Quelques temps avant l'attaque sur Navaronne.
Sur notre périple, nous avons croisé la route d'un patrouilleur de la marine. Arborant la mouette fièrement, ils ne s'attendaient pas à rencontrer un navire invisible. Au début, ils ont cru à des fantômes errant sur mer à cause d'une malédiction et finalement, ils ont su qu'il ne s'agissait que du tristement célèbre Mizukawa, en vrai et en chair et en os. Dans ce bateau classique où se trouvait des officiers et quelques élites scientifiques, ils ont du faire face à un terrible danger...
Je me dirige en salle de communication, les hommes tombent un à un, personne ne résiste à mon aura. Elle fait chavirer le cœur des matelots pendant que je m'apprête à prendre le nécessaire. C'est à dire, des Den-den mushi reliés à certaines bases et la perle de toutes. Un éternel en direction de Mégavéga... C'est pas rien, faute d'avoir à suivre un bâtiment vers Marine Ford. Il faut que je la joue serrer pour tendre un piège à Mantle Shoma et m'en débarrasser définitivement. Non pas que le coup de l'île vendu à un autrui m'a carrément mis en boule. Mais plutôt bien furax. Je vais t'apprendre à empocher des centaines de millions sur le dos de tes nakamas. Et le respect dans tout ça... C'est pas tout de nommer un homme Commandant, mais vois-tu, j'ai des principes et des valeurs bien au dessus de cela...
La suite, on l'a connait. On suit le pose qui nous guide à travers vents et tempêtes et nous arrivons sans embûches et aussitôt, je me mets à voler par dessus le fort pour atteindre l'intérieur de la base...
A l'ombre d'un grand bâtiment, un officier scrute la grande porte d'un œil vif. Il ressent autour de lui le vent qui commence peu à peu à souffler. Cigarette en main, il joue de son briquet et se tâte à fumer. Faut dire qu'il a arrêté, y'a trois jours. Humeur massacrante, il ose tacler un lieutenant de seconde zone en prétextant que l'endroit où il se trouve est réservé uniquement à l'élite. Finalement, il range sa clope et vagabonde.
Je suis bien arrivé, je me rends visible !
Le temps semble figer et ma présence, un questionnement qui fait écho...
- Je suis seul à vous attaquer, apparemment... Y'a une couille dans le potage.
La révolte des sentiments
- Une attaque ? Il s'agit d'une attaque, là ? Tout seul, vraiment ? Tu t'es perdu, mon garçon ?
Sale journée, songe l'officier d'élite. Toujours pas de signe de ces pirates qui devaient prendre les lieux d'assaut. Toujours pas de signe des guetteurs qui devaient prévenir de l'assaut à venir. Toujours pas de signe de sa fiche de paye, non plus. Il jette un nouveau coup d'oeil à l'homme qui vient d'apparaître, comme par magie, devant lui, devant les portes.
Parfois, tout va mal.
Et quelqu'un doit payer.
- Désolé pour toi, mon garçon, mais la situation est un peu tendue. Je ne sais pas comment tu es arrivé ici, mais je sais comment tu vas repartir. Et crois-moi, mieux vaut que ce soit par le laser des pacifistas qu'aux mains de l'Amiral. Remercie-moi si tu en as le temps.
Sur un signe du Marine d'élite, deux Pacifistas P.Z. sortent d'un renfoncement de part et d'autres de la grande porte et scannent l'inconnu, sans doute un éclaireur. La voix métallique du plus proche d'entre eux résonne dans l'air quasi-immobile.
- CIBLE IDENTIFIEE. MIZUKAWA B. SUTERO. PRIME : 297 000 000 BERRIES. INITIALISATION DE LA PHASE DE CAPTURE.
L'officier d'élite hausse un sourcil. Sutero, hein ? Finalement, il prendra bien une clope. Et va aller passer un coup de den-den mushi tout de suite au Quartier Général.
