Le ciel, une entité désertique qui nous surplombe, un paysage à lui seul qui s'étend au dessus de nos têtes. J'y rêvais, autrefois. Il m'arrive encore de tendre la main, comme pour saisir les nuages et de m'arrêter soudainement. Le soleil est sombre, un vent glacial secoue ma veste. Je l'ai perdue de vue à tout jamais, la lumière.
Un trou à rat déguisé, voilà ce que c'est. Vous me l'auriez demandé avant que j'intègre le CP, j'aurais probablement donné une réponse plus poétique, plus enjolivée. Mais non, c'est juste une foutue ville remplie de satanés intouchables, qui vous zieutent comme si vous êtiez un insecte, à travers leur bocal hermétique. Respire pas mon air, ça vaut mieux, tu risquerais de chopper la peste. Un passage obligé, néanmoins, pour répondre à l'appel du CP9. Un papier, un tout petit bout de papier avec un nom écrit dessus, c'était mon ticket d'entrée pour aller voir un certain Raoul. C'était le nom du fameux gagnant qui m'enseignerait les ultimes voies du Sixième Style. Le Rokushiki était une discipline très compliquée, avec des techniques de combat super sophistiquées. Moi, débutante que j'étais, j'en connaissais seulement trois, mais si je désirais monter en grade et botter davantage de postérieurs, il me fallait aller plus loin. Ouais, c'était tout nouveau, j'avais de l'ambition désormais. J'avais donc ramené mon cul en vitesse à Marie-Joie pour bénéficier de cet entrainement. C'était pas la première fois que je venais, mais je détestais toujours autant ce coin. Outre la population blafarde et saugrenue, les Tenryuubitos, l'architecture Haussmannienne des bâtiments et les rues blanches récurées tous les jours, il rodait dans l'air comme une odeur camouflée de pourriture qui restait dans le nez.
- Cette ville est sacrément jolie !
- La ferme, monstre ! répliquai-je dans ma barbe, à l'égard de la fausse Anna qui avait pris la place de Bachi.
- Oh allons nous balader, Anna, allons faire du shopping, ça fait si longtemps !
- TU VAS TE TAIRE OUI ? lançai-je, sentant la migraine qui commençait à arriver et sortant fébrilement mon paquet de clopes de ma poche pour éviter de faire une crise.
Je crois que ce que je détestais le plus, c'était le regard des habitants ici. Non, ils ne vous jugeaient pas si vous étiez différents, mais leur prunelles réfléchissaient des sentiments de peur, de pitié et de compassion. Exactement comme si vous alliez être instantanément exécuté simplement pour avoir éternué dans la rue. Arrivé à ce stade là, c'était même plus de la peur. Je dois donc faire face à ce type d'événement, alors que je résiste à l'assaut de ma schizophrénie qui me fait faire une centaine de mètres en arrière, presque à reculons. Bach surgissait lorsque me émotions devenaient trop intenses, je commençais à comprendre. Comme si mes yeux s'étaient ouverts soudainement, après plus de vingt ans de torture, je n'apprenais des choses sur ma santé mentale que maintenant. Ainsi donc j'arrivais à plus ou moins me contenir en ne ressentant rien. Étrangement, c'était un exercice auquel j'excellais de plus en plus.
Je tourne à l'angle de la rue après avoir vu un panneau indiquant les instances gouvernementales. Je connaissais le chemin, je n'étais même plus surprise par le nom de politicien qui avait été donné au bâtiment où se réunissaient les chefs du Cipher Pol : l'AIGRRI (Administration des Instances Gouvernementales du Respect des Règlementations Institutionnelles). Ouais, ou bien "Administration du Cipher Pol" mais bon on était quand même censés rester un poil secrets. Je trace ma route à allure soutenue dans la rue étroite et totalement vide qui amène à la grande bâtisse de granit et pénètre par une petite porte sur le côté qui n'est utilisée que par le personnel. Une jolie secrétaire m'accueille et me demande mon nom.
- Annabella Sweetsong., répondis-je au tac au tac, relâchant au même moment le petit bout de papier sur son bureau.
