Bonjour, je viens pour l'entretien

West Blue, QG de la BNA pour être précis. Le vent me fouette le visage alors que j’avance pour me mettre à couvert contre la pluie qui commence à tomber. J’ai dû payer une fortune pour obtenir l’autorisation de laisser Berry’s dans un des entrepôts protégés et je dois dire que mon humeur en pâti un peu… Voir beaucoup. C’est donc légèrement trempé et énervé que j’ouvre la porte du QG de la BNA.

La salle est plutôt grande et de nombreuses personnes sont déjà présentent. Voir beaucoup. Richesses qui seront bientôt miennes. Enfin tout dépendra de comment mon entretien se passe. Enfin, je ne pense pas que je serais recalée, après tout pour être chasseur de primes, il suffit de cogner des pirates… Il n’y a rien de très subtile dans ce genre de travail. Être marchande est bien plus compliqué… Gérer ses stocks, ses commandes, s’assurer une clientèle fidèle sachant que l’on voyage à travers les blues… Tout cela demande une organisation sur le fil et c’est un miracle si j’arrive à me trouver du temps pour moi. Alors pourquoi rejoindre la BNA si je n’ai déjà quasiment pas de temps pour moi ? Ben… Être marchande est bien plus compliqué… Du temps pour moi, je n’en trouve jamais… Mais du temps pour me faire des sous, j’en ai et en aurais toujours. Ce voyage avec Yamiko est la chose qui m’a convaincu de rejoindre les rangs de la BNA.

Obtenir une licence et des informations sur les primés me permettra d’arrondir mes fins de mois. Allons arrêtes de penser à l’avenir et concentre toi sur le présent Lucia. J’avance donc à la réception.

-Bonjour, Lucia Hyfilnor. J’ai pris rendez-vous avec le Chevalier Blanc pour rejoindre la BNA…

Je laisse flotter un sourire poli, après tout ça ne me coûtera rien… Enfin, j’espère.

Cinq minutes. Cinq putains de minutes à l’écouter et à attendre. Le temps, c’est de l’argent et elle me fait perdre lentement le mien. Si mon sourire courtois est resté… Il est affreusement crispé.

-Merci, bonne journée à vous aussi.

Un « pétasse » me vient à l’esprit, mais mes lèvres l’empêchent de partir. Dommage, j’aurais adoré lui balancer ça dans la gueule, enfin bon deuxième étage, elle a dit. Doucement, je marche au milieu des autres chasseurs de primes, dont la plupart me jettent des regards. Certains lubriques, d’autres haineux et enfin le troisième groupe : les yeux de cons. Tss, ils ne savent pas comment évaluer, moi, je vois combien vous pouvez me rapporter… Et ici, bien trop peu de personnes dépasse les 300 000 berrys. Je ne doute pas de leur efficacité, mais même quelqu’un de maladroit et nul peut être une meilleure source de bénéfices s’il accepte de partager.

Aucun n’a tenté de me voler, de me toucher, mais tous m’évaluent. Je m’énerve… Lentement, mais surement. Être le centre de l’attention est, premièrement, gênant et, deuxièmement, cela ne me permet jamais de faire de bonnes affaires. S’ils continuent tous de me fixer, je risque de frapper dans le tas… Non, Lucia, reste calme, respire et ne frappe personne. Soudain quelques personnes, appartenant au groupe des yeux de cons évidemment, me bouche l’accès aux escaliers. Je lève la tête et croise son regard… Il ne semble pas vouloir bouger…

-Pardon, mais pourriez-vous libérer le passage ?

Je garde mes mains près de mes hanches et donc de mes lames… Je ne compte pas m’en servir, mais juste signaler que je suis armée, rien de plus. S’il continue… Mon poing volera dans sa tête.

Le mot de passe ? Il a donc un mot de passe… Respire Lucia, respire doucement. Et redemande poliment.

-Je pense que ça doit être « Monpoingdanstagueulesitunemelaissepaspasserdanscinqsecondes » non ?

Bon pour la politesse, on repassera… Quoique j’aurais pu faire pire.

-C’est pas ça
-Ouaiz zé pas sa.

Mais c’est qu’ils m’énervent les yeux de cons. D’ailleurs con numéro 1 descend vers moi comme pour m’impressionner. Il tend la main pour me repousser, mais garde ses jambes grasses, coincées dans un pantalon noir qui semble sur le point d’éclater. Quelle magnifique erreur, j’ai toujours rêvé de frapper là. Mon pied s’envole rapidement alors qu’un sourire cruel naît sur mes lèvres. Ma chaussure heurte avec violence son entrejambe, il pousse un gémissement avant de tomber dans les escaliers et de hurler sa douleur en dégringolant. J’ai à peine le temps de m’écarter, retirer mon chapeau et le laisser passer avec un révérence.

-Bonne journée. Bien, con numéro 2, je te laisse le choix. Où bien, tu me laisses passer, ou je te fais sonner les cloches façon sonnette d’alarme puis je te laisse glisser jusqu’en bas avec le peu de virilité qui te restera.