J'inspire intensément ne laissant paraître aucun signe de frayeur. J'ai un rictus qui se dessine au coin des lèvres portant un regard compatissant vers le sous-officier qui met la clope à son bec. Ma main gauche serre le pommeau de mon katana, la pensée me traverse comme une décharge électrique, rien ne m'empêche de réduire ce tas de conserve en pièces détachées. Juste par principe de vengeance envers mes anciens nakamas morts par ces lasers, mais la vie m'a apprit qu'il ne fallait pas se précipiter à des actes qu'on pourrait regretter plus tard. Alors mon sourire s'efface, peu à peu je disparais...
#Wall of Jericho !
Non seulement, je me rends invisible mon corps mais aussi ma chaleur corporelle. D'une deuxième couche qui fait dissiper ma température... Le détecteur du Pacifistas tombe à l'eau.
- J'attends de rencontrer votre Amiral, qu'il vienne me serre la main, j'en serais ravi. Bataille ? Ah, mais moi je viens en paix... Je vais pas vous faire du mal.
Sachant que j'ai été dupé par l'attaque Mégavéga, je sors de mes gonds et je m'entraîne dans une colère intérieure. Mon œil éternel sentinelle guette la venue de ce grand homme.
Les mensonges martèlent ma bouche comme les bottes d'un sergent heurtant le parvis du champ de Navaronne. Les talons vieillis, les talons noircis, je suis un parcours pavé d'élégance invisible, de sûreté et d'impatience. Soldat improvisé, nouvel amateur de mitraille, je laisse les mots fuser et faire mouche. Fin limier, tu élis tes armes avec soin et les lustres avec des peut-être, un jour et pourquoi pas. Vétéran que tu es, ma parole n'a aucune valeur à tes yeux...
Là-haut, tout là-haut, dans la salle des communications, Kindachi Tetsuda, confortablement installé dans son fauteuil, a les pieds sur la table et contemple l'horizon à travers la grande fenêtre qui lui fait face. Derrière lui, tout est calme. Pas un signe d'attaque, rien. Et dans ce temps mort avant le début des combats qui l'opposeront une fois de plus au traitre de la Marine, Red, il bouillonne tout doucement.
Et, petit à petit, se réchauffe et augmente la pression.
Derrière lui, on se s'y trompe pas. Si l'amiral semble simplement lézarder, l'aura qui se dégage de lui en ondes concentriques met mal à l'aise les pauvres opérateurs qui, sans les subir de plein fouet, la subissent effectivement tout de même. Mais, de toute façon, il ne se passe pas grand-chose pour le moment. Les troupes sont au repos, excepté le quart, renforcé pour l'occasion. Et d'autres soldats sont prêts à rejoindre la bataille pour prendre en tenaille les pirates qui viendront s'écraser contre la toute-puissance de la Marine.
Un appel derrière lui, un moment de flottement. Pas de doute possible, il se passe quelque chose. D'un mouvement du talon, Kindachi fait pivoter son fauteuil de commandant et identifie rapidement le responsable qui, sentant son attention, lève les yeux vers lui avant de les détourner vers son supérieur hiérarchique.
Soldat. Que se passe-t-il ?
Ah, euh... Amiral... Quelqu'un aux portes...
Ils arrivent enfin ? Très bien. Ils sont combien ? Cent ? Mille ? Cent mille ? Comment ont-il pu passer nos sentinelles et apparaître dans l'enceinte de la base ?
N... Non...
Ils sont encore loin ? Pas aux portes, donc ? Exprime-toi, bordel !
To... Tout seul...
Comment ça, tout seul ? Qui ? QUI ?
Mizukawa B. Sutero... Les Pacifistas ont perdu toute trace de lui.
J'y vais.
D'un revers de la main, l'amiral fracasse la fenêtre et saute directement en bas, sous le regard encore surpris des opérateurs téléphoniques. Quelques Geppous lui permettent d'agrémenter sa descente et lui évitent de se fracasser en bas comme un quidam lambda. Mais son atterrissage reste tout en puissance, et les volutes qui s'en échappent ont la couleur qui lui a donné son surnom de "Green Wolf".