Un rapide coup d’œil, un bref message par interphone et elle m'informe qu'un agent vient me réceptionner. Très bien. Quelques secondes plus tard une porte s'ouvre et un homme - un garde du corps visiblement - se dirige vers moi et m’agrippe le bras. Pas de bonjour, pas de s'il-vous-plait, ça se voit qu'il aime son boulot, même si je devine qu'il n'est pas censé laisser des petits agents du CP8 se balader tranquillement dans les locaux. On sait jamais, il y a des choses qui ne doivent pas être sues. Nous passons par un bref couloir au sol marbré, bordé de statues de toutes sortes et débouchant sur des ascenseurs très sophistiqués. Il appuie sur un bouton et instantanément les portes s'ouvrent avec un petit "Ding" pour laisser apparaître une étroite cabine aux parois en bois laqué avec de fines gravures. Son pouce s'attarde ensuite sur un second bouton parmi une palette d'interrupteurs et nous descendons.
J'avais toujours cette impression d'avoir changé de bâtiment, voire même de ville, lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvraient pour laisser place à un ensemble de couloirs aux murs grisâtres en bétons et aux plafonds dardés de lustres projetant une lumière sinistre tous les six mètres. L'emprise du gusse se fait plus forte sur mon bras à mesure que nous traversons les différentes parties du bâtiment pour ensuite me larguer subitement devant une porte en fer avec une pancarte clouée dessus, affichant un "Raoul" identique à celui de mon morceau de papier. J'appuie sur la poignée et pénètre dans la pièce. Ma première impression fut que ça semblait plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur : une pièce immense, haute de plafond, aux murs décorés de tapisseries antiques avec au sol un tatami beige usé. Et au centre de la pièce, assis, se trouvait un vieil homme tout petit avec un étrange calvitie, portant un marcel blanc ignoble, un short bleu et des chaussettes hautes rentrées dans des sandales en cuir. Je lève alors un sourcil et demande, perplexe :
- Vieil homme, sais-tu où je peux trouver un certain Raoul ?
C'était ma première erreur.
Un trou à rat déguisé, voilà ce que c'est. Vous me l'auriez demandé avant que j'intègre le CP, j'aurais probablement donné une réponse plus poétique, plus enjolivée. Mais non, c'est juste une foutue ville remplie de satanés intouchables, qui vous zieutent comme si vous êtiez un insecte, à travers leur bocal hermétique. Respire pas mon air, ça vaut mieux, tu risquerais de chopper la peste. Un passage obligé, néanmoins, pour répondre à l'appel du CP9. Un papier, un tout petit bout de papier avec un nom écrit dessus, c'était mon ticket d'entrée pour aller voir un certain Raoul. C'était le nom du fameux gagnant qui m'enseignerait les ultimes voies du Sixième Style. Le Rokushiki était une discipline très compliquée, avec des techniques de combat super sophistiquées. Moi, débutante que j'étais, j'en connaissais seulement trois, mais si je désirais monter en grade et botter davantage de postérieurs, il me fallait aller plus loin. Ouais, c'était tout nouveau, j'avais de l'ambition désormais. J'avais donc ramené mon cul en vitesse à Marie-Joie pour bénéficier de cet entrainement. C'était pas la première fois que je venais, mais je détestais toujours autant ce coin. Outre la population blafarde et saugrenue, les Tenryuubitos, l'architecture Haussmannienne des bâtiments et les rues blanches récurées tous les jours, il rodait dans l'air comme une odeur camouflée de pourriture qui restait dans le nez.
- Cette ville est sacrément jolie !
- La ferme, monstre ! répliquai-je dans ma barbe, à l'égard de la fausse Anna qui avait pris la place de Bachi.
- Oh allons nous balader, Anna, allons faire du shopping, ça fait si longtemps !
- TU VAS TE TAIRE OUI ? lançai-je, sentant la migraine qui commençait à arriver et sortant fébrilement mon paquet de clopes de ma poche pour éviter de faire une crise.