Là, j’ai fait pire… Politesse et marque de respect… C’est vraiment deux points que je dois retravailler d’urgence… Enfin bon, je dois être sur le nerf.

Ben voilà quand on demande poliment, on y arrive. Tsss, merci con numéro 2, ravie que tu me laisses passer, un homme sans sa virilité perd au moins 80% de son prix, les 20% restants dépendent de sa beauté et de son intelligence. Ce qui, chez celui qui vient de me laisser passer, s’avèrent fort peu développé. Enfin bon tout devrait bien se passer, du moins j’espère. Mon sourire s’est barré prendre le thé auprès du christ depuis longtemps. Fils de cons !! Petits fils de connards !!! Je comptais faire bonne impression, on dirait que je peux aller me faire foutre.

Je toque à la porte, enfin… Disons que je suis à deux doigts de la dégonder, et attend avant d’entrer. On me laisse enfin ouvrir cette putain de porte en bois blanc qui grince comme une truie qu’on égorge. Nom de dieu !! Ma bonne humeur fait juste place à un énervement sans fin et c’est le visage tordu de colère que je me présente à mon interlocuteur.

-Lucia Hyfilnor ! J’ai pris rendez-vous pour intégrer la BNA.

Ce mec à intérêt à être le Chevalier Blanc, car sinon je fais taper son cul si fort qu’il ne pourra plus s’asseoir sans chanter sur dix octaves.

Je réceptionne la pièce avec un sourire. Rapidement, je fixe mes yeux dessus et l’inspecte en la faisant lentement tourner entre mes doigts tout en m’enfonçant dans mon siège. J’inspecte chaque petite rayures avant de rire doucement et de me réavancer vers le bureau. Je laisse la pièce tomber sur le bois sombre avant de la faire tourner d’une pichenette et je me concentre dessus tout en parlant, ne regardant que la toupie d’une minute.

-L’argent… Est Dieu et le diable. Un amant et un ennemi. Un dragon à la fois endormi et éveillé. Un danger et une sécurité. L’argent est tout et rien. L’argent est une contradiction, un paradoxe… Quelque chose que l’on hait et que l’on adore. Cher Chevalier Blanc… Pour faire simple, j’aime l’argent. Je dirais, pour être exact, que je l’aime autant que je le haïsse.

Je relève la tête pour voir son air d’étonnement. La pièce a arrêté de tourner et repose sur la table. Je la récupère, et m’amuse à la lancer tout en la rattrapant à chaque fois. Je ne fixe plus la source de richesse, mais l’homme en face de moi. Il pourra me rapporter beaucoup d’argent… Vraiment beaucoup… Je ricane encore une fois en m’enfonçant dans mon siège et je reprends.

-L’argent est la source de mes plus grands malheurs… Et j’ai comme politique d’affronter mes problèmes à bras-le-corps. Sachez, monsieur, que je ne compte pas taper des pirates de temps à autre pour mettre du beurre dans mes épinards… Non, non… Parlons de gérant d’entreprise à gérant d’entreprise. Je ne souhaite qu’une chose : L’argent ! Pas un peu, pas beaucoup… L’argent ! Je veux bien dire tout l’argent ! L’argent donne raison, ceux qui ont raison obtiennent l’argent ! L’argent est la preuve d’intelligence et de force. Bien sûr pour avoir de l’argent, j’ai bien sûr des tas d’autres méthodes… Mais j’aime me débarrasser moi-même d’ennemis potentiels… Faire capturer les pirates qui risquent de me gêner sera parfait, de plus ma réputation n’en sera que plus forte. Plus de réputation fera connaitre mon commerce, me rapportant encore plus d’argent. Je posséderais l’argent de ce monde entre mes mains soyez en sûr. Je dominerais et dresserais le Dieu doré qui dirige ce monde. Il sera mon amant, mon esclave, mon épée et mon bouclier.

Je renvoie la pièce à mon vis-à-vis.

-Votre pièce est fausse… Sinon ma réponse vous va ?

Je regarde le Chevalier Blanc stupéfaite. On a fini ?

-Attendez ! Je ne crois pas avoir fini.

Oui, je parle de moi et non de lui. Il reçoit les gens, leur pose une question et les invite à se barrer ? Deux possibilités : Soit je suis engagée direct, soit je dois me barrer. Ors, je peux aisément voir que la somme qu’il aurait pu me faire gagner vient de descendre… Drastiquement. Je le regarde avec de la colère dans les yeux. On m’a brisé les noix dès que je suis entré ici ? Très bien, je vais m’imposer alors !

-Ok… Ok… Je pense qu’on est parti sur de très mauvaises bases alors très bien, je vais mettre les choses au clair.

Je prends une grande inspiration et me prépare pour l’engueulade que je compte lui coller.