Sutero ? Tu veux jouer à cache-cache ou on peut s'y mettre tout de suite ?
Si l'amiral pouvait s'y mettre de suite, ce serait vraiment mieux. Les autres ne doivent pas être loin, et un apéritif ne fait jamais de mal.
J'aurais pu me tirer de là bien une plombe avant l'arrivée de l'Amiral. Mais je voulais rester pour voir sa carrure qui s'impose sur la dédale de granit. Je ne suis pas dans la bicoque d'une île marchande, non je suis bien dans un gros QG avec un arsenal capable de me mettre plus bas que terre. La vie est parsemée d'embûches...
L'esprit trop embrumé pour comprendre ce que les paroles du Green Wolf veulent bien dire. Cache-cache n'est pas vraiment mon jeu préféré. On veut tous connaître la nature des choses qui passent et qui s'effacent et toi à quoi tu joues ? Tu crois que ta force légendaire va me faire obtempérer ? J'aurais pu fendre en deux ton pacifistas comme du beurre salé.
- Tu calmes ton joujou laser et je veux bien me montrer pour te proposer d'éliminer du pirates qui ne semblent pas être là. J'ai été dupé par un gros connard que tu connais si bien, Red ! Et pour info, ils possèdent une île céleste qui bouge... Weatheria, précédemment sous le joug d'Auron le tyran.
Puis de nulle part, une main métallique tacheté par une masse noire apparaît vers les pieds de Tetsuda. Le corps se transforme et évolue, il change d'apparence. Silence pas angoissant entre nous. Instant de flottement, sourcil qui se lève comme pour dire : '' J'en ai rien à foutre, qu'est-ce tu fiches là'' Comme séparé d'une quelconque surface, je suis une présence dont le souffle se métamorphose en vacarme...
- Quelle île de la marine, autre que Mégavéga aurait de la valeur pour un pirate comme Red ? Une attaque de leur part s'approche dangereusement et ce n'est sûrement pas ici. Shoma et d'autres sont des leurs...
A la lumière qui s’éclipse peu à peu au passage d'un nuage, mes yeux et seulement ces derniers apparaissent dans le vide.
- Avec cette main, on pourra tendre un piège à Red plus tard...
Red, hein ? Quel drôle d'oiseau, tu fais, à me pousser une chansonnette pareille.
L'amiral Kindachi Tetsuda sonde autour de lui avec son haki de l'empathie, à la recherche de ta présence. Aucune trace, et pourtant, lui est certain que tu es là. Tant pis, l'apéritif attendra un peu tandis que tous ses sens se mettent aux aguets, et qu'il est paré à réagir au quart de tour dès que tu manifesteras ta présence.
C'est vrai que je n'ai pas besoin du Pacifista.
Sur un geste de Green Wolf, le cyborg retourne dans l'orifice de stockage dont il était sorti, et l'ouverture se referme sur lui, l'isolant effectivement du reste du monde. A n'en pas douter, il allait maintenant suivre des tuyaux pour retourner au point où il devait être stationné.
Alors comme ça, ils ont Weatheria ? Et ils veulent attaquer ailleurs ? Et tu m'offres une main couverte d'une marque noire pour le prouver ?
QUE VEUX-TU QUE J'EN FOUTE, DE TA POGNE, PIRATE ?
Une gerbe d'acide éclot brusquement sous tes pieds, et uniquement là. Comment l'amiral a-t-il su où tu te trouvais ? Mystère. Tout ce que tu sais, c'est que tu allais justement répondre à sa question. Prescience, peut-être ? En tout cas, seule la semelle de tes chaussures a été touchée. Pour le moment.
