire m’emmène dans une… cabane ? Je ne sais pas trop ce que c’est, son habitat ou simplement son garde-outils, mais c’est assez reculé des autres habitations du village, donc discret. On s’installe face à face avec une table qui nous sépare. Quand j’observe la musculature de l’individu, je comprend un travail acharné au quotidien, coupant et soulevant des arbres à longueurs de journées, ça fait les bras. J’analyse mais rien ne se passe, attend-t-il peut-être que je prenne la parole ?


- Bien. Vous connaissez cette forêt par coeur, alors vous avez bien dû remarquer qu’un nombre d’individus se sont installés sur cette île, non ? Peut-être même que vous avez pu les voir en flagrant délit de possession de produits contrefaits ?
- Tout c’que j’peux vous dire, c’est qu’ils sont au moins du même nombre que vos hommes et très armés… J’ai tenté de les faire partir mais en vain, alors pour le bien de mon peuple, je peux vous mener à eux.
- Vous êtes courageux de vivre en autarcie, la richesse que vous possédez attire les pirates, songez toute de même à une protection de gouvernement.


Après ces belles paroles, nous quittons ce cabanon et rejoignons le reste de la troupe, presque prête à partir en guerre.
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    - Et voilà messieurs, j’préfère pas vous accompagner plus loin, je n’aimerais qu’ils pensent que je vous aide.
    - C’est pourtant le cas… Merci de nous avoir amené ici. S’il y a le moindre problèmes, signalez-le nous d’une façon ou d’une autre, nous viendrons immédiatement vous soutenir.


    Nous sommes passés en par des chemins assez inattendus, que l’on pensait même impossible à franchir, mais c’est différent vu d’un peu plus près. D’après notre guide de fortune, il ne nous reste plus qu’à débroussailler les quelques plantations face à nous, et le village des contrebandiers se présentera à nous. L’épaisseur est peu importante, mais on prend tout de même le temps pour ne pas tomber dans un piège, ou pire encore, éveiller les soupçons des bandits qui rodent aux alentours.


    Nous-y sommes, dis-je en rabaissant la longue-vue de mes yeux. En l’état, l’espace en lui-même n’a rien de spécial, il a seulement était rasé, sinon il serait recouvert de végétation. L’arrivée des individus est récente, puisque la présence importante de tantes et presque nulle de constructions est flagrante. J’ose espérer qu’ils ont pour projet de construire un véritable village, même s’ils n’y resteront que peu de temps, étant donné leurs nombreux voyages à travers le monde. Mais que dis-je ? Tout cela ne sera plus qu’un passé lointain pour ces jeunes gens.


    La stratégie, car il en faut une, je ne sais toujours pas. Diriger une troupe n’est pas mon fort, j’aime agir en solitaire et avoir les membres libres, ne pas avoir de responsabilités, me foutre dans la merde si l’envie me prend. Là, je dois diriger des hommes, m’assurer qu’ils respectent bien les consignes, qu’ils ne mettent pas leur vie en danger, en ramener le maximum vivant possible. J’apprécie mes petits soldats, je donnerais ma vie pour chacun d’entre eux, mais bon, je pense qu’il n’y a rien de mieux que le travail fait par soi-même.


    - Messieurs, répartissez-vous discrètement autour du petit village, je pense que le champ de tir est suffisamment ouvert, puisqu’il n’y aucune protection ou rempart. Je vais me mettre à découvert, attirer l’attention des malfrats, alors n’hésitez pas à tirer si la situation me devient incontrôlable, et seulement si ça devient incontrôlable, compris ? Apriori, je pense que vous ne risquez rien dans un premier temps, puis lorsqu’ils remarqueront que vous êtes cachés juste derrière, ils tireront à leur tour, sortez et attaquez-les avant qu’ils le fassent. Bon courage à tous, on se revoit après la bataille, enfin seulement pour ceux qui survivront.


