Si l'homme qui m'accompagne peut se permettre de marcher en plein milieu de la foule sans avoir peur d'être dévisagé, en ce qui me concerne, c'est tout autre. Je m'encapuchonne et force le gars à prendre mon itinéraire même si par moment il préfère prendre la rue centrale pour mieux s'y retrouver. En chemin, j'interroge le misérable pour connaître ce qu'il sait sur le type du Cipher Pol. En tant qu'espion confirmé, le C.P. a été sage de se forger une vie fictive. Ses ex-collègues retiennent de lui d'un homme marié et ayant une petite fille. Il faisait la sale besogne au sein du Théâtre pour aider sa famille à vivre convenablement en plus de son vrai job. Un genre de gars lambda pauvre qui passe du côté obscur plus par nécessité immédiate que par plaisir. Limite, on pourrait avoir pitié de lui. C'est en tout cas l'identité que ses camarades ont de lui.
▬ Dès que vous serez chez lui, vous me laisserez partir, Dame Nak...
Sans trop m'emporter et en silence, je lui fait remarquer par de grands signes de la main de ne plus jamais m'appeler par mon nom. Prudent, il s'écarte un peu plus de moi et accepte sans rechigner. Trop peureux de mourir, il se contente de rester muet tout en m'emmenant à l'endroit désiré. Pendant ce temps-là, j'analyse la situation. Ça me rappelle une mission foireuse du temps où je me trouvais dans le Royaume de Goa. Je devais assassiner un noble dans sa demeure pour le compte d'un homme, mais la mission était en réalité qu'un subterfuge pour me démasquer et me capturer. Je ne peux me permettre de renouveler les erreurs du passé. Je dois rester discrète. Il ne faut absolument pas qu'on sache que je suis dans le coin si je veux mener mon pillage à bien. Et il ne faut pas encore moins que les membres du Gouvernement Mondial sachent que je suis à Alabasta.
▬ On est bientôt arrivé.
▬
Très bien.Je bloque avec mon bras pour qu'il ne continue pas d'avancer. Je n'ai vue personne de suspect sur la route, mais je me méfie encore plus. Même s'il est tard dans la nuit, il reste encore beaucoup de gens dans les rues. Nanohana reste une ville active même aux heures où tout le monde dort déjà. Je questionne l'alabastien avant de m'engager vers la maison du Cipher Pol.
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Tu dis que tu es déjà venu chez lui, c'est ça?▬ Oui, Dame N... Euh, m'dame...
▬
Alors passe devant. Surtout, fais comme tout était normal. Et arrête de faire cette tête, tu vas tout faire foirer.▬ Je... D'accord.
Au moins, si mon compagnon est lui aussi un traître, je pourrais toujours l'utiliser comme otage s'il s'agit d'une embuscade. Tout ceci pourrait n'être qu'un piège. Si c'est lui qui ouvre la porte, la personne de l'autre côté ne se méfiera pas de moi. Et je compte bien ne pas me retenir. Je me prépare à tout. Je garde mon calme contrairement à l'autre pleurnichard et je prends sur moi. On est à la limite de la ville, à l'opposé de la planque. Il n'y a pas un chat ou presque. Je sers de près mon compagnon tout en le faisant marcher le plus assurément possible. Je me plaque contre le mur près de l'entrée et je lui fait signe avec la tête de toquer. Une voix de femme un peu enjouée se fait entendre de l'autre côté. Sans doute le rôle qu'elle s'est fixé.
▬ Une petite seconde, j'arrive.
Elle ouvre la porte d'un air insouciante. Son "mari" n'aurait pas toqué pour rentrer chez lui, elle se doute qu'il s'agit d'une autre personne. Un contact? Un simple ami? En voyant le collègue docker de son "mari", elle s'exclame d'étonnement. Sûrement qu'elle s'attendait à voir quelqu'un d'autre.
▬ Oh! Ah, euh, salut Ma...
Sans plus attendre, j'emboîte le pas à mon compagnon tout en assénant une jolie droite au visage de la jeune femme. L'effet de surprise est garantie, elle s'écroule la tête en arrière. Je referme immédiatement la porte et j'ordonne au type avec moi de m'aider. Cette pucelle s'y prend mal si elle est C.P. aussi. À moins qu'elle n'en soit pas une? Peut-être qu'elle s'attendait la coéquipière du mort?
▬
Dépêche-toi de l'attacher sur une chaise.Visiblement, il n'y a personne d'autre. Le temps qu'elle retrouve ses esprits, j'inspecte la maison à pièce unique pour d'éventuels indices. A priori, la petite fille n'existe pas. Mes yeux se posent alors sur un objet fort intéressant. Un
Local Den Den! En composant le dernier numéro de l'escargophone, je pourrais peut-être tomber sur la personne qui a employé le couple de C.P. Et de cette manière, je pourrais lui tendre un piège et finir une bonne fois pour toutes cette mission! Je sais déjà où fixer un rendez-vous pour être tranquille. Je me réjouis d'avance, ah, ah, ah, ah!!