Tu veux bien apparaître, maintenant ? Je détesterais devoir abîmer la devanture de Mégavéga parce que j'ai la flemme de te chercher correctement. Et, peut-être que comme ça, nous pourrons avoir une vraie conversation ? A moins que je ne décide plutôt de t'encastrer la tête dans le mur.
Bref, montre-toi et montre ton jeu, j'me sens déjà las.
Alors la rumeur dit vrai, logia de l'acide pour M'sieur l'Amiral. C'est très impressionnant d'autant quand je reprends ma forme visible en laissant ma main gauche portant mon katana invisible. Sabre revêtit du précieux armement que ce genre de personnes peuvent craindre. Le temps reste stable, pas de gros nuages en vue à l'horizon, calme comme le battement de mon cœur de braise. Mes chaussures commencent à fumer un peu et j'ai l'impression que la tête du protagoniste devant moi va faire de même. Une impression seulement...
- Nous avons une quête en commun, faire rouler la tête de Red et son Armada. J'ai à y gagner un partenariat durable avec la marine et je pourrais vous offrir d'autres têtes.
Mué par un instinct précaire, instinct de survie. Je me consolide dans les événements à venir. La tension est palpable. Je vois l’épouvante se saisir de mes traits et savoure le goût acre de la vie, souffrances passées, je dépose les armes de ma colère. Je tends la main invisible vers ce voile de brouillard. Scintillant, mon plaisir ne sera plus qu’un surcroît. Je m'empare de la page vierge par sa noirceur et de ce monde, je deviens l'audacieux irrécupérable.
- Je peux rendre vos troupes invisible à l'ennemi pour une durée significative et vous réserver un effet de surprise total.
La mémoire défile et le temps passe, il s'écoule comme on efface un souvenir et je creuse le fossé entre nous, alors l'envie comme une brise d'automne caresse ma raison.
- Je me propose pour le poste vacant de Shichibukai, Envy.
Kindachi Tetsuda reste muet quelque temps, te jauge, t'observe. S'il est réputé pour ses prédispositions aux massacres de pirates et de révolutionnaire, il reste avant tout un amiral. Il sent un peu de ta crainte, de la peur qu'il t'inspire. Son haki de l'empathie glisse sur toi.
Et qu'as-tu apporter pour prouver ta bonne foi, Mizukawa B. Sutero ?
Il laisse ses paroles retomber. Tu as bien senti qu'il y avait une suite, c'est pourquoi tu t'es tenu coi.
N'étais-tu pas avec Mantle Shoma ? Avec Kaetsuro Shinji ? Tu crois que le Gouvernement Mondial ne sait pas ce que vous traficotez ? Si tu veux véritablement devenir corsaire, où sont leurs têtes ? A la place, tu n'amènes que tes propres mains...
Mais, évidemment, quand je te demande ça, c'est que je suppose que tu n'as pas été envoyé par Red pour détourner notre attention alors que nous sommes certains qu'il va attaquer ici. Et, justement, je n'ai pas de raison de croire que tu trahirais un autre pirate. Tu me prendrais pas pour un taureau devant lequel on agite un foulard... rouge, n'est-ce pas ?
Alors raconte-moi... Raconte-moi cette histoire de trahison, de haine, de jalousie... d'Envy qui vous lie, toi et Red.
Montre-moi.
Et l'amiral croise les bras. Le vent souffle un peu, et si la base Mégavéga est juste à côté de vous, vous pourriez tout aussi bien être seuls au monde, sur un caillou désert au milieu de nulle part. Car il n'y a que vous qui comptez.
Tout se repose sur les quelques mots que je vais pouvoir sortir de ma bouche. Je domine ma crainte et je réveille les sentiments qui se rebellent en moi. Et de quoi ai-je Envie ? Me laisser aller sur le vent qui souffle de plus en plus fort, doux et abrupt à la fois. La haine se terre à mille lieues quand il évoque le mot ''Trahison''... Je regarde et je me tais un peu, l'écoute attentivement...