    J’esquisse un regard machiavélique qui perturbe certains d’entre eux, pas vraiment malin avant une bataille, j’aurais dû les encourager plutôt que de les effrayer. Pis après tout, ils connaissent mon humour depuis le temps, ce n’est pas la première blague de ce genre que je sors. Toutefois, il est temps pour moi de prendre les responsabilités, je me relève et prend place dans le campement des présumez bandits. La lumière passe ici, normal vu que les grands arbres ont été coupés pour faire place aux « aménagements ». La nuit tombe, donc.


    Il est temps de faire sortir le loup de sa tanière, non ? Je demande à haute voix s’il y a quelqu’un, histoire de voir si on ne fait tout ça pour rien, sait-on jamais. Dans un premier temps, que dalle, pis c’est seulement dans un second temps que des types armés se ramènent. Des bandanas, des sabras, des pistolets, des fusils, des haches, certains ont encore une bouteille à la main, des putains de pirates, tout ce que je déteste. Je pense qu’ils tentent de m’intimider en tournant autour de moi, tout en faisant frotter leurs lames entre elles, pourquoi pas après tout. Je les regarde d’un air embêté en me grattant la tête.


    - Qu’est-ce qu’un marin fou ici ?
    - Dégage de là avant qu’on ne te tue !
    - Il a grillé notre planque, on ne peut plus le laisser s’en aller…
    - Je ne compte pas m’enfuir.
    - T’as dis quoi l’marin ?
    - J’aimerais voir votre boss, si ce n’est pas trop demandé, puisque je vais mourir de toute façon.
    - Mouahahahaha.
    - Ai-je dis quoique ce soit d’amusant ? Je ne m’en rappelle pas.
    - MOU-RIR. Tu vas mourir sans voir notre boss, c’clair ?


    Sans prendre la peine de leur répondre, je me retourne vers l’obscure broussaille et j’acquiesce d’un hochement de tête. Des tirs fusent, des corps tombent, des hommes se ramènent.
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    Ce que je ne souhaitais pas arriva, les marins s’élancent avec bravoure, tandis qu’une meute de bandits viennent également faire face. Je suis tenté de stopper mes hommes, sauf que ceux d’en face ne s’arrêteront pas. Tenter une formation me tente également, sauf que s’ils n’abattent d’un coup tous les opposants, le temps de recharger, c’est cuit. Une formation de tir avec des hommes à l’épée derrière ? Bien sûr. Mais le temps que je leur explique, je vous laisse imaginer ce qu’il se passera, je déchante vite. Ta gueule et attaque, Ethan.

    Je dégaine ma lame et fonce droit devant moi, je ne me soucis guère de ce qu’il y a autour, mais je n’oublie mon objectif : retrouver le chef de ce réseau qui se cache forcément dans le coin. Je ne crois pas qu’il soit du genre à intégrer ce genre de batailles, du fait qu’il doit faire tourner son commerce, je dirais donc qu’il tente de prendre la fuite. Mais où se trouve-t-il en ce moment même ? Je l’ignore et je compte bien le trouver, l’échec n’est pas envisageable, surtout après un tel voyage. Pis c’est notre devoir de rendre le monde plus propre.

    Je m’élance avec mes petits pas, peu d’amplitude mais beaucoup de fréquences, me permettant d’aller vite sans trop impulser. De part ma petite taille, je me faufile facilement entre les types, je tente de franchir les premières rangées que je laisse à mes hommes. Le problème - pas marrant sinon - est que les types ne pensent forcément à me laisser tranquillement passer entre eux, et finissent même par m’attaquer, quel dommage… Dommage pour ces braves chiens, hein. Je veux dire sans grande prétention que je ne compte pas perdre contre ces minables.

    L’un arme son coup, j’en profite pour lui coller un puissant chassé au niveau de l’abdomen, pis un autre pense que je ne sens pas coup de sabre venir, je le pare avec ma lame et je le repousse avec hargne. Je m’aperçois que plusieurs coups risquent de m’atteindre en même temps, j’abaisse aussitôt mon centre de gravité, commençant une rotation au début lente, qui finit par s’accélérer assez rapidement. C’est alors que je deviens une toupie humaine qui tourne autour de ses hommes, une toupie tranchante qui entaille toutes les guiboles à proximité de moi, soit celles des idiots qui m’attaquaient.