-Alors… Depuis que je suis arrivé tout tend à m’énerver. ABSOLUMENT TOUT ! J’espère pour votre petit cul de fonctionnaire de mes trois que c’est des tests pour voir qui veut vous rejoindre, et pas juste un bizutage stupide, car sinon je me charge personnellement de plomber votre réputation qu’il vous faudra sauver trois fois le monde pour redécorer un temps, soit peu votre matricule. Et surement votre gueule de premier de la classe, car j’aime beaucoup les dégâts collatéraux ! Donc ! Vous raccrochez, vous reprenez votre sérieux et on finit ce putain d’entretien avant que je ne perde plus de fric ! Capiche ?!

La majorité de ce que j’ai dit ne sont que des menaces en l’air. Mais agrémentée d’un coup-de-poing sur la table, d’un doigt accusateur suivit d’un bon geste de menace… Il y a possibilité pour le faire changer d’avis.

Je grommelle et heurte le premier pirate.

-Dégage trou du cul, lui crachais-je

-Oula, du calme la nana ! On est occupé et on doit frapper du mercenaire.

-Rien à foutre, tu es sur mon chemin donc tu dégages avant que je ne te frappe jusqu’à te faire sauter les dents.

-On va lui apprendre la politesse à cette petite…

Et le premier me fonce dessus, mais je suis plus rapide. Je lui colle mon poing dans le nez et m’éloigne des quatre autres. Je suis clairement dans la merde. Je sais me battre, mais… Trop de réflexion. Un des pirates, un gros blond mal rasé me lance un coup d’épée. J’ai à peine le temps de sortir l’un de mes sabres pour parer que je me retrouve éjecté contre le mur. J’ai mal et le monde tourne un peu. Je me reprends en secouant la tête. Ils m’ont encerclée de nouveau.

-Tsss, cinq contre une quel courage !

-Le courage est une chose créée par les imbéciles. La fin justifie les moyens.

-J’aime cette philosophie, lui répondis-je.

Cette fois, c’est le borgne brun qui me donne un coup d’épée, j’esquive et réplique par un mouvement vertical qui me permet de lui entailler l’épaule. La vue du sang me fait hésiter. Je me rappelle encore mon meurtre d’il y a quelques mois… Je tremble un peu, mais je me reprends. De nouveau trop tard. Le pirate roux avec le bâton me l’écrase sur les côtes, je dois en avoir une ou deux de cassées.

-Aaaargh !

-Aaaah, j’aime quand une femme hurle.

Je suis dans une merde noire. Je donne un coup d’épée à mon agresseur, lui plantant dans la cuisse. Le sang gicle et je ne vois plus rien… Tout devient pixélisé autour de moi. Je me suis de nouveau transformé en tamanoir. Je balance mes griffes au hasard, mon odorat surchargé par l’odeur de sang ! Je panique ! Un des pirates hurle, je ne vois pas les quatre autres, juste des formes étranges. Merde ! Du sang ! Merde ! J’ai tué de nouveau ?! Non !! Garde courage ! Respire ! Calme ! Arrête d’agiter tes griffes !! Non arrête, merde !!!

-Arrêtez-les !!

-Bon dieu !! Du sang !!!

-Appelez la marine !!!

Des civils autour hurlent, si la mission se voulait discrète pour eux, c’est rapé.

Je reprends peu à peu forme humaine et soupire profondément. Enfin… Putain. Enfin une lueur de bonne nouvelle dans cette journée de merde. J’attrape la pièce en souriant et rentre dans le QG de la B.N.A. Cette fois personne ne me juge, juste un désintérêt total pour ma personne. Ils ont dû voir que j’ai été accepté. D’ailleurs même Natacha me sourit en me tendant un formulaire.

-Bienvenue Lucia, signe ici, je te prie.

-C’est fait… Envoyez ma licence à l’entreprise Hyfilnor, adressez-la au Patron, il me la renverra.

-Très bien, mais j’ai besoin de nouvelles signatures alors. D’abord, le formulaire B144, en trois exemplaires.

Je signe en maugréant.

-Parfait, ensuite les formulaires rose et jaune, C14 et K48ter…. Ensuite, une petite empreinte de ton pouce en bas du formulaire C897 et G55… Parfait, parfait, ensuite, j’ai besoin que tu signe le contrat. On prend un pourcentage sur les primes.

-Tsss, dans ce cas-là, donnez-moi des exemplaires d’affiches de recherche pour East Blue. Je compte y rester un moment autant que j’obtienne toutes les infos sur les cibles.

-Fort bien, mais avant ça, j’ai besoin de te faire signer des formulaires.

Raaaaah ! Paperasse de mes trois ! Deux heures plus tard, je sors enfin, crevée, légèrement énervée, mais au moins lavée. Je traverse l’île pour rejoindre le port, une valise géante contenant la liste des derniers criminels d’East Blue. Parfait… Parfait… Je siffle Berry’s qui se rapprocher et je monte à bord après lui avoir donné une pomme.

-On quitte cet endroit Berry’s. On va sur une autre île, en quête de nouveaux profits.