Ta montre se voudrait un souvenir, elle m’est pourtant insupportable. Ton prénom se voudrait un simple écho, il m’est pourtant impossible à entendre. Tes vêtements se voudraient réconfort, ils me sont pourtant écorcheurs. Ton odeur se voudrait apaisante, je n’ai eu le courage de m’y confronter. Et on s'affronte verbalement dans la forge des mots... Je jette et mets au net un morceau de ma tête, façonnant sur le papier de lourds alexandrins. J'ai pour ces douze pieds une lubie d'esthète. Une ardeur désuète exercée au burin... Je m'expose aux mouvements fluides de l'âme, l'aube m'aveugle quand il lance ses rayons en plénitude. Et le petit prince sort dans l'incertitude. Dans mon esprit, le grand jour ne luit pas, la terre où l'on se meurt me paraît si lointaine.
- Pourquoi mentirai-je ? Suis-je assez fou pour faire barrage à un Amiral ? Suis-je timbré à ce point pour rester avec des incapables... Je vise haut, je suis pas comme ces rookies sans ambition. Red n'est qu'un scélérat proche du cafard, ex-CP, ex-marine, et futur ex-pirate, une vermine !
Le prince fait un autre pas. Mais aussitôt qu’il marche, sa chaussure se fond dans l’ombrage de l’arche, monstrueux firmament qui mâche sous sa dent. La lueur qui s’égare et mange l’imprudent. Il fait un pas de plus ; ses jambes disparaissent ; Plus son corps mincit, plus les ombres sont épaisses.
Quand il ne reste rien qu’un pauvre cœur noirci, on demande au néant : « Qu’y avait-il ici ? » Mizukawa Bradstone disparaît aussitôt et réapparaît quelque secondes plus tard, l'avant bras en sang, encre invisible qu'il projette aussitôt vers son interlocuteur sans qu'il ne daigne bouger, sans même le remarquer, car invisible comme sa pensée... Un souvenir, une tâche de ce liquide rouge sur le nez de l'Amiral, invisible...
- Moi et Red ? Humphf...Parlons d'abord de Mantle Shoma, Piètre capitaine qui revend l'île à un Red ténébreux pour 500 misérables millions de berrys, Île que J'ai Libéré ! Île que J'ai destitué de son Tyran ! J'ai pris la première occasion pour le trahir et prendre son navire, La lépreuse. La jalousie est pour moi, une telle passion, qu'il vient un moment où sur la trace de la trahison, on entrevoit, on pressent une telle jouissance dans la vengeance qu'on est désappointé par l’innocence des hommes. Red est un grand homme, seul un idiot le contesterai. Avoir amassé un tel pouvoir, ça me fout les tripes en feu ! Je veux le voir échouer dans sa quête, je veux sa mort !
Mes yeux refont surface et mes mirettes semblent explosives...
Kindachi pose deux doigts sur son nez, frotte le sang avant qu'il ne sèche. Puis il contemple le bout de ses mains, ou plutôt leur absence.
Et c'est quoi ton plan ? Peinturlurer toute la Marine de tout ton sang pour qu'on se promène ? Gageons que tu seras mort bien avant...
Cela dit, ton cran m'amuse, et je m'ennuyais vraiment beaucoup. Donc on peut continuer à discuter encore un petit peu. Par exemple, tu n'as toujours pas répondu à ma question. Qu'apportes-tu de tangible en guise de bonne foi ?
Et, évidemment, je ne parle pas de tes mains.
Ni d'informations sur un endroit qu'Armada attaquerait d'après toi et qui ne serait pas ici.
Ni du prix auquel Shoma est prêt à vendre son équipage, ses succès, son âme. Encore que, cinq cent millions, c'est finalement assez peu...
Non, Mizukawa. Ce que je veux est simple. Je veux que tu prouves que tu mérites d'être un corsaire. Je veux que, comme les autres corsaires, tu te rendes digne de la confiance du Gouvernement Mondial.
Pour cela, il y a bien plusieurs méthodes... Et toutes impliquent de s'attirer la haine des pirates et de la Révolution.
Il sourit.
Tu sais ce qu'on dit. On ne peut pas traverser en sens inverse un pont qu'on a brûlé.
- Sauf s'il on peut voler !
Je lui rends son sourire. Je suis prêt à faire n'importe quoi pour prouver ma bonne foi. Je m'avance alors vers lui, à pas de chat, le sabre dans son fourreau au repos. Ma main gauche touche son avant bras, délicatesse, sans aucune brutalité, se laissera-t-il faire et je murmure quelques mots... Invisible Alt
Une minute passe, aussi longue que la vie d'un éternel. Aussitôt je m'extirpe des griffes du loup vert.
- Vois-tu, tu es invisible pendant 30 secondes. A quoi penses-tu en me parlant des révolutionnaires ? S'attaquer à un de leur QG ? Et pour les pirates ? Se faire la flotte des Sunset ?
L'Envie, que je puise loin de toutes les raisons pour s’enfuir loin de ces cloisons maudites. Le petit prince se fait de plus en plus borné. Chacun n'a pas envie de finir seul, perdu dans les méandres sombres de cette vie qui ne leur veut que du mal. Comme toujours on fini par ne compter que sur soi-même, malgré la volonté tenace de confier son salut à des mains réconfortantes. Pris d’un énième frisson. Maudite indécision et foutue fierté qui l’oblige à faire face sans broncher. Je tente en vain de garder mon masque impassible, mais il tombe en morceaux. Ils tombent, tous, seuls dans l’ombre silencieuse.
L'Envy fait chavirer les cœurs les plus craintifs...
- Je suis prêt à prouver ma valeur
Petit à petit, Greenwolf redevient visible.
Oui, effectivement, tu pourrais faire tout ça. Tu pourrais prouver ta valeur de cette façon là.
Et, justement, trois points me viennent en tête. Après tout, t'es bien venu les mains vides, non ? Donc il en faudra deux fois plus les prochaines fois pour te faire pardonner...
Héhéhé, je me prends au jeu.
Premièrement. Ramène-nous Tsmakuni Matsuya. Mort ou vif. Vif, on s'en arrangera aussi, ça ne sera que transitoire. Il doit payer pour les crimes qu'il a commis.
Deuxièmement. Fais tes preuves contre la Révolution. Contre Red. Contre la Piraterie. Prouve que tu vaux l'armistice que le Gouvernement pourrait t'accorder. Les possibilités sont légion. Le conseil du DRAGON, Armada, les quelques îles encore sous contrôle pirate, un empereur ou un de ses plus fidèles lieutenants... Tu sauras être créatif. Juste, pas de Ludwig. J'en ai marre d'eux. Vraiment.
Troisièmement. L'avantage, c'est que tu vas pouvoir faire ça tout de suite.
Le sourire de Kindachi se fait carnassier. Il fait rouler ses épaules et craquer sa nuque.
Les Shichibukais ont une certaine réputation à tenir, ne serait-ce qu'en terme d'efficacité. Nous n'allons pas recruter le premier clochard pirate venu. Non, il faut du prestige.
Des vaguelettes d'acide se mettent à fumer sur le sol, partant en ronds concentriques de Tetsuda.
Vois ça comme une petite joute amicale.
Il fronce les sourcils.
A part que si tu n'es pas à la hauteur, tu risques de mourir.
Il se lèche les lèvres.
Mais ce sont les risques du métier, pas vrai ?
Amical, l'amiral l'est. Il prévoit même de ne pas aller à fond. Mais, tout de même... Une couche noire le recouvre finement tandis que l'acide vert ronge doucement les dalles avec une odeur entêtante. La seconde d'après, il est à côté de toi, s'étant déplacé tellement rapidement que tu n'as pas pu réagir au coup de poing qui t'éjecte sur une bonne dizaine de mètres.
Mais il s'est retenu, et tu te relèves, prêt à prouver que tu vaux le coup.