    - Vice-lieutenant, je vous laisse les pleins pouvoirs, je file à la recherche du chef.
    - Mais…


    Je ne lui laisse pas le temps d’argumenter la moindre phrase, je suis déjà dans le campement en train de fouiller les moindres recoins de celui-ci. Je défonce les portes des quelques baraquements  : vides. À tous les coups, le type que je recherche était dans l’un d’entre eux, mais il a dû prendre quelques affaires et fuir. Je fouille les tantes, sait-on jamais, mais toujours rien d’intéressants jusqu’à ce que dans l’une d’entre elles, je crois discerner une silhouette cachée sous un tas de couverture. Un léger coup de pied, ça réagit plus vite que je ne l’imaginais.

    - Par pitié, ne m’tuez pas, j’ferais n’importe quoi pour vous !
    - Commence par baisser d’un ton, je n’aimerais que tes potes viennent nous emmerder, toi non plus d’ailleurs.
    - …
    - Voilà qui est mieux. Où est ton chef ?
    - Il s’est tiré.
    - Ne me prends pas pour un de tes potes, je n’hésiterais à te découper en lambeaux et à te manger avec mes camarades, je te déconseille donc d’éviter de me faire répéter la question.
    - J’vous jure ! Il a prit le petit chemin qui se trouve à l’arrière.


    Il a réagit exactement comme je le voulais. Qu’est-ce qu’un type pareil fait ici ? J’accélère sans réfléchir en empruntant le chemin demandé, je me fiche de tomber dans un piège, seule la vitesse compte pour moi à cet instant. Du coup, j'en ai même oublié de lui demander le nom du type que je poursuis. Bref. Une obscure clarté est quasiment visible, il semblerait qu’ils aient même pensé à se construire un raccourcis vers le large, pas bête du tout. J’augmente l’intensité de la course, mes pas s’enfoncent davantage sur le sol, mais l’impulsion est plus grande et produit plus de vitesse. La lumière m’éblouit de plus en plus, je crois atteindre le bout, enfin. Finalement, ce qui m’éblouit depuis tout à l’heure n’est autre que la lune. Halte ! M’écriais-je en voyant un homme qui s’apprête à monter à bord d’un navire. Il ne semble pas me prendre au sérieux, puisqu’il continue de grimper, j’ouvre le feu juste au-dessus de sa tête.
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    Une regard sombre, meurtrier, j’en ai presque froid dans le dos. Tellement dangereux pour un type de mon niveau, que j’ai l’impression qu’une aura démoniaque enveloppe son corps, mais tout ceci vient uniquement de mon imagination. Il descend et pose finalement les pieds à terre. Il s’avance vers moi, mon instinct de survie me fait reculer. Je commence à transpirer, des gouttes très fraîches me parcourt le corps entier, je frissonne, j’ai parfois des visions de ma propre mort. Comment vous dire ? Je crois que c’est la première fois qu’avant même de commencer un combat, je sens l’écart de puissance entre mon adversaire et moi.

    Niark ! N’ai pas peur, mon petit enfant, c’est pourtant ce que tu voulais, non ?

    J’vais t’en faire bouffer d’la peur ! Il déroule son fouet et le pointe vers moi, j’en fais de même avec ma lame. J’inspire profondément, je m’élance avec beaucoup de fréquence vers cet adversaire, qui m’empêche logiquement avec son fouet d’approcher. En effet, la portée de son arme est intéressante et m’empêche de rentrer à partir d’une certaine distance. Je freine ma course et recule en bondissant vers l’arrière, mais c’est pendant mon repli défensif que mon adversaire lance l’offensive. Tout cela me rappelle les cours d’escrime que m’enseignait un maître de cet art, pendant mon enfance, la belle époque en terme culturel, puisque mon environnement était riche.

    J’enchaîne retraite sur retraite*, esquivant ces maudits coups de fouet, qui j’ai l’impression se rapprochent de plus en plus de moi. Avec la nuit tombée, je discerne de moins en moins les attaques de ce type, puis à moment donné, je dois arrêter de reculer sans cesse, bien que ce soit une stratégie. J’habitue mon adversaire à attaquer, et d’un coup, je change complètement de rythme, une puissante impulsion en baissant mon buste, me permettant ainsi d’esquiver son fouet et de permettre à ma lame d’être à portée de ce dernier, mais il esquive et je ne fais que lui effleurer l’abdomen.

    Merde ! Je ne m’arrête pas là, pas possible d’échouer si prêt. Je freine mon mouvement, je gaine entièrement mon corps, je commence une rotation à 90° en levant ma jambe droite, qui se loge au niveau du plexus de mon opposant, qui valse quelques mètres plus loin, la respiration coupée. Je dirais que c’est le moment d’attaquer, alors je fonce vers lui, profitant de sa blessure pour l’attaquer. Un éclair de seconde passe, son fouet réapparaît précipitamment dans mon champ vision, je place donc mon bras instinctivement en protection, mais le fouet s’enroule autour. Je m’en saisis et tente de tirer le vil personnage vers moi, mais en vain, il ne bouge pas.

    Mon manque de force est flagrant, du coup, c’est lui qui en profite et qui me tire vers lui. Dans un premier temps, je me dis que ça ne change pas grand chose, mais dans un second temps, il sort une arme à feu et là je commence à paniquer. J’essaye désespérément de me stopper, mais il exerce une force supérieure à la mienne, je ne peux rien faire. Il tire. Je suis touché à l’épaule droite - heureusement que je n’arrête pas de gesticuler, sinon ça aurait été pire - et je lâche ma fidèle épée sur le coup. Le fouet se délie de mon bras, je me tiens l’épaule au sol, le type se dresse face à moi, fier, l’arme pointée vers moi. C’est la fin.

    - Je n’ai pas pour habitude d’interrompre des combats, mais on manque cruellement de temps. Ne gâche pas tout pour un combat de pacotille, je crois que nous mettre la Marine encore plus à dos en tuant un de leur sous-fifre n’est pas une bonne idée, Aldo.
    - Ouaip, t’as raison. On se reverra, l’marin peureux.


    Aldo ? Je tente de me relever pour l’arrêter, mais je n’y arrive pas, je ne pense pas que ce soit la blessure qui provoque cela, à moins que…

    J’oubliais, mais la balle est empoisonnée, j’espère que t’as un médecin avec toi. Ciao !

    Enflure ! Je le vois monter, je vois même le navire quitter l’île, puis je perd connaissance.



*Retraite : en escrime, un simple repli défensif, des pas vers l’arrière.
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    J'entends des voix. J'ouvre les yeux, mais tout est flou, je ne comprend pas tellement la situation.

    - Lieutenant !
    - Réveillez-vous, lieutenant !
    - Vous n'pouvez pas nous laisser comme ça !
    - Les gars, fermez-là, je viens seulement de lui administrer un remède. D'ailleurs, tirez-vous, je pense que vous avez du travail, vous n'aimeriez pas qu'il voit tout ce bordel en se réveillant.


    Remède ? Bordel ? Que se passe-t-il ?

    - Que.. Quelle est la situation ?
    - Vous avez été empoissonné, lieutenant, j'ai dû vous extraire la balle qui se loger au niveau de votre épaule, aspirer le poison, détruire les dernières particules du poison qui reste via un remède.
    - Merci beaucoup. L'équipage... Pfff... Comment se porte-t-il ?
    - Aucune perte à déclarer, quelques blessés que je traite en parallèle, les prisonniers se trouvent en bas avec le vice-lieutenant qui commence déjà à les interroger.
    - Hm... Je vois. Et vous, quel est votre nom ?
    - Angelo Di Tempiesta.
    - Très bien, Angelo... Je vais dormir encore un peu, je dois arriver présentable à St. Uréa, afin d'expliquer la situation aux supérieurs.
    - Reposez-vous, lieutenant.
    - Ethan... Je me nomme Ethan.


    Pourquoi lui avoir donné mon prénom ? Sans doute les effets du remède, peut-être du poison, qui sait ? Je me rendors sans trop de difficulté.
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