Et bienvenue à Lynbrook.
***
Assise, j’attendais. La fin du monde ou la fin de la journée, je ne connais toujours pas aujourd’hui la réponse à cette énigme. Toujours est-il que mon postérieur posé sur la chaise de mon bureau miteux, mitoyen à des cases où seuls les plus pauvres des plus pauvres des diables accepteraient de vivre à l’intérieur fréquentaient. Une petite pancarte pour se distinguer des autres. Kassandros, détective chez Pink’s.C’était le nom de famille que j’ai hérité de mes parents. Le seul truc que j’ai hérité, d’ailleurs, et que j’hériterais jamais, au vu de la conjoncture actuelle. Chassée par tout le monde, emmerdée par tous... Ouais. Si la fin du monde arrivait demain, je n’aurais pas de grands problèmes avec.
La fumée de ma dernière cigarette enfumait le bureau, les volutes dansant comme une sulfureuse danseuse des nuits alabastiennes. Dernière cigarette de la journée. Dernière minute de service avant d’annoncer à Pink que je mettais mon manteau pour me tirer. Mais bien sûr, c’était toujours pendant cette dernière minute que le Destin décide de jouer à la femme fatale... Sous la forme d’une femme, au regard sombre alourdi par le fard des jours et des nuits de chagrin. Avez-vous vu ma fille, qu’elle a dit. S’il vous plaît, aidez-moi. J’ai pas assez d’argent pour vous payer tout de suite, mais je peux vous avancer en partie. Ni la première à raconter ça, et sûrement pas la dernière. Le genre de discours qui fait toujours poindre une once d’humanité dans un coeur de pierre... Mais à Lynbrook, le granite marin était plus de mise. Votre fille est probablement morte, est la seule consolation que je pouvais lui donner. L’autre hypothèse était peut-être plus envisageable, mais il y avait des choses qu’on ne pouvait pas raconter à une vieille dame, même endurcie par la réalité de cette île miteuse. Au revoir, et ne revenez pas sans argent.
Pink, je suis bonne pour aujourd’hui. Je disais bonne nuit avec mes lèvres, mais crève cette nuit, sale enfoiré d’avare avec mon coeur. J’ai pris mon manteau, mon pistolet. Mais lorsque j’ai posé ma main sur la poignée de la porte, quelqu’un a posé la sienne sur la mienne. C’était toujours pareil. Madame vient de terminer le boulot, madame a un problème, madame pense que son taf passe avant le mien. Mais après l’heure, c’est pas l’heure, chérie. Mais je me suis retournée, et je me suis rendu compte de ma connerie. Un gars avait un jour dit que l’amour était aveugle (ce gars a fini mort noyé parce qu’il couchait avec la mauvaise femme), ce type n’avait jamais vu la beauté insolente de cette femme à l’air corrosif. Une chevelure de feu vénitien descendant jusqu’à une chute de reins digne de la plus décadente succube des enfers, des yeux parmes dont chacune des prunelles semblaient être capable de transpercer le coeur jusqu’à l’âme. Quant à l’interminable paire de jambe, seul un Buster Call aurait un effet plus dévastateur... Mais le sourire engageant qu’elle m’affichait aurait été probablement suffisant pour en affronter quelques uns.
« Vous êtes absolument sûre, susurra-t-elle, que vous n’avez pas cinq minutes ? »
J’ai remercié le Ciel de ne pas avoir doté cette femme de canines pointues, car son pouvoir de séduction aurait bien fait de moi la victime de cette quasi-vampiresse.
« Ce que je ne ferais pas pour la paix et la sécurité de Lynbrook, soupirai-je, faussement blasée. Cinq minutes ce sera, alors. »
La fumée de ma dernière cigarette enfumait le bureau, les volutes dansant comme une sulfureuse danseuse des nuits alabastiennes. Dernière cigarette de la journée. Dernière minute de service avant d’annoncer à Pink que je mettais mon manteau pour me tirer. Mais bien sûr, c’était toujours pendant cette dernière minute que le Destin décide de jouer à la femme fatale... Sous la forme d’une femme, au regard sombre alourdi par le fard des jours et des nuits de chagrin. Avez-vous vu ma fille, qu’elle a dit. S’il vous plaît, aidez-moi. J’ai pas assez d’argent pour vous payer tout de suite, mais je peux vous avancer en partie. Ni la première à raconter ça, et sûrement pas la dernière. Le genre de discours qui fait toujours poindre une once d’humanité dans un coeur de pierre... Mais à Lynbrook, le granite marin était plus de mise. Votre fille est probablement morte, est la seule consolation que je pouvais lui donner. L’autre hypothèse était peut-être plus envisageable, mais il y avait des choses qu’on ne pouvait pas raconter à une vieille dame, même endurcie par la réalité de cette île miteuse. Au revoir, et ne revenez pas sans argent.
Pink, je suis bonne pour aujourd’hui. Je disais bonne nuit avec mes lèvres, mais crève cette nuit, sale enfoiré d’avare avec mon coeur. J’ai pris mon manteau, mon pistolet. Mais lorsque j’ai posé ma main sur la poignée de la porte, quelqu’un a posé la sienne sur la mienne. C’était toujours pareil. Madame vient de terminer le boulot, madame a un problème, madame pense que son taf passe avant le mien. Mais après l’heure, c’est pas l’heure, chérie. Mais je me suis retournée, et je me suis rendu compte de ma connerie. Un gars avait un jour dit que l’amour était aveugle (ce gars a fini mort noyé parce qu’il couchait avec la mauvaise femme), ce type n’avait jamais vu la beauté insolente de cette femme à l’air corrosif. Une chevelure de feu vénitien descendant jusqu’à une chute de reins digne de la plus décadente succube des enfers, des yeux parmes dont chacune des prunelles semblaient être capable de transpercer le coeur jusqu’à l’âme. Quant à l’interminable paire de jambe, seul un Buster Call aurait un effet plus dévastateur... Mais le sourire engageant qu’elle m’affichait aurait été probablement suffisant pour en affronter quelques uns.
« Vous êtes absolument sûre, susurra-t-elle, que vous n’avez pas cinq minutes ? »
J’ai remercié le Ciel de ne pas avoir doté cette femme de canines pointues, car son pouvoir de séduction aurait bien fait de moi la victime de cette quasi-vampiresse.
« Ce que je ne ferais pas pour la paix et la sécurité de Lynbrook, soupirai-je, faussement blasée. Cinq minutes ce sera, alors. »
Dernière édition par Kassandros D. Johanna le Dim 11 Oct 2015 - 1:06, édité 2 fois