- J'accepte les conditions !
Et à peine ai-je fini mes mots, que la douleur balance du côté de ma joue endoloris, coup de poing qui me fait valser à quelques mètres, j'arbore un grand sourire et mes yeux s'effacent, emmenant avec moi mes pensées les plus profondes. La main gauche empoigne aussitôt le sabre qui sort de son fourreau, éclat net qui devient peu à peu noir... Je joue de l'armement comme un enfant sans crainte du péril qu'il attend. La vitesse dont il a fait preuve, je l'ai déjà vu quelque part mais jamais à ce haut niveau là ! Je fais quelques bonds sur la voûte et j'assène des balles d'airs que l'Amiral évite aisément. On dit que celui qui combat peut perdre, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu.
Je m'élance vers lui et esquive de justesse une boule acide, elle écorche néanmoins mon bras droit qui brûle peu à peu et rechigne la douleur. L'épais brouillard fait rougir le ciel qui s'ouvre en deux lors de notre affrontement basique. Une lame d'air vient effleurer les pieds du marine. Et quand sa main pleine d'acide vient frôler ma lame, nos regards se croisent et l'étincelle jaillit. Du fiel de ces soldats et leurs tirs furibards. L’Éole souffle amer son désespoir. L'humanité déchoir, un chant résonne au loin et le fracas mortifère me fait manger la poussière.
Que mon exil est lourd de porter le fardeau, de cette heureuse insouciance ondulant à flot, ne soupirant jamais à un autre Destin. Que celui de voguer dans ce diaphane écrin. Viens à moi et j'irais à toi ! Rapide, il me décoche un autre coup et je recule, sourire aux lèvres, mon sabre allait le toucher en pleine poitrine, mais je dévie exprès au dessus de son épaule au même moment que je laisse mes pensées défiler là où comme un sonnet, elles retentissent sur la base de Mégavéga. Peu de dégâts dans ce lieu, est-il satisfait de ma prestation ?
Il marche d’un pas lourd autour de la captive émotion, l'envie qui cède peu à peu. Sans jamais contenter les clameurs de l’audience dans un silence limpide, observant le combat, grondant dans les gradins des huées d’impatience. Veulent-ils me voir sous terre, j'affermis le trône de mon roi, trahit donc ma querelle et ne fait rien pour moi ?
Il se calme et l'ardeur me gagne.
Il ne faut pas plus de ce bref échange pour que Kindachi prenne ta mesure. Il est presque déçu que tu n'aies pas porté l'attaque au niveau de sa poitrine. D'un autre côté, si tu l'avais fait, tu ne serais peut-être plus que deux chaussures fumantes plantées par terre...
Mais Tetsuda aime bien mêler l'utile à l'agréable, et encore plus quand cela implique de pouvoir se destresser contre du pirate.
Bzzzzt-bzzzzzzt.
Alors qu'il allait te porter un coup de pied, Green Wolf se fixe, sa chaussure à quelques centimètres de ta tête.
Tu m'excuseras. Allô ?
...
Comment ? Vraiment ?
...
Raah les salauds. Je remonte, lancez les communications.
...
Oui, j'ai dit, putain !
Il semblerait que tu aies dit vrai, Sutero. Un autre bon point pour toi, faut croire.
Moi, le devoir m'appelle, et toi aussi, maintenant. Je vais leur dire de te prêter une barque, ça devrait te permettre d'aller euh... Enfin bref, démerde-toi.
Et, en un éclair qui rappellerait presque quelqu'un d'autre, l'amiral est parti et il ne reste que des dalles encore fumantes, noircies quand elles ne sont pas rongées. Deux minutes à peine plus tard, ton navire d'infortune est devant toi, les Marines repartis.
Tout là-haut, dans le centre de communication, Kindachi observe la situation en écoutant distraitement l'escargophone à ses côtés. Et il se murmure à lui-même.
Marrant, quand même. Enfin, on verra bien.