Je crois que ce que je détestais le plus, c'était le regard des habitants ici. Non, ils ne vous jugeaient pas si vous étiez différents, mais leur prunelles réfléchissaient des sentiments de peur, de pitié et de compassion. Exactement comme si vous alliez être instantanément exécuté simplement pour avoir éternué dans la rue. Arrivé à ce stade là, c'était même plus de la peur. Je dois donc faire face à ce type d'événement, alors que je résiste à l'assaut de ma schizophrénie qui me fait faire une centaine de mètres en arrière, presque à reculons. Bach surgissait lorsque me émotions devenaient trop intenses, je commençais à comprendre. Comme si mes yeux s'étaient ouverts soudainement, après plus de vingt ans de torture, je n'apprenais des choses sur ma santé mentale que maintenant. Ainsi donc j'arrivais à plus ou moins me contenir en ne ressentant rien. Étrangement, c'était un exercice auquel j'excellais de plus en plus.
Je tourne à l'angle de la rue après avoir vu un panneau indiquant les instances gouvernementales. Je connaissais le chemin, je n'étais même plus surprise par le nom de politicien qui avait été donné au bâtiment où se réunissaient les chefs du Cipher Pol : l'AIGRRI (Administration des Instances Gouvernementales du Respect des Règlementations Institutionnelles). Ouais, ou bien "Administration du Cipher Pol" mais bon on était quand même censés rester un poil secrets. Je trace ma route à allure soutenue dans la rue étroite et totalement vide qui amène à la grande bâtisse de granit et pénètre par une petite porte sur le côté qui n'est utilisée que par le personnel. Une jolie secrétaire m'accueille et me demande mon nom.
- Annabella Sweetsong., répondis-je au tac au tac, relâchant au même moment le petit bout de papier sur son bureau.
Un rapide coup d’œil, un bref message par interphone et elle m'informe qu'un agent vient me réceptionner. Très bien. Quelques secondes plus tard une porte s'ouvre et un homme - un garde du corps visiblement - se dirige vers moi et m’agrippe le bras. Pas de bonjour, pas de s'il-vous-plait, ça se voit qu'il aime son boulot, même si je devine qu'il n'est pas censé laisser des petits agents du CP8 se balader tranquillement dans les locaux. On sait jamais, il y a des choses qui ne doivent pas être sues. Nous passons par un bref couloir au sol marbré, bordé de statues de toutes sortes et débouchant sur des ascenseurs très sophistiqués. Il appuie sur un bouton et instantanément les portes s'ouvrent avec un petit "Ding" pour laisser apparaître une étroite cabine aux parois en bois laqué avec de fines gravures. Son pouce s'attarde ensuite sur un second bouton parmi une palette d'interrupteurs et nous descendons.
J'avais toujours cette impression d'avoir changé de bâtiment, voire même de ville, lorsque les portes de l'ascenseur s'ouvraient pour laisser place à un ensemble de couloirs aux murs grisâtres en bétons et aux plafonds dardés de lustres projetant une lumière sinistre tous les six mètres. L'emprise du gusse se fait plus forte sur mon bras à mesure que nous traversons les différentes parties du bâtiment pour ensuite me larguer subitement devant une porte en fer avec une pancarte clouée dessus, affichant un "Raoul" identique à celui de mon morceau de papier. J'appuie sur la poignée et pénètre dans la pièce. Ma première impression fut que ça semblait plus grand à l'intérieur qu'à l'extérieur : une pièce immense, haute de plafond, aux murs décorés de tapisseries antiques avec au sol un tatami beige usé. Et au centre de la pièce, assis, se trouvait un vieil homme tout petit avec un étrange calvitie, portant un marcel blanc ignoble, un short bleu et des chaussettes hautes rentrées dans des sandales en cuir. Je lève alors un sourcil et demande, perplexe :
- Vieil homme, sais-tu où je peux trouver un certain Raoul ?
C'était ma première erreur.
Dernière édition par Annabella Sweetsong le Jeu 10 Déc 2015 - 21:45, édité 